Épisode 6 : L'envers du badge partie 3 (établissement à sécurité minimale)

Dessin décoratif sous le titre qui se lit comme suit :  "Au-dela des prisons" ep. 06

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« On ne peut pas imposer le changement. Tout ce qu’on peut faire, c’est continuer à donner l’exemple et montrer ce que le changement pourrait apporter. » Chaque jour, les agents correctionnels qui travaillent dans les établissements fédéraux à l’échelle du Canada se surpassent pour exercer une influence positive dans la vie des personnes dont nous avons la charge et la garde.

Dans le troisième et dernier épisode de la minisérie « L’envers du badge », nous écoutons l’agent correctionnel Mathieu, qui travaille en première ligne au SCC depuis 15 ans. Actuellement employé dans l’un des établissements à sécurité minimale du pays, Mathieu se joint à nous pour nous raconter son parcours dans le domaine des services correctionnels. Soyez des nôtres pour écouter son témoignage.

Durée : 18:27
Publié : 17 juin 2024
Animatrice : Kirstan Gagnon
Invité : Mathieu, agent correctionnel

Transcription : Épisode 6 : L'envers du badge : partie 3 (établissement à sécurité minimale)

Mathieu : Oui, on a un travail à faire. Le détenu doit purger sa peine. Mais il faut comprendre aussi que ce n'est pas toujours facile pour eux. Donc il peut y avoir des réactions à ça. La vie en prison n’est pas facile pour eux. Donc pour nous aussi, par conséquence, là.

Kirstan : Mathieu est agent correctionnel depuis près de quinze ans. Il a commencé sa carrière au Service correctionnel du Canada dans un établissement à sécurité maximale et travaille maintenant à l'unité à sécurité minimale du Centre fédéral de formation à Laval, au Québec. Chaque jour, Mathieu et les milliers d'autres agents correctionnels du SCC transforment des vies et protègent la population canadienne. Je suis votre animatrice, Kirstan Gagnon. Bienvenue à Au-delà des prisons.

Kirstan : Dans cet épisode, d’Au-delà des prisons, nous terminons les entrevues de notre mini-série L'envers du badge. Aujourd'hui, nous discutons du travail dans un établissement à sécurité minimale, le niveau de sécurité le plus bas au SCC. Ces établissements ne ressemblent peut-être pas à des prisons typiques, mais comme Mathieu va l'expliquer, c'est pour une bonne raison. Mathieu merci d'être avec nous aujourd'hui.

Kirstan : Donc, ça fait combien de temps que tu travailles comme agent correctionnel?

Mathieu : En fait, moi je suis entré en 2009 pour les services correctionnels. J'ai commencé à Donnacona qui est un établissement maximal. Ça, c'est dans la région de Québec. Ensuite, j'ai transféré au Centre régional de réception qui est à Sainte-Anne des Plaines. C'est un établissement dans le fond à multi-niveaux. C'est le centre des nouveaux sentencés fédéraux. Ils sont placés là afin d'être évalué et annexé au Centre régional de réception il y a l'Unité spéciale de détention, qui est un super maximum. Et j'ai travaillé là pendant douze ans. Ensuite, j'ai transféré au Centre fédéral de formation minimum depuis environ deux ans.

Kirstan : Puis vous m'avez parlé d'avoir travaillé dans différents niveaux de sécurité, puis est-ce que c'est très différent travailler dans un minimum?

Mathieu : Oui, vraiment, très différent. En fait, au minimum, il y a beaucoup plus de proximité, je trouve, avec la clientèle, avec les détenus. Il y a également aussi beaucoup plus de sécurité dynamique avec la communication, des observations. On est vraiment dans le fond proche d'eux. Puis dans le fond, on accompagne. Je trouve que comparé à un médium ou un maximum, c'est beaucoup plus d'accompagnement. On les dirige, on les encourage aussi dans le fond, vers le but ultime de réinsertion sociale.

Kirstan : Puis vous avez parlé de la sécurité dynamique. Pourquoi c'est important la communication? Est-ce que ça fait une différence?

Mathieu : La différence, c'est beaucoup aussi s'il y a des changements, dans le comportement ou dans la vie du détenu. En étant plus proche, avec la proximité, c'est vraiment là qu'on va voir les changements et on va pouvoir dans le fond, avec les observations, le rapporter pour, pour le dossier, là, puis l'équipe de gestion de cas.

Kirstan : Faique les détenus qui se rendent au minimum, c'est une progression qu'ils ont fait, est-ce que vous voyez des comportements un petit peu plus positifs? Donnez-moi un petit peu une idée de la population carcérale.

Mathieu : En fait, au minimum, là, on le voit vraiment que le détenu, il a progressé et il a évolué dans le cheminement. Dans un médium ou dans un maximum, il y a beaucoup plus de confrontations. Je trouve que dans le minimum, le détenu réfléchi beaucoup plus vis-à-vis son comportement. En fait, il comprend beaucoup plus les enjeux par rapport à ses faits et gestes.

Kirstan : Puis, dans un de nos premiers épisodes, on a parlé de l'importance de la libération graduelle, juste pour les préparer pour se rendre en communauté de façon sécuritaire dans le fond.

Puis parle-moi un petit peu du périmètre parce que je sais que dans les mois, dans les derniers mois, les Canadiens et les Canadiennes parlent beaucoup de niveau de sécurité, puis aussi de s'assurer de la sécurité du public, puis je sais qu’on a parlé du maximum puis du médium qui sont comparables par rapport aux clôtures.

Mathieu : Effectivement. En fait, dans un établissement minimum, là, le périmètre, en fait, c'est qu'il n'y a pas d'entrave physique, il n'y a pas de clôtures, il n’y a pas de barbelés, mais par contre il y a quand même un secteur qui est limité, puis qui est connu de tous, qui est connu des détenus, qui est connu aussi des agents de correction. Il y a des systèmes de caméras. On a quand même une surveillance constante qui est faite contre les évasions et pour les intrusions. Beaucoup plus de liberté, mais de responsabilité pour les détenus. Mais on a tout le temps quand même un contrôle sur le périmètre. C'est juste qu'il n'y a pas d'entrave physique.

Kirstan : Puis comment vous surveiller ça?

Mathieu : On surveille ça avec des systèmes de caméras. On fait aussi des patrouilles à pied, des rondes. On contrôle les détenus aussi avec un système de passes, de déplacements. Donc le détenu qui doit se présenter à son atelier de travail, il y a vraiment comme un système de va et vient en voulant dire on communique entre nous pour être sûr que le déplacement a été effectué. Avec le système de compte aussi pour la présence des détenus.

Kirstan : Est-ce que vous comptez les détenus?

Mathieu : Oui, à notre établissement au minimum, il y a au moins quatre comptes par jour, dont deux qui sont des comptes officiels.

Kirstan : Puis, quand je suis allé voir quelques-uns des établissements à sécurité minimum j'ai remarqué que c'était pas vraiment comme des cellules comme les autres niveaux de sécurité. Généralement, j'avais remarqué que les détenus y vivent comme de façon communautaire. Est-ce que c'est comme ça au Centre fédéral de formation?

Mathieu : Oui, effectivement. C'est vrai que souvent dans notre jargon, nous on dit des cellules, mais en fait c'est comme si plutôt une chambre dans une aire d'habitation en commun que les détenus se partagent, dans le fond, ils ont une cuisine, ils ont des salles de bain communes avec les douches, ils partagent ça. Mais effectivement, c'est une aire d'habitation en fait dans une unité d'habitation.

Kirstan : J'avais remarqué en fait les endroits où je suis allé les détenus, ils gardaient ça très propre, ils faisaient leur propre bouffe. Ça responsabilise vraiment et ça les prépare pour éventuellement aller vivre soit en appartement ou en famille encore?

Mathieu : Oui, effectivement, c'est eux autres qui gèrent leur propre nourriture, ils cuisinent leurs propres repas. Mais aussi ils gèrent leur épicerie. Ils font une fois par semaine, ils font une commande, ils reçoivent leur nourriture. Ils font des repas communautaires entre eux. Et puis aussi, l'idée aussi, c'est de se préparer, des responsabiliser pour quand ils vont être en communauté.

Kirstan : Puis généralement, est-ce qu'ils s'entendent tous ensemble? Je suppose qu'on choisit pas nos colocataires.

Mathieu : En général au minimum, comme je disais tantôt, tu sais, ils ont progressé, ils ont évolué. Donc en général, il n'y a pas beaucoup de conflits, ils s'entendent quand même assez bien. Mais oui, ça peut arriver comme un peu comme en société, il y a des conflits, il y en a qui s'entendent moins bien, on essaie, de régler ça, puis normalement on est capables de régulièrement, on est capables de trouver des solutions, puis des ententes.

Kirstan : Puis parlez-moi un petit peu de la routine, comment ça fonctionne, une journée typique

Mathieu : En fait, quand on rentre, on a un briefing entre officiers avec la direction et la gestion de cas pour savoir en fait s'il y a des nouvelles observations avec les détenus. En même temps aussi, il y a l'ouverture des portes, donc les détenus qui dans le fond, c'est le début de la journée pour eux. Là il y a l'ouverture des portes. Comme je disais, les détenus vont déjeuner, comme je disais tantôt, sur leur propre temps, parce que c'est eux autres qui gèrent leur repas. Les détenus se préparent pour aller travailler ou aller suivre leur formation.

Ils vont à l'école, donc la journée, elle commence avec, on appelle ça les activités. Il va y avoir l'heure du dîner, il va y avoir un compte officiel. Donc les détenus doivent retourner dans leur aire d'habitation afin de confirmer que tout le monde est présent et qu'ils sont aussi en sécurité et en santé. Donc on fait le compte et ensuite il y a encore une réouverture des portes à la fin de retourner à leur activité, donc leur formation, leur école et leur travail. Ensuite, c'est le souper et le coucher.

Kirstan : Je me demandais tu sais, si on n'a pas d'activités, s'il n'y avait pas d'activités qui les gardent occupés à la journée longue, il me semble que pas seulement que le temps est long, mais aussi il peut y avoir des incidents, il peut y avoir des comportements non productifs dans le fond, non?

Mathieu : Oui, effectivement. Donc ils sont quand même très occupés et on encourage vraiment les détenus, qu'ils soient à des formation à l'école ou au travail ou dans le fond, il y a plein d'activités, même à l'intérieur, il y a la bibliothèque, la chapelle, il y a des activités religieuses. Il y a également nous autres au 600, on a un jardin communautaire. Chaque détenu, dans le fond, ils partagent, ils ont leur lot déterminé et ils peuvent cultiver leurs légumes. À chaque printemps, ils peuvent acheter leurs graines. Donc ils ont les fleurs et les fruits et légumes.

Kirstan : Puis il y a des établissements où les détenus veulent donner à la communauté. Donc ils donnent des légumes, ils donnent des pommes, ils donnent, je sais que ça fait partie de leur cheminement à redonner à la communauté.

Mathieu : Oui, effectivement, oui, je sais, j'ai vu ça aussi à plusieurs reprises. Ils donnent une fois par semaine, il y a des légumes, ils donnent ça à des organismes communautaires, ils donnent des légumes, c'est vrai et ils sont très sont très heureux dans le fond de participer à ça, ça les valorise beaucoup.

Kirstan : Puis quand on parle de travail, je sais que plusieurs personnes se demandent bien, là, est ce que les détenus vont travailler parfois en communauté, puis comment on fait pour les surveiller puis s'assurer qu'ils reviennent à l'heure, par exemple dans l'établissement, puis sont sécurisés.

Mathieu : Ben en fait, le programme, là, dans le fond, les détenus ont eu la permission de participer à ce programme-là. Mais c'est suite à une évaluation quand même assez stricte et pointue de toute l'équipe de gestion de cas. Une fois que les détenus partent à leur lieu de travail, il y a un contact, il y a une communication constante avec l'intervenant et les agents de correction afin de s'assurer que les détenus sont tout le temps présents où est-ce qu'ils devraient être.

Kirstan : Puis est ce qu'il y a un couvre-feu?

Mathieu : Effectivement, il y a un couvre-feu. En fait, c'est un compte qu'il y a le soir à la fermeture des portes. Les détenus doivent tous être dans leur aire commune, donc ils doivent rester dans leur aire commune pour la nuit, jusqu'à la réouverture des portes. Mais je ne sais pas si on peut appeler ça un couvre-feu.. les détenus ne sont pas obligés de dormir.

Kirstan : C'est à quelle heure ça qu'il faut qu'ils soient rentrés dans l'établissement après le travail?

Mathieu : Le soir à 23 h, tous les détenus doivent être de retour à l'établissement. Donc le soir, à 23 h, il y a un compte officiel. On s'assure que tous les détenus sont de retour à l'établissement et qu’il n’y a plus personne dans les aires de circulation.

Kirstan : Puis quand vous travaillez de nuit, comment ça se passe?

Mathieu : Les officiers qui travaillent de nuit s'assurent.. Il n'y a pas d'activité en tant que tel avec les détenus. Donc, la principale tâche, c'est de s'assurer, c'est la sécurité des détenus et aussi des citoyens. Donc on s'assure qu'il n'y a pas d'évasion ou d'intrusion et on s'assure que les détenus sont en sécurité, qui sont en santé et en vie et présents.

Kirstan : Puis je voulais parler un petit peu de vous parce que vous avez choisi un métier assez exigeant et je sais qu'il y a beaucoup de récompenses par rapport à pouvoir faire un impact dans la vie des autres. Mais ça peut être aussi difficile, n'est-ce pas? Puis pourquoi vous avez passé quinze ans comme agent de correctionnel? C'est quoi que vous aimez de votre travail?

Mathieu : En fait, ce que j'aime, c'est beaucoup. J'aime que les journées en fait ne sont jamais pareilles. Il n'y a aucune fois que je travaille une journée, puis que c'est la même chose que la journée auparavant, aussi j'aime beaucoup travailler avec les gens, avec l'humain, travailler en équipe. Quand je dis travailler en équipe, on travaille avec beaucoup de départements, soit les psychologues, les agents de libération. On travaille avec tous nos partenaires en fait, et beaucoup aussi avec d'autres officiers correctionnels qui est mes collègues.

On fait rien seuls. C'est beaucoup ça que j'aime. Au minimum maintenant, c'est beaucoup plus d'interactions aussi avec les détenus. Oui, oui, j'aime beaucoup, j'aime beaucoup mon travail.

Kirstan : Mais je me demande, parce que tu sais, comme des fois les gens ils comprennent pas c'est quoi être agent correctionnel. Pis moi, avant que je vienne au Service, je me disais wow, ça a vraiment l'air d'être un travail intéressant mais difficile aussi parce que c'est pas toujours évident. Comme vous dites, faire affaire avec des êtres humains, c'est un petit peu imprévisible parfois, non?

Mathieu : Effectivement, on travaille avec l'humain, on travaille vraiment avec le.. Il faut comprendre aussi que le détenu, oui, il est détenu, mais avant tout, c'est un être humain et il y a des comportements, il y a des réactions à être incarcéré aussi qu'il faut comprendre que ce n’est pas tout le temps facile. Oui, on a un travail à faire. Le détenu doit purger sa peine. Mais il faut comprendre aussi que ce n’est pas toujours facile pour eux, donc il peut y avoir des réactions à ça. La vie en prison n’est pas facile pour eux donc pour nous aussi par conséquence là.

Kirstan : Ben je veux te remercier Mathieu, pour non seulement pour l'entrevue mais pour le travail que tu fais à chaque jour. C'est vraiment apprécié.

Mathieu : J'apprécie beaucoup. Merci beaucoup. Merci à vous.

Kirstan : Dans le segment démystifier les services correctionnels d'aujourd'hui, on démystifie l'énoncé suivant : Est-ce que purger une peine d'emprisonnement à vie signifie passer sa vie en prison?

Quand on entend emprisonnement à vie, on pourrait croire que ça équivaut à une vie derrière les barreaux, n'est-ce pas? Eh bien, au Canada, ce n'est pas si simple.

Tous les délinquants sont admissibles à une libération conditionnelle après une certaine période de temps, peu importe la peine qu'ils purgent. Ceux qui purgent une peine indéterminée pour meurtre au premier degré doivent attendre 25 ans avant d'être admissibles à la libération conditionnelle totale.

Pour ceux reconnus coupables de meurtre au deuxième degré, il revient au juge de fixer la période d'admissibilité à la libération conditionnelle totale, soit entre dix et 25 ans. Cependant, il existe d'autres formes de libération conditionnelle avant d'être admissibles à la libération conditionnelle totale, comme des permissions de sortir et la semie-liberté. Cela ne signifie pas nécessairement que tous les délinquants qui purgent une peine d'emprisonnement à vie seront remis en liberté dans la collectivité.

Les décisions relatives à une mise en liberté sont prises de manière indépendante par la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Le simple fait qu'un délinquant soit admissible à la libération conditionnelle ne signifie pas que la liberté lui sera accordée nécessairement. La libération conditionnelle n'est jamais garantie. Une personne qui purge une peine d'une durée indéterminée ne profitera jamais d'une liberté complète, même si on accorde une mise en liberté sous condition à un délinquant, celui-ci demeurera sous la surveillance du SCC et devra se rapporter à un agent de libération conditionnelle pour le reste de ses jours.

Si pendant cette période, le délinquant enfreint les conditions de sa libération conditionnelle ou s'il commet une nouvelle infraction, sa libération conditionnelle pourrait être révoquée et il retournera en prison. Ceci conclut cet épisode. Merci encore à Mathieu et à toutes les personnes qui ont participé à cette mini-série et merci à tous nos agents correctionnels à travers le pays qui travaillent si fort pour protéger les Canadiens. Ceci est une production du Service correctionnel du Canada et je suis votre animatrice, Kirstan Gagnon.

Merci et à bientôt.

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