Épisode 4 : L'envers du badge : partie 1 (établissement à sécurité maximale)


Dessin décoratif sous le titre qui se lit comme suit :  "Au-dela des prisons" ep. 04

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« Ce qui me motive, moi, ce sont mes relations avec mes collègues et puis aussi avec les détenus. » Le travail des agents correctionnels peut être difficile, mais aussi gratifiant. Non seulement ils travaillent fort pour assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes, mais ils ont également une incidence positive dans la vie des personnes dont nous avons la charge et la garde. 

Au cours des prochaines semaines, nous rencontrerons certains d’entre eux dans le cadre d’une série en trois parties, intitulée L’envers du badge. Dans la partie un, apprenez-en plus sur Roch, qui travaille dans un établissement à sécurité maximale depuis 18 ans. Écoutez son témoignage. 

Durée : 16:22
Publié : 19 avril 2024
Animatrice : Kirstan Gagnon
Invité : Roch, agent correctionnel

Transcription : Épisode 4 : L'envers du badge : partie 1 (établissement à sécurité maximale)

Kirstan : Ce sont plus de 7000 agents correctionnels dévoués qui travaillent dans les prisons fédérales du Canada.

Chaque jour, les agents correctionnels à travers le pays assurent la sécurité de nos pénitenciers, 24 h sur 24, sept jours sur sept. Ils sont les yeux et les oreilles sur le terrain. Vous avez probablement déjà vu à quoi ressemblent les agents correctionnels dans les films. Des grands chapeaux, des matraques, des lampes de poche, des porte-clés massifs. Mais comme vous l'avez appris dans nos épisodes précédents, les choses au SCC ne sont pas comme dans les films.

Dans cette série d'entrevues en trois parties, intitulée « L'envers du badge », nous rencontrons trois agents correctionnels qui travaillent dans différents niveaux de sécurité afin d'avoir un aperçu de leur travail.

Je suis votre animatrice, Kirstan Gagnon et bienvenue à Au-delà des prisons. Dans cet épisode, on explore le fonctionnement des établissements à sécurité maximale, le plus haut niveau de sécurité, où on retrouve environ 13 % de la population carcérale.

Je parle avec Roch, qui est agent correctionnel à l'Établissement de Donnacona, un pénitencier à sécurité maximale au Québec. Roch, bonjour et bienvenue.

Je veux tout d'abord te demander ça fait combien de temps que tu es agent correctionnel?

Roch : Moi, je suis agent correctionnel, disons depuis 2005. Je suis rentré à Donnacona en 2005, donc ça fait maintenant 18 ans.

Kirstan : Wow! Pour vous, une journée typique, comment ça se passe?

Roch : On ouvre les portes des cellules à 8 h pour le déjeuner et les détenus ont donc 20 minutes pour déjeuner. Leur déjeuner se fait en salle commune.

Par la suite, les détenus retournent en cellule et à 8 h 30, on rouvre les portes pour les détenus qui y travaillent.

Ici, les détenus ont différents emplois, comme par exemple, à l'école des ateliers qu'on appelle dans notre jargon, shop métal. Ici, ils font des, des armoires et peinturent des armoires de métal. Et aussi par la suite, il y a d'autres détenus qui travaillent aussi comme nettoyeur de rangée, nettoyeur salle commune, corridor. Donc tous ces détenus-là sortent.

Je dirais grosso modo, environ le tiers des détenus ont un travail assigné, le quart, le tiers environ.

Kirstan : OK. Puis, à l'intérieur de l'établissement, point de vue de la routine. Ils se lèvent le matin, vous en avez parlé un petit peu de ce qui se passe le matin, mais est-ce que c'est un régime un petit peu plus serré? Parce qu'on a parlé, j'ai parlé avec d'autres agents correctionnels au niveau de sécurité, puis au max, est-ce que c'est plus contrôlé? Pouvez-vous me décrire une journée typique ?

Roch : Effectivement, le contrôle est assez serré dans un établissement de sécurité maximum, surtout comme le nôtre, où on fait face à environ dix populations différentes. Donc il y a dix secteurs différents dans l'établissement où les détenus ne peuvent pas se croiser. Ils sont comme des antagonistes.

Et puis on doit s'assurer que dans les mouvements, ces détenus-là ne se croisent pas dans le corridor. Alors une journée type, comme je disais tout à l'heure, ils se lèvent à 8 h pour déjeuner, ils ont 20 minutes pour déjeuner. Ensuite, il y a la sortie de travail, 8 h 30.

On a des chômeurs, on a plusieurs chômeurs. Donc à 10 h 30, les chômeurs involontaires, ceux qui n'ont pas réussi à se trouver d'emploi, peuvent sortir en salle commune à 10 h 30 pour socialiser avec les autres détenus. 11 h 30, tous les détenus retournent en cellule.

Et puis je dois ajouter immédiatement que dans les déplacements, même pour le travail, on doit s'assurer que les détenus soient seuls ou en groupe autorisé. Donc, jamais un détenu ne va être laissé sans surveillance. Alors, quand il marche dans le corridor pour se rendre à son lieu de travail, il y a toujours un agent dans un contrôle sur les passerelles qui va avoir une vue sur le détenu. Et puis on va attendre que ces détenus-là ou ce détenu-là passent dans le corridor pour pouvoir en faire passer un autre.

Donc les déplacements sont absolument contrôlés. Les agents doivent être vraiment à l'affût de cette possibilité-là. Que deux détenus incompatibles se retrouvent, dans, ensemble au même endroit, parce que, évidemment, ils vont en venir aux coups. On a des populations ici qui doivent être protégées.

Puis, si un détenu se trouve à être en présence de cette population-là, de ces détenus-là, et bien par la pression de leurs pairs, ils sont obligés d'intervenir, ils sont obligés de se battre. Sinon ils vont se faire battre eux-mêmes dans leur pavillon. Donc il faut comme agent, être vraiment à l'affût de cette possibilité-là, que les détenus se croisent, donc ça nous demande d'être vraiment discipliné puis vigilant. Oui, effectivement, vous avez dit le mot, il faut être vigilant.

Kirstan : Je voulais parler un petit peu de la sécurité de l'établissement parce que c'est sûr qu'un balado, on l'écoute et on n’a peut-être pas un visuel l. Je veux donner un petit portrait aux Canadiens et Canadiennes par rapport à la sécurité extérieure. Parce que, souvent les gens me disent qu'ils pensent que c'est comme dans les films. Pouvez-vous me donner une petite description de c'est quoi la sécurité à un max?

Roch : Eh bien, il y a le territoire où se trouve, le pénitencier en tant que tel. Physiquement, c'est un endroit qui est interdit d'accès, excepté aux personnes préalablement autorisées. Donc personne ne peut se présenter près de l'établissement en voiture. Donc on est en retrait de la route.

Et puis, si une voiture se présente sur les lieux, on a deux patrouilles qui font le tour de l'établissement constamment et vont aller les aborder et leur demander la raison de leur présence. Ça arrive assez fréquemment qu'on doive les retourner.

Donc quand les gens arrivent, évidemment et voient l'enseigne de l'établissement, c'est une, c'est entouré d'une clôture grillagée. On voit l'établissement en tant que tel, mais on voit surtout la clôture qui, elle, est sécurisée. C'est un détecteur de mouvement. Il y a des caméras partout aussi qui nous permet de voir l'ensemble du pénitencier à l'extérieur. En plus, comme je disais tout à l'heure, des deux patrouilles qui font le tour de l'établissement constamment, 24 h sur 24, sept jours sur sept.

Donc c'est, c'est très sécurisé.

Kirstan: On dit souvent que c'est important pour les détenus d'avoir des visites de leur famille ou de leurs proches pour justement garder cette connexion importante. Comment ça se passe pour les visiteurs?

Roch : Les visiteurs qui se présentent à l'établissement sont préalablement autorisés au niveau sécuritaire. Il y a déjà au niveau de la sécurité ici les agents de renseignement de sécurité, une vérification qui est faite. Et puis, quand tout est correct de ce côté, bien, le visiteur est autorisé à venir voir le détenu, à un horaire très spécifique. Régulièrement, les fins de semaine, parfois la semaine. Mais il y a des plages horaires qui sont possibles le samedi et le dimanche.

Kirstan :Puis est-ce que les agents portent des armes dans un max?

Roch : Oui, les agents sont armés dans les postes de contrôle. On a environ neuf postes de contrôle ici à l'établissement, que ce soit à l'entrée principale ou à l'intérieur même de l'établissement, dans les carrefours par exemple.

Les agents sont armés d'armes conventionnelles et de même que des agents inflammatoires. Dans les postes armés, c'est des postes également de contrôle. Les agents contrôlent les différentes grilles qui donnent la possibilité aux détenus de se déplacer dans différents secteurs.

Et également, les agents sont armés sur les passerelles. Les passerelles ont vue pratiquement sur toutes les salles, l'ensemble de l'établissement, que ce soit les gymnases, les salles d'école, aux ateliers CORCAN. Donc les agents ont une vue partout et évidemment sont armés d'armes conventionnelles, comme je parlais tout à l'heure, et aussi d'agents inflammatoires.

Kirstan : Il y a-t-il quelque chose qui t'a marqué plus qu'ailleurs à Donnacona ou à un établissement maximum?

Roch : Moi, ce qui m'a marqué le plus, c'est le travail d'équipe, la chimie qu'il peut y avoir entre les agents. Évidemment, on se côtoie pendant plusieurs années et puis on finit par développer un certain sens d'équipe. Quand il arrive un événement et c'est de toute beauté, voir les agents intervenir de manière professionnelle, rapide, de manière efficace. Parce qu'ici, à l'établissement, on compte 360 agents approximativement et 282 détenus. Donc on est nombreux.

Quand il arrive un événement, il peut y avoir une vingtaine d'agents qui arrivent sur les lieux dans la seconde. Et puis c'est de voir les agents se déployer de façon ordonnée pour intervenir rapidement, pour sauver la vie souvent des détenus. C'est ce qui m'impressionne le plus, si je dois dire.

Kirstan : Ça a l'air de quoi, les relations entre les agents et les détenus?

Roch : À Donnacona, quand on entre, on est dans un établissement à sécurité maximum. C'est le bout de la route pour les détenus. C'est à dire, on a des détenus les plus difficiles au Canada. Alors on est régulièrement insulté, même, on est agressé par des détenus. Nos relations sont absolument tendues avec les détenus. Et puis, quand il arrive un événement, on va sauver le détenu qui nous a agressé. Écoutez, c'est assez impressionnant de voir ça.

Alors moi, c'est ce qui m'impressionne le plus ici. Les agents vont être professionnels malgré la tension qui peut exister dans les relations entre agents et détenus.

Kirstan : Et parlons un peu de fouille. Ça fonctionne comment?

Roch : Tous les détenus qui nous arrivent sont fouillés à nu. Et puis quand les détenus changent de secteur d'activité, par exemple quand un détenu va à la visite rencontrer des gens de l'extérieur, quand il revient à la population, il y a également une fouille à nu qui est faite.

Les fouilles à nu et il y a également des fouilles par palpation. Quand le détenu change de secteur par exemple, qui sortent des ateliers, ils passent dans un portique métal au carrefour et s’il y a du métal sur lui, comme on voit ça de temps en temps, eh bien on va le saisir et puis on va intervenir. Et donc les fouilles se font de cellule de manière régulière aussi, et au minimum une fouille par mois ou sur motif raisonnable de croire.

Donc on fait une patrouille de sécurité dans la rangée, puis si on sent de l'alcool, on va essayer de déterminer dans quelle cellule le détenu est en train de faire de l'alcool et puis on va rentrer dans la cellule sur autorisation, puis on va fouiller et on va saisir la contrebande.

Kirstan : Puis est-ce que c'est de la drogue, des cellulaires? Qu'elle sorte de contrebande qu'on voit?

Roch : Vous l'avez dit, c'est essentiellement de la drogue et des cellulaires que les détenus reçoivent. Évidemment, la drogue, ça peut être un gros problème pour nous parce qu'on parle de fentanyl et puis on a à réanimer parfois les détenus parce qu'ils en consomment.

Kirstan : Avec la même crise qu'on voit dans la communauté, avec les opioïdes, puis le fentanyl et tout ça, on reconnaît un établissement, puis c'est quelque chose, hein?

Roch : Oui, oui, je pense que ça a toujours existé, l'entrée de drogue dans les établissements. Puis on a mis des mécanismes pour essayer de...

Kirstan : Réduire.

Roch : De réduire. Oui, effectivement, on a des maîtres-chiens ici, on a trois postes maître-chien. Et puis effectivement, le chien peut nous donner des indications. Alors souvent c'est les visiteurs qui nous rendent visite qui nous arrivent avec des stupéfiants. Mais je dois dire que la vigilance des agents réussit aussi à saisir ces tentatives-là. Parce que les drones, souvent, on les voit venir.

Kirstan : Puis je voulais parler de vous un petit peu parce que vous avez choisi ça comme métier, ça fait plusieurs années que vous travaillez comme agent correctionnel. C'est quoi qui vous motive?

Roch : Ce qui me motive, moi, ce sont mes relations avec mes collègues et puis aussi avec les détenus. J'ai certaines connaissances, comme je disais, je les mets à contribution, puis tant avec mes collègues qu'avec les détenus. C'est ce qui me motive essentiellement, de régler des conflits, parce qu'ici c'est une pépinière de conflits. Et puis j'ai développé un certain savoir-faire pour régler les conflits.

Je dois vous dire merci à vous, et aussi à vos collègues, parce que vous faites un travail incroyable. Puis, je n’avais pas réalisé exactement toutes les dimensions, mais l'entrevue aujourd'hui m'a vraiment permis d'en apprendre davantage. Donc, merci.

Roch : Ça me fait plaisir. Si j'ai répondu à vos attentes, évidemment, c'est un travail qui est assez complexe et donc, vous en donnez juste une partie, j'espère vous avoir donné la partie qui est la plus représentative de notre travail.

Kirstan : Absolument. Dans ce segment de démystifier les services correctionnels, on traite la question suivante : Est-ce que les détenus qui purge des peines pour meurtre sont incarcérés dans des prisons à sécurité maximale? Pas nécessairement. Comme nous l'avons expliqué dans l'un de nos épisodes précédents, le SCC mène un processus d'évaluation rigoureux avant d'attribuer une cote de sécurité à un détenu. Il s'agit d'un processus établi par la loi. Les détenus condamnés à la prison à vie, pour meurtre au premier degré ou au deuxième degré, débutent leur incarcération dans une prison à sécurité maximale, et selon la loi, le SCC doit réviser les côtes de sécurité tous les deux ans.

Un détenu peut être transféré à un niveau de sécurité moindre durant son incarcération, mais cela peut seulement se passer après que les experts aient fait une évaluation rigoureuse et que le détenu ait démontré qu'il peut être géré en toute sécurité dans cet environnement. Il est aussi important de noter que les établissements à sécurité maximale et moyenne ont les mêmes paramètres de sécurité à l'extérieur. Comme par exemple, il y a des périmètres clôturés, des patrouilles régulières et des comptes de détenus 24/7. La sécurité du public est notre priorité absolue.

Pour plus d'informations à ce sujet, je vous conseille d'écouter le deuxième épisode du Balado, sur la sécurité et le transfèrement des détenus. Dans le prochain épisode de cette série L'envers du badge, nous parlerons avec Rachid qui est un agent dans un établissement à sécurité moyenne depuis une quinzaine d'années. Merci encore une fois à notre invité Roch. Ceci est une production du Service correctionnel du Canada et je suis votre animatrice, Kirstan Gagnon.

Merci de nous avoir écoutés.

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