Discours de l'honorable Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, devant le Conseil national des femmes du Canada

Discours

Saskatoon, Saskatchewan Samedi 11 juin 2016

(La version prononcée fait foi)

Bonjour à tous,

Je vous transmets les salutations et les meilleurs vœux du premier ministre Justin Trudeau et du Gouvernement du Canada, et je vous remercie beaucoup de m’avoir invité à vous adresser la parole aujourd’hui. C’est pour moi un honneur d’être ici et d’avoir l’occasion de me réunir avec le Conseil national des femmes du Canada.

Pour commencer, je crois que des félicitations s’imposent – cette année, nous célébrons le 100e anniversaire du Conseil des femmes de Saskatoon ainsi que le 100e anniversaire de l’acquisition du droit de vote pour les femmes en Saskatchewan. Il s’agit de deux réussites très remarquables.

Et même si vous savez à quel point je suis fier de ma province d’origine, il est presque inconcevable de penser que la première élection fédérale dans laquelle les femmes ont eu le droit de voter n’est survenue que cinq ans plus tard, en 1921.

Un grand nombre d’entre vous savent également à quel point je suis fier de célébrer les réalisations des femmes au sein du Cabinet qui compte un nombre égal d’hommes et de femmes. Cette réussite historique reconnaît que notre pays est enrichi et notre gouvernement plus efficace lorsque la diversité du Canada est représentée à tous les niveaux.

Mais il reste beaucoup de grandes étapes à franchir pour atteindre l’égalité entre les sexes.

À ma première élection à la Chambre des communes, en 1974, le nombre de femmes élues à la Chambre, dans l’ensemble du Canada et dans tous les partis, était moins élevé que le nombre de collègues féminins qui siègent maintenant au Cabinet.

Mais le 30e Parlement, en 1974, comptait des pionnières comme Jeanne Sauvé, née ici, en Saskatchewan, qui a supprimé les barrières comme journaliste de la SRC, députée, ministre de Cabinet, présidente de la Chambre des communes, et comme si cela ne suffit pas, comme 23e gouverneure générale du Canada.

Puis il y a eu Monique Bégin, débordante d’énergie qui, en plus de son rôle de pionnière alors qu’elle faisait adopter la Loi canadienne sur la santé et en créait le programme Nouveaux horizons lorsqu’elle siégeait au Cabinet, a siégé au début de sa carrière comme secrétaire générale de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme.

Aussi présente en 1974, Iona Campagnolo, de la Colombie-Britannique – la première ministre des Sports et, plus tard, doyenne de l’Université, puis lieutenante-gouverneure de la Colombie-Britannique.

Quel groupe extraordinaire! Lorsqu’on se penche sur ces personnes fortes aujourd’hui, je pense bien qu’il n’est pas étonnant qu’elles aient été recrutées dans leurs rôles publics par un premier ministre aussi du nom de Trudeau, pour qui j’ai eu l’honneur de servir au sein de son caucus. Étant le seul député à avoir servi avec Pierre Trudeau et maintenant Justin Trudeau, je parle avec une certaine expérience du changement vers l’égalité des sexes dont nous sommes témoins aujourd’hui.

De même, aux États-Unis, le Parti démocrate vient de briser le plafond de verre en choisissant sa première candidate au poste de Président. En obtenant ce poste historique, Hilary Clinton nous rappelle la longue lutte pour l’égalité que les femmes endurent depuis des décennies, voire des siècles.

Dans nos deux pays, le mouvement positif a été clairement trop lent. Selon une liste compilée par l’Union interparlementaire, le Canada est au 62e rang pour ce qui est de la représentation des femmes dans les parlements nationaux. Soixante-deuxième! Et les États-Unis sont 97e! Nos deux pays se trouvent derrière des endroits comme le Rouanda, la Serbie, le Kazakhstan et l’Iraq. C’est inacceptable, et il incombe à chacun de nous d’exercer des pressions en faveur de l’égalité.

Relativement à votre thème, « La sûreté et la sécurité », j’aimerais dire quelques mots sur certaines des responsabilités de mon Cabinet.

Le portefeuille de Sécurité publique est énorme et complexe. Il joue un rôle national de direction pour la préparation aux situations d’urgence, l’intervention et le rétablissement — l’incendie à Fort McMurray, par exemple. Le portefeuille comprend également la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité, de l’Agence des services frontaliers du Canada, du Service correctionnel du Canada, de la Commission des libérations conditionnelles du Canada et d’un éventail d’organismes de surveillance qui supervisent ces organismes.

Les femmes constituent bien au-delà de 50 % de notre effectif total dans l’ensemble du portefeuille, à l’exception de la GRC où le rapport se situe à 44 %. Et il faut noter qu’au sein de la GRC, Brenda Butterworth-Carr est commandante ici, en Saskatchewan, Marianne Ryan est commandante en Alberta, Joanne Crampton est commandante à l’Île-du-Prince-Édouard et Louise Lafrance est commandante de l’École de la GRC, Division Dépôt à Regina.

Mon portefeuille comprend 65 000 employés qui travaillent pour protéger les Canadiens. Des investissements annuels de quelque 9 milliards de dollars. Le plus important portefeuille non militaire du gouvernement du Canada. Les femmes sont aux premiers rangs du leadership.

Gina Wislon est ma sous-ministre déléguée. Trois sous-ministres adjoints sur quatre sont des femmes : Monik Beauregard à la Sécurité nationale, Lori MacDonald à la Gestion des urgences et Kathy Thompson à la Lutte contre le crime. Marci Surkes est mon chef de Cabinet. Et Linda-Lizotte MacPherson est la présidente de l’Agence des services frontaliers du Canada.

Lors de l’assermentation du nouveau Cabinet en novembre dernier, pour la première fois de l’histoire, les lettres de mandat du premier ministre ont été publiées. Ainsi, ses instructions à tous ses ministres sont entièrement transparentes. Entre autres, ma lettre de mandat comprend un programme important pour soutenir les personnes compétentes et courageuses qui travaillent comme premiers intervenants – les pompiers, les policiers et les ambulanciers. Il y a de plus en plus de femmes qui occupent ces rôles.

Nous attendons des premiers intervenants qu’ils protègent le reste d’entre nous et, tous les jours, ils sont appelés à intervenir dans des situations très stressantes qui mettent leur vie en danger et que la plupart des Canadiens ont peine à imaginer. En reconnaissance de ce qu’ils font, nous travaillons à créer une nouvelle indemnisation à l’intention des agents de la sécurité publique, dans le but d’appuyer les familles des personnes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.

Nous produirons également une Stratégie nationale sur l’état de stress post-traumatique afin d’effectuer de meilleures recherches sur ce trouble grave et croissant, d’en reconnaître les symptômes, d’offrir de l’aide plus rapidement, d’éviter les stigmatismes et de connaître plus de succès dans la réintégration des personnes au travail.

Je suis fier de reconnaître les femmes courageuses qui continuent de pousser l’histoire en dehors de sa zone de confort pour un avenir meilleur. Beaucoup de personnes risquent leur propre sécurité pour protéger notre pays.

Il y a quelques générations, il aurait été impensable que des femmes occupent des postes dans le domaine de la sûreté et de la sécurité. La toute première troupe de femmes recrutées à la GRC (Troupe 17) a été admise à la Division Dépôt à l’automne de 1974. C’était il y a 42 ans. Je venais d’être élu à mon premier mandat comme député.

Aujourd’hui, personne n’est étonné d’apprendre que la GRC accueille des hommes et des femmes de tous les arrière-plans. Cette diversité dans son effectif donne une meilleure connaissance et une meilleure compréhension, assure une approche plus équilibrée et lui permet de travailler encore plus près des collectivités qu’elle dessert.

Les statistiques de 2013 indiquent que les femmes représentent maintenant le tiers du personnel policier du Canada. Cela nous place au cinquième rang dans le monde en ce qui concerne la représentation des femmes. C’est un bon signe. Mais puisqu’il y a toujours deux côtés à une médaille, seulement 17 % des officiers supérieurs et des sous-officiers de nos services de police sont des femmes pour le moment.

C’est une tendance que j’espère sincèrement voir changer. Je suis convaincu qu’elle changera. Il nous faut plus de Marianne Ryan et de Brenda Butterworth-Carr et de Joanne Crampton et de Louise Lafrance.

Dans le cadre de mes responsabilités liées à Sécurité publique, je me trouvais en Alberta le mois dernier, alors que ce monstre d’incendie faisait rage à Fort McMurray, ravageant la ville et un demi-million d’hectares de forêts, entraînant le déplacement de 90 000 résidents, laissant un couloir de destruction innommable derrière lui, et mobilisant d’innombrables personnes et ressources d’un bout à l’autre du Canada pour intervenir dans le cadre de cette catastrophe.

Parmi les personnes les plus dévouées que j’ai rencontrées, à savoir les familles évacuées, les bénévoles, les premiers intervenants, les coordonnateurs d’urgence et les élus, celles qui m’ont le plus encouragé et impressionné sont la première ministre de l’Alberta, la ministre du Cabinet qui est mon homologue provinciale, et la commandante divisionnaire de la GRC. Elles étaient consommées par l’intensité de la crise, mais elles ont fait preuve de leadership, de compétence, de courage et de compassion devant l’énorme tâche sans précédent qu’elles devaient accomplir. Les trois sont des femmes. Tout comme la maire de Fort McMurray.

À l’extérieur de mon portefeuille, penchons-nous sur les Forces armées canadiennes, une des premières forces militaires au monde à permettre aux femmes de servir dans toutes les occupations; les femmes représentent 14,5 % des forces. Le chef d’état-major de la défense s’est engagé à améliorer ce nombre pour atteindre au moins 25 % en 10 ans.

Le mois dernier a marqué un événement important, lorsque le premier ministre Trudeau et le président Obama ont nommé la générale américaine Lori Robinson comme commandante de NORAD, le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord.

Mais la discussion des réussites de ces femmes ne fait que nous rappeler que nous sommes encore « impressionnés » que des femmes occupent des postes de pouvoir et d’autorité. J’ai hâte qu’un jour cela ne soit plus étonnant ou inusité.

Vous savez mieux que quiconque que, malgré les nombreuses réalisations, il reste encore beaucoup à faire pour réduire les écarts dans l’égalité entre les sexes. Je vous remercie de vos efforts à motiver et à outiller les personnes qui vous entourent à chercher à faire carrière au sein du gouvernement et dans le domaine de la sécurité. Je vous remercie de diriger par l’exemple en démontrant qu’une société fondée sur l’égalité n’est pas un but vague et éloigné, mais une exigence qui est bonne pour l’humanité.

Sur le plan des politiques de notre gouvernement dans le domaine de « La sûreté et la sécurité » :

Nous investissons 8,4 milliards de dollars pour commencer à réduire les écarts de vie entre les peuples autochtones et non autochtones – dans le domaine de l’éducation, de la santé, du logement et de l’eau potable – tout ce qui permet de bâtir des collectivités plus sûres et plus sécuritaires. Nous procédons aussi à l’enquête nationale absolument essentielle sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, afin d’aider à notre société de déterminer comment prévenir cette tragédie une fois pour toutes.

Concernant la marijuana — toute notre approche est fondée sur la santé et la sécurité publique. Le régime actuel a échoué. Sous ce régime, les adolescents canadiens sont devenus les plus grands consommateurs de marijuana du monde occidental, et le crime organisé s’est enrichi de milliards de dollars en profits illégaux chaque année. Ainsi, la politique du passé n’a pas fonctionné. Nous appliquerons un nouveau régime légal – qui comprend des règlements rigoureux, des normes, des restrictions, la taxation et l’application de la loi – afin de protéger nos enfants et d’interrompre les entrées d’argent des barons du crime.

Dans le système correctionnel – qui n’est jamais un sujet populaire, quoiqu’il soit essentiel – nous devons aller au-delà de la rhétorique idéologique et des symboles populaires de rétribution et de vengeance. Il faut une évaluation fondée sur des éléments probants de ce qui fonctionne vraiment le plus efficacement pour prévenir la récidive et protéger les Canadiens.

Les politiques des dix dernières années ont-elles accru ou réduit la sécurité publique? Qu’en est-il de l’utilisation de l’isolement cellulaire? Pourquoi le nombre d’autochtones dans les prisons augmente-t-il cinq fois plus rapidement que le nombre de personnes qui ne sont pas autochtones? Que faisons-nous dans le cas de maladies mentales?

Concernant la violence dans les rues — les armes à feu et les gangs — un sujet que j’ai abordé avec les maires des grandes villes à Toronto et à Surrey, nous avons examiné des mesures frontalières plus rigoureuses pour lutter contre la contrebande et des moyens pratiques pour aider à retirer de nos rues les armes à feu illégales et les armes d’assaut.

Nous sommes tous résolus à obtenir un plus grand soutien fédéral pour les forces opérationnelles policières qui s’attaquent aux gangs et aux armes à feu, et à créer un « Comité consultatif canadien sur les armes à feu » plus équilibré et inclusif, comptant des représentants des organismes d’application de la loi, des groupes de la santé publique et des femmes, ainsi que des défenseurs de la chasse, de l’agriculture, de l’élevage et du sport.

Et il nous faut une approche holistique qui ne dépend pas seulement de défenses « sur la ligne des buts » pour traiter de problèmes « à la fin du match », mais aussi d’initiatives proactives en amont qui tentent de « prendre un pas d’avance ».

C’est pourquoi nous investissons de grandes sommes à bâtir des familles et des collectivités plus fortes :

  • la baisse d’impôt pour la classe moyenne et la nouvelle Allocation canadienne pour enfants afin de réduire l’inégalité et sortir des dizaines de milliers d’enfants de la pauvreté;
  • un meilleur accès aux études postsecondaires pour des centaines de milliers d’étudiants à faible et à moyen revenus, sans le fardeau qui subsiste de dettes étudiantes plus élevées;
  • le dédoublement du nombre d’emplois d’été pour étudiants d’un océan à l’autre;
  • des investissements à grande échelle dans l’infrastructure publique de toutes sortes pour stimuler une plus forte croissance économique, plus d’emplois et des villes plus résilientes;
  • des investissements dans le logement et le transport en commun;
  • des investissements dans les garderies, dans des abris plus sécuritaires pour les femmes et les familles, et dans des lieux accueillants heureux pour les aînés et les personnes vulnérables.

Les gouvernements à tous les niveaux ont besoin de collaborer à ce sujet. Nous devons mettre de côté nos arguments sur les champs de compétence, sortir de notre isolement, mettre tout ce que nous pouvons sur la table, et collaborer pour bâtir des collectivités et des personnes plus fortes et plus sécuritaires.

C’est aussi exactement ce que je souhaite accomplir avec notre nouveau bureau national de sensibilisation et de mobilisation des collectivités. Il a été financé dans notre budget afin d’être un centre d’excellence et de coordination dans la lutte contre la radicalisation menant au terrorisme et à la violence.

Quel est le meilleur moyen d’identifier les collectivités ou les personnes qui peuvent être vulnérables aux appels et aux pressions de l’extrémisme? Et comment pouvons-nous intervenir de façon positive avec les bonnes personnes, de la bonne façon et au bon moment pour prévenir les tragédies?

L’Aga Khan a affirmé que le Canada est le meilleur exemple de pluralisme que le monde a jamais connu. C’est un énorme compliment, et nous devons travailler très fort tous les jours pour protéger les Canadiens, et protéger nos valeurs, nos droits et nos libertés, ainsi que le caractère ouvert, généreux, diversifié et inclusif de notre pays.

De bien des manières, les femmes sont en tête. 

Et je vous remercie.


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