L'histoire de Mary : Comment la résistance aux antibiotiques a des répercussions sur la vie des gens

Les antibiotiques traitent les maladies causées par des bactéries. Ces médicaments sont également utilisés dans :

  • le traitement du cancer
  • les transplantations d'organe et les arthroplasties
  • les opérations comme les accouchements par césarienne

Lorsque les antibiotiques ne sont pas efficaces ou échouent à combattre les bactéries, cela peut entraîner des problèmes de santé majeurs ou même la mort. L'histoire de Mary montre ce qui peut se produire.

L'histoire de Mary

Mary

Une série de courriels envoyés par la famille pendant neuf mois raconte l'histoire de la santé de Mary depuis le premier signe d'une infection cutanée du genre furoncle jusqu'à une insuffisance cardiaque terminale. Les objets des courriels étaient des alertes, visant une ouverture immédiate, et constituaient parfois un appel à l'action. Les conversations entre les onze enfants qui restaient à Mary se déroulaient également durant des visites à l'hôpital, autour de repas, sous forme de textes et dans le cadre d'appels téléphoniques.

Je suis la bru de Mary et je suis une infirmière à la retraite. Moi aussi je me souciais beaucoup de Mary. Étant donné ma formation en soins infirmiers, il arrivait que je me retrouve naturellement au sein de nombreuses discussions de nature médicale, mais je crois que ma contribution la plus utile est venue de ma propre expérience avec ma mère vieillissante. Grâce à cette expérience, j'ai appris que les infections pouvaient faire d'importants ravages sur les aînés en santé, leur santé étant plus précaire puisqu'ils sont plus fragiles. Je savais que des infections mortelles pouvaient résulter du fait d'être un patient dans un hôpital, que les changements cognitifs pouvaient être mal interprétés et jugés comme un phénomène du vieillissement et que la vigilance de la famille était essentielle.

Mary était l'une des femmes les plus déterminées que j'ai connues et, à 90 ans, elle était forte sur le plan physique, spirituel et émotionnel. Selon tout paramètre, elle était en bonne santé; elle était autonome et vivait seule, son esprit était vif et elle ne souffrait d'aucune maladie chronique.

Tout a changé, de façon subtile au début, et ensuite de façon radicale durant les derniers mois de sa vie. Elle a surmonté de nombreux défis de nature médicale, mais à la fin, ces derniers l’ont vaincue.

Objet du courriel : Que s'est-il passé?

Après la réparation d'une fracture à la hanche, Mary se plaignait d'une bosse inconfortable durant sa période de convalescence. Durant un examen postopératoire de routine, son point d'incision n'avait pas été examiné. Mary a enduré l'inconfort.

Deux ans plus tard, elle a développé de la rougeur et de la raideur au genou et ensuite un furoncle près du champ opératoire original. Elle a consulté trois fois son médecin de famille et deux traitements antibiotiques lui ont été prescrits, mais il n'y a eu aucune amélioration.

Mary soupçonnait un lien entre le dispositif dans sa hanche et son infection cutanée. À mesure que les semaines passaient, l'abcès ne guérissait pas et il a fini par éclater et par se vider.

Mary a immédiatement été hospitalisée. Les pièces dans son fémur ont immédiatement été retirées par voie chirurgicale et l'os a été nettoyé, étant donné que les médecins avaient déterminé que l'abcès était lié à une bactérie à l'endroit où avait été réparée la hanche précédemment. Le prélèvement effectué durant l'opération a indiqué la présence de la bactérie E. coli, ce qui a entraîné un traitement aux antibiotiques de six semaines.

Objet du courriel : Notre merveilleuse maman!

Mary s'est très bien sortie de l'opération. Elle a marché la première journée après son opération. Elle était déterminée à rentrer à la maison le plus rapidement possible.

Objet du courriel : Progrès de maman

Elle a eu trois bonnes journées, puis elle a développé une diarrhée sanglante. Je savais que cela pouvait signifier que sa santé allait se détériorer, reconnaissant qu'il était probable qu'une infection à C. difficile se soit développée au cours des dernières semaines si les mauvais antibiotiques avaient été prescrits. Un spécialiste des maladies infectieuses a été consulté, mais la famille avait de la difficulté à obtenir des réponses à ses nombreuses questions de la part du spécialiste ou du personnel. La première série d'antibiotiques pour l'infection à C. difficile n'a rien donné. Un deuxième traitement avec les mêmes antibiotiques a été nécessaire.

Objet du courriel : Progrès de maman

Outre ses infections bactériennes, Mary a souffert d'une douleur insupportable à la jambe le cinquième jour après l'opération. On a prescrit un opioïde et demandé des radiographies qui ont montré que le fémur était fracturé à nouveau. Elle a développé un délire. Il était très difficile pour les membres de la famille de la voir dans cet état et, devant leur insistance, l'opioïde a été arrêté.

Mary avait beaucoup souffert. Elle a souffert physiquement et mentalement par suite des infections, elle a eu des effets secondaires liés aux forts antibiotiques, elle a subi une fracture du fémur et elle a eu de la douleur pour laquelle elle a pris des analgésiques. Et ce n'était pas fini. Deux semaines après son opération, elle a été transférée à une unité de soins spéciaux étant donné que son cœur battait de façon irrégulière. Des caillots de sang s'étaient développés dans ses poumons et elle souffrait d'une insuffisance cardiaque. Nous avons été surpris puisque son cœur et son esprit solides avaient été ses plus grands alliés durant son rétablissement.

Au fil du temps, Mary avait de plus en plus l'impression que son esprit était brouillé. Elle disait se sentir perdue et elle était inquiète de la détérioration de sa santé mentale.

Objet du courriel : Notre mère et le médecin

On a parlé d'une deuxième opération, mais pourrait-elle la tolérer? Notre objectif était de l'aider à rentrer chez elle; c'est ce qu'elle voulait plus que tout. Après sa réadaptation, Mary n'a jamais vraiment pu marcher de nouveau. Elle n'est pas retournée à son domicile et elle est plutôt allée dans une maison de soins. Je ressentais sa tristesse.

Objet du courriel : Notre mère

Neuf mois après l'apparition de l'abcès, nous avons dit adieu à notre Mary bien-aimée. Elle a souffert à la fin, son corps en proie à la douleur. Nous nous demandons pourquoi l'infection s'est développée et dans quelle mesure la résistance des bactéries aux antibiotiques utilisés pendant de longues périodes a contribué à la détérioration de sa santé. Nous nous accrochons aux doux souvenirs d'elle qui jouait de la guitare autour du feu et qui faisait du chant tyrolien, des réunions familiales, de ses biscuits, de son artisanat, de sa sagesse, de son rire et de son immense capacité à nous aimer tous dans sa grande famille.

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