Sensibilité aux antimicrobiens de Neisseria gonorrhoeae au Canada, 2022

RMTC

Volume 51-4, avril 2025 : Défis dans la gestion et la prévention de la gonorrhée

Surveillance

Sensibilité aux antimicrobiens de Neisseria gonorrhoeae au Canada, 2022

Pamela Sawatzky1, Robyn Thorington1, Norman Barairo1, Brigitte Lefebvre2, Mathew Diggle3, Linda Hoang4, Samir Patel5, Paul Van Caessele6, Jessica Minion7, Guillaume Desnoyers8, David Haldane9, Xiaofeng Ding10, Lillian Lourenco11, Genevieve Gravel11, Irene Martin1

Affiliations

1 Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg, MB

2 Laboratoire de santé publique du Québec, Ste-Anne-de-Bellevue, QC

3 Laboratoire provincial de santé publique, Edmonton, AB

4 Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, Vancouver, BC

5 Laboratoire de Santé Publique Ontario, Toronto, ON

6 Laboratoire provincial Cadham, Winnipeg, MB

7 Laboratoire provincial Roy Romanow, Regina, SK

8 Centre hospitalier universitaire Dr Georges-L.-Dumont, Moncton, NB

9 Queen Elizabeth II Health Sciences Centre, Halifax, NS

10 Hôpital Queen Elizabeth, Charlottetown, PE

11 Direction générales du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON

Correspondance

robyn.thorington@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Sawatzky P, Thorington R, Barairo N, Lefebvre B, Diggle M, Hoang L, Patel S, Van Caessele P, Minion J, Desnoyers G, Haldane D, Ding X, Lourenco L, Gravel G, Martin I. Sensibilité aux antimicrobiens de Neisseria gonorrhoeae au Canada, 2022. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2025;51(4):138–45. https://doi.org/10.14745/ccdr.v51i04a03f

Mots-clés : gonorrhée, Neisseria gonorrhoeae, résistance aux antimicrobiens, sensibilité aux antimicrobiens, système de surveillance national, surveillance passive

Résumé

Contexte : Au Canada, la gonorrhée est la deuxième infection bactérienne sexuellement transmissible la plus répandue. Le Programme de surveillance de la résistance aux antimicrobiens du gonocoque (PSAG–Canada), un système de surveillance passive qui surveille la résistance aux antimicrobiens chez Neisseria gonorrhoeae au Canada depuis 1985, est la source de ce résumé des données démographiques, de la résistance aux antimicrobiens et du typage des séquences multiantigènes de N. gonorrhoeae (NG-MAST) des isolats gonococciques collectés au Canada en 2022.

Objectif : Résumer les tendances de la résistance aux antimicrobiens et les types moléculaires des cultures de N. gonorrhoeae au Canada de 2018 à 2022. Ces tendances sont à la base des lignes directrices fédérales, provinciales et territoriales pour le traitement de la gonorrhée.

Méthodes : Les laboratoires de santé publique provinciaux et territoriaux ont soumis des cultures de N. gonorrhoeae et des données au Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg dans le cadre du système de surveillance. La résistance aux antimicrobiens et le type moléculaire de chaque isolat reçu ont été déterminés.

Résultats : Au total, 3 855 cultures de N. gonorrhoeae ont été identifiées et analysées au Canada en 2022, soit une augmentation de 12,1 % depuis 2021 (n = 3 439). La diminution de la sensibilité au céfixime a ralenti en 2022 (0,3 %) par rapport à 2018 (0,5 %). La diminution de la sensibilité à la ceftriaxone a également ralenti entre 2018 (0,6 %) et 2022 (0,3 %). La résistance à l'azithromycine était similaire en 2022 (8,1 %) à ce qu'elle était en 2018 (7,6 %). En 2022, NG-MAST-17972 (13,3 %) était le type de séquence le plus répandu au Canada.

Conclusion : La propagation de la gonorrhée résistante aux antimicrobiens est un problème de santé publique important. La poursuite de la surveillance régionale et nationale de la résistance aux antimicrobiens chez N. gonorrhoeae est essentielle pour garantir que des traitements efficaces sont recommandés.

Introduction

En 2022, 35 956 cas de gonorrhée ont été signalés au Canada, ce qui en fait la deuxième infection bactérienne transmissible sexuellement (ITS) la plus signalée dans le pays. En 2022, le taux de gonorrhée déclaré au Canada était de 92,3 pour 100 000 habitants, soit plus du double du taux de 2013, qui était de 40,56 pour 100 000 habitants Note de bas de page 1. Les facteurs de risque associés à la gonorrhée peuvent inclure le contact sexuel avec une personne atteinte de gonorrhée, les rapports sexuels non protégés, l'âge et les antécédents d'infections transmissibles sexuellement et d'infections transmises par le sang Note de bas de page 2. L'agent causal, Neisseria gonorrhoeae (ou gonocoque), peut infecter non seulement les sites urogénitaux des hommes et des femmes, mais aussi la gorge, le rectum et, en l'absence de traitement, le sang et le liquide synovial. Si les infections gonococciques sont plus souvent symptomatiques chez les hommes, elles sont souvent asymptomatiques chez les femmes, bien qu'elles puissent être asymptomatiques chez les deux sexes. Les infections pharyngées et rectales sont plus susceptibles d'être asymptomatiques chez tous les individus Note de bas de page 2. Les maladies inflammatoires pelviennes, la stérilité et les infections gonococciques disséminées (IGD) provoquant l'arthrite, la ténosynovite et l'endocardite sont quelques-unes des complications les plus graves qui peuvent résulter d'infections gonococciques non traitées Note de bas de page 3Note de bas de page 4.

Globalement, le seul traitement empirique disponible est la céphalosporine de troisième génération, la ceftriaxone, utilisée en monothérapie ou dans le cadre d'une bithérapie, le plus souvent avec l'azithromycine Note de bas de page 3. Le régime de traitement actuellement recommandé par l'Agence de la santé publique du Canada est le suivant : 250 mg de ceftriaxone par voie intramusculaire ou 800 mg de céfixime par voie orale, plus 1 g d'azithromycine par voie orale Note de bas de page 2. La propagation de la résistance à la ceftriaxone et de la résistance extrême aux médicaments (XDR-GC) est préoccupante à l'échelle mondiale, car elle menace le traitement.

En 2012, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un plan d'action mondial contenant des stratégies visant à minimiser la propagation et l'impact de la N. gonorrhoeae résistante aux antimicrobiens. L'une des stratégies proposées consiste à mettre en place des programmes nationaux et internationaux de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (RAM) contre N. gonorrhoeae Note de bas de page 3. En 2009, l'OMS a relancé le Programme mondial de surveillance antimicrobienne du gonocoque (GASP) et le GASP renforcé (EGASP) s'étend actuellement à de nouveaux pays dans le monde entier Note de bas de page 5.

Depuis 1985, le programme national de surveillance passive du Canada, le Programme de surveillance antimicrobienne du gonocoque (PSAG-Canada), rapporte les tendances de la gonorrhée résistante aux antimicrobiens au Canada afin d'assurer l'efficacité des traitements actuels et d'informer les lignes directrices fédérales en matière de traitement. La résistance à l'azithromycine (AZI-R) au Canada a dépassé 5 %, ce qui est le repère suggéré par l'OMS pour l'examen de l'utilisation d'un antimicrobien comme traitement recommandé, et des cas de N. gonorrhoeae résistante aux céphalosporines ont été identifiés au Canada entre 2017 et 2021 Note de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8.

Les isolats soumis au PSAG-Canada font l'objet d'un test de sensibilité aux antimicrobiens (TSA) et d'une caractérisation moléculaire à l'aide du typage séquentiel multi-antigène de N. gonorrhoeae (NG-MAST). Le typage NG-MAST montre une association étroite avec la RAM et peut être utilisé pour enquêter sur les échecs de traitement et les éclosions en raison de son haut niveau de discernement Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11.

Ce rapport résume les tendances de la RAM et les types moléculaires des cultures de N. gonorrhoeae provenant de l'ensemble du Canada et envoyées au PSAG-Canada entre 2018 et 2022. En plus d'informer les intervenants de tout le pays sur les tendances de la RAM à N. gonorrhoeae dans leur administration, les données sont utilisées pour élaborer des lignes directrices en matière de traitement.

Méthodes

Surveillance

Les cultures de N. gonorrhoeae présentant une résistance ou une sensibilité réduite à au moins un antimicrobien sont volontairement envoyées au Laboratoire national de microbiologie (LNM) par les partenaires provinciaux et territoriaux dans le cadre du PSAG-Canada. Les laboratoires provinciaux et territoriaux qui ne pratiquent pas de TSA envoient toutes leurs cultures au LNM pour qu'il les analyse. Depuis 2018, l'Alberta, la Colombie-Britannique et le Québec envoient des données sur TSA et les clients (sous la forme de concentrations minimales inhibitrices [CMI] d'isolats non envoyés au LNM pour analyse) et ces CMI sont incluses dans notre analyse. Toutes les cultures de gonorrhée résistante de l'Alberta sont envoyées au LNM pour être analysées. Le Québec et la Colombie-Britannique envoient au LNM des isolats qui : 1) sont résistant à l'azithromycine; 2) ont sensibilité réduite au céfixime ou à la ceftriaxone; 3) approche de la résistance/diminution de la sensibilité à ces antimicrobiens. Les données des TSA et les données clients pour les isolats restants testés au Québec et en Colombie-Britannique ont été soumises au LNM. Le Nunavut et le Yukon n'ont pas déclaré ou envoyé de cultures au LNM de 2018 à 2022. Sauf indication contraire, le nombre total de cultures de N. gonorrhoeae analysées au Canada a été utilisé comme dénominateur dans les calculs de résistance.

Analyse des isolats

Des tests de sensibilité aux antimicrobiens par dilution en milieu gélosé (CLSI M100) ou par séquençage du génome entier (WGS) Note de bas de page 9 ont été réalisés sur toutes les cultures de N. gonorrhoeae reçues par le LNM (n = 2 544). Les CMI de sept antimicrobiens ont été déterminées et l'interprétation des résultats a été basée sur le Clinical and Laboratory Standards Institute pour cinq d'entre eux (pénicilline, tétracycline et azithromycine toutes résistantes [R] lorsque la CMI est d'au moins 2 mg/L; résistance à la ciprofloxacine lorsque la CMI est d'au moins 1 mg/L; résistance à la spectinomycine lorsque la CMI est d'au moins 128 mg/L) Note de bas de page 12. Les directives de l'OMS ont été utilisées pour la ceftriaxone (SR lorsque la CMI est d'au moins 0,125 mg/L) et le céfixime (SR lorsque la CMI est d'au moins 0,25 mg/L) Note de bas de page 3 (appendice, matériel supplémentaire, tableau S1). Toutes les cultures soumises ont fait l'objet d'une analyse de ß-lactamase. Les cultures présentant des CMI de tétracycline d'au moins 16 mg/L ont été testées pour le plasmide tetM par amplification en chaîne de la polymérase (PCR) Note de bas de page 13 ou à l'aide des données de la séquence du génome entier (WGS) Note de bas de page 14.

La N. gonorrhoeae multirésistante (MDR-GC) est définie comme une culture présentant soit une sensibilité réduite aux céphalosporines, soit une résistance à l'azithromycine et une résistance à au moins deux autres antimicrobiens. La N. gonorrhoeae ultrarésistante (XDR-GC) est définie comme une résistance à l'azithromycine et une diminution de la sensibilité et une résistance aux céphalosporines, ainsi qu'une résistance à deux autres antimicrobiens.
Le génotype des cultures a été déterminé par NG-MAST à l'aide d'une PCR Note de bas de page 11 ou WGS Note de bas de page 10. SeqMan Pro 15 (DNAStar, Madison [Wisconsin]) a été utilisé pour assembler les brins d'ADN séquencés par Sanger et le TS a été déterminé lorsque les séquences ont été soumises à la PubMLST Neisseria spp. database (base de données PubMLST des spp. de Neisseria [en anglais seulement]).

Séquençage du génome entier

L'ADN des isolats sur lesquels le WGS a été réalisé avec succès (n = 2 502) a été préparé à l'aide de la trousse d'isolement de l'ARN LuminUltra (LuminUltra, Fredericton, Nouveau-Brunswick) et de E-Z 96™ Disruptor Plate C Plus (Omega BioTek, Nocross, Géorgie). En bref, la méthode de séquençage utilisée consistait à créer des bibliothèques (à l'aide des trousses de préparation d'échantillons Nextera [Illumina, San Diego [Californie]]) avec des lectures d'index paires de 300 pb générées sur la plateforme Illumina NextSeq (Illumina). Galaxy Version 1.0.4+galaxy a été utilisé pour évaluer la qualité des lectures, les assembler et analyser les variants de nucléotides simples avec NCCP1145 (numéro d'accès GenBank NC_011035) comme référence de cartographie. Les données relatives à la séquence du génome entier ont été utilisées pour détecter les marqueurs moléculaires de la RAM et pour déterminer les TS du NG-MAST Note de bas de page 10.

Analyse des données

L'âge, le sexe, le site d'isolement, la province et la date de collecte ont été fournis avec les isolats de N. gonorrhoeae. Les isolats en double ont été identifiés et retirés du dénominateur si plusieurs isolats provenant du même client présentaient le même TS et avaient été prélevés à moins de quatre semaines d'intervalle. Une fois qu'un ensemble potentiel de doublons a été identifié, une hiérarchie des sites d'isolement a été utilisée pour déterminer lesquels des isolats étaient considérés comme des doublons. L'ordre hiérarchique était le suivant : 1) site stérile (IDG), 2) gorge, 3) rectal et 4) urogénital. Cette hiérarchie est basée sur la morbidité de l'infection (pour l'IDG) et ensuite sur l'efficacité du traitement dans un site d'isolement, les isolats collectés à partir de cultures de gorge ayant la plus faible efficacité de traitement et les isolats urogénitaux la plus élevée.

Chaque chiffre comprend le dénominateur utilisé dans sa description. Les tendances de la RAM et des TS ont été déterminées au niveau national. La résistance à l'azithromycine et la SR du céfixime et de la ceftriaxone (CFM-DS et CRO-DS, respectivement) ont également été analysées au niveau provincial ou territorial. Une corrélation entre les TS les plus courants et la RAM a également été mise en évidence. Les comparaisons des proportions de RAM ont été effectuées à l'aide de la méthode exacte de Fisher avec un intervalle de confiance de 99 % en utilisant EpiCalc 2000 (version 1.02; Brixton Health).

Résultats

Isolats testés, données démographiques et sites d'isolement

En 2022, des isolats de N. gonorrhoeae provenant de 3 855 cas (appendice, matériel supplémentaire, tableau S2) de l'ensemble du Canada ont été testés. Une répartition provinciale et territoriale du nombre de cultures prélevées par administration se trouve dans l'appendice (matériel supplémentaire, tableau S3). Plus de 75 % (75,5 %, n = 2 910/3 855) des cultures étaient résistantes à au moins un antibiotique (annexe, matériel supplémentaire, tableau S2, figure 1). Les cas de gonorrhée diagnostiqués à l'aide de tests d'amplification de l'acide nucléique (TAAN) ne sont pas inclus dans ce calcul. Les antibiogrammes ne sont pas systématiquement effectués sur les échantillons du TAAN, qui représentaient 89 % des cas de gonorrhée diagnostiqués et déclarés au Canada en 2021 (figure 1).

Figure 1 : Cas de Neisseria gonorrhoeae signalés au Canada, 2011–2022Note de bas de page aNote de bas de page b
Figure 1. La version textuelle suit
Figure 1 : Équivalent textuel

Cette figure est un diagramme à barres empilées affichant le nombre de cas de gonorrhée diagnostiqués à l'aide de techniques de culture et de tests d'amplification de l'acide nucléique, pour chaque année, de 2011 à 2021.

Figure 1
Rapports 2011
(N = 11 394)
2012
(N = 12 561)
2013
(N = 13 786)
2014
(N = 16 285)
2015
(N = 19 845)
2016
(N = 23 708)
2017
(N = 29 034)
2018
(N = 30 874)
2019
(N = 35 443)
2020
(N = 30 833)
2021
(N = 32 192)
Pourcentage de cultures résistantes à au moins un antimicrobien 32,0 % 32,5 % 36,1 % 52,4 % 60,4 % 64,6 % 63,7 % 72,4 % 75,9 %

70,1 %

72,7 %

Nombre de cas de gonorrhée diagnostiqués par culture 3 360 3 036 3 195 3 809 4 190 4 538 5 290 5 607 4 859

3 130

3 439

Nombre de cas de gonorrhée diagnostiqués par le test d'amplification de l'acide nucléique (TAAN) 8 034 9 525 10 591 12 476 15 655 19 170 23 744 25 267 30 584

27 703

28 753

Notes de bas de page figure 1

Abréviation : TAAN, test d'amplification de l'acide nucléique

Figure 1 note de bas de page a

Environ 10 % de tous les cas de gonorrhée ont été diagnostiqués par culture au Canada en 2022. Le reste a été détecté à l'aide de la technologie du test d'amplification de l'acide nucléique

Retour à la référence de la note de bas a

Figure 1 note de bas de page b

Le nombre de cas de gonorrhée diagnostiqués par le test d'amplification de l'acide nucléique est déterminé en soustrayant le nombre de cultures testées au Canada du nombre de cas de gonorrhée déclarés. Adopté par : Agence de la santé publique du Canada. Nombre de cas signalés de maladies de 1924 à 2022 au Canada – maladies à déclaration obligatoire en direct. Ottawa, ON : ASPC; 2022. https://maladies.canada.ca/declaration-obligatoire/graphiques?c

Retour à la référence de la note de bas b


En 2022, le LNM a reçu des données concernant l'âge, le sexe et le lieu d'isolement de 3 393 cas. La majorité des cas (70,9 % [n = 2 404]) concernaient des personnes âgées de 21 à 40 ans, 20,5 % (n = 694) des personnes âgées de plus de 40 ans et 8,5 % (n = 288) des personnes âgées de moins de 21 ans. Les isolats provenant d'hommes dominent (83,7 %, n = 2 840), tandis que 15,9 % (n = 540) proviennent de femmes. Trois (0,08 %) proviennent d'individus de genre divers et 10 (0,3 %) n'ont pas précisé. Le pénis/urètre était le site d'isolement le plus fréquent chez les hommes (58,9 %, n = 1 673/2 840) et la gorge chez les femmes (39,1 %, n = 211/540). Voir le tableau S4 du matériel supplémentaire de l'appendice pour plus de détails.

Tendances antimicrobiennes des céphalosporines au Canada, 2018–2022

La proportion de CFM-DS (CMI d'au moins 0,25 mg/L) a diminué de manière significative (< 0,001), passant de 2,8 % en 2020 à 1,5 % en 2021 et 0,3 % (n = 12) en 2022 (figure 2).

Figure 2 : Pourcentage de cultures de Neisseria gonorrhoeae présentant une sensibilité réduite au céfixime, par province, 2018–2022Note de bas de page aNote de bas de page b
Figure 2. La version textuelle suit
Figure 2 : Équivalent textuel

Cette figure est une combinaison d'un diagramme à barres et d'un graphique linéaire pour les années 2018 à 2022. Le diagramme à barres montre le pourcentage d'isolats de Neisseria gonorrhoeae présentant une sensibilité réduite au céfixime, collectés dans chaque province, en fonction du nombre de cultures testées dans chaque province, par année. La ligne indique le pourcentage d'isolats de N. gonorrhoeae présentant une sensibilité réduite au céfixime, collectés au niveau national, sur la base du nombre de cultures testées au niveau national chaque année.

Figure 2
Province 2018 2019 2020 2021 2022
Alberta 0,22 % 0,22 % 1,16 % 2,84 % 0,29 %
Colombie-Britannique 2,86 % 0,80 % 2,45 % 6,08 % 1,47 %
Manitoba 0,00 % 0,54 % 0,00 % 0,00 % 0,00 %
Ontario 0,40 % 3,23 % 4,20 % 0,94 % 0,35 %
Québec 0,16 % 1,20 % 3,50 % 0,26 % 0,11 %
National 0,48 % 1,46 % 2,77 % 1,51 % 0,31 %

Notes de bas de page figure 2

Figure 2 note de bas de page a

Les provinces incluses dans cette figure sont uniquement celles qui ont soumis au Laboratoire national de microbiologie au moins une culture présentant une sensibilité réduite au céfixime

Retour à la référence de la note de bas a

Figure 2 note de bas de page b

Les dénominateurs utilisés pour le calcul des pourcentages sont le nombre de cultures testées dans chaque province (appendice, matériel supplémentaire, tableau S4)

Retour à la référence de la note de bas b


La sensibilité à la ceftriaxone (CMI d'au moins 0,125 mg/L) a diminué, bien que la diminution entre les années n'ait pas été significative (> 0,001), passant de 0,9 % en 2020 à 0,6 % en 2021 et 0,3 % (n = 11) en 2022 (figure 3). Aucun isolat résistant à la ceftriaxone (CRO-R) n'a été identifié au Canada en 2022.

Figure 3 : Pourcentage de cultures de Neisseria gonorrhoeae présentant une sensibilité réduite à la ceftriaxone, par province, 2018–2022Note de bas de page aNote de bas de page b
Figure 3. La version textuelle suit
Figure 3 : Équivalent textuel

Cette figure est une combinaison d'un diagramme à barres et d'un graphique linéaire pour les années 2018 à 2022. Le diagramme à barres montre le pourcentage d'isolats de Neisseria gonorrhoeae présentant une sensibilité réduite à la ceftriaxone, collectés dans chaque province, en fonction du nombre de cultures testées dans chaque province, par année. La ligne indique le pourcentage d'isolats de N. gonorrhoeae présentant une sensibilité réduite à la ceftriaxone, collectés au niveau national, sur la base du nombre de cultures testées au niveau national chaque année.

Figure 3
Province 2018 2019 2020 2021 2022
Alberta 0,22 % 0,22 % 0,15 % 0,13 % 0,00 %
Colombie-Britannique 2,45 % 0,80 % 0,98 % 0,91 % 0,00 %
Manitoba 3,83 % 0,54 % 0,76 % 0,00 % 0,00 %
Ontario 0,30 % 1,13 % 1,12 % 0,00 % 0,58 %
Québec 0,21 % 1,02 % 1,28 % 1,09 % 0,34 %
National 0,55 % 0,82 % 0,93 % 0,61 % 0,29 %

Notes de bas de page figure 3

Figure 3 note de bas de page a

Les provinces incluses dans cette figure sont uniquement celles qui ont soumis au Laboratoire national de microbiologie au moins une culture présentant une sensibilité réduite à la ceftriaxone

Retour à la référence de la note de bas a

Figure 3 note de bas de page b

Les dénominateurs utilisés pour le calcul des pourcentages sont le nombre de cultures testées dans chaque province (appendice, matériel supplémentaire, tableau S4)

Retour à la référence de la note de bas b


Résistance à l'azithromycine au Canada, 2018–2022

La proportion AZI-R en 2022 (8,1 %, 313/3 855) est similaire à celle identifiée en 2018 (7,6 %), 2020 (6,1 %) et 2021 (7,6 %) (figure 4). La majorité des isolats AZI-R au Canada ont été identifiés au Québec (77 %, n = 234/304). Cependant, la proportion la plus élevée d'isolats AZI-R au sein d'une administration a été enregistrée au Nouveau-Brunswick (15,4 %, 6/39), suivi par le Québec (13,1 %, n = 234/1 785). La proportion d'isolats dont la CMI à l'azithromycine était d'au moins 1 mg/L a augmenté (< 0,001), passant de 18,2 % en 2019 et 15,3 % en 2020 à 28,1 % et 34,3 % en 2021 et 2022, respectivement (figure 5). Une résistance élevée à l'azithromycine (HL-AZI-R; CMI de l'AZI d'au moins 512 mg/L) a été identifiée dans 11 isolats de 2022, principalement en Colombie-Britannique (n = 8), avec deux au Québec et un en Ontario. Ces isolats étaient également résistants à la ciprofloxacine, et trois d'entre eux étaient également résistants à la tétracycline.

Figure 4 : Pourcentage de cultures de Neisseria gonorrhoeae résistantes à l'azithromycine par province, 2018–2022Note de bas de page aNote de bas de page b
Figure 4. La version textuelle suit
Figure 4 : Équivalent textuel

Cette figure est une combinaison d'un diagramme à barres et d'un graphique linéaire pour les années 2018 à 2022. Le diagramme à barres montre le pourcentage d'isolats de Neisseria gonorrhoeae résistants à l'azithromycine collectés dans chaque province en fonction du nombre de cultures testées dans chaque province par année. La ligne indique le pourcentage d'isolats de N. gonorrhoeae résistants à l'azithromycine collectés au niveau national sur la base du nombre de cultures testées au niveau national chaque année.

Figure 4
Province 2018 2019 2020 2021 2022
Alberta 1,67 % 8,25 % 1,16 % 1,42 % 2,01 %
Colombie-Britannique 6,34 % 8,85 % 2,45 % 1,82 % 6,47 %
Manitoba 1,09 % 3,80 % 0,00 % 4,17 % 3,66 %
Nouveau-Brunswick 18,20 % 11,11 % 0,00 % 12,50 % 15,38 %
Nouvelle-Écosse 6,45 % 16,67 % 0,00 % 0,00 % 0,00 %
Ontario 7,67 % 7,95 % 3,60 % 3,30 % 3,72 %
Québec 11,85 % 18,47 % 12,75 % 13,76 % 13,11 %
Saskatchewan 0,76 % 2,50 % 0,00 % 4,65 % 2,08 %
National 7,62 % 11,67 % 6,10 % 7,59 % 8,12 %

Notes de bas de page figure 4

Figure 4 note de bas de page a

Les provinces incluses dans cette figure sont uniquement celles qui ont soumis au Laboratoire national de microbiologie au moins une culture résistante à l'azithromycine. Terre-Neuve-et-Labrador a enregistré un isolat résistant à l'azithromycine en 2019

Retour à la référence de la note de bas a

Figure 4 note de bas de page b

Les dénominateurs utilisés pour le calcul des pourcentages sont le nombre de cultures testées dans chaque province (appendice, matériel supplémentaire, tableau S4)

Retour à la référence de la note de bas b


Figure 5 : Évolution du pourcentage des concentrations minimales inhibitrices d'azithromycine pour Neisseria gonorrhoeae supérieures ou égales à 1 mg/L et supérieures ou égales à 2 mg/L
Figure 5. La version textuelle suit
Figure 5 : Équivalent textuel

Cette figure est un graphique linéaire affichant le pourcentage de tous les isolats de Neisseria gonorrhoeae identifiés avec des concentrations minimales inhibitrices (CMI) d'azithromycine ≥ 2 mg/L et ≥ 1 mg/L, sur la base du nombre total de cultures testées au niveau national chaque année, de 2018 à 2022.

Figure 5
Concentrations minimales inhibitrices (CMI) de l'azithromycine 2018
(n = 5 607)
2019
(n = 4 859)
2020
(n = 3 130)
2021
(n = 3 439)
2022
(n = 3 855)
CMI de l'azithromycine ≥ 2 mg/L 7,6 % 11,67 % 6,10 % 7,59 % 7,83 %
CMI de l'azithromycine ≥ 1 mg/L 26,5 % 18,17 % 15,27 % 28,14 % 29,52 %

Notes de bas de page figure 5

Abréviation : CMI, concentration minimale inhibitrice

Tendances de la résistance aux autres antimicrobiens, 2018–2022

La résistance à la ciprofloxacine (CIP-R, 51,7 %) et à la tétracycline (TET-R, 54,4 %) est restée élevée parmi les isolats de N. gonorrhoeae en 2022. Au niveau provincial, le taux de CIP-R varie entre 15 % et 65 %, tandis que le taux de TET-R se situe entre 30 % et 60 %. La résistance à la pénicilline (PEN-R) est restée inférieure à 7 % depuis 2020 (figure 6).

Figure 6 : Pourcentage de résistance aux antimicrobiens des isolats de Neisseria gonorrhoeae testés au Canada, 2018–2022Note de bas de page aNote de bas de page b
Figure 6. La version textuelle suit
Figure 6 : Équivalent textuel

Cette figure est un graphique linéaire affichant le pourcentage de tous les isolats de Neisseria gonorrhoeae jugés résistants à la pénicilline, à la tétracycline, à la ciprofloxacine, à l'azithromycine, sensibles à la céfixime et sensibles à la ceftriaxone, sur la base du nombre d'isolats testés au niveau national chaque année, de 2018 à 2022.

Figure 6
Antibiotique 2018 2019 2020 2021 2022
Résistance à la pénicilline 9,2 % 7,14 % 6,97 % 6,56 % 6,55 %
Résistance aux tétracyclines 47,1 % 44,21 % 42,99 % 64,64 % 54,39 %
Résistance à la ciprofloxacine 57,3 % 56,95 % 56,45 % 49,37 % 51,70 %
Résistance à l'azithromycine 7,6 % 11,67 % 6,10 % 7,59 % 7,83 %
Diminution de la sensibilité au céfixime 0,5 % 1,46 % 2,77 % 1,51 % 0,31 %
Sensibilité réduite à la ceftriaxone 0,6 % 0,82 % 0,93 % 0,61 % 0,29 %

Notes de bas de page figure 6

Figure 6 note de bas de page a

Les pourcentages sont basés sur le nombre total d'isolats testés au niveau national : 2018, n = 5 607; 2019, n = 4 859; 2020, n = 3 130; 2021, n = 3 439; 2022, n = 3 855

Retour à la référence de la note de bas a

Figure 6 note de bas de page b

Certaines provinces n'ayant pas testé les sept antimicrobiens entre 2018 et 2022, les dénominateurs de la pénicilline étaient respectivement de 3 883, 3 822, 2 409, 2 334 et 3 329. En 2020 et 2022, les dénominateurs pour les tétracyclines étaient respectivement de 2 409, 2 334 et 3 328

Retour à la référence de la note de bas b

Gonocoques multirésistants (MDR-GC) et ultrarésistants (XDR-GC) au Canada, 2018–2022

La proportion de cultures MDR-GC identifiées en 2022 (8,2 %) était comparable à celle observée en 2021 (7,8 %) et 2018 (8,0 %). En 2019, il y a eu un pic de MDR-GC (12,4 %) suivi d'une baisse en 2020 (6,3 %) (appendice, matériel supplémentaire, figure S1). Une culture XDR-GC a été identifiée au Canada en 2022 (0,03 %), ce qui est semblable aux trois dernières années (2019 : 0,02 %, n = 1; 2020 : 0,06 %, n = 2; et 2021 : n = 0), mais une diminution du nombre de XDR-GC a été identifiée au Canada en 2018 (0,12 %, n = 7). (appendice, matériel supplémentaire, figure S2, tableau S5).

Tendances du typage des séquences multiantigènes de Neisseria gonorrhoeae au Canada

En 2022, 2 530 des 2 544 cultures soumises ont été typées avec succès pour NG-MAST. Le type de séquence NG-MAST le plus fréquemment détecté au Canada était ST-17972 (n = 338), suivi de ST-19875 (n = 320) (figure 7). Tous les isolats ST-17972 étaient résistants au CIP et au TET. Une résistance à l'azithromycine a été identifiée chez deux des isolats. La résistance à l'azithromycine était plus élevée dans les isolats ST-19875 (9,1 %, n = 29/320), bien que la plupart d'entre eux ne soient que TET-R (89,4 %, n = 286/320). Aucun CFM-DS ou CRO-DS n'a été identifié dans ces deux TS.

Figure 7 : Distribution des caractérisations de la résistance aux antimicrobiens au sein des types de séquences de typage de séquences multiantigènes de Neisseria gonorrhoeae, 2022 (n = 2 544)Note de bas de page aNote de bas de page b
Figure 7. La version textuelle suit
Figure 7 : Équivalent textuel

Cette figure est un graphique à barres empilées affichant le nombre d'isolats de Neisseria gonorrhoeae identifiés avec des profils de résistance aux antimicrobiens (RAM) assortis par type de séquence multiantigène de N. gonorrhoeae (NG-MAST), 2022.

Figure 7
NG-MAST ERY-R et/ou TET-R et/ou PEN-R CIP-R avec ou sans résistance à d'autres antibiotiques non inclus dans les catégories ci-dessus CFM-DS et/ou CRO-DS avec résistance à d'autres antimicrobiens AZI-R/ERY-R et AZI-R/CIP-R/ERY-R avec résistance à d'autres antimicrobiens Sensible Total
ST-17972 0 336 0 2 0 338
ST-19875 286 1 0 28 5 320
ST-11461 51 107 0 1 5 164
ST-11477 0 97 0 0 0 97
ST-19887 73 0 0 17 4 94
ST-20336 0 80 0 2 0 82
ST-19792 0 60 0 4 0 64
ST-17375 0 60 0 0 0 60
ST-21020 57 0 0 6 0 63
ST-18293 25 0 0 2 3 30
ST-14994 0 41 0 0 0 41
ST-21023 0 32 0 12 0 44
ST-20311 0 3 0 40 0 43
ST-16065 5 9 0 0 13 27
ST-19762 0 25 1 3 0 29
ST-1856 23 0 0 3 1 27
ST-15246 1 0 0 25 0 26
ST-17629 0 4 0 21 0 25
ST-19758 0 15 3 0 0 18
ST-19873 21 1 0 0 2 24
ST-20737 0 24 0 0 0 24
ST-3935 1 1 0 19 0 21
ST-8890 17 0 0 0 0 17
ST-4186 1 0 0 0 15 16

Notes de bas de page figure 7

Abréviations : AZI-R, résistant à l’azithromycine; CFM-DS, sensibilité réduite à la céfixime; CIP-R, résistant à la ciprofloxacine; CRO-DS, sensibilité réduite à la ceftriaxone

Figure 7 note de bas de page a

Le chiffre n'inclut pas les 14 isolats qui n'étaient pas typables. Cette figure représente 1 694 isolats. Les 836 isolats restants sont répartis entre 391 types de séquences contenant chacune de 1 à 15 isolats

Retour à la référence de la note de bas a

Figure 7 note de bas de page b

Les autres antimicrobiens comprennent la ciprofloxacine, l'érythromycine (isolats avec résultats de dilution sur gélose), la pénicilline et la tétracycline

Retour à la référence de la note de bas b


Les types de séquences multiantigènes ST-17972 et ST-19875 se sont rapidement propagés à travers le Canada depuis qu'ils ont été détectés pour la première fois en 2019 et en 2020, respectivement (appendice, matériel supplémentaire, figure S3). Quatre des TS les plus répandus de la figure 7 sont fortement associés à l'AZI-R, tous les ST-15246 étant résistants en 2022 (n = 25/25), ainsi que 93,0 % (n = 40/43) des ST-20311, 90,5 % (n = 19/21) des ST-3935 et 84,0 % (n = 21/25) des ST-17629. Les TS des isolats HL-AZI-R sont ST-20927 (n = 7), ST-20904 (n = 3) et ST-22036 (n = 1). La principale NG-MAST des isolats CFM-DS était ST-19758 (25,0 %, n = 3/12). ST-19836 était la NG-MAST la plus répandue parmi les isolats CRO-DS (27,3 %, n = 3/11).

Discussion

Le nombre de cas de gonorrhée signalés au Canada en 2022 (n = 35 956) a augmenté par rapport à 2018 (n = 30 874) Note de bas de page 1. Malheureusement, la proportion de cas diagnostiqués par culture, par opposition au TAAN, a diminué chaque année depuis 2011, année où 30 % des cas avaient fait l'objet d'une culture. Depuis 2020, seuls 10 % des cas signalés ont fait l'objet d'une culture de TSA, ce qui signifie que la RAM de toutes les N. gonorrhoeae circulant au Canada est déterminée à partir d'un nombre réduit d'isolats.

D'après les cultures testées en 2022, la proportion de N. gonorrhoeae résistantes identifiées au Canada continue d'augmenter. Le niveau élevé de résistance est principalement attribuable au TET et au CIP. La diminution de la sensibilité aux antimicrobiens actuellement recommandés pour le traitement (CFM et CRO) est tombée à son niveau le plus bas depuis plus de cinq ans. Une diminution de la sensibilité à la CFM n'a été identifiée que dans quatre provinces en 2022, et pour la CRO, dans deux provinces seulement. Contrairement à 2021, aucun isolat résistant aux céphalosporines n'a été identifié, avec des CMI de CRO et de CFM supérieures à 0,125 mg/L et 0,25 mg/L, respectivement.

La résistance à l'azithromycine est toutefois restée élevée. Au cours des sept dernières années, le taux d'AZI-R au Canada a dépassé le seuil de 5 % fixé par l'OMS Note de bas de page 3 pour l'examen des traitements actuels, bien que les taux de résistance aient varié d'une province à l'autre. Les 11 isolats HL-AZI-R identifiés en 2022 représentent le plus grand nombre d'isolats de ce type identifiés en une année au Canada, cinq ou moins ayant été isolés par an au cours des dix dernières années.

Comme le Canada, l'Australie a également identifié le plus grand nombre de N. gonorrhoeae HL-AZI-R par an en 2022. Toutefois, contrairement au Canada, la proportion d'AZI-R est de 3,9 % et reste stable depuis 2019. Leur proportion de CRO-DS en 2022 était un peu plus élevée que celle du Canada, à savoir 0,51 %, qui comprend huit isolats CRO-R. La majorité des régions de l'Australie recommandent un double traitement par CRO et AZI Note de bas de page 15.

En Europe, 11 % des isolats de N. gonorrhoeae ont été identifiés avec des CMI à l'AZI supérieures à 1 mg/L en 2020, 0,5 % des isolats avaient des CMI au céfixime supérieures à 0,125 mg/L et un isolat CRO-R a été identifié Note de bas de page 16. L'Angleterre a constaté une augmentation de la diminution de la sensibilité à l'AZI (CMI supérieures à 0,5 mg/L), de 4,7 % en 2016 à 8,7 % en 2020, ce qui a conduit à un changement dans le traitement recommandé, de la bithérapie CRO et AZI à 1 g de CRO en monothérapie en 2019. L'augmentation de la dose de CRO (500 mg -1g) dans le nouveau traitement recommandé peut être responsable de la diminution de l'ORC-DS (CMI supérieure à 0,03 mg/L), qui passe de 7,1 % en 2018 à 1,4 % en 2020. La résistance au céfixime est restée faible (0,6 %) Note de bas de page 17.

Les deux TS HL-AZI-R très apparentés ont été identifiés pour la première fois et principalement en Colombie-Britannique, mais ont également été trouvés en Ontario et au Québec plus tard dans l'année, ce qui pourrait suggérer une propagation associée aux voyages. D'autres TS nouveaux et divers peuvent se former lorsque des N. gonorrhoeae non-AZI-R obtiennent les mutations nécessaires pour devenir AZI-R en raison de la pression exercée par l'utilisation de l'AZI pour traiter la gonorrhée ou d'autres infections.

Limites

Les politiques de mise en culture des infections suspectées de gonorrhée diffèrent d'une région à l'autre et le LNM reçoit les isolats et les données associées des provinces et territoires à leur discrétion. L'interprétation des résultats est limitée non seulement par le nombre de cultures testées, mais aussi par la source des cultures, car un biais peut être introduit en fonction du groupe à risque du client.

Le PSAG-Canada ne reçoit pas d'informations sur les facteurs de risque, l'orientation sexuelle ou le comportement sexuel, entre autres données épidémiologiques associées aux clients auprès desquels les cultures sont collectées. Pour tenter de remédier à cette limitation, le SARGA a été créé en 2014, et six provinces et territoires soumettent désormais leurs données épidémiologiques et de traitement améliorées pour les cas de gonorrhée. Ces informations sont ensuite associées aux données de TSA de la culture du PSAG-Canada afin d'examiner plus en détail les traitements utilisés et leur lien avec les tendances de la RAM de N. gonorrhoeae Note de bas de page 18.

La grande proportion de TAAN utilisés pour diagnostiquer la gonorrhée n'est pas prise en compte dans le calcul du taux de résistance au Canada. Cela peut entraîner un biais géographique, car de nombreuses régions rurales n'ont pas la capacité de cultiver la gonorrhée.

Conclusion

Les infections gonococciques, non traitées ou en l'absence de traitement, peuvent entraîner une infertilité, une maladie inflammatoire pelvienne et une IDG, qui peut inclure une dermatite, une arthrite et, dans de rares cas, une endocardite, une méningite ou une ostéomyélite Note de bas de page 19Note de bas de page 20.

En raison de la capacité de N. gonorrhoeae à développer une résistance aux antimicrobiens, il devient de plus en plus difficile de résoudre les infections gonorrhéiques. La thérapie combinée CRO ou CFM plus AZI est le traitement recommandé pour les infections de gonorrhée au Canada depuis 2011 Note de bas de page 21Note de bas de page 22  en réponse à l'augmentation de la diminution de la sensibilité aux céphalosporines Note de bas de page 20. Au moment de la rédaction de ce document, compte tenu du taux d'AZI-R persistant détecté dans certaines provinces, les thérapies contre la gonorrhée recommandées au niveau national font l'objet d'un réexamen.

La surveillance continue des tendances de la résistance aux antimicrobiens pour N. gonorrhoeae permet d'informer les lignes directrices nationales en matière de traitement afin de garantir que les thérapies les plus efficaces sont recommandées. En outre, l'utilisation du typage moléculaire NG-MAST permet de suivre la propagation de la RAM à travers le pays. Les menaces liées à la RAM peuvent être traitées par les autorités de santé publique lorsqu'elles sont détectées par la surveillance continue.

Déclaration des auteurs

  • P. S. — Analyse formelle, validation, investigation, conservation des données, visualisation, rédaction–première ébauche, révision et édition
  • R. T. — Validation, visualisation, rédaction–révision et édition
  • N. B. — Enquête, conservation des données, rédaction, révision et édition
  • B. L. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • M. D. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • L. H. –Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • S. P. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • P. V. C. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • J. M. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • G. D. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • D. H. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • X. D. — Ressources, méthodologie, rédaction-révision et édition
  • L. L. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • G. G. — Ressources, méthodologie, rédaction–révision et édition
  • I. M. — Conceptualisation, validation, méthodologie, supervision, administration du projet, rédaction–révision et édition

Intérêts concurrents

Aucun.

Identifiants ORCID

Remerciements

Nous remercions G. Liu et de l'unité Streptocoques et maladies sexuellement transmissibles du Laboratoire national de microbiologie pour leur assistance en laboratoire. Nous remercions le personnel des laboratoires provinciaux et de santé publique du Canada pour leur participation à ce programme national de surveillance en laboratoire.

Financement

Ce projet a été soutenu par un financement interne de l'Agence de la santé publique du Canada.

Références

Notes de bas de page 1

Agence de la santé publique du Canada. Nombre de cas signalés de maladies de 1924 à 2022 au Canada- maladies à déclaration obligatoire en direct. Ottawa, ON : ASPC; 2022. https://maladies.canada.ca/declaration-obligatoire/graphiques?c=pl

Retour à la référence de la note de bas de page 1

Notes de bas de page 2

Agence de la santé publique du Canada. Infections transmissibles sexuellement et par le sang : Guides à l'intention des professionnels de la santé. Ottawa, ON : ASPC; 2016. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes.html

Retour à la référence de la note de bas de page 2

Notes de bas de page 3

World Health Organization. Global Action Plan to control the spread and impact of antimicrobial resistance in Neisseria gonorrhoeae. Geneva, CH: WHO; 2012. https://www.who.int/publications/i/item/9789241503501

Retour à la référence de la note de bas de page 3

Notes de bas de page 4

Hook EW 3rd, Kirkcaldy RD. A Brief History of Evolving Diagnostics and Therapy for Gonorrhea: lessons Learned. Clin Infect Dis 2018;67(8):1294–9. https://doi.org/10.1093/cid/ciy271

Retour à la référence de la note de bas de page 4

Notes de bas de page 5

Unemo M, Sánchez-Busó L, Golparian D, Jacobsson S, Shimuta K, Lan PT, Eyre DW, Cole M, Maatouk I, Wi T, Lahra MM. The novel 2024 WHO Neisseria gonorrhoeae reference strains for global quality assurance of laboratory investigations and superseded WHO N. gonorrhoeae reference strains-phenotypic, genetic and reference genome characterization. J Antimicrob Chemother 2024;79(8):1885–99. https://doi.org/10.1093/jac/dkae176

Retour à la référence de la note de bas de page 5

Notes de bas de page 6

Lahra MM, Martin I, Demczuk W, Jennison AV, Lee KI, Nakayama SI, Lefebvre B, Longtin J, Ward A, Mulvey MR, Wi T, Ohnishi M, Whiley D. Cooperative recognition of internationally disseminated ceftriaxone-resistant Neisseria gonorrhoeae strain. Emerg Infect Dis 2018;24(4):735–40. https://doi.org/10.3201/eid2404.171873

Retour à la référence de la note de bas de page 6

Notes de bas de page 7

Berenger BM, Demczuk W, Gratrix J, Pabbaraju K, Smyczek P, Martin I. Genetic characterization and enhanced surveillance of ceftriaxone-resistant Neisseria gonorrhoeae strain, Alberta, Canada, 2018. Emerg Infect Dis 2019;25(9):1660–7. https://doi.org/10.3201/eid2509.190407

Retour à la référence de la note de bas de page 7

Notes de bas de page 8

Sawatzky P, Lefebvre B, Diggle M, Hoang L, Wong J, Patel S, Van Caessele P, Minion J, Garceau R, Jeffrey S, Haldane D, Lourenco L, Gravel G, Mulvey M, Martin I. Sensibilité de Neisseria gonorrhoeae aux antimicrobiens au Canada, 2021. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2023;49(9):427−37. https://doi.org/10.14745/ccdr.v49i09a05f

Retour à la référence de la note de bas de page 8

Notes de bas de page 9

Mlynarczyk-Bonikowska B, Malejczyk M, Majewski S, Unemo M. Antibiotic resistance and NG-MAST sequence types of Neisseria gonorrhoeae isolates in Poland compared to the world. Postepy Dermatol Alergol 2018;35(6):546–51. https://doi.org/10.5114/ada.2018.79780

Retour à la référence de la note de bas de page 9

Notes de bas de page 10

Sawatzky P, Demczuk W, Lefebvre B, Allen V, Diggle M, Hoang L, Van Caeseele P, Haldane D, Minion J, Mulvey MR, Martin I. Increasing Azithromycin Resistance in Neisseria gonorrhoeae Due to NG-MAST 12302 Clonal Spread in Canada, 2015 to 2018. Antimicrob Agents Chemother 2022;66(3):e0168821. https://doi.org/10.1128/aac.01688-21

Retour à la référence de la note de bas de page 10

Notes de bas de page 11

Martin IM, Ison CA, Aanensen DM, Fenton KA, Spratt BG. Rapid sequence-based identification of gonococcal transmission clusters in a large metropolitan area. J Infect Dis 2004;189(8):1497–505. https://doi.org/10.1086/383047

Retour à la référence de la note de bas de page 11

Notes de bas de page 12

Clinical and Laboratory Standards Institute. Performance Standards for Antimicrobial Susceptibility Testing: 34th Edition M100-S32. Wayne, PA: CLSI; 2024.

Retour à la référence de la note de bas de page 12

Notes de bas de page 13

Carballo M, Ng LK, Dillon JR. Detection of the tetM determinant in Neisseria gonorrhoeae using a non-radioactively labelled oligonucleotide probe. Mol Cell Probes 1994;8(3):205–8. https://doi.org/10.1006/mcpr.1994.1028

Retour à la référence de la note de bas de page 13

Notes de bas de page 14

Demczuk W, Martin I, Sawatzky P, Allen V, Lefebvre B, Hoang L, Naidu P, Minion J, VanCaeseele P, Haldane D, Eyre DW, Mulvey MR. Equations to predict antimicrobial MICs in Neisseria gonorrhoeae using molecular antimicrobial resistance determinants. Antimicrob Agents Chemother 2020;64(3):1–11. https://doi.org/10.1128/AAC.02005-19

Retour à la référence de la note de bas de page 14

Notes de bas de page 15

Lahra MM, Van Hal S, Hogan TR. Australian Gonococcal Surveillance Programme Annual Report, 2022. Commun Dis Intell (2018) 2023;47:47. https://doi.org/10.33321/cdi.2023.47.45

Retour à la référence de la note de bas de page 15

Notes de bas de page 16

European Centre for Disease Prevention and Control. Gonococcal antimicrobial susceptibility surveillance in the Europe Union/European Economic Area – Summary of results for 2020. Stockholm, SE: ECDC; 2022. https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/gonococcal-antimicrobial-susceptibility-surveillance-2020

Retour à la référence de la note de bas de page 16

Notes de bas de page 17

Merrick R, Cole M, Pitt R, Enayat Q, Ivanov Z, Day M, Sun S, Sinka K, Woodford N, Mohammed H, Fifer H. Antimicrobial-resistant gonorrhoea: the national public health response, England, 2013 to 2020. Euro Surveill 2022;27(40):1–6. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2022.27.40.2200057

Retour à la référence de la note de bas de page 17

Notes de bas de page 18

Agence de la santé publique du Canada. Rapport sur le système de surveillance accrue de la résistance de la gonorrhée aux antimicrobiens (SARGA) : 2018-2021. Ottawa, ON : ASPC; 2024. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/surveillance-accrue-resistance-gonorrhee-antimicrobiens-sarga-2018-2021.html

Retour à la référence de la note de bas de page 18

Notes de bas de page 19

Suzaki A, Hayashi K, Kosuge K, Soma M, Hayakawa S. Disseminated gonococcal infection in Japan: a case report and literature review. Intern Med 2011;50(18):2039–43. https://doi.org/10.2169/internalmedicine.50.5586

Retour à la référence de la note de bas de page 19

Notes de bas de page 20

Boodman C, MacKenzie L, Navarro C, Alexander DC, Wuerz T. Gonococcal endocarditis in a 54-year-old man with acute arthritis. CMAJ 2021;193(50):E1918–20. https://doi.org/10.1503/cmaj.211038

Retour à la référence de la note de bas de page 20

Notes de bas de page 21

Agence de la santé publique du Canada. Surveillance nationale de la sensibilité aux antimicrobiens de Neisseria gonorrhoeae – Rapport sommaire annuel de 2013. Winnipeg, MB : ASPC; 2013. https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/drugs-health-products/national-surveillance-antimicrobial-susceptibilities-neisseria-gonorrhoeae-annual-summary-2013.html

Retour à la référence de la note de bas de page 21

Notes de bas de page 22

Agence de la santé publique du Canada. Avis important - Renseignements sur la santé publique – Mise à jour concernant le traitement des infections gonococciques. Ottawa, ON : ASPC, 2011. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/alertes/2011/avis-important-renseignements-sante-publique-mise-a-jour-concernant-traitement-infections-gonococciques.html

Retour à la référence de la note de bas de page 22

Appendice

Du matériel supplémentaire est disponible sur demande auprès de l'auteur : robyn.thorington@phac-aspc.gc.ca

Creative Commons License
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International

Détails de la page

Date de modification :