Système de surveillance du virus du Nil occidental : approche « Une seule santé »
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 48-5, mai 2022 : Infections acquises par transmission vectorielle–Partie 1 : tiques & moustiques
Date de publication : mai 2022
ISSN : 1481-8531
Soumettre un article
À propos du RMTC
Naviguer
Volume 48-5, mai 2022 : Infections acquises par transmission vectorielle–Partie 1 : tiques & moustiques
Aperçu
Aperçu du système de surveillance du virus du Nil occidental à l'échelle nationale au Canada : une approche « Une seule santé »
Dobrila Todoric1, Linda Vrbova1, Maria Elizabeth Mitri1, Salima Gasmi1, Angelica Stewart1, Sandra Connors1, Hui Zheng1, Annie-Claude Bourgeois1, Michael Drebot2, Julie Paré3, Marnie Zimmer4, Peter Buck1
Affiliations
1 Centre des maladies infectieuses d'origine alimentaire, environnementale et zoonotique (CMIAEZ), Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON
2 Zoonoses et agents pathogènes spéciaux, Direction générale du Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg, MB
3 Épidémiologie, surveillance et services des laboratoires de la santé des animaux, Direction des sciences de la santé des animaux, Agence canadienne d'inspection des aliments, Saint-Hyacinthe, QC
4 Réseau canadien de la santé de la faune — Bureau national, Saskatoon, SK
Correspondance
Citation proposée
Todoric D, Vrbova L, Mitri ME, Gasmi S, Stewart A, Connors S, Zheng H, Bourgeois A-C, Drebot M, Paré J, Zimmer M, Buck P. Aperçu du système de surveillance du virus du Nil occidental à l'échelle nationale au Canada : une approche « Une seule santé ». Relevé des maladies transmissibles au Canada 2022;48(5):204–11. https://doi.org/10.14745/ccdr.v48i05a01f
Mots-clés : virus du Nil occidental, surveillance, épidémiologie, Canada, Une seule santé
Résumé
C'est en l'an 2000 qu'a été établi le système de surveillance du virus du Nil occidental (VNO) à l'échelle nationale, en partenariat avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dans le but de surveiller l'émergence et la propagation subséquente de la maladie associée à ce virus au Canada. Au fur et à mesure que des éclosions de la maladie se produisaient dans les différentes parties du pays, les responsables de la surveillance du VNO à l'échelle nationale ont continué à se concentrer sur le dépistage précoce de la maladie. Au Canada, la saison de transmission du VNO s'étend de mai à novembre. Pendant cette saison, le système adopte l'approche « Une seule santé » pour recueillir, intégrer, analyser et diffuser des données de surveillance à l'échelle nationale sur les cas chez les humains, les moustiques, les oiseaux et d'autres animaux. Des rapports hebdomadaires et annuels sont mis à la disposition du public, des autorités sanitaires provinciales et territoriales et d'autres partenaires fédéraux pour fournir un aperçu continu à l'échelle nationale du nombre d'infections au VNO au Canada. Bien que la surveillance à l'échelle nationale permette de comparer les données entre les administrations, elle aide également à orienter les stratégies appropriées de prévention des maladies, comme les campagnes d'éducation et de sensibilisation à l'échelle nationale. Le présent document vise donc à décrire la mise en place et la structure actuelle du système de surveillance du VNO à l'échelle nationale au Canada.
Introduction
Le virus du Nil occidental (VNO) a été isolé pour la première fois en 1937 dans le sang d'un malade fébrile qui se trouvait dans le district du Nil occidental en OugandaNote de bas de page 1. Depuis cette découverte, le virus s'est répandu en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Europe méridionale, en Océanie et, plus récemment, dans l'hémisphère occidentalNote de bas de page 2. En Amérique du Nord, le virus a été détecté pour la première fois à New York à la fin d'août 1999Note de bas de page 3 lors d'une éclosion de méningo-encéphalite. Cette éclosion représente donc la première incursion reconnue du virus du Nil occidental en Amérique du Nord, un virus qui appartient à la famille appelé Flavivirus.
Ce virus est généralement maintenu dans un cycle de transmission enzootique entre les moustiques et les oiseaux. Il se transmet à l'humain et à d'autres mammifères par la piqûre d'un moustique femelle infectée. Au Canada, le VNO est principalement transmis par les espèces de moustiques Culex avec, comme principaux vecteurs, le Culex pipiens et le Culex tarsalisNote de bas de page 1. Les moustiques Culex que l'on retrouve dans ce cycle se nourrissent exclusivement de sang aviaire et sont appelés des vecteurs d'amplification, alors que les Aedes, les Ochleratus et d'autres espèces de Culex qui transmettent le VNO aux humains, aux chevaux et aux vertébrés non aviaires ont des habitudes alimentaires plus générales et sont des vecteurs passerellesNote de bas de page 4. Les humains et les autres mammifères sont considérés comme des culs-de-sac épidémiologiques, car ils sont incapables de transmettre la maladie en raison d'une virémie insuffisante. Bien que le VNO soit principalement une maladie transmise par les moustiques, on a signalé de rares cas de transmission du VNO aux humains par transfusion sanguine et par transplantation de tissus et d'organesNote de bas de page 5.
De 70 à 80 % des personnes infectées par le VNO restent asymptomatiquesNote de bas de page 1. Les personnes symptomatiques peuvent toutefois présenter un éventail de signes et de symptômes, y compris de la fièvre. Toutefois, moins de 1 % d'entre elles développeront des manifestations neurologiques graves, incluant la méningite et l'encéphaliteNote de bas de page 1. Le taux de létalité global chez les patients qui présentent des manifestations neurologiques va de 4 % à 14 % et est plus élevé dans les populations plus âgéesNote de bas de page 1. À l'heure actuelle, il n'existe aucun vaccin contre le VNO pour les humains, et la prévention de la transmission dépend de l'utilisation de mesures de protection personnelle et d'un contrôle soutenu des vecteurs.
Le présent article vise donc à décrire la mise en place et la structure du système de surveillance à l'échelle nationale du VNO au CanadaNote de bas de page 6, un système qui a adopté l'approche « Une seule santé » pour relier les partenaires et intégrer les données de surveillance, compte tenu de l'interdépendance de la santé humaine avec celle des animaux et de l'environnement. La description couvre les quatre principales composantes du système, soit la surveillance chez l'humain, la surveillance des moustiques, la surveillance des oiseaux morts et la surveillance des animaux.
Surveillance du virus du Nil occidental à l'échelle nationale au Canada
Mise en place du système de surveillance
À la suite de l'apparition du VNO à New York et dans les environs, et compte tenu de sa proximité géographique avec le Canada, le Centre de l'hygiène du milieu, Santé Canada et le Conseil des médecins hygiénistes en chef ont créé un comité directeur national (CDN) à la fin de l'hiver 2000. Ce comité directeur avait pour principal mandat d'élaborer des lignes directrices pancanadiennes en matière de surveillance qui pourraient aider à détecter le virus au Canada et à y réagir. Il était notamment composé de représentants d'autres ministères gouvernementaux et non gouvernementaux, soit l'Agence canadienne d'inspection des aliments, le Réseau canadien pour la santé de la faune (RCSF) et des partenaires provinciaux et territoriaux en matière de santé humaine et animale. Le CDN a convenu d'élaborer un système de surveillance afin de suivre et de surveiller le VNO à l'échelle du Canada, un système très semblable au modèle utilisé par les États-UnisNote de bas de page 7 qui établit des lignes directrices fondées sur des critères de surveillance, de prévention, d'éducation et de lutte antivectorielleNote de bas de page 8. En septembre 2004, l'Agence de la santé publique du Canada (l'Agence) a été créée en réponse aux préoccupations croissantes en ce qui concerne le système de santé publique du CanadaNote de bas de page 9. Quant au CDN, il a été confirmé comme entité juridique par la Loi sur l'Agence de la santé publique du Canada en décembre 2006. Par conséquent, le système de surveillance du VNO, qui relevait auparavant de Santé Canada, a alors été transféré à l'Agence.
La surveillance des oiseaux morts au Canada a commencé en 2000 et a notamment été effectuée entre les provinces de l'Atlantique et la Saskatchewan. Aucune preuve d'activité du VNO n'a été détectée cette année-là. C'est en août 2001Note de bas de page 10, dans la population d'oiseaux sauvages de la municipalité de Windsor en Ontario, que le VNO a été signalé pour la première fois au Canada. Les corvidés morts, y compris des espèces comme les corbeaux, les geais et les grands corbeaux, sont reconnus comme des indicateurs fiables de l'activité du VNO dans une région géographique donnéeNote de bas de page 10. Douze services de santé du sud de l'Ontario ont ensuite signalé 128 oiseaux sauvages infectés par le VNO pendant la saison de transmission 2001. Le déplacement du VNO des États-Unis vers le Canada a été lié à la migration des oiseauxNote de bas de page 10. On a aussi suggéré que le déplacement vers l'ouest du VNO au pays est en grande partie associé aux voies migratoires qu'empruntent les oiseaux migrateursNote de bas de page 11. La dispersion du virus au Canada en 2001 a été corrélée avec certaines de leurs voies migratoires bien connues, notamment les voies de l'Atlantique, du Mississippi, du Centre et du PacifiqueNote de bas de page 11.
Pendant les années 2000 et 2001, différentes régions du Canada atlantique, de l'Ontario et du Québec ont mené des enquêtes sur les populations de moustiques adultes et larvaires afin de déterminer la présence ou l'absence de populations de moustiques dans certaines régions rurales et périurbainesNote de bas de page 12. Le 31 août 2001, l'Ontario a isolé le VNO dans les populations de moustiques Culex pipiens/restuansNote de bas de page 12. La surveillance des populations de moustiques a commencé en 2002, dans le but d'obtenir des renseignements de base sur le nombre d'espèces de moustiques présentes et leur abondance relative dans une zone donnée.
Au Canada, les premiers cas de VNO chez les humains ont été détectés au Québec et en Ontario en août 2002. En outre, au cours de la même année, les premiers cas d'infection par le VNO dans les populations équines ont été signalés en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et au Québec.
Évolution du système de surveillance
En juin 2003, le VNO est devenu une maladie humaine à déclaration obligatoire à l'échelle nationale. Depuis 2003, l'infection humaine par le VNO est une maladie à déclaration obligatoire dans toutes les provinces et tous les territoires. Par conséquent, lorsqu'un cas probable ou confirmé est diagnostiqué par un laboratoire, il doit être signalé à l'autorité locale de santé publique de la province ou du territoire concerné. La déclaration à l'échelle nationale ne s'effectue toutefois que sur une base volontaire.
Le système de surveillance du VNO est rapidement devenu un système de surveillance multi-espèces axé sur les données sur les humains, les oiseaux morts, les moustiques et les animaux (figure 1). Dès le départ, la surveillance des oiseaux morts s'est révélée être un prédicteur précoce efficace pour détecter les endroits où des cas pourraient se produire chez les humains. La surveillance des oiseaux morts a été particulièrement utile pour détecter les nouvelles zones où le VNO était actif, puisque le virus s'était introduit au pays et s'y était propagé partout. Ce type de surveillance est cependant devenu moins utile à mesure que le virus s'établissait. Par conséquent, de nombreuses juridictions ont fini par axer leurs efforts sur le dépistage dans les populations de moustiques, ce qui fournit une indication plus précise du risque spatial et temporel d'infection chez les humains.
Il était important d'avoir un système de surveillance multi-espèces du VNO puisque l'interaction entre les populations d'oiseaux et de moustiques fait partie intégrante de la dynamique de transmission du VNO et de l'infection associée. En outre, différents vecteurs ont des efficiences de transmission particulières pouvant déclencher des éclosions localisées de VNONote de bas de page 13. Au fil des ans, le système de surveillance a fait l'objet de différents examens et mises à jour, notamment en ce qui concerne des éléments comme la définition nationale des casNote de bas de page 14 et les pratiques de déclaration. Compte tenu de la complexité du cycle de transmission du VNO, l'approche « Une seule santé »Note de bas de page 15 a été mise en œuvre pour améliorer la compréhension des espèces visées et élaborer un système de surveillance efficace et sensible. Au fil du temps, le système et sa raison d'être ont évolué vers les objectifs suivants qui orientent désormais le système de surveillance du VNO à l'échelle nationale :
- Faire le suivi de la maladie associée au VNO et décrire tant les tendances nationales que le fardeau qu'impose cette maladie chez les humains
- Surveiller l'évolution dans les populations de moustiques porteurs du VNO et d'autres hôtes de vertébrés non humains chaque semaine avant que l'épidémie ne touche les humains
- Fournir de l'information en temps opportun (e.g. des rapports de surveillance hebdomadaires) sur le VNO dans l'ensemble des provinces et des territoires afin d'orienter l'élaboration de messages de santé publique visant à prévenir les infections chez les humains
Le travail effectué à l'échelle locale (i.e. par les bureaux de santé publique), régionale et nationale est conforme à la réglementation mondiale, y compris se conformer aux obligations prévues dans le Règlement sanitaire international de 2005Note de bas de page 16.
Le système de surveillance du VNO comprend quatre composantes : 1) la surveillance chez l'humain; 2) la surveillance des moustiques; 3) la surveillance des oiseaux morts; et 4) la surveillance des animaux.
Surveillance chez l'humain
La surveillance chez l'humain du VNO est un système passif fondé sur les cas. Les cas chez les humains sont déclarés de façon volontaire (i.e. que leur déclaration ne constitue pas une obligation légale) à l'Agence par les autorités provinciales ou territoriales de la santé publique. La Société canadienne du sang et Héma-Québec prennent part au système de surveillance par l'entremise des autorités provinciales de la santé, en effectuant des tests de dépistage du VNO sur les dons de sang recueillis auprès de donneurs canadiensNote de bas de page 17Note de bas de page 18Note de bas de page 19. À l'échelle nationale, les données sur les cas chez les humains sont communiquées à l'Agence pendant la saison du VNO, soit de juin à novembre. À l'échelle provinciale et régionale, ces données sont recueillies toute l'année.
Les variables clés recueillies comprennent l'âge, le sexe, la date d'apparition de la maladie, la classification des cas (probables et confirmés) et l'état clinique (asymptomatique, non neurologique et neurologique). Les autorités sanitaires provinciales effectuent des tests de laboratoire liés aux infections au VNO.
Surveillance des moustiques
La surveillance des moustiques vise à aider à détecter le risque proximal de VNO dans une région spécifique, afin que des mesures proactives puissent ensuite être prises. Le risque associé au VNO varie d'un bout à l'autre du Canada. Par conséquent, la surveillance des populations de moustiques s'effectue dans certaines juridictions et non dans d'autres. En 2001, l'activité liée au VNO chez les moustiques a été détectée en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse, et une surveillance accrue a alors été mise en place pour effectuer du dépistage dans les populations de moustiquesNote de bas de page 12. Au fil des ans, la surveillance des moustiques a fluctué et, à l'heure actuelle, quatre partenaires provinciaux, soit la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario et le Québec, effectuent une surveillance active des moustiques. Les tests de dépistage du VNO dans les populations de moustiques sont effectués de juin à novembre et les données sont communiquées chaque semaine par les partenaires provinciaux.
Les moustiques sont piégés par diverses techniques. Le piégeage est effectué chaque semaine dans des sites fixes et mobiles (qui varient selon la saison) vus comme les habitats les plus probables des vecteurs du VNO dans une collectivité particulièreNote de bas de page 20. Certains pièges sont utilisés pour prélever des moustiques à la recherche d'hôtes. Les pièges les plus couramment utilisés sont conçus selon le piège à lumière miniature des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) qui utilise le dioxyde de carbone (CO2) comme attractif supplémentaireNote de bas de page 20. Le principal avantage de ce piège est qu'il attire un large éventail d'espèces de moustiques. Un autre piège couramment utilisé est le piège gravide qui cible spécifiquement les femelles gravides, donc les moustiques porteurs d'œufs matures. L'avantage de ces pièges est qu'ils attirent les moustiques femelles qui ont déjà pris un repas sanguin, ce qui augmente donc la probabilité de détecter le VNO dans la région précise où l'échantillonnage a lieuNote de bas de page 20. En plus des pièges à lumière des CDC et des pièges gravides, il existe plusieurs autres pièges qui peuvent être utilisés, comme les boîtes-repos des CDC qui utilisent un aspirateur, et les pièges avec appât animalNote de bas de page 20.
Surveillance des oiseaux morts
La surveillance des oiseaux morts consiste à effectuer des tests de dépistage du VNO chez des oiseaux sauvages morts dans différentes juridictions partout au pays. L'information obtenue grâce à cette surveillance passive sert d'indicateur précoce de l'activité virale dans le réservoir naturel de ce virus, et donc du potentiel de propagation aux moustiques, aux humains et à d'autres animauxNote de bas de page 21.
En 2000, le Réseau canadien de la santé de la fauneNote de bas de page 21, anciennement connu sous le nom de Réseau canadien pour la santé de la faune, a commencé à surveiller les oiseaux morts et à effectuer des analyses rétrospectives sur les oiseaux partout au Canada. Ainsi, depuis 2009, environ 300 oiseaux sont soumis chaque année à des tests de dépistage du VNONote de bas de page 21. Toutefois, la quantité annuelle de tests de dépistage chez les oiseaux sauvages est influencée par la gravité de la saison du VNO. Le Réseau canadien de la santé de la faune effectue des tests de dépistage du VNO chez les oiseaux morts de la fin d'avril jusqu'à la gelée à pierre fendre.
Surveillance des animaux
En vertu du Règlement sur la santé des animaux, le VNO est une maladie à déclaration obligatoire chez les animaux depuis 2003. Tous les laboratoires vétérinaires du Canada sont tenus de signaler à l'Agence canadienne d'inspection des aliments les cas suspects ou confirmés de VNO chez toutes les espèces animales. Chez les chevaux, la définition de cas est fondée sur les signes cliniques et les résultats des diagnostics de laboratoireNote de bas de page 22. La surveillance du VNO contribue à la certification des exportations, au respect des obligations internationales en matière de déclaration à l'Organisation mondiale de la santé animale et à l'information de la santé publique sur les secteurs à risque possibles. De plus, chez les animaux domestiques, les chevaux sont vulnérables à l'encéphalite liée à l'infection par le VNO et peuvent donc servir d'indicateurs de l'activité virale dans les collectivités ruralesNote de bas de page 7, en plus de donner un aperçu national de l'épidémiologie du VNO au CanadaNote de bas de page 23. Pendant la saison du VNO, l'Agence canadienne d'inspection des aliments partage chaque semaine les données de surveillance avec le système canadien de surveillance du VNO de l'Agence de la santé publiqueNote de bas de page 22. Ces données comprennent surtout des cas de VNO chez les chevaux, mais aussi parfois d'autres mammifères (alpagas, moutons et chèvres), des oiseaux domestiques et de la volaille, et certains animaux de zoo. Puisque les tests sont demandés et financés par les propriétaires, la plupart des cas chez les espèces sauvages ne sont pas disponibles. Les données de surveillance du VNO équin, qui sont celles qui sont les plus souvent déclarées, sont utilisées pour combler les lacunes de la surveillance environnementale dans les régions géographiques où la surveillance des moustiques et des oiseaux n'est pas en placeNote de bas de page 7Note de bas de page 23 et peuvent fournir une couverture complémentaire dans les régions où aucun cas humain n'a été diagnostiqué. Puisque les chevaux peuvent être vaccinés contre le VNO et que la fréquence de vaccination est variable, les données de surveillance représentent probablement une sous-déclaration du nombre réel d'infections.
Évolution des diagnostics de laboratoire pour la surveillance du virus du Nil occidental
Les diagnostics de laboratoire ne sont pas visés par le présent document. Il est toutefois important de mentionner qu'il existe actuellement plusieurs procédures de diagnostic de laboratoire pour documenter les cas de VNO. Ces diagnostics de laboratoire peuvent être répartis en trois catégories, soit l'isolement/la culture du virus, les tests sérologiques qui visent à détecter les anticorps spécifiques aux virus et la détection des antigènes/l'amplification par séquence des acides nucléiques du VNONote de bas de page 7. Le passage des tests d'immunofluorescence et d'immunohistochimie à l'amplification par séquence d'acides nucléiques représente une évolution notable de la méthode de laboratoire utilisée pour détecter le VNO dans divers spécimens prélevés sur le terrain (e.g. tissus d'oiseaux) pendant les premières années de surveillance du VNO. Les épreuves d'amplification en chaîne par polymérase demeurent la méthode privilégiée pour effectuer la détection dans les populations de moustiques porteurs du VNO. Ces avancées ont permis le transfert technique de procédures moléculaires vers des sites de tests situés à l'extérieur du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, au Manitoba. D'autres améliorations et la disponibilité des tests commerciaux d'immunodétection enzymatique liés aux IgM (ELISA) pour le dépistage des anticorps du VNO chez les humains ont grandement contribué à augmenter le nombre de dépistages des échantillons provenant de cas suspects d'infection par le virus.
Collaboration pour l'application des connaissances
La coordination de la surveillance à l'échelle nationale exige une collaboration entre divers partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux et des organisations non gouvernementales. Pendant la saison de surveillance du VNO, les données sur les cas chez les humains, les animaux et dans les populations de moustiques sont soumises directement à l'Agence chaque semaine par les gouvernements provinciaux et territoriaux participants. Les données déclarées à l'Agence entre 2002 et aujourd'hui sont stockées dans une base de données avant d'être analysées et diffusées par divers canaux (figure 2).
Entente multilatérale sur l'échange de renseignements
En 2014, l'Entente multilatérale sur l'échange d'information (EMER) fédérale-provinciale-territorialeNote de bas de page 24 a été conclue pour régler certains problèmes de partage d'information qui existaient entre les contributeurs de données sur la santé publique des provinces et des territoires et les programmes de surveillance à l'échelle nationale. L'Agence a travaillé en étroite collaboration avec le Groupe de travail national sur l'information de surveillance du Réseau pancanadien de santé publique pour élaborer cette entente. Tout en continuant de respecter la législation en vigueur dans les différentes administrations, l'EMER décrit quelle information sur les maladies infectieuses et quels événements de santé publique émergents qui doivent être partagés entre les administrations, ainsi que le moment et la manière de soumettre ces informations et événementsNote de bas de page 24. Le système de surveillance du VNO se conforme aux règlements énoncés dans les principales dispositions de l'EMER. Ces dispositions comprennent des règlements garantissant que les principaux partenaires et intervenants, ainsi que les gardiens des données, ont droit à une période d'examen pendant laquelle ils pourront formuler des commentaires sur divers produits et publications portant sur la surveillance avant qu'ils ne soient diffusés dans le domaine public.
Application des connaissances et campagnes de sensibilisation du public
Les données de surveillance du VNO orientent les décisions stratégiques et les campagnes de sensibilisation qui contribuent à réduire la prévalence de la maladie au Canada. Parmi ces efforts, mentionnons la diffusion de messages de santé publique sur diverses plateformes de médias sociaux et l'affichage numérique sur les écrans de Service Canada et des centres de service pour les passeports. Des rapports de surveillance hebdomadaires et annuels sont également affichés sur le site Web du gouvernement du CanadaNote de bas de page 25 où le public peut les consulter, tout comme des publications périodiques incluses dans le Relevé des maladies transmissibles au Canada ou d'autres revues scientifiques évaluées par des pairs.
Dans les collectivités des Premières nations, le personnel régional de la santé des Premières nations et d'Inuits informe les chefs, les conseils et les ministères fédéraux des besoins émergents pour les mesures de contrôle de santé publique propres au VNO. Les résidents des Premières Nations obtiennent de l'information sur l'activité particulière du VNO dans leur collectivité par l'entremise des agents d'hygiène de l'environnement, des centres de santé communautaire et des postes de soins infirmiers. Cela comprend des renseignements sur les activités de surveillance et le dénombrement des cas.
En plus des renseignements locaux, provinciaux et territoriaux qui sont diffusés au public, les renseignements sur la prévention du VNO (y compris la manipulation des oiseaux sauvages morts) et le risque, les symptômes et le traitement du VNO sont accessibles au public sur le site www.canada.ca. L'Agence fournit également de l'information aux professionnels de la santé sur l'évaluation clinique, le diagnostic et le pronostic du VNO.
Opportunités futures
Au moment d'établir le système de surveillance du VNO au Canada, l'approche axée sur l'approche « Une seule santé » a été modifiée afin de répondre aux complexités inhérentes de cette maladie émergente et à sa dynamique de transmission. L'approche avec surveillance intégrée fournit un modèle pour les systèmes de surveillance créés pour d'autres maladies transmises par les moustiques, comme les bunyavirus, y compris le sérogroupe California (virus Jamestown Canyon et virus Snowshoe hare) et les virus Cache ValleyNote de bas de page 26 au Canada. La pandémie de COVID-19 a démontré l'importance de mettre en place des systèmes de surveillance efficaces pour faire face aux maladies émergentes.
Conclusion
Le système canadien de surveillance du VNO utilise la collaboration de partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux qui œuvrent dans le domaine de la santé publique et animale. Cette initiative de surveillance intégrée est un exemple de l'approche « Une seule santé », soit une approche collaborative qui mobilise un éventail de partenaires pour la collecte et l'analyse de renseignements sur l'activité du VNO chez les humains, les moustiques, les oiseaux sauvages et les chevaux. Ce système vise à réduire le risque d'infection par le VNO dans la population humaine et à contribuer à accroître la sensibilisation aux mesures de prévention. Le système de surveillance du VNO respecte les obligations du Règlement sanitaire international de 2005. L'Agence de la santé publique du Canada, en collaboration avec des partenaires clés, continuera de s'adapter et de réagir à la nature changeante du VNO et d'autres maladies transmises par les moustiques.
Déclaration des auteurs
D. T. — Co-conception de l'idée du manuscrit, acquisition d'informations, recherche et ébauche du manuscrit
M. M., A. C. B., H. Z. — Co-conception de l'idée du manuscrit, participation à l'acquisition d'informations, révision du manuscrit
S. G. — Validation des références et révision du manuscrit
A. S. — Contribution à l'ébauche du manuscrit, validation des informations et révision
S. C. — Création des graphiques et validation des informations
M. D. — Contribution au manuscrit, validation des informations et révision
J. P. — Contribution au manuscrit, validation des informations et révision
M. Z. — Validation des informations et révision
L. V., P. B. — Validation des informations, révision et modification du manuscrit
Intérêts concurrents
Aucun.
Remerciements
L'Agence de la santé publique du Canada tient à remercier les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux participants et les autres intervenants pour leurs efforts importants et continus afin de soutenir le système de surveillance du VNO au Canada en fournissant régulièrement des données de surveillance sur les humains, les moustiques, les oiseaux sauvages et les chevaux, et en donnant des conseils.
Financement
Aucun.
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International
Détails de la page
- Date de modification :