Mise à jour du CCNI sur la prophylaxie post-exposition contre la rougeole
Publié par : L’Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 44-9 : Infections respiratoires
Date de publication : 6 septembre 2018
ISSN : 1719-3109
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Volume 44-9, le 6 septembre 2018 : Infections respiratoires
Communication rapide
Nouvelles recommandations du CCNI en matière de prophylaxie post-exposition contre la rougeole
MC Tunis1, MI Salvadori2, V Dubey3, O Baclic1 au nom du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI)*
Affiliations
1 Agence de la santé publique du Canada, Centre de l’immunisation et des maladies respiratoires infectieuses, Ottawa (Ontario)
2 Présidente du groupe de travail sur la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle, CCNI, London (Ontario)
3 Vice-présidente du groupe de travail sur la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle, CCNI, Toronto (Ontario)
Correspondance
Citation proposée
Tunis MC, Salvadori MI, Dubey V, Baclic O au nom du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI). Nouvelles recommandations du CCNI en matière de prophylaxie post-exposition contre la rougeole. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2018;44(9):256-61. https://doi.org/10.14745/ccdr.v44i09a07f
Mots-clés : éclosion de rougeole, vaccin contre la rougeole, prophylaxie post-exposition, recommandations du CCNI, immunoglobulines intraveineuses, immunoglobulines intramusculaires, Canada
Résumé
Contexte : Les produits à base d’immunoglobuline (Ig) humaine sont actuellement recommandés pour la prophylaxie post-exposition (PPE) contre la rougeole dans certains groupes susceptibles. Cependant, le succès des programmes de vaccination contre la rougeole en Amérique du Nord a entraîné une faible circulation du virus de la rougeole et la plupart des donneurs de sang n’ont maintenant qu’une immunité vaccinale. Concurremment, les concentrations d’anticorps anti-rougeole des produits à base d’Ig humaine ont démontré une tendance de diminution progressive. De plus, les doses et les voies d’administration auparavant recommandées n’offrent peut-être plus une protection optimale.
Objectifs : Effectuer une recension des écrits et mettre à jour les dernières recommandations sur la prophylaxie post-exposition contre la rougeole, y compris la posologie et les voies d’administration pour l’Ig rougeoleuse en PPE, chez les nourrissons susceptibles et les personnes immunodéprimées ou enceintes, afin de prévenir la forme grave de la maladie.
Démarche : Le groupe de travail sur la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle (RROV)du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a revu les écrits clés, les pratiques internationales et les renseignements sur les produits à base d’Ig actuels en ce qui concerne la dose optimale et les voies d’administration des produits à base d’Ig à utiliser dans le cadre de la PPE contre la rougeole. Le groupe a ensuite proposé des changements aux recommandations sur la PPE fondés sur des données probantes, qui ont été évalués et approuvés par le CCNI.
Résultats : Le CCNI continue de recommander l’administration du vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO) dans les 72 heures qui suivent l’exposition à la rougeole pour les personnes susceptibles et immunocompétentes qui sont âgées de six mois et plus ne présentant aucune contre-indication au vaccin. Pour les nourrissons susceptibles de moins de six mois, lorsque le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante, le CCNI recommande l’administration d’immunoglobuline par voie intramusculaire (Ig IM) à une concentration de 0,5 mL/kg, jusqu’à une dose maximale de 15 mL administrée par plusieurs sites d’injection. Les nourrissons susceptibles de 6 à 12 mois dont l’infection est décelée après 72 heures et dans les six jours suivant l’exposition à la rougeole devraient recevoir des Ig IM (à raison de 0,5 mL/kg) si le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante. Également si le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante, les personnes susceptibles qui sont enceintes ou immunodéprimées peuvent recevoir des Ig IM à raison de 0,5 mL/kg, tout en tenant compte que les personnes de 30 kg ou plus ne recevront pas les concentrations d’anticorps contre la rougeole qui sont jugées nécessaires pour offrir une protection complète. Alternativement, lorsque le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante ou chez les personnes de 30 kg ou plus, l’immunoglobuline peut être administrée par voie intraveineuse (Ig IV) à une dose de 400 mg/kg.
Le CCNI ne recommande pas la PPE par Ig contre la rougeole chez les personnes susceptibles immunocompétentes de plus de 12 mois en raison du faible risque de complications liées à la maladie et de les défis cliniques liés à l’administration pour la prise en charge des cas et des contacts.
Conclusion : Le CCNI a mis à jour les recommandations en matière de PPE contre la rougeole en tenant compte des données probantes actuelles et des pratiques exemplaires pour prévenir la forme grave de la maladie au Canada. Ces recommandations, conformes à celles établies dans d’autres pays, tiennent compte de l’utilisation non approuvée des Ig IV dans certains cas.
Introduction
Bien que le Canada ait maintenu son statut d’élimination de la rougeole depuis 1998, des cas de rougeole surviennent encore de temps à autre, en général chez des personnes susceptibles. Des cas de rougeole récemment signalés au Canada et la baisse de concentration des produits à base d’immunoglobuline (Ig) au fil du temps ont incité le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) à revoir ses recommandations en matière de prophylaxie post-exposition (PPE) contre la rougeole.
Le CCNI avait déjà recommandé des produits à base d’immunoglobulines par voie intramusculaire (Ig IM) en vue de la PPE contre la rougeole chez les personnes susceptibles qui sont enceintes ou immunodéprimées, les enfants de moins de six mois et les personnes susceptibles immunocompétentes de six mois ou plus qui sont examinées par un professionnel de la santé plus de 72 heures, mais moins de six jours, après une exposition à la rougeole Note de bas de page 1. Les personnes susceptibles sont celles qui ne répondent pas aux critères d’immunité contre la rougeole définis dans le Guide canadien d’immunisation et les Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des éclosions de rougeole au Canada Note de bas de page 1.
Au cours des 50 dernières années, la réussite des programmes de vaccination contre la rougeole en Amérique du Nord a entraîné une faible circulation du virus de la rougeole et l’absence d’infections naturelles. Concurremment, les concentrations d’anticorps anti-rougeole des produits à base d’Ig humaines ont diminué progressivement et ne sont plus jugées offrir une protection optimale si utilisées aux doses et par les voies d’administration auparavant recommandées Note de bas de page 2.
Bien que la concentration exacte d’anticorps anti-rougeole offrant une protection reste incertaine, un titrage de plus de 120 milli-unités internationales par millilitre (mUI/mL) de sérum est généralement perçu offrir une protection et a été associé à une protection chez des jeunes adultes en bonne santé Note de bas de page 3. L’utilisation des produits à base d’Ig humaine dans le cadre d’une PPE contre la rougeole est autorisée au Canada en conformité avec normes de référence du Center for Biologics Evaluation and Research (CBER) émises par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis en 2006 Note de bas de page 4Note de bas de page 5. À la lumière de ces renseignements sur les produits, le CCNI a revu les sources de données probantes clés pour réviser les recommandations en matière de posologie et de voies d’administration de la PPE contre la rougeole.
Cette mise à jour vise à réviser les recommandations relatives à la PPE contre la rougeole en réponse à de récents cas de rougeole au Canada et à la baisse d’efficacité des produits à base d’Ig au fil du temps. Le CCNI n’a pas émis de déclaration complète à ce sujet. Cependant, les changements sont indiqués dans le Guide canadien d’immunisation Note de bas de page 6, et le CCNI fera une révision complète de la PPE contre la rougeole dans le cadre d’une prochaine déclaration.
Méthodologie
Le groupe de travail sur la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle (RROV) du CCNI a revu les écrits clés, les pratiques internationales et les données probantes des fabricants relatives à la posologie optimale et aux voies d’administration des Ig dans le cadre de la PPE contre la rougeole. Les écrits clés ont été cernés en passant en revue les recommandations et pratiques internationales, y compris des Groupes Techniques Consultatifs nationaux pour la Vaccination des États-Unis (Advisory Committee on Immunization Practices), du Royaume-Uni (Joint Committee on Vaccination and Immunization), de l’Allemagne (Comité permanent de la vaccination), de l’Australie (Australian Technical Advisory Group on Immunisation), de la France (Comité technique des vaccinations), de la Nouvelle-Zélande et de l’Irlande. Une fois les études clés déterminées, des recherches ont été faites dans les références pour trouver d’autres études pertinentes. En tout, six études de référence pertinentes ont été cernées Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9. De plus, le fabricant de l’Ig IM, Grifols, a présenté au groupe de travail RROV des données sur les concentrations d’anticorps anti-rougeole des produits au fil des ans, ainsi que des données probantes sur les concentrations de ces anticorps chez les personnes recevant les produits à base d’Ig, à diverses doses et par diverses voies d’administration.
Résultats
Après avoir revu les pratiques internationales, les renseignements sur les produits à base d’Ig actuels et les écrits clés, le groupe de travail RROV a évalué l’efficacité, la posologie appropriée et les voies d’administration optimales des produits à base d’Ig pour protéger les populations vulnérables et susceptibles contre la rougeole. Les résultats sur les voies d’administration (intramusculaire ou intraveineuse) sont présentés ci-dessous.
Pour interpréter les études clé sur l’efficacité, chacune a été évaluée pour déterminer la concentration d’anticorps anti-rougeole dans les produits à base d’Ig actuels, selon une norme de référence commune. Actuellement, la concentration minimale d’anticorps anti-rougeole requise dans les préparations de produits à base d’Ig est de 0,60 fois la norme de référence no 176 du CBER (42 UI/mL) Note de bas de page 4, ce qui équivaut à 25 UI/mL. Les données que Grifols, le fabricant de l’Ig IM GammaSTANMD Note de bas de page 10 et de l’Ig IV GamunexMD Note de bas de page 11, a présentées au groupe de travail RROV du CCNI semblent indiquer que les concentrations d’anticorps anti-rougeole diminuent au fil des ans, mais restent bien au-dessus du seuil minimal réglementaire. Les dernières mesures (prises entre 2015 et 2016) étaient dans les marges de 0,79 fois la norme de référence du CBER, ce qui équivaut à 33 UI/mL. Bien que les fabricants d’Ig IV n’ont pas tous présenté des données, toutes les préparations d’Ig offertes au Canada contiennent du plasma recueilli de donneurs américains, sauf IGIVnex®, qui contient du plasma de donneurs canadiens. Par conséquent, il est raisonnable de supposer que les tendances relatives aux concentrations d’anticorps se présentent dans tous les produits.
Il n’y a aucune façon simple ou fiable de prédire les titrages sériques d’anticorps anti-rougeole selon la dose de PPE administrée. Des estimations et des modèles mathématiques ont été utilisés, y compris ceux définis par Audet et ses collaborateurs en 2006, pour établir la norme de référence du CBER relative à un seuil de 120 mUI/mL Note de bas de page 4. Des études sur l’efficacité réelle des Ig IM dans le cadre de la PPE contre la rougeole sont plus utiles, mais il existe très peu d’études pertinentes sur leur efficacité Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9.
Immunoglobuline intramusculaire
Les données probantes accessibles et les renseignements sur les produits à base d’Ig IM ont été revus, ces produits ayant déjà été recommandés par le CCNI dans le cadre de la PPE contre la rougeole à une dose de 0,25 mL/kg chez les femmes enceintes et les nourrissons susceptibles ou de 0,5 mL/kg chez les personnes immunodéprimées ou les autres personnes susceptibles ayant été en contact avec le virus et ayant été évalués de 72 heures à six jours après l’exposition. GammaSTAN Note de bas de page 10, la seule préparation d’Ig IM offerte au Canada, est indiquée dans le cadre d’une PPE contre la rougeole. Lorsque les études sur l’efficacité ont été évaluées d’après les concentrations relatives d’anticorps anti-rougeole dans les produits à base d’Ig actuels, il était évident que les doses d’Ig IM surpassant la norme de référence du CBER en raison de concentrations actuelles de protéines de 0,442 mL/kg, de 0,393 mL/kg ou de 0,335 mL/kg seraient efficaces à 100 %, à 100 % et à 83 %, respectivement, contre la rougeole jusqu’à deux semaines après l’injection Note de bas de page 9. Selon les estimations, les produits actuels seraient efficaces à 69 % contre la rougeole jusqu’à deux semaines après l’injection lorsqu’ils sont administrés à une dose équivalente à 0,297 mL/kg Note de bas de page 7. Ils ne seraient toutefois efficaces qu’à 42,9 % lorsqu’ils sont administrés à une dose équivalente à 0,157 mL/kg Note de bas de page 9. D’après une étude de Sheppeard et ses collaborateurs, les produits actuels équivalents seraient efficaces à 75,8 % à une dose de 0,19 mL/kg Note de bas de page 8. Cependant, l’efficacité pourrait être grandement surestimée dans le cadre de cette étude, en raison de la définition assez vague de l’exposition à la rougeole. Il faut aussi souligner que l’échantillon était assez petit dans toutes ces études, variant entre 1 et 55 sujets ayant reçu des doses variables d’Ig IM
Bien que les données probantes soient limitées, on suppose que la dose d’Ig IM auparavant recommandée de 0,25 mL/kg chez les femmes enceintes et les nourrissons susceptibles ne permet pas de protéger complètement contre la rougeole, même si ces produits surpassent présentement la norme de référence actuelle du CBER. Compte tenu des données sur l’efficacité accessibles et des tendances émergentes de baisse des concentrations d’anticorps anti-rougeole dans les produits nord-américains, le groupe de travail RROV a déterminé qu’une dose d’Ig IM de 0,5 mL/kg offrirait une protection immédiate selon les concentrations d’anticorps anti-rougeole des produits actuels et permettrait de pallier la baisse d’efficacité des produits à base d’Ig à l’avenir. Les Ig IM doivent être administrées à un volume maximal de 15 mL. Par conséquent, les personnes pesant 30 kg ou plus ne recevront pas une dose optimale d’Ig IM à 0,5 mL/kg. Les plus gros volumes (supérieurs à 2 mL chez les enfants ou à 3 à 5 mL chez les adultes) doivent être divisés et injectés à au moins deux sites Note de bas de page 12. Les personnes recevant 15 mL d’Ig IM devront donc recevoir de nombreuses injections. Dans les cas où l’administration d’injections multiples n’est pas acceptable, l’Ig IV pourrait être préférable.
Immunoglobuline intraveineuse
Bien que les préparations d’Ig IV ne soient pas indiquées pour la PPE contre la rougeole au Canada, le groupe de travail RROV a étudié l’utilisation de l’Ig IV à titre de stratégie alternative considérant les pratiques internationales et l’absence de stratégies alternatives pour la prophylaxie. L’Ig IV Gamunex est en fait indiquée pour la PPE contre la rougeole par la FDA aux États-Unis. De plus, les préparations d’Ig IV sont utilisées couramment dans plusieurs pays pour la PPE contre la rougeole chez les populations immunodéficientes ou immunodéprimées, ou encore dans les circonstances où une dose importante serait nécessaire, notamment aux États-Unis Note de bas de page 13, au Royaume-Uni Note de bas de page 14, en Nouvelle-Zélande Note de bas de page 15, en Irlande Note de bas de page 16 et en France Note de bas de page 17. Bien que l’Ig IV ne soit pas indiquée pour la PPE contre la rougeole au Canada, le CCNI a déterminé que son utilisation constitue une stratégie importante de prévention contre la rougeole après l’exposition à cette maladie chez les groupes susceptibles et vulnérables, en particulier chez les personnes qui pèsent plus de 30 kg. L’administration par voie sous-cutanée est rarement employée, et après discussion, le CCNI a identifié des barrières logistiques considérables relatives à l’administration par voie sous-cutanée, y compris la nécessité d’une pompe à perfusion et d’une formation avancée.
Dans le cadre de l’administration d’Ig IV, 400 mg/kg représente la dose standard et conforme à l’échelle indiquée pour le traitement de remplacement des Ig chez les patients présentant une immunodéficience primaire selon les monographies canadiennes de GammagardMD Note de bas de page 18Note de bas de page 19, Gamunex Note de bas de page 11, IGIVnexMD Note de bas de page 20, PrivigenMD Note de bas de page 21 et PanzygaMD Note de bas de page 22, qui constituent les produits d’Ig IV actuellement offerts au Canada par l’intermédiaire de la Société canadienne du sang (SCS). Même si aucun volume maximal pour la perfusion n’est énoncé dans les monographies, les réactions peuvent être évitées dans bien des cas en réduisant le débit de la perfusion Note de bas de page 23. Les débits maximaux pour la perfusion ont été résumés par la SCS Note de bas de page 24.
Des données non publiées au dossier de Grifols indiquent que les taux sériques d’anticorps contre la rougeole, chez dix enfants âgés de 2 à 16 ans présentant une immunodéficience primaire auxquels l’Ig IV Gamunex a été administrée à des doses allant de 300 à 600 mg/ml, étaient tous plus de quatre fois supérieurs au degré de protection contre la rougeole conféré par une dose de 120 mUl/ml. On considère donc que les personnes qui reçoivent déjà une dose de remplacement d’Ig IV de 400 mg/kg de poids corporel ou plus sont protégées contre la rougeole et qu’elles n’ont pas besoin d’Ig si la dernière dose d’Ig IV a été administrée dans les trois semaines précédant l’exposition à la rougeole.
L’administration de l’Ig IV doit être effectuée à l’hôpital par un personnel adéquatement formé, et un suivi actif du patient pendant plusieurs heures de perfusion est nécessaire Note de bas de page 23. Dans les milieux éloignés, l’administration de l’Ig IV peut nécessiter une évacuation par voie aérienne vers un grand centre médical. Bien qu’il existe des barrières à la mise en œuvre de l’administration par voie intraveineuse, cette dernière pourrait être préférable, dans certains cas, par exemple comme solution de rechange à l’administration de multiples injections intramusculaires ou pour s’assurer qu’une dose optimale de protection soit offerte aux les personnes vulnérables susceptibles requérant plus de 15 ml d’Ig IM.
La SCS est la fournisseuse de produits sanguins d’Ig IM et d’Ig IV au Canada. On recommande aux prestataires de soins de revoir les monographies correspondantes ainsi que les lignes directrices de la SCS Note de bas de page 23Note de bas de page 24 avant d’administrer des produits d’Ig IV afin d’obtenir de l’information sur les pratiques en matière d’administration, les événements indésirables et l’administration répétée. L’innocuité de ces produits est vérifiée et évaluée par Santé Canada, la SCS Note de bas de page 25 et le Programme de contributions pour la sûreté du sang de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), qui comprend le Système de surveillance des incidents transfusionnels Note de bas de page 26. Davantage d’information à propos de l’administration d’agents d’immunisation passive se trouve dans le Guide canadien d’immunisation.
Recommandations
Le CCNI continue de recommander l’administration du vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO), dans les 72 heures qui suivent l’exposition à la rougeole, pour les personnes susceptibles immunocompétentes de six mois et plus qui ne présentent aucune contre-indication au vaccin. Lorsque le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante, le CCNI recommande d’administrer des Ig IM à une concentration de 0,5 ml/kg, jusqu’à une dose maximale de 15 ml administrée par de nombreux sites d’injection, pour les nourrissons susceptibles de moins de six mois. Les nourrissons susceptibles de 6 à 12 mois dont l’infection est décelée après 72 heures et dans les six jours suivant l’exposition à la rougeole devraient recevoir des Ig IM (à raison de 0,5 ml/kg) si le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante. Les personnes susceptibles qui sont enceintes ou immunodéprimées peuvent recevoir des Ig IM à raison de 0,5 mL/kg, si le volume d’injection n’est pas une préoccupation importante. Cependant, les personnes de 30 kg ou plus ne recevront pas les concentrations d’anticorps contre la rougeole qui sont jugées nécessaire à une protection complète. Alternativement, lorsque le volume d’injection est une préoccupation importante ou chez les personnes qui pèsent 30 kg ou plus, des Ig IV peuvent être administrées à une dose de 400 mg/kg.
Le CCNI ne recommande pas la PPE par Ig contre la rougeole chez les personnes susceptibles immunocompétentes de plus de 12 mois en raison du faible risque de complications liées à la maladie et des défis associés à l’administration pour la prise en charge des cas et des contacts. Le tableau 1 contient un résumé à jour des stratégies recommandées en matière de PPE contre la rougeole.
Population | Temps écoulé depuis l’exposition à la rougeoleTableau 1 note a | |
---|---|---|
≤ 72 heures | 73 heures – 6 jours | |
Nourrissons susceptibles âgés de 0 à 6 moisbTableau 1 note b | Ig IM (0,5 ml/kg)Tableau 1 note c | |
Nourrissons immunocompétents susceptibles âgés de 6 à 12 mois | Vaccin RROTableau 1 note d | Ig IM (0,5 ml/kg)Tableau 1 note b,Tableau 1 note e |
Personnes immunocompétentes susceptibles âgées de 12 mois et plus | Séries de vaccins RROTableau 1 note e | |
Personnes enceintes susceptiblesTableau 1 note f | Ig IV (400 mg/kg) ou Ig IM (0,5 ml/kg), protection limitéeTableau 1 note g |
|
Personnes immunodéprimées âgées de 6 mois et plus | Ig IV (400 mg/kg) ou Ig IM (0,5 ml/kg), protection limitée si le poids est de 30 kg ou plusTableau 1 note g |
|
Personnes présentant une immunité confirmée contre la rougeole | Non applicable | |
Discussion et conclusion
Le CCNI a mis à jour les recommandations en matière de PPE contre la rougeole en tenant compte des données probantes actuelles et des pratiques exemplaires pour prévenir la forme grave de la maladie. Le CCNI continue de recommander d’envisager la PPE pour des groupes particuliers susceptibles ou vulnérables dans les six jours après l’exposition à la rougeole. Il n’est dorénavant plus recommandé d’administrer des Ig aux personnes susceptibles qui ne sont pas des nourrissons, enceintes ou immunodéprimées après l’exposition à la rougeole. Bien que les produits d’Ig IV ne soient pas indiqués pour la PPE contre la rougeole au Canada, le CCNI recommande désormais leur utilisation comme solution de remplacement à l’administration de l’Ig IM, puisqu’il n’existe pas de stratégies de prophylaxie adéquates comparables dans certaines situations.
Le CCNI donne à l’Agence des conseils continus et en temps opportun au sujet de l’immunisation selon les perspectives de la médecine, des sciences et de la santé publique. L’Agence confirme que les conseils et les recommandations figurant dans la présente déclaration reposent sur les connaissances scientifiques les plus récentes et diffuse ce document à des fins d’information. Les personnes qui administrent le vaccin doivent également connaître le contenu de la monographie de produit pertinente. Les recommandations d’utilisation et les autres renseignements qui figurent dans le présent document peuvent différer du contenu des monographies de produit rédigées par les fabricants de vaccins au Canada. Les fabricants ont fait homologuer les vaccins et ont démontré leur innocuité et leur efficacité potentielle lorsqu’ils sont utilisés conformément à la monographie de produit uniquement.
Déclaration des auteurs
M. C. T. – Rédaction – Rédaction de l’ébauche initiale – Révision et édition
M. I. S. – Rédaction – Rédaction de l’ébauche initiale – Révision et édition
V. D. – Rédaction – Rédaction de l’ébauche initiale – Révision et édition
O. B. – Rédaction – Rédaction de l’ébauche initiale – Révision et édition
Le présent résumé a été préparé par les auteurs et approuvé par le CCNI.
Conflit d’intérêts
Aucun. Les membres du CCNI et les agents de liaison doivent se conformer à la politique de l’ASPC régissant les conflits d’intérêts, et doivent notamment déclarer les conflits d’intérêts possibles annuellement.
Remerciements
Membres du groupe de travail sur les vaccins RROV : M. Salvadori (présidente du groupe de travail), V. Dubey (vice-présidente du groupe de travail), O. Baclic, J. Brophy, S. Desai, G. De Serres, J. Gallivan, I. Gemmill, R. Harrison, A. Pham Huy, M. Naus, M. Saboui, N. Sicard et M. Tunis.
Membres du CCNI : C. Quach (présidente), W. Vaudry (vice-présidente), N. Dayneka, S. Deeks, P. DeWals, V. Dubey, R. Harrison, M. Lavoie, M. Salvadori, B. Sander, C. Rotstein, N. Sicard et R. Warrington.
Représentants de liaison : J. Brophy (Association canadienne pour la recherche et l’évaluation en immunisation), E. Castillo (Société des obstétriciens et gynécologues du Canada), A. Cohn (Centers for Disease Control and Prevention, États-Unis), T. Cole (Comité canadien sur l’immunisation), J. Emili (Collège des médecins de famille du Canada), C. Mah (Association canadienne de santé publique), D. Moore (Société canadienne de pédiatrie) et A. Pham-Huy (Association pour la microbiologie médicale et l’infectiologie Canada).
Représentants d’office : K. Barnes (ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes), G. Charos (Centre de l’immunisation et des maladies respiratoires infectieuses [CIMRI], Agence de la santé publique du Canada [ASPC]), J. Gallivan (Direction des produits de santé commercialisés [DPSC], Santé Canada [SC]), J. Pennock (CIMRI, PHAC), R. Pless (Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques [DPBTG], SC), et T. Wong (Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits [DGSPNI], SC)
Le CCNI souhaite remercier A. House, S. Duchesne-Belanger, J. Chor, K. Young et la Société canadienne du sang pour leur contribution.
Financement
Les travaux du CCNI sont financés par l’Agence de la santé publique du Canada.
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