Cas de coqueluche au Québec : 2015 à 2017
Publié par : L’Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 44-9 : Infections respiratoires
Date de publication : 6 septembre 2018
ISSN : 1719-3109
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Volume 44-9, le 6 septembre 2018 : Infections respiratoires
Étude de cohortes
Caractéristiques cliniques des cas pédiatriques de coqueluche au Québec, 2015 à 2017
M Desjardins1,4, D Iachimov2, S Mousseau3, P Doyon-Plourde1,4, N Brousseau5, F Rallu6, C Quach1,4,6,7,8
Affiliations
1 Microbiologie médicale et infectiologie, Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, Montréal (Québec)
2 Centre de recherche, Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine, Montréal (Québec)
3 Service d’urgence pédiatrique, Département de pédiatrie, Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine, Montréal (Québec)
4 Département de microbiologie, infectiologie et immunologie, Faculté de médecine, Université de Montréal, Montréal (Québec)
5 Direction des risques biologiques et de la santé au travail, Institut national de santé publique du Québec, Québec (Québec)
6 Département de microbiologie médicale, Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine, Montréal (Québec)
7 Prévention et contrôle des infections, Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine, Montréal (Québec)
8 Présidente, Comité consultatif national de l’immunisation
Correspondance
Citation proposée
Desjardins M, Iachimov D, Mousseau S, Doyon-Plourde P, Brousseau N, Rallu F, Quach C. Caractéristiques cliniques des cas pédiatriques de coqueluche au Québec, 2015 à 2017. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2018;44(9):214-20. https://doi.org/10.14745/ccdr.v44i09a01f
Mots-clés : coqueluche, pédiatrie, symptômes, issues, Québec
Résumé
Contexte : L’introduction du vaccin anticoquelucheux acellulaire pourrait avoir modifié les caractéristiques épidémiologiques et cliniques de la coqueluche chez les enfants canadiens.
Objectif : Décrire les données démographiques, les manifestations clinique et les issues cliniques chez les enfants et les adolescents atteints de coqueluche s’étant présentés dans un hôpital de soins tertiaires.
Méthodologie : Étude de cohorte rétrospective menée chez des patients consécutifs examinés au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine(CHUSJ) et soumis à une recherche par amplification en chaîne par polymérase (polymerase chain reaction [PCR]) multiplex en temps réel pour les bactéries Bordetella pertussis ou B. parapertussis entre juin 2015 et mars 2017. Les données démographiques, les manifestations cliniques et les issues ont été décrites pour les résultats positifs. L’échelle modifiée de Preziosi a servi à évaluer la gravité de la maladie; une forme grave de la maladie correspond à un score de sept et plus.
Résultats : La distribution par âge des 144 patients dont les résultats de PCR étaient positifs et qui ont été reçus en consultation au CHUSJ s’établissait comme suit : moins de trois mois (n = 25/144, 17,4 %), de quatre mois à neuf ans (n = 63/144, 43,8 %) et de dix à 18 ans (n = 56/144, 38,9 %). Les symptômes les plus courants comprenaient la toux paroxystique (70,1 %), la toux émétisante (47,2 %) et la rhinorrhée (33,3 %). Chez les nourrissons de moins de trois mois, plus de 84,0 % des cas consistaient en une coqueluche grave (92,0 % ont nécessité une hospitalisation et 28,0 % ont été admis aux soins intensifs). Chez les enfants de quatre mois à neuf ans, 22,2 % étaient atteints d’une coqueluche grave et 11,1 % ont été hospitalisés. Seulement deux (3,6 %) enfants de plus de dix ans présentaient une forme grave de la maladie.
Conclusion : La coqueluche touche encore des enfants de tous âges au Québec. Chez les enfants plus âgés, la maladie est plus souvent bénigne. Chez les nourrissons qui ne bénéficient pas encore de la protection complète offerte par la vaccination, la maladie est souvent grave, en particulier chez ceux de moins de trois mois. Ces données probantes viennent appuyer la mise en œuvre d’un programme de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes.
Introduction
La coqueluche est une infection des voies respiratoires causée par les bactéries Bordetella pertussis et B. parapertussis. Les patients qui en sont atteints peuvent manifester un large éventail de symptômes en fonction de l’âge, de l’état vaccinal et des co-infections, ce qui complique souvent le diagnostic Note de bas de page 1Note de bas de page 2.
La coqueluche est une maladie évitable par la vaccination. La vaccination contre la coqueluche avec vaccin entier, dont l’introduction au Canada remonte à 1943, a entraîné une baisse significative de l’incidence de la maladie Note de bas de page 3. Le vaccin entier a été remplacé par un vaccin acellulaire à la fin des années 1990 afin de réduire l’incidence des événements indésirables suivant l’immunisation.
De nos jours, le vaccin contenant la valence coquelucheuse est administré à l’âge de deux, quatre, six et dix-huit mois, suivi d’un rappel entre quatre et six ans. Au Québec, le programme de vaccination acellulaire universel a été lancé en 1998, entraînant un effet notable sur l’incidence de la coqueluche Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6. En 2016, malgré une couverture vaccinale de l’ordre de 97,3 % des enfants à un an Note de bas de page 7, l’incidence de la coqueluche chez les moins de 18 ans s’élevait encore à 60 cas par 100 000 enfants Note de bas de page 8.
Il a été démontré que l’immunité et la protection que confère le vaccin acellulaire diminuent rapidement Note de bas de page 9, ce qui pourrait avoir modifié les manifestations cliniques de la coqueluche chez les enfants. Les jeunes bébés sont particulièrement vulnérables à la coqueluche, car les nourrissons de moins de trois mois n’ont reçu qu’une seule dose du vaccin anticoquelucheux, ce qui ne procure qu’une protection partielle Note de bas de page 6Note de bas de page 10Note de bas de page 11. Pour remédier à cette situation, le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a évalué les données probantes relatives à la vaccination des femmes enceintes et a déterminé qu’il s’agissait d’un moyen de prévention hautement efficace contre la coqueluche chez les nourrissons Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14. En 2018, le CCNI a recommandé l’immunisation des femmes enceintes contre la coqueluche Note de bas de page 15, soulignant qu’une telle mesure pourrait mener à une réduction de 90 % des cas de coqueluche chez les nourrissons nés de mères vaccinées Note de bas de page 16.
Les dernières études en milieu hospitalier décrivant les caractéristiques épidémiologiques et cliniques de la coqueluche chez les enfants canadiens ont été menées entre 1991 et 2004 Note de bas de page 17Note de bas de page 18; par conséquent, le fardeau actuel de la maladie chez les enfants au Canada n’est pas connu.
L’objectif de la présente étude consistait à décrire les manifestations cliniques et les issues chez les enfants ayant contracté la coqueluche et qui ont été évalués entre juin 2015 et mars 2017 au Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine (CHUSJ). Cet hôpital est situé à Montréal (Québec) et il s’agit du seul hôpital autonome pour enfants de la province du Québec, avec près de 80 000 consultations au service d’urgence par année Note de bas de page 19.
Méthodologie
Méthodologie de l’étude
Il s’agissait d’une étude d’observation rétrospective de cohorte menée chez des patients consécutifs évalués au CHUSJ pour un cas soupçonné de coqueluche. Les enfants présentant un cas soupçonné de coqueluche provenaient de la circonscription hospitalière et ont été évalués pour la plupart par le service d’urgence. Certains enfants ont été évalués pour la coqueluche durant leur hospitalisation. Tous les enfants ont été soumis à un test d’amplification en chaîne par polymérase (polymerase chain reaction [PCR]) multiplex de bactéries (B. pertussis, B. parapertussis, B. holmesii, Mycoplasma pneumoniae et Chlamydophila pneumoniae). Depuis 2015, tous les cas soupçonnés de coqueluche observés au CHUSJ sont testés à l’aide du PCR multiplex.
Les cas ayant obtenu un résultat positif pour B. pertussis ou B. parapertussis entre juin 2015 et mars 2017 ont été identifiés dans le système d’information du laboratoire et les données cliniques ont été extraites au moyen d’un examen manuel des dossiers. Le protocole de l’étude a été approuvé par le comité d’éthique du CHUSJ.
Population de l’étude
L’étude a inclus des patients consécutifs âgés de zéro à 17 ans dont le test de PCR multiplex s’est révélé positif (valeur du cycle seuil, ou cycle threshold [Ct], inférieure à 36) pour B. pertussis ou B. parapertussis, et dont les données cliniques et de laboratoire étaient accessibles dans le système d’information du laboratoire de microbiologie du CHUSJ entre juin 2015 et mars 2017. Comme la bactérie B. parapertussis peut causer une maladie semblable à la coqueluche et que le vaccin actuel contre B. pertussis pourrait offrir une protection croisée contre B. parapertussis Note de bas de page 20, les patients dont les PCR ont révélé la présence de B. parapertussis ont été inclus dans l’étude. Les patients affichant des résultats de PCR équivoques (Ct de 36 à 39,9) ont également été retenus pour l’étude, puisqu’ils sont actuellement considérés comme des cas de coqueluche par les autorités de santé publique du Québec lorsqu’ils présentent des symptômes compatibles à cette infection Note de bas de page 6. Les patients ayant obtenu un résultat positif pour B. holmesii n’ont pas été retenus, car l’espèce Bordetella peut entraîner une maladie significativement différente Note de bas de page 1. Les patients âgés d’au moins 18 ans ainsi que les patients qui n’ont pas été reçus en consultation clinique au CHUSJ (p. ex. des échantillons reçus d’autres hôpitaux) ont été exclus.
Collecte et analyse des données
En plus de l’analyse des données de laboratoire, un examen manuel des dossiers médicaux électroniques a été effectué (à l’aide de Chartmaxx; Quest Diagnostics, Secaucus, État du New Jersey, États-Unis [É-U]), au moyen des fiches d’observation normalisées pour recueillir de l’information sur 1) les manifestations cliniques (à l’aide de l’évaluation des infirmières de triage et des notes cliniques des médecins le jour où la PCR a été demandée), 2) les résultats de l’investigation et 3) les issues cliniques (hospitalisation, durée du séjour, traitement aux macrolides, admission aux soins intensifs ou décès). La collecte de données a été effectuée par deux membres de l’équipe de recherche (MD, DI) et 10 % des dossiers ont été analysés par les deux chercheurs afin d’évaluer la concordance inter-évaluateurs (établie à l’aide d’un test statistique kappa). Les patients ont été divisés en trois groupes d’âge, comme il a été suggéré au cours de la table ronde Global Pertussis Initiative tenue en février 2011 Note de bas de page 21 : trois mois ou moins; de quatre mois à neuf ans; et de dix à dix-huit ans. Les nombres absolus et les proportions ont été utilisés pour analyser les données démographiques, les manifestations cliniques et les issues cliniques. Un écart interquartile (EIQ) a servi à évaluer la dispersion statistique des variables continues. L’échelle modifiée de Preziosi (ÉMP) Note de bas de page 22 a été utilisée pour déterminer la gravité de la maladie. Un score supérieur ou égal à sept sur l’ÉMP correspond à une forme grave de coqueluche. Le tableur Microsoft Excel 2016 (Redmond, État de Washington, É-U) a été utilisé pour calculer les proportions et l’EIQ. Les analyses statistiques étaient descriptives Note de bas de page 23Note de bas de page 24.
Résultats
Parmi les 1 526 tests de PCR multiplex effectués entre le 11 juin 2015 et le 31 mars 2017, 173 patients ont affiché un résultat positif ou équivoque pour B. pertussis ou B. parapertussis (taux de positivité de 11,3 %). Vingt-neuf patients ont été exclus : deux d’entre eux étaient âgés de plus de 18 ans et 27 n’ont pas été reçus en consultation clinique au CHUSJ.
Données démographiques
Un total de 144 patients a été soumis à une analyse : 133 cas de B. pertussis (109 résultats positifs, 24 résultats équivoques); et 11 cas de B. parapertussis (sept résultats positifs, quatre résultats équivoques) (tableau 1). Les patients ont été regroupés pour l’analyse, en raison du petit nombre de patients ayant obtenu un résultat positif pour B. parapertussis et parce que ces deux bactéries provoquent des syndromes respiratoires semblables.
Caractéristiques | Groupes d’âge, n (%) | |||
---|---|---|---|---|
0 à 3 mois | 4 mois à 9 ans | 10 à 18 ans | Tota | |
Résultat de laboratoire | 25 (17,4) | 63 (43,8) | 56 (38,9) | 144 (100,0) |
Positif pour B. pertussis | 19 (76,0) | 45 (71,4) | 45 (80,4) | 109 (75,7) |
Positif pour B. parapertussis | 1 (4,0) | 5 (7,9) | 1 (1,8) | 7 (4,9) |
Équivoque pour B. pertussis | 5 (20,0) | 9 (14,3) | 10 (17,9) | 24 (16,7) |
Équivoque pour B. parapertussis | 0 (0,0) | 4 (6,3) | 0 (0,0) | 4 (2,8) |
Sexe féminin | 14 (56,0) | 33 (52,4) | 35 (62,5) | 82 (56,9) |
Antécédents médicaux | ||||
Asthme | 0 (0,0) | 11 (17,5) | 11 (19,6) | 22 (15,3) |
Vaccination à jour | 22 (88,0) | 42 (66,7) | 48 (85,7) | 112 (77,8) |
Prématurité | 4 (16,0) | 4 (6,3) | 1 (1,8) | 9 (6,3) |
Parmi les 144 enfants, 25 (17,4 %) avaient moins de trois mois, 63 (43,8 %) étaient âgés de quatre mois à neuf ans et 56 (38,9 %) avaient entre 10 et 18 ans. La proportion de tests positifs augmentait avec l’âge, pour atteindre un pic de 35 à 45 % chez les adolescents de 10 à 15 ans (figure 1).
Figure 1 : Distribution par âge des patients ayant des résultats de PCR positifs pour la coqueluche (n = 144)
Figure 1 : Distribution par âge des patients ayant des résultats de PCR positifs pour la coqueluche (n = 144)
Description textuelle : Figure 1
Nombre d'enfants atteints de coqueluche confirmés par PCR | Total consultations pour coqueluche par mois | Proportion de résultats positifs (%) | Mois |
---|---|---|---|
6 | 27 | 22 | Juin 2015 |
4 | 26 | 15 | Juillet 2015 |
8 | 29 | 28 | Aôut 2015 |
7 | 53 | 13 | Septembre 2015 |
0 | 78 | 0 | October 2015 |
6 | 68 | 9 | Novembre 2015 |
11 | 92 | 12 | Décembre 2015 |
5 | 67 | 7 | January 2016 |
7 | 53 | 13 | February 2016 |
8 | 47 | 17 | Mars 2016 |
8 | 54 | 15 | April 2016 |
6 | 59 | 10 | May 2016 |
6 | 40 | 15 | Juin 2016 |
3 | 41 | 7 | Juillet 2016 |
13 | 54 | 24 | Aôut 2016 |
9 | 71 | 13 | Septembre 2016 |
8 | 82 | 10 | October 2016 |
9 | 103 | 9 | Novembre 2016 |
9 | 99 | 9 | Décembre 2016 |
7 | 122 | 6 | January 2017 |
4 | 77 | 5 | February 2017 |
0 | 61 | 0 | Mars 2017 |
La coqueluche était déclarée tout au long de l’année (figure 2).
Figure 2 : Distribution des patients ayant des résultats de PCR positifs pour la coqueluche pendant la période de l’étude (n = 144)
Description textuelle : Figure 2
Âge (années) | Cas chez les nourrissons de moins de trois mois | Nombre de cas | Proportion de résultats positifs (%) | Consultations total |
---|---|---|---|---|
<1 | 25 | 9 | 2 | 550 |
1 | 0 | 13 | 7 | 192 |
2 | 0 | 6 | 6 | 103 |
3 | 0 | 6 | 7 | 91 |
4 | 0 | 11 | 15 | 72 |
5 | 0 | 5 | 9 | 55 |
6 | 0 | 4 | 9 | 44 |
7 | 0 | 4 | 11 | 38 |
8 | 0 | 5 | 16 | 31 |
9 | 0 | 8 | 26 | 31 |
10 | 0 | 10 | 28 | 36 |
11 | 0 | 9 | 36 | 25 |
12 | 0 | 10 | 29 | 34 |
13 | 0 | 6 | 24 | 25 |
14 | 0 | 7 | 25 | 28 |
15 | 0 | 4 | 40 | 10 |
16 | 0 | 0 | 0 | 7 |
17 | 0 | 2 | 29 | 7 |
18 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Manifestations cliniques
Les symptômes les plus courants comprenaient la toux paroxystique (70,1 %), la toux émétisante (47,2 %) et la rhinorrhée (33,3 %) (tableau 2). Des 100 radiographies pulmonaires effectuées (69,4 % de tous les cas), seulement huit indiquaient la présence d’une pneumonie. Les 25 enfants de moins de trois mois étaient les plus gravement atteints par la coqueluche, avec un score médian de 12 à l’ÉMP (EIQ : 9-15). En tout, 84,0 % des enfants de moins de trois mois présentaient une forme grave de la maladie. Les 10 cas d’apnée, 75,0 % (n = 15/20) des cas de cyanose, 76,9 % (n = 10/13) des cas de tirage et 45 % (n = 9/20) des cas de chant du coq appartenaient à ce groupe d’âge. Les enfants âgés de quatre mois à neuf ans étaient aussi nettement touchés : 22,2 % présentaient une forme grave de la coqueluche. À titre comparatif, seulement deux (3,6 %) enfants de plus de 10 ans présentaient une coqueluche grave. La concordance inter-évaluateurs établie à l’aide d’une analyse statistique kappa s’élevait à 0,86, ce qui démontre la bonne validité du processus de collecte de données.
Caractéristiques | Groupes d’âge, n (%)Tableau 1 note a | |||
---|---|---|---|---|
0 à 3 mois (n = 25) |
4 mois à 9 ans (n = 63) |
10 à 18 ans (n = 56) |
Total (n = 144) |
|
Manifestations cliniques | ||||
Toux paroxystique | 20 (80,0) | 47 (74,6) | 34 (60,7) | 101 (70,1) |
Chant du coq | 9 (36,0) | 7 (11,1) | 4 (7,1) | 20 (13,9) |
Toux émétisante | 10 (40,0) | 32 (50,8) | 26 (46,4) | 68 (47,2) |
Cyanose | 15 (60,0) | 4 (6,3) | 1 (1,8) | 20 (13,9) |
Tirage | 10 (40,0) | 3 (4,8) | 0 (0,0) | 13 (9,0) |
Fièvre | 2 (8,0) | 10 (15,9) | 4 (7,1) | 16 (11,1) |
Rhinorrhée | 14 (56,0) | 20 (31,8) | 14 (25,0) | 48 (33,3) |
Auscultation pulmonaire anormale | 8 (32,0) | 8 (12,7) | 2 (3,6) | 18 (12,5) |
Apnée | 10 (40,0) | 0 (0,0) | 0 (0,0) | 10 (6,9) |
Otite | 2 (8,0) | 6 (9,5) | 2 (3,6) | 10 (6,9) |
Pharyngite | 2 (8,0) | 2 (3,2) | 7 (12,5) | 11 (7,6) |
Hémorragie sous-conjonctivale | 0 (0,0) | 1 (1,6) | 0 (0,0) | 1 (0,7) |
Convulsions | 0 (0,0) | 0 (0,0) | 0 (0,0) | 0 (0,0) |
ÉMP | ||||
Moyenne | 11,8 | 4,7 | 3,3 | 5,4 |
Médiane | 12 | 5 | 3 | 5 |
EIQ 25–75 | 9-15 | 3-6 | 2-5 | 3-7 |
Cas graves (ÉMP ≥ 7) | 21 (84,0) | 12 (22,2) | 2 (3,6) | 37 (25,7) |
Examens paracliniques | ||||
Détection d’agents viraux par PCR multiplex | 13 (52,0) | 6 (9,5) | 5 (8,9) | 24 (16,7) |
|
5 (38,5) | 2 (33,3) | 1 (20,0) | 8 (33,3) |
Formule sanguine complète effectuée | 21 (84,0) | 10 (15,9) | 3 (5,4) | 34 (23,6) |
|
10 (47,7) | 3 (30,0) | 0 (0,0) | 13 (38,2) |
Radiographie pulmonaire effectuée | 20 (80,0) | 43 (68,3) | 37 (66,1) | 100 (69,4) |
|
0 (0,0) | 6 (14,0) | 2 (5,4) | 8 (8,0) |
Issues cliniques
En tout, 20,8 % des patients ont été hospitalisés (tableau 3). Les bébés de moins de trois mois présentaient le risque d’hospitalisation le plus élevé (92 %), en plus d’une proportion importante nécessitant une admission aux soins intensifs (28 %). À titre de comparaison, seulement 11 % des enfants âgés de quatre mois à neuf ans ont été hospitalisés et aucun des enfants plus âgés. La majorité des patients (75,2 %) ont reçu un traitement aux macrolides. Aucun décès n’a été recensé.
Issues cliniques | Groupes d’âge n (%)Tableau 3 note a | |||
---|---|---|---|---|
0 à 3 mois (n = 25) |
4 mois à 9 ans (n = 63) |
10 à 18 ans (n = 56) |
Total (n = 144) |
|
Hospitalisation | 23 (92,0) | 7 (11,1) | 0 (0,0) | 30 (20,8) |
Durée du séjour | ||||
Moyenne, jours | 11,0 | 3,0 | 0,0 | 9,1 |
Médiane | 8 | 3 | 0 | 5 |
EIQ 25–75 | 3,0-14,0 | 2,0-4,0 | 0,0 | 3,0-12,0 |
Soins intensifs | 7 (28,0) | 0 (0,0) | 0 (0,0) | 7 (4,9) |
Décès | 0 (0,0) | 0 (0,0) | 0 (0,0) | 0 (0,0) |
Traitement aux macrolides | 18 (72,0) | 46 (73,0) | 45 (80,4) | 109 (75,7) |
Discussion
Cette étude dresse un bref portrait des manifestations et des issues cliniques des patients atteints de coqueluche qui se sont présentés dans un hôpital de soins pédiatriques tertiaires. Malgré l’adoption d’un programme universel d’immunisation contre la coqueluche au Québec, les bébés de moins de trois mois contractent encore la coqueluche. La plupart d’entre eux ont été atteints d’une forme grave de la maladie (84 %) et ont dû être hospitalisés (92 %), notamment à l’unité de soins intensifs (28 %), pour une durée médiane de huit jours, ce qui est comparable aux études antérieures Note de bas de page 10Note de bas de page 18Note de bas de page 21Note de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28Note de bas de page 29Note de bas de page 30Note de bas de page 31. La maladie était plus bénigne chez les enfants plus âgés, comme le démontrent les scores à l’ÉMP et les taux d’hospitalisation moins élevés. Seul un petit nombre de patients de 10 ans et plus avait contracté une coqueluche grave, aucun nécessitant une hospitalisation, ce qui donne à penser que les enfants plus âgés, tout comme les adultes, sont moins gravement touchés par cette infection Note de bas de page 25Note de bas de page 32.
De façon générale, les symptômes évocateurs de la coqueluche, comme la toux paroxystique, le chant du coq et la toux émétisante, ont été observés chez une grande proportion d’enfants de tous âges, mais moins souvent que ce qui avait été déclaré précédemment Note de bas de page 25Note de bas de page 29Note de bas de page 31. Par exemple, lors d’études antérieures menées auprès d’enfants de neuf ans ou moins, la toux paroxystique, le chant du coq et la toux émétisante étaient signalés dans une proportion de 89 à 93 % (toux), de 69 à 92 % (chant du coq) et de 48 à 60 % (toux émétisante) des enfants. En revanche, dans notre étude, ces symptômes étaient présents chez 76 % (toux), 25 % (chant du coq) et 48 % (toux émétisante) des enfants du même âge. Ces variations pourraient être en partie attribuables à une atténuation de la maladie suivant l’immunisation, mais ils pourraient également être causés par une sensibilité plus élevée de la PCR par rapport à la culture, ce qui permet une détection des cas moins symptomatiques Note de bas de page 33. Il a précédemment été démontré que l’immunité et la protection que confère le vaccin acellulaire diminuent rapidement Note de bas de page 9, ce qui pourrait expliquer la proportion élevée de résultats positifs chez les enfants de 10 à 15 ans (25-40 %).
Cette étude propose une description des cas de coqueluche chez les enfants au Québec. Il y a plusieurs limites dont il faut tenir compte. Premièrement, cette étude se limitait à un seul centre; néanmoins, les 144 cas analysés dans l’étude représentaient environ 12,4 % de tous les cas de coqueluche chez les moins de 18 ans diagnostiqués dans la province du Québec pendant la période étudiée Note de bas de page 8. Deuxièmement, il existait un risque lié au biais d’information, notamment une mauvaise classification possible de l’état vaccinal, un risque intrinsèque associé à l’examen des dossiers. Nous avons essayé de minimiser le risque grâce à une concordance élevée entre les évaluateurs. Troisièmement, notre analyse a uniquement porté sur les patients qui ont consulté un médecin en milieu hospitalier, ce qui pourrait se traduire par une surestimation de la gravité de la maladie. Cependant, ce biais est probablement non significatif pour les nourrissons de moins de trois mois, puisque les cas de coqueluche déclarés dans ce groupe d’âge consultent habituellement les services d’urgence et sont hospitalisés Note de bas de page 34. Pour terminer, la période étudiée a compris le sommet d’un cycle épidémique de quatre ans (2016), ce qui est susceptible d’occasionner une légère surestimation de l’incidence de la coqueluche.
Pour ce qui est des prochaines étapes et de la recherche à venir, cette étude pourrait constituer un point de référence pour une évaluation future des répercussions de la vaccination des femmes enceintes sur le fardeau de la coqueluche chez les jeunes enfants.
Conclusion
La coqueluche touche encore des enfants de tous âges au Québec. Chez les enfants plus âgés, la maladie est souvent plus bénigne. Chez les nourrissons qui ne bénéficient pas encore de la protection complète offerte par la vaccination, la maladie est souvent grave, en particulier chez ceux de moins de trois mois. Ces données probantes viennent appuyer davantage la mise en œuvre d’un programme de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes et fournissent une base de référence pour évaluer les effets de ce programme.
Déclaration des auteurs
M. D. Déclaration des auteur note † – conceptualisation, méthodologie, validation, enquête, organisation des données, rédaction de l’ébauche initiale, révision et édition de la version définitive
D. I. Déclaration des auteur note † – conceptualisation, méthodologie, validation, analyse formelle, enquête, organisation des données, rédaction de l’ébauche initiale, révision et édition de la version définitive
S. M. – méthodologie, révision et édition de la version définitive
P. D. P. – analyse formelle, révision et édition de la version définitive
N. B. – méthodologie, révision et édition de la version définitive
F. R. – enquête, ressources, révision et édition de la version définitive
C. Q. – conceptualisation, méthodologie, révision et édition de la version définitive, supervision, obtention des fonds
Conflit d’intérêts
Aucun.
Financement
La Dre Quach a reçu un soutien salarial externe (FRQ-S merit, subvention no 252775). Ces travaux de recherche ont été rendus possibles par le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine (fonds de démarrage de C. Quach).
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