Coup d'œil : Surveillance du VIH/sida en date du 30 juin 2004

Introduction

Les données de surveillance du VIH et du sida sont présentées régulièrement dans un rapport semestriel intitulé Le VIH et le sida au Canada, publié en avril et en novembre de chaque année. Le rapport qui suit présente les données des cas diagnostiqués d'infection à VIH ou de sida au Canada jusqu'à la période se terminant le 30 juin 2004 et signalés jusqu'à 7 semaines après cette date par toutes les provinces et territoires au Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (CPCMI). De plus amples renseignements, dont une série de tableaux et des précisions techniques, vous sont disponibles dans le rapport de surveillance le plus récent(1). La surveillance de l'infection à VIH et du sida au Canada est exercée de façon continue grâce à la notification volontaire au CPCMI des cas de séropositivité pour le VIH et des cas diagnostiqués de sida dans toutes les provinces et tous les territoires.

Les données de surveillance sous-estiment l'ampleur de l'épidémie d'infection à VIH et ne rendent donc pas compte du nombre réel de personnes infectées par le VIH (prévalence) ni le nombre de nouveaux cas d'infection qui surviennent chaque année (incidence). Parmi les raisons qui expliquent cette sous-estimation, mentionnons les retards de déclaration, la sous-déclaration et les changements dans les comportements en matière de dépistage du VIH (personnes qui se présentent pour subir un test de dépistage). Par ailleurs, les données de surveillance ne donnent des indications que sur les personnes qui ont subi le test de dépistage et chez qui on a diagnostiqué une infection à VIH ou le sida; elles ne fournissent aucune information sur les personnes qui n'ont pas subi de dépistage et qui n'ont pas fait l'objet d'un diagnostic. De plus, comme le VIH cause une infection chronique dont la période de latence est longue, de nombreuses personnes récemment infectées dans une année donnée pourraient n'obtenir un diagnostic que plusieurs années plus tard.

Il faut interpréter avec prudence les données de surveillance de la première moitié de l'année sur laquelle porte le rapport à cause du petit nombre d'échantillons, des retards de déclaration et de la sous-déclaration. Le Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses continuera de suivre de près les données de surveillance et en déterminera la validité à la fin de l'année.

Données de surveillance du VIH

En tout, 56 523 tests positifs pour le VIH ont été signalés au CPCMI depuis le début du dépistage du VIH en novembre 1985 jusqu'au 30 juin 2004. La tendance à la hausse du nombre de tests positifs qui a été signalé dans les rapports précédents semble se poursuivre. Le nombre annuel de rapports est passé de 2 112 à 2 499 entre 2000 et 2003. En outre, au cours des 6 premiers mois de 2004, 155 tests positifs de plus que dans les 6 premiers mois de 2003 ont été signalés.

La proportion des rapports de test positif pour le VIH qui concernent des personnes de sexe féminin ne cesse d'augmenter, atteignant 26,6 % au cours de la première moitié de 2004. Cette tendance à la hausse est particulièrement visible chez les femmes plus jeunes : 42,6 % des femmes de 15 à 29 ans et 23,9 % de celles de 30 à 39 ans ont été trouvées positives au cours des 6 premiers mois de 2004 (figure 1).

Figure 1. Proportion de femmes qui ont obtenu un résultat de test positif pour le VIH selon le groupe d'âge et l'année du test

Figure 1. Proportion de femmes qui ont obtenu
            un résultat de test positif pour le VIH selon
            le groupe d'âge et l'année du test

C'est encore parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSH) qu'on enregistre le plus grand nombre et la plus grande proportion de tests positifs pour le VIH. L'injection de drogues était la deuxième catégorie d'exposition en importance jusqu'en 1998; elle a atteint un point culminant (plus de 33 %) en 1996 et en 1997, puis a décliné pour ne plus représenter que 18 % des cas séropositifs en 2003 et durant les 6 premiers mois de 2004. À partir de 1999, la catégorie des contacts hétérosexuels a pris la deuxième place : la proportion de sujets infectés dans cette catégorie passant de 7,5 % avant 1995 à plus de 30 % en 2001 (figure 2). Dans la catégorie des contacts hétérosexuels, la proportion de tests positifs chez les personnes originaires de pays où le VIH est endémique qui s'élevait à 2,9 % en 1998 a atteint 8,6 % dans les 6 premiers mois de 2004. La proportion dans la sous-catégorie de sujets ne présentant pas d'autre facteur de risque connu que les contacts hétérosexuels est passée de 2,4 % avant 1995 à 10,9 % dans les 6 premiers mois de 2004.

Figure 2. Proportion de rapports de test positif pour le VIH selon la catégorie d'exposition et l'année du test

Figure 2. Proportion de rapports de test
            positif pour le VIH selon la catégorie
            d'exposition et l'année du test

Données de surveillance périnatale du VIH

Il importe de souligner les limites associées aux données sur les cas diagnostiqués de sida signalés durant la première moitié de 2004. Aucune donnée n'était disponible pour le Québec; ces données n'ont donc pas pu être incluses dans le sommaire national. Pour cette raison, les statistiques relatives aux tendances annuelles de même qu'aux cas diagnostiqués de sida se limitent aux données disponibles à la fin de 2003.

Au 30 juin 2004, 19 468 cas diagnostiqués de sida avaient été signalés au CPCMI. La proportion de femmes est passée de 6,1 % pour la période 1979-1994 à 25,2 % en 2003. Cette tendance à la hausse est particulièrement notable chez les 15 à 29 ans : 9,8 % de tous les cas de sida ont été diagnostiqués chez les femmes de ce groupe d'âge avant 1994 contre 41 % en 2003.

Le nombre cumulatif de cas de sida diagnostiqués est le plus élevé chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSH), mais les tendances annuelles sont à la baisse, le pourcentage étant passé de 78 % avant 1994 à 34,6 % en 2003 (figure 3). La proportion dans la catégorie combinée des contacts hétérosexuels a toutefois augmenté de 10,6 % à 44,7 % durant la même période, les principales hausses ayant été enregistrées dans les sous-catégories de sujets originaires d'un pays où le VIH est endémique et les sujets qui déclarent comme seul facteur de risque les contacts hétérosexuels (ARS/HET).

Figure 3. Proportion de cas diagnostiqués de sida qui ont été signalés, selon la catégorie de l'exposition et l'année du diagnostic

Figure 3. Proportion de cas
            diagnostiqués de sida qui ont
            été signalés, selon la
            catégorie de l'exposition et l'année du
            diagnostic

Comme le montre la figure 4, la proportion des cas de sida déclarés parmi les Canadiens de race blanche a chuté avec le temps, étant passée de 86,4 % avant 1994 à 53,8 % en 2003. Cette chute est jumelée à une hausse chez les Canadiens de race noire et les Canadiens d'origine autochtone. Les Canadiens de race noire représentaient 8,3 % des cas diagnostiqués avant 1994 et 20,7 % en 2003; durant la même période, cette proportion a grimpé de 1,3 % à 14,4 % chez les Canadiens d'origine autochtone (figure 4).

Figure 4. Pourcentage de tous les cas diagnostiqués de sida qui ont été signalés dans chaque catégorie ethnique, selon l'année du diagnostic (tous âges confondus)

Figure 4. Pourcentage de tous les cas
            diagnostiqués de sida qui ont
            été signalés dans chaque
            catégorie ethnique, selon l'année du
            diagnostic (tous âges confondus)

Interprétation

L'augmentation du nombre de rapports de test positif pour le VIH peut être due, en partie, aux changements dans les tendances relatives au dépistage du VIH, aux retards de déclaration et/ou les taux d'infection sous-jacents. Néanmoins, une partie significative peut être attribuée aux changements dans les politiques d'immigration de Citoyenneté et Immigration Canada(2) qui sont entrés en vigueur en 2002. Ces modifications comportent notamment l'ajout du test de dépistage du VIH dans le cadre de l'évaluation médicale systématique pour l'immigration et une réduction des restrictions concernant certains groupes d'immigrants (tel que la catégorie du regroupement familial et les réfugiés) qui auparavant auraient été jugés inadmissibles pour des raisons médicales à cause du fardeau excessif sur le système de soins de santé canadien.

Entre le 1er janvier 2002 et le 30 juin 2004, 772 individus ont été testés positifs pour le VIH durant l'examen médical aux fins d'immigration au Canada (Dre S. Martin, directrice intérimaire, Élaboration du programme de santé de l'immigration, Direction générale des services médicaux, Citoyenneté et Immigration Canada : communication personnelle, 2004), ce qui représente 12 % de tous les tests positifs pour le VIH durant la même période (veuillez noter : ceci exclut les personnes qui ont fait leur demande à l'extérieur du Canada et qui ont testé positif pour le VIH). Les demandeurs qui testent positif pour le VIH au Canada sont inclus dans les données de surveillance du VIH parce qu'ils sont traités de la même manière que tous les autres tests positifs pour le VIH et sont inclus dans les rapports provinciaux/territoriaux transmis au CPCMI. Ces nouvelles politiques peuvent également contribuer à certains des changements observés dans la distribution des rapports de test positif entre les différentes catégories d'exposition et dans la distribution ethnique des cas d'infection à VIH et de sida.

Autre constatation importante qui se répercutera sur l'orientation des programmes de prévention et de traitement: la proportion croissante des rapports de test positif pour le VIH enregistrée chez les femmes de tous les groupes d'âge, en particulier les plus jeunes, qui représenteront bientôt la moitié de tous les cas d'infection détectée chez les jeunes Canadiens.

Références

  1. Agence de la santé publique du Canada. Le VIH et le sida au Canada. Rapport de surveillance en date du 30 juin 2004. Division de la surveillance et de l'évaluation des risques, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, 2004.

  2. Citoyenneté et Immigration Canada. Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Lois du Canada 2001. Chapitre 27. Également disponible sur URL: <http://www.cic.gc.ca/>.

Source : J Geduld, MHSc, BSc, Division de la surveillance et de l'évaluation des risques, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Agence de santé publique du Canada.

Détails de la page

Date de modification :