Recherche qualitative originale – Le racisme envers les personnes noires durant la petite enfance : l’expérience de familles noires et d’éducateurs de la petite enfance en Nouvelle-Écosse

Revue PSPMC

Table des matières |

Emma Stirling-Cameron, M.A.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Nicholas Hickens, B. Sc.Note de rattachement des auteurs 2; Crystal Watson, M.A.Note de rattachement des auteurs 3; Barb Hamilton-Hinch, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Milena PimentelNote de rattachement des auteurs 2; Jessie-Lee D. McIsaac, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2 

https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.8.01f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs
Correspondance

Jessie-Lee McIsaac, Université Mount Saint Vincent, 166 Bedford Highway, Halifax (Nouvelle-Écosse)  B3M 2J6; courriel : Jessie-Lee.McIsaac@msvu.ca

Citation proposée

Stirling-Cameron E, Hickens N, Watson C, Hamilton-Hinch B, Pimentel M, McIsaac JLD. Le racisme envers les personnes noires durant la petite enfance : l’expérience de familles noires et d’éducateurs de la petite enfance en Nouvelle-Écosse. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2023;43(8):395-406. https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.8.01f

Résumé

Introduction. Le racisme envers les personnes noires constitue un déterminant social de la santé qui a des conséquences considérables sur les familles et les enfants noirs. Peu de travaux de recherche ont porté sur le racisme envers les personnes noires durant la petite enfance – une période cruciale du développement. Dans cette étude, nous avons cherché à comprendre comment s’exprimait le racisme envers les personnes noires durant la petite enfance et à en explorer ses conséquences pour les familles et les enfants noirs.

Méthodologie. Notre projet de recherche qualitative s’appuie sur la théorie critique de la race, la théorie critique de la situation des Noirs (appelée aussi « Black Critical Theory » ou « BlackCrit ») et la description interprétative. Des éducateurs de la petite enfance et des parents s’occupant d’enfants de 18 mois à 5 ans (n = 15) ont participé à des entrevues semi-structurées en mode virtuel.

Résultats. La conscience du racisme envers les Noirs et la volonté de s’en protéger se sont révélées être des constantes dans la vie des familles noires. Les parents interrogés avaient le sentiment de devoir faire preuve de vigilance extrême par rapport à leurs enfants noirs et de devoir les « surprotéger », sachant qu’ils risquaient de se trouver face à de la violence raciale. Le milieu de garde et d’apprentissage des jeunes enfants constituait une source importante de stress pour les familles, compte tenu du temps que les jeunes enfants y passent. Les enfants noirs étaient souvent pointés comme « différents » dans les lieux où les personnes blanches étaient en nombre supérieur et avaient été traités en objets par certains éducateurs de la petite enfance et des enfants blancs. Les parents déployaient des efforts pour insuffler à leurs enfants la confiance en soi nécessaire à la neutralisation des effets négatifs de la discrimination raciale.

Conclusion. Les résultats de cette étude semblent indiquer que les enfants, dès l’âge de 18 mois, vivent de la violence raciale et des expériences d’adversité. Nos constatations pourraient être utiles à l’élaboration de politiques de lutte contre le racisme et à des efforts ciblés en vue d’une éducation de la petite enfance plus inclusive des enfants noirs et de leurs familles.

Mots-clés : racisme envers les Noirs, éducation à la petite enfance, garde d’enfants, santé mentale, Afro‑Néo-Écossais

Points saillants

  • Notre étude qualitative avait pour but une meilleure compréhension de l’expression du racisme systémique et interpersonnel envers les Noirs et de ses effets sur les enfants afro-néo-écossais et leur famille.
  • Des enfants, dès l’âge de 18 mois, avaient vécu du racisme anti-Noirs dans leur milieu de garde, racisme qui s’exprimait par de la violence verbale, de l’intimidation et un traitement discriminatoire de la part d’éducateurs de la petite enfance.
  • Les enfants noirs étaient souvent pointés comme « différents » dans les lieux où les personnes blanches étaient en nombre supérieur et certains avaient été traités en objets par des éducateurs de la petite enfance et des enfants blancs.
  • Les milieux médicaux constituaient aussi des espaces de violence et de discrimination, les mères noires rapportant avoir été accusées de mauvais traitements par les fournisseurs de soins et signalant également des situations de maltraitance, relevant d’un racisme anti-Noirs, dont leurs enfants et elles auraient fait l’objet dans les hôpitaux.

Introduction

Il a été prouvé que le racisme, en particulier le racisme envers les Noirs, est un facteur fondamental de résultats inéquitables en matière de santé et d’éducation de la population canadienne raciséeNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4. Le racisme envers les Noirs est une forme particulière de racisme qui vise les personnes d’ascendance africaine. Il est profondément inscrit dans les institutions et les politiques canadiennes et est directement lié à l’héritage de la colonisation européenne, de la traite transatlantique des esclaves et de la ségrégation sanctionnée par l’ÉtatNote de bas de page 5. Les principes sur lesquels la société occidentale s’est érigée placent les personnes blanches dans une position de suprématie par rapport aux personnes noires, perpétuent l’injustice et renforcent les attitudes néfastes, les préjugés et la discriminationNote de bas de page 6. Les enfants d’origine africaine sont beaucoup plus susceptibles de devoir affronter de la violence et d’autres expériences défavorables en raison des répercussions durables de l’esclavage, de la ségrégation et des mauvais traitementsNote de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9. La violence raciale que vivent les jeunes enfants noirs, en particulier dans le système d’éducation et le système de santé, est disproportionnéeNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13. Plusieurs organismes pancanadiens (comme l’Académie canadienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada) qualifient de crise sanitaire d’importance le racisme envers les personnes noiresNote de bas de page 14.

Notre étude consistait à analyser l’expérience des familles afro-néo-écossaises, une communauté afro-canadienne dont l’histoire, marquée par l’adversité et les épreuves, a plus de 400 ans. La Nouvelle-Écosse compte la plus grande population noire dite de souche du Canada, certaines familles étant arrivées il y a plus de 400 ansNote de bas de page 15. Le terme « Afro-Néo-Écossais » (ANS en anglais) désigne ainsi les personnes qui s’identifient comme descendantes des loyalistes noirs, des Marrons jamaïcains, des réfugiés noirs et des travailleurs caribéens établis au cap BretonNote de bas de page 15Note de bas de page 16. Elles forment 44 % de la population de race visible en Nouvelle-Écosse et constituent 2,3 % de la population totale de la province.Note de bas de page 15Note de bas de page 16

Notre étude qualitative avait pour but la compréhension de l’expression et des effets du racisme systémique et interpersonnel envers les Noirs sur les enfants afro-néo-écossais et leur famille. Comme les travaux sur la petite enfance comme période de développement chez les enfants noirs demeurent rares, cet article est destiné à faire évoluer la recherche vers des structures équitables et à appuyer l’inclusion des enfants noirs dans les milieux de garde et les environnements de jeu. Nous avons cherché à connaître le vécu de familles noires ayant de jeunes enfants (de 18 mois à 5 ans) et d’éducateurs de la petite enfance qui s’occupent d’enfants noirs afin de mieux comprendre l’expérience du racisme et de la discrimination que vivent les enfants afro-néo-écossais au cours de la petite enfance et ses conséquences pour le bien-être des familles.

Méthodologie

Approbation éthique

Les universités participantes ont obtenu l’approbation de leur Comité d’éthique de la recherche (no 2019-168).

Plan d’étude et cadre théorique

Au cours de l’étude, nous nous sommes appuyés sur l’approche de la description qualitative, à partir d’entrevues, pour offrir une riche description de l’expérience des éducateurs de la petite enfance et des familles noiresNote de bas de page 17Note de bas de page 18. La description qualitative a offert aux chercheurs une intimité avec les données et leur a permis de se placer dans la perspective de la théorie critique de la race (TCR) et de la théorie critique de la situation des Noirs (« BlackCrit ») tout au long du processus d’entrevues et d’analyse des donnéesNote de bas de page 17. Les entrevues ont eu lieu entre juin 2021 et janvier 2022.

Ainsi, la TCR et la BlackCrit ont orienté notre projet de recherche qualitative. La TCR a été conceptualisée dans le domaine de la recherche en droit à la fin des années 1970. Elle a pour but de comprendre le racisme et l’oppression ainsi que la manière dont raceNote de bas de page * et pouvoir sont construits et reproduits au sein de la société occidentaleNote de bas de page 19. Il s’agit d’un cadre théorique et d’une perspective analytique visant à démystifier les injustices sociales dominantes auxquelles font face les personnes racisées. Sa pertinence en lien avec les systèmes et la recherche en éducation a été théorisée en 1995 par Ladson-Billings et Tate, qui ont souligné que les établissements d’enseignement étaient un lieu de domination blanche et d’oppression racialeNote de bas de page 20.

Plus récemment, Dumas et rossNote de bas de page 6 ont affiné dans le domaine de l’éducation ce qu’on peut considérer comme une subdivision de la TCR, à savoir la théorie critique de la situation des Noirs, qui porte surtout sur l’expérience des personnes noires. La BlackCrit a pour but d’expliquer les mécanismes par lesquels les politiques et les pratiques institutionnelles perpétuent la souffrance des personnes noires. La BlackCrit va au-delà du cadre de la TCR afin de cerner le racisme anti-Noirs et son expression dans les pratiques institutionnellesNote de bas de page 6. Il s’agit ainsi d’un nouvel outil d’analyse apte à expliquer les modalités et les raisons « de la marginalisation et du mépris » dans lesquels sont tenus les corps noirsNote de bas de page 6,p. 417, même dans les lieux du savoir où les récits dominants célèbrent en principe la diversité des singularités.

Si les spécialistes de diverses disciplines ont mis au point une variété de principes importants pour la TCR, nous en avons retenu cinq dans le cadre de notre étude. Il s’agit des fondements de la TCR et ils ont servi de base aux théoriciens de la BlackCrit :

  1. Le racisme est endémique, omniprésent et a contribué à façonner la société occidentaleNote de bas de page 21; le racisme et, plus particulièrement, le racisme envers les Noirs s’est répandu au fil du temps dans l’ensemble des espaces sociaux, économiques, historiques et culturelsNote de bas de page 6.
  2. Les concepts axés sur l’égalité, tels que la neutralité, l’objectivité, le rejet des particularités liées à la couleur et la méritocratie doivent être contestés, et l’équité doit être exigée.
  3. Le savoir issu de l’expérience et la valeur des récits personnels doivent être au cœur de la recherche, et le vécu des individus doit être reconnu comme une source de données essentielles.
  4. L’idéologie dominante doit être contestée, et il faut poser un regard critique sur ce qui est valorisé et normalisé.
  5. Il faut comprendre et admettre que le racisme peut interférer avec d’autres identités, telles que le genre, la situation socioéconomique et les (in)capacités, ce qui peut lui donner une forme particulière et l’amplifier.

Nous nous sommes appuyés sur les fondements de la TCR et de la BlackCrit pour concevoir le plan, les procédures et la démarche analytique de cette étude. Avec pour prémisse le fait que les voix noires ont été pour une bonne part exclues de la littérature sur le bien-être au cours de la petite enfance, nous avons choisi de mener des entrevues qualitatives individuelles afin d’analyser en profondeur l’expérience de parents d’enfants noirs. Nous avons effectué cette analyse approfondie considérant que la discrimination raciale imprégnait toutes les institutions sociales et influençait les structures et les pratiquesNote de bas de page 22. Nous avons procédé à un examen critique des récits communiqués par les familles au sujet de leur expérience dans des milieux de santé ou d’éducation et avons relevé les facteurs à l’origine de microagressions, de macroagressions et d’une normalisation de la blancheur qui sont nuisibles aux familles noiresNote de bas de page 19. Dans cet article, nous abordons aussi les conséquences particulières du racisme anti-Noirs sur les parents et les enfants en tenant compte du genre.

Critères d’admissibilité

Les parents pouvaient participer à une entrevue s’ils avaient un enfant afro-néo-écossais ayant entre 18 mois et 5 ans. Parmi les indicateurs autorisant l’admission, outre le lignage, il y avait le fait d’être né et d’avoir grandi en Nouvelle-Écosse, de vivre au sein d’une communauté noire dite de souche ou d’y avoir de la famille et de s’identifier comme « Noir de souche » ou comme « Afro-Néo-Écossais ». Les éducateurs de la petite enfance pouvaient participer à une entrevue s’ils se considéraient comme ayant une expérience professionnelle significative auprès de jeunes enfants afro-néo-écossais (de 18 mois à 5 ans, non encore inscrits à la maternelle ni à l’école primaire) ou au sein d’une communauté afro-néo-écossaise. Ils pouvaient avoir travaillé dans un centre de garde d’enfants, un service de garde en milieu familial ou un programme préscolaire.

Procédures

L’équipe de recherche a communiqué avec ses contacts au sein des communautés (établis à l’occasion de travaux antérieurs effectués par des membres de l’équipe de recherche) et avec des organismes communautaires pertinents (centres de ressources familiales, centres de garde d’enfants, bibliothèques ou des programmes de garde en milieu familial, etc.) relevant des collectivités afro-néo-écossaises récentes ou établies de longue date afin de les informer du projet de recherche et de leur demander leur appui pour la diffusion des documents de recrutement aux familles. L’information a été distribuée par l’entremise d’affiches virtuelles au sujet de l’étude, de serveurs de liste de diffusion et de bulletins, de billets dans les médias sociaux et d’affichage directement dans les bureaux des organismes. Nous avons aussi consulté les intervenants des communautés au sujet du guide d’entrevue et nous leur avons demandé leur avis sur les questions proposées.

Nous avons fait la promotion de l’étude auprès des éducateurs de la petite enfance et des parents par l’intermédiaire des médias sociaux du centre de recherche et avons ciblé, en ligne, les groupes que les familles et les éducateurs de la petite enfance des communautés visées par le recrutement étaient susceptibles de fréquenter. Nous avons demandé aux personnes intéressées à participer à l’étude de communiquer directement avec l’équipe de recherche par courriel ou téléphone. Un membre de l’équipe de recherche a communiqué avec les participants potentiels par courriel ou par téléphone afin d’obtenir leur consentement éclairé. Des entrevues semi-structurées approfondies de nature qualitative ont été menées sur Microsoft Teams (n = 3), par téléphone (n = 12) ou en personne (n = 1, dans le respect des directives de l’établissement relativement à la COVID-19 pour ce qui est de la collecte de données). Les entrevues ont duré entre 30 et 90 minutes. Les participants ont reçu en contrepartie une carte-cadeau de 40 $.

Participants

Ont participé 7 parents et 8 éducateurs de la petite enfance, qui avaient déjà participé à une vaste étude qualitative menée en 2021 portant sur les expériences de petite enfance de jeunes Afro-Néo-Écossais vivant dans des communautés avec peu d’opportunités (articles non encore publiés)Note de bas de page 23. Les participants vivaient ou travaillaient dans des collectivités urbaines ou rurales de la Nouvelle-Écosse, une province de l’Est canadien. Le tableau 1 présente les caractéristiques individuelles des participants.

Tableau 1. Caractéristiques des participants à l’étude sur le racisme vécu par les personnes noires dans la petite enfance, Nouvelle-Écosse, 2022
Éducateurs de la petite enfance Parents
Pseudonyme Identité raciale Années d’expérience Zone de travail Pseudonyme Lien avec l’enfant Collectivité Identité raciale
Deandra Noire Plus de 20 Municipalité régionale d’Halifax Imani Mère Municipalité régionale d’Halifax Noire
Olivia Blanche Moins d’une Municipalité régionale d’Halifax Michelle Mère Municipalité régionale d’Halifax Noire
Sue Noire Plus de 20 Municipalité régionale d’Halifax Kiyana Mère Municipalité régionale d’Halifax Noire
Jade Biraciale 1 Municipalité régionale d’Halifax Jasmine Mère Municipalité régionale d’Halifax Blanche
Carter Biracial Plus de 20 Municipalité régionale d’Halifax Aaliyah Mère Municipalité régionale d’Halifax Noire
Megan Blanche Plus de 10 Collectivité rurale Alicia Mère Municipalité régionale d’Halifax Blanche
Rebecca Blanche Moins d’une Collectivité rurale David Père Municipalité régionale d’Halifax Noir
Hannah Blanche 15 Municipalité régionale d’Halifax s.o. s.o. s.o. s.o.

Tous les parents participants – six mères biologiques et un père biologique – ont identifié leurs enfants comme étant afro-néo-écossais, les enfants étant soit nés en Nouvelle-Écosse, soit avec des origines néo-écossaises. Cinq parents étaient d’origine africaine, deux d’origine blanche. Tous les parents vivaient en milieu urbain. Sept éducateurs de la petite enfance se sont identifiés comme femmes, et un comme homme. Quatre étaient d’origine africaine et quatre d’origine blanche. Le nombre d’années d’expérience allait de moins d’un an à plus de 20 ans (pour une moyenne de 11 ans). Deux éducateurs de la petite enfance travaillaient en région rurale.

Analyse

Toutes les entrevues ont été enregistrées numériquement et transcrites textuellement. Nous avons employé la description interprétative pour effectuer l’analyse qualitative. Un second transcripteur a vérifié les transcriptions. La première auteure (ESC) a mené l’analyse et tous les autres membres de l’équipe ont participé au processus de révision. ESC, NH et MP ont revu toutes les transcriptions. Ces trois auteurs ont conçu ensemble une liste de codage à partir de la lecture initiale et des notes rédigées par ESC pendant et après les entrevues. Le codage a été testé et affiné plusieurs fois. ESC, NH et MP ont codé quelques transcriptions de manière indépendante, conformément à la structure de codage, afin d’assurer la cohérence du codage entre évaluateurs avant que soit effectué le codage individuel de toutes les autres transcriptions. Le contenu des citations a été étudié et condensé et plusieurs sous-thèmes provisoires ont été définis par les trois codeurs. Tous les membres de l’équipe de recherche se sont rencontrés virtuellement et ont utilisé Google JamBoard (Alphabet Inc., Mountain View, Californie, États-Unis) pour vérifier les codes et mettre au point les sous-catégories de façon collaborative. Les thèmes et les sous-thèmes définitifs ont été choisis collectivement.

Positionnement

La réflexivité fait partie intégrante de la recherche qualitative et consiste pour les chercheurs à se « positionner » dans le contexte de leur rechercheNote de bas de page 24,p. 229. Les chercheurs doivent ainsi comprendre leurs propres « préjugés, valeurs et expériences », impossibles à évacuer de l’étudeNote de bas de page 24,p. 229. La réflexivité consiste à faire de l’introspection régulièrement et à s’auto-évaluerNote de bas de page 25.

Notre équipe de recherche était constituée de six personnes. Deux des trois enquêtrices principales se sont identifiées comme femmes afro-néo-écossaises et la troisième comme femme blanche. Les autres membres de l’équipe étaient une femme blanche mère d’un enfant d’origine africaine, une femme afro-latine et un homme d’origine africaine.

Résultats

Quatre thèmes majeurs ont été sélectionnés à partir des données : 1) les effets intergénérationnels du racisme; 2) le racisme envers les personnes noires dans la petite enfance; 3) le fait que la blancheur demeure toujours la norme; 4) l’importance de l’auto-identification, des connaissances culturelles et de la défense des droits exercée par les parents.

Les effets intergénérationnels du racisme

Les parents qui participaient à l’étude, de même que les éducateurs de la petite enfance d’origine africaine, ont évoqué les effets que le racisme envers les Noirs et la discrimination raciale avaient eus sur leur propre existence d’enfant. Les parents ont communiqué leurs réflexions sur leurs expériences de jeune enfant, ainsi que sur la violence anti-Noirs qu’ils ont subie, eux et leur famille, alors qu’eux-mêmes étaient enfants. Tous les parents et les éducateurs de la petite enfance noirs ont décrit le racisme envers les Noirs comme étant monnaie courante dans la culture et la société néo-écossaises, imprégnant à peu près tous les systèmes publics, et comme une chose à laquelle ils ont été souvent confrontés. Les participants ont indiqué avoir puissamment ressenti la violence anti-Noirs dans le système d’éducation, même dans les milieux accueillant de jeunes enfants. Dans les milieux éducatifs, la violence et l’isolement étaient amplifiés par le fait que la population était majoritairement blanche et que la représentation des Noirs chez le personnel comme chez les élèves était faible. Les familles et les communautés ont senti « très tôt » les effets du racisme. Michelle (mère) nous a raconté l’expérience qu’elle avait eue en tant qu’enfant dans le système d’éducation public de la Nouvelle-Écosse :

Ma mère me raconte aujourd’hui par exemple que les professeurs lui disaient que mes cheveux étaient trop gros et qu’il faudrait me faire des nattes, pour les dompter en quelque sorte, ou que des enfants se moquaient de moi ou employaient le « mot en N ».

Les parents participants et les éducateurs de la petite enfance noirs en parlant de leur famille ont décrit les effets durables du racisme subi dans l’enfance. En raison de leur expérience, les parents savaient que leurs enfants, comme eux et leurs parents avant eux, se heurteraient un jour ou l’autre à l’injustice ou à la violence raciale. Les participants ont témoigné vivre une grande anxiété et un grand stress en tant que parents d’un enfant noir dans un milieu colonial où le racisme anti-Noirs demeure répandu.

Michelle, après nous avoir raconté la violence raciale dont elle-même avait été victime dans l’enfance, a déclaré : « Malheureusement, j’ai l’impression que mes enfants vivront probablement la même chose. » Les parents avaient le sentiment de devoir demeurer extrêmement vigilants et « surprotéger » leurs enfants, sachant que ces derniers seraient sans doute victimes un jour ou l’autre de maltraitance fondée sur la race. Aaliyah (mère) a exprimé ses inquiétudes : « Ma seule crainte est qu’il vive une forme de racisme ou simplement de discrimination en raison de sa peau. » Au cours de nos échanges avec les parents au sujet du passage de leurs enfants d’un milieu de garde au système scolaire, nous avons constaté que le racisme était leur plus grande préoccupation. Kiyana (mère) a exprimé ses inquiétudes : « C’est assurément une de mes craintes : j’ai besoin d’être rassurée quant au fait qu’il sera traité exactement de la même manière que tous les autres élèves. »

L’anxiété et l’appréhension étaient profondes chez les parents de garçons noirs, en raison de la criminalisation historique des jeunes noirs dès leur jeune âge. Plusieurs parents craignaient que leurs fils soient plus fréquemment et plus sévèrement punis, une situation susceptible de nuire à leur santé mentale et à leur motivation scolaire. Les parents ont été témoins de telles situations dans leur jeunesse et se sentaient méfiants, craignant que leurs propres enfants se trouvent face à des préjugés de cet ordre. Alicia (mère) a affirmé : « Étant donné qu’il est Noir, j’ai peur qu’il soit ciblé, qu’on le blâme pour tout. » Aaliyah nous a confié que ses anxiétés de parent d’un garçon noir avaient commencé dès qu’elle avait appris le sexe de son enfant : « Quand j’ai su que j’aurais un garçon, ces pensées stressantes se sont tout de suite manifestées. » Elle nous a aussi dit qu’elle avait l’impression que le système scolaire « s’organisait pour que [les enfants noirs] échouent ». Son raisonnement découlait des préjugés de longue date du système, selon lesquels les enfants noirs ne sont pas aussi bien éduqués, intelligents et aptes que les enfants blancs. C’est une réalité dont les parents ont pleinement conscience :

J’ai cette impression que dès lors qu’il s’agit d’enfants noirs, on saute très rapidement aux conclusions selon lesquelles ils ont un trouble d’apprentissage ou alors on les confine à un plan d’enseignement individualisé, ce qui est ma pire crainte, car les enfants qui ont ce type de plan ne peuvent pas se rendre à l’université, puisqu’ils n’ont pas eu les cours qu’il fallait. J’entends ça beaucoup, en particulier dans ma communauté : des parents qui doivent « se battre » avec les enseignants pour que leur enfant n’ait pas de plan individualisé. Ils le font parce qu’ils savent que ce type de plan nuira à la réussite des enfants plus tard dans la vie. (Aaliyah)

De nombreux parents sentaient qu’ils devaient surcompenser en raison des lacunes inévitables du milieu de garde et du système éducatif. Les parents avaient l’impression que ce système avait manqué à ses engagements envers eux, et ils avaient donc la ferme intention d’éviter cette expérience à leurs enfants. Les parents ne faisaient pas confiance aux éducateurs de leurs enfants – sauf dans quelques lieux majoritairement noirs – et étaient d’avis que « les écoles ne savent pas gérer les questions raciales » (Kiyana). Les parents avaient donc le sentiment qu’ils devaient suivre de près les éducateurs et le milieu de garde ou l’école de leurs enfants – évaluer le programme, vérifier la diversité du personnel, surveiller la participation de leur enfant et sa relation avec l’éducateur, etc. :

Mes enfants ne fréquentent pas encore l’école, mais lorsque ce sera le cas, je vais poser des questions et vérifier de mes yeux si les parents sont admis dans l’école. J’ai besoin de savoir qu’ils sont représentés et qu’ils se reconnaissent, et c’est la même chose à la garderie en fait. (Michelle)

Quelques éducateurs de la petite enfance ont fait remarquer que les parents, s’attendant à ce que leurs enfants soient négligés dans le système scolaire, insistaient pour que leurs tout-petits apprennent à compter et à lire. « Il n’avait que trois ans, et ils insistaient pour qu’il épelle son nom et trace des lettres, alors que l’enfant de cet âge n’en est pas à cette étape de son développement. Bien sûr, si l’enfant peut le faire, c’est super, mais […] on ne s’attend pas à ça de lui » (Olivia, éducatrice de la petite enfance). Ainsi, les parents sentaient qu’il était de leur responsabilité de combler le manque de possibilités dont risquaient de souffrir leurs enfants une fois à l’école. Aaliyah nous a expliqué son état d’esprit : « Nous connaissons les statistiques au sujet des enfants noirs : le fait que, pour une raison ou une autre, leurs résultats sont inférieurs à ceux des enfants blancs. Donc, c’est très important, en tout cas dans notre famille, d’inculquer [à notre fils] les compétences dont il a besoin pour réussir dans un système qui ne souhaite pas vraiment le voir réussir. »

Le racisme envers les personnes noires dans la petite enfance

Les appréhensions des parents et des éducateurs de la petite enfance à propos de la violence raciale que peuvent subir les enfants noirs découlent de leur propre expérience. Presque tous les parents et éducateurs de la petite enfance participants pouvaient se rappeler un incident raciste ayant touché leur enfant ou un autre enfant dans un milieu de garde de jeunes enfants. Il pouvait s’être agi de préjugés implicites, de propos haineux et racistes, de punitions excessives ou de profilage racial. Les expériences étaient décrites comme systémiques, dans des milieux d’éducation à la petite enfance et dans le système de santé.

Le système de santé

Plusieurs parents participants ont fait état d’expériences négatives avec le système de santé, au cours desquelles ils se sont sentis en danger, maltraités et anxieux. Les mères noires se sentaient « sous surveillance » dans les établissements de soins, risquant de subir de la discrimination raciale de la part du personnel ou du système. Ces femmes ont raconté avoir eu l’impression, dès qu’elles sont devenues mères – et même avant –, d’être traitées différemment par les fournisseurs de soins. Aaliyah nous a parlé de son accouchement : « Lorsque j’ai donné naissance à [l’enfant], je sentais que le personnel médical ne m’écoutait pas. Je crois qu’on ne s’est pas préoccupé de mes inquiétudes pendant le travail, qu’on les a rejetées du revers de la main. »

Outre le fait de ne pas s’être sentie bien traitée pendant le travail et l’accouchement, Aaliyah se souvient d’avoir entendu son infirmière employer des termes dépassés et discriminatoires. « Je me souviens d’une des infirmières […] elle a dit quelque chose comme “et ah oui, les bébés ‘de couleur’ ont cette tache pigmentaire congénitale [mélanocytose dermique congénitale]”. Et je me suis dit : “Quoi?” Je suis tombée des nues. Parce qu’elle avait dit “de couleur”. » Les mères noires dans le système de santé doivent constamment être en alerte et sans cesse s’assurer qu’elles reçoivent les soins requis et qu’elles sont respectées, mais aussi que leurs enfants sont en sécurité.

Ces interactions négatives sapent la confiance des familles envers le système de santé, et les parents ressentent par conséquent de l’anxiété lorsqu’ils doivent avoir recours à des soins. Non seulement les parents interrogés craignaient les propos racistes ou que l’on ne prenne pas au sérieux leurs problèmes, mais ils craignaient aussi que l’on prenne les blessures de leur enfant pour des signes de maltraitance.

Je crois que l’anxiété vient en partie de l’idée que, eh bien, s’il se blesse et que je dois me rendre à l’hôpital […] Vous savez, mes expériences ont été plutôt mitigées à l’hôpital; elles n’ont pas été les meilleures des expériences en tout cas […] Le simple fait que je sois une mère noire qui se rend à l’hôpital fait que je me demande : est-ce que je vais devoir m’expliquer? Comment s’est-il blessé? Toutes ces questions qu’on va me poser. (Aaliyah)

Les mères blanches d’enfants noirs, même en étant davantage privilégiées, ont été elles aussi accusées de maltraiter leurs enfants, ce qui montre bien le caractère répandu et insidieux de ce type de suppositions. Alicia nous a confié :

Il est habituel pour les enfants noirs d’avoir cette marque [tache pigmentaire congénitale] – et j’ai emmené mon fils en consultation et [l’infirmière] ne cessait pas de m’interroger […] On aurait dit qu’elle m’accusait de l’avoir blessé. La tache pigmentaire ressemble à un bleu, mais c’est une caractéristique des enfants noirs […] Elle ne connaissait pas cette caractéristique et supposait que c’était un signe de maltraitance.

Bien qu’Alicia ne soit pas elle-même noire, le simple fait que son enfant le soit éveillait des soupçons. En outre, cet exemple illustre le manque de discernement culturel et le manque de formation que reçoivent les fournisseurs de soins pour ce qui est de la prise en charge des patients racisés : en effet, bien que la tache pigmentaire congénitale soit courante chez les nourrissons non-Blancs, cette infirmière n’avait jamais entendu parler de la mélanocytose dermique congénitale.

Les milieux d’accueil des jeunes enfants

Les centres de la petite enfance sont un type de milieu où de nombreux enfants noirs ont vécu du racisme, sous forme de violence raciale, de punitions excessives ou de mauvais traitements. Plusieurs éducateurs de la petite enfance nous ont fait le récit de situations, dans leur milieu de garde, au cours desquelles des enfants avaient été victimes de violence anti-Noirs. Deandra (éducatrice de la petite enfance) nous a raconté une expérience vécue par un membre de sa propre famille : « À l’époque, il avait quatre ans et il se disputait avec un autre enfant quand ce dernier a employé le mot en N. » Aux dires de Deandra, immédiatement après l’incident, les deux enfants ont été punis et se sont vu imposer un temps d’inactivité. Le centre de la petite enfance n’a pas profité de l’occasion pour éduquer l’enfant blanc au sujet de la gravité des insultes raciales et des dommages qu’elles causent, et ses parents n’ont pas été informés de l’incident. La gravité de la situation et sa mauvaise gestion ont mené la famille de Deandra à retirer l’enfant du centre et à se tourner vers un autre lieu de garde.

Un incident similaire s’est produit dans une collectivité rurale. Megan (éducatrice de la petite enfance) a expliqué ce qui s’était produit dans sa garderie : « C’était le premier jour d’un enfant noir à la garderie, et les premiers mots qui ont été prononcés étaient ceux d’un enfant blanc qui s’est levé et s’est mis à dire en boucle : “Ta face est noire, ta face est noire, ta face est noire […]” Il a continué comme ça périodiquement pendant 2 ou 3 mois. » Les incidents étaient si fréquents que l’enfant noir s’en est trouvé bouleversé et en larmes. De plus, l’un des parents de l’enfant blanc impliqué dans cet épisode de maltraitance lié au racisme refusait d’avoir des discussions à la maison à propos des notions de race et de racisme :

[Le père] trouvait que son enfant n’avait pas besoin d’être éduqué à propos des différences culturelles […] Il trouvait que son enfant n’avait pas la maturité nécessaire pour ce type de sujet. Donc, il ne participait pas, ou plutôt il n’a jamais participé aux conversations à la maison, selon ce qu’on nous a dit. (Megan)

D’autres parents constataient que, même dans la petite enfance, leurs enfants étaient déjà excessivement punis. Des participants ont indiqué qu’ils étaient plus souvent que les autres parents avisés d’incidents impliquant leurs enfants et qu’on leur disait fréquemment que leurs enfants étaient responsables des disputes à la garderie. À propos de son expérience, Kiyana nous a dit ceci :

Je dois signer beaucoup de rapports d’incidents, et parfois, j’ai comme l’impression d’un ton négligent. Ils ne sont pas tous vraiment négatifs, mais je trouve parfois que le ton est négatif par rapport aux actes de mon fils […] Il n’y a pas vraiment de propos racistes, mais à ce que je sache, les autres [parents] ne reçoivent pas de rapports d’incidents.

Alicia a aussi mentionné recevoir des appels à la maison et devoir discuter avec les éducateurs de la petite enfance au moment de récupérer son fils à propos d’incidents l’ayant impliqué pendant la journée. Son enfant se voyait souvent attribuer la responsabilité de ce qui s’était passé, malgré le fait qu’il n’avait pas été l’instigateur du conflit mais plutôt la victime, comme Alicia s’en est rendue compte par la suite. Elle nous a dit : « À la garderie, la remontrance se portait très vite sur lui, quoi qu’il arrive […] Donc, encore une fois, en raison de sa couleur de peau, on lui faisait des ennuis, et ce n’est pas bien. Lorsqu’un enfant à la peau claire dit quelque chose à un enfant noir, qu’un enfant blanc provoque un enfant noir, c’est toujours l’enfant noir qui est puni. »

La blancheur demeure toujours la norme

Les participants sont entrés dans les détails de la menace perpétuelle que représente le racisme envers les Noirs et ont indiqué que le « regard blanc » était lourd et leur donnait l’impression que la blancheur était la norme. En dehors des communautés noires établies de longue date ou composées à majorité de personnes noires, les familles et les enfants se sentaient souvent « pointés comme différents ». Ce sentiment avait pour corollaire une anxiété chez les parents par rapport au caractère approprié de l’éducation donnée à leurs enfants. Les parents et beaucoup d’éducateurs de la petite enfance savaient que les milieux de garde d’enfants et les écoles primaires étaient rarement aussi inclusifs et représentatifs de la diversité qu’ils l’auraient souhaité. Non seulement, peu d’éducateurs étaient noirs, mais bon nombre des enfants fréquentaient des garderies en compagnie essentiellement de blancs. Les parents avaient une conscience aiguë du fait que leur enfant pouvait être l’un des rares enfants racisés de sa classe, ce qui est d’ailleurs la réalité pour de nombreuses familles un peu partout dans la province. Michelle a décrit pour nous le peu de diversité à la garderie de son fils : « À la garderie qu’il va fréquenter, un seul membre du personnel sur huit et un seul autre enfant sont afro-néo-écossais. »

Les parents savaient que cette situation aurait des conséquences pour leurs enfants, que ceux-ci pourraient se sentir en danger ou ignorés. Deandra (éducatrice à la petite enfance) a eu une conversation avec un parent dont l’enfant noir fréquentait une autre garderie, où il n’y avait aucun Noir parmi le personnel, et nous a fait part du récit de ce parent. « “Lorsque j’ai récupéré mon enfant l’autre jour, son nez coulait, et il avait le teint terreux. Je ne sais pas si le personnel sait ce que cela signifie.” » Plusieurs parents ont aussi raconté que les cheveux de leurs enfants étaient perçus comme singuliers et que les autres enfants avaient tendance à vouloir les manipuler. Alicia a dit :

La maîtresse est venue me voir, tout enthousiaste, pour me dire qu’elle avait laissé les autres enfants toucher ses cheveux. Parce que ses cheveux sont différents, n’est-ce pas? Vous voyez, ils se sont amusés aujourd’hui à toucher ses cheveux. J’ai évidemment trouvé ça honteux; allons, comme s’il était une espèce de… Enfin, j’étais bouleversée.

Les parents noirs ont aussi évoqué leur propre enfance dans des milieux majoritairement blancs. Ils avaient alors le sentiment qu’ils devaient s’adapter, adapter leur apparence et leurs comportements, afin de s’intégrer dans un milieu normatif blanc, en particulier dans les établissements scolaires. Ils ont raconté qu’ils avaient alors peur d’être jugés, intimidés ou traités différemment des autres et que l’on attendait d’eux qu’ils se conforment aux normes blanches dominantes. Ainsi, pour éviter les conflits, on était encouragé à se conformer aux normes associées à une idéologie blanche. Kiyana nous a parlé de son enfance dans les termes suivants :

Alors oui, ce sont des choses qu’elle, ma mère, me disait quand j’étais petite : « Oh et ne fais pas comme ceci, parce qu’on ne voudrait pas que les Blancs pensent cela […] » C’était la peur des stéréotypes, d’être vus selon un stéréotype de Noir négatif, ou le simple fait de vouloir s’intégrer ou de vouloir en quelque sorte être comme les Blancs.

Or, aujourd’hui, avec leurs enfants, les parents veulent dépasser ce point de vue selon lequel le fait d’être blanc est la normalité. Les parents, et de nombreux éducateurs de la petite enfance, souhaitent que les milieux soient accueillants, sûrs et inclusifs, et que la spécificité noire de leurs enfants soit célébrée plutôt que tolérée. Kiyana nous a parlé des espoirs qu’elle entretient pour ses enfants :

J’espère qu’ils ne se sentiront pas différents, qu’ils considéreront leur propre aspect comme normal et qu’ils ne se sentiront pas considérés comme « autres » ni isolés de quelque façon que ce soit. J’espère qu’ils verront de la diversité et sauront que celle-ci est normale et qu’être blanc n’est pas la norme, car c’est actuellement encore très manifeste dans la société : la blancheur demeure la normalité. Je pense vraiment que les milieux éducatifs doivent lutter contre ce point de vue.

Kiyana a aussi mentionné la grande influence qu’ont les milieux éducatifs sur les enfants. Compte tenu du temps considérable que les enfants passent en milieu de garde et à l’école, la culture qui y est mise en valeur contribue de façon centrale à leur développement socioaffectif, à leur sécurité et à leur bien-être.

L’importance de l’auto-identification, des connaissances culturelles et de la défense des droits exercée par les parents

Sachant qu’ils élèveraient leurs enfants dans des milieux souvent à majorité blanche et dépourvus de diversité, les parents croyaient que la meilleure façon de soutenir leurs enfants consistait à favoriser chez eux la confiance en soi et la fierté d’être Noir. Les parents agissaient à la maison pour neutraliser les sentiments anti-Noirs qui continuent de régner dans la société occidentale :

Je suis d’avis qu’il serait négatif de ramener le point de vue selon lequel on est moins bien que… que les personnes blanches. Je veux simplement qu’il se sente confiant et libre, qu’il soit lui-même et n’essaie pas de se modérer ni de diluer son identité pour plaire aux autres. (Kiyana)

Les familles ont indiqué que, selon elles, ces conversations et l’affirmation de l’identité noire pourraient contribuer à protéger leurs enfants des conséquences de la discrimination raciale et à leur donner la force de dépasser la tendance à se conformer aux attentes des personnes blanches et à la norme blanche. Les parents ont dit parler à leurs enfants de la beauté et du caractère unique de leur peau et de leurs cheveux, afin de stimuler leur confiance et de leur donner une image positive d’eux-mêmes. David (père) nous a raconté les rituels de sa famille à la maison et l’importance de l’affirmation de l’identité noire : « Souvent, lorsqu’elle est assise avec notre fille, ma femme lui parle de ses cheveux et de la couleur de sa peau, et elle lui rappelle que les familles dont elle est issue sont des familles très fières. »

Les familles savent qu’il y a une limite à ce qu’elles peuvent faire pour protéger leurs enfants, alors elles profitent des moments ensemble à la maison pour célébrer l’identité noire et en parler. Michelle (mère) s’est fait l’écho de cette idée selon laquelle il est important de mettre en place un milieu familial sûr, qui aide les enfants à s’assumer : « Je crois qu’il faut leur donner des bases solides à la maison, qu’ils sachent qui ils sont comme personnes noires, chez eux d’abord, puis construire à partir de ça. » Les parents ont exprimé la conviction selon laquelle le fait d’inculquer à leurs enfants la confiance en leur propre valeur, leur identité et leur héritage constitue un facteur de protection. Imani (mère) a déclaré : « Mon mari et moi sommes des personnes confiantes et nous tentons d’inculquer cette confiance à nos enfants, car elle permet de se prémunir contre bien des agressions. » Les parents ont mentionné avoir la ferme conviction que si, grâce à leur aide, leurs enfants aiment en eux les caractéristiques susceptibles de les rendre vulnérables à la discrimination dans leur environnement, ils pourraient être plus résilients face aux conséquences sanitaires et sociales qui découlent souvent des vécus de racisme.

Analyse

Notre étude est l’une des premières à avoir analysé l’impact et les manifestations du racisme envers les jeunes enfants noirs et leurs familles au Canada. Les enfants noirs de moins de 5 ans et leurs parents se heurtent à une myriade de traumas liés à leur origine raciale, qui ont des conséquences sur la santé mentale des parents et sur leurs interactions avec les membres des secteurs de la santé, de l’éducation et des services à la famille. Les parents noirs interrogés, ayant eux-mêmes vécu des traumas liés à leur origine raciale tout au long de leur existence, avaient le sentiment de devoir faire preuve de vigilance extrême par rapport à leurs enfants noirs et de devoir les « surprotéger », sachant que ces derniers risquaient de se trouver face à une violence raciale similaire.

Le système d’éducation, dont le milieu de garde et d’apprentissage des jeunes enfants, constituait une importante source de stress pour les familles, compte tenu du temps que les jeunes enfants y passent. Les parents ont indiqué vivre de l’anxiété à propos de la sécurité de leurs enfants et se sont dits surinvestis dans les soins à ces derniers, souhaitant éviter que leurs enfants soient maltraités. Les parents et les éducateurs de la petite enfance noirs ont fait valoir que les milieux de la petite enfance, et la société occidentale dans son ensemble, continuaient de tenir aux normes blanches. Les enfants noirs étaient souvent ramenés à leur « différence » dans le contexte de lieux où les personnes blanches étaient en nombre supérieur, et certains avaient été brimés et considérés en tant qu’objets par les éducateurs de la petite enfance blancs et des enfants blancs dès l’âge de 18 mois. Les parents participants ont cherché à inculquer à leurs enfants, dès le plus jeune âge, un fort sentiment de confiance en soi et de fierté, afin de neutraliser les stéréotypes, la discrimination raciale et leurs conséquences sur la santé.

En ce qui concerne les familles noires établies au Canada depuis longtemps, le racisme anti-Noirs, qu’il ait été systémique ou direct, a eu des effets intergénérationnels. Au cours de notre étude et d’études antérieures menées en Nouvelle-Écosse, les Afro-Néo-Écossais ont désigné le racisme comme étant un élément important de préoccupation pour leur famille et les communautés noires de l’ensemble de la provinceNote de bas de page 26Note de bas de page 27. Au cours de notre étude, les parents ont évoqué la persistance en eux des traumas liés à leur origine raciale vécus pendant leur jeunesse. À l’heure où ils sont devenus parents, les participants interrogés étaient inquiets quant au passage de leurs enfants d’âge préscolaire dans les milieux officiels de garde et d’éducation des jeunes enfants. Les participants ressentaient, en tant que parents, le besoin d’être très engagés dans l’éducation de leurs enfants afin de prévenir ou de corriger toute situation de racisme, d’intimidation ou d’effacement culturel pouvant survenir tout au long de leur parcours, ayant eux-mêmes subi les effets de ces situations dans leur jeunesse. Ainsi, les parents se trouvent devant la nécessité à la fois de gérer leurs propres traumas liés au racisme et de veiller à la sécurité et au bien-être de leurs enfants.

La réalité dépeinte par les participants corrobore les données d’autres travaux de recherche menés à l’échelle locale, qui ont fait état de la nature insidieuse du stress lié au racisme en général et ses conséquences sur la vie des femmes noires en particulierNote de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28Note de bas de page 29. Il convient de noter que la quasi-totalité des parents qui participaient à notre étude étaient des mères. Les femmes noires se trouvent souvent face au cliché de la « femme noire forte » et aux pressions qui y sont associées et qui leur imposent d’assurer la santé et la longévité de leur famille et de leur communauté, en plus de veiller à leur propre santé et à leur propre longévitéNote de bas de page 27Note de bas de page 29. Le fardeau de porter leurs propres traumas de racisme tout en maternant leurs enfants noirs ébranle la santé des femmes noires. Les femmes afro-néo-écossaises ont déclaré souffrir de symptômes physiologiques par suite de fréquentes situations de racisme, en particulier de la fatigue, de l’hypertension et des migrainesNote de bas de page 26, ainsi qu’un mal-être, sous la forme d’une faible estime de soi et d’anxiétéNote de bas de page 28. Bien que l’on dispose de peu de données épidémiologiques au sujet de la santé mentale des mères au Canada, les données des États-Unis corroborent ces comptes rendus personnels.

Aux États-Unis, les mères noires ayant vécu du racisme ont fait état d’un stress parental accru, causé par une surcharge de facteurs de stress et par des symptômes dépressifsNote de bas de page 30. Cette situation crée un cercle vicieux de vécu de racisme par la mère et de problèmes de santé chez l’enfant, ce qui perpétue le cycle des traumas intergénérationnelsNote de bas de page 31Note de bas de page 32. Les conséquences sociopsychologiques de la répétition des situations de discrimination vécues par la mère sont néfastes pour l’enfant, car, en modifiant les comportements de la mère, elles nuisent à l’harmonie de la dyade mère-nourrissonNote de bas de page 31Note de bas de page 33Note de bas de page 34. Une telle perturbation peut avoir des conséquences négatives sur l’attachement des enfants aux parents, les horaires de sommeil et le développement socioaffectif.Note de bas de page 31Note de bas de page 34 Une analyse de données plus abondantes tenant compte de la race est nécessaire si on veut mieux expliquer les conséquences du stress racial que vivent les femmes noires en contexte canadien.

Les déclarations des parents et des éducateurs de la petite enfance qui participaient à notre étude contenaient des détails sur des incidents alarmants de comportements racistes directement à l’endroit d’enfants d’âge préscolaire, donc parfois d’à peine 18 mois. Les expériences négatives dans l’enfance, en particulier les situations de discrimination raciale, ont des conséquences durables sur le rendement scolaire des enfants, sur leur santé ainsi que sur leur stabilité socioéconomique et leur emploi futursNote de bas de page 32Note de bas de page 35. Les expériences défavorables dans l’enfance sont associées à un risque accru de trouble stress post-traumatique, de troubles liés à la consommation de substances, de comportements à risque et de perturbations du développement, ainsi qu’à une plus grande utilisation des services de santéNote de bas de page 36. Cet article rend compte de l’un des premiers projets de recherche au Canada à décrire la violence raciale vécue dans les milieux d’apprentissage des jeunes enfants, à la suite de l’essor de la recherche sur le sujet aux États-Unis. Ainsi, les interventions et les changements de politiques doivent avoir lieu dès la petite enfance, afin que les enfants noirs puissent apprendre et grandir dans des milieux culturellement sûrs.

Les enfants et les familles d’origine noire à qui nous nous sommes intéressés ont aussi vécu de la discrimination raciale lorsqu’ils utilisaient les services de santé et d’éducation de la petite enfance. Le racisme envers les Noirs est profondément inscrit dans les institutions, les politiques et les pratiques canadiennesNote de bas de page 1Note de bas de page 7. Le système d’éducation canadien a un lourd passé de maltraitance envers les enfants noirs, au cours duquel l’éducation offerte à ces derniers était différente de celle offerte aux enfants blancs et de qualité inégale à celle-ciNote de bas de page 37. D’autres études menées dans les provinces atlantiques ont fait état de multiples exemples de punitions excessives et de traitements spécifiques, de nombreuses écoles élémentaires entretenant des milieux sans diversité et offrant des programmes qui ignorent les voix noires et l’histoire afro-canadienneNote de bas de page 10. Selon nos constatations, les enfants se heurtent à des actes de discrimination systémique du même ordre au niveau préscolaire.

De plus, il est évident que les mères noires et leurs enfants éprouvent des difficultés à obtenir des soins de santé reproductive et infantile exempts de risque et appropriés, ce qui nuit encore au bien-être des enfants noirs et de leur famille. Le racisme envers les Noirs au sein du système de santé a aussi causé àa la population canadienne noire des injustices considérables sur le plan de la santéNote de bas de page 38. Aux États-Unis, le taux de morbidité maternelle est trois fois plus élevé chez les femmes noires que chez les femmes blanchesNote de bas de page 39, et le taux de mortalité infantile est deux fois plus élevé chez les nourrissons noirs que chez les nourrissons blancsNote de bas de page 40. En outre, toujours aux États-Unis, les nouveau-nés noirs pris en charge par des médecins noirs présentent un taux de mortalité considérablement moindre, ce qui montre bien l’influence potentiellement fatale du racisme envers les Noirs dans ce paysNote de bas de page 41. Cependant, peu d’études au Canada ont porté sur le racisme envers les Noirs dans le système de santé en général et en pédiatrie en particulier.

Malgré la présence persistante et insidieuse du racisme envers les Noirs au Canada, les familles noires continuent de s’épanouir. La force de la communauté, les efforts de défense des droits menés par les parents et la résilience des leaders et des éducateurs noirs ont contribué à modifier le statu quo. Les populations afro-néo-écossaises résistent à la violence coloniale depuis plus de 400 ans, grâce à un profond sens de l’histoire et de la tradition, au fait que leurs communautés sont très unies, ainsi qu’à une fierté familiale et culturelleNote de bas de page 15Note de bas de page 27. Les parents noirs qui participaient à notre étude ont souligné à quel point il était essentiel de stimuler l’estime de soi de leurs enfants par l’affirmation de l’identité noire et par des discussions au sujet des origines de leur famille, ainsi que de la beauté et de la force des personnes noires. Les parents étaient d’avis qu’un fort sentiment de fierté personnelle et de fierté noire pouvait contribuer à protéger les enfants contre les conséquences néfastes du racisme. D’autres recherches menées auprès de différentes communautés afro-néo-écossaises attestent de l’importance de la résilience familiale, des liens au sein des communautés et de la spiritualitéNote de bas de page 42. La littérature étatsunienne a d’ailleurs révélé que, pour les enfants noirs, l’affirmation de l’identité raciale et une conception favorable (une vision positive) de sa propre race ont une action protectrice contre le sentiment d’exclusion fondée sur la raceNote de bas de page 43 et le déclenchement ultérieur de symptômes dépressifsNote de bas de page 44.

Points forts et limites

Cet article fait état d’expériences dont ont été personnellement témoins les parents et les éducateurs de la petite enfance en ce qui concerne les enfants noirs vivant en Nouvelle-Écosse. L’approche qualitative nous a permis de mieux expliquer le contexte entourant les expériences négatives que vivent les enfants noirs aux premières étapes de leur développement. De plus, cet article illustre bien la complexité des facteurs interreliés constitutifs de l’expérience des familles noires et ouvre la porte à la définition des causes et des lacunes en ce qui concerne les situations qui prévalent dans les milieux de la petite enfance et d’autres établissements publics. Les thèmes de cet article sont illustrés par des exemples de la manière dont la santé et le bien-être des enfants noirs sont affectés.

Malgré l’ampleur des données recueillies et analysées, notre étude n’est pas exempte de limites. D’abord, bien que nous ayons axé notre étude sur les expériences vécues par des Afro-Néo-Écossais pendant la petite enfance, notre échantillon n’était pas complètement représentatif de cette population, fait attribuable à la difficulté de recruter des familles noires s’identifiant comme des Afro-Néo-Écossais. Nous avons ainsi dû élargir nos critères d’admissibilité aux parents d’enfants noirs et aux éducateurs de la petite enfance qui s’occupaient d’enfants noirs.

Ensuite, en raison du critère de l’âge des enfants à l’étude, la cohorte s’est avérée moins nombreuse que prévu. Néanmoins, nous avons eu l’impression que le point de saturation des données était atteint, puisque les mêmes thèmes, idées et expériences commençaient à revenir dans les discours des parents et éducateurs de la petite enfance.

Enfin, l’échantillon de l’étude comprenait essentiellement des femmes et était axé sur des personnes d’une seule province, vivant pour la plupart en zone urbaine. Des études futures pourraient explorer, à l’échelle nationale, les expériences vécues par les enfants noirs et leur famille au cours de la période de développement qu’est la petite enfance et analyser les particularités des expériences en fonction de l’emplacement géographique ou des ressources et établissements accessibles.

Conclusion

Dans l’ensemble, nos constatations semblent indiquer que les enfants d’âge préscolaire sont exposés au racisme sous trois formes : les traumas intergénérationnels liés à l’origine raciale, la maltraitance interpersonnelle liée à l’origine raciale et la discrimination ou les mauvais traitements systémiques. La petite enfance est une période clé du développement et de la croissance du cerveau, qui jette les bases de la santé et du développement tout au long de la vie. L’exposition à un stress chronique nuisible causé par de fréquents incidents d’origine raciste contribue à la disparité entre les races pour ce qui est des maladies chroniques plus tard dans la vie, problème encore aggravé par l’inaccessibilité des soins, perpétuant ainsi le cycle des traumas intergénérationnels au sein des familles noires et, par conséquent, les iniquités sur le plan de la santé et que se creuse le fossé en matière d’opportunités et de réalisations.

Recommandations

Au vu des données recueillies et des points de vue d’experts, nous offrons plusieurs recommandations. Les intervenants des milieux scolaires, institutionnels et gouvernementaux doivent reconnaître la présence du racisme envers les Noirs, le considérer comme une urgence sanitaire et reconnaître qu’il nuit considérablement à la santé infantileNote de bas de page 38. Les systèmes d’éducation et de santé doivent aller au-delà de leurs conceptions occidentales de la santé et de la réussite des études et auraient avantage à mettre en œuvre des principes afrocentristes et des cadres conceptuels antiracistesNote de bas de page 45Note de bas de page 46. Les établissements scolaires doivent mettre au point des programmes axés sur la compréhension du racisme et de ses effets, la déconstruction des stéréotypes et des préjugés et l’adoption d’humilité et de sécurité culturellesNote de bas de page 38Note de bas de page 45Note de bas de page 47. Les établissements et les programmes médicaux et scolaires doivent œuvrer à favoriser l’embauche et le maintien en poste d’étudiants et d’employés issus de la diversité raciale et ethnique par la mise en œuvre de politiques fructueuses portant par exemple sur les mécanismes d’affirmation de l’identité, la dispense des frais de scolarité et des cohortes et volets réservés à certains groupes raciauxNote de bas de page 9Note de bas de page 47Note de bas de page 48Note de bas de page 49Note de bas de page 50. Enfin, les gouvernements doivent donner la priorité à la collecte de données ventilées en fonction de la race et veiller à ce que l’information en question fasse l’objet de rapports réguliers, accessibles à la populationNote de bas de page 14Note de bas de page 38.

Remerciements

Les chercheurs souhaitent présenter leurs respects sincères aux parents et aux éducateurs qui ont mis leur temps et leurs connaissances au service de la compréhension des expériences vécues par les jeunes enfants noirs en Nouvelle-Écosse. Cette étude a été financée par une bourse du Réseau de recherche interuniversitaire du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance de la Nouvelle-Écosse, et a été entreprise en partie grâce au financement du Programme des chaires de recherche du Canada.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

ESC : enquête, organisation des données, analyse formelle, rédaction de la première version du manuscrit, gestion du projet. NH : organisation des données, analyse formelle, relectures et révisions du manuscrit. CW : conception, méthodologie, acquisition du financement, relectures et révisions du manuscrit. MP : organisation des données, analyse formelle, relectures et révisions du manuscrit. BHH : conception, méthodologie, acquisition du financement, relectures et révisions du manuscrit. JLM : conception, enquête, méthodologie, acquisition du financement, ressources, supervision, gestion du projet, relectures et révisions du manuscrit.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

Table des matières |

Détails de la page

Date de modification :