Synthèse des données probantes – Bilan sur le marketing des aliments malsains auprès des enfants et des adolescents au Canada : un examen de la portée
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Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Date de publication : août 2022
ISSN: 2368-7398
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Monique Potvin Kent, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Farah Hatoum, M.H.P.Note de rattachement des auteurs 2; David Wu, B. Sc. méd.Note de rattachement des auteurs 3; Lauren Remedios, B. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Mariangela Bagnato, B. Sc. S.Note de rattachement des auteurs 1
https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.8.01f
Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.
Rattachement des auteurs
Correspondance
Monique Potvin Kent, École d’épidémiologie et de santé publique, Faculté de médecine, Université d’Ottawa, 600, croissant Peter-Morand, pièce 301J, Ottawa (Ontario) K1G 5Z3; tél. : 613-562-5800, poste 7447; courriel : monique.potvinkent@uottawa.ca
Citation proposée
Potvin Kent M, Hatoum F, Wu D, Remedios L, Bagnato M. Bilan sur le marketing des aliments malsains auprès des enfants et des adolescents au Canada : un examen de la portée. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2022;42(8):347-359. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.8.01f
Résumé
Introduction. Le marketing des boissons et des aliments malsains dans différents médias et différents contextes contribue à la mauvaise alimentation des enfants. En 2019, le gouvernement du Canada a recommandé l’introduction de nouvelles restrictions sur le marketing alimentaire auprès des enfants. Cet examen de la portée vise à fournir une évaluation à jour de la fréquence du marketing alimentaire auprès des enfants et des jeunes au Canada, ainsi que de l’exposition des enfants à ce type de marketing dans différents médias et différents contextes afin de cerner les lacunes dans la recherche.
Méthodologie. Pour cet examen de la portée, nous avons utilisé plusieurs stratégies de recherche pour recenser les travaux pertinents issus de la littérature grise et de la littérature évaluée par les pairs publiés entre octobre 2016 et novembre 2021. Deux examinateurs ont passé en revue l’ensemble des résultats.
Résultats. Au total, 32 articles pertinents ont été recensés : 28 publications évaluées par les pairs et 4 articles provenant de la littérature grise. La majorité des études (n = 26) portaient sur la fréquence du marketing alimentaire et 6 études s’intéressaient à l’exposition réelle au marketing alimentaire. La plupart des travaux étaient axés sur les enfants de l’Ontario et du Québec ainsi que sur la télévision et les médias numériques. Peu de recherches ont été menées sur le marketing alimentaire auprès des enfants en fonction de l’âge, de la situation géographique, du sexe/genre, du groupe ethnique ou du statut socioéconomique.
Conclusion. Selon les résultats de notre synthèse, le marketing des aliments malsains auprès des enfants et des adolescents est très répandu et les politiques d’autoréglementation actuelles sont insuffisantes pour réduire la présence de ce type de marketing. Des recherches évaluant la fréquence du marketing alimentaire et l’exposition des enfants d’âge préscolaire, des enfants et des adolescents à ce type de marketing doivent être menées dans différents médias et différents contextes pour orienter les futures politiques gouvernementales.
Mots-clés : obésité, enfants, adolescents, marketing alimentaire, environnement alimentaire, Canada, politique, autoréglementation
Points saillants
- Le marketing alimentaire auprès des enfants et des adolescents au Canada est très fréquent. Bien que les enfants soient exposés au marketing des aliments malsains dans différents médias, les données probantes sur le sujet sont limitées.
- La plupart des recherches portent sur la fréquence d’exposition, sur les enfants de l’Ontario et du Québec et sur la télévision et les médias numériques.
- Des recherches sont nécessaires pour analyser la fréquence du marketing alimentaire et l’exposition des enfants d’âge préscolaire, des enfants et des adolescents au marketing en fonction de la situation géographique, des médias et de la population cible.
Introduction
Au Canada, l’obésité infantile a augmenté de façon significative au cours des quatre dernières décennies, avec environ 14 % des enfants canadiens souffrant d’obésitéNote de bas de page 1. La même tendance est observable un peu partout dans le monde, le taux d’obésité infantile étant au moins huit fois plus élevé aujourd’hui qu’il y a quarante ansNote de bas de page 2. La mauvaise qualité de l’alimentation est un facteur qui contribue à l’obésité, et les enfants canadiens ont du mal à respecter les recommandations alimentaires établies dans le Guide alimentaire canadienNote de bas de page 3. Des études récentes ont révélé que l’alimentation des enfants canadiens est pauvre en fruits et légumes mais riche en sucre, en sodium et en gras saturésNote de bas de page 3Note de bas de page 4.
La mauvaise alimentation des enfants est associée au marketing malsain des aliments et des boissons (ci-après appelé le « marketing alimentaire »)Note de bas de page 5. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le terme « commercialisation », utilisé comme synonyme de « marketing », désigne « toute forme de communication commerciale ou de message commercial conçu dans le but ou ayant pour effet d’accroître la reconnaissance, l’attrait ou la consommation de produits et de services particuliers »Note de bas de page 6. Les enfants sont exposés au marketing alimentaire dans différents médias, tels que la télévision, les médias numériques et les emballages de produits, ainsi que dans les écoles et les autres lieux où ils se réunissentNote de bas de page 7.
L’incidence du marketing alimentaire est fonction à la fois de l’exposition aux publicités et de la force des publicitésNote de bas de page 6. L’exposition fait référence à la portée, à la fréquence (également appelée « exposition potentielle ») et à l’impact du message, tandis que la force correspond au contenu, à la conception et à l’exécution du messageNote de bas de page 6. La fréquence, ou exposition potentielle, comprend toutes les publicités qu’une personne peut voir sur un support précis, tandis que l’exposition réelle englobe toutes les publicités réellement vues par une personne, ce qu’il est possible de mesurer par des méthodes d’autodéclaration, ou encore par des données mesurées sur les médias ou une technologie de suivi oculaire, qui sont plus précisesNote de bas de page 8.
Les enfants sont particulièrement vulnérables aux techniques de persuasion utilisées dans le marketing alimentaire parce que, souvent, ils n’ont pas les capacités cognitives nécessaires pour comprendre l’intention du marketingNote de bas de page 9. Par ailleurs, les produits commercialisés auprès des enfants sont généralement pauvres en nutriments et riches en énergieNote de bas de page 10.
Au Canada, le marketing alimentaire est principalement autoréglementé par les Normes de la publicité et l’industrie des aliments et des boissons par le biais de l’Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinée aux enfants (IPE)Note de bas de page 11. Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur (LPC) interdit depuis 1980 le marketing alimentaire auprès des enfants de moins de 13 ansNote de bas de page 12. Selon les données issues d’un examen de la portée qui a été mené au sujet de l’incidence de la réglementation en matière de marketing alimentaire, la LPC n’a apporté que des améliorations mineures en ce qui concerne la force et la fréquence du marketing alimentaire auprès des enfants au Québec, et des failles subsistent dans la LPCNote de bas de page 7. Ailleurs au Canada, aucun changement positif n’a été observé dans le marketing alimentaire à la suite de l’IPENote de bas de page 7.
En raison de l’inefficacité de la réglementation actuelle au Canada, le projet de loi S‑228, visant à interdire le marketing alimentaire ciblant les enfants de moins de 13 ans, a été présenté au Sénat du Canada en 2016Note de bas de page 13. Bien que ce projet de loi ait été adopté par la Chambre des communes et le Sénat, il n’a pas reçu l’approbation finale du Sénat avant la dissolution du Parlement en 2019. En décembre 2019, dans sa lettre de mandat à la ministre de la Santé, le premier ministre a de nouveau recommandé l’introduction de nouvelles restrictions sur le marketing alimentaire auprès des enfants au CanadaNote de bas de page 7. Compte tenu de l’adoption prochaine de dispositions réglementaires sur le marketing alimentaire, il est essentiel d’effectuer une analyse comparative des niveaux d’exposition actuels des enfants au marketing des aliments malsains dans différents médias et différents contextes. Un travail de recherche de ce type va fournir des données de référence indispensables pour d’éventuelles évaluations des politiques.
L’examen le plus récent des données probantes sur le marketing alimentaire ciblant les enfants au Canada portait sur les recherches publiées en anglais entre janvier 2000 et septembre 2016Note de bas de page 7. Dans le cadre de son examen, ProwseNote de bas de page 7 a constaté que les données probantes concernant l’exposition des enfants au marketing des aliments malsains se limitaient à la télévision et aux emballages de produits. De plus, l’examen a conclu que la réglementation canadienne ne réduisait ni l’exposition des enfants au marketing alimentaire ni la force de ce dernierNote de bas de page 7. Même si les plateformes médiatiques traditionnelles comme la télévision restent populairesNote de bas de page 14, l’utilisation croissante des médias numériquesNote de bas de page 15 soulève des inquiétudes quant aux différentes façons dont les enfants sont susceptibles d’être exposés au marketing alimentaireNote de bas de page 7. L’augmentation observée du temps passé devant les écrans pendant la pandémie de COVID‑19 contribue également au risque d’exposition des enfantsNote de bas de page 16. C’est pourquoi l’examen du marketing alimentaire destiné aux enfants sur les médias numériques et dans d’autres contextes non traditionnels, en plus des médias traditionnels, est devenu un point d’intérêt pour la recherche.
Cet examen visait à fournir une évaluation à jour des travaux de recherche publiés en anglais et en français sur l’exposition des enfants canadiens au marketing alimentaire dans différents médias afin de cerner les domaines où d’autres recherches sont nécessaires. L’objectif était d’observer la fréquence (exposition potentielle) et l’exposition réelle au marketing des aliments et des boissons en fonction de la population cible, ainsi que la diversité, la distribution par média et la distribution géographique.
Méthodologie
Nous avons réalisé un examen de la portée de la littérature évaluée par les pairs et de la littérature grise publiées entre octobre 2016 et novembre 2021. Comme l’indiquent Arksey et O’MalleyNote de bas de page 17, l’examen de la portée est la méthode qui convient le mieux pour rassembler un vaste éventail de données probantes et cerner les lacunes de la recherche dans la littérature. Avant d’effectuer les recherches, nous avons élaboré une stratégie de recherche détaillée pour la littérature évaluée par les pairs et la littérature grise. Nous avons conçu et appliqué le protocole d’examen conformément aux lignes directrices PRISMA-ScR (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses extension for Scoping Reviews)Note de bas de page 18, et nous l’avons préenregistré auprès de l’Open Science Framework (enregistrement : https://doi.org/10.17605/OSF.IO/EG2CP) afin d’accroître la transparence de la recherche et d’éviter le chevauchement des efforts de recherche.
Critères d’admissibilité
Nous avons inclus dans l’examen tous les articles parus dans des revues évaluées par les pairs et tous les écrits provenant de la littérature grise qui portaient sur le marketing alimentaire auprès des moins de 18 ans et qui avaient été publiés en anglais ou en français. Nous avons choisi le groupe d’âge des moins de 18 ans car l’élaboration de restrictions en matière de marketing alimentaire visant à protéger les enfants s’appliquait à l’origine aux moins de 18 ans au Canada, et les efforts actuels de surveillance du marketing alimentaire de Santé Canada se concentrent sur ce groupe d’âgeNote de bas de page 12Note de bas de page 19.
Pour les rapports issus de la littérature grise, nous n’avons pris en compte que les recherches originales, excluant donc les rapports de conformité. Une liste complète des critères d’admissibilité est présentée dans le tableau 1.
Critères d’admissibilité | Critères d’exclusion |
---|---|
Publication entre octobre 2016 et novembre 2021 | Articles de journaux, documents de travail, actes de congrès ou chapitres de livres |
Données canadiennes | Publication à l’extérieur du Canada |
Recherche originale | Recherche non originale |
Données probantes à propos de la fréquence (exposition potentielle) du marketing alimentaire ou de l’exposition des enfants ou des adolescents au marketing alimentaire et de la force du marketing alimentaire auprès des enfants (moins de 18 ans) | Rapports de conformité (p. ex. le rapport des Normes de la publicité évaluant l’application de l’IPE parmi les entreprises participantes) |
En anglais ou en français | Dans des langues autres que l’anglais ou le français |
Abréviation : IPE, Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinée aux enfants |
Sources d’information et stratégie de recherche
Nous avons procédé à une recherche systématique dans les huit bases de données universitaires suivantes afin de répertorier les résultats pertinents évalués par les pairs : Ovid MEDLINE/PubMed, Web of Science, Scopus, ProQuest ABI/INFORM, ProQuest Canadian Business & Current Affairs (CBCA), Ovid Embase, Ovid PsycINFO et EBSCO Cumulative Index to Nursing & Allied Health Literature (CINAHL). Les chaînes de recherche utilisées pour les bases de données universitaires (disponibles sur demande auprès des auteurs) ont été élaborées avec l’aide d’une bibliothécaire universitaire spécialisée dans les sciences de la santé. La recherche dans les bases de données électroniques a été effectuée au moyen de termes en anglais uniquement. Tous les résultats obtenus par la recherche ont été importés dans Covidence (Veritas Health Innovation, Melbourne, Australie)Note de bas de page 20, un logiciel Web utilisé pour les revues systématiques, et les doublons ont été automatiquement supprimés.
Pour recenser la littérature grise pertinente, nous avons élaboré un plan composé de quatre stratégies de recherche différentes : 1) bases de données de littérature grise, 2) recherches sur Google, 3) sites Web ciblés et 4) consultation d’experts. Les stratégies relatives à la littérature grise ont été adaptées à partir de celles utilisées par Godin et ses collaborateursNote de bas de page 21. La première stratégie a consisté en une recherche dans les bases de données de littérature grise en anglais et en français (les noms des bases de données sont disponibles sur demande auprès des auteurs). Les recherches n’ont donné aucun résultat répondant aux critères d’admissibilité, que ce soit en anglais ou en français.
La deuxième stratégie applicable à la littérature grise a consisté en deux recherches avancées sur Google (filtres « pdf seulement » et « tous les formats de fichier »). Les termes de recherche utilisés en anglais et en français sont présentés dans le tableau 2. Nous n’avons vérifié que les dix premières pages de résultats pour la recherche de sites pertinents. Nous avons utilisé l’application Bookmark Manager pour conserver les documents potentiellement pertinents. Nous avons répété le même processus pour la seconde recherche sur Google, mais en utilisant le filtre « tous les formats de fichier ». La troisième stratégie relative à la littérature grise a consisté à rechercher les sites Web ciblés qui avaient été recensés dans les recherches précédentes sur Google.
Nous avons ensuite communiqué avec des experts en la matière pour leur demander s’il nous manquait des documents pertinents et si les résultats de notre recherche de littérature grise étaient exhaustifs : cette démarche n’a fourni aucun nouveau résultat.
Sujet | Termes de recherche en anglais | Termes de recherche en français | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
1 : Aliments et boissons | « food », « nutrition », « beverage », « drink » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OR » | Termes de recherche combinés à l’opérateur « AND » | « alimentaire », « nutrition », « boisson » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OU » | Termes de recherche combinés à l’opérateur :« ET » |
2 : Marketing | « marketing », « advertisement », « advertising » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OR » | « marketing », « publicité » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OU » | ||
3 : Enfants |
« child », « children », « adolescent », « teen », « youth » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OR » | « enfant » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OU » | ||
4 :
Canada |
« Canada » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OR » | « Canada » | Termes de recherche combinés à l’opérateur : « OU » |
Sélection des études
Deux examinateurs (FH et DW) ont passé en revue tous les résultats évalués par les pairs en utilisant Covidence. L’examen des résultats de la recherche réalisée dans les bases de données électroniques universitaires s’est déroulé en deux phases. D’abord, les deux examinateurs (FH et DW) ont analysé de façon indépendante le titre et le résumé de chaque article à l’aide des critères d’admissibilité prédéfinis, tout désaccord étant résolu par consensus. Ensuite, ils ont évalué le texte intégral des articles potentiels pour déterminer leur admissibilité. Les désaccords ont également été résolus, par discussion ou par consultation d’une troisième examinatrice (LR) au besoin. Tous les articles qui n’avaient pas été éliminés à l’étape de l’analyse du texte intégral ont été inclus dans l’étude.
Deux examinatrices indépendantes (LR et MB) ont passé en revue tous les résultats de la recherche de littérature grise en anglais et en français, et les doublons ont été supprimés. La figure 1 résume le processus de sélection des études pour la littérature évaluée par les pairs et la littérature grise, selon les lignes directrices en matière de présentation de rapports PRISMA‑ScRNote de bas de page 18.
Extraction des données et synthèse des résultats
Après l’analyse des résultats, une examinatrice (FH) a extrait les données de chaque article. Les données extraites ont été l’auteur et l’année de publication, le type de publication, le lieu, la période de collecte des données, la population (enfants d’âge préscolaire [jusqu’à 5 ans], enfants [6 à 12 ans] et adolescents [13 à 17 ans]) et les principaux résultats liés à la fréquence de l’exposition des enfants et des jeunes au marketing alimentaire. Un second examinateur (DW) a validé les données extraites. Les résultats ont ensuite été regroupés par mesure de résultat : soit la fréquence de la publicité, soit l’exposition réelle à la publicité.
Résultats
Au total, 32 articles pertinents ont été recensés. Le tableau 3 offre une synthèse, selon la mesure de résultat (fréquence du marketing alimentaire ou exposition au marketing alimentaire), des 35 études extraites des 32 publications et classe les études par média ou contexte. Plus de la moitié des articles (n = 28) sont des publications évaluées par les pairs et 4 sont issus de la littérature grise. Presque tous les articles décrits (n = 30) sont des études transversales, dont une étude transversale répétée. Au total, 27 études portaient sur la fréquence du marketing alimentaire et 8 sur l’exposition réelle au marketing alimentaire au Canada.
Média ou contexte | Fréquence (exposition potentielle) | Exposition | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre d’études | Lieu | Population | Période de collecte des données | Nombre d’études | Lieu | Population | Période de collecte des données | |
Télévision | 3 | CanadaNote de bas de page 22 | Enfants d’âge préscolaire, enfants, adolescents | 12 mois (2018) | 4 | Montréal (Québec)Note de bas de page 25 | Enfants d’âge préscolaire et enfants | 1 mois en 2011, 1 mois en 2016 et 1 mois en 2019 |
CanadaNote de bas de page 23 | Enfants d’âge préscolaire, enfants, adolescents | 12 mois (2018) | Toronto (Ontario)Note de bas de page 24 | Enfants d’âge préscolaire et enfants | 1 mois en 2011, 1 mois en 2013, 1 mois en 2016 et 1 mois en 2019 |
|||
CanadaNote de bas de page 10 | Enfants | 12 jours (2017) | Toronto (Ontario)Note de bas de page 26 | Adolescents | 1 mois en 2011, 1 mois en 2013 et 1 mois en 2016 |
|||
CanadaNote de bas de page 27 | Adolescents | 12 mois (2014) | ||||||
Médias numériques | 4 | Sites Web canadiensNote de bas de page 30 | Enfants | 12 mois (2015) | 3 | Ottawa (Ontario)Note de bas de page 32 | Enfants et adolescents | 2017 |
Sites Web canadiensNote de bas de page 28 | Enfants d’âge préscolaire et enfants | 12 mois (2015-2016) | Ottawa (Ontario)Note de bas de page 33 | Enfants et adolescents | 2017 | |||
Sites Web canadiensNote de bas de page 31 | Enfants | 6 mois (2017) | CanadaNote de bas de page 27 | Adolescents | 12 mois (2014) | |||
Sites Web canadiensNote de bas de page 29 | Enfants | 12 mois (2015-2016) | ||||||
Emballages | 8 | Ville de Québec et Montréal (Québec)Note de bas de page 34 | Enfants | 2016, 2018, 2019 | 0 | – | – | – |
CanadaNote de bas de page 35 | Enfants | 2013 | ||||||
Sites Web canadiensNote de bas de page 36 | Enfants | 2 mois (2018) | ||||||
Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 37 | Enfants | 2 mois (2015-2016) | ||||||
Toronto (Ontario)Note de bas de page 38 | Enfants | 2013 | ||||||
Calgary (Alberta)Note de bas de page 39 | Enfants | 2009 et 2017 | ||||||
Ottawa (Ontario) et Gatineau (Québec)Note de bas de page 40 | Enfants | 2015 | ||||||
QuébecNote de bas de page 41 | Enfants | 6 mois (2018-2019) | ||||||
Écoles et milieux scolaires | 2 | Colombie-Britannique, Ontario et Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 42 | Enfants d’âge scolaire primaire et secondaire | 3 mois (2016) | 0 | – | – | – |
Vancouver (Colombie-Britannique)Note de bas de page 43 | Enfants d’âge scolaire primaire et secondaire | 1 jour en juin (2015) | ||||||
1 jour en septembre (2015) | ||||||||
Cinémas | 2 | Ottawa (Ontario)Note de bas de page 44 | Enfants d’âge préscolaire, enfants et adolescents | 4 mois (2019) | 0 | – | – | – |
QuébecNote de bas de page 45 | Enfants | 9 mois (2018-2019) | ||||||
Clubs sportifs et établissements sportifs et récréatifs | 3 | Ottawa (Ontario)Note de bas de page 48 | Enfants d’âge préscolaire, enfants et adolescents | 4 mois (2018) | 0 | – | – | – |
Colombie-Britannique, Alberta, Ontario et Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 47 | Enfants | 6 mois (2015-2016), 4 mois (2017) |
||||||
Colombie-Britannique, Alberta, Ontario et Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 46 | Enfants | 6 mois (2015-2016) | ||||||
Restaurants | 2 | QuébecNote de bas de page 50 | Enfants | 2 mois (2019) | 0 | – | – | – |
Sud-ouest de l’OntarioNote de bas de page 49 | Enfants | 3 mois | ||||||
Fêtes ou autres événements | 2 | QuébecNote de bas de page 45 | Enfants | 6 mois (2018-2019) | 0 | – | – | – |
Ottawa (Ontario)Note de bas de page 51 | Enfants et adolescents | 1 mois (2019) | 0 | – | – | – | ||
À l’extérieur | 1 | London (Ontario)Note de bas de page 52 | Adolescents | 3 mois (2020) | 0 | – | – | – |
En format imprimé | 0 | – | – | – | 1 | CanadaNote de bas de page 27 | Adolescents | 12 mois (2014) |
Nombre total d’études | 27 | – | – | – | 8 | – | – | – |
Remarques : Le nombre total d’études est supérieur à 32, car il y a eu parfois plusieurs études dans une même publication. |
La littérature incluse a pour thème la fréquence du marketing alimentaire ou l’exposition au marketing alimentaire à la télévisionNote de bas de page 10Note de bas de page 22Note de bas de page 23Note de bas de page 24Note de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27, dans les médias numériquesNote de bas de page 27Note de bas de page 28Note de bas de page 29Note de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33, sur les emballagesNote de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 37Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 41, à l’écoleNote de bas de page 42Note de bas de page 43, au cinémaNote de bas de page 44Note de bas de page 45, dans les milieux sportifsNote de bas de page 46Note de bas de page 47Note de bas de page 48, au restaurantNote de bas de page 49Note de bas de page 50, dans les fêtes ou autres événements familiauxNote de bas de page 45Note de bas de page 51, à l’extérieur (panneaux d’affichage, abribus, etc.)Note de bas de page 52 et en format impriméNote de bas de page 27. Parmi toutes les études incluses, seulement cinq ont été menées en dehors de l’Ontario ou du Québec.
La figure 2 détaille le nombre d’études incluses par population cible et par média ou contexte.
Figure 2 - Équivalent textuel
Groupe | Nombre d’études | ||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Télévision | Médias numériques | Emballages | Écoles et milieux scolaires | Cinémas | Établissements sportifs et récréatifs | Restaurants | Fêtes ou autres événements | À l'extérieur | En format imprimé | Total | |
Enfants d'âge préscolaire | 4 | 1 | 0 | 0 | 1 | 1 | 0 | 1 | 0 | 0 | 8 |
Enfants | 5 | 5 | 8 | 2 | 2 | 3 | 2 | 2 | 0 | 1 | 30 |
Adolescents | 4 | 2 | 0 | 1 | 1 | 1 | 0 | 1 | 1 | 0 | 11 |
Fréquence et exposition en lien avec marketing des aliments et des boissons dans différents médias
Télévision
Trois études ont porté sur la fréquence du marketing alimentaire télévisé auprès des jeunes, mais les différences dans la méthodologie utilisée et dans les périodes de collecte des données rendent difficile la comparaison des taux de publicités entre ces études. Les données annuelles provenant des chaînes de télévision montrent que, en 2018, les taux de publicités alimentaires étaient considérablement différents dans le groupe des enfants d’âge préscolaire (jusqu’à 5 ans), des enfants (6 à 12 ans) et des jeunes (13 à 17 ans), allant de 0,6 à 3,3 publicités par heureNote de bas de page 23. La même équipe de recherche a déterminé que plus de la moitié des publicités diffusées pendant les émissions pour enfants étaient produites par des entreprises participant à l’IPENote de bas de page 22.
Selon une étude internationale portant sur l’exposition potentielle des enfants à la publicité alimentaire télévisée, les données recueillies sur une période de 12 jours sur les 3 principales chaînes pour enfants au Canada ont montré que 25 % des publicités de l’échantillon concernaient des aliments et des boissons et que le Canada, avec son taux de 10,9 publicités alimentaires par heure sur les chaînes pour enfants, a l’un des taux les plus élevés au mondeNote de bas de page 10.
L’exposition réelle des enfants et des adolescents au marketing alimentaire télévisé au Canada a été mesurée de manière objective, par le biais de données sur les téléspectateurs (n = 3) ou par autodéclaration (n = 1). À Toronto (Ontario), l’exposition des enfants (2 à 11 ans) et des adolescents (13 à 17 ans) a diminué au fil du temps malgré l’augmentation de la fréquence du marketing alimentaire à la télévisionNote de bas de page 24Note de bas de page 26. Des tendances similaires en matière d’exposition ont également été observées chez les enfants (2 à 11 ans) à Montréal (Québec)Note de bas de page 25. Les enfants et les adolescents de Toronto et les enfants de Montréal semblent être exposés à des catégories d’aliments malsains similaires, comme les repas‑minute ainsi que les boissons et les collations sucréesNote de bas de page 24Note de bas de page 25Note de bas de page 26.
Hammond et ReidNote de bas de page 27 ont réalisé un sondage en ligne pour évaluer l’exposition autodéclarée aux publicités de boissons énergisantes à la télévision. Chez les jeunes de 12 à 14 ans, 59 % (233 sur 393) ont déclaré avoir déjà vu une publicité de boisson énergisante à la télévision et, chez les jeunes de 15 à 17 ans, 56,2 % (348 sur 620).
Médias numériques
Pour ce qui a trait à la fréquence du marketing alimentaire dans les médias numériques, les sites Web étaient le seul média étudié. Deux études ont comparé la présence de contenu en ligne destiné aux enfants sur les sites d’entreprises participant à l’IPE et d’entreprises n’y participant pasNote de bas de page 30Note de bas de page 31. Les deux études ont révélé que la participation à l’IPE n’empêchait pas les entreprises de commercialiser des produits destinés aux enfants (définis comme étant des produits qui présentent des caractéristiques à l’intention des enfants) ni d’inclure et de promouvoir des initiatives de responsabilité sociale d’entreprise conçues pour cibler les enfants en soutenant des programmes alimentaires dans les écoles ou des programmes sportifs pour enfants sur le site de l’entrepriseNote de bas de page 30Note de bas de page 31.
D’autres études ont fait état de résultats variables en ce qui concerne la fréquence du marketing alimentaire en ligne. Deux études ont révélé que le marketing alimentaire était fréquent sur les 10 sites Web préférés des enfants (2 à 11 ans) et des adolescents (12 à 17 ans), avec environ respectivement 54 millions (sites Web préférés des enfants) et 14,4 millions (sites Web préférés des adolescents) de publicités d’aliments et de boissons signalées pour la seule période de juin 2015 à mai 2016Note de bas de page 28Note de bas de page 29. La plupart des publicités affichées sur les deux types de sites Web concernaient des aliments et des boissons classés comme contenant une quantité excessive de matières grasses, de sodium ou de sucres libresNote de bas de page 28Note de bas de page 29.
Trois études se sont intéressées à l’exposition réelle des jeunes au marketing alimentaire numériqueNote de bas de page 27Note de bas de page 32Note de bas de page 33. Deux études menées par Potvin Kent et ses collaborateursNote de bas de page 32Note de bas de page 33 ont mesuré l’exposition des enfants et des adolescents au marketing alimentaire pendant des périodes de 10 minutes sur des applications de jeux (93 participants, âgés de 6 à 16 ans) et sur les médias sociaux (101 participants, âgés de 7 à 16 ans). Les enfants et les adolescents utilisant les médias sociaux étaient exposés à des publicités alimentaires plus souvent que ceux utilisant des applications de jeux (en moyenne, 111 fois par semaine, comparativement à 2,8 fois par semaine, respectivement)Note de bas de page 32Note de bas de page 33. Dans les deux cas, les enfants et les adolescents étaient le plus souvent exposés au marketing de repas-minute, de boissons sucrées et de bonbons ou de chocolatNote de bas de page 32Note de bas de page 33.
Hammond et ReidNote de bas de page 27 ont mesuré l’exposition autodéclarée des adolescents aux publicités de boissons énergisantes et ont constaté que plus du tiers des jeunes de 12 à 17 ans avaient vu des publicités de boissons énergisantes sur les médias sociaux : 35,6 % (140 sur 393) des jeunes de 12 à 14 ans et 39,3 % (244 sur 620) des jeunes de 15 à 17 ans ont déclaré avoir vu des publicités de boissons énergisantes en ligneNote de bas de page 27.
Emballages
Huit études ont évalué la proportion et les types d’aliments et de boissons faisant couramment l’objet d’une promotion dans le milieu de la vente au détail. Dans la plupart des études, le marketing de produits ciblant les enfants était apparentNote de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 41. Par exemple, dans la base de données du Food Label Information Program 2013 (FLIP 2013) de l’Université de Toronto, près de 5 % des 15 200 produits de supermarché emballés qui y sont consignés avaient recours à au moins une technique de marketing considérée comme destinée aux enfantsNote de bas de page 35.
Trois études ont constaté que les céréales pour déjeuner étaient un produit qui faisait fréquemment l’objet de publicités à l’intention des enfantsNote de bas de page 34Note de bas de page 39Note de bas de page 41. ElliottNote de bas de page 39 a mesuré une hausse du volume de produits céréaliers destinés aux enfants dans deux supermarchés sur une période de 8 ans (de 31 sur 354 à 59 sur 374). L’importance du marketing des céréales pour déjeuner par rapport aux autres catégories d’aliments est étayée par des recherches caractérisant spécifiquement le marketing des céréales pour déjeuner ciblant les enfants. Les résultats d’une étude ont révélé que près du cinquième des 262 céréales pour déjeuner vendues dans les supermarchés d’Ottawa (Ontario) et de Gatineau (Québec) pouvaient être considérées comme destinées aux enfantsNote de bas de page 40. Ces céréales étaient également trois fois plus susceptibles d’être classées comme « moins saines » que les céréales non destinées aux enfants et avaient une teneur en sodium et en sucres libres beaucoup plus élevéeNote de bas de page 40.
Ailleurs au CanadaNote de bas de page 36Note de bas de page 38, notamment à Montréal et à Québec (Québec)Note de bas de page 34, des conclusions similaires ont été faites sur le caractère malsain des aliments et des boissons qui font fréquemment l’objet de publicités auprès des enfants. Parmi les produits ayant recours à des techniques de marketing destinées aux enfants qui sont consignés dans la base de données FLIP 2013, Mulligan et ses collaborateursNote de bas de page 35 ont déterminé que la majorité (727 sur 747) relevaient de la catégorie des produits dont le marketing auprès des enfants est restreint compte tenu des critères nutritionnels de Santé Canada. Kholina et ses collaborateursNote de bas de page 37 ont constaté que des produits « moins sains », par exemple les grignotines et les boissons sucrées mais non les céréales pour déjeuner, faisaient l’objet d’une forte promotion auprès des enfants et étaient exposés de manière plus visible dans 47 épiceries et 59 dépanneurs de Nouvelle-Écosse.
Fréquence et exposition en lien avec le marketing des aliments et des boissons dans différents contextes
Écoles
On manque de données sur le marketing alimentaire à l’intérieur et à proximité des écoles au Canada. Une seule étude récente a porté sur la fréquence du marketing alimentaire dans les écoles et cette étude a établi qu’au moins un type de marketing alimentaire avait été rapporté dans 83,7 % (129 sur 154) des écoles primaires et secondaires (n = 154) en Colombie-Britannique, en Ontario et en Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 42. Les écoles primaires étaient plus susceptibles que les écoles secondaires de signaler la vente d’aliments de marque tels que de la pizza, du chocolat et des repas-minute. Les écoles secondaires, quant à elles, étaient plus susceptibles d’indiquer la présence de marketing alimentaire dans l’enceinte de l’école, des étalages de produits alimentaires et la conclusion d’accords de commercialisation exclusifs avec des entreprises alimentaires.
Une étude s’est intéressée au marketing alimentaire dans les environs des écoles. Les résultats de l’étude de Velazquez et de ses collaborateursNote de bas de page 43 confirment la prévalence du marketing d’aliments peu nutritifs autour des écoles de Vancouver (Colombie‑Britannique). Presque toutes les écoles (22 sur 26) participant à l’étude comptaient au moins une publicité d’aliments ou de boissons dans un rayon de 400 mètres, et 5 des 26 écoles comptaient 50 publicités ou plus dans leur voisinage immédiatNote de bas de page 43. La majorité des publicités alimentaires faisaient la promotion de produits ne respectant pas les lignes directrices provinciales sur l’alimentation en milieu scolaireNote de bas de page 43.
Cinémas
Deux études portaient sur le marketing alimentaire provenant de diverses sources dans les cinémas, dont les publicités affichées sur les lieux et celles diffusées avant la projection des films pour enfantsNote de bas de page 44Note de bas de page 45. Les résultats de ces deux études indiquent qu’un grand nombre de publicités alimentaires, en particulier pour des aliments malsains habituellement vendus dans les cinémas, comme le maïs soufflé, les boissons gazeuses, les bonbons et le chocolat, font l’objet d’une promotion à la fois dans les espaces communs des cinémas et avant le début des films pour enfantsNote de bas de page 44Note de bas de page 45. Par exemple, 1 999 publicités alimentaires ont été recensées dans sept cinémas d’Ottawa (Ontario), et 241 publicités ont été pu être observées avant la projection de 28 films pour enfants sur une période de 4 moisNote de bas de page 44. Or toutes ces publicités étaient considérées comme ne pouvant faire l’objet d’un marketing auprès des enfants, selon le modèle de profil nutritionnel de l’Organisation mondiale de la santéNote de bas de page 44. Les placements de produits dans les films peuvent également représenter une petite partie de l’exposition potentielle des enfants aux publicités alimentairesNote de bas de page 45.
Clubs sportifs
Cet examen a permis de recenser trois études axées sur le marketing alimentaire dans les clubs sportifs et les établissements sportifs et récréatifs. Deux études ont confirmé que le marketing des aliments et des boissons était fréquent dans les établissements sportifs et récréatifs, surtout dans les concessions alimentaires, les aires de sport et d’autres lieuxNote de bas de page 46Note de bas de page 47. Le nombre médian de publicités alimentaires observées dans 16 établissements récréatifs de l’Ontario sur une période de 6 mois a été d’environ 29Note de bas de page 47. Dans ces milieux, le marketing alimentaire prend plusieurs formes, notamment des affiches, des panneaux et des placements de produitsNote de bas de page 46. Sur 51 établissements sportifs et récréatifs étudiés en Alberta, en Ontario et en Nouvelle-Écosse, le marketing alimentaire était présent dans 98 % (49 sur 50) des établissements, et plus de la moitié de l’ensemble des publicités alimentaires ont été considérées comme « moins saines »Note de bas de page 46.
Les clubs sportifs pour enfants offrent également des possibilités de marketing alimentaire auprès des enfants. Une étude a révélé que, sur 67 clubs sportifs pour enfants d’Ottawa (Ontario), 40 % (27 sur 67) ont obtenu une forme ou une autre de commandite par des entreprises alimentaires, les restaurants rapides représentant 41 % de ces commanditesNote de bas de page 48.
Restaurants
Deux articles traitaient du marketing alimentaire dans les restaurants. Selon les résultats de ces études, une combinaison de stratégies est utilisée pour faire du marketing auprès des enfants dans les restaurants. Une étude portant sur 20 restaurants au Québec a noté l’utilisation fréquente des emballages de repas et d’aliments ainsi que des promotions dans les restaurants (affiches, présentoirs de jouets, etc.) comme outil de marketing dans les restaurants rapidesNote de bas de page 50. Dans les restaurants familiaux, le marketing alimentaire était surtout présent sur les menus pour enfants et incluait l’utilisation du marketing de marqueNote de bas de page 49Note de bas de page 50. Aucune des deux études n’a été conçue pour mesurer l’exposition réelle des enfants à ces types de marketing alimentaire.
Fêtes ou autres événements
Parmi toutes les études incluses dans cet examen, seulement deux portaient sur le marketing alimentaire lors d’événements familiaux. La Coalition québécoise sur la problématique du poids s’est penchée sur le marketing dans 18 fêtes familiales, parcs d’attractions et centres de ski sur une période de 6 mois et, bien que les résultats tendent à indiquer une amélioration générale de la fréquence de la publicité alimentaire dans les fêtes familiales, les aliments malsains font l’objet d’une forte promotion dans les parcs d’attractions et la publicité destinée aux enfants demeure apparente dans ces trois lieux et événements familiauxNote de bas de page 45. Une étude a porté sur l’étendue du contenu de type marketing alimentaire associé aux médias sociaux : les utilisateurs étaient responsables de la plupart des publications de type marketing associées à un événement familial (comparativement aux entreprises ou à d’autres sources de publications) et les enfants étaient fréquemment mis en vedette dans ces publications sur les médias sociauxNote de bas de page 51.
Dans l’environnement extérieur
Une étude a utilisé les coordonnées GPS (système mondial de localisation) recueillies à partir d’une application mobile pour surveiller auprès de 154 adolescents (13 à 18 ans) la proximité de publicités extérieures, par exemple des publicités dans des abribus, des affiches au niveau de la rue et des publicités sur des panneaux d’affichage (n = 97) pendant 3 mois. Les données recueillies ont révélé que la plupart des adolescents avaient été exposés à au moins une publicité pendant cette périodeNote de bas de page 52.
En format imprimé
Il existe peu d’études sur le marketing alimentaire en format imprimé. Le sondage en ligne réalisé par Hammond et ReidNote de bas de page 27 a révélé que 22,4 % (88 sur 393) des adolescents de 12 à 14 ans et 28,6 % (177 sur 620) de ceux de 15 à 17 ans ont déclaré avoir déjà vu une publicité d’aliments ou de boissons dans un magazine ou un journal.
Analyse
Cet examen de la portée révèle que le marketing alimentaire auprès des enfants et des adolescents est répandu au Canada, comme en témoigne le vaste éventail de médias et de contextes dans lequel on l’observe. Même si les études incluses dans cet examen semblent indiquer que les médias numériques et la télévision sont des sources importantes d’exposition réelle des enfants à des publicités malsaines, les données probantes sur le sujet demeurent limitées. Les résultats de cet examen montrent également que les produits alimentaires moins sains, comme les grignotines, les boissons sucrées et les repas-minute, font couramment l’objet de promotion dans différents médias et différents contextes, ce qui concorde avec les résultats d’études canadiennes antérieuresNote de bas de page 7. Cet examen met en lumière que, au-delà de ces résultats, on manque de travaux de recherche portant sur le marketing alimentaire auprès des enfants en fonction de l’âge, de la situation géographique, du sexe/genre, du groupe ethnique ou du statut socioéconomique.
Médias étudiés
La télévision, les médias numériques et les emballages dominent la recherche en marketing alimentaire : plus de la moitié des études recensées se concentrent exclusivement sur ces types de médias. Le niveau de marketing alimentaire observé à la télévision et dans les médias numériques est particulièrement préoccupant compte tenu du fait que les jeunes canadiens passent beaucoup de temps devant un écran, avec 47 % des jeunes de 5 à 17 ans passant plus de 2 heures par jour devant un écranNote de bas de page 53. À cela s’ajoute une hausse exponentielle de l’utilisation des médias sociaux et d’Internet chez les jeunes, ce qui offre à l’industrie alimentaire des possibilités encore plus grandes de cibler les enfants et les adolescentsNote de bas de page 15. La recherche donne également à penser que les influenceurs des médias sociaux sont une source de plus en plus populaire pour faire la promotion de produits alimentaires ciblant les jeunesNote de bas de page 15Note de bas de page 53. Toutefois, aucune étude ne s’est penchée sur l’exposition des enfants au marketing des aliments malsains par les influenceurs des médias numériques.
Cet examen met aussi en évidence le peu de recherches au-delà des médias traditionnels et numériques, ce qui va dans le même sens que les résultats du précédent examen de la portée réalisé par ProwseNote de bas de page 7. Dans son examen, Prowse soulignait en effet également la nécessité de disposer de données probantes sur le marketing alimentaire dans d’autres médias fréquemment utilisés par les enfants, afin d’approfondir la compréhension des sources d’exposition des jeunes au marketing des aliments et des boissons. Même si une des études incluses dans cet examen portait sur l’exposition au marketing alimentaire dans les applications de jeux, l’exposition sur d’autres plateformes de jeux pour enfants et adolescents, comme les jeux sur ordinateur ou les jeux d’arcade, est moins connue. Il s’agit d’un domaine de recherche important étant donné que les jeunes canadiens passent en moyenne 0,75 heure par jour à jouer à des jeux vidéoNote de bas de page 15.
Cet examen a permis de rassembler des données probantes sur le marketing alimentaire en format imprimé et en milieu extérieur. S’il est vrai que la littérature récente inclut ces médias, à la différence de la littérature d’avant 2016Note de bas de page 7, il n’en demeure pas moins que les données probantes sont limitées, ce qui gêne la formulation d’interprétations sur l’étendue du marketing alimentaire dans ces catégories. Des travaux de recherche réalisés en Nouvelle-Zélande ont également permis de constater que les espaces publics, par exemple les panneaux dans la rue et les devantures de magasins, sont une source importante d’exposition des enfants à la publicité d’aliments malsainsNote de bas de page 54Note de bas de page 55. Les recherches futures devraient aussi s’intéresser au marketing imprimé, au marketing extérieur (comme les panneaux d’affichage, le mobilier urbain ou l’habillages d’autobus) et au marketing radiophonique, qui peuvent promouvoir des produits destinés aux enfants.
Contextes étudiés
Les données probantes sur les différents contextes dont il est question dans cet examen montrent que les aliments et les boissons malsains font souvent l’objet d’une promotion dans des lieux fréquentés par les enfants, comme les écoles et les cinémas. Les travaux axés sur ces contextes sont extrêmement utiles, et il y aurait lieu d’approfondir les recherches sur le sujet pour documenter l’exposition réelle des enfants au marketing alimentaire dans ces contextes. Le peu d’études sur le marketing alimentaire dans d’autres contextes ayant une incidence sur les enfants, notamment les centres de loisirs, les clubs sportifs ou les dépanneurs, met en évidence les lacunes considérables dans les connaissances qui doivent être comblées afin de pouvoir éclairer la conception des politiques dans le domaine.
Population cible étudiée
Les enfants ont été évalués dans tous les contextes faisant l’objet de cet examen (télévision, médias numériques, emballages, écoles, cinémas, clubs sportifs, restaurants et fêtes ou autres événements). Cependant, on manque de données probantes sur le marketing alimentaire auprès des enfants d’âge préscolaire et auprès des adolescents dans les écoles, les restaurants et les fêtes ou autres événements.
Les travaux de recherche décrits dans cet examen ciblaient surtout les enfants, les adolescents n’étant inclus que dans 25 % (9 sur 32) de l’ensemble des publications. Les enfants d’âge préscolaire étaient rarement inclus (moins de 15 % de toutes les études), et presque aucune étude ne traitait du marketing alimentaire destiné à l’un ou l’autre de ces groupes d’âge. La majorité des études récentes sur le marketing à la télévision portaient sur les adolescents, tandis que la plupart des recherches sur le marketing numérique et le marketing sur les emballages alimentaires portaient sur les enfants. Le peu d’attention accordée aux enfants en dehors de la tranche d’âge des 6 à 12 ans a été relevé dans la littérature canadienne sur le marketing alimentaire : ProwseNote de bas de page 7 a constaté l’absence notable d’études axées sur les enfants d’âge préscolaire et les adolescents avant 2016. Or la jeune enfance et l’adolescence constituent des étapes cruciales dans l’acquisition des habitudes alimentairesNote de bas de page 5. Les adolescents sont souvent exclus des mesures réglementaires applicables au marketing alimentaire destiné aux enfants. Un récent examen de la portée de la recherche qui se concentre sur le marketing alimentaire auprès des adolescents a également souligné le manque d’études portant exclusivement sur les populations adolescentes et l’accent mis sur la publicité télévisée destinée aux jeunesNote de bas de page 56. Une analyse comparative de l’exposition des adolescents au marketing alimentaire dans différents médias et différents contextes aidera à justifier leur protection et leur inclusion dans les futures restrictions sur le marketing.
Distribution géographique étudiée
Les travaux de recherche sur le marketing alimentaire auprès des enfants au Canada ont été principalement menés en Ontario et au Québec. Parmi les études incluses, seulement quatre portaient sur le Québec. Il est nécessaire d’effectuer d’autres recherches pour estimer la fréquence de ce type de marketing et l’exposition réelle à ce type de marketing au Québec, notamment dans les médias numériques, dans la publicité en extérieur et dans certains milieux comme les écoles. Ces recherches sont d’autant plus importantes que la Loi sur la protection du consommateur (LPC) est considérée comme un modèle réglementaire au Canada et à l’étranger pour les restrictions en matière de marketing des aliments malsains.
Il est essentiel de procéder à une analyse comparative du marketing alimentaire destiné aux enfants et aux adolescents dans différentes provinces compte tenu du caractère spécifique du paysage réglementaire au Canada. Des données antérieures indiquent que le marketing alimentaire varie selon les régions du Canada, en particulier le marketing téléviséNote de bas de page 7. À ce jour, aucune étude n’a évalué le marketing alimentaire auprès des enfants en Saskatchewan, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador ou dans l’un des trois territoires canadiens.
La diversité dans la recherche en marketing alimentaire
La présence d’un corpus grandissant de données probantes sur le marketing alimentaire auprès des enfants au Canada n’empêche pas la nécessité de davantage de recherches, plus nuancées car tenant compte de l’exposition selon la langue, le sexe/genre, le groupe ethnique et le statut socioéconomique, afin de permettre l’élaboration de politiques visant à protéger les différents groupes. De même, le marketing alimentaire auprès des enfants autochtones du Canada reste un domaine fortement sous-représenté dans la littérature. Aucune étude incluse dans cet examen ne portait sur la diversité en fonction de l’un ou l’autre des facteurs susmentionnés, mais, d’après des travaux de recherche menés à l’étranger, les garçons ainsi que les jeunes noirs et hispaniques pourraient être exposés de manière disproportionnée au marketing alimentaireNote de bas de page 57Note de bas de page 58.
Orientations de la recherche et incidences sur les politiques
Les données probantes rassemblées dans cet examen font ressortir plusieurs lacunes importantes dans la littérature sur le marketing alimentaire au Canada. Le marketing alimentaire auprès des enfants est une question complexe, façonnée par une myriade de facteurs sociologiques et physiques. Or la littérature actuelle ne prend pas en compte et n’explore pas les facteurs sociodémographiques sous-jacents autres que les médias et les contextes, par exemple l’âge, l’origine ethnique, le statut socioéconomique, la situation géographique et la langue parlée à la maison, qui peuvent contribuer aux différences dans le type de publicités alimentaires vues par les enfants canadiens et la fréquence de ces publicités. Les résultats de plusieurs études menées sur le marketing alimentaire dans différents médias et différents contextes entre 2016 et 2021 témoignent de l’étendue du marketing alimentaire destiné aux enfants et aux adolescents au Canada. L’avènement de nouveaux médias, tels que les plateformes de télévision en continu ou de jeux en ligne, ainsi que l’incidence de la COVID-19 sur la fréquence du marketing alimentaire et l’exposition des enfants au marketing alimentaire nécessitent également un examen plus approfondi. D’autres milieux qui contribuent au marketing des aliments malsains dans le quotidien des enfants, par exemple les centres de loisirs et les dépanneurs, devraient également être analysés. Il faut poursuivre les recherches pour quantifier pleinement l’exposition réelle des enfants et des adolescents dans tous les domaines de recherche où des lacunes ont été cernées dans cet examen. En ce qui concerne les politiques, le gouvernement doit fournir des fonds pour permettre la surveillance continue du marketing alimentaire auprès des enfants et des adolescents dans différents médias et différents contextes. Cette surveillance permettra d’éclairer les futures mesures politiques visant à protéger tous les jeunes du Canada contre les méfaits du marketing des boissons et des aliments malsains.
Points forts et limites
Cet examen fait état de l’étendue de la littérature évaluée par les pairs et de la littérature grise, en anglais et en français, qui portent sur la fréquence du marketing des aliments malsains et l’exposition des enfants au marketing des aliments malsains au Canada. L’étendue des travaux soulève plusieurs pistes de recherche possibles pour l’avenir. Toutefois, cette étude n’a pas évalué le risque de biais ni la qualité méthodologique des recherches incluses. De plus, si les périodes de collecte des données utilisées pour déterminer la fréquence du marketing alimentaire ou de l’exposition au marketing alimentaire varient entre 1 journée et 12 mois, peu d’études se sont intéressées au marketing auprès des enfants sur une année complèteNote de bas de page 23, et seulement quatre études ont comparé les données sur différentes annéesNote de bas de page 24Note de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 39. Le marketing est un domaine qui change et qui évolue constamment, et les études actuelles au Canada ne tiennent sans doute pas suffisamment compte de ces changementsNote de bas de page 23.
Conclusion
Cet examen de la portée compare les niveaux de marketing alimentaire auprès des jeunes au Canada selon le média, la population cible et le lieu. Les résultats de l’examen montrent que le marketing des aliments malsains est présent dans un nombre croissant de médias et de contextes utilisés ou fréquentés par les enfants et les adolescents. Même s’il est nécessaire de mener des recherches plus nuancées sur le marketing alimentaire auprès de certains segments démographiques de jeunes, cette synthèse des données probantes tend à indiquer que, globalement, le marketing des aliments et des boissons persiste malgré les politiques d’autoréglementation et les politiques législatives en vigueur au Canada. Une surveillance accrue, orientée par les lacunes de la recherche cernées dans cet examen, pourrait contribuer à éclairer les futures politiques en matière de marketing alimentaire pour protéger les enfants au Canada.
Remerciements
Santé publique Ottawa a financé cette recherche. Nous tenons également à remercier Marie-Cécile Domecq qui a contribué à l’élaboration de notre stratégie de recherche.
Conflits d’intérêts
Aucun.
Contributions des auteurs et avis
MPK a conçu l’étude, élaboré la méthodologie, interprété les résultats et révisé le manuscrit final. FH a recueilli les données et rédigé la version préliminaire du manuscrit. DW a recueilli les données et participé à la rédaction de la version préliminaire du manuscrit. LR a recueilli les données et révisé le manuscrit. MB a recueilli les données et participé à l’interprétation des résultats.
Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.
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