Caractéristiques des utilisateurs de cigarettes électroniques et leurs perceptions des avantages, des dangers et des risques de la cigarette électronique : résultats d'un sondage auprès d'un échantillon de commodité - PSPMC: Volume 36-7, juillet 2016

Volume 36 · numéro 7 · juillet 2016

Caractéristiques des utilisateurs de cigarettes électroniques et leurs perceptions des avantages, des dangers et des risques de la cigarette électronique : résultats d'un sondage auprès d'un échantillon de commodité à Ottawa (Canada)

K. D. Volesky, M.A., M. Sc. Note de bas de page i ; A. Maki, M. Sc.Note de bas de page i ; C. Scherf, M. Sc.Note de bas de page i ; L. M. Watson, M. Sc. Note de bas de page i ; E. Cassol, Ph. D. Note de bas de page i ; P. J. Villeneuve, Ph. D. Note de bas de page i Note de bas de page ii 

https://doi.org/10.24095/hpcdp.36.7.02f

Cet article a fait l'objet d'une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs :

Correspondance : Paul J. Villeneuve, Faculté des sciences de la santé, Université Carleton, Herzberg Laboratories, Salle 5410, 1125, promenade du Colonel-By, Ottawa (Ontario) K1S 5B6; tél. : 613-520-2600, poste 3359; courriel : paul.villeneuve@carleton.ca

Résumé

Introduction : Bien que l'utilisation de la cigarette électronique (« vapotage ») soit en hausse au Canada, peu d'efforts ont été consacrés à la description des utilisateurs de cigarettes électroniques (« vapoteurs »). C'est dans ce contexte que nous avons mené une étude à Ottawa (Canada) afin de décrire les perceptions qu'ont les utilisateurs de cigarettes électroniques des avantages, des dangers et des risques de ces dernières. Nous avons également recueilli de l'information pour savoir pourquoi, comment et où ils utilisent la cigarette électronique ainsi que sur les effets secondaires.

Méthodologie : Un sondage en ligne de 24 questions a été soumis à des personnes ayant acheté des cigarettes électroniques ou des fournitures connexes dans l'un des 17 commerces de cigarettes électroniques à Ottawa. On a caractérisé les répondants au moyen d'analyses descriptives, puis nous avons appliqué des modèles de régression logistique pour évaluer la relation entre ces caractéristiques et la perception par les répondants des dangers de la cigarette électronique.

Résultats : L'âge moyen des 242 répondants était de 38,1 ans (plage : 16 à 70 ans) et, de ce nombre, 66 % étaient des hommes. Près de la totalité (97,9 %) des répondants avaient fumé 100 cigarettes ou plus au cours de leur vie. Plus de 80 % des répondants ont indiqué que la volonté d'arrêter de fumer constituait l'une des principales raisons de recourir à la cigarette électronique, et 60 % ont mentionné qu'ils avaient l'intention de cesser l'utilisation de la cigarette électronique un jour. Environ 40 % des répondants ont fait état d'effets secondaires au cours des 2 heures suivant l'utilisation des cigarettes électroniques. Les répondants ayant signalé n'avoir ressenti aucun des effets secondaires énumérés étaient environ 3,2 fois plus nombreux à ne percevoir aucun danger dans la cigarette électronique que les personnes ayant signalé des effets secondaires (rapport de cotes = 3,17; intervalle de confiance à 95 % : 1,75 à 5,73).

Conclusion : D'après nos constatations, la majorité des utilisateurs de cigarettes électroniques ont recours à ces dernières pour réduire ou cesser leur consommation de tabac et ils les perçoivent comme inoffensives. Étant donné que nous avons utilisé un échantillonnage de commodité, le lecteur doit faire preuve de prudence dans la généralisation de nos constatations à tous les utilisateurs de cigarettes électroniques au Canada.

Mots-clés : cigarettes électroniques, abandon du tabac, nicotine, tabagisme, produits du tabac, perception

Points saillants
  • Cette étude décrit les perceptions des utilisateurs de cigarettes électroniques et fournit de l'information sur ces utilisateurs et sur les effets secondaires qu'ils ont pu ressentir.
  • Près de la totalité des 242 répondants (environ 98 %) avaient fumé 100 cigarettes ou plus au cours de leur vie.
  • Plus de 80 % des répondants ont dit que l'abandon définitif du tabac ou la réduction du nombre de cigarettes fumées faisaient partie des principales raisons les ayant poussés à commencer à utiliser la cigarette électronique.
  • Environ 40 % des répondants ont dit avoir ressenti au moins 1 effet secondaire au cours des 2 heures ayant suivi l'utilisation d'une cigarette électronique.
  • Soixante pour cent (60 %) des répondants sont d'avis que la cigarette électronique est inoffensive.

Introduction

Les cigarettes électroniques sont des dispositifs alimentés par piles qui réchauffent une solution liquide pour en faire une brume en aérosol que les utilisateurs (« vapoteurs ») inhalent, reproduisant ainsi le geste de porter une cigarette à la boucheNote 1. La solution liquide (appelée « liquide à vapoter ») est généralement composée de propylèneglycol, de glycérine, d'aromatisant et de nicotineNote 2,Note 3Note 4. Contrairement à la cigarette, la cigarette électronique ne produit pas de fumée secondaire indirecteNote 5 et des études sur l'exposition suggèrent qu'elle ne contient pas les mêmes taux de produits chimiques nocifs que la cigaretteNote 2Note 4Note 5Note 6. Cependant, les vapeurs produites par la cigarette électronique pourraient augmenter les concentrations de poussières fines en suspension dans les lieux clos au point d'avoir des effets sur la santéNote 7. Les effets à court et à long terme sur la santé, tant pour les utilisateurs de cigarettes électroniques que pour leur entourage, ne sont pas bien compris, et combler cette lacune en matière de recherche constitue une prioritéNote 1Note 2Note 4Note 5Note 8.

La popularité et la vente des cigarettes électroniques ont considérablement augmenté depuis l'arrivée de ces dernières sur le marché nord-américain en 2007 Note 9Note 10. On craint que les personnes qui n'ont jamais fumé et les jeunes soient incités à fumer à cause de la cigarette électronique, et que d'ex-fumeurs reprennent le tabagismeNote 1Note 11. D'après les études publiées à ce jour, la majorité des vapoteurs sont des fumeurs ou d'ex-fumeurs de cigarettesNote 12 à note -16, ils ont recours à la cigarette électronique pour réduire ou cesser leur consommation de cigarettes et ils perçoivent la cigarette électronique comme étant moins nocive que les cigarettesNote 13Note 16Note 17. Bien qu'il ait été prouvé que les cigarettes électroniques permettent de réduire ou de cesser la consommation de tabac, cette constatation ne fait pas l'unanimitéNote 18Note 19.

Malgré l'augmentation de la sensibilisation à la cigarette électronique et de son utilisation au Canada, peu d'études ont été consacrées à la description des vapoteursNote 9Note 12Note 20Note 21. Un sondage en direct de 1 188 jeunes adultes a révélé que 43 % d'entre eux connaissaient l'existence de la cigarette électronique et que 5,7 % l'utilisaientNote 12. Cette même étude a aussi révélé que 80 % des fumeurs de cigarette avouaient être tentés d'essayer la cigarette électronique, soit pour les aider à cesser de fumer, soit pour en faire usage dans les lieux où il est interdit de fumerNote 12. L'Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues de 2013 a révélé que 8,5 % des Canadiens de 15 ans et plus avaient déjà essayé la cigarette électroniqueNote 21, mais peu de données canadiennes permettent de savoir pourquoi, où et comment la cigarette électronique est utilisée et de connaître les perceptions qu'en ont ses utilisateurs.

L'augmentation à la fois de l'utilisation de la cigarette électronique et de sa notoriété ainsi que le manque de données canadiennes sur les vapoteurs font ressortir la nécessité de mieux décrire les utilisateurs de cigarette électronique. (Au moment d'entreprendre la présente étude, on ne disposait d'aucune donnée sur les vapoteurs à Ottawa.) Il est important de disposer de données locales, en raison du rôle que jouent les autorités locales dans la mise en œuvre de politiques sur le tabagisme et sur l'utilisation de la cigarette électronique.

Cette étude vise à examiner pourquoi, comment et où la cigarette électronique est utilisée ainsi que les perceptions des avantages, des dangers et des risques des cigarettes électroniques chez un échantillon de vapoteurs de la région d'Ottawa. Dans la mesure où les perceptions qu'ont les vapoteurs des effets nocifs de la cigarette électronique pourraient avoir une incidence sur la fréquence d'utilisation de cette dernière et sur la décision d'en faire usage en présence d'autres personnes, cette étude évalue aussi si les caractéristiques des vapoteurs varient en fonction des perceptions voulant que la cigarette électronique soit inoffensive.

Méthodologie

Nous avons utilisé un sondage en ligne de 24 questions (accessible sur demande auprès des auteurs) pour recueillir des renseignements sur les utilisateurs de cigarettes électroniques : qui sont les vapoteurs, comment, pourquoi et où ils vapotent et quelles sont leurs perceptions des avantages, des dangers et des risques de l'utilisation de la cigarette électronique. Les personnes ayant effectué un achat dans l'un des 17 commerces de cigarettes électroniques à Ottawa étaient admissibles au sondage. Le recrutement de répondants par l'entremise des commerces de cigarettes électroniques de la région d'Ottawa s'est révélé la meilleure façon d'approcher efficacement la population cible, à savoir les personnes résidant dans la région d'Ottawa qui font usage de cigarettes électroniques.

Les répondants ont été recrutés entre le 8 janvier et le 2 mars 2015, et ce, de deux façons. En premier lieu, 2 364 imprimés en format de carte d'affaires avec un lien vers le sondage en ligne ont été distribués aux acheteurs dans les commerces de cigarettes électroniques de la région d'Ottawa. En second lieu, ces commerces ont affiché le lien vers le sondage sur la page Facebook de leur entreprise. Les répondants n'ont pas eu à fournir leurs coordonnées et leurs adresses IP n'ont pas été recueillies. Les répondants ayant choisi de fournir leur adresse électronique ont été inscrits à un tirage de quatre cartes-cadeaux Tim Hortons d'une valeur de 25 $ chacune.

L'étude a été approuvée sur le plan éthique par le Comité d'éthique de la recherche de l'Université Carleton.

Mesures

Le sondage en quatre parties a été administré à l'aide du logiciel de sondage Qualtrics (http://www.qualtrics.com/research-suite)Note 22. Les questions de la section des données sociodémographiques portaient sur l'âge, le sexe, la situation de famille, l'appartenance à une minorité visible, l'emploi, les études et le revenu familial des répondants.

Dans la section sur le mode de vie, on demandait aux participants s'ils avaient fumé 100 cigarettes ou plus au cours de leur vie, le nombre d'années de tabagisme et la quantité de cigarettes fumées (pendant leur période de tabagisme), leur perception de leur état de santé général et la fréquence de leur consommation d'alcool ainsi que de leur activité physique. Le sondage n'a pas évalué leur situation quant à la consommation de cigarettes. Une bonne partie des questions sociodémographiques et sur le mode de vie ont été adaptées de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2012Note 23.

Dans la section sur l'utilisation de la cigarette électronique, on a demandé aux répondants dans quel contexte ils avaient entendu parler de la cigarette électronique pour la première fois, quand ils avaient commencé à l'utiliser, combien de fois ils l'utilisaient au cours d'une seule « séance », leur consommation de nicotine et de liquide à vapoter, les effets secondaires ressentis, le type de cigarette électronique utilisé (question ouverte), s'ils avaient l'intention d'arrêter l'utilisation de cigarettes électroniques à un moment donné, le classement des raisons motivant le début de l'utilisation de la cigarette électronique et la fréquence d'utilisation de la cigarette électronique dans certains lieux.

Pour mesurer les perceptions des avantages, des dangers et des risques de la cigarette électronique, on a demandé aux répondants de dire s'ils étaient d'accord, sur une échelle de 1 à 5, avec divers énoncés, 1 indiquant qu'ils n'étaient pas du tout d'accord et 5, qu'ils étaient tout à fait d'accord. Cette section contenait huit énoncés de type « les cigarettes électroniques améliorent ma santé » (avantage), « la cigarette électronique est inoffensive » (danger) et « il est approprié de faire usage de cigarette électronique en présence de membres de la famille ou d'amis qui ne fument pas » (risque).

Variables

On a demandé aux répondants combien de cigarettes par jour ils consommaient lorsqu'ils étaient fumeurs. Les réponses ont été réparties dans trois catégories : 20 ou moins, 21 à 40 et 41 ou plus. Étant donné qu'un paquet de cigarettes contient 20 cigarettes, une réponse de 41 ou plus impliquait de fumer plus de 2 paquets par jour. Les paquets-années ont été calculés en prenant le nombre total de cigarettes fumées par année en période de tabagisme, en le divisant par 20 et en multipliant le résultat obtenu par le nombre d'années de tabagisme. Les répondants ayant affirmé fumer 20 cigarettes ou moins par jour lorsqu'ils fumaient ont été classés dans la catégorie des fumeurs « légers » et ceux fumant plus de 21 cigarettes par jour, dans la catégorie des « gros » fumeurs. Les caractéristiques liées au mode de vie et les variables relatives à l'utilisation de la cigarette électronique portent sur l'ensemble de l'échantillon et sont stratifiées en fonction de la catégorisation du répondant en « fumeur léger » ou « gros fumeur ». Pour obtenir un nombre de réponses suffisant dans chaque catégorie, les variables « perception de l'état de santé général », « fréquence de la consommation d'alcool » et « fréquence de l'activité physique » ont été réduites à trois valeurs chacune.

Afin de mesurer la fréquence d'utilisation de la cigarette électronique, on a demandé aux répondants : « En moyenne, combien de temps dure une bouteille de liquide à vapoter? » et « Quel est le format de la bouteille (en ml)? ». On leur a assigné une valeur pour la consommation quotidienne moyenne de liquide à vapoter en divisant le format de la bouteille par le nombre de jours nécessaires pour la consommer.

On a demandé aux répondants s'ils avaient ressenti, au cours des 2 heures suivant l'utilisation de la cigarette électronique, l'un des 14 effets secondaires énumérés, effets sélectionnés à partir d'un sondage international auprès des utilisateurs de cigarettes électroniquesNote 16. Les répondants ont aussi été invités à dire s'ils utilisaient « régulièrement », « parfois », « rarement » ou « jamais » les cigarettes électroniques dans certains lieux, notamment les restaurants, et dans quelle mesure les sept raisons suggérées pour l'utilisation de la cigarette électronique s'appliquaient à eux, en choisissant une réponse parmi « très », « assez », « un peu », « pas du tout important » ou « sans objet ».

Afin de déterminer si les caractéristiques des participants variaient en fonction de leur perception des dangers de la cigarette électronique, les réponses à l'énoncé « la cigarette électronique est inoffensive » ont été évaluées. Les répondants qui étaient d'accord ou tout à fait d'accord avec l'énoncé selon laquelle la cigarette électronique était inoffensive ont été classés dans la catégorie « inoffensive », les autres dans la catégorie « dommageable ». Pour obtenir suffisamment de réponses dans chaque catégorie, les variables liées au niveau de scolarité, au revenu familial, à la perception de l'état de santé général, à la fréquence de la consommation d'alcool et de l'activité physique et à l'utilisation de la cigarette électronique au travail ou à l'école ont été réduites à trois choix de réponses ou moins avant l'inclusion dans la régression logistique.

Analyses statistiques

Afin de caractériser les utilisateurs de cigarettes électroniques, nous avons calculé diverses fréquences, proportions, médianes et moyennes ainsi que des intervalles de confiance (IC) à 95 %, à l'aide de la version 22 du logiciel SPSS (IBM, Chicago, Illinois, États-Unis)Note 24. Nous avons effectué des tests du chi carré de Pearson (non présentés) et calculé leurs valeurs p à 95 % pour déterminer tout écart significatif sur le plan statistique entre fumeurs légers et gros fumeurs (en période de tabagisme) en fonction des caractéristiques de leur mode de vie, de leurs raisons d'adopter la cigarette électronique, de leur façon d'en faire usage et des lieux où ils l'utilisaient. Nous avons construit des modèles de régression logistique pour évaluer la relation entre ces caractéristiques et la perception de l'innocuité de la cigarette électronique et nous avons calculé des rapports de cotes (RC) et leur IC à 95 % ainsi que des RC non ajustés et ajustés selon le sexe et selon l'âge.

Résultats

Sur les 383 personnes qui ont répondu à l'invitation au sondage, 141 ont répondu « non » à la question leur demandant si elles avaient effectué un achat dans un commerce de cigarettes électroniques local (région d'Ottawa), ce qui fait qu'elles ont été exclues de l'étude.

Des 242 répondants restant, presque deux fois plus d'hommes (n = 159) que de femmes (n = 83) ont répondu au sondage en ligne. L'âge moyen des répondants était de 38,1 ans (plage : 16 à 70 ans). Plus de la moitié des répondants étaient mariés ou en union de fait (56,9 %), la majorité des répondants n'appartenaient pas à une minorité visible (89,0 %) et les deux tiers avaient terminé des études postsecondaires (66,5 %) (tableau 1).

Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques et antécédents de tabagisme des répondants au sondage (N = 242), Ottawa (Canada)
Caractéristiques sociodémographiques Nombre (n) Pourcentage (%)
Sexe
Hommes 159 65,7
Femmes 83 34,3
Âge (ans)
Moins de 25 40 16,5
25 à 34 71 29,3
35 à 44 50 20,7
45 à 54 47 19,4
55 et plus 34 14,1
Situation de familleFootnote 1.1, Canada, 2015
Célibataire ou jamais marié 70 30,2
Séparé, divorcé ou veuf 30 12,9
Marié ou en union de fait 132 56,9
Minorité visibleFootnote 1.2, Canada, 2015
Oui 24 11,0
Non 195 89,0
EmployéFootnote 1.3, Canada, 2015
Oui 195 83,7
Non 38 16,3
Niveau d'étudesFootnote 1.3, Canada, 2015
Inférieur à l'école secondaire 3 1,3
Diplôme d'études secondaires 75 32,2
Diplôme d'études collégiales ou premier cycle universitaire 141 60,5
Deuxième cycle universitaire ou plus 14 6,0
Revenu familial ($)Footnote 1.4, Canada, 2015
Moins de 20 000 23 11,7
20 000 à 39 999 29 14,8
40 000 à 59 999 37 18,9
60 000 à 79 999 40 20,4
80 000 à 99 999 34 17,3
100 000 ou plus 33 16,8
A déjà fumé 100 cigarettes et plus au cours de sa vieFootnote 1.5, Canada, 2015
Oui 232 97,9
Non 5 2,1
Consommation quotidienne de cigarettes (dans les périodes de tabagisme)Footnote 1.6, Canada, 2015
20 (1 paquet) ou moins 128 54,2
21 à 40 (2 paquets) 92 39,0
≥ 41 (≥ 2 paquets) ou plus 11 4,7
Jamais fumé 5 2,1

 

Près de la totalité des répondants avaient fumé 100 cigarettes ou plus au cours de leur vie (97,9 %) (tableau 1). Le nombre moyen d'années de tabagisme était de 20,2 ans (plage : 2 à 50 ans), le nombre moyen de cigarettes fumées par jour en période de tabagisme était de 21 (plage : 1 à 75 cigarettes) et le nombre moyen de paquets-années était de 23,9 (plage : 0,20 à 122,85 paquets-années).

Davantage de fumeurs légers que de gros fumeurs ont ressenti des effets secondaires au cours des 2 heures suivant l'utilisation d'une cigarette électronique (48,0 % contre 35,0 %, p = 0,05) (tableau 2). En revanche, davantage de gros fumeurs consommaient de l'alcool rarement (quelques fois par année) ou jamais (44,7 % contre 28,1 % pour les fumeurs légers, p = 0,02). Davantage de fumeurs légers ont appris l'existence des cigarettes électroniques d'abord par Internet (18,8 % contre 7,8 %, p = 0,02) alors que les gros fumeurs en ont d'abord entendu parler par la publicité ou un autre média (15,5 % contre 5,5 %, p = 0,02).

Tableau 2 Caractéristiques liées au mode de vie et utilisation de la cigarette électronique chez les « fumeurs légers »Footnote 2.1, Canada, 2015 et chez les « gros fumeurs »Footnote 2.2, Canada, 2015 (en période de tabagisme; N = 242Footnote 2.3), 2015, Ottawa (Canada)
Caractéristique Total (N = 242) Fumeur légerFootnote 2.1, Canada, 2015 (n = 128) Gros fumeurFootnote 2.2, Canada, 2015 (n = 103) Valeur p
n/N % n/N % n/N %
Perception de l'état de santé général
Moyen ou médiocre 30/237 12,7 14/128 10,9 16/103 15,5 0,55
Bon 98/237 41,4 55/128 43,0 40/103 38,9
Excellent ou très bon 109/237 46,0 59/128 46,1 47/103 45,6
Fréquence de la consommation d'alcool
2 fois par semaine ou plus 72/237 30,4 45/128 35,2 24/103 23,3 0,02
1 fois par semaine ou moins 82/237 34,6 47/128 36,7 33/103 32,0
Quelques fois par année ou jamais 83/237 35,0 36/128 28,1 46/103 44,7
Fréquence de l'activité physique
Moins d'1 fois par semaine 66/237 27,8 35/128 27,4 29/103 28,2 0,44
1 à 3 fois par semaine 109/237 46,0 63/128 49,2 43/103 41,7
4 fois par semaine ou plus 62/237 26,2 30/128 23,4 31/103 30,1
Entendu parler de la cigarette électronique la première fois par...Footnote 2.4, Canada, 2015
Famille 124/242 51,2 20/128 15,6 19/103 18,5 0,02
Ami ou collègue de travail 40/242 16,5 66/128 51,6 54/103 52,4
Publicité ou médias 25/242 10,3 7/128 5,5 16/103 15,5
Internet ou recherche sur Internet 35/242 14,5 24/128 18,8 8/103 7,8
AutreFootnote 2.5, Canada, 2015 18/242 7,5 11/128 8,6 6/103 5,8
Début de l'utilisation de la cigarette électronique
2014 ou 2015 130/237 54,8 68/128 54,4 58/102 56,9 0,61
2013 62/237 26,2 35/128 28,0 23/102 22,5
2012 ou avant 45/237 19,0 22/128 17,6 21/102 20,6
Contenu en nicotine, en mg/ml
0 8/238 3,4 4/128 3,1 2/102 2,0 0,20
1 à 6 93/238 39,1 56/128 43,8 33/102 32,3
7 à 12 66/238 27,7 29/128 22,7 36/102 35,3
13 à 18 56/238 23,5 30/128 23,4 26/102 25,5
19 à 24 15/238 6,3 9/128 7,0 5/102 4,9
Effets secondaires
Oui 100/241 41,5 61/128 48,0 36/103 35,0 0,05
Non 141/241 58,5 66/128 52,0 67/103 65,0
Espère cesser l'utilisation de la cigarette électronique
Oui 141/237 59,5 78/128 60,9 59/102 57,8 0,64
Non 96/237 40,5 50/128 39,1 43/102 42,2
Principales raisons de l'adoption de la cigarette électronique
Cesser de fumer 190/233 81,5 101/124 81,5 82/100 82,0 0,92
Réduire la consommation de cigarettes 189/216 86,3 98/111 88,3 85/97 87,6 0,88
Réduire l'exposition de la famille et des amis à la fumée secondaire de la cigarette 133/209 63,6 66/110 60,0 62/91 68,1 0,23
Économiser de l'argent 123/219 56,2 70/121 57,9 51/95 53,7 0,54
Apprécier les choix d'arômes 86/219 39,3 48/119 40,3 34/90 37,8 0,71
Suivre les encouragements du conjoint/des amis 57/182 31,3 33/96 34,4 22/80 27,5 0,33
Éviter les interdictions de fumer dans les lieux publics 40/214 18,7 23/117 19,7 16/89 18,0 0,76
Utilise parfois ou à l'occasion la cigarette électronique
À l'intérieur 227/237 95,8 124/127 97,6 97/103 94,2 0,18
À l'extérieur 221/235 94,0 118/127 92,9 97/102 95,1 0,49
À l'intérieur, chez des amis 160/235 68,1 84/125 67,2 73/103 70,9 0,55
À l'intérieur, chez des membres de la famille 150/234 64,1 77/126 61,1 70/101 69,3 0,20
Au travail ou à l'école 146/229 63,8 79/124 63,7 65/99 65,7 0,76
Dans les bars, les pubs et les clubs 71/233 30,5 38/126 30,2 31/100 31,0 0,89
Dans les restaurants 42/235 17,9 20/126 15,9 20/102 19,6 0,46
Dans les transports en commun 34/233 14,6 21/126 16,7 12/100 12,0 0,32

Les principales raisons ayant incité les répondants à faire usage de cigarettes électroniques étaient la volonté de cesser de fumer ou de réduire sa consommation de tabac. Le plus souvent, les répondants utilisaient la cigarette électronique chez eux, et 63,8 % ont indiqué qu'ils vapotaient, régulièrement ou à l'occasion, au travail ou à l'école (tableau 2).

La presque totalité des répondants (96,6 %) faisaient usage de nicotine dans leurs cigarettes électroniques (tableau 2). Plus de la moitié des répondants n'ont signalé aucun des effets secondaires énumérés (58,5 %). Parmi les répondants ayant signalé des effets secondaires, 71 ont fait état de sécheresse ou d'irritation de la bouche ou de la gorge, 33 de toux, 23 de mal de tête et 17 d'étourdissements (données non présentées). Les effets secondaires moins fréquemment signalés étaient de la somnolence (n = 10), des ulcères buccaux ou de la langue (n = 7), de la fatigue (n = 5), des palpitations cardiaques (n = 4), des allergies (n = 4), des douleurs à la poitrine (n = 3), des difficultés respiratoires (n = 3), des saignements de nez (n = 2), des saignements des gencives (n = 2) et du stress (n = 1) (données non présentées).

Plus de la moitié des personnes interrogées (59,5 %) ont mentionné qu'elles espéraient arrêter l'utilisation de la cigarette électronique un jour (tableau 2).

Le temps moyen consacré à l'usage de la cigarette électronique était d'environ 5 minutes par séance et l'utilisation moyenne de liquide à vapoter par jour était de 2,15 ml (données non présentées). Cela signifie qu'il fallait en moyenne 14 jours aux participants pour terminer une bouteille de liquide à vapoter de 30 ml. Bien que les types de dispositifs de cigarettes électroniques utilisés aient considérablement varié, les dispositifs de taille moyenne, les dispositifs à réservoir (« tank ») et les dispositifs Joyetech eGo-C avec cartouches de liquide à vapoter étaient les plus utilisés. Trente-quatre répondants ont indiqué qu'ils utilisaient une combinaison de composantes de cigarettes électroniques de différentes marques.

Les trois quarts des répondants étaient tout à fait d'accord avec l'énoncé selon lequel la cigarette électronique constitue une façon efficace d'arrêter de fumer (71,7 %) et celui selon lequel la cigarette électronique les aidait à améliorer leur santé (75,5 %), 60,1 % étaient d'accord ou tout à fait d'accord avec l'énoncé selon lequel la cigarette électronique est inoffensive (tableau 3; certaines données non présentées). Les répondants ayant signalé n'avoir ressenti aucun des effets secondaires énumérés étaient environ 3 fois plus nombreux que ceux ayant signalé un effet secondaire ou plus à ne percevoir aucun danger dans la cigarette électronique (RC = 3,17; IC à 95 % : 1,75 à 5,73) (tableau 4).

Tableau 3 Perceptions des participants au sondage relativement aux avantages, aux dangers et aux risques de la cigarette électronique (n = 233Footnote 3.1, Canada, 2015), 2015, Ottawa (Canada) Note 28
Énoncé de perception Moyenne (IC à 95 %)Footnote 3.2 Tout à fait d'accord (n, %)
La cigarette électronique m'a aidé à améliorer ma santé 4,58 (4,46 à 4,69) 176 (75,5)
La cigarette électronique est une bonne façon d'arrêter de fumer 4,55 (4,43 à 4,66) 167 (71,7)
Ma famille ou mes amis me soutiennent dans mon utilisation de la cigarette électronique 4,33 (4,20 à 4,46) 140 (60,1)
Il est approprié de faire usage de la cigarette électronique en présence de membres de la famille ou d'amis qui ne fument pasFootnote 3.3 3,74 (3,59 à 3,88) 70 (30,2)
La cigarette électronique est inoffensive 3,67 (3,53 à 3,81) 56 (24,0)
Il est approprié de faire usage de cigarette électronique en présence d'enfants 2,86 (2,68 à 3,03) 38 (16,3)
La cigarette électronique devrait être soumise aux mêmes restrictions que la cigarette au tabac 1,65 (1,50 à 1,81) 17 (7,3)
La cigarette électronique est aussi dommageable que la cigarette au tabac 1,19 (1,10 à 1,28) 4 (1,7)

Abréviation : IC, intervalle de confiance.

Tableau 4 Rapports de cotes pour les caractéristiques des participants au sondage percevant la cigarette électronique comme inoffensive (n = 233), 2015, Ottawa (Canada)
Caractéristiques Répondants percevant la cigarette électronique comme RC IC à 95 % RCATableau 4 note b IC à 95 %
InoffensiveFootnote 4.1, Canada, 2015 (n = 140) n (%) DommageableFootnote 4.1 (n = 93) n (%)
Sexe
Hommes 85 (60,7) 68 (73,1) 1,00 - 1,00 -
Femmes 55 (39,3) 25 (26,9) 1,76 1,0 à 3,11 1,61 0,88 à 2,95
Âge (ans)
Moins de 25 28 (70,0) 12 (30,0) 1,00 - 1,00 -
25 à 34 30 (42,3) 41 (57,7) 0,31 0,14 à 0,72 0,31 0,14 à 0,72
35 à 44 29 (61,7) 18 (38,3) 0,69 0,28 à 1,69 0,68 0,28 à 1,68
45 à 54 30 (69,8) 13 (30,2) 0,99 0,39 à 2,52 0,99 0,39 à 2,54
55 et plus 23 (71,9) 9 (28,1) 1,10 0,39 à 3,05 0,93 0,32 à 2,65
Situation de familleFootnote 4.3
Célibataire ou jamais marié 43 (61,4) 27 (38,6) 1,00 - 1,00 -
Séparé, divorcé ou veuf 15 (50,0) 15 (50,0) 0,63 0,27 à 1,49 0,25 0,08 à 0,76
Marié ou en union de fait 81 (61,4) 51 (38,6) 1,00 0,55 à 1,81 0,85 0,42 à 1,74
Employé
Oui 118 (84,3) 77 (82,8) 1,00 - 1,00 -
Non 22 (15,7) 16 (17,2) 0,90 0,44 à 1,82 0,61 0,28 à 1,31
Études terminées
Postsecondaires ou moins 45 (32,1) 33 (35,5) 1,00 - 1,00 -
Postsecondaires 95 (67,9) 60 (64,5) 1,16 0,67 à 2,02 1,28 0,71 à 2,29
Revenu familial ($)Footnote 4.4
Moins de 39 999 31 (27,0) 21 (25,9) 1,00 - 1,00 -
40 000 à 79 999 46 (40,0) 31 (38,3) 1,01 0,49 à 2,06 1,66 0,73 à 3,79
80 000 et plus 38 (33,0) 29 (35,8) 0,89 0,43 à 1,85 1,36 0,58 à 3,21
Perception de l'état de santé général
Moyen ou médiocre 14 (10,0) 15 (16,1) 1,00 - 1,00 -
Bon 55 (39,3) 41 (44,1) 1,44 0,63 à 3,31 1,59 0,66 à 3,85
Excellent ou très bon 71 (50,7) 37 (39,8) 2,06 0,90 à 4,70 2,11 0,88 à 5,05
Fréquence de la consommation d'alcool
2 fois ou plus par semaine 41 (29,3) 28 (30,1) 1,00 - 1,00 -
1 fois ou moins par semaine 47 (33,6) 34 (36,6) 0,94 0,49 à 1,81 1,03 0,52 à 2,03
Quelques fois par année ou jamais 52 (37,1) 31 (33,3) 1,15 0,60 à 2,21 1,08 0,54 à 2,17
Fréquence de l'activité physique (fois/semaine)
Moins d'1 39 (60,0) 26 (40,0) 1,00 - 1,00 -
1 à 3 65 (59,6) 44 (40,4) 0,99 0,53 à 1,84 1,17 0,60 à 2,25
4 ou plus 36 (61,0) 23 (39,0) 1,04 0,51 à 2,15 1,14 0,53 à 2,41
Effets secondairesFootnote 4.3
Oui 94 (67,6) 39 (41,9) 1,00 - 1,00 -
Non 45 (32,4) 54 (58,1) 2,89 1,68 à 4,98 3,17 1,75 à 5,73
Utilisation régulière au travail ou à l'écoleFootnote 4.5
Oui 55 (40,1) 37 (42,0) 1,00 - 1,00 -
Non 82 (59,9) 51 (58,0) 0,93 0,54 à 1,59 0,79 0,44 à 1,41
Espère cesser l'utilisation de la cigarette électroniqueFootnote 4.3
Oui 70 (51,1) 67 (48,9) 1,00 - 1,00 -
Non 70 (73,7) 25 (26,3) 2,68 1,52 à 4,72 2,82 1,55 à 5,12

Abréviations : IC, intervalle de confiance; RC, rapport de cotes; RCA, rapport de cotes ajusté.

Analyse

Divers organismes de santé publique, instances de réglementation et chercheurs ont suggéré que l'adoption de la cigarette électronique par les personnes n'ayant jamais fumé comme par les fumeurs pourraient nuire à la lutte contre le tabagismeNote 1Note 11. Ils considèrent que les personnes n'ayant jamais fumé qui utilisent la cigarette électronique pourraient être exposées à des risques pour la santé auxquels elles n'auraient pas été exposées par ailleurs et que les fumeurs faisant usage de la cigarette électronique pourraient ne pas réduire leurs risques autant qu'ils le croient.

À l'instar des autres études disponibles, la majorité des répondants avaient déjà fumé des cigarettesNote 12 à note -16. Une étude récente portant sur 19 414 répondants recrutés par l'entremise d'un site Internet pour une recherche sur la cigarette électronique a révélé que 99,5 % des utilisateurs fumaient ou avaient déjà fuméNote 16. Selon notre étude, qui utilise comme critère de tabagisme d'avoir fumé 100 cigarettes ou plus au cours de sa vie, ce sont 97,9 % des répondants qui fumaient ou avaient déjà fumé. Notre sondage n'a cependant pas déterminé si l'usage du tabac avait précédé l'utilisation de la cigarette électronique ou s'il se poursuivait de façon concomitante.

Les cigarettes électroniques pouvant être constituées de plusieurs composantes, les marques, les types et les façons de les modifier varient considérablementNote 4. Cette variabilité des marques et des modifications a rendu difficile le classement des types de cigarettes électroniques les plus utilisés. Néanmoins, le dispositif que nos répondants ont mentionné utiliser le plus fréquemment est le Joyetech eGo-C, le même que celui relevé dans l'étude de Dawkins et collab.Note 13. Outre l'existence de différents types de dispositifs et de modifications possibles, il faut noter que la fabrication des cigarettes électroniques est peu réglementée, ce qui est susceptible d'entraîner des problèmes d'assurance de la qualitéNote 2. Les écarts observés dans notre petit échantillon local sont le signe d'une variabilité potentielle plus grande parmi les dispositifs de cigarettes électroniques en général. En raison de ces écarts, il peut être difficile de tirer des conclusions à propos de l'innocuité des dispositifs de cigarettes électroniquesNote 25.

Les produits contenant de la nicotine sont réglementés en vertu de la Loi sur les aliments et drogues et une autorisation de Santé Canada est nécessaire pour les vendre et pour en faire la publicitéNote 26. Bien que les dispositifs de cigarettes électroniques avec produits contenant de la nicotine ne soient pas encore autorisés au Canada, nous avons constaté que 96,6 % des répondants de notre étude utilisaient un liquide à vapoter contenant de la nicotine. Si nos résultats proviennent seulement d'un échantillon de commodité, des études à plus grande échelle ont révélé que ce sont 96 % et plus de leurs répondants qui utilisaient un liquide à vapoter contenant de la nicotineNote 13Note 16. Nos résultats pourraient avoir été influencés par le fait que nous avons recruté nos répondants par l'entremise de commerces de cigarettes électroniques locaux qui, à notre connaissance, ne vendaient pas de cigarettes électroniques jetables.

De plus, notre sondage n'a recueilli de renseignements que sur l'usage actuel de nicotine. Il est possible que les personnes qui vapotent pour réduire ou cesser leur consommation de tabac réduisent ou cessent aussi l'utilisation de la nicotine dans leurs cigarettes électroniques avec le temps.

Nous avons noté que le contenu en nicotine indiqué sur l'étiquette ne correspondait pas toujours au contenu en nicotine réel des liquides à vapoterNote 2Note 4. Des vérifications auprès des détaillants de cigarettes électroniques pourraient fournir des renseignements importants sur l'accessibilité réelle à des liquides à vapoter contenant de la nicotine.

Par rapport à une étude réalisée aux États-Unis selon laquelle 71 % des utilisateurs quotidiens de cigarettes électroniques vapotaient au travail, 43 % dans les bars ou cafés et 15 % dans les transports en communNote 14, environ 64 % des répondants de notre sondage ont déclaré faire usage de cigarette électronique régulièrement ou à l'occasion au travail ou à l'école, et 15 % dans les transports en commun. La Loi de 2015 pour des choix plus sains, qui a reçu la Sanction royale le 28 mai 2015, va réglementer de nombreux aspects de l'utilisation de la cigarette électronique en Ontario, notamment les lieux où elle pourra être utiliséeNote 27. Notre sondage a révélé qu'il est fait usage de cigarette électronique dans des lieux où la cigarette est bannie, exposant potentiellement les autres personnes aux vapeurs secondaires de ces cigarettes électroniques. Les dispositions de la Loi de 2015 sur les cigarettes électroniques concernant leur utilisation dans les lieux publics ne sont pas encore entrées en vigueur, mais leur mise en place et leur application pourraient modifier l'utilisation de la cigarette électronique dans les lieux publics. En l'absence de cette réglementation, les organismes peuvent autoréglementer l'utilisation de la cigarette électronique, quoiqu'on ne sache pas exactement dans quelle mesure cette autoréglementation est pratiquée, suivie et appliquée.

Les effets secondaires les plus fréquemment signalés par les répondants (bouche ou gorge sèche ou irritée, toux) sont souvent relevés dans la documentation médicaleNote 14Note 17Note 28Note 29. Ce n'est pas surprenant, car la glycérine et le propylèneglycol en aérosol, qui sont les principaux ingrédients du liquide à vapoter, sont associés à des irritations de la bouche et de la gorge. Il est possible que ces effets secondaires se résorbent avec le temps (la moitié des participants utilisaient les cigarettes électroniques depuis moins de 14 mois au moment du sondage)Note 16Note 29. Certains répondants ont signalé des effets sur la santé plus graves : 4 ont noté des palpitations cardiaques et 3 des douleurs à la poitrine. Dans une synthèse sur les effets indésirables liés potentiellement à la cigarette électronique, ChenNote 28 a noté que des douleurs à la poitrine et une accélération de la fréquence cardiaque avaient été signalées à la Food and Drug Administration.

Plusieurs études ont mentionné que les utilisateurs ne perçoivent en général pas la cigarette électronique comme étant totalement inoffensive, mais tous la considèrent comme moins nocive que les cigarettesNote 14Note 16Note 17. Plus de la moitié de notre échantillon (60,1 %) percevait la cigarette électronique comme inoffensive, et cette tendance était plus marquée chez les femmes (données non présentées). Il n'est donc pas surprenant que les personnes n'ayant signalé aucun des 14 effets secondaires énumérés aient été plus nombreuses à percevoir la cigarette électronique comme inoffensive (tableau 4). La perception de la cigarette électronique comme inoffensive pourrait jouer un rôle dans la décision d'une personne d'en faire usage et dans la mesure dans laquelle elle en ferait usage en présence d'autres personnes.

Points forts et limites

Notre étude vient enrichir la littérature, rare, sur les caractéristiques des utilisateurs de cigarettes électroniques, en fournissant des renseignements détaillés sur l'utilisation de la cigarette électronique, les lieux où elle est utilisée et les perceptions qu'en ont ses utilisateurs. Ce sondage fournit des observations qui, couplées à celles d'autres études, sont susceptibles de guider les priorités et les orientations de recherche des décideurs. Il peut également se révéler utile pour les enquêtes à venir sur les utilisateurs de cigarettes électroniques.

Notre capacité de généralisation des caractéristiques et des perceptions des répondants à notre sondage est limitée en raison de la petite taille de l'échantillon (n = 242). Il est possible que les caractéristiques des personnes ayant acheté des cigarettes électroniques dans un commerce d'Ottawa diffèrent de celles des personnes qui achètent des cigarettes électroniques ailleurs (dans des stations-services, en ligne, etc.) ainsi que des utilisateurs de cigarettes électroniques d'autres régions. L'utilisation d'un échantillon de commodité limitant ainsi la généralisation potentielle des constatations aux utilisateurs de cigarettes électroniques canadiens, les constatations faites ici doivent être interprétées avec prudence.

Il pourrait y avoir un biais lié aux répondants, les personnes qui perçoivent la cigarette électronique de façon positive pouvant avoir été davantage motivées à répondre à un sondage portant sur la cigarette électronique que celles en ayant une perception moins favorable. De plus, le sondage ayant été effectué au cours des deux premiers mois de l'année, il pourrait offrir une représentation disproportionnée de personnes ayant pris en début d'année la bonne résolution d'arrêter de fumer. Enfin, le sondage ayant été administré en anglais, les personnes dont la langue dominante n'est pas l'anglais pourraient être moins bien représentées. Notons qu'il fallait disposer d'une connexion Internet pour participer (ce qui ne constitue probablement pas un obstacle en soi).

Même si le sondage recueillait des renseignements sur les antécédents de tabagisme des répondants, il ne comportait aucune question sur les habitudes actuelles de tabagisme, ce qui fait que nous n'avons donc pas évalué l'utilisation concomitante (simultanée) de la cigarette électronique et de la cigarette.

Conclusion

En dépit de ces limites, notre sondage a révélé plusieurs faits intéressants à propos des vapoteurs de la région d'Ottawa. Nous avons constaté que la majorité des répondants de cet échantillon de commodité d'utilisateurs de cigarettes électroniques avaient des antécédents de tabagisme, utilisaient du liquide à vapoter contenant de la nicotine et avaient une perception favorable de la cigarette électronique. La réduction ou l'arrêt de la consommation de tabac faisaient partie des raisons invoquées très importantes pour avoir adopté la cigarette électronique, et plus de la moitié des répondants ont mentionné avoir l'espoir de cesser d'utiliser la cigarette électronique un jour. D'autres sondages vont être nécessaires pour caractériser le profil des utilisateurs de cigarettes électroniques dans d'autres régions canadiennes, et en fonction d'autres facteurs sociodémographiques et culturels. Nous espérons que nos constatations pourront être utiles dans les enquêtes à venir sur l'utilisation de la cigarette électronique, et qu'elles fourniront une aide efficace aux décideurs lors de l'établissement de leurs priorités en recherche.

Remerciements

Nous sommes reconnaissants à la Faculté des sciences de la santé de l'Université Carleton pour le financement de cette étude. Nous tenons aussi à remercier l'Unité de recherche sur le tabac de Santé Canada pour la relecture du sondage et Scott Weichenthal pour ses conseils sur la méthodologie de notre étude.

Références

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