Page 9 : Parce que la vie continue…aider les enfants et les adolescents à vivre la séparation et le divorce
Section 7 - Aider les enfants de tous les âges
Si les enfants, les préadolescents et les adolescents ont tous à peu de chose près les mêmes besoins durant leur développement, comme celui, profond, de faire confiance aux autres, leur âge et leur stade de développement jouent un rôle majeur dans leur façon de réagir à toute situation. Savoir comment les enfants et les adolescents grandissent et se développent vous permettra de mieux comprendre comment les vôtres pourraient réagir au changement et le genre d’attention et de soutien dont ils auront besoin.
Différences selon l’âge et le stade de développement
L’objectif de la présente section est de vous aider à mieux comprendre les besoins développementaux, les comportements typiques et les signes de stress de votre enfant à chaque étape de sa vie. Vous serez ainsi mieux à même de prévoir ses besoins et d’y répondre et de lui montrer à s’adapter et à s’épanouir.
Vous pouvez tout simplement passer au segment sur l’âge de votre enfant. N’oubliez pas que chaque enfant est unique et qu’il est donc possible que vous ne réagissiez ni l’un ni l’autre selon ce qui cadre habituellement à son groupe d’âge. Il pourrait donc vous être utile de parcourir le segment sur le groupe d’âge qui précède ou qui suit immédiatement celui de votre enfant. Lire ensuite les autres segments pourrait aussi vous aider à prévoir les besoins et les changements de comportement de vos enfants plus tard dans la vie.
Les bébés et les tout-petits
Au cours des deux premières années de vie, l’enfant se développe rapidement. Dès la naissance, il apprend vite à comprendre assez bien ce qui se dit et se passe autour de lui. Il grandit tout aussi rapidement, se traînant à quatre pattes hier encore et courant aujourd’hui. Bien qu’il en devienne plus autonome, l’enfant continue à dépendre principalement de ses parents.
L’une des choses les plus importantes pour l’enfant de cet âge est de s’attacher pour se sentir en sécurité en tissant des liens d’amour et de confiance avec ses parents. Il lui faut donc des contacts réguliers, constants et prévisibles avec chaque parent. Les bébés et les tout-petits vivent le temps différemment. Ainsi, le fait de voir partir le parent qui s’occupe de lui le plus souvent, ne serait-ce que pour se rendre dans une autre pièce, suffira parfois à le bouleverser. Être ainsi privé de la présence de ce parent pour quelques heures peut stresser l’enfant, même si on le confie aux soins d’une personne qu’il connaît.
À ce stade critique de leur développement, les nourrissons et les tout-petits ont besoin de beaucoup de stimulation et d’affectueuse attention. Les bébés ont tendance à se sentir davantage en sécurité avec les adultes qui leur prodiguent des soins chaleureux et attentifs. Les très jeunes enfants peuvent sentir qu’un parent est bouleversé et le devenir à leur tour. Quel que soit leur âge, les enfants sont très vulnérables à l’anxiété et aux troubles émotifs de leurs parents. Comment pourrait-il en être autrement alors que leur sécurité physique et affective dépend de la leur? (Voir l’encadré Comportements, problèmes de développement et signes de stress typiques.)
Même s’ils progressent rapidement dans leur apprentissage, les bébés et les tout-petits comprennent tout de même peu leur univers. Changer de routine et voir leurs parents se disputer sont des expériences on ne peut plus déconcertantes et stressantes pour les très jeunes enfants. La vie peut leur paraître imprévisible, déroutante, voire affolante, une fois leurs parents séparés.
Âge de l’enfant | Bébés : de la naissance à 12 mois | Tout-petits : de 13 à 36 mois |
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Comportements et problèmes de développement typiques | Les bébés, dont la survie dépend entièrement des parents ou des éducateurs en garderie, ont un tempérament distinct à la naissance. Par exemple, certains sont difficiles à contenter et craintifs, alors que d’autres sont heureux et faciles à vivre. (Voir l’encadré Qu’est-ce que le « tempérament »?) Le bébé ne comprend pas les concepts ou les sentiments. Mais leur cerveau est incroyablement actif et absorbe tout. En fait, le cerveau du bébé naissant double de volume en une seule année. Les bébés dorment de moins en moins au fil des mois. | Les bambins de cet âge commencent à montrer leur indépendance en disant « non ». Ils sont égocentriques, s’imaginant que le monde tourne autour d’eux et que « tout est à moi ». De plus en plus curieux et mobiles, ils s’intéressent à tout et demandent « comment » et « pourquoi ». Ils ont de la difficulté à rester en place et à se concentrer le moindrement longtemps. Il est très difficile aux enfants de cet âge de comprendre les concepts ou les sentiments. |
Signes d’un stress accru | Soyez à l’affût de signes que le bébé a des difficultés. Peut-être dort, pleure ou mange-t-il différemment parce que ses soins ou sa routine ont été perturbés? Manquer d’énergie, ne pas réagir ou être très agité sont des signes de stress plus graves. L’enfant plus difficile à contenter ou timide réagira moins bien à tout changement dans ses habitudes. (Voir l’encadré Qu’est-ce que le « tempérament »?) | Stressés, les tout-petits retournent souvent à d’anciens comportements comme se réveiller la nuit, salir ou mouiller ses couches, recommencer à se traîner à quatre pattes ou moins parler. Les tout-petits se fâchent lorsqu’ils sont frustrés. Il faut s’attendre à ce que l’enfant pique des crises quand on perturbe ses habitudes, quand on réduit la durée ou la fréquence des activités qui lui plaisent ou quand il lui faut attendre avant qu’on le nourrisse, lui fasse la lecture, lui fasse des câlins ou joue avec lui. D’autres indices traduisent sa détresse, comme être craintif, surtout quand il est séparé d’un parent, et changer d’humeur, par exemple en faisant des crises pour un rien, en se repliant sur lui-même et en étant apathique. |
Les conflits parentaux sont toxiques. Beaucoup d’ex-conjoints ne se rendent pas compte à quel point leurs conflits incessants peuvent troubler les enfants et les tout-petits, présumant peut-être à tort que ceux-ci sont indifférents à leurs disputes parce qu’ils sont incapables d’en comprendre le pourquoi. Or, s’il est vrai que les bambins saisissent rarement la teneur des propos agressifs qu’échangent leurs parents, ils sont très sensibles à leurs émotions. Il est important que vous tentiez d’être calme et positif en présence de votre enfant.
Être séparé d’un parent est difficile. Il est difficile d’être séparé d’un parent, quelles que soient les circonstances. Le bébé doit s’attacher pour se développer sainement. À condition de ne pas être séparé d’eux trop longtemps et que sa santé ne soit pas sérieusement menacée, le bébé s’attachera aux personnes s’occupant le plus de lui. D’où l’importance pour les bébés et les tout-petits de conserver un lien solide avec les deux parents. Il peut être rassurant pour l’enfant d’être fréquemment en contact avec le parent qui ne vit plus à la maison. Les parents qui ne vivent pas avec leurs enfants doivent faire preuve de patience envers leurs jeunes enfants en leur donnant le temps de refaire chaque fois connaissance. Il arrive au parent de confondre la timidité initiale de l’enfant pour un manque d’amour. Ce parent se sent évidemment blessé et découragé et pourrait voir l’enfant de moins en moins souvent, ce qui ne fait qu’aggraver le problème. Le mieux pour lui serait peut-être d’avoir davantage– pas moins – de contacts avec l’enfant. Les communications par vidéo sont un bon moyen pour les jeunes enfants de voir et d’entendre l’autre parent. Les deux parents devraient faire de leur mieux pour aider le bambin à se sentir à l’aise lorsqu’ils lui rendent visite.
Ce que vous pouvez faire
Tenez-vous en à la routine. Les bébés et les tout-petits ont besoin d’une vie stable et prévisible au quotidien. Il incombe aux parents de respecter l’horaire de l’enfant après avoir décidé du partage de leurs responsabilités et réglé les détails de la garde.
- Il est important de ramener et de passer chercher l’enfant aux mêmes heures autant que possible.
- Le respect des routines telles que l’heure des repas, l’heure du coucher et les rituels du matin réconfortent et sécurisent l’enfant.
- Essayez de faire en sorte que le bébé ou le tout-petit se sente chez lui le plus possible en lui permettant par exemple d’apporter ses jouets ou une couverture préférée d’un foyer à l’autre.
Veillez à ce qu’ils aient des contacts réguliers et fréquents avec les deux parents. Les jeunes enfants, plus que les autres, ont besoin de contacts réguliers avec les deux parents :
- Voir souvent chaque parent aide le jeune enfant à se remémorer celui dont il est séparé :
- L’enfant peut rencontrer l’autre parent en ligne, ce qui lui permet de le voir et de l’entendre, voire de lire une histoire avec lui.
- N’imposez aucune restriction sur les appels téléphoniques, surtout au début.
- N’oubliez pas que les jeunes enfants peuvent mettre plus de temps à s’ajuster au début ou à la fin d’une transition :
- La veille et le matin d’une transition, préparez les bambins en leur expliquant les pourquoi, quand et comment.
- Expliquez-leur dans un langage simple où ils s’en vont et quand ils reviendront. Rappelez-leur qu’ils auront en tout temps avec eux les animaux en peluche et les couvertures qu’ils préfèrent.
Stimulez-les beaucoup lorsque vous êtes avec eux. Les bébés et les tout-petits s’épanouissent dans un environnement stimulant, car leur cerveau absorbe pratiquement tout. Alors :
- Parlez ou chantez-leur durant les changements, en les allaitant, dans la voiture et lors des courses. (Mêmes les enfants qui ne s’expriment pas encore gagnent à entendre beaucoup de mots, car cette exposition au langage leur apprendra plus facilement à parler.)
- Prenez-les souvent dans vos bras et touchez-les fréquemment.
- Faites-leur la lecture à voix haute tous les jours.
- Encouragez-les à jouer– avec des objets inoffensifs, des jouets et, bien sûr, vous!
Les enfants d’âge préscolaire (de 3 à 5 ans)
Durant les années qui précèdent son entrée à l’école, l’enfant grandit vite au plan physique, intellectuel et affectif. Son indépendance, sa curiosité et son apprentissage s’accentuent.
Si les enfants de ce groupe d’âge font des progrès considérables sur les plans physique et psychologique, leur compréhension de la séparation et du divorce n’en demeure pas moins sommaire. Ils pourraient se croire responsables de votre brouille et séparation, craindre que vous ne les abandonniez et rêver à ce que vous vous réconciliez.
Comportements et problèmes de développement typiques
Vers trois ans, son vocabulaire s’enrichissant, l’enfant arrive la plupart du temps à se faire comprendre. Il commence à saisir d’autres points de vue, ce qui lui permet alors d’éprouver et de manifester de l’empathie. L’enfant « c’est à moi » fait graduellement place à celui capable de partager avec les autres de son âge.
L’enfant de quatre ans est fier de son vocabulaire grandissant et aime à le montrer. Les parents peuvent s’attendre à se faire poser des tas de questions et à se faire raconter des histoires à dormir debout. Certains enfants de cet âge joueront les gendarmes ou feront les porte-paniers.
L’enfant de cinq ans a tendance à être amical avec ses pairs et les adultes et commence à imiter ces derniers. Vers cet âge, l’enfant distingue de mieux en mieux le bien du mal, s’éveillant à la conscience et au sentiment de culpabilité.
Une imagination fertile. L’enfant de trois à cinq ans a également du mal à distinguer le réel de l’imaginaire, ce qui peut le rendre confus. Il peut s’imaginer que sa mère l’abandonne, que son père ne l’aime plus ou qu’on le punit pour s’être senti en colère. L’enfant d’âge préscolaire est très curieux et cherchera activement à comprendre ce qui change dans sa vie. Il est maintenant capable de s’interroger et posera des questions telles que « Pourquoi? », « Et si? » et « Comment se fait-il? ». Cette faculté de comprendre certains événements pourrait l’amener à s’inquiéter davantage.
L’enfant d’âge préscolaire adore raconter et qu’on lui raconte des histoires abracadabrantes. Il aime exagérer et croit souvent ce qu’il vient tout juste de raconter. Votre enfant ne ment pas pour autant. En fait, vous pouvez vous servir de ces histoires pour échanger de l’information avec votre enfant et l’amener à mieux comprendre. (Voir « Section 3– Communiquer et tisser des liens avec vos enfants ».)
Besoin des deux parents. L’enfant d’âge préscolaire n’a pas encore atteint sa pleine autonomie sociale et affective. Il dépend encore de la présence de ses deux parents et de la stabilité de son foyer pour se sentir en sécurité. À ce stade, l’enfant a besoin de l’affection de ses deux parents et commence à développer une relation avec chacun. Il ressent un profond sentiment de perte si l’un des parents s’occupe moins de lui. Non seulement s’ennuiera-t-il souvent de ce parent et de son affection, mais certains de ses besoins physiques et affectifs risquent d’être inassouvis. L’enfant est souvent déchiré par la crainte insurmontable de perdre ses deux parents. Tout comme les bébés et les tout-petits, les enfants d’âge préscolaire doivent recevoir très souvent la visite du parent qui ne vit plus avec eux. Le tempérament joue un rôle majeur dans le développement de l’enfant et un rôle important dans la façon dont celui-ci réagit à la séparation. Quand l’enfant a de trois à cinq ans, les parents savent déjà comment il réagit au stress. (Voir l’encadré Qu’est-ce que le « tempérament »?) Certains boudent, sont effrontés ou se fâchent, alors que d’autres sont trop dociles ou obéissants. Il est bon de savoir qu’un enfant qui devient incapable d’exprimer ses émotions et de faire face au stress comme d’habitude essaiera de le faire autrement. L’enfant généralement franc ou bavard se repliera brusquement sur lui-même, alors que celui normalement docile ou obéissant refusera subitement de coopérer.
Qu’est-ce que le « tempérament »?
- Le « tempérament » est une qualité innée. Les enfants sont tout aussi différents sur le plan physique que du tempérament. Le style d’apprentissage, les forces et les vulnérabilités de l’enfant sont conditionnés par son tempérament.
- Le tempérament est distinct de la personnalité. La personnalité, qui englobe toute la personne, dont le tempérament, est aussi tributaire du milieu : famille, quartier, éducation, événements de la vie, culture, etc.
Les parents doivent résister à la tentation de laisser un enfant soumis ou obéissant commencer à s’occuper d’eux et d’ignorer l’enfant moins demandant. Ainsi qu’à celle de simplement punir un enfant colérique et désagréable au lieu de chercher à comprendre ce qui le rend malheureux.
Les services de garde. Le fait pour un enfant d’âge préscolaire de savoir avec certitude qui le gardera et à quel endroit lui procure un sentiment de stabilité et de sécurité. Ceci peut aider :
- toujours le faire garder au même endroit;
- le laisser y apporter des objets familiers tels que des animaux en peluche, une couverture à laquelle il est attaché ou des jouets;
- l’y amener et passer le chercher aux mêmes heures; et
- respecter la même routine le matin, au souper et au coucher.
Dans la mesure du possible, vous feriez bien de ne pas changer de service de garde, du moins au début de la séparation et du divorce. La routine sécurise l’enfant d’âge préscolaire, qui peut mal prendre tout bouleversement à son horaire quotidien. S’il faut absolument modifier cet horaire, vous devriez lui expliquer pourquoi. Vous pouvez également aider votre enfant d’âge préscolaire à s’ajuster en allant visiter son nouveau milieu de garde avant de l’y amener la première fois.
Réactions au stress
L’enfant manifeste souvent sa détresse en retournant à d’anciens comportements, par exemple :
- sommeil– recommencer à mouiller son lit ou à faire des cauchemars, vouloir rester debout;
- habitudes alimentaires – manger davantage ou moins que d’habitude ou refuser ses plats préférés;
- activité physique et loisirs– préférer le tricycle à la bicyclette;
- langage – recommencer à « parler bébé »;
- développement affectif– recommencer à faire des crises de larmes, à s’agripper ou à sucer son pouce;
- relations sociales – refuser de jouer avec les autres enfants.
L’enfant d’âge préscolaire peut vivre une myriade d’émotions en un rien de temps. Il exprimera la plupart du temps son chagrin et sa détresse par de la colère. Le jeune enfant manifeste souvent sa colère en frappant, en donnant des coups de pied, en lançant des objets, en pinçant les autres enfants ou en leur crachant dessus. Durant la séparation, ces manifestations de colère peuvent se multiplier.
Les peurs sont aussi un indice d’anxiété ou de tensions chez l’enfant d’âge préscolaire, surtout là où il avait l’habitude d’être à l’aise. L’enfant d’âge préscolaire qui est troublé peut aussi être triste, se replier sur lui-même ou manquer d’énergie.
Beaucoup de ces sentiments et de ces réactions peuvent être attribuables au simple fait de grandir et n’indiquent pas en soi que l’enfant est troublé. Mais il s’agit peut-être de signes de détresse s’ils sont inhabituellement intenses, durent très longtemps et perturbent fortement la vie de l’enfant.
Si votre enfant d’âge préscolaire montre des signes de détresse, vous pouvez l’aider en essayant d’en éliminer les sources de même qu’en le rassurant et en veillant à sa stabilité et à son bien-être.
Ce que vous pouvez faire
- L’enfant a besoin que vous soyez tous les deux actifs dans sa vie quotidienne– celui d’âge préscolaire s’habituera à être séparé plus longtemps d’un parent s’il peut passer suffisamment de temps avec chaque parent.
- Suivez les mêmes routines et rappelez-les à l’enfant.
- L’enfant d’âge préscolaire a besoin d’explications simples et concrètes : quoi, pourquoi, quand et où.
- Écoutez attentivement votre enfant d’âge préscolaire, regardez-le agir et réagissez avec compassion et compréhension.
- Encouragez-le à exprimer ses sentiments.
- Lisez des histoires d’enfants dont les parents se séparent ou sont divorcés.
- Rassurez l’enfant en lui disant que la séparation n’est pas de sa faute et qu’il est important pour lui d’aimer ses deux parents et d’avoir une relation avec chacun.
Facilitez la transition de l’enfant d’un endroit à l’autre
L’enfant peut trouver difficile d’avoir à déménager d’un foyer à l’autre, que ce soit aux quelques jours ou seulement la fin de semaine. Sa réalité s’en trouve fortement changée. Chaque réunion avec un parent est aussi une séparation d’avec l’autre– chaque « allô » est aussi un « au revoir ». S’il faut inévitablement une période de transition, il y a tout même des choses que vous pouvez faire pour faciliter les transferts et les transitions, et ce, aussi bien au départ qu’au retour de l’enfant. Par exemple, évitez autant que possible les transferts à l’approche du coucher ou des repas. Veillez à ce que les transferts soient brefs et discutez de questions d’ordre parental à un autre moment.
Quand vos enfants partent
Quand vos enfants s’apprêtent à s’en aller chez votre ex-conjoint, essayez de rester positif et de les y amener à temps. Vous pourriez faciliter les transitions comme suit :
- Aidez les enfants à se faire à l’idée de partir. Pour les enfants plus jeunes, utilisez un calendrier indiquant les jours passés chez chaque parent avec des couleurs différentes. Comptez avec eux combien il reste de « dodos » avant leur départ chez l’autre parent. Vous pouvez aussi les aider à s’y préparer en leur rappelant les choses qu’ils y feront.
- Soyez prêt et faites les bagages à l’avance. S’ils sont assez vieux pour le faire, aidez-les à préparer leurs bagages bien avant de partir de façon à ne rien oublier d’important. Vous pouvez préparer une liste et l’accrocher dans leur chambre. Revoyez l’horaire de chaque enfant pour savoir s’il a besoin d’équipement ou de vêtements particuliers. Mieux vous serez préparé, plus la transition sera facile pour votre enfant.
- Allez toujours déposer les enfants, pas les chercher. Il est bon que les parents prennent chacun l’habitude d’aller déposer les enfants chez l’autre, mais pas avant l’heure convenue. Un parent qui irait chercher ses enfants avant cette heure pourrait interrompre ou écourter l’important « au revoir ».
Quand vos enfants reviennent
Quand vos enfants reviennent chez vous, les choses peuvent être inconfortables ou difficiles au début. Pensez à la façon dont vous vous sentez le jour où vous rentrez au travail après être allé en vacances. Les transitions prennent du temps. Vous pourriez faire ceci pour aider vos enfants à s’ajuster :
- Prenez votre temps. Quand ils entrent chez vous, prenez le temps de respirer, par exemple en lisant un livre ou en faisant autre chose de paisible. Les enfants ont ainsi la liberté de s’ajuster à leur propre rythme. Par-dessus tout, abstenez-vous de poser des questions sur l’autre parent ou foyer.
- Ayez-en deux. Pour simplifier les choses et permettre à vos enfants de se sentir un peu plus « chez eux », veillez à ce qu’ils aient certaines choses essentielles– brosse à dents, brosse à cheveux, pyjama, photos, etc. – aux deux endroits.
- Donnez de l’espace à vos enfants. On dirait que vos enfants ont besoin d’espace? Faites autre chose non loin d’eux. Avec le temps, les choses reviendront à la normale.
- Ayez une routine spéciale. Jouez le même jeu ou servez le même repas dont vos enfants raffolent chaque fois qu’ils reviennent. La routine est excellente pour les enfants– le fait de savoir exactement à quoi s’attendre quand ils retournent chez vous peut les aider à faire plus facilement la transition.
Les enfants du premier cycle du primaire (de 6 à 8 ans)
Les enfants de ce groupe d’âge tentent de réussir à l’école et de se faire de nouveaux amis de leur âge. Ils sont fiers de ce qu’ils accomplissent. Les jeunes enfants d’âge scolaire n’ont pas les mêmes besoins et aptitudes que les enfants d’âge préscolaire. Savoir mieux exprimer leurs pensées et sentiments que les plus jeunes qu’eux n’empêchera pas les élèves du primaire de retourner à d’anciens comportements.
Certes, les enfants se feront des amis et noueront des liens à l’extérieur de la famille, mais rien ne les influencera autant que celle-ci. Il leur faut, comme les plus jeunes qu’eux, passer du temps avec leurs deux parents ou des exemples à suivre des deux sexes. La relation avec le parent moins présent est très importante pour l’enfant de cet âge.
Au début du primaire, les enfants commencent à comprendre qu’ils n’ont rien à voir avec les conflits parentaux. Ils pourraient tout de même avoir tendance à s’immiscer dans les disputes et à choisir un camp. Durant cette période de leur développement, les enfants continuent à penser en noir et blanc– bien ou mal, bon ou mauvais.
Comportements et problèmes de développement typiques
Déni et autres mécanismes de défense. Le déni, le refus de s’avouer à soi-même que l’on souffre ou que quelque chose ne va pas, est une façon typique pour les enfants plus jeunes du primaire de réagir à la séparation et au divorce. Il leur arrive également d’être en colère et frustrés et de se chamailler avec leurs frères et sœurs ou leurs camarades de classe et de commencer à s’entêter et à refuser de coopérer à la maison. Ils tentent ainsi d’échapper temporairement aux émotions qui leur font mal, mais ni le déni ni la colère ne sont à long terme un bouclier efficace. Le déni empêche les enfants d’accepter et de surmonter une situation difficile, tandis que la colère leur attire habituellement des ennuis avec les adultes et leurs pairs à la maison comme à l’école. Surtout, aucun de ces mécanismes de défense n’aide les enfants à vaincre leur tristesse.
La colère et l’anxiété peuvent se traduire par de mystérieux maux de tête ou de ventre. L’enfant manifestera parfois sa peur et son anxiété par des habitudes nerveuses telles que se ronger les ongles au lieu de l’afficher en ayant peur d’un événement ou d’un objet précis.
Capacité accrue d’imaginer l’avenir. Les enfants du premier cycle du primaire apprennent à former des idées complexes, ce qui leur permet d’imaginer l’avenir de différentes façons. Les enfants de parents divorcés sont alors plus susceptibles de redouter, par exemple, que le parent avec qui ils vivent les abandonne. Cela les inquiète et aggrave leur désarroi face à la séparation et au divorce. L’enfant de cet âge dont un parent se remarie ou forme une nouvelle union conjugale pourrait avoir peur qu’on le remplace par un nouveau bébé.
Un solide sens de la famille. Les enfants du premier cycle du primaire comprennent mieux leur place dans la famille et celle de leur famille dans la société. D’où le lien étroit entre leur identité et l’appartenance à une famille. (Voir « Soignez leur sentiment d’identité et d’appartenance » à la section 5.) Non seulement leur relation avec chaque parent est-elle importante, mais leur amour pour la famille et leur confiance en elle commence à poindre. La séparation vient donc perturber le sentiment de famille si cher aux enfants de cet âge.
Des sentiments de perte. Chez les jeunes enfants du primaire, le processus de la séparation et du divorce est surtout marqué par de profonds sentiments de perte et de tristesse du fait, par exemple :
- de ne plus se sentir en paix à la maison en raison du conflit parental;
- de ne plus se sentir en sécurité quand un parent est anxieux ou perturbé;
- de ne plus avoir la même relation avec le parent qui quitte la maison ou d’avoir perdu cette relation;
- d’avoir une relation plus distante avec le parent qui vit à la maison lorsque le travail, les tâches domestiques, une nouvelle relation adulte ou, encore, un remariage ou une nouvelle relation conjugale accaparent davantage ce parent;
- de ne plus fréquenter les grands-parents et d’autres membres de la famille élargie;
- d’avoir perdu le sentiment de stabilité, de maîtrise sur le cours des événements et de confiance qui les habitaient auparavant;
- de craindre que la séparation ou le divorce de ses parents ne les rende différent de leurs pairs; et
- de ne plus avoir les ressources financières pour s’adonner à leurs activités.
L’importance de la communication
Les parents peuvent aider leurs jeunes enfants du primaire à s’adapter à la séparation en leur en parlant clairement et simplement. L’aborder indirectement peut également se révéler utile; les histoires mettant en scène d’autres enfants qui ont vu leurs parents se séparer peuvent montrer à vos enfants qu’on peut s’adapter et qu’ils ne sont pas seuls. Expliquez-leur pourquoi vous vous séparez en adoptant pour ce faire une approche et un langage adaptés à leur âge. Il est parfois plus sage de ne pas en préciser les raisons et de ne pas trop entrer dans les détails. (Voir « Soignez leur sentiment d’identité et d’appartenance » à la section 5.) Rassurez-les en leur disant encore et encore qu’ils ne sont pas responsables du divorce.
Beaucoup de parents hésitent avant d’aborder le sujet avec leurs enfants de crainte de les blesser. Mais qu’on le veuille ou non, les enfants éprouveront une certaine douleur. S’ils sont déjà tristes et troublés de voir leurs parents généralement stressés et tendus se disputer, cela les soulagera peut-être de savoir le fond des choses et ce qui les attend.
Le premier entretien est une occasion pour vous d’assumer la responsabilité des problèmes. Vos enfants sauront ainsi à quoi s’attendre et seront soulagés d’apprendre que vos querelles pourraient prendre fin.
Les enfants ont besoin de savoir exactement ce qui leur arrivera. Il est donc préférable de leur en dire autant que possible. Puisqu’ils veulent savoir où ils vivront et avec qui, vous voudrez discuter entre autres :
- de la fréquence à laquelle ils verront l’autre parent et où cela aura lieu, y compris le type d’activités qu’ils pourraient faire ensemble et les restrictions correspondantes, s’il y a lieu;
- tout changement à l’horaire ou à la routine de la famille, comme le retour d’un parent sur le marché du travail ou l’attribution de nouvelles tâches; et
- les répercussions pour leurs frères et sœurs, par exemple si tous les enfants rencontreront l’autre parent en même temps ou à tour de rôle.
Si vos enfants doivent absolument changer d’école, donnez-leur la possibilité de découvrir leur nouvelle école le plus possible avant de commencer à la fréquenter. En outre, si l’un de vous deux prévoit un déménagement majeur, donnez à vos enfants le plus de temps possible pour s’habituer à l’idée.
Encouragez la discussion. Il est particulièrement important pour les enfants du premier cycle du primaire de pouvoir parler de ce qu’ils ressentent et poser des questions sur la séparation et le divorce et ce qui attend sa famille. Si malheureux et troublé puissiez-vous être, il est important que vous en fassiez abstraction quand vous parlez à vos enfants. Dites-leur que la plupart des enfants éprouvent des sentiments de toutes sortes quand leurs parents divorcent et que ces sentiments sont normaux.
Signes de stress
Voici des signes courants que vos enfants ont de la difficulté à s’habituer aux changements :
- éprouver des problèmes de comportement, par exemple être agressifs, impulsifs, manipulateurs ou déprimés;
- être tristes, pleurer ou se replier sur eux-mêmes fréquemment;
- avoir des troubles du sommeil tels que faire des cauchemars et mouiller leur lit;
- avoir des problèmes à l’école tels que de la difficulté à se concentrer et rêvasser.
Vous devriez parler à votre pédiatre, médecin ou conseiller en cas de comportements persistants tels que mouiller son lit ou recommencer à parler bébé. Demandez aussi à ses professeurs et à quiconque s’occupe de votre enfant d’être à l’affût de tout changement dans sa façon d’agir ou de se comporter. Plus vous en savez sur votre enfant durant cette transition, mieux vous l’aiderez à s’adapter.
Hostilité prolongée entre les parents. L’hostilité qui règne entre les parents, qu’elle soit intense ou qu’elle dure depuis longtemps, inflige beaucoup de stress aux enfants du premier cycle du primaire comme à ceux de tout âge. À ce stade de leur développement, les enfants sont particulièrement vulnérables aux conséquences imaginaires de la colère de leurs parents et craignent souvent d’être à l’origine de leurs problèmes conjugaux.
Les enfants du premier cycle du primaire veulent aider leurs parents en détresse. Sentir qu’un parent a besoin d’eux leur donne le sentiment d’être grands, importants et aimés. Ils voudront néanmoins retrouver le « même bon parent » de façon à ce qu’il recommence à prendre soin de « moi ». Les enfants qu’on laisse trop s’occuper de leurs parents seront privés d’une foule de moments de plaisir, d’insouciance et de spontanéité propres à l’enfance et risquent de se transformer en de « petits adultes » portant le poids de responsabilités qu’ils n’ont pas la capacité d’assumer.
Ce que vous pouvez faire
- Entendez-vous avec votre ex-conjoint de façon à pouvoir continuer de vous impliquer tous les deux dans la vie de votre enfant. (Voir l’encadré Parentalité « virtuelle ».)
- Rassurez-le. Faites-lui comprendre que vous ne vous séparez pas à cause de lui et qu’il n’a rien à voir avec votre décision.
- Encouragez votre enfant à vous parler directement à l’un et à l’autre et à nouer des liens uniques avec chacun de vous deux.
- Intéressez-vous à ses activités scolaires et parascolaires.
- Permettez-lui de téléphoner à l’autre parent et de communiquer convenablement en ligne avec lui et encouragez-le à le faire.
Parentalité « virtuelle »
La notion de parentalité virtuelle n’est pas nouvelle. Les parents en voyages d’affaires utilisent la vidéoconférence et la messagerie instantanée pour contacter régulièrement leurs enfants. Les familles militaires font de même lorsqu’un parent est déployé. De nos jours, les technologies de l’information et des communications permettent aux parents d’élever « virtuellement » leurs enfants quand ils sont loin d’eux, quelle qu’en soit la raison.
Le contact virtuel est un moyen d’aider les parents à communiquer plus souvent avec leurs enfants malgré la distance qui les sépare. Il leur offre aussi la possibilité d’entretenir des relations plus constantes en établissant une routine. Que les enfants divisent leur temps entre deux domiciles ou qu’un parent ait déménagé, la parentalité virtuelle peut les aider à maintenir des contacts réguliers avec le parent qui se trouve ailleurs.
La vidéoconférence, la messagerie instantanée et les médias sociaux ne sont pas les seuls moyens pour les parents et les enfants de faire des activités ensemble. Des sites Web s’y consacrent également. Ces nouveaux outils permettent aux parents non seulement de parler des activités de la journée avec leurs enfants, mais également de les aider à faire leurs devoirs, de jouer à des jeux électroniques ou de faire des voyages virtuels avec eux ou de participer à leur routine du coucher.
Le contact virtuel ne peut remplacer la présence du parent puisque le contact direct est essentiel au maintien d’une relation parent-enfant riche de sens. Les technologies de l’information et des communications peuvent alors jouer un rôle important en permettant aux parents séparés et à leurs enfants d’entretenir une relation ininterrompue et pertinente. Quelle que soit la situation, ces moyens virtuels peuvent habituellement faire partie du plan parental.
Préadolescents (de 9 à 12 ans)
Les préadolescents font d’importants progrès sociaux et affectifs, ce qui leur donne un sentiment grandissant d’indépendance. Ils accordent davantage d’importance au monde extérieur. L’école, les amis et les activités parascolaires prennent alors plus de place dans leur vie.
Les préadolescents comprennent de mieux en mieux les relations humaines et portent un regard plus réaliste sur le divorce. Ce qui ne leur donne pas pour autant la capacité affective de tout affronter. Durant cette période, les enfants sont très impressionnables et bâtissent leur propre code de valeurs morales fondé en grande partie sur ce qu’ils apprennent de leurs parents et d’autres adultes. Environ le quart des enfants de cet âge voient un parent comme « le bon » et l’autre comme « le méchant ». (Voir l’encadré Mes parents se séparent ou divorcent : Qu’est-ce que ça veut dire pour moi?)
Mes parents se séparent ou divorcent : Qu’est-ce que ça veut dire pour moi?
Mes parents se séparent ou divorcent : Qu’est-ce que ça veut dire pour moi? est une publication de Justice Canada ayant pour but d’aider les enfants de 9 à 12 ans à vivre la séparation ou le divorce de leurs parents. Il s’agit de les aider à se familiariser avec quelques notions de base en droit de la famille et de leur donner une idée de ce qui attend la famille durant la séparation de leurs parents. Son objectif est aussi d’aider les enfants à comprendre qu’il est normal pour eux de réagir émotivement au divorce de leurs parents et de les encourager à parler de leurs inquiétudes à quelqu’un en qui ils ont confiance.
Le calendrier en ligne « Qu’est-ce que ça veut dire pour moi? » aide les enfants à garder le fil des dates importantes, y compris le temps passé avec chaque parent.
(Voir « Section 11 – Ressources » pour savoir comment trouver et télécharger ces publications.)
Comportements et problèmes de développement typiques
De plus en plus indépendants, les enfants de 9 et 10 ans ne se font toutefois pas trop prier pour obéir à leurs parents et suivre les instructions. Ils auront peut-être tendance à s’en faire ou à se plaindre de malaises physiques tels que des maux d’estomac ou des maux de tête. Ils s’intéressent typiquement de plus en plus aux amis et aux autres sorties que les sorties en famille.
Les enfants de 11 et 12 ans peuvent commencer à changer d’humeur ou à se comporter parfois comme des adultes, parfois comme des enfants. Ils grandissent vite, surtout les filles, et peuvent commencer à se quereller davantage avec leurs parents, que ce soit occasionnellement ou régulièrement. Les relations entre pairs sont extrêmement importantes à cet âge et certains enfants commencent à avoir des idylles ou des liaisons amoureuses. Durant cette période, il arrive que les filles aient une meilleure relation avec leur père qu’avec leur mère.
Retrait social. Le retrait social est un signe courant d’inquiétude ou de peur chez les préadolescents. Les relations qu’entretiennent les enfants de cet âge avec d’autres enfants et des amis ont une influence cruciale sur leur croissance sociale et affective. Ne pas fréquenter d’autres enfants à l’extérieur de l’école, changer de cercle social ou passer trop de temps seul en ligne, tout cela pourrait indiquer aux parents que quelque chose ne va pas.
Le désarroi se transforme en colère. Les préadolescents convertiront souvent le désarroi et la tristesse en colère. Celle-ci les empêche de se sentir malheureux et vulnérables. Ils projetteront leur souffrance sur les autres, habituellement leurs plus proches, en s’emportant contre eux. Certains préadolescents pourraient se montrer agressifs en se bagarrant avec des camarades de classe ou leurs frères et sœurs ou, encore, en s’attaquant verbalement à un parent ou aux deux. D’autres argumenteront vivement avec un parent ou se plaindront des heures de rentrée, des règles d’utilisation d’Internet ou d’écoute de la télévision ou d’avoir à faire des tâches domestiques. On devinera parfois leur désarroi à des malaises physiques tels que des maux de tête ou de ventre on ne peut plus réels et douloureux. (Voir « Soignez leur sentiment d’identité et d’appartenance » à la section 5.)
Les préadolescents sont plus susceptibles d’intimider leurs frères et sœurs ou leurs camarades de classe quand leurs parents se séparent, surtout quand ceux-ci s’affrontent ouvertement. L’enfant qui s’imagine qu’on peut être agressif ou irrespectueux à la maison est plus enclin à penser qu’on peut aussi l’être à l’école. En revanche, l’enfant qui se sent vulnérable ou anxieux parce que ses parents se séparent peut être victime d’intimidation. Les enfants qui en intimident d’autres essaient de s’en prendre aux plus vulnérables de leurs pairs.
Laissez les enfants être des enfants. Les enfants de cet âge rêvent qu’on les traite en adultes, mais les parents doivent résister à la tentation de les laisser intervenir dans leurs problèmes d’adultes. Par exemple, il y a une grande différence entre laisser un enfant choisir la nouvelle couleur de sa chambre et lui demander son point de vue sur des questions d’ordre financier. S’ils sont nombreux à vouloir aider leurs parents, les enfants de cet âge sont tout de même trop jeunes pour assumer une telle responsabilité. Sachez que les enfants qui grandissent en « s’occupant de leurs parents » risquent d’en payer le prix émotionnel plus tard dans la vie. Assurez-vous d’offrir ce qu’il faut à vos enfants pour se développer en les encourageant à se faire des amis et à participer à d’autres activités qu’en famille.
Le coût affectif des conflits. Les parents pourraient faire payer chèrement et longtemps à leurs enfants, préadolescents ou non, les conséquences affectives de leur permettre d’intervenir directement dans leurs problèmes d’adultes. Déchirés dans leur allégeance, les préadolescents risquent d’en éprouver de vifs sentiments de culpabilité, de déloyauté et de peur. Les parents qui entraînent leurs enfants dans leur conflit les placent dans la position insoutenable d’avoir à choisir l’un d’eux. Or, les enfants de cet âge ne sont pas prêts à exercer ce pouvoir ni à faire face au stress qui s’y rattache.
Nouvelles relations entre adultes. Quand un parent commence à fréquenter quelqu’un de nouveau, le préadolescent doit se faire à l’idée que ce parent pourrait avoir moins de temps et d’énergie à lui consacrer. L’enfant peut :
- penser que ce parent l’aime moins parce qu’il lui consacre moins de temps;
- présumer que ses parents sont « encore ensemble »;
- ne pas être prêt à accepter la sexualité de ses parents, ayant de la difficulté à concevoir qu’ils puissent avoir des rapports sexuels; et
- se sentir déchiré entre aimer ou ne pas aimer le nouveau conjoint de leur parent.
Un vaste arsenal de mécanismes de défense. Les préadolescents se défendent plus subtilement que leurs cadets. Il leur arrivera par exemple d’exprimer leurs craintes en dissimulant leur vulnérabilité et leur besoin d’aide. Ils donneront peut-être l’impression d’en vouloir à quelqu’un d’autre – un autre enfant, un autre membre de la famille ou un professeur – ou de n’être ni troublés ni fâchés. Vous verrez selon le degré de maturité de votre enfant s’il est utile ou non de vous attaquer de front à ces mécanismes de défense. Ainsi, certains enfants de neuf ans pensent et agissent comme des adolescents de quinze ans, alors que d’autres semblent agir davantage selon leur âge. Jugez-en à la lumière de ses réactions antérieures. S’il risque de trouver menaçant ou intrusif la tentative d’aborder directement la question de ses mécanismes de défense ou sentiments, le mieux serait peut-être de le faire indirectement, par exemple en parlant de que ressent le personnage d’un film. Il arrivera aux préadolescents de se défendre :
- en niant ce qu’ils ressentent, par exemple en discutant d’événements bouleversants sans trahir d’émotion;
- en déplaçant leurs émotions, par exemple en se battant avec des amis et avec d’autres enfants au lieu d’être en colère contre un parent;
- en se dévouant exagérément à un parent (ou en sentant le besoin de prendre soin de ce parent); et
- en idéalisant le parent absent et en s’identifiant à lui.
Signes de stress
- en vouloir intensément au parent jugé responsable de la séparation
- avoir des ennuis à l’école, comme de moins bonnes notes ou des problèmes de discipline
- être triste ou indifférent face à la vie
- éprouver des malaises tels que des maux d’estomac ou de tête ou « se sentir mal »
Ce que vous pouvez faire
Cherchez à rassurer, structurer et soutenir. Les parents qui se séparent croient parfois qu’il est inutile d’expliquer la situation à leurs préadolescents en se disant qu’ils sont assez matures pour comprendre ce qui se passe. Malgré l’apparente « lucidité » de certains d’entre eux, les enfants de cet âge ont tout de même besoin que leurs parents leur disent ce qu’il en est.
Les enfants cherchent tout naturellement auprès de leurs parents la compréhension, le réconfort et le soutien dont ils ont besoin quand les choses vont mal. En refusant de parler de votre séparation avec eux, vous les privez de leur moyen fondamental de trouver des réponses à leurs questions, d’exprimer leurs craintes et de comprendre ce qui les tracasse. Vous pouvez expliquer la séparation et le divorce à vos préadolescents tout en tenant compte de leur degré de maturité. Certains préadolescents, jeunes pour leur âge, seront plus à l’aise que vous leur parliez comme à des enfants plus jeunes du primaire, alors que d’autres seront plus réceptifs à l’approche directe, privilégiée dans le cas des adolescents. (Voir « Section 3 – Communiquer et tisser des liens avec vos enfants ».)
Les préadolescents veulent des signes concrets de dévouement. En prenant le temps d’assister à des réunions d’école, à des spectacles ou à des rencontres sportives, vous leur montrez qu’ils comptent pour vous. La confiance et l’estime de soi sont des choses que vous pouvez aider vos enfants à cultiver. Vous pourriez, par exemple, les encourager à s’intéresser à des activités scolaires, sportives ou artistiques, les aider à se faire de nouveaux amis et les féliciter pour leurs nouveaux talents et leur maturité croissante.
Les parents devraient continuer à imposer des limites, des règles et des heures de couvre-feu raisonnables, car les préadolescents ont besoin de structure et de routine pour se sentir en sécurité. Soyez ferme mais gentil. (Voir l’encadré Ce qui fait de moi un parent démocratique et la rubrique « Enseignez par la discipline » à la section 5.) Assouplir les règles pour se sentir moins coupable de se séparer ou de divorcer n’a souvent pour effet qu’engendrer des problèmes additionnels.
D’autres adultes peuvent servir d’alliés et donner l’exemple à vos préadolescents. Donnez-leur l’occasion de passer du temps avec d’autres adultes de confiance tels que des parents, des voisins ou des enseignants.
L’école est votre alliée. Restez en contact avec les enseignants de votre enfant, surtout si vous soupçonnez qu’on l’intimide. Un enseignant peut veiller sur un enfant qui se sent davantage vulnérable ou impuissant. Si un enseignant vous informe que votre enfant se comporte plus agressivement à l’école, aidez celui-ci à exprimer sa colère de manière constructive et cherchez à mieux vous entendre avec votre ex-conjoint. Quand l’intimidation devient un problème, demandez l’aide de l’école ou de votre médecin de famille.
Adolescents (de 13 à 17 ans)
À l’adolescence, les enfants apprennent à se définir eux-mêmes ainsi qu’à forger leurs propres valeurs, priorités et objectifs. Ils acquièrent aussi le sentiment d’appartenir à un milieu et au monde qui les entoure. Bref, les adolescents se construisent une identité distincte de celle de leurs parents.
Être adolescent n’est pas facile, même quand tout va pour le mieux. Les adolescents se posent beaucoup de questions auxquelles vous n’avez pas toujours les réponses. L’adolescence est une période de grands changements, ce qui la rend d’autant plus stressante et déroutante. Les adolescents cherchent à la fois à composer émotionnellement avec des changements physiques et sociaux et à moins dépendre de leurs parents. Ils ont besoin plus que jamais que vous les rassuriez, les aimiez et les guidiez fermement de façon à pouvoir relever ces défis de taille. Malgré leur maturité physique (et même s’ils se disent indépendants), les adolescents ont encore besoin de leurs parents.
La plupart des adolescents considèrent que leurs parents ont leurs qualités, mais également leurs limites et leurs torts. Après la séparation, certains pourraient commencer à ne penser que du mal de leurs parents. Les adolescents ont souvent de la difficulté à comprendre que leurs parents aient pu laisser leur relation se détériorer à ce point. Certains pourraient commencer à les juger égoïstes ou stupides, à plus forte raison s’ils les voient se quereller et sont témoins de leurs déboires.
Comportements et problèmes de développement typiques
Beaucoup d’adolescents aimeront passer plus de temps seuls dans leur chambre à écouter de la musique ou à passer du temps sur les médias sociaux. Leur indépendance croissante peut les amener à se vêtir ou se coiffer autrement ou à « tester » d’autres croyances ou attitudes. Les adolescents voudront généralement passer moins de temps avec leurs parents pour en passer davantage avec leurs amis. Certains, et cela est un phénomène courant, auront moins le goût de parler à leurs parents ou à d’autres adultes de ce qui se passe dans leur vie.
Des émotions contradictoires. La stabilité revêt beaucoup d’importance à l’adolescence en raison de la confusion et des bouleversements qui règnent à cet âge. C’est pourquoi la séparation ou le divorce des parents est l’une des expériences les plus pénibles qu’il soit donné aux adolescents de vivre. Ceux-ci sont cependant mieux outillés pour affronter ces difficultés que les plus jeunes qu’eux.
Les adolescents sont souvent stupéfaits d’apprendre que leurs parents se séparent. Si les tensions entre leurs parents ne leur avaient pas échappé, beaucoup refusent tout de même de croire qu’ils divorceront vraiment. À la surprise et au choc succèdent souvent, et rapidement, la colère et la tristesse. Les adolescents n’aiment pas qu’on perturbe leur vie et sont souvent déçus que leurs parents aient été incapables de sauver la famille. S’ils sont capables de mettre le doigt sur ce qu’ils ressentent, cela ne signifie pas pour autant qu’ils comprennent précisément ce qui les met en colère, les attriste ou leur fait vertement critiquer leurs parents.
Les adolescents peuvent se sentir tiraillés par les contradictions suivantes :
- être en colère contre un parent ou les deux tout en les aimant tous les deux;
- être loyal envers les deux parents tout en étant tenté de prendre parti pour l’un d’eux;
- avoir de l’affection pour le nouveau conjoint du parent tout en craignant l’aspect sexuel de la relation d’adulte du parent;
- donner l’impression que tout va bien tout en ayant besoin qu’on s’occupe d’eux et qu’on les protège.
Les adolescents vivent aussi d’autres difficultés. Certains verront dans la séparation la « preuve » que le parent qui quitte le foyer ne les aime pas vraiment ou ne souhaite pas réellement être avec eux. S’ils sont aussi vulnérables aux tentatives de leurs parents d’en faire des « espions » ou des messagers, les adolescents peuvent aussi refuser carrément de se prêter au jeu.
La colère : une émotion courante et visible. Les adolescents se sentent parfois déroutés par leur propre colère. L’intensité des conflits qui opposent leurs parents peut les troubler profondément. Il leur est difficile d’accepter que leurs parents se soient embourbés dans une situation aussi fâcheuse et qu’ils se fassent autant de mal l’un à l’autre. Les adolescents qui sont témoins des disputes de leurs parents risquent en outre de conclure qu’il est acceptable d’exprimer leur colère sans retenue (ou, au contraire, qu’ils devraient la dissimuler ou la camoufler). Les adolescents troublés du fait de leur propre colère s’en prennent souvent à leurs parents, à leurs frères et sœurs, à leurs professeurs, à leurs amis, à d’autres enfants et à des objets. Bagarres, vandalisme, crier et hurler, rien ne témoigne plus clairement de la colère qui les anime. S’ils n’en sont pas toujours conscients, les adolescents qui consomment de l’alcool ou des drogues à outrance, se replient sur eux-mêmes ou refusent de participer à des activités, ont de mauvaises notes à l’école, s’absentent de leurs cours, volent et s’alimentent mal agissent souvent ainsi sous l’effet de la colère.
Autres réactions fréquentes. En plus de ressentir de la colère, les adolescents peuvent :
- être extrêmement stressés;
- se mettre à craindre l’avenir;
- éprouver un besoin excessif d’organiser leur univers;
- remettre en question le concept de l’amour et se demander si un tel sentiment peut durer;
- craindre de ne jamais pouvoir vivre de relations heureuses; et
- se sentir menacés par les fréquentations parentales ou résister au nouveau conjoint d’un parent.
Signes de stress
- consommer de l’alcool et faire l’essai de drogues
- avoir de moins bonnes notes ou des problèmes de comportement à l’école
- éprouver une colère intense ou avoir des accès de colère
- se replier sur eux-mêmes et s’isoler de la famille et des amis
- sembler indifférents à tout ou avoir toujours l’air fatigué
- passer du temps avec des amis prenant de plus grands risques
Ce que vous pouvez faire
Privilégiez la communication directe. S’il est souvent préférable avec les enfants plus jeunes d’aborder la séparation de manière indirecte, les adolescents, eux, réagissent mieux à la nouvelle quand leurs deux parents leur en parlent directement. Vous feriez mieux d’en discuter avec tous vos enfants réunis, puis à nouveau en tête-à-tête avec vos adolescents. Ceux-ci se sentiront valorisés qu’on reconnaisse en eux des êtres plus matures.
Vous devriez parler du divorce de manière réaliste à vos adolescents et de ce que cela signifiera, à votre avis, pour eux au quotidien. Vous pourriez insister sur la nécessité de faire mutuellement preuve de patience et de compréhension, car s’ils ont besoin de temps pour s’adapter, vous n’êtes pas non plus au bout de vos peines.
En communiquant directement avec vos adolescents et vous montrant disposés à faire des compromis sur certains points de désaccord, vous les aiderez à s’adapter à leur nouvelle situation et à poursuivre leur croissance et leur développement. Il est généralement préférable d’employer avec les adolescents une combinaison judicieuse de communication directe, de négociation à l’enseigne de leurs besoins mais de limites raisonnables et de respect de leur autonomie croissante. N’oubliez pas que l’application de règles équitables mais constantes inculque aux adolescents le respect de soi et d’autrui.
Renseignez-vous sur l’adolescence. Au cours des dernières décennies, la recherche nous en a beaucoup appris sur ce que réserve l’adolescence au plan physique et mental. Demandez à votre médecin de famille ou à un conseiller de vous suggérer de bons livres ou articles sur le sujet ou faites une recherche en ligne. Même en l’absence de tout changement majeur à la maison ou à l’école, il arrive souvent aux adolescents de se comporter différemment ou de mal se conduire. Tester les règles, argumenter avec ses parents et ses frères et sœurs ou devenir peu communicatif sont des comportements assez répandus à l’adolescence. Plus vous en saurez sur ces comportements, mieux vous comprendrez s’il faut y voir les effets de la séparation ou les hauts et les bas de l’adolescence. Mieux vous connaîtrez votre adolescent, mieux vous pourrez l’aider à s’y retrouver et à devenir un jeune adulte.
Ne vous en faites pas pour des riens. Vous vous féliciterez de faire des compromis sur des questions de moindre importance lorsque vous devrez tenir tête à vos adolescents sur les grandes questions de bien-être et de sécurité. Par exemple, laissez-les décider plus librement de la façon de se vêtir, de se coiffer et de décorer les murs de leur chambre. Certains combats n’en valent tout simplement pas la peine. Et en vous montrant disposés à négocier certaines choses, vous leur prouvez que leurs besoins vous tiennent à cœur et que vous respectez leur autonomie croissante.
Aidez vos adolescents à garder leurs amis. Il est préférable que vos adolescents ne changent pas d’école puisqu’ils y ont déjà un cercle d’amis, dont certains ont peut-être vécu un divorce dans leur propre famille. Faites en sorte qu’il leur soit facile de voir régulièrement leurs amis de façon à ce que la séparation et le divorce ne monopolisent pas tout leur temps ni toute leur énergie. Que leurs parents soient séparés ou non, il est naturel que les adolescents préfèrent la compagnie d’amis ou de membres de la famille élargie à la leur. S’ils déménagent ou si leurs parents habitent loin l’un de l’autre, les adolescents devront se faire de nouveaux amis et s’adapter à de nouvelles situations, ce qui peut rendre l’expérience encore plus pénible et stressante. Il leur faudra du temps pour s’ajuster.
Autres choses que vous pouvez faire :
- S’il est difficile pour votre adolescent d’annoncer la nouvelle de la séparation à ses amis, rassurez-le en lui faisant comprendre que rien ne presse. Aidez-le à trouver les mots pour le faire s’il vous demande comment le leur apprendre. (Voir « Section 3 – Communiquer et tisser des liens avec vos enfants ».)
- Respectez le besoin de solitude qu’éprouve votre adolescent de temps à autre. Qu’il sache toutefois qu’il peut compter sur vous en tout temps.
- Ne faites pas de votre adolescent votre meilleur ami ou un camarade.
- « Fais ce que je dis, pas ce que je fais. » Les adolescents voient très vite – et souvent d’un très mauvais œil – que leurs parents aient deux poids, deux mesures. Ils sont particulièrement habiles à flairer la malhonnêteté, le deux poids, deux mesures et la manipulation. Vous ne pourrez leur faire répondre de certains comportements s’ils voient que vous ne joignez pas vous-même le geste à la parole. Tâchez d’être constant et de leur donner l’exemple.
- N’attendez pas qu’il soit trop tard pour agir – demandez l’aide de l’école ou de professionnels si votre adolescent a des troubles récurrents de comportement ou s’il se replie sur lui-même ou a l’air déprimé.
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