Surveillance de la maladie de Lyme au Canada : Édition annuelle 2018
- Organisation : Agence de la santé publique du Canada
- Publiée : septembre 2023
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Sur cette page
- Faits saillants de la surveillance 2018
- Introduction
- Méthodologie
- Résultats
- Discussion
- Conclusions en matière de santé publique
- Remerciements
- Références
Faits saillants de la surveillance 2018
- Au total, 1 487 cas humains de la maladie de Lyme ont été déclarés à l'agence de la santé publique du Canada, dont 1 053 (71 %) ont été confirmés et 434 (29 %) étaient des cas probables.
- L'incidence était la plus élevée chez les adultes âgés de 60 à 74 ans (28 % des cas) et chez les enfants de 5 à 14 ans (11 % des cas) avec prédominance chez les hommes.
- 31 % des cas ont rapporté un début de maladie en juillet.
- 97 % des cas ont été déclarés au Manitoba, en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse.
- 8 % des cas déclarés ont probablement été infectés pendant un voyage à l'extérieur du Canada.
Introduction
Les maladies à transmission vectorielle sont des maladies infectieuses causées par des bactéries, des virus et des parasites qui se propagent entre les animaux et les humains. La maladie de Lyme, est une infection multi-systémique qui peut entraîner des problèmes de santé tels que l'érythème migrant, des manifestations cardiaques, neurologiques ou arthritiques causées par la bactérie Borrelia burgdorferi, qui est transmise par la morsure d'une tique infectée, la tique à pattes noires, Ixodes scapularis, au Manitoba, dans le Centre et l'Est du Canada et la tique à pattes noires de l'Ouest, Ixodes pacificus en Colombie-Britannique. Les tiques deviennent infectées après s'être alimentées de sang de petits mammifères ou d'oiseaux infectés.
Au cours de la dernière décennie, l'expansion géographique vers le nord des populations de tiques à pattes noires dans le sud-est et le centre-sud du Canada, en partie en raison du réchauffement climatique, a entraîné une augmentation du nombre de cas de la maladie de Lyme contractés localement. La surveillance des tiques et des cas de la maladie de Lyme chez les humains est effectuée au moyen d'une approche « Une seule santé » afin de réduire au minimum le fardeau de ce qui est devenu la maladie vectorielle la plus déclarée au Canada. Le présent rapport porte sur la composante humaine de la surveillance de la maladie de Lyme et donne un aperçu des données de surveillance sur les cas déclarés en 2018.
Méthodologie
Depuis que la maladie de Lyme est devenue à déclaration obligatoire à l'échelle nationale en 2009, les cas humains de la maladie de Lyme au Canada ont été déclarés volontairement à l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) par les ministères et organismes provinciaux et territoriaux de la Santé par l'intermédiaire du Système de surveillance des maladies à déclaration obligatoire (SSMDO). L'information collectée à travers le SSMDO inclus l'âge, le sexe, et la classification (cas probable et confirmé). En 2011, l'ASPC a élaboré et mis en œuvre le Système de surveillance renforcée de la maladie de Lyme, qui permet aux provinces participantes (huit provinces en 2018) de déclarer des renseignements supplémentaires à ceux recueillis par le SCSMDO, y compris des renseignements sur l'emplacement géographique d'acquisition de l'infection, les caractéristiques cliniques et les résultats de laboratoireNote de bas de page 1. Les données obtenues des systèmes provinciaux sur les maladies à déclaration obligatoire représentent un instantané au moment de l'extraction des données et peuvent varier des rapports précédents/subséquents et des données affichées par les autorités provinciales de la santé et du SCSMDO.
Les cas déclarés à l'ASPC sont classés selon la définition nationale des cas de la maladie de Lyme de 2016Note de bas de page 1.
Résultats
Évolution de l'incidence en fonction des années
En 2018, 1 487 cas humains de maladie de Lyme ont été déclarés au Canada. De ce nombre, 1 053 (70,8 %) ont été confirmés et 434 (29,2 %) étaient des cas probables. De 2009 à 2017, le nombre total de cas de la maladie de Lyme a augmenté de 144 à 2 025 (incidence de 0,4 et 5,5 par 100 000 habitants, respectivement), puis a diminué de 26,6 % pour s'établir à 1 487 en 2018 (incidence de 4,0 par 100 000 habitants) (Figure 1).
Bien que le système de surveillance ne recueille pas d'information sur l'issue des cas, Santé Manitoba a informé l'ASPC qu'en 2018, la province a enregistré un décès attribué à la cardite de LymeNote de bas de page 2.
Figure 1 - Équivalent textuel
Année | Nombre de cas | Incidence pour 100 000 habitants |
---|---|---|
2009 | 144 | 0,4 |
2010 | 143 | 0,4 |
2011 | 266 | 0,8 |
2012 | 338 | 1,0 |
2013 | 682 | 1,9 |
2014 | 522 | 1,5 |
2015 | 917 | 2,6 |
2016 | 992 | 2,7 |
2017 | 2 025 | 5,5 |
2018 | 1 487 | 4,0 |
Répartition géographique
Les cas locaux et les cas contractés en voyage sont déclarés à l'ASPC. La majorité des cas (96,7 %) provenaient de l'Ontario (n = 628), de la Nouvelle-Écosse (n = 451), du Québec (n = 305) et du Manitoba (n = 54) (Figure 2). La Nouvelle-Écosse était la province où l'incidence était la plus élevée (47,0 pour 100 000 habitants), (Figure 2) soit 11,7 fois de plus que l'incidence nationale (4,0 pour 100 000 habitants). La plus forte baisse de cas de 2017 à 2018 a été observée en Ontario, où le nombre de cas déclarés est passé de 1 005 en 2017 (incidence de 7,1 par 100 000 habitants) à 628 en 2018 (incidence de 4,4 par 100 000 habitants), soit une baisse de 37 %.
Figure 2 - Équivalent textuel
Province | Classification des cas | Total | Incidence pour 100 000 habitants | |
---|---|---|---|---|
Confirmé | Probable | |||
Colombie Britanique | 9 | 0 | 9 | 0,2 |
Alberta | 15 | 0 | 15 | 0,3 |
Saskatchewan | 2 | 0 | 2 | 0,2 |
Manitoba | 29 | 25 | 54 | 4,0 |
Ontario | 576 | 52 | 628 | 4,4 |
Québec | 156 | 149 | 305 | 3,6 |
Nouveau Brunswick | 20 | 0 | 20 | 2,6 |
Nouvelle-Écosse | 244 | 207 | 451 | 47,0 |
L'Île-du-Prince-Édouard | 0 | 1 | 1 | 0,7 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 2 | 0 | 2 | 0,4 |
Notez que les cas probables ne sont pas rapportés par la Colombie-Britannique et la Saskatchewan. De plus, les cas déclarés par l'Alberta, la Saskatchewan, l'Île-du- Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador étaient des cas liés aux voyages.
Abréviations: C.-B., Colombie-Britannique; Alb., Alberta; Sask., Saskatchewan; Man., Manitoba; Ont., Ontario; Qc, Québec; N.-B., Nouveau-Brunswick; N.-É., Nouvelle-Écosse; Î.-P.-É., Île-du-Prince-Édouard; T.-N.-L., Terre-Neuve-et-Labrador.
Cas acquis localement
Au Canada, les cas de la maladie de Lyme ont été acquis dans six provinces en 2018 : la Colombie-Britannique, le Manitoba, l'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse (Figure 3).
Figure 3 - Équivalent textuel
Province | Nombre de cas | Nombre de subdivisions de recensement | Nombre de régions sociosanitaires |
---|---|---|---|
Manitoba | 48 | 22 | s.o. |
Ontario | 365 | 100 | s.o. |
Québec | 218 | s.o. | 8 |
Nouveau-Brunswick | 19 | 8 | s.o. |
Nouvelle-Écosse | 334 | 41 | s.o. |
Total | 984 | 171 | 8 |
Légende : Chaque point sur la carte représente l'emplacement probable de l'acquisition de l'infection, réparti aléatoirement au niveau de la région socio-sanitaire pour le Québec et au niveau de la subdivision de recensement pour les autres provinces. La majorité des cas signalés localement se concentrent dans des endroits du sud du Manitoba, du sud et du sud-est de l'Ontario, du sud du Québec et en Nouvelle-Écosse. Les données sur le lieu d'acquisition étaient disponibles pour 69 % des cas acquis localement. Les données sur le lieu d'acquisition à l'échelle sous-provincial n'étaient pas disponibles pour la Colombie-Britannique. De plus, les cas déclarés par l'Alberta, la Saskatchewan, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador étaient des cas liés aux voyages.
Cas liés aux voyages
La maladie de Lyme est surtout acquise dans certaines régions du Canada où des populations de tiques à pattes noires sont établies (c.-à-d. les régions à risque) ou pendant les déplacements dans les pays où la maladie est endémique. En 2018, l'information sur les antécédents de voyage était disponible pour 1 217 cas de la maladie de Lyme. De ce nombre, 100 cas (8,2 %) ont probablement été infectés lors d'un voyage à l'extérieur du Canada probablement aux États-Unis avec 51 cas, et en Europe avec 49 cas.
Caractéristiques démographiques
En 2018, l'information sur l'âge et le sexe était disponible pour 1 115 cas (75,2 %). L'âge moyen des cas déclarés de la maladie de Lyme était de 47 ans. L'incidence la plus élevée de la maladie de Lyme déclarée a été observée chez les adultes de 60 à 74 ans et chez les enfants de 5 à 14 ans (Figure 4), soit 27,7 % et 11,4 % de tous les cas, respectivement. À l'exception du groupe d'âge de 75 à 79 ans, l'incidence était plus élevée chez les hommes que chez les femmes, et dans l'ensemble, 58,1 % des cas déclarés étaient des hommes.
Figure 4 - Équivalent textuel
Âge (année) | Incidence pour 100 000 habitants | |
---|---|---|
Homme | Femme | |
≤ 4 | 2,0 | 1,5 |
5-9 | 3,7 | 2,8 |
10-14 | 4,1 | 2,3 |
15-19 | 1,7 | 1,7 |
20-24 | 1,3 | 1,1 |
25-29 | 1,8 | 1,1 |
30-34 | 2,3 | 1,4 |
35-39 | 3,3 | 0,9 |
40-44 | 3,2 | 2,0 |
45-49 | 3,6 | 2,6 |
50-54 | 4,2 | 3,2 |
55-59 | 4,8 | 3,3 |
60-64 | 6,0 | 4,2 |
65-69 | 5,6 | 5,3 |
70-74 | 6,4 | 3,9 |
75-79 | 3,3 | 4,4 |
80-84 | 5,9 | 3,3 |
85-89 | 2,0 | 1,6 |
≥ 90 | 1,0 | 0,5 |
Variations saisonnières
En 2018, les cas de la maladie de Lyme ont été déclarés chaque mois, mais 95,3 % des cas ont été déclarés de mai à novembre. Plus de 69 % des cas ont présenté une apparition des symptômes durant les mois d'été de juin (22,8 %), juillet (30,8 %) et août (16,2 %) (Figure 5).
Figure 5 - Équivalent textuel
Mois | Nombre de cas de maladie de Lyme |
---|---|
Janvier | 11 |
Février | 8 |
Mars | 9 |
Avril | 11 |
Mai | 90 |
Juin | 220 |
Juillet | 298 |
Août | 157 |
Septembre | 81 |
Octobre | 60 |
Novembre | 16 |
Décembre | 6 |
Discussion
En 2018, dix provinces ont déclaré 1 487 cas à l'ASPC, ce qui représente une baisse de 26,6 % par rapport à l'année précédente. Les répercussions des changements des activités humaines, du climat et du paysage peuvent influer sur le risque d'infection humaine à long terme. Toutefois, les changements dans la fréquence de l'exposition humaine, l'infection, la détection et la déclaration des cas peuvent varier d'une année à l'autre. Des facteurs environnementaux et comportementaux humains peuvent avoir entraîné une réduction du risque de contracter l'infection en 2018, comme on l'a vu en 2014. Des variations interannuelles similaires ont été observées dans les données de surveillance aux États-UnisNote de bas de page 3, et celles-ci peuvent être attribuables à des variations interannuelles des conditions météorologiques qui influent sur l'activité et la survie des tiquesNote de bas de page 4, ou le temps consacré à des activités extérieures par le publicNote de bas de page 5. Cela peut aussi, dans une certaine mesure, refléter les efforts déployés par les différents organismes canadiens de santé publique aux niveaux fédéral, provincial, territorial et local pour améliorer la prévention de la maladie de Lyme, y compris la promotion de mesures de prévention des morsures de tiques, et augmenter la disponibilité de la prophylaxie antimicrobienne post-morsure de tiques dans certaines provincesNote de bas de page 6,Note de bas de page 7. Malgré la diminution du nombre de cas déclarés en 2018, le risque à long terme d'infection humaine augmenteNote de bas de page 8,Note de bas de page 9 en partie en raison du réchauffement climatique qui entraîne l'expansion vers le nord des tiques à pattes noires dans l'Est du Canada. De plus, comme pour tout système de surveillance, il y a probablement une sous-déclarationNote de bas de page 10 parce que certains cas peuvent ne pas être détectés et d'autres ne pas être déclarés.
En 2018, les enfants de 5 à 14 ans et les adultes de 60 à 74 ans sont des groupes d'âge présentant apparemment un risque plus élevé de contracter la maladie de Lyme, tandis que pour presque tous les groupes d'âge, l'incidence était plus élevée chez les hommes. La variation du risque en fonction de l'âge et du sexe peut être liée à des facteurs de risque comportementaux ou professionnels ou récréatifs, ce qui entraîne probablement une plus grande probabilité de morsures de tiques et de transmission de la maladie de LymeNote de bas de page 3,Note de bas de page 10,Note de bas de page 11. Il serait utile que les programmes de santé publique ciblent ces groupes à risque pour accroître leur vigilance et l'adoption de mesures préventives afin de réduire le risque de maladie de Lyme dans les régions où il y a des tiques vectrices de la maladie de Lyme (pour en savoir plus sur la Prévention de la maladie de Lyme consulter le site Web Canada.ca).
Des cas de maladie de Lyme ont été observés tous les mois en 2018; toutefois, la plupart ont eu des symptômes de mai à novembre et il y a eu des pics distincts dans les cas durant les mois d'été où les tiques à pattes noires au stade nymphal sont les plus activesNote de bas de page 12,Note de bas de page 13 et les personnes sont plus susceptibles de participer à des activités de plein air. Toutefois, l'apparition de la maladie s'est produite tout au long de l'année, ce qui serait compatible avec l'apparition des manifestations disséminées de la maladie de Lyme, des mois après l'infectionNote de bas de page 14 (pour en savoir plus sur la maladie de Lyme, ses causes, ses symptômes, ses risques, son traitement et sa prévention consulter le site Web Canada.ca). Les fournisseurs de soins de santé devraient savoir que les cas de la maladie de Lyme peuvent parfois être observés en dehors de la période où les tiques sont les plus actives et, par conséquent, ne devraient pas exclure le diagnostic de la maladie de Lyme en présence de manifestations cliniques compatibles.
La majorité des cas déclarés d'infection localement acquise se trouvent dans le sud du Manitoba, dans le sud et le sud-est de l'Ontario, dans le sud du Québec et en Nouvelle-Écosse, où le principal vecteur de la maladie de Lyme, la tique à pattes noires est établiNote de bas de page 15 (pour plus de détails, voir où est le risque au Canada? sur le site Web Canada.ca). Toutefois, certains cas semblent avoir été acquis à l'extérieur des zones à risque connues, ce qui peut indiquer que, bien qu'à un faible niveau, il existe un risque réel de contracter la maladie de Lyme à partir des tiques à pattes noires adventices dispersées par les oiseaux migrateurs. Dans les provinces de l'Ouest, quelques cas d'acquisition locale ont été rapportés en Colombie-Britannique. Dans cette province, le risque à partir de la tique à pattes noires de l'Ouest (l'autre principal vecteur de la maladie de Lyme) reste stable comparativement aux provinces ou la tique à pattes noires est établieNote de bas de page 16.
En 2018, lorsque des renseignements sur l'historique des voyages étaient disponibles, les 100 cas liés aux voyages ont contracté l'infection aux États-Unis ou en Europe. Les Canadiens qui voyagent dans des régions endémiques aux États-Unis et en Europe devraient être au courant des activités de plein air qui les exposent à des risques accrus et veiller à l'utilisation de mesures de protection personnelle pour prévenir les morsures de tiques et la maladie de Lyme (voir la Trousse d'outils pour la prévention de la maladie de Lyme sur le site Web Canada.ca).
Conclusions en matière de santé publique
La maladie de Lyme est la maladie à transmission vectorielle la plus souvent déclarée au Canada. Bien que le nombre de cas ait diminué en 2018, on prévoit que le nombre de cas déclarés de la maladie de Lyme continuera d'augmenter à l'avenir. Cette tendance sera en partie due à l'abondance locale des tiques infectées au stade nymphal et à l'expansion continue des populations de tiques au Canada.
Les principales constatations du présent rapport soulignent la nécessité d'élaborer et de mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation ciblées visant à réduire au minimum le fardeau de la maladie de Lyme au Canada.
Remerciements
L'Agence de la santé publique du Canada remercie les partenaires provinciaux et territoriaux de leur participation au Système de surveillance des maladies à déclaration obligatoire et au Système de surveillance renforcée de la maladie de Lyme.
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