Obésité au Canada – Prévalence de l’obésité au sein des populations autochtones
Prévalence de l’obésité au sein des populations autochtones
Boîte 3 : Estimation de la prévalence de l'obésité chez les membres des Premières nations, les Inuits et les Métis : principales enquêtes
Outre l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC, voir Boîte 1), les grandes enquêtes suivantes sont citées dans le présent chapitre :
Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nationsNote de bas de page 28 Note de bas de page 29
L'Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nations (ERS) fournit des estimations de la prévalence de l'obésité en fonction des données autodéclarées, entre autres dans les populations autochtones vivant dans les réserves. Pour l'enquête de 2002-2003, l'échantillon final comprenait 10 962 adultes, 4 983 jeunes et 6 657 enfants vivant dans 238 communautés réparties partout au Canada. L'ERS de 2007-2008 est achevée; toutefois, au moment de la production du présent rapport, les résultats n'étaient pas disponibles. On prévoit que les phases 3 et 4 de l'ERS seront lancées en 2011 et en 2015, respectivement.
Enquête auprès des peuples autochtones de 2006Note de bas de page 30
L'Enquête auprès des peuples autochtones (EPA) de 2006 est une enquête menée à l'échelle nationale auprès des peuples autochtones (peuples des Premières nations vivant hors réserve, Métis et Inuits) vivant en milieu urbain, rural et nordique partout au Canada. L'enquête fournit des données sur les conditions sociales et économiques des enfants et jeunes Autochtones âgés de 6 à 14 ans, et des Autochtones âgés de 15 ans et plus). Même si les Autochtones vivant dans les réserves n'ont pas été inclus dans les provinces, les Autochtones vivant dans les territoires ont été inclus.
L'EPA est une enquête effectuée après le recensement, c'est-à-dire que l'échantillon a été sélectionné à même les personnes vivant dans des foyers dont les réponses au recensement de 2006 indiquaient i) qu'elles avaient des ascendants autochtones ou ii) qu'elles étaient identifiées comme Indiens de l'Amérique du Nord ou Métis ou Inuits; ou iii) qu'elles avaient le statut d'Indien inscrit ou des traités ou iv) qu'elles avaient un statut d'appartenance à une bande.
Les tailles approximatives des échantillons de jeunes et d'adultes par population étaient les suivantes : toutes les réponses autochtones et tous les répondants multiples (9 160 jeunes, 17 000 adultes), répondants indiens de l'Amérique du Nord (4 500 jeunes, 7 700 adultes), répondants métis (3 800 jeunes, 6 500 adultes) et répondants inuits (500 jeunes, 1 900 adultes). Les estimations de la prévalence de l'obésité chez les groupes autochtones sont basées sur les réponses uniques relativement à l'identité autochtone. Aux fins du présent rapport, quand il est question des constatations de l'EPA, on utilise le terme « Premières nations vivant hors réserve » plutôt qu'« Indien de l'Amérique du Nord ».
Les méthodes de calcul de la prévalence de l'obésité fondée sur l'IMC pour déterminer les catégories de poids sont conformes à la méthodologie de l'ESCC (notamment l'utilisation des données autodéclarées). Toutefois, comme les constatations contenues dans ce rapport sont basées sur l'utilisation de fichiers de microdonnées à grande diffusion, on n'a pas procédé à des tests de signification statistique.
Autres sources de données
Les autres données auxquelles il est fait référence dans ce chapitre comprennent l'Étude sur la santé des enfants inuits du Nunavut ainsi que les enquêtes propres à certaines régions.
Comme il n'existe pas de source de données unique sur l'obésité pour l'ensemble des membres des Premières nations, des Inuits et des Métis du Canada, la présente section dresse un portrait de la prévalence de l'obésité au sein de la population autochtone en résumant les constatations tirées d'un certain nombre d'études pertinentes (voir la boîte 3). La section débute par la présentation des récentes estimations sur la prévalence de l'obésité et des résultats de la recherche pour les peuples autochtones, y compris les Premières nations vivant hors réserve, les Inuits et les Métis. Elle se poursuit avec l'exposition des données distinctes propres aux différentes populations de membres des Premières nations (vivant dans les réserves et hors réserve), d'Inuits et de Métis.
Le recours à l'IMC pour estimer l'obésité chez les peuples autochtones fournit un point de référence commun permettant de comparer les données au sein des populations autochtones ainsi qu'avec les populations non autochtones. Toutefois, on a émis l'opinion que chez les Inuits, l'IMC peut surestimer la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité et des risques pour la santé qui leur sont associésNote de bas de page 31 Note de bas de page 32. De plus amples recherches permettraient de confirmer la prévalence de poids corporels malsains et de leurs effets métaboliques chez les Inuits et les autres populations autochtonesNote de bas de page 7.
- Peuples autochtones vivant hors réserve : Certaines données sur la santé des Premières nations vivant hors réserve, des Inuits et des Métis sont accessibles par l'intermédiaire de l'ESCC. Selon l'ESCC de 2007-2008 (données autodéclarées), un peu plus du quart (25,7 %) des adultes autochtones (sauf les Premières nations vivant dans les réserves) étaient obèses (tableau 2 et figure 8). Ce chiffre se compare à l'estimation de 26,0 % tirée de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006 (EPA également fondée sur les données autodéclarées). Toutefois, tout comme avec la population générale, les estimations de la prévalence de l'obésité chez les peuples autochtones sont plus faibles lorsqu'elles sont basées sur des données autodéclarées plutôt que sur des données mesurées. Par exemple, sur la base des tailles et des poids mesurés, l'ESCC de 2004 a permis d'estimer à 37,8 % la prévalence de l'obésité chez les adultes autochtones vivant hors réserveNote de bas de page 33. Chez les enfants et les jeunes, 18,8 % des Autochtones (sauf les Autochtones vivant dans les réserves) âgés de 6 à 14 ans étaient obèses, selon l'EPA de 2006. Aucun résultat n'était disponible pour les personnes âgées de moins de 6 ans ou pour celles âgées de 15 à 17 ans. Cependant, les données tirées de l'ESCC de 2007‑2008 indiquent que 6,7 % des jeunes autochtones âgés de 12 à 17 ans étaient obèses. La prévalence de l'obésité chez les jeunes enfants des populations autochtones est élevée, mais elle est habituellement plus faible chez les jeunes dans tous les groupes autochtones (tableau 2).
ESCC 2007‑2008 | Enquête auprès des peuples autochtones de 2006 | ERS 2002‑2003 | ||||
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Population autochtone totale (sauf les Autochtones vivant dans les réserves) | Population autochtone totale (sauf les Autochtones vivant dans les réserves) | Premières nations vivant hors réserve | Métis | Inuits | Premières nations vivant dans les réserves | |
Enfants et jeunes (de 6 à 14 ans) | – | 18,8 | 20,0 | 16,9 | 25,6 | – |
Hommes | – | 20,4 | 21,3 | 19,1 | 24,9 | – |
Femmes | – | 17,2 | 18,7 | 14,8 | 26,3 | – |
Adultes (18 ans et plus) | 25,7 | 26,0 | 26,1 | 26,4 | 23,9 | 36,0 |
Hommes | 27,3 | 27,0 | 26,1 | 28,4 | 22,8 | 31,8 |
Femmes | 24,0 | 25,1 | 26,1 | 24,5 | 25,2 | 41,1 |
Groupe d'âge | ||||||
De 3 à 5 ans | – | – | – | – | – | 48,7 |
De 6 à 8 ans | – | 32,8 | 35,2 | 28,6 | 45,8 | 41,2 |
De 9 à 11 (14) ans* | – | 13,1 | 14,0 | 12,1 | 16,5 | 26,4 |
De 12 à 17 ans | 6,7 | – | – | – | – | 14,1 |
De 18 à 24 ans | 11,8 | 13,2 | 13,8 | 13,0 | 11,8 | – |
De 25 à 34 ans | 22,6 | 24,3 | 24,2 | 24,9 | 30,0 | – |
De 35 à 44 ans | 27,6 | 29,5 | 29,8 | 29,1 | 24,5 | – |
De 45 à 54 ans | 33,7 | 30,1 | 30,3 | 29,8 | 28,2 | – |
55 ans et plus | 31,9 | 29,9 | 29,4 | 31,8 | 27,2 | – |
Remarque : * Le groupe d'âge de l'Enquête auprès des peuples autochtones représenté est de 9 à 14 ans. |
Source : Fichier à grande diffusion de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007‑2008, Statistique Canada (exclut les non-réponses); fichier à grande diffusion de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006; Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nations de 2002-2003Note de bas de page 28.
- Premières nations vivant dans les réserves : L'Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nations (ERS) fournit des estimations de la prévalence de l'obésité en fonction des données autodéclarées, entre autres de la prévalence dans les populations autochtones vivant dans les réserves. Selon les analyses de l'ERS de 2002-2003, on estimait la prévalence de l'obésitéNote de bas de page [i] à 36,0 % chez les adultes âgés de 18 ans et plus (31,8 % des hommes et 41,1 % des femmes). Chez les personnes âgées de 12 à 17 ans, 14,1 % des sujets ont été jugés obèses, tandis que chez les enfants âgés de 11 ans et moins, la prévalence de l'obésité passait de 26,4 % chez les sujets âgés de 9 à 11 ans à 48,7 % chez les enfants âgés de 3 à 5 ans (voir tableau 2)Note de bas de page 28.
- Premières nations vivant hors réserve : Selon l'analyse de l'EPA de 2006, 26,1 % des adultes autochtones vivant hors réserve et 20,0 % des enfants âgés de 6 à 14 ans ont été jugés obèses (voir tableau 2). Pour les enfants âgés de moins de 6 ans et pour ceux âgés de plus de 15 ans, les résultats de l'EPA n'étaient pas disponibles.
- Métis : Selon l'EPA de 2006, la prévalence de l'obésité chez les Métis était de 26,4 % chez les adultes âgés de 18 ans et plus. Chez les enfants âgés de 6 à 14 ans, 16,9 % étaient obèses (voir tableau 2).
- Inuits : Chez les adultes inuits, 23,9 % étaient obèses, selon l'EPA de 2006. Chez les enfants inuits âgés de 6 à 14 ans, 25,6 % étaient obèses (voir tableau 2).
Même si l'échantillon de l'EPA ne comprenait pas les enfants âgés de moins de 6 ans, les résultats de l'Étude sur la santé des enfants inuits du Nunavut, menée dans le Nunavut et portant sur 388 enfants âgés de 3 à 5 ans, ont permis d'estimer la prévalence de l'obésité à 28 %Note de bas de page 34.
Changements en fonction du temps
Des données limitées sont disponibles pour examiner les changements dans la prévalence de l'obésité en fonction du temps au sein des populations autochtones.
Des enquêtes auprès des populations inuites dans le Nunavik, une région de 500 000 km2 située au nord du 55e parallèle au Québec, ont été menées en 1992 puis en 2004. Les constatations fondées sur des données mesurées indiquent que la prévalence de l'obésité chez les adultes âgés de 18 à 74 ans a augmenté de 49 % (passant de 19 % à 28 %). Même si la prévalence a augmenté chez les deux sexes, l'augmentation a été plus marquée chez les hommes que chez les femmes (augmentation de 73 % contre 31 %)Note de bas de page 35.
Selon les données autodéclarées de l'ESCC, l'obésité chez les Autochtones (sauf les Premières nations vivant dans les réserves) vivant aussi bien dans le nord du Canada (c.-à-d. Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut) que dans le sud semblent avoir augmenté entre 2000-2001 et 2005 : dans le nord du Canada, de 20,2 % à 25,4 % et dans le sud, de 22,7 % à 25,3 %. Cependant, c'est seulement chez les Autochtones habitant le nord du pays et âgés de 55 ans et plus que la différence en fonction du temps était statistiquement significativeNote de bas de page 36. Lorsqu'on a tenu compte des effets de l'âge et du sexe, la probabilité d'obésité était supérieure pour les Autochtones vivant dans le nord que pour ceux habitant le sudNote de bas de page 36. De plus, un article paru en 2007 traitant des récentes données épidémiologiques sur l'obésité chez les Inuits de la région circumpolaire en arrivait aussi à la conclusion que la prévalence de l'obésité avait augmenté de façon « très nette » au cours des dernières décenniesNote de bas de page 37.
Comparaison entre les populations autochtones et non autochtones
La prévalence de l'obésité autodéclarée était nettement plus élevée chez les Autochtones (à l'exclusion des Premières nations vivant dans les réserves) que chez les non-Autochtones du Québec, de l'Ontario, du Manitoba, de l'Alberta et de l'ensemble du Canada (figure 8). Dans la plupart des autres provinces et territoires, les données ont semblé suivre le même schéma, mais sans que les différences soient statistiquement significatives. Une analyse plus poussée de l'ESCC de 2007-2008 a permis de constater que la prévalence de l'obésité chez les jeunes autochtones (à l'exclusion des Premières nations vivant dans les réserves) âgés de 12 à 17 ans était de 6,7 %, comparativement à 4,4 % chez les jeunes non autochtones. Cette différence n'est pas statistiquement significative.
Une prévalence plus élevée de l'obésité chez les Autochtones que chez les non‑Autochtones a également été observée aux niveaux nationalNote de bas de page 33 Note de bas de page 38 et régional, par exemple parmi les membres des Six Nations de Grand River dans le sud de l'OntarioNote de bas de page 39, les populations des Premières nations et les Métis de l'AlbertaNote de bas de page 40, les membres de la nation Nuxalk de la Colombie-BritanniqueNote de bas de page 41 et les femmes autochtones du ManitobaNote de bas de page 42.
Figure 8 : Prévalence de l'obésité autodéclarée chez les adultes autochtones et non autochtones âgés de 18 ans et plus selon la province ou le territoire, Canada, 2007-2008
Figure 8 - Équivalent textuel
La figure 8 indique la prévalence des cas d’obésité autodéclarés pour les adultes autochtones et non autochtones en 2007-2008, par province/territoire : Canada (25,7 % chez les adultes autochtones par rapport à 16,9 % chez les adultes non autochtones); Yukon (28,0 % par rapport à 21,0 %); Territoires du Nord-Ouest (25,7 % par rapport à 22,4 %); Nunavut (22,2 % par rapport à 25,6 %); Colombie-Britannique (13,9 % par rapport à 12,8 %); Alberta (28,0 % par rapport à 18,6 %); Saskatchewan (27,4 % par rapport à 23,5 %); Manitoba (31,2 % par rapport à 18,6 %); Ontario (27,6 % par rapport à 16,8 %); Québec (25,6 % par rapport à 15,5 %); Nouveau-Brunswick (28,2 % par rapport à 22,1 %); Nouvelle-Écosse (31,4 % par rapport à 22,9 %); et Terre‑Neuve‑et‑Labrador (33,1 % par rapport à 25,0 %).
- * Statistiquement différent des non-Autochtones à p < 0,05.
- E Variabilité de l’échantillon élevée, à interpréter avec prudence.
- # L’Île-du-Prince-Édouard a été exclue de l’analyse à cause de la faiblesse de l’échantillon.
Source : Analyse de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007-2008, Statistique Canada.
Points à retenir
- L'obésité au Canada demeure plus élevée au sein des populations autochtones que chez les populations non autochtones. Aux niveaux provincial et territorial, les différences sont statistiquement significatives en Alberta, au Manitoba, en Ontario et au Québec.
- Des adultes autochtones (à l'exclusion des Premières nations vivant dans les réserves), 25,7 % sont jugés obèses selon des données autodéclarées sur la taille et le poids tirées de l'ESCC de 2007-2008.
- Comme dans le cas de la population générale, les auto-estimations donnent des prévalences plus faibles que les données mesurées. Selon l'ESCC de 2004, on estime que 37,8 % des adultes autochtones (à l'exclusion des Premières nations vivant dans les réserves) étaient obèses selon les données mesurées sur la taille et le poids.
- La prévalence de l'obésité chez l'adulte est semblable chez les Inuits, les Métis et les Premières nations vivant hors réserve (23,9 %, 26,4 % et 26,1 %, respectivement; EPA de 2006).
- On estime que plus du tiers (36,0 %) des adultes autochtones vivant dans les réserves est obèse, selon les données autodéclarées (ERS de 2002-2003).
- La prévalence de l'obésité chez les enfants et les jeunes est élevée également, 16,9 % chez les Métis, 20,0 % chez les Premières nations vivant hors réserve et 25,6 % chez les Inuits (sujets âgés de 6 à 14 ans; données autodéclarées tirées de l'EPA de 2006).
- Même si aucune source unique n'offre d'évaluation d'ensemble de la prévalence de l'obésité chez les Premières nations, les Inuits et les Métis, on estime que la prévalence de l'obésité chez les peuples autochtones du Canada peut être jugée à partir de plusieurs sources, et elle donne un tableau qui montre que l'obésité est préoccupante.
- Note de bas de page i
L'ERS fournit les données séparément pour les groupes des sujets obèses (IMC situé entre 30,0 kg/m2 et 40,0 kg/m2) et pour les groupes des sujets atteints d'obésité morbide (IMC supérieur à 40,0 kg/m2). Pour des raisons de comparabilité, ces résultats sont combinés dans le présent rapport en une seule et unique catégorie d'obésité (c.-à-d. IMC supérieur à 30,0 kg/m2).
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