Définitions nationales de cas : Infections humaines avec virus de l’influenza aviaire A(H5N1)
Avant-propos
L'épizootie d'A(H5N1) qui a débuté à la fin de 2021 sur la côte est du Canada et s'est propagée rapidement à travers l'Amérique du Nord a attiré l'attention sur les effets potentiels du virus sur les humainsNote de bas de page 1.
Le principal objectif de la surveillance des nouveaux virus respiratoires en santé publique est la détection précoce de tout cas humain au Canada. Par la suite, cette surveillance des virus informe les efforts de confinement et/ou d'atténuation de ce nouvel agent pathogène respiratoire. Un autre objectif, dans le contexte de l'émergence ou de la réapparition d'éclosions d'A(H5N1) comme dans l'épizootie nord-américaine de 2021-2023, est d'éclairer l'évaluation des risques en augmentant la base de preuves sur le risque d'infection humaine et le spectre de la maladie, y compris les présentations asymptomatiques ou atypiques. Ce document décrit les définitions de cas de surveillance du virus de l'influenza aviaire A(H5N1) et fournit des instructions sur la déclaration à l'échelle nationale.
Les définitions de cas de surveillance sont fournies ici aux fins de la classification des cas et de la présentation de rapports à l'Agence de la santé publique du Canada. Elles sont fondées sur le niveau actuel de preuves épidémiologiques et d'incertitude, ainsi que sur les objectifs d'intervention en santé publique susmentionnés.
Notez que les définitions de cas sont susceptibles d'être modifiées à mesure que de nouvelles informations deviennent disponibles. Ces définitions de cas de surveillance ne visent pas à remplacer le jugement du clinicien ou du praticien de santé publique dans la gestion individuelle du patient, ni à être utilisées aux fins de triage dans la lutte contre l'infection.
Il convient de noter que les grappes inhabituelles d'infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) dans les collectivités ou les établissements (et notamment avec la participation de professionnels de la santé) devraient faire l'objet d'une enquête appropriée sous la direction des autorités sanitaires locales et provinciales.
Des tests de diagnostic initiaux spécifiques à l'influenza aviaire A(H5N1) peuvent être effectués dans certains laboratoires (c.-à-d. laboratoires provinciaux de santé publique et hôpitaux). De tels cas sont considérés comme probables en attendant la confirmation. Les juridictions qui n'ont pas cette capacité devraient demander au Laboratoire national de microbiologie (LNM) du Canada d'effectuer des tests de confirmation avant d'être considérés comme concluants, tandis que celles qui ont d'autres tests (par exemple, séquençage ou réaction en chaîne de la polymérase valente [PCR]) peuvent se fier au LNM ou effectuer leurs propres tests de confirmation. Ces dernières juridictions peuvent s'appuyer sur le LNM pour confirmer les premiers cas humains de A(H5N1), puis procéder par la suite à des tests de confirmation par elles-mêmes. Tous les échantillons positifs doivent être partagés avec le LNM pour remplir leurs obligations en tant que Centre national de lutte contre la grippe et les obligations du Canada en vertu du Règlement sanitaire international et d'autres ententes. Pour obtenir plus de renseignements sur les spécimens ou les cibles appropriés pour les tests en laboratoire, consultez le Protocole d'enquête microbiologique concernant les infections respiratoires aiguës sévères (IRAS).
Les autorités provinciales et territoriales de santé publique devraient signaler les cas confirmés et probables de H5N1 à l'échelle nationale dans les 24 heures suivant leur propre notification, quelle que soit la gravité de l'infection. Pour plus de renseignements sur les mécanismes de notification et les formulaires de rapport de cas, consultez le Formulaire de déclaration des cas d'agents pathogènes respiratoires émergents et les infections respiratoires aiguës sévères (IRAS). Les personnes sous investigations (PSI) ne sont pas tenues d'être déclarées à l'échelle nationale.
Les définitions de cas de surveillance nationale sont fournies ci-dessous – elles peuvent être modifiées en fonction de la surveillance continue et à mesure que la compréhension des caractéristiques du virus A(H5N1) et les évaluations des risques évoluent.
Définitions de cas de surveillance nationale pour l'influenza aviaire A(H5N1)
Personne sous investigation (PSI) :
- Personne qui satisfait aux critères d'exposition avec ou sans symptômes compatibles avec les critères de maladie, et qui a un résultat positif pour l'influenza A et pour laquelle les résultats des tests de laboratoire de sous-typage sont inconnus ou en attente.
Remarque : Les mécanismes et les systèmes de surveillance permettant d'identifier une PSI peuvent varier d'une juridiction a l'autre selon la compétence en fonction du risque perçu, des ressources, des structures de soutien, de l'approche des personnes asymptomatiques et d'autres contextes.
Remarque : Des données limitées suggèrent que l'A(H5N1) peut se présenter comme une co-infection avec d'autres pathogènes viraux et bactériensNote de bas de page 2. L'identification d'un agent causal ne devrait pas exclure l'A(H5N1) lorsque l'indice de suspicion peut être élevé. Dans le contexte d'une forte circulation communautaire d'autres agents pathogènes respiratoires une personne testée positive pour un autre agent pathogène viral (par exemple, SARS-CoV-2, grippe saisonnière) en l'absence de maladie inhabituelle ne comprend pas une situation où la suspicion d'infection à A(H5N1) est élevée.
Cas probable :
- Une personne ayant des résultats d'influenza A qui suggèrent une souche de grippe non saisonnière en attente de résultats d'un test de confirmation par le laboratoire national de microbiologie (LNM) et/ou un laboratoire de santé publique provincial et territorial ET
- satisfait aux critères d'exposition, avec ou sans symptômes
OU
- a des symptômes compatibles avec les critères de la maladie.
- satisfait aux critères d'exposition, avec ou sans symptômes
Remarque : Un test positif de l'influenza non saisonnière est approprié lorsqu'il n'y a pas d'hypothèse étiologique de rechange. Par exemple, une personne qui satisfait aux critères d'exposition et/ou d'infection et qui teste positif pour l'influenza A et négatif pour A(H1) et A(H3) devrait être incluse dans cette définition d'un cas probable. Cependant, une personne qui teste positif pour l'influenza A et une infection H3 n'est pas un cas probable.
Remarque : Des efforts pour obtenir des spécimens supplémentaires afin de clarifier le statut des cas peuvent être justifiés.
Cas confirmé :
- Une personne ayant une confirmation en laboratoire de l'infection à l'influenza A(H5N1) au Laboratoire national de microbiologie (LNM) du Canada.
Remarque : Le LNM peut confirmer la détection du virus à l'aide de la chaîne par polymérase avec transcription inverse (RT-PCR) spécifique au H5N1 et/ou d'une analyse génétique plus approfondie.
Critères d'exposition et d'infection
- Critères d'exposition : Exposition dans les dix (10) jours précédents à l'une des situations suivantes : contact étroit direct ou indirect (dans un rayon de 2 mètres) avec des oiseaux ou d'autres animaux infectés présumés ou confirmés (p. ex., visite d'un marché vivant, toucher ou manipuler des animaux infectés, des volailles ou des œufs insuffisamment ou non cuits.), contact étroit (dans un rayon de 2 mètres) avec une PSI, un cas humain probable ou confirmé, exposition non protégée à des matières biologiques (par exemple, échantillons cliniques primaires, isolats de culture de virus) connues pour contenir le virus de l'influenza aviaire en laboratoire, ou contact direct ou étroit non protégé (dans un rayon de 2 mètres) avec des environnements contaminés.
- La période d'incubation du H5N1 a été signalée comme étant d'un à cinq jours et pouvant aller jusqu'à sept joursNote de bas de page 3. Des périodes d'incubation plus longues ont été suggéréesNote de bas de page 3. Cette période est considérée comme prolongée par rapport aux virus typiques de l'influenza humain (moyenne 1 à 4 joursNote de bas de page 4). Les preuves disponibles appuient des critères d'exposition fondés sur 10 jours aux fins de l'identification des cas et du suivi des contacts en santé publique au Canada. On considère qu'il s'agit là d'une approximation raisonnable, avec une certaine perte de sensibilité à la surveillance, en tenant compte de la capacité de santé publique locale à mener des enquêtes de santé publique et à assurer le suivi des cas et des contacts.
- L'exposition à des environnements contaminés comprend : contact direct avec des surfaces contaminées par des parties d'animaux (par exemple, carcasses, organes internes) ou des excréments provenant d'animaux infectésNote de bas de page 5 par le virus A(H5N1) ou des milieux où il y a eu des décès massifs d'animaux au cours des six semaines précédentes en raison du virus A(H5N1)Note de bas de page 6Note de bas de page 7. Cette période est fondée sur des preuves limitées provenant d'études expérimentalesNote de bas de page 6Note de bas de page 7. Il n'y a pas suffisamment de preuves concernant d'autres facteurs susceptibles d'affecter la survie du virus, tels que la température, le débit d'air, le type de matière de surface et la période de jachère.
Remarque : Lorsque des procédures ou des présentations sont plus susceptibles d'être associées à l'aérosolisation chargée de virus (par exemple, intubation, ventilation, aspiration, induction d'expectorations, nébulisation, bronchoscopie, BiPAPMC), la distance considérée dans la définition du partage d'un espace aérien confiné peut être étendue.
Remarque : Les données actuelles relatives à la grippe saisonnière indiquent que les charges virales dans les 24 heures précédant l'apparition des symptômes sont sensiblement inférieures à celles qui ont débuté, avec un pic d'intensité des symptômesNote de bas de page 8. La transmission efficace ne peut pas être directement déduite de l'excrétion virale, mais la transmission devrait aussi être plus forte pendant la période symptomatique de pointe, particulièrement en association avec des symptômes de projectile ou d'aérosolisation comme la toux ou l'éternuement. L'extension de la période d'exposition pertinente pour les contacts à inclure un jour avant l'apparition des symptômes dans le cas est donc destinée à être une approche prudente aux fins de la réponse aux agents pathogènes émergents. Des infections par le virus H5N1 symptomatique ou très léger se sont produites et ont été signalées dans la littératureNote de bas de page 9. Il n'y a aucune preuve de propagation soutenue de l'A(H5N1) de personne à personne. À la lumière de l'absence de preuves humaines directes d'une période infectieuse, il est raisonnable d'envisager une période d'exposition typique pour les contacts qui s'étendent un jour avant et pendant la période symptomatique du casNote de bas de page 10, tout en reconnaissant la nécessité de jugement et d'adaptation à ces orientations dans certains scénarios ou en se fondant sur d'autres considérations locales ou pratiques.
- Critères de maladie : Le début de la maladie est défini par le début le plus précoce de l'IRAS ou du syndrome grippal. Les symptômes de l'IRAS sont la fièvre (plus de 38 degrés Celsius) et un nouveau début de toux (ou d'exacerbation de la toux chronique) ou de difficulté respiratoire et des signes de progression d'infection sévèreNote de bas de page 6. Le syndrome grippal est défini comme un début aigu d'infection respiratoire avec fièvre et toux et une ou plusieurs des situations suivantes : maux de gorge, arthralgie, myalgie ou prostration, qui pourraient être causés par le virus de la grippeNote de bas de page 11. Chez les enfants de moins de 5 ans, des symptômes gastro-intestinaux peuvent également se manifester. Chez les patients de moins de 5 ans ou de 65 ans et plus, la fièvre pourrait ne pas être importante. Si l'indice de suspicion est élevé et selon le jugement clinique, les personnes présentant les signes et symptômes supplémentaires suivants peuvent également être considérées comme répondant aux critères d'infection : rhinorrhée, fatigue, maux de tête, conjonctivite, essoufflement ou difficulté à respirer, pneumonie, diarrhée, insuffisance respiratoire, syndrome de détresse respiratoire aiguë, symptômes neurologiques ou défaillance multiviscéraleNote de bas de page 9. La variation du spectre de la maladie varie de légère, atypique à sévèreNote de bas de page 9.
De nombreuses maladies infectieuses présentent un éventail de maladies, y compris une infection légère ou asymptomatique. Le jugement du clinicien et de la santé publique devrait être utilisé pour évaluer les patients ayant des présentations plus légères ou atypiques, lorsque, en fonction des antécédant d'exposition, de comorbidité ou de grappes, l'indice de suspicion peut être relevé.
La discrétion du clinicien, le contexte épidémiologique et la faisabilité locale devraient être pris en compte dans les discussions avec les autorités sanitaires locales/provinciales.
Références
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