ARCHIVÉ - Recommandations Relatives au Programme de Vaccination Contre le Virus du Papillome
2. Fardeau de la maladie
Quelque 40 génotypes du virus du papillome humain (VPH) causent des lésions anogénitales chez les humains, dont 15 environ sont reconnus comme étant cancérogènes. Le cancer du col de l'utérus est le premier type de cancer à avoir été associé au VPH; le virus est présent dans 99,7 % des cas de cancer du col utérin. Le VPH est également associé à un certain nombre d'autres sièges de cancer, notamment aux cancers de l'anus, de la vulve, du vagin, du pénis et de l'oropharynx. Les types 16 et 18 sont à l'origine d'environ 70 % des cancers du col utérin en Amérique du Nord et la situation épidémiologique est similaire dans bien des régions du monde.
Le risque de contracter une infection à VPH apparaît très tôt après les premières relations sexuelles [2]. Environ 20 % des Canadiens de 15 ans ont déjà eu des rapports sexuels. En Amérique du Nord, l'incidence cumulative à vie de l'infection à VPH est estimée à plus de 70 % pour tous les types confondus, l'infection à VPH étant ainsi l'infection transmise sexuellement la plus répandue. C'est chez les 20 à 24 ans que la prévalence est la plus forte(2, 3). Dans une étude pluriannuelle chez les femmes autochtones au Nunavik (nord du Québec) des infections dues à tous les types de VPH et aux types de VPH à haut risque (HR) ont été détectées chez 29,1 % et 20,2 % des femmes, respectivement. Le type de VPH le plus fréquent était le VPH 16. Le VPH 16 et le VPH 18 étaient responsables de 23,8 % de toutes les infections à VPH(4). La prévalence du VPH chez ces populations était similaire à celle observée chez les étudiantes fréquentant l'université à Montréal(5, 6) et chez les clientes des cliniques de santé de Winnipeg et du Nunavut(7, 8).
La plupart des infections à VPH sont asymptomatiques et évoluent spontanément vers la guérison, disparaissant en l'espace de 24 mois. Toutefois, des infections persistantes causées par des types oncogènes peuvent évoluer vers un cancer. Ce processus s'étend habituellement sur plusieurs années, voire des décennies. S'ils ne sont pas traités, la plupart des cancers infiltrants finissent par être mortels. Les taux de survie varient selon le traitement et le stade au moment du diagnostic.
Le taux d'incidence, standardisé selon l'âge, du cancer du col utérin au Canada est estimé à 7,3 cas pour 100 000 pour l'année 2007, soit une baisse marquée comparativement au taux de 1978 (14,7 pour 100 000). Le rythme de déclin au cours des 10 dernières années a cependant été plus faible, l'incidence s'élevant à 8,7 en 1997. Comme on estime que 1 350 nouveaux cas seront diagnostiqués en 2007 au Canada, le cancer du col utérin se classe au 13e rang des cancers les plus répandus chez les Canadiennes de tout âge. Il occupe par contre le troisième rang chez les Canadiennes de 20 à 44 ans. Chaque année, 390 décès liés au cancer du col utérin sont recensés au Canada(9).
La prévention du cancer du col utérin au Canada peut prendre diverses formes. La vaccination est considérée comme un élément d'une stratégie de prévention primaire alors que le dépistage du cancer du col utérin fait partie des méthodes de prévention secondaire. Environ 5 500 000 examens de dépistage du cancer du col utérin (tests de Pap) sont effectués chaque année. Malgré tout, ce ne sont pas toutes les femmes qui subissent un dépistage adéquat. Comme le montrent les résultats d'une méta analyse, 54 % des patientes atteintes d'un cancer du col utérin présentaient des antécédents inadéquats de dépistage et 41,5 % n'avaient jamais fait l'objet d'un dépistage. Environ 29,3 % des cas où l'on n'a pas réussi à prévenir un cancer du col utérin infiltrant sont attribuables à des résultats faussement négatifs au frottis de Pap et 11,9 % à un mauvais suivi des résultats anormaux(10). La découverte d'une anomalie au dépistage a un profond retentissement sur le plan psychosocial, et la nécessité de répéter un examen ou un traitement est source d'anxiété et entraîne beaucoup d'inconvénients pour les femmes. Le dépistage réduit le risque de progression d'une lésion précancéreuse en cancer mais ne prévient pas la transmission de l'infection.
Comme le fardeau de la maladie ne se limite pas au cancer du col utérin, mais englobe aussi les lésions précancéreuses détectées lors du dépistage, l'adoption d'une stratégie de prévention primaire faisant appel à la vaccination comporte l'avantage de réduire probablement les coûts financiers et les répercussions psychologiques associés au suivi d'un test de Pap anormal et au traitement précoce des lésions précancéreuses. Si elle est mise en uvre en milieu scolaire, la vaccination atteindra probablement certaines des populations qui peuvent afficher des taux plus faibles de participation aux programmes de dépistage du cancer du col utérin ou qui sont mal suivies.
Le VPH est aussi associé à des lésions non cancéreuses, telles que les condylomes anogénitaux. Cette infection est causée par les types 6 et 11 dans 90 % des cas. Bien qu'on ne dispose pas de données épidémiologiques précises sur son incidence au Canada, c'est une infection relativement répandue. La papillomatose respiratoire récurrente, qui est moins fréquente mais potentiellement grave, est aussi associée au VPH.
On trouvera des renseignements plus détaillés sur le fardeau des maladies associées au VPH dans la Déclaration sur le vaccin contre le virus du papillome humain du Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI)(2).
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