Fiche technique santé-sécurité :  Agents pathogènes,  virus de l'encéphalite équine du Venezuela

Section I - Agent infectieux

Nom : Virus de l'encéphalite équine du Venezuela

Synonyme ou renvois : Encéphalite équine du Venezuela, encéphalite équine vénézuélienne, VEEV, EEV, fièvre équine vénézuélienne, Arbovirus

Caractéristiques : Cet arbovirus de forme sphérique appartient à la famille des Togaviridae. Il s'agit d'un alphavirusNote de bas de page 1 enveloppé de 70 nm de diamètre dont le génome est constitué d'ARN monocaténaireNote de bas de page 2,Note de bas de page 3. Il existe six sous-types de VEEV, mais seules les variétés AB et C du sous-type 1 sont épizootiques, les autres sous-types et variétés étant enzootiquesNote de bas de page 3.

Section II - Détermination du risque

Pathogénicité et toxicité : Chez l'humain, ce virus entraîne habituellement des symptômes d'allure grippale d'intensité légère à grave, mais 4 à 14 % des cas présentent des complications neurologiquesNote de bas de page 2. Les enfants et les jeunes adultes sont plus nombreux à présenter une encéphalite liée à l'infection, mais les décès sont rares chez l'humain, représentant environ 1 % de tous les cas signalésNote de bas de page 4. En général, des symptômes d'allure grippale tels que maux de tête, myalgie, fatigue, vomissements, nausées, diarrhée, pharyngite et fièvre se manifestent soudainement de 2 à 5 jours après l'exposition au virusNote de bas de page 3. Le VEEV peut aussi entraîner des céphalées rétro-orbitales et occipitales, ainsi qu'une leucopénie et une tachycardieNote de bas de page 3. Les symptômes d'encéphalite, qui ne surviennent que dans une minorité de cas, se manifestent de 4 à 10 jours après l'exposition et comprennent la somnolence, les convulsions, la confusion, la photophobie et le coma. Les cas mortels chez l'humain sont habituellement causés par l'encéphalite et par des hémorragies cérébrales, pulmonaires et gastro-intestinalesNote de bas de page 3. Le virus peut entraîner des lésions neurologiques à long terme, infecter le fœtus chez les femmes enceintes et être ainsi à l'origine d'anomalies congénitales et de mortinaissancesNote de bas de page 4. De façon générale, les symptômes sont présents pendant 3 à 8 jours et peuvent être biphasiques et réapparaître de 4 à 8 jours après les symptômes initiauxNote de bas de page 5.

Épidémiologie : Les souches épizootiques et enzootiques du virus de l'EEV sont présentes du Nord de l'Argentine à la Floride et dans certaines régions des Rocheuses, mais la prévalence culmine dans le nord de l'Amérique du SudNote de bas de page 3,Note de bas de page 4. Le virus a été observé pour la première fois chez des chevaux en 1935 après des épidémies en Colombie, au Venezuela et à Trinidad, et a été isolé en 1938Note de bas de page 3,Note de bas de page 6. Dans les années 1960, plus de 200 000 cas humains et 100 000 décès chez les équidés ont été recensés en Colombie; de plus petits foyers épidémiques ont été signalés au Venezuela et au MexiqueNote de bas de page 3. De 75 000 à 100 000 cas d'infection ont été signalés au Venezuela et en Colombie en 1995Note de bas de page 3. Les épidémies surviennent habituellement après une saison de fortes pluies en raison d'une hausse de la population de moustiquesNote de bas de page 3,Note de bas de page 7. Parmi les moyens proposés pour lutter contre les épidémies d'EEV, notons la vaccination des équidés par le TC-83 et la protection contre les moustiques (vêtements de protection, insecticides)Note de bas de page 3.

Gamme d'hôtes : Le cheval et l'humain sont les hôtes les plus fréquents, mais d'autres animaux se sont révélés réceptifs à l'infectionNote de bas de page 8, notamment le chat, le chien, les bovins, la chèvre, le porc, les rongeurs et les oiseauxNote de bas de page 8.

Dose infectieuse : Une particule infectieuse du VEEV injectée sous la peau suffit pour infecter une personneNote de bas de page 9.

Mode de transmission : Dans la majorité des cas, le VEEV est transmis par piqûre d'un moustique infecté; le virus peut toutefois être facilement transmis par des aérosolsNote de bas de page 6,Note de bas de page 8. L'injection sous-cutanée, l'instillation nasale et le contact avec la peau lésée ou la litière d'animaux contaminés constituent d'autres voies de transmission du virus, en particulier en laboratoireNote de bas de page 5.

Période d'incubation : La période d'incubation est habituellement de 2 à 6 jours, mais elle peut être aussi courte que 24 heuresNote de bas de page 8,Note de bas de page 10.

Transmissibilité : Aucun cas de transmission du VEEV d'une personne à l'autre n'a été signalé, mais une personne infectée peut transmettre le virus à des moustiquesNote de bas de page 8. En règle générale, le virus est transmis à l'humain et aux équidés par des moustiques des genres Psorophora et Ochlerotatus. Les équidés peuvent se transmettre le virus entre eux par l'entremise d'aérosols et le transmettre à des moustiques lors de piqûres par ces derniersNote de bas de page 11.

Section III - Dissémination

Réservoir : La transmission du VEEV se fait selon deux types de cyclesNote de bas de page 1. Le cycle enzootique est maintenu par les rongeurs et les moustiquesNote de bas de page 11. De son côté, le cycle épizootique passe par le cheval, les moustiques et l'humain, même s'il existe une possibilité que le virus soit présent chez de nombreuses autres espèces animalesNote de bas de page 11. Le cheval est l'hôte amplificateur du cycle et, de ce fait, constitue un vecteur essentiel à une vaste éclosion d'EEVNote de bas de page 4.

Zoonose : Possibilité de zoonose. Le virus est transmis du cheval à l'humain par l'entremise des moustiquesNote de bas de page 11.

Vecteurs : Le virus de l'EEV est habituellement transmis par les moustiques, mais certains types de tiques et d'acariens peuvent aussi le transmettreNote de bas de page 3. En temps normal, c'est un moustique du genre Culex (Melanoconion) qui est responsable de la dispersion de la souche enzootique du VEEVNote de bas de page 3,Note de bas de page 6. Plusieurs espèces de moustiques, dont Ochlerotatus taeniorhynchus, Psorophora confinnis, Psorophora columbiae, Ochleratus sollicitans, Mansonia titillans et Anophilis aquasalis, se sont révélées porteuses des variétés épizootiques du VEEVNote de bas de page 3,Note de bas de page 5,Note de bas de page 7.

Section IV - Viabilité et stabilité

Sensibilité aux médicaments : Jusqu'à présent, aucune sensibilité aux médicaments n'a été découverteNote de bas de page 5.

Sensibilité aux désinfectants : Comme d'autres virus enveloppés, le VEEV est sensible aux désinfectants tels que l'hypochlorite de sodium à 1 %, le formaldéhyde à 4 %, le glutaraldéhyde à 2 %, l'éthanol à 70 %, le peroxyde d'hydrogène à 3-6 % et l'acide peracétique à 2 %Note de bas de page 9.

Inactivation physique : Le virus peut être inactivé par la chaleur humide ou sècheNote de bas de page 12. Les togavirus peuvent être inactivés par l'exposition pendant 15 minutes à une température de 65 ºCNote de bas de page 13.

Survie à l'extérieur de l'hôte : Le virus est stable dans le sang et les exsudats ainsi que dans les matières cryodesséchées (aérosols)Note de bas de page 9,Note de bas de page 14.

Section  V - Premiers soins et aspects médicaux

Surveillance : Surveiller l'apparition des symptômes. Confirmer l'infection par isolement du virus dans le LCR des personnes infectées présentant des complications neurologiques et déterminer le titre des anticorps au moyen d'épreuves sérologiques telles que les tests de séroneutralisation, de fixation du complément et d'inhibition de l'hémagglutinationNote de bas de page 5,Note de bas de page 15,Note de bas de page 16. Il existe un certain nombre de techniques de laboratoire permettant de confirmer une infection à arbovirus, dont la PCR, le dosage immuno-enzymatique (ELISA), des épreuves sérologiques et la coloration immunohistochimique (IHC) de coupes de tissuNote de bas de page 15.

Remarque : La disponibilité des méthodes de diagnostic peut varier entre pays.

Premiers soins et traitment : Il n'existe aucun traitement spécifique. Un traitement de soutien peut être administré pour atténuer les symptômesNote de bas de page 8.

Immunisation : Un vaccin expérimental, vivant atténué TC-83 est recommandé pour les employés de laboratoire dans certains paysNote de bas de page 7Note de bas de page 14. Ce vaccin est passablement efficace pour prévenir l'infection par les souches épizootiques du VEEVNote de bas de page 7Note de bas de page 14. Un vaccin inactivé par la formaldéhyde (C-84) a été formulé pour l'administration chez les individus qui ne produise pas une réponse immunitaire adéquate au vaccin TC-83. Toutefois, même si les vaccins TC-83 et C-84 sont disponibles pour l'utilisation chez les employés de laboratoire dans certains pays, il n'existe aucun vaccin homologué destiné à la population généraleNote de bas de page 3. En outre, il n'y a aucun vaccin contre le VEEV disponible au Canada.

Prophylaxie : Aucune, mise à part la protection contre les piqûres de moustiques.

Section VI - Dangers pour le personnel de laboratoire

Infections contractées au laboratoire : On a signalé plusieurs cas d'infections à VEEV contractées en laboratoire. En 2006, un total de 186 cas et de 2 décès avaient été confirmésNote de bas de page 16. La grande majorité de ces cas étaient liés à des techniques de culture sur œufs, à des souris allaitantes et à l'exposition à des aérosolsNote de bas de page 9. Un examen physique et un examen médical attentif sont recommandés dans tous les cas d'incidents de laboratoire avec le virus de l'EEV pour éviter les infections contractées en laboratoireNote de bas de page 16.

Sources et échantillons : Les arbovirus peuvent être présents dans le sang, le liquide céphalorachidien, l'urine et les exsudatsNote de bas de page 14. Le virus peut se trouver dans les sécrétions nasales, oculaires et buccales des animaux infectés ainsi que dans la litière des animaux contaminésNote de bas de page 5,Note de bas de page 14.

Dangers primaires : Les risques les plus importants lorsqu'on manipule le virus de l'EEV sont l'exposition à des aérosols contaminés, l'inoculation sous-cutanée accidentelle et le contact avec la peau lésée ou la litière d'animaux contaminésNote de bas de page 14.

Dangers particuliers : Le virus de l'EEV est relativement stable dans le sang séché et les exsudatsNote de bas de page 14.

Section VII - Contrôle de l'exposition et protection personnelle

Classification par group de risque : Groupe de risque 3Note de bas de page 17.

Exigences de confinement  : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 3 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

Vêtements de protection : Avant d'entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville et ses bijoux pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c'est-à-dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire peut être portée par-dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de matériel infectieux, comme une blouse ne s'ouvrant pas à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussureNote de bas de page 18.

Autres précautions : Toutes les activités avec du matériel infectieux doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou dans un autre dispositif de confinement primaire adéquat, avec un équipement de protection individuelle. La centrifugation des matières infectées doit s'effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelleNote de bas de page 18.

Section VIII - Manutention et entreposage

Déversements : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyerNote de bas de page 18.

Élimination : Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimiqueNote de bas de page 18.

Entreposage : Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûrNote de bas de page 18.

Section IX - Renseignements sur la réglementation et autres

Information sur la réglementation : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement et changement climatique Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

Dernière mise à jour : Août 2021.

Préparée par : Centre de la biosûreté, Agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
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Canada

Références :

Footnote 1

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