Treponema pallidum : Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes

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Section I – Agent infectieux

Nom

Treponema pallidum

Type d'agent

Bactérie

Taxonomie

Famille

Treponemataceae

Genre

Treponema

Espèce

pallidum

Synonyme ou renvoi

Anciennement connu sous le nom de Spirochaeta pallida, également connu sous le nom de syphilis vénérienne, tréponème pâle, syphilis non vénérienne, syphilis endémique, bejel, pian; communément appelé syphilisNote de bas de page 1 Note de bas de page 2.

Caractéristiques

Brève description

Treponema pallidum est une bactérie motile en forme de spirale, microaérotrophique, non-sporulée, mesurant de 6 à 20 µm de longueur et de 0,1 à 0,2 µm de diamètreNote de bas de page 3 Note de bas de page 4. En raison de sa structure à double membrane, T. pallidum est souvent décrit comme une bactérie à Gram négatif, mais sa membrane externe est dépourvue de lipopolysaccharides et a une composition phospholipidique nettement différente de celle des membranes externes de bactéries à Gram négatifs typiquesNote de bas de page 4. Comme pour tous les spirochètes, T. pallidum possède un cylindre protoplasmique et d'une membrane cytoplasmique liée par un mince saccule de peptidoglycane et une membrane externe. T. pallidum comprenait auparavant trois sous-espèces, à savoir T. pallidum sous-espèce pallidum, T. pallidum sous-espèce endemicum et T. pallidum sous-espèce pertenue, qui étaient toutes morphologiquement et antigéniquement indistinguables, mais chacune causait une maladie distincteNote de bas de page 4. Toutefois, T. pertenue (anciennement T. pallidum sous-espèce pertenue) est actuellement considérée comme une espèce distincteNote de bas de page 1. T. pallidum ne peut être cultivé en culture pureNote de bas de page 4 mais une culture à long terme de T. pallidum sous-espèce pallidum dans un système de culture tissulaire a été signalée en 2018Note de bas de page 5. Le génome est composé d'un chromosome circulaire d'environ 1138 kbp, avec une identité génomique globale supérieure à 99,7 % entre les sous-espèces de T. pallidum et une teneur G+C de 52,8 % pour T. pallidum sous-espèce pallidumNote de bas de page 6 Note de bas de page 7.

Propriétés

Bien que T. pallidum exprime abondamment des lipoprotéines, ces molécules se trouvent principalement sous la surfaceNote de bas de page 4. Ce manque de motifs moléculaires associés aux pathogènes (PAMP, pour pathogen-associated molecular pattern) exposés en surface permet à T. pallidum d'éviter de déclencher des mécanismes innés de surveillance de l'hôte, facilitant la réplication locale et la dissémination précoce. Son antigénicité de surface limitée favorise l'évasion à réponse immunitaire adaptative (c.-à-d. la reconnaissance des anticorps), ce qui facilite sa persistance. De petites quantités de lipoprotéines exposées à la surface pourraient accroître l'infectivité, y compris Tp0751, une lipoprotéine se liant à la laminine et une métalloprotéinase dépendante du zinc, capable de dégrader les caillots et la matrice extracellulaireNote de bas de page 4. T. pallidum n'a pas de gènes responsables de l'encodage des enzymes clés dans la phosphorylation oxydative et le cycle de l'acide tricarboxylique, et utilise plutôt une voie glycolytique conventionnelle optimisée pour générer de l'ATP, ce qui entraîne une activité métabolique limitée et une dépendance sur son hôte pour de nombreux nutrimentsNote de bas de page 4 Note de bas de page 8. Inversement, T. pallidum maintient un assortiment complexe de transporteurs ABC et de symports (constituant ∼5 % de son génome) pour transférer des molécules essentielles du périplasme au cytosolNote de bas de page 4. Il exprime également plusieurs enzymes antioxydantes pour contrer le stress oxydatif, ainsi que des protéines répétées (Tpr) qui subissent une variation antigénique, contribuant davantage à la pathogénicitéNote de bas de page 4 Note de bas de page 9.

Section II – Identification des dangers

Pathogénicité et toxicité

T. pallidum sous-espèce pallidum provoque la syphilis vénérienne, qui est généralement divisée en stades primaires, secondaires, latents et tertiairesNote de bas de page 4. Patients atteints de syphilis primaire se présentent avec une lésion cutanée localisée (chancre), ou des lésions multiples, sur les organes génitaux ou autres sites du corps impliqués dans le contact sexuel, associés à une lymphadénopathie régionale légère à modérée environ 3 semaines après l'infectionNote de bas de page 4. Les lésions primaires sont généralement sans douleur et se résorbent spontanément. Dans les 6 à 8 semaines suivant la résolution des lésions primaires, les personnes non traitées développent une maladie systémique qui représente la syphilis secondaireNote de bas de page 10. Toutefois, une grande proportion de patients atteints de syphilis secondaire (40 à 85 % des femmes, 20 à 65 % des hommes) n'ont pas d'historique d'un chancre primaire. Comme pour la syphilis primaire, les manifestations cliniques aiguës de la syphilis secondaire se résorbent généralement spontanément, même en l'absence de traitement. À l'occasion, les patients non traités subissent des épisodes de rechute de la syphilis secondaire, qui peuvent survenir jusqu'à 5 ans après l'infection. La syphilis secondaire est associée à une grande variété de signes et de symptômesNote de bas de page 4. Les symptômes systémiques comprennent la fièvre, les maux de tête, le malaise, le mal de gorge, l'anorexie, la perte de poids et la lymphadénopathie généraliséeNote de bas de page 10 Note de bas de page 11. Les éruptions cutanées sont la présentation clinique la plus caractéristique de la syphilis secondaire et sont généralement diffuses et symétriques, bien que certaines formes puissent être localisées sur certains sites anatomiquesNote de bas de page 10. Les éruptions maculaires ou papulaires sont fréquentes et impliquent le tronc et les extrémités, y compris les paumes et les plantes de pieds. Il arrive que l'éruption soit prurigineuse. D'autres résultats dermatologiques comprennent la syphilide pustulaire ou folliculaire (éruption syphilitique), des plaques muqueuses, des érosions blanchâtres sur la muqueuse orale ou la langue, des lésions surélevées et grisâtres (condylome lata) et l'alopécieNote de bas de page 10. Des lésions ulcératives graves non résolues, appelées lues maligna, ont été signalées chez des patients séropositifs. Des syndromes gastro-intestinaux (parotite, gastrite, ulcération gastrique, hépatite, hépatomégalie, splénomégalie), musculosquelettiques (arthralgie, arthrite, périostite, bursite) et rénaux (glomérulonéphrite, syndrome néphrotique) ont également été signalés dans la syphilis secondaireNote de bas de page 10. La syphilis latente se produit entre la résolution des symptômes secondaires de la syphilis et le début de la syphilis tertiaire, au cours de laquelle les patients sont asymptomatiquesNote de bas de page 11.

Environ 15 à 40 % des patients non traités développent une syphilis tertiaire avec apparition de symptômes de 3 à 30 ans après l'infection primaireNote de bas de page 11. Les manifestations symptomatiques comprennent la syphilis cardio-vasculaire, qui peut se présenter sous forme d'aortite, d'angine, de régurgitation aortique, de sténose de l'artère coronaire ou d'anévrismes, de gomme syphilitique, caractérisée par des lésions granulomateuses ou ulcéreuses apparaissant dans une variété d'organes, ou la neurosyphilis tardiveNote de bas de page 11. Non-traitée, la syphilis tertiaire est associée à un taux de mortalité de 8 à 58 %, avec un taux de mortalité plus élevé chez les hommes.

La neurosyphilis peut survenir à tout moment après l'infection initiale; T. pallidum peut être fréquemment identifié dans le liquide céphalorachidien (LCR) de patients atteints d'une maladie précoce, bien que la plupart des patients atteints de syphilis précoce et d'anomalies du LCR soient asymptomatiquesNote de bas de page 4. La neurosyphilis symptomatique précoce peut se manifester sous forme de méningite syphilitique symptomatique, caractérisée par de graves maux de tête, une confusion, des nausées, des vomissements et une raideur du cou. La méningite syphilitique se produit généralement dans les 6 premiers mois de l'infection ou au moment de l'éruption secondaire. L'implication du nerf crânien peut entraîner une surdité sensorielle chez jusqu'à 20 % des patients et des anomalies oculaires telles que la névrite optiqueNote de bas de page 4. La neurosyphilis tardive peut se présenter sous la forme de syphilis méningo-vasculaire, caractérisée par l'apathie, le vertige, un déficit d'attention, des convulsions et l'aphasie, la parésie générale (démence progressive imitant une variété de syndromes psychotiques), ou tabes dorsalis, qui présentent des douleurs intenses, la paresthésie, les changements papillaires et les réflexes amoindrisNote de bas de page 4 Note de bas de page 11. La syphilis congénitale peut entraîner l'avortement, la mort fœtale tardive, la prématurité ou des signes cliniques qui imitent la septicémie néonatale, y compris une alimentation insuffisante, la léthargie, les éruptions cutanées, la jaunisse, l'hépatosplénomégalie et l'anémieNote de bas de page 4.

T. pallidum sous-espèce endemicum cause la syphilis endémique, également connue sous le nom de bejelNote de bas de page 12. Comme pour le pian, le bejel n'est pas connu pour causer une infection congénitale et qu'il se produit surtout chez les enfants âgés de 2 à 15 ans. La lésion primaire apparaît comme une petite papule muqueuse ou un ulcère sans douleur des muqueuses de la cavité buccale ou du nasopharynx, mais elle n'est souvent pas cliniquement apparente tant que des lésions secondaires ne sont pas développéesNote de bas de page 12. La maladie secondaire est caractérisée par des plaques muqueuses sur la muqueuse orale, les amygdales, la langue, les lèvres et le nasopharynx. Les papules éclatées aux commissures labiales (stomatite angulaire, comme chez les patients du pian), les éruptions cutanées non prurigineuses, la lymphadénopathie généralisée et la laryngite sont des manifestations courantes. Les lésions cutanées secondaires comprennent le condylome lata dans les zones intertrigineuses; des lésions maculopapulaires ou papulosquameuses et des éruptions généralisées non prurigineuses sont observées chez une minorité de patients. Comme pour le pian, le bejel secondaire peut être accompagné d'une ostéite et d'une périostite, ce qui entraîne une douleur osseuse nocturneNote de bas de page 12. Les manifestations secondaires se résorbent en 6 à 9 mois, et le bejel non traité progresse vers une phase latente. Le stade tertiaire peut se manifester plus tôt que pour le pian (de 6 mois à plusieurs années), mais il est aussi caractérisé par des lésions gommeuses de la peau, des muqueuses et des os ainsi que par la gangosaNote de bas de page 12. Contrairement à la syphilis vénérienne, les manifestations cardio-vasculaires et neurologiques ne se manifestent pas dans le bejel tertiaireNote de bas de page 2 Note de bas de page 12.

T. pertenue est l'agent causal du pian et cause des lésions primaires, secondaires et tertiairesNote de bas de page 12. La lésion primaire (pian mère) apparaît au site de l'infection initiale et est généralement une papule érythémateuse solitaire qui peut se développer en papillome de 2 à 5 cm de diamètre. La lésion n'est pas douloureuse, mais peut être prurigineuse, et se trouve souvent sur les extrémités inférieures, mais peut aussi être sur les fesses, les bras, les mains ou le visage. Une lymphadénopathie régionale et une arthralgie peuvent également survenir. Les lésions secondaires apparaissent de quelques semaines à deux ans après la lésion primaire, résultant de la dissémination de T. pertenue, et se présentent comme un nodule papillomateux solitaire ou un ulcère ressemblant à la lésion primaire ou une éruption de multiples excroissances plus petites qui couvrent une région du corpsNote de bas de page 12. Les autres manifestations secondaires comprennent le condylome lata dans les crevasses humides (p. ex. aisselle et aine), une éruption semblable à la rougeole, des plaques hyperkératosiques aux paumes et plantes de pieds, la fièvre et le malaise. La périostite et l'ostéite peuvent toucher les os des membres supérieurs et inférieurs (tibia, fibula et avant-bras) et les phalanges proximales des doigts et des orteils, ce qui entraîne une douleur osseuse et une enflure digitaleNote de bas de page 12. Si elles ne sont pas traitées, les manifestations cliniques régressent spontanément et un stade de latence commence, caractérisé par l'absence de signes physiques, mais avec une persistance de preuves sérologiques d'infection. La rechute de l'infection secondaire peut survenir jusqu'à 10 ans après l'infection initiale. Le pian tertiaire se manifeste chez environ 10 % des patients non traités et présente des lésions tardives qui se développent après cinq ans ou plus d'infectionNote de bas de page 12. Ce stade est caractérisé par des nodules gommeux sous-cutanés, une périostite chronique qui peut provoquer le fléchissement apparent du tibia (tibia en fourreau de sabre) et des processus destructifs menant au nez en lorgnette et à la perforation/l'effondrement du palais et du septum nasal (gangosa). La périostite hypertrophique bilatérale du sinus maxillaire et du pont nasal provoque la manifestation clinique connue sous le nom de goundou. Le pian ne cause pas une infection congénitale et se produit principalement chez les enfants de moins de 15 ans (avec un pic entre 6 et 10 ans)Note de bas de page 12.

Épidémiologie

T. pallidum sous-espèce pallidum a une distribution mondiale, avec une incidence mondiale estimée à 7,1 millions de cas en 2020, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)Note de bas de page 13. La région africaine de l'OMS a enregistré le taux de prévalence le plus élevé, suivie de la région des Amériques. En 2016, le taux d'incidence signalé de syphilis congénitale était de 473 cas pour 100 000 naissances vivantes, une diminution de 12 % depuis 2012. Au Canada, la syphilis est la troisième infection transmise sexuellement et par le sang (ITSS) à déclaration obligatoire, avec plus de 9 000 cas signalés en 2020, ce qui correspond à un taux de 24,7 cas pour 100 000 habitants et une augmentation de 536 % des cas signalés depuis 2011Note de bas de page 14. Entre 2011 et 2020, les taux chez les hommes étaient constamment plus élevés que chez les femmes mais, entre 2016 et 2020, les taux chez les femmes ont augmenté de 773 %, comparativement à 73 % chez les hommes. Le taux le plus élevé en 2020 a été observé chez les personnes âgées de 25 à 29 ans. Les cas confirmés de syphilis congénitale précoce ont augmenté considérablement par rapport aux années précédentes, avec 50 cas déclarés en 2020, par rapport à 4 cas en 2016Note de bas de page 14. Les communautés autochtones sont touchées de manière disproportionnée par les ITSS, y compris la syphilisNote de bas de page 15. Les facteurs de risque de la syphilis vénérienne comprennent le sexe masculin, l'âge entre 25 et 29 ans, la coinfection par le VIH, les hommes sexuellement actifs ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH), l'utilisation irrégulière de condoms, l'incarcération, la prostitution et l'usage récréatif de drogues pendant l'activité sexuelleNote de bas de page 14. Les facteurs prédisposants pour la syphilis congénitale comprennent un accès médiocre aux soins prénataux, un traitement inadéquat de la syphilis pendant la grossesse, des facteurs socioéconomiques (p. ex. sans-abri, toxicomanie et incarcération) et des enfants nés de mères coinfectées par le VIHNote de bas de page 16.

T. pallidum sous-espèce endemicum se limite principalement aux zones arides de l'Afrique sahélienne (frontière sud du désert du Sahara), comprenant le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo et le BéninNote de bas de page 12. Dans ces régions, des taux élevés de séropositivité (12 à 22 % chez les enfants de moins de 14 ans) ont été signalés. La syphilis endémique a également été décrite parmi les populations nomades en Arabie Saoudite. Quatre cas ont été signalés en Turquie en 1995, où la maladie était considérée comme éradiquéeNote de bas de page 12. Un cas a été signalé en Iran en 2013Note de bas de page 12. Les facteurs prédisposants pour la syphilis endémique comprennent l'âge entre 2 et 15 ans et les climats chauds et secs (semi-arides/arides)Note de bas de page 12.

T. pertenue est endémique principalement dans les régions équatoriales chaudes et humides de l'Afrique occidentale et centrale, de l'Asie du Sud-Est et des îles du PacifiqueNote de bas de page 12. Entre 2010 et 2013, 256 343 cas ont été déclarés à l'OMS provenant de 13 pays connus pour être endémiques pour le pianNote de bas de page 17. En 2020, plus de 87 000 cas présumés de pian ont été signalés à l'OMS dans 11 pays, la majorité venant de Papouasie-Nouvelle-Guinée (plus de 81 000 cas signalés en 2020)Note de bas de page 18. Parmi les autres pays qui ont signalé des cas de pian en Afrique de l'Ouest et dans la région du Pacifique figurent le Ghana, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Togo, la République démocratique du Congo, les Îles Salomon, Vanuatu et l'Indonésie. Les facteurs de risque pour le pian comprennent être âgé de moins de 15 ans, les milieux tropicaux (chauds et humides) et la vie dans les communautés rurales avec un approvisionnement en eau rare et des installations sanitaires médiocresNote de bas de page 12.

Gamme d'hôtes

Hôtes naturels

HumainsNote de bas de page 4 Note de bas de page 12.

Autres hôtes

Les souris, les lapins, les cobayes, les macaques rhésus et les tatous à neuf bandes ont été infectés expérimentalement par T. pallidum sous-espèce pallidumNote de bas de page 19 Note de bas de page 20 Note de bas de page 21 Note de bas de page 22. Des anticorps contre T. pertenue ont été détectés chez le babouin olive, le vervet, le babouin jaune et le singe bleu capturés dans la natureNote de bas de page 23.

Dose infectieuse

La dose infectieuse médiane (ID50) estimée pour T. pallidum sous-espèce pallidum est de 57 organismes par injection intradermique chez l'humainNote de bas de page 24 Note de bas de page 25.

Période d'incubation

La syphilis vénérienne primaire a une période d'incubation médiane de 21 jours (intervalle de 3 à 90 jours)Note de bas de page 11. La syphilis congénitale précoce se caractérise par l'apparition de signes cliniques de maladie avant l'âge de deux ans, apparaissant généralement à l'âge de 3 mois, le plus souvent à 5 semainesNote de bas de page 26. La syphilis congénitale tardive se caractérise par l'apparition de manifestations cliniques après l'âge de deux ans. La période d'incubation moyenne du pian, pour le stade précoce, est de 21 jours (intervalle de 9 à 90 jours)Note de bas de page 12. Le stade primaire de la syphilis endémique se produit environ 2 à 4 semaines après l'expositionNote de bas de page 27.

Transmissibilité

Le mode principal de transmission de T. pallidum sous-espèce pallidum est le contact direct avec une lésion infectieuse pendant une activité sexuelle, qui nécessite l'exposition à des lésions ouvertes avec des organismes présents, comme on le voit avec le chancre primaire et avec certaines manifestations de syphilis secondaire (plaques muqueuses et condylome lata)Note de bas de page 11. La transmission sexuelle de la syphilis se produit au cours des 1 à 2 ans suivant l'infection (c.-à-d. au cours des stades primaires, secondaires et latents précoces de l'infection), avec une efficacité de transmission estimée (une mesure de la transmission par une exposition sexuelle) de 30 % d'une personne atteinte de syphilis primaireNote de bas de page 4 Note de bas de page 28. La transmission transplacentaire de T. pallidum sous-espèce pallidum peut se produire à tout moment pendant la gestation, mais se produit plus fréquemment pendant les derniers stades de la grossesse, avec un risque global de transmission de 60 à 80 %Note de bas de page 29. Le risque de transmission congénitale est plus élevé chez les femmes atteintes de syphilis primaire ou secondaire non traitée (de 60 à 80 %) que chez celles atteintes de maladie latente ou tertiaire (environ 20 %). La syphilis congénitale se transmet occasionnellement par contact direct avec une lésion infectieuse pendant de la naissance.

T. pallidum sous-espèce endemicum est transmis par contact direct de la peau et des muqueuses et par contact indirect par l'intermédiaire de fomites (p. ex. utilisation partagée d'ustensiles communautaires pour manger ou boire)Note de bas de page 11. T. pertenue est transmis par contact cutané direct avec une lésion infectieuse et est facilité par une peau endommagée par traumatisme ou autres étiologies (p. ex. éraflures, piqûres d'insectes, gales)Note de bas de page 11. La transmission par l'arthropode (mouches) a été suggérée sans preuve concluante.

Section III – Dissémination

Réservoir

Les humains sont le seul réservoir naturel connu de T. pallidum, bien que les primates africains non humains (babouins olives, vervets, babouins jaunes et singes bleus) puissent être un réservoir potentielNote de bas de page 23 Note de bas de page 30.

Zoonose

La prévalence élevée de l'infection des primates non humains dans les régions d'Afrique tropicale où le pian est commun chez l'humain suggère que l'infection entre espèces peut se produireNote de bas de page 30. Cependant, la transmission zoonotique entre les humains et les primates non humains n'a pas été établie de façon concluante.

Vecteurs

La transmission mécanique de T. pertenue par insectes suceurs (Hippelates pallipes), soupçonnés d'inoculer l'agent pathogène par des blessures, a été suggérée, mais n'a pas été clairement démontréeNote de bas de page 12.

Section IV – Viabilité et stabilité

Sensibilité/résistance aux médicaments

Susceptible à la pénicilline, la tétracycline, la doxycycline, la minocycline, la ceftriaxone, la céfixime, l'amoxicilline avec probénécide et l'azithromycineNote de bas de page 16. La résistance à l'azithromycine a été décrite chez T. pallidum sous-espèce pallidum et T. pertenueNote de bas de page 16. Quelques cas d'échec possible de la pénicilline pour le traitement de l'infection à T. pertenue en Papouasie-Nouvelle-GuinéeNote de bas de page 31 et en ÉquateurNote de bas de page 32 ont été signalés, mais ces résultats n'ont pas pu être prouvés microbiologiquement.

Sensibilité aux désinfectants

Les cellules de T. pallidum sont très sensibles à la désinfection par des alcools communs, tel que l'isopropanol à 70 %Note de bas de page 24. Le traitement avec 70 % d'éthanol, 10 % d'hypochlorite de sodium ou autres désinfectants est généralement adéquat pour la désinfection couranteNote de bas de page 33.

Inactivation physique

Les cellules de T. pallidum meurent facilement avec la dessiccation ou l'exposition à des taux atmosphériques d'oxygèneNote de bas de page 24. Elles sont également désactivées par traitement thermique à 56 °C dans le sérum de lapin à 10 % pendant 30 minutesNote de bas de page 34 et par dissolution dans la solution d'additif de plaquettes InterSol à 65 %Note de bas de page 35. Des expériences en laboratoire ont démontré que T. pallidum peut être inactivé par traitement photochimique dans des concentrés de plaquettes de donneur unique contenant de 3,0 x 1011 à 6,0 x 1011 plaquettes suspendues dans 300 mL de plasma à 35 % et de saline normale à 65 %, avec addition de 150 µmol/L de HCl à l'amotosalène et traitement avec 3 J/cm2 de lumière UVA (320-400 nm) pendant 3 à 4 minutesNote de bas de page 35. T. pallidum est également sensible aux rayons UV à 120 JNote de bas de page 36.

Survie à l'extérieur de l'hôte

T. pallidum peut survivre dans le sang des donneurs en banque pendant 72 à 120 heuresNote de bas de page 37. Cependant, les tréponèmes ne survivent que quelques heures dans le plasma, le sang entier ou le sérum à température corporelle ou ambianteNote de bas de page 38. Des organismes motiles ont été observés pendant 8 à 14 jours dans des lames scellées gardées à température ambiante.

Section V – Premiers soins et aspects médicaux

Surveillance

Les examens à l'ultramicroscope (sur fond noir) et les tests moléculaires de détection d'infection à T. pallidum, faits sur de l'exsudat des lésions ou du tissu de celles-ci, sont les méthodes pour le diagnostic définitif de la syphilis précoce et de la syphilis congénitaleNote de bas de page 16. Bien qu'aucun test d'amplification d'acide nucléique (TAAN) moléculaire de T. pallidum à détection directe ne soit disponible sur le marché, certains laboratoires fournissent des tests PCR développés et validés localement pour détecter l'ADN de T. pallidum. Un diagnostic présumé de la syphilis nécessite l'utilisation de deux tests sérologiques de laboratoire : un test non tréponémique (c.-à-d., Venereal Disease Research Laboratory [VDRL] ou un test rapide de réagine plasmatique [RPR]) et un test tréponémique (c.-à-d., l'essai d'agglutination passive des particules de T. pallidum [TP-PA], divers immunoessais enzymatiques, immunoessais de chimiluminescence et test immunoblot, ou des tests rapides tréponémiques). L'utilisation d'un seul type de test sérologique (non tréponémique ou tréponémique) n'est pas suffisante pour le diagnostic et peut entraîner des résultats faux négatifs chez les personnes testées pendant la syphilis primaire et des résultats faux positifs chez les personnes sans syphilis ou ayant une syphilis traitée dans le passé. Des tests supplémentaires sont recommandés pour l'évaluation du LCR pour les personnes présentant des signes cliniques de neurosyphilis (p. ex. dysfonction nerveuse crânienne, méningite, AVC, état mental altéré aigu ou chronique, ou perte de sens vibratoire), et peuvent inclure le dénombrement des cellules dans le LCR, des protéines ou de réactifs LCR-VDRLNote de bas de page 16.

Remarque : Les recommandations spécifiques pour la surveillance en laboratoire devraient provenir du programme de surveillance médicale, qui est fondé sur une évaluation locale des risques des agents pathogènes et des activités en cours, ainsi qu'une évaluation globale des risques du programme de biosécurité dans son ensemble. De plus amples renseignements sur la surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité.

Premiers soins et traitement

La pénicilline G administrée par voie parentérale est le traitement de choix pour tous les stades de la syphilis causés par T. pallidum sous-espèce pallidumNote de bas de page 16. Chez les patients sans neurosyphilis, la formulation appropriée est la pénicilline G benzathine. Dans les cas d'allergies à la pénicilline, les agents antimicrobiens de rechange comprennent les tétracyclines (p. ex., doxycycline, tétracycline, minocycline) et les céphalosporines (p. ex., ceftriaxone, céfixime)Note de bas de page 16. Chez les personnes non enceintes atteintes du pian (infection par T. pertenue), le traitement par azithromycine ou par pénicilline G benzathine injectable est favoriséNote de bas de page 12.

Lorsque les tests sérologiques ne correspondent pas aux résultats cliniques qui indiquent une syphilis primaire, secondaire ou latente, un traitement présomptif est recommandé pour les personnes présentant des facteurs de risque de syphilis et l'utilisation d'autres tests (p. ex. biopsie pour l'histologie et l'immunocoloration et un PCR de la lésion) devrait être considéréeNote de bas de page 16.

Remarque : Les recommandations spécifiques concernant les premiers soins et les traitements en laboratoire devraient provenir du plan d'intervention après exposition, qui est élaboré dans le cadre du programme de surveillance médicale. De plus amples renseignements sur le plan d'intervention après l'exposition sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité.

Immunisation

Aucun vaccin n'est actuellement disponible. Des vaccins candidats comprennent des sous-ensembles choisis de protéines de la famille Tpr (ciblant la susceptibilité et la persistance) et la protéine Tp0751 de l'adhésine tréponémique (ciblant la dissémination). L'immunisation des lapins avec Tp0751 a entraîné une diminution du développement des lésions, une inhibition de la dissémination de T. pallidum et une augmentation de l'infiltration cellulaire dans les sites de lésionsNote de bas de page 39. L'induction expérimentale de l'immunisation à l'aide d'un vaccin tri-antigène TprC/TprK/Tp0751 atténue le développement du chancre, la charge bactérienne et inhibe la dissémination de T. pallidum chez les lapinsNote de bas de page 40. Cependant, la protection complète contre l'infection n'a été obtenue.

Remarque : De plus amples renseignements sur le programme de surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité et en consultant le Guide canadien d'immunisation.

Prophylaxie

La pénicilline G benzathine parentérale est le traitement préféré pour la prophylaxie post-exposition, y compris chez les femmes enceintesNote de bas de page 16. Bien que d'autres études soient nécessaires pour déterminer l'efficacité de l'antimicrobien contre les ITSS avant ou après la prophylaxie, de petites études portant sur la doxycycline pré et post-prophylaxie chez les HARSAH ont été associées à une réduction de 73 % de la syphilis incidenteNote de bas de page 16.

Remarque : De plus amples renseignements sur la prophylaxie dans le cadre du programme de surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité.

Section VI – Dangers pour le personnel de laboratoire

Infections contractées en laboratoire

Jusqu'en 1964, au moins 15 cas d'infection par le T. pallidum acquise en laboratoire ont été signalésNote de bas de page 41. Un cas s'est produit en 1964 et a impliqué une piqûre de doigt lors de l'inoculation d'un lapin avec une suspension concentrée de T. pallidum obtenue d'une orchite expérimentale de lapinNote de bas de page 42, alors qu'un autre cas s'est produit en 1975 et a résulté d'une éclaboussure de tréponèmes par un technicien de laboratoire qui n'a pas utilisé de verrou automatique d'aiguille et de seringueNote de bas de page 43 Note de bas de page 44. Les renseignements ne sont pas disponibles pour les autres cas.

Remarque : Veuillez consulter la Norme canadienne sur la biosécurité et le Guide canadien sur la biosécurité pour obtenir de plus amples renseignements sur les exigences relatives à la déclaration des incidents d'exposition.

Sources et échantillons

Lésions cutanées et des muqueuse, et exsudats, aspirats nasaux/nasopharyngés, sperme, sécrétions vaginales, sang, aspirats des ganglions lymphatiques, liquide amniotique, cordon ombilical, liquide céphalorachidien, tissus de biopsies, urine et saliveNote de bas de page 16 Note de bas de page 25 Note de bas de page 45 Note de bas de page 46 Note de bas de page 47 Note de bas de page 48.

Dangers primaires

L'inoculation parentérale et le contact des membranes muqueuses ou de la peau éraflée avec du matériel clinique infectieux sont les principaux dangers associés à l'exposition au T. pallidumNote de bas de page 24.

Dangers particuliers

Le travail avec des animaux infectés expérimentalement peut présenter un danger particulierNote de bas de page 24. Les T. pallidum adaptés au lapin, y compris la souche Nichols et possiblement d'autres souches, conservent leurs virulences pour les humainsNote de bas de page 24.

Section VII – Contrôle de l'exposition et protection personnelle

Classification par groupe de risque

Treponema pallidum est un agent pathogène humain du groupe de risque 2 et un pathogène animal du groupe de risque 1Note de bas de page 49.

Exigences de confinement

Les installations, l'équipement et les pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 tels que décrits dans la Norme canadienne sur la biosécurité pour le travail avec des matières, des animaux ou des cultures infectieux ou possiblement infectieux.

Vêtements de protection

Les exigences applicables au niveau de confinement 2 pour l'équipement et les vêtements de protection individuelle décrites dans la Norme canadienne sur la biosécurité doivent être respectées. L'équipement de protection individuelle peut inclure l'utilisation d'un sarrau de laboratoire et de chaussures spécialisées (par exemple, des bottes, des chaussures) ou de chaussures de protection supplémentaires (par exemple, des couvre-bottes ou des couvre-chaussures) lorsque les sols peuvent être contaminés (par exemple, les box, les salles de nécropsie), des gants lorsque le contact direct de la peau avec des matériaux ou des animaux infectés est inévitable, et une protection oculaire lorsqu'il existe un risque connu ou potentiel d'exposition à des éclaboussures.

Remarque : Une évaluation locale des risques permettra de déterminer la protection appropriée pour les mains, les pieds, la tête, le corps, les yeux, le visage et les voies respiratoires. De plus, les exigences relatives à l'équipement de protection individuelle pour la zone de confinement et les activités de travail doivent être documentées.

Autres précautions

Une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou autres dispositifs de confinement primaire doivent être utilisés pour les activités utilisant des récipients ouverts, en fonction des risques associés aux caractéristiques inhérentes de la matière réglementée, de la possibilité de produire des aérosols infectieux ou des toxines aérosolisées, de la manipulation de fortes concentrations de matières réglementées ou de la manipulation de grands volumes de matières réglementées.

Utilisation d'aiguilles et de seringues strictement limitée. Le pliage, le cisaillement, le rebouchage ou l'élimination d'aiguilles de seringues est à éviter, et, si nécessaire, à effectuer uniquement comme spécifié dans les procédures d'opération normalisées (PON). Des précautions supplémentaires sont requises pour les travaux comprenant des animaux ou des activités à grande échelle.

Pour les laboratoires de diagnostic qui manipulent des échantillons primaires provenant de patients susceptibles d'être infectés par T. pallidum, les ressources suivantes peuvent être consultées :

Section VIII – Manutention et entreposage

Déversements

Laisser les aérosols se déposer. Tout en portant de l'équipement de protection individuelle, couvrir doucement le déversement avec du papier absorbant et appliquer un désinfectant approprié, à partir du périmètre et en allant vers le centre. Permettre un contact suffisant avec le désinfectant avant le nettoyage (Guide canadien sur la biosécurité).

Élimination

Toutes les matières ou substances qui sont en contact avec les matières réglementées doivent être entièrement décontaminées avant d'être retirées de la zone de confinement ou des procédures d'opérations normalisées (PON) doivent être en place afin de déplacer ou de transporter les déchets en toute sécurité hors de la zone de confinement vers une zone de décontamination désignée ou une tierce partie. On peut y parvenir en utilisant des technologies et des procédés de décontamination qui se sont avérés efficaces contre les matières réglementées, comme les désinfectants chimiques, l'autoclavage, l'irradiation, l'incinération, un système de traitement des effluents ou la décontamination gazeuse (Guide canadien sur la biosécurité).

Entreposage

Les exigences applicables en matière de confinement de niveau 2 pour l'entreposage, décrites dans la Norme canadienne sur la biosécurité, doivent être respectées. Les contenants primaires de matières réglementées enlevés de la zone de confinement doivent être étiquetés, étanches aux fuites, résistants aux impacts et gardés soit dans des équipements d'entreposage verrouillés, soit dans une zone à accès limité.

Section IX – Renseignements sur la réglementation et autres

Renseignements sur la réglementation canadienne

Les activités contrôlées avec Treponema pallidum nécessitent un permis d'agent pathogène et de toxine délivré par l'Agence de la santé publique du Canada.

Voici une liste non exhaustive des désignations, règlements ou lois applicables:

Dernière mise à jour

Mars 2023

Rédigé par

Centre de la biosûreté, Agence de la santé publique du Canada.

Mise en garde

L'information scientifique, opinions et recommandations contenues dans cette Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes ont été élaborées sur la base de ou compilées à partir de sources fiables disponibles au moment de la publication. Les dangers nouvellement découverts sont fréquents et ces informations peuvent ne pas être totalement à jour. Le gouvernement du Canada ne se tient pas responsable de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements.

Les personnes au Canada sont tenues de se conformer aux lois pertinentes, y compris les règlements, les lignes directrices et les normes applicables à l'importation, au transport et à l'utilisation d'agents pathogènes au Canada, établis par les autorités réglementaires compétentes, notamment l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement et Changement climatique Canada et Transports Canada. La classification des risques et les exigences réglementaires connexes mentionnées dans la présente Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes, telles que celles qui figurent dans la norme canadienne de biosécurité, peuvent être incomplètes et sont spécifiques au contexte canadien. D'autres juridictions auront leurs propres exigences.

Tous droits réservés © Agence de la santé publique du Canada, 2023, Canada

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