Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Giardia lamblia

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Giardia lamblia

SYNONYME OU RENVOI : Giardia intestinalis, Giardia duodenalis Note de bas de page 1, giardiase Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, entérite à Giardia, lambliase, Lamblia intestinalis, « fièvre du castor ».

CARACTÉRISTIQUES : G. lamblia est un protozoaire flagellé qui parasite l’intestin Note de bas de page 1. Au cours de son cycle évolutif, G. lamblia peut être observé sous deux formes, à savoir une forme végétative mobile (trophozoïte) localisée dans l’intestin grêle et responsable des manifestations cliniques et une forme de résistance (kyste), infectieuse, responsable de la transmission de l’affection. Les kystes ovales sont dotés d’une coque mince et font de 10 à 20 μm de long, de 7 à 10 μm de large et de 0,3 à 0,5 μm d’épaisseur Note de bas de page 1Note de bas de page 2. Les trophozoïtes, en forme de poire ou de larme, mesurent quant à eux de 9 à 21 μm de long, de 5 à 15 μm de large et de 1 à 2 μm d’épaisseur Note de bas de page 3; aérotolérants, ils utilisent le glucose comme substrat énergétique et se multiplient par fission binaire longitudinale toutes les 9 à 12 heures Note de bas de page 1. Les trophozoïtes possèdent deux noyaux antérieurs et quatre paires de flagelles postérieures qui assurent la mobilité du parasite et sa fixation à l’épithélium intestinal Note de bas de page 1

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : La plupart des infections par G. lamblia sont asymptomatiques; cependant, certains patients pourront présenter des nausées, une sensation de froid, une faible fièvre, une douleur épigastrique et une diarrhée aqueuse soudaine Note de bas de page 4, souvent explosive, qui sera putride, non sanglante, non mucoïde et non associée à des gaz, des ballonnements ou un exsudat cellulaire Note de bas de page 4. La plupart des cas seront spontanément résolutifs en six semaines Note de bas de page 5. L’infection chronique est aussi possible; caractérisée par une déshydratation, une malabsorption, une perte pondérale et une atteinte fonctionnelle pancréatique attribuables à la diarrhée Note de bas de page 4, elle pourra durer des mois, voire des années Note de bas de page 6. G. lamblia est habituellement observé dans la portion supérieure de l’intestin grêle, mais le parasite peut aussi coloniser la vésicule biliaire et être mis en évidence par drainage biliaire Note de bas de page 3.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Les infections imputables à Giardia lamblia sont observées partout dans le monde Note de bas de page 2, chez des personnes de tous les âges, surtout vers la fin de l’été et pendant l’automne Note de bas de page 1. Dans les climats tempérés, le taux de prévalence de l’infection est de 2 à 10 % chez les adultes et de 25 % chez les enfants, tandis qu’entre 50 et 80 % des habitants des pays tropicaux sont porteurs Note de bas de page 2. G. lamblia est le parasite intestinal le plus souvent rencontré au Canada et aux États‑Unis Note de bas de page 7, Note de bas de page 8. Selon les CDC, environ 20 000 cas seraient dénombrés annuellement aux États‑Unis. Un rapport produit par l’Ontario indique quant à lui qu’entre 1990 et 1998, le taux d’incidence de l’infection par G. lamblia se situait à 25,8 cas pour 100 000 habitants Note de bas de page 8. Dans les pays développés, l’infection est surtout observée chez les enfants fréquentant un service de garde, les randonneurs, les membres d’une même famille, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes immunodéprimées Note de bas de page 4, Note de bas de page 9-Note de bas de page 13. La consommation d’eau non traitée est souvent à l’origine des cas d’infection et d’épidémies touchant des collectivités entières Note de bas de page 1, Note de bas de page 14.

GAMME D'HÔTES : Humain et mammifères (p. ex. primates, chien, chat, bovins, ovins, porc, rongeurs, castor et ours) Note de bas de page 2, Note de bas de page 15.

DOSE INFECTIEUSE : Dans un contexte expérimental, aussi peu que 10 kystes ont provoqué une infection chez des sujets volontaires humains Note de bas de page 4, Note de bas de page 16.

MODE DE TRANSMISSION : Les kystes infectieux de G. lamblia sont excrétés en grand nombre dans les selles des sujets infectés et peuvent contaminer les mains, l’eau potable, l’eau des piscines Note de bas de page 17 et les aliments Note de bas de page 2. Leur transmission par voie fécale‑orale et par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés est possible Note de bas de page 4. Certains comportements sexuels favorisent la transmission de l’infection, notamment les contacts oro‑anaux, génitaux‑anaux et digitaux‑anaux Note de bas de page 5. Le sol et divers véhicules d’infection peuvent aussi être contaminés par les kystes infectieux Note de bas de page 6, Note de bas de page 18.

PÉRIODE D'INCUBATION : De 7 à 14 jours Note de bas de page 7Note de bas de page 8 Cependant, le délai entre l’ingestion des kystes et leur apparition dans les selles peut être plus long que la période d’incubation; c’est pourquoi les échantillons de selles prélevés à l’apparition des symptômes peuvent être négatifs Note de bas de page 8.

TRANSMISSIBILITÉ : La transmission directe entre humains est possible, notamment par voie fécale‑orale, en raison de mauvaises pratiques d’hygiène, et elle est à l’origine d’épidémies Note de bas de page 1, Note de bas de page 14.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Humain (réservoir principal), chien, chat, castor et autres animaux Note de bas de page 14.

ZOONOSE : Oui. L’infection peut être transmise à l’humain par divers mammifères Note de bas de page 2.

VECTEURS : Les mouches peuvent agir à titre de vecteurs mécaniques dans la transmission de l’infection Note de bas de page 2.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Giardia lamblia est sensible au métronidazole, au tinidazole, au nitazoxanide, à la quinacrine, à la furazolidone, à la paromomycine et à l’albendazole Note de bas de page 1, Note de bas de page 19.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les kystes sont relativement résistants à la chloration Note de bas de page 1, mais, dans l’eau, à 5 °C et à un pH de 6, 7 ou 8, les kystes de Giardia lamblia peuvent être inactivés en 60 minutes par une exposition à 4 mg/l de chlore Note de bas de page 20. Une exposition à 8 mg/l de chlore inactivera pour sa part les kystes en 10 minutes à un pH de 6 ou 7 et en 30 minutes à un pH de 8. Une concentration de 1,5 mg/l de chlore pourra aussi être efficace en 10 minutes à 25 °C et à un pH de 6 Note de bas de page 20. Le peroxyde d’hydrogène (H2O2) à 6 % peut être employé comme désinfectant pour surfaces ou en cas de déversement.

INACTIVATION PHYSIQUE : Une exposition aux rayons UV (10 JM‑2) permet d’inactiver Giardia lamblia Note de bas de page 21. Les kystes sont relativement résistants à l’ozonolyse Note de bas de page 1, mais ils sont sensibles à l’ébullition et à la congélation Note de bas de page 5.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Les kystes peuvent survivre dans l’eau froide pendant plusieurs semaines, voire pendant des mois Note de bas de page 1, Note de bas de page 2. À 4 °C, les kystes de Giardia lamblia peuvent survivre onze semaines dans l’eau, sept semaines dans le sol et une semaine dans les excréments bovins Note de bas de page 18. À des températures plus élevées (p. ex. à 25 °C), cependant, ils conservent leur infectiosité pendant une période nettement plus courte Note de bas de page 18. Les trophozoïtes sont incapables de survivre dans l’environnement Note de bas de page 6.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Comme la période d’incubation peut être plus courte que le délai d’apparition des kystes dans les selles, le diagnostic de giardiase ne devrait pas être écarté sur la base d’un unique échantillon de selles négatif chez le patient symptomatique. De plus, comme l’excrétion de Giardia lamblia est intermittente, la recherche du microorganisme dans un seul échantillon ne permet le diagnostic que de 50 à 70 % des cas, contre 90 % lorsque trois échantillons sont analysés Note de bas de page 22. En général, le diagnostic initial repose sur la mise en évidence de trophozoïtes ou de kystes par examen microscopique direct des selles, du liquide duodénal ou des tissus prélevés dans l’intestin grêle Note de bas de page 22. Il est aussi possible d’avoir recours à d’autres techniques, dont la détection des antigènes solubles dans les selles par épreuve immunoenzymatique (EIA) ou PCR Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, Note de bas de page 14.

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Traitement symptomatique de la déshydratation et des déséquilibres électrolytiques Note de bas de page 14. Chez le patient immunocompétent, l’infection sera spontanément résolutive; une thérapie médicamenteuse pourra cependant réduire la durée des symptômes et prévenir la transmission Note de bas de page 4 . Le métronidazole, le tinidazole et le nitazoxanide sont indiqués dans le traitement de première ligne de l’infectionNote de bas de page 23 .

IMMUNISATION : None.

PROPHYLAXIE : None.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Quatre cas d’infection acquise au laboratoire ont été signalés Note de bas de page 24, dont un cas survenu chez un technicien de laboratoire de diagnostic microbiologique qui avait analysé un bon nombre d’échantillons entreposés dans des contenants non étanches Note de bas de page 24-Note de bas de page 26. La présence du parasite dans les selles du technicien a été confirmée Note de bas de page 26, et on a conclu que la transmission s’était vraisemblablement produite par voie aérienne Note de bas de page 25.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Selles, liquides corporels et prélèvements tissulaires Note de bas de page 1, Note de bas de page 14, Note de bas de page 27.

DANGERS PRIMAIRES : Ingestion et, probablement, aérosols Note de bas de page 25-Note de bas de page 27.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 28.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 29.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 26, Note de bas de page 29.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 29, Note de bas de page 30.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l’agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération Note de bas de page 29.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches dûment étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 29.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

Détails de la page

Date de modification :