Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Fasciola hepatica, Fasciola gigantica

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM: Fasciola hepatica, Fasciola gigantica

SYNONYME OU RENVOI: Fasciolose, fasciolose humaine, douve, trématode, maladie de la douve du foie de mouton.

Caractéristiques: F. hepatica est un ver plat parasite de la famille des Fasciolidæ. Les adultes hermaphrodites ont un corps aplati et foliacé, d’une longueur de 20 à 30 mm et d’une largeur de 7 à 14 mm, pourvu de ventouses orales et ventrales qui servent d’organes de fixationNote de bas de page 1, Note de bas de page 2. La taille de F. gigantica correspond environ au double de celle de F. hepatica. Les œufs sont ovoïdes, de couleur jaune-brun clair, operculés et de grande taille, mesurant de 130 à 150 µm de long et de 60 à 90 µm de large.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: F. hepatica est pathogène dans le foie et les canaux biliairesNote de bas de page 3, où il peut survivre de 10 à 15 ans chez l’hôte infectéNote de bas de page 1. L’infection se fait en deux phases, la phase hépatique et la phase biliaireNote de bas de page 4. Durant la phase hépatique, qui est aiguë et invasive, la douve infeste le parenchyme du foie, où elle peut rester de 2 à 4 mois en détruisant les tissus hépatiques et en provoquant des lésions qui se traduisent par des symptômes tels que de la fièvre, des nausées et des vomissements, de l’urticaire, des douleurs abdominales dans le quadrant supérieur droit, une hépatomégalie, une hypergammaglobulinémie, une anémie et une hyperéosinophilie. Parmi les autres signes figurent une hépatite bénigne, une hémorragie subcapsulaire sévère et une nécrose hépatique franche. Dans la phase biliaire, qui est chronique, les douves migrent dans les canaux biliaires. Des œufs apparaissent dans les fèces après une période de prépatence de 3 à 4 mois. Cette situation peut entraîner une douleur intermittente dans le quadrant supérieur droit, avec ou sans cholangite ou cholestase, une inflammation chronique des canaux biliaires et des infections ectopiques pouvant intéresser l’intestin, le foie et les canaux biliairesNote de bas de page 5. L’observation d’une éosinophilie absolue, d’une fièvre et d’une infection ayant d’autres sièges que le foie (p. ex. cœur, cerveau, intestins, poumons, peau) peut également être rattachée à l’infection à F. hepaticaNote de bas de page 4, Note de bas de page 6. De plus, on peut observer une nasopharyngite aiguë dans les régions à forte prévalenceNote de bas de page 7.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Des cas d’infection chez l’humain ont été signalés dans le monde entier dans des régions recevant des pluies abondantes, dans des endroits où le drainage inadéquat et dans des pâturages irriguésNote de bas de page 8, comme en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et dans la région du Pacifique. Cet organisme est particulièrement prévalent dans les régions habitées par les limnées (gastéropodes d’eau douce), car ces organismes sont les hôtes intermédiaires de ce trématodeNote de bas de page 9, ainsi que dans celles où se pratique l’élevage des bovins ou des moutons. F. gigantica est très répandue dans les régions tropicales et subtropicales, et plus particulièrement en Afrique, en Asie et dans l’Ouest du PacifiqueNote de bas de page 10.

GAMME D’HÔTES: L’humain est un hôte accidentel. Les limnées servent d’hôtes intermédiaires. Chez les animaux, on a signalé des cas d’infection chez les rats, les lapins, les poulets, les canards, les bovins, les chevaux, les buffles, les chèvres, les moutons et d’autres ruminants herbivoresNote de bas de page 4, Note de bas de page 9, Note de bas de page 11, Note de bas de page 12. Les œufs sont logés dans les canaux biliaires de l’hôte et peuvent être libérés dans l’environnement en même temps que l’excrétion des fècesNote de bas de page 4.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue chez l’humain; toutefois, la mastication de végétaux sur lesquels l’organisme s’est enkysté suffit pour provoquer une infectionNote de bas de page 8. Des rats âgés de 5 semaines ou plus ont manifesté des symptômes d’infection après avoir ingéré 5 métacercairesNote de bas de page 13.

MODE DE TRANSMISSION: La consommation de végétaux non cuits (le plus souvent du cresson) ou de foie cru de mouton ou de bovin parasité et contenant des métacercaires peut conduire à une infection à F. hepaticaNote de bas de page 14. Cet organisme est également capable de se détacher des feuillages; par conséquent, la consommation d’eau non bouillie contenant des plantes contaminées peut également entraîner une infectionNote de bas de page 4, Note de bas de page 12.

PÉRIODE D’INCUBATION: Le premier stade de l’infection, la phase hépatique, survient de 3 à 11 semaines après l’ingestion de métacercairesNote de bas de page 14. Vient ensuite la phase biliaire, chronique, qui peut commencer plusieurs mois ou plusieurs années après la première ingestionNote de bas de page 4. La durée de cette période peut varier en fonction de la dose infectieuseNote de bas de page 13.

TRANSMISSIBILITÉ: Ne peut se transmettre d’une personne à une autre.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les œufs sont libérés dans l’environnement par les hôtes infectés. Dans les eaux où la température est optimale, les œufs éclosent pour donner naissance à des miracidiums qui infestent ensuite une limnée pour y poursuivre leur développementNote de bas de page 8. Les cercaires parvenues à maturité quittent la limnée et s’enkystent sur des plantes aquatiques (le plus souvent sur le cresson), où elles se transforment en métacercaires en quelques heures – le processus de maturation peut être accéléré par l’irrigation et le lavage des végétauxNote de bas de page 11. Les métacercaires parvenues à maturité peuvent infecter les bovins, les moutons, les humains (hôtes accidentels) et d’autres mammifères.

ZOONOSE: Oui – les humains peuvent contracter l’infection directement, en ingérant des métacercaires, ou indirectement, par les bovins, les moutons et autres herbivores ruminantsNote de bas de page 8.

VECTEURS: F. hepatica atteint le stade infectieux (métacercaire) dans les gastéropodes d’eau douce (en général la limnée)Note de bas de page 8.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Le triclabendazole, un benzimidazole, est actuellement le médicament de choixNote de bas de page 15-Note de bas de page 17. On peut également traiter la fasciolose au bithionolNote de bas de page 4, Note de bas de page 15.

RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS: À l’état immature, F. hepatica résiste à plusieurs fasciolocides, notamment au clorsulon, au closantel, au nitroxynil et à l’albendazole. On observe également l’apparition d’une résistance au triclabendazole dans des souches isolées en Australie et en EspagneNote de bas de page 18.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: La douve est sensible à une solution de 1 000 à 5 000 ppm d’hypochlorite de sodium, au formaldéhyde – l’efficacité étant maximale à plus de 20 °CNote de bas de page 12 – et au glutaraldéhyde à 2 %Note de bas de page 19.

INACTIVATION PHYSIQUE: Sensible à la chaleur; stériliser par autoclavage.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE : Les cercaires nouvellement écloses ayant quitté la limnée peuvent survivre environ une heure avant de s’enkyster sur un objet adéquatNote de bas de page 20. Lorsque l’habitat des limnées s’assèche, celles-ci peuvent demeurer infectées pendant plusieurs mois; lorsque l’eau revient, les limnées émergent et excrètent un grand nombre de cercaires. Les métacercaires peuvent survivre pendant de longues périodes (jusqu’à un an) sur des plantes aquatiques, et même sur le foin qui a poussé dans des prés infestés, car elles résistent à la dessiccationNote de bas de page 21. On peut également les trouver flottant librement dans les eaux stagnantes peu profondesNote de bas de page 4, Note de bas de page 22.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Les techniques sérologiques (ELISA, immunotransfert, fixation du complément, hémagglutination indirecte) permettent de détecter les anticorps dirigés contre les antigènes sécrétés par les douves adultes 2 à 4 semaines après l’infectionNote de bas de page 23, Note de bas de page 24. La présence d’une infection peut être mise en évidence par une épreuve d’hémagglutination indirecte et par des techniques radiographiques, comme la tomodensitométrie, l’échographie et l’imagerie par résonance magnétiqueNote de bas de page 25. La recherche d’œufs de F. hepatica dans les selles permet de confirmer l’infection après 2 mois. D’autres techniques comme la cholangiographie percutanée, la cholangiographie rétrograde endoscopique et la biopsie du foie peuvent être utilisées, mais elles sont effractives et, dans la plupart des cas, ne sont pas indispensablesNote de bas de page 4.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Administrer la pharmacothérapie appropriée. L’administration d’une dose orale unique ou de deux doses à 12 heures d’intervalle correspondant à 10 mg de triclabendazole par kilogramme de poids corporel peut éliminer l’infection en quelques mois chez l’humain (un deuxième cycle de traitement peut être nécessaire dans certains cas)Note de bas de page 16. On peut utiliser du bithionol, lequel est associé à un taux de guérison de 50 % après un moisNote de bas de page 15.

IMMUNISATION: Aucune pour l’instant.

PROPHYLAXIE: Aucune pour l’instant. Éviter l’exposition par voie orale à des végétaux non cuits ayant poussé sur un sol humide ou dans une zone inondée, et ne pas boire d’eau de surface non bouillie ou filtréeNote de bas de page 8.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Aucune signalée à ce jour.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Échantillons infectés, y compris les matières fécales, les tissus hépatiques et les canaux biliaires, qui peuvent contenir des douves matures et des œufsNote de bas de page 5, Note de bas de page 14, Note de bas de page 24.

DANGERS PRIMAIRES: IngestionNote de bas de page 26 et inoculation parentérale accidentelle (c’est-à-dire inoculation de milieux de culture contenant des métacercaires)Note de bas de page 27.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 Note de bas de page 28.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec F. hepatica et F. gigantica. Parmi les dangers d’exposition figurent l’ingestion, l’inoculation et le passage à travers les muqueuses. Éviter la production d’aérosols ou d’éclaboussures; même si l’agent ne peut être transmis par voie aérogène, il peut se déposer sur les paillasses et être ingéré après un contact avec les mains Note de bas de page 29.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 29.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 29 .

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION: Avant la mise au rebut, décontaminer tous les déchets qui contiennent ou ont été en contact avec l’organisme infectieux par autoclavage, désinfection chimique, exposition aux rayons gamma ou incinérationNote de bas de page 19.

ENTREPOSAGE: L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: June 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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