Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Chlamydia trachomatis
FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES
SECTION I - AGENT INFECTIEUX
NOM : Chlamydia trachomatis
SYNONYME OU RENVOI : Trachome, lymphogranulomatose vénérienne
CARACTÉRISTIQUES : C. trachomatis, de la famille des Chlamydiaceae, est une bactérie intracellulaire obligatoire Gram négatif non mobile d’environ 0,3 à 1 µm de diamètreNote de bas de page 1 ‑Note de bas de page 3 . Les Chlamydiaceae sont caractérisées par un cycle de vie biphasique unique et complexe au cours duquel le microorganisme n’est infectieux que pendant une phaseNote de bas de page 4 . C. trachomatis est d’abord observée sous la forme de corps élémentaires adaptés à la survie extracellulaire; ceux‑ci se différencient ensuite en corps réticulés, qui permettent la croissance intracellulaire du microorganisme et sa réplicationNote de bas de page 1 ,Note de bas de page 2 ,Note de bas de page 5 . Les souches de C. trachomatis sont réparties en 18 sérovars, dont 4 causent le trachome et 5, la lymphogranulomatose vénérienne (LGV). Les autres sérovars sont à l’origine de diverses autres infections transmissibles sexuellementNote de bas de page 1 .
SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Trachome : C. trachomatis (sérovars A, B, Ba et C) peut entraîner une inflammation aiguë des cellules épithéliales de l’œil. Dans les régions où l’atteinte est endémique, les réinfections sont fréquentes; elles mènent à une inflammation chronique évoluant éventuellement vers la cécité Note de bas de page 2 ,Note de bas de page 6 .
Lymphogranulomatose vénérienne (LGV) : Généralement associée aux sérovars L1, L2 et L3, l’infection se manifeste initialement par des papules ulcérées génitales suivies d’une lymphadénopathie intéressant fréquemment les ganglions iliaques chez la femme Note de bas de page 7. Les symptômes comprennent une sensation de froid, des céphalées, des myalgies et des arthralgies. L’infection peut se propager aux yeux, au système nerveux central, au cœur et aux poumons. En l’absence de traitement, la LGV peut provoquer une obstruction lymphatique et un éléphantiasis des organes génitaux Note de bas de page 8. Une éclosion de LGV associée à un nouveau sérovar, L2b, a été observée en Europe et en Amérique du Nord chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, chez qui l’infection se manifeste principalement par une rectite Note de bas de page 9.
Infections urogénitales : Les autres sérovars de C. trachomatis provoquent des infections et une inflammation de l’appareil urogénital, à savoir des urétrites, des rectites, des déférentites et des épididymites chez l’homme et des urétrites, des endométrites, des salpingites et des cervicites chez la femme, qui peuvent évoluer vers un cancer du col de l’utérus Note de bas de page 7 . L’infection asymptomatique est possible. Les femmes symptomatiques présentent souvent des douleurs pelviennes, des brûlures mictionnelles, des saignements vaginaux anormaux et une inflammation de l’épithélium cylindrique de l’endocolNote de bas de page 10 , tandis que les hommes symptomatiques présentent surtout un écoulement urétral aqueux peu abondant, un prurit urétral et des brûlures mictionnelles. Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes peuvent présenter une rectiteNote de bas de page 10 . En l’absence de traitement, l’infection peut entraîner des séquelles à long terme dont une atteinte inflammatoire pelvienne et une infertilité chez la femme, une épididymite et un risque d’infertilité chez l’homme et une arthrite réactionnelle (syndrome de Reiter) et une uvéite chez les deux sexes. La transmission aux nouveau‑nés est possible lors du passage dans la filière génitale; l’infection se manifestera alors sous forme de conjonctivite ou de pneumonieNote de bas de page 1 ,Note de bas de page 2 . Chez la femme enceinte, l’infection peut compliquer la grossesse et être associée à un avortement spontané, une mortinaissance, un accouchement prématuré et des infections fœtalesNote de bas de page 7 . Les formes néonatales de l’infection comprennent la conjonctivite et la pneumonie.
ÉPIDÉMIOLOGIE : Les infections à C. trachomatis sont observées partout dans le monde. Le trachome est endémique dans plus de 50 pays, pour la plupart en développement et situés en Afrique, au Moyen‑Orient, dans le sous‑continent indien et en Asie du Sud‑Est. Il s’agit de la première cause en importance de cécité infectieuse Note de bas de page 6. La LGV est quant à elle endémique dans certains pays en développement d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie et des Caraïbes. Les plus importants facteurs de risque de l’infection sont l’âge et le sexe, le taux d’infection le plus élevé étant observé entre les âges de 15 et de 24 ans chez les femmes et entre 20 et 24 ans chez les hommes Note de bas de page 10. Cependant, dans les pays développés, on observe une hausse des cas d’infection chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes Note de bas de page 8. Dans ces pays, C. trachomatis est le pathogène le plus souvent mis en cause dans les infections génitales bactériennes Note de bas de page 2,Note de bas de page 10.
GAMME D'HÔTES : Humain.
DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.
MODE DE TRANSMISSION : Le trachome est généralement transmis par contact étroit avec une personne infectée, par un véhicule ou par les mouches Note de bas de page 6. La LGV se transmet par contact sexuel vaginal, anal ou bucco‑génital Note de bas de page 9, tandis que les infections urogénitales se transmettent par contact sexuel vaginal ou anal Note de bas de page 10. La transmission verticale aux nouveau‑nés est aussi possible, et elle se produit principalement lors du passage dans la filière génitale Note de bas de page 1,Note de bas de page 2,Note de bas de page 7,Note de bas de page 10.
PÉRIODE D'INCUBATION : De 7 à 14 jours en cas de trachome ou d’infection urogénitale et de 3 à 30 jours en cas de LGV Note de bas de page 2.
TRANSMISSIBILITÉ : La transmission directe entre humains est très courante. L’infection peut être transmise par les patients symptomatiques et les porteurs asymptomatiques Note de bas de page 10.
SECTION III - DISSÉMINATION
RÉSERVOIR : Humain Note de bas de page 2.
ZOONOSE : Aucune.
VECTEURS : Les mouches (Musca sorbens et M. domestica) peuvent agir à titre de vecteurs mécaniques dans la transmission de C. trachomatis Note de bas de page 1,Note de bas de page 6,Note de bas de page 11.
SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : C. trachomatis est sensible aux tétracyclines, aux macrolides, à la rifampine et aux fluoroquinolones récemment apparues sur le marché Note de bas de page 2.
RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS : La résistance médicamenteuse en situation clinique n’est pas clairement décrite dans la littérature; cependant, il y aurait actuellement émergence de souches présentant une multirésistance à l’azithromycine, la doxycycline et l’ofloxacineNote de bas de page 12 .
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Absence de données propres à C. trachomatis; cependant, une sensibilité à l’hypochlorite de sodium à 1 %, à l’éthanol à 70 %, au glutaraldéhyde à 0,5 %, aux produits iodés et au formaldéhyde a été observée chez des microorganismes semblables Note de bas de page 13 ‑Note de bas de page 16 .
INACTIVATION PHYSIQUE : Absence de données propres à C. trachomatis; cependant, une sensibilité à la chaleur humide (121 °C pendant au moins 15 minutes), à la chaleur sèche (160‑170 °C pendant au moins 1 heure) et à la stérilisation à basse température (c.‑à‑d. stérilisation à l’oxyde d’éthylène Note de bas de page 17 ,Note de bas de page 18 ou au plasmaNote de bas de page 19 Note de bas de page 20 ) a été observée chez des microorganismes semblables.
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Dans des conditions humides, C. trachomatis peut survivre sur les surfaces pendant 2 à 3 heures Note de bas de page 21.
SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX
SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Le diagnostic repose sur l’isolement de C. trachomatis à partir de cultures ou sur la détection du pathogène par amplification des acides nucléiques à partir d’écouvillonnages, de biopsies ou de prélèvements urinaires. L’infection peut aussi être confirmée par des épreuves sérologiques comme l’ELISA et la PCR Note de bas de page 2,Note de bas de page 10,Note de bas de page 22.
Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement disponibles dans tous les pays.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Administrer l’antibiothérapie indiquée pour le traitement du trachome (azithromycine ou tétracycline topique) Note de bas de page 6, de la lymphogranulomatose vénérienne (doxycycline) Note de bas de page 8 ou des infections urogénitales (azithromycine) Note de bas de page 8.
IMMUNISATION : Aucune.
PROPHYLAXIE : Aucune. Un suivi annuel (examen pelvien et génital) réalisé chez les femmes sexuellement actives de moins de 25 ans pourrait réduire les manifestations cliniques de l’infection Note de bas de page 10.
SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Des cas de lymphogranulomatose vénérienne et de trachome ont été signalés Note de bas de page 23. Des cas d’atteinte respiratoire ont aussi été associés à l’exposition aux aérosols de C. trachomatis en laboratoire Note de bas de page 24.
SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Prélèvements génitaux, aspirations de bubons et sécrétions conjonctivales Note de bas de page 25.
DANGERS PRIMAIRES : Inoculation parentérale accidentelle et exposition des muqueuses des yeux, du nez et de la bouche au matériel infectieux. Les aérosols présentent aussi un risque d’infection Note de bas de page 25.
DANGERS PARTICULIERS : Aucun.
SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE
CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 26.
EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.
VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 27.
AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 27.
SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE
DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.
ÉLIMINATION : Décontaminer toutes les matières à éliminer contenant l’agent infectieux ou ayant été en contact avec celuici par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinération Note de bas de page 27.
ENTREPOSAGE : Dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 27.
SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011
PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
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