Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Aspergillus spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Aspergillus spp.

SYNONYME OR RENVOI: Aspergillose, maladie du poumon de fermier, A. fumigatus, A. flavus, A. niger, A. nidulans, A. terreusNote de bas de page 1.

CARACTÉRISTIQUES: Le genre Aspergillus appartient à la classe des Euascomycetes de l’embranchement AscomycotaNote de bas de page 1. Il s’agit d’espèces anamorphes (asexuées) ayant des formes télomorphes connues ou présumées dans la famille des TrichocomaceaeNote de bas de page 1. Le genre Aspergillus est subdivisé en sept sous-genres, qui regroupent chacun plusieurs espècesNote de bas de page 1. On recense environ 184 espèces du genre Aspergillus, dont 40 sont une cause documentée d’infection chez l’humain ou l’animalNote de bas de page 1. Aspergillus spp. se reproduit en formant des conidies portées par des phialides unisériées ou bisériéesNote de bas de page 1. Les colonies d’Aspergillus croissent rapidement et peuvent être de couleur blanche, verte, jaune ou noireNote de bas de page 1.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: Aspergillus spp. regroupe de nombreuses espèces, dont une quarantaine qui sont une cause documentée d’infection chez l’humain ou l’animalNote de bas de page 1. Le terme aspergillose est une appellation générique utilisée pour décrire les infections causées par différentes espèces du genre AspergillusNote de bas de page 1. La plupart des cas d’aspergillose sont causés par A. fumigatus, tandis qu’A. flavus et A. niger viennent au deuxième rang des espèces pathogènes du genre Aspergillus les plus répandues dans le mondeNote de bas de page 1. Parmi les maladies provoquées par Aspergillus spp. figurent des allergies cliniques (aspergillose bronchopulmonaire allergique, rhinite, maladie du poumon de fermier), des infections superficielles et locales (infections cutanées, otomycose, trachéobronchite), des infections associées à des lésions tissulaires (aspergillome, ostéomyélite) et des infections pulmonaires et extrapulmonaires envahissantesNote de bas de page 1. Les infections envahissantes imputables à Aspergillus spp. touchent principalement les personnes immunodéprimées et sont les formes d’infection les plus graves pouvant être provoquées par les microorganismes de ce genreNote de bas de page 1. L’aspergillose envahissante est le plus souvent causée par A. fumigatus, mais d’autres espèces comme A. flavus, A. nidulans et A. terreus ont également été mises en cause dans de telles infectionsNote de bas de page 1. Les infections envahissantes intéressent principalement le tractus sinopulmonaire, et au premier chef les poumonsNote de bas de page 2. Les principaux signes cliniques évocateurs d’une sinusite envahissante sont la fièvre, les douleurs faciales, les céphalées, la tuméfaction faciale asymétrique, l’épistaxis, l’exophtalmie, les anomalies des nerfs crâniens, l’ischémie du palais et l’érosion osseuseNote de bas de page 2. La fièvre, la toux et la dyspnée sont les symptômes les plus courants de l’aspergillose pulmonaire envahissante, même s’ils ne sont pas propres à cette infectionNote de bas de page 2. L’infection peut également envahir le système vasculaire et se manifester par des douleurs pleuralesNote de bas de page 2. Si elle n’est pas traitée, la dissémination hématogène peut atteindre n’importe quel organe. Le cas le plus grave est l’atteinte du SNC, qui peut conduire à des crises convulsives ou à un accident vasculaire cérébralNote de bas de page 2.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Les espèces du genre Aspergillus sont présentes dans le monde entier et sont largement répandues dans l’environnementNote de bas de page 3. Elles sont rarement une cause de maladie chez l’humain et se trouvent principalement chez les sujets immunodéprimésNote de bas de page 3. Les infections envahissantes provoquées par Aspergillus ont été associées à des taux élevés de morbidité et de mortalité, en particulier chez les sujets immunodéprimés, notamment les patients ayant subi une greffeNote de bas de page 1, Note de bas de page 4. Aux États-Unis, le nombre de décès associés à l’aspergillose chez les individus immunodéprimés a augmenté, passant de 0,04 décès pour 100 000 personnes en 1980 à 0,15 décès pour 100 000 personnes en 1997Note de bas de page 5. Dans ce pays, en 2006, l’aspergillose envahissante affichait une incidence de 12,7 % et un taux de décès de 13 % chez les patients atteints de leucémie aiguëNote de bas de page 6. Par rapport à 2003, où ces valeurs s’élevaient respectivement à 5,8 % et à 24 %, on observe une augmentation de l’incidence de l’aspergillose envahissante et une diminution de la mortalité associée à cette affection dans ce groupe de patients.

GAMME D’HÔTES: Humains, vaches, dauphins, oiseaux et chevauxNote de bas de page 1, Note de bas de page 7.

MODE DE TRANSMISSION: Inhalation de conidies en suspension dans l’air, par l’intermédiaire de l’eau contaminée (exposition aux conidies pendant la douche), et infections nosocomiales (les matières plastiques et les tissus utilisés dans les hôpitaux peuvent être des sources importantes d’Aspergillus spp.)Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, Note de bas de page 8, Note de bas de page 9.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

PÉRIODE D’INCUBATION: 2 jours – 3 moisNote de bas de page 9.

TRANSMISSIBILITÉ: Aucune preuve de transmission interhumaineNote de bas de page 9.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les conidies d’Aspergillus se trouvent dans le sol et la matière organiqueNote de bas de page 2. L’eau et les aliments peuvent également constituer des réservoirs pour la transmission d’Aspergillus spp.Note de bas de page 8.

ZOONOSE: Aucune.

VECTEUR : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Aspergillus spp. est résistant à l’itraconazoleNote de bas de page 10. On a observé que certains isolats d’A. fumigatus sont résistants au voriconazole, au posaconazole et aux échinocandinesNote de bas de page 10. Cet organisme est sensible au voriconazole et à l’amphotéricine BNote de bas de page 2.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: A. niger et A. fumigatus sont sensibles au glutaraldéhyde à 0,5 % dans une solution alcalineNote de bas de page 11. A. niger est également sensible au butylparabène à 0,125 %Note de bas de page 12. On a démontré qu’une dilution 1:50 d’un désinfectant contenant 15 % de 2-phénylphénol et 6,3 % de 4-ter-amylphénol était efficace contre A. fumigatus, mais pas contre A. nigerNote de bas de page 12. Aspergillus est également sensible à l’hypochlorite de sodium et au sulfate de cuivreNote de bas de page 8.

INACTIVATION PHYSIQUE: Les conidies sont généralement résistantes à la chaleurNote de bas de page 3; toutefois, on a observé qu’un traitement à 60 °C pendant 45 minutes inactivait totalement les conidies d’A. niger et d’A. flavus conidiaNote de bas de page 8. Cette procédure ne permet pas d’inactiver totalement l’espèce A. fumigatus, considérée comme la plus pathogène, même si elle a pour effet de diminuer sa concentration initiale de 3 logarithmes. Par ailleurs, l’irradiation par microondes à 800 watts pendant 90 à 120 secondes est une méthode efficace d’inactivation des conidies d’A. fumigatus et d’A. flavusNote de bas de page 8.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE: Peut survivre dans le sol et dans la matière végétale en décompositionNote de bas de page 2.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. Le diagnostic de l’infection repose sur l’examen direct des éléments hyphaux et de la morphologie hyphale d’Aspergillus dans des préparations de routine d’Aspergillus traitées à l’hydroxyde de potassium ou dans des coupes histologiques où la présence de l’organisme est révélée par des colorants fongiquesNote de bas de page 1, Note de bas de page 9, Note de bas de page 13. On peut également fonder le diagnostic sur la présence d’un antigène d’Aspergillus (galactomannane ou 1,3-β-D-glucane) ou de ses anticorps dans le sérum ou d’autres liquides organiques, ou encore un résultat positif de test cutané ou de PCRNote de bas de page 1, Note de bas de page 2, Note de bas de page 10, Note de bas de page 13.

Remarque : Les méthodes diagnostiques ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Les lignes directrices de l’Infectious Diseases Society of America préconisent le voriconazole comme traitement de première intention de l’aspergillose envahissanteNote de bas de page 2. On peut également utiliser l’amphotéricine B désoxycholate comme traitement initialNote de bas de page 2. Les formulations lipidiques de l’amphotéricine B et la caspofungine sont administrées aux patients qui ne tolèrent pas le traitement classique à l’amphotéricine BNote de bas de page 2. Un débridement est nécessaire en cas d’aspergillose locale se présentant par exemple sous la forme d’une sinusite, d’une affection cutanée ou d’une ostéomyéliteNote de bas de page 2.

IMMUNISATION: Aucune.

PROPHYLAXIE: Un traitement prophylactique contre Aspergillus spp. est recommandé pour les sujets à risque de contracter une aspergillose envahissante, par exemple les personnes atteintes de la maladie du greffon contre l’hôte ou les patients neutropéniques souffrant de leucémie aiguë myéloïde ou du syndrome myélodysplasiqueNote de bas de page 10.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Aucune déclarée pour l’instantNote de bas de page 14.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Crachats, échantillons de biopsie, aspirat transtrachéal, sang, terreNote de bas de page 1, Note de bas de page 2.

DANGERS PRIMAIRES: Inhalation d’air contaminé par des spores d’AspergillusNote de bas de page 14.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 Note de bas de page 15. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre. 

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 16. Ces exigences de confinement s’appliquent au genre dans son ensemble et peuvent ne pas s’appliquer à chaque espèce du genre. 

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 16.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 16.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 16.

ÉLIMINATION: Avant la mise aux rebuts, décontaminer tous les déchets qui contiennent ou ont été en contact avec l’organisme infectieux par autoclavage, désinfection chimique, exposition aux rayons gamma ou incinérationNote de bas de page 16.

ENTREPOSAGE: L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriéeNote de bas de page 16.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Octobre 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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