Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Ancylostoma duodenale

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Ancylostoma duodenale

SYNONYME OU RENVOI : Ankylostome; ankylostome européen Note de bas de page 1Note de bas de page 2, nématode intestinal Note de bas de page 1Note de bas de page 2, ankylostomiase cutanéeNote de bas de page 1Note de bas de page 2, placard érythémateux prurigineuxNote de bas de page 1Note de bas de page 2, ankylostomiase, ankylostomose, ancylostomose, helminthiaseNote de bas de page 3, gourme des mineursNote de bas de page 4, uncinarioseNote de bas de page 4, anémie des briquetiersNote de bas de page 5.

CARACTÉRISTIQUES : A. duodenale appartient à la famille des Ancylostomatidae et à la sous‑famille des Ancylostomatinae Note de bas de page 1. Les adultes sont légèrement plus gros et robustes que N. americanus. Les adultes mâles mesurent de 8 à 11 mm de longueur par 0,4 à 0,5 mm de largeur, et les femelles mesurent de 10 à 13 mm de longueur par 0,4 à 0,5 mm de largeur Note de bas de page 1, Note de bas de page 2. La tête se prolonge dans la même direction que la courbure du corps Note de bas de page 2Note de bas de page 6. Les œufs sont ellipsoïdes, à coque mince, et mesurent environ 56 à 75 μm par 36 à 40 μm. On observe un espace clair entre l’embryon et la coque Note de bas de page 1, Note de bas de page 2. Il est impossible de distinguer les œufs de N. americanus de ceux d’A. duodenale. Les œufs sont excrétés dans les fèces, puis ils s’embryonnent et éclosent dans le sol au bout de 1 à 2 jours, libérant une larve rhabditoïde du premier stade. Celle-ci atteint le troisième stade, soit la forme infectante filariforme, en environ 1 semaine Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 7Note de bas de page 8

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Comme dans le cas de N. americanus, les larves (du troisième stade) d’A. duodenale suivent les gradients thermiques; la chaleur les fait migrer vers la peau humaine, qu’elles peuvent irriter ou envahirNote de bas de page 9 Comme dans le cas de N. americanus, on observe un placard prurigineux, érythémateux et papuleux, qui provoque une démangeaison appelée « gourme des mineurs » autour du point de pénétration des larves infectantes, habituellement sur les mains et les piedsNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Il s’ensuit une infection envahissante lorsque les larves atteignent la circulation sanguine et sont transportées jusqu’aux poumons. La migration des larves dans les voies aériennes peut occasionner une toux et une irritation pharyngée légères, mais la migration à travers les poumons est généralement asymptomatiqueNote de bas de page 10. Les larves sont ensuite avalées et, après avoir parcouru l’œsophage, migrent dans le tractus gastro-intestinal. Puis, les larves se fixent à la muqueuse intestinale, où elles se nourrissent de sang jusqu’à ce qu’elles atteignent la maturité. Le principal problème de santé causé par les ankylostomes est la perte de sang au niveau de l’intestin, qui peut entraîner une anémie ferriprive dans les cas d’infection modérée à sévère. Dans l’intestin, les vers adultes peuvent produire des douleurs épigastriques et des anomalies du péristaltismeNote de bas de page 2Note de bas de page 6 Les caractéristiques cliniques dépendent très fortement du degré d’infestation et de l’apport alimentaire en fer Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6 Chez les enfants, cette affection peut précipiter l’insuffisance cardiaque ou le kwashiorkorNote de bas de page 1. On a également observé un retard du développement mental, sexuel et physique chez les enfantsNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 7 ainsi qu’un retard de croissance intra-utérin, des cas de naissance prématurée et une insuffisance pondérale à la naissance chez les nouveau-nés dont la mère était infectéeNote de bas de page 1Note de bas de page 7Les infections aiguës/sévères peuvent provoquer de la fatigue, une faiblesse, des douleurs abdominales et une diarrhée sanglanteNote de bas de page 1. La durée de vie des adultes dans l’intestin humain est de 1 à 2 ans, mais on a déjà vu des cas où ceux-ci ont survécu pendant aussi longtemps que 10 à 12 ans Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 11

ÉPIDÉMIOLOGIE : On observe fréquemment un chevauchement des cas d’infection à A. duodenale et de ceux à N. americanus en Afrique, en Inde et en Chine. On estime qu’environ 740 millions de personnes dans le monde sont actuellement infectées par A. duodenale ou N. americanus Note de bas de page 1, Note de bas de page 2Note de bas de page 12Note de bas de page 13.

À l’échelle mondiale, le taux de mortalité attribuable à une infection directe par un ankylostome est d’environ 65 000 décès par annéeNote de bas de page 14. Le degré d’infestation par les vers est faible chez la majorité des personnes infectées, et celles‑ci sont pour la plupart asymptomatiquesNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Les infections à ankylostome sont parmi les maladies tropicales les plus importantes chez l’humainNote de bas de page 7; elles surviennent entre le 45e parallèle nord et le 30e parallèle sud. A. duodenale est présent dans le bassin méditerranéen, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne, dans le nord de l’Inde, en Chine et au JaponNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7. A. duodenale est endémique dans les régions tropicales chaudes et humides où les gens défèquent dans la terreNote de bas de page 6. Les taux d’infection augmentent au sein des communautés fermées à forte densité de population, comme dans les caféières et les plantations de théNote de bas de page 2.

GAMME D'HÔTES : Humains Note de bas de page 15.

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : Contact direct de la peau nue avec de la terre contenant des larves filariformesNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7. L’infection peut également être contractée par voie orale, auquel cas la larve passe directement au stade adulte dans l’intestin Note de bas de page 1Note de bas de page 7. L’infection peut être transmise de la mère au fœtus lorsque le tissu placentaire est infecté ou de la mère à l’enfant pendant l’allaitement lorsque les tissus mammaires sont infectésNote de bas de page 16-18.

PÉRIODE D'INCUBATION : Après la pénétration, A. duodenale migre vers les poumons et les atteint en 10 jours environNote de bas de page 19. De 3 à 5 semaines plus tard, il traverse le tractus gastro-intestinal et se fixe à la muqueuse intestinale, où il continue de se développer jusqu’au stade adulte et où il peut demeurer jusqu’à un an. L’infection patente apparaît de 5 à 8 semaines après l’exposition Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6.Cependant, A. duodenale a la capacité d’interrompre son développement dans l’hôte, et ce phénomène peut s’échelonner sur une période qui dépasse la période de prépatenceNote de bas de page 20.

TRANSMISSIBILITÉ : Transmission interhumaine : de la mère au fœtus / à l’enfant par le tissu placentaire / les tissus mammaires infectés Note de bas de page 11Note de bas de page 16-18

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : L’être humain est le seul réservoir connu d’A. duodenale et de N. americanus. La majorité des personnes infectées sont asymptomatiques en raison du faible degré d’infestation; cependant, les œufs peuvent être éliminés avec les fècesNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7.

ZOONOSE : Aucune. Cependant, on a déjà signalé un cas de transfert d’A. duodenale au stade adulte de chiens infectés à un enfant de 3 ans atteint de polycythémie congénitaleNote de bas de page 21.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : A. duodenale est sensible au pamoate de pyrantel, au mébendazole, au nitrazoxanide et à l’albendazole Note de bas de page 1, Note de bas de page 2.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les larves infectantes d’A. duodenale sont sensibles à une exposition de 10 minutes à de l’éthanol à 70 %, à une exposition de 20 minutes à une préparation de Dettol® à 0,5 %, et à des composés organochlorés (tétrachloroéthylène) Note de bas de page 22.L’hypochlorite de sodium (1 %) et le glutaraldéhyde (2 %) sont inefficaces Note de bas de page 22Note de bas de page 23.

INACTIVATION PHYSIQUE : Les larves infectantes sont inactivées par une exposition à de l’eau chaude, dont la température est supérieure à 80 °C (en pratique, il est recommandé d’utiliser de l’eau dont la température est près du point d’ébullition)Note de bas de page 22. Les larves d’Ancylostoma spp. ne peuvent survivre à la dessiccation ou à l’exposition directe à la lumière du soleil, et elles ne peuvent survivre à des températures inférieures à 0 °C ou supérieures à 45 °CNote de bas de page 24. Les larves sont également sensibles à des solutions salines très concentréesNote de bas de page 25.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Les œufs éclosent et libèrent une larve rhabditoïde dans le sol, laquelle se développe en une larve filariforme infectante dans l’espace de 5 à 8 jours Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7.Celle‑ci ne s’alimente pas et meurt en quelques semaines si elle ne parvient pas à infecter un hôte Note de bas de page 2Note de bas de page 6. La larve filariforme infectante demeure viable dans le sol pendant plusieurs semaines Note de bas de page 1.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition des symptômes. L’infection est démontrée par l’observation directe d’œufs caractéristiques dans les fèces Note de bas de page 1, Note de bas de page 7. Divers tests permettent de dénombrer les œufs, notamment la technique de Kato-Katz, le test de concentration, le dénombrement direct de Beaver, le dénombrement après dilution de Stoll, la technique de McMaster et les tests fondés sur la PCR, ces derniers étant les plus sensibles Note de bas de page 26.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Les agents anthelminthiques courants, comme le pamoate de pyrantel, le mébendazole et l’albendazole, sont très efficaces contre l’infection à A. duodenale Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7. Lorsque l’anémie est légère ou modérée, la prise de suppléments de fer est souvent un traitement adéquat Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6.Dans les cas d’anémie plus graves, une transfusion peut être nécessaire Note de bas de page 1, Note de bas de page 2.

IMMUNISATION : Plusieurs vaccins sont en cours d’élaboration, lesquels consistent en l’injection d’associations de protéines antigéniques recombinantes isolées Note de bas de page 12-14Note de bas de page 27

PROPHYLAXIE : Mesures d’hygiène, comme le lavage des mains, la consommation d’eau potable salubre, le nettoyage et la cuisson adéquats des aliments, le port de chaussures Note de bas de page 10.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Aucun cas signalé pour A. duodenale. Un cas d’ankylostomiase cutanée a été signalé chez une personne qui traitait un chat infecté par Ancylostoma braziliense et Ancylostoma caninum, deux organismes étroitement apparentés à A. duodenale Note de bas de page 28Note de bas de page 29.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Fèces Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7, tissus infectés Note de bas de page 20, terre infectée Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7.

DANGERS PRIMAIRES : Contact direct de la peau nue ou des muqueuses orales avec des matières infectées Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 7,inoculation accidentelle Note de bas de page 28.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 30.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 31.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 31.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 31.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 31Note de bas de page 32.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l’agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération Note de bas de page 31.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches dûment étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 31.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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