Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Adénovirus (types 1, 2, 3, 4, 5 et 7)

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM : Adénovirus (sauf les sérotypes 40 et 41)

SYNONYME OU RENVOI : Maladies respiratoires aiguës (MRA), maladies fébriles de l’enfance, adénovirus de l’espèce A, B, C, D, E, F, G, fièvre pharyngo‑conjonctivale.

CARACTÉRISTIQUES : Les adénovirus humains font partie de la famille des Adenoviridae et du genre des Mastadenovirus; parmi leurs quelque 100 différents sérotypes, 51 sont pathogènes pour l’humainNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Les adénovirus sont des virus non enveloppés à capside icosaédrique; ils mesurent entre 70 et 90 nm de diamètre et possèdent un ADN double brin linéaire unique d’environ 36 kbNote de bas de page 2.

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Les adénovirus entraînent des infections respiratoires spontanément résolutives généralement bénignes et asymptomatiques malgré la positivité des épreuves virologiques et sérologiquesNote de bas de page 3. Des manifestations cliniques ne sont présentes que dans environ 45 % des casNote de bas de page 1. Les adénovirus de types 4 et 7, en particulier, représentent une cause importante de maladies respiratoires aiguës caractérisées par une fièvre, une rhinite, une pharyngite, une toux et une conjonctiviteNote de bas de page 1. D’autres formes d’infection à adénovirus peuvent aussi être observées; elles touchent habituellement les voies respiratoires, le tractus gastro‑intestinal et les yeux (conjonctivite folliculaire aiguë)Note de bas de page 2. Les principales atteintes attribuables aux différents sérotypes d’adénovirus sont les suivantes :

Les infections générales à adénovirus sont courantes chez le jeune enfant et sont fréquemment associées aux sérotypes 1, 2 et 5Note de bas de page 1; leur tableau clinique peut comprendre une fièvre, une congestion nasale, un coryza et une pharyngite. D’autres atteintes plus graves peuvent aussi être observées, notamment la néphrite, la neutropénie, la myocardite, l’hépatite, la coagulation intravasculaire disséminée et la méningo‑encéphaliteNote de bas de page 2Note de bas de page 5. Les infections oculaires, comme la conjonctivite folliculaire aiguë, qui sont souvent associées à une adénopathie prétragienne prononcée, sont généralement bénignes et associées à un rétablissement completNote de bas de page 6. Les atteintes néonatales, la méningo‑encéphalite, la myocardite et les infections transmissibles sexuellement sont raresNote de bas de page 2.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Les adénovirus sont répandus dans le monde entier; ubiquitaires de l’environnement pendant toute l’année, ils sont particulièrement observés à la fin de l’hiver et au début du printempsNote de bas de page 5. Le sérotype 5 est le plus fréquemment rencontré, mais les sérotypes 1 et 2 présentent aussi une forte endémicitéNote de bas de page 1. Les enfants sont particulièrement sujets aux infections à adénovirusNote de bas de page 2Note de bas de page 5Note de bas de page 7. Les sérotypes 3, 4, 7, et 21 ont été associés à des éclosions de maladies respiratoires aiguës ayant entraîné des hospitalisations et des décès chez des recrues militairesNote de bas de page 3Note de bas de page 8. Des éclosions moins importantes d’infections attribuables aux sérotypes 3, 4 et 7 se produisent aussi pendant l’été en raison de la contamination de l’eau des piscines, qui entraîne couramment des cas de conjonctiviteNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Les infections graves à adénovirus sont plus fréquentes chez les sujets immunodéprimésNote de bas de page 2Note de bas de page 7.

GAMME D’HÔTES : Humain.

DOSE INFECTIEUSE : L’inhalation d’aussi peu que 5 particules infectieuses peut entraîner une infection chez les sujets réceptifsNote de bas de page 3. Selon les National Institutes of Health des États‑Unis, la dose infectieuse de l’adénovirus de type 7 serait supérieure à 150 unités virales administrées sous forme de gouttes nasalesNote de bas de page 9.

MODE DE TRANSMISSION : Transmission par voie respiratoire ou fécale‑orale. L’infection peut se propager par le biais de véhicules, des doigts et de solutions ophtalmiques contaminés de même que par gouttelettes aériennesNote de bas de page 2Note de bas de page 5Note de bas de page 1.

PÉRIODE D’INCUBATION : Environ 2 à 14 joursNote de bas de page 2.

TRANSMISSIBILITÉ : Chez l’enfant, les adénovirus non entériques sont excrétés et peuvent être détectés dans les prélèvements de gorge et les selles pendant 3 à 6 semaines suivant l’infection des voies respiratoires inférieures ou l’atteinte générale. Le risque de transmission est élevé dans les milieux surpeuplés et fermés, notamment les garderies, les pensionnats et les établissements de soins longue durée. La transmission entre les membres d’une même famille est fréquente. Dans de rares cas, une excrétion du virus peut être observée pendant 18 mois, voire plusNote de bas de page 2.

SECTION III ‑ DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : HumainNote de bas de page 3Note de bas de page 6. En contexte expérimental, une infection de presque toutes les espèces de mammifères a pu être observée; les adénovirus humains étaient notamment capables d’infecter le singe, le rat du coton, le lapin et les rongeursNote de bas de page 6.

ZOONOSE : Aucune.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV – VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Aucune. De nombreuses études de cas mentionnent une efficacité du cidofovir contre les adénovirus, mais aucun essai clinique comparatif n’a été réalisé sur le sujet; de plus, cette indication du cidofovir n’est pas homologuéeNote de bas de page 5.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les adénovirus sont résistants aux solvants lipidiques, mais peuvent être inactivés par le formaldéhyde et le chloreNote de bas de page 5. Ils peuvent aussi être inactivés par un contact de 1 minute avec une solution d’eau de Javel 1:5 ou par un contact de 2 minutes avec un gel désinfectant pour les mains à base d’alcoolNote de bas de page 2.

INACTIVATION PHYSIQUE : Les adénovirus peuvent être inactivés par la chaleurNote de bas de page 5; ils perdent en effet leur infectiosité lors d’une exposition à une température de 56°C pendant 30 minutes, d’une exposition à une température de 60°C pendant 2 minutes ou d’une stérilisation à la vapeurNote de bas de page 2.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE : La plupart des sérotypes peuvent demeurer stables pendant une semaine à 36°C, pendant plusieurs semaines à température pièce et pendant plusieurs mois à 4°CNote de bas de page 2Note de bas de page 10. Les adénovirus sont aussi très stables dans l’environnement, et ils peuvent survivre sur les surfaces inanimées sèches de 7 jours à 3 moisNote de bas de page 10 et dans l’eau du robinet, les eaux usées et l’eau de mer pendant des semainesNote de bas de page 11. Les adénovirus de type 2, en particulier, peuvent survivre jusqu’à 8 semaines sur les surfaces environnementales habituelles, à température pièceNote de bas de page 12.

SECTION V – PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Les cellules infectées peuvent être examinées au microscope; il est aussi possible d’avoir recours à la détection des antigènes viraux par immunofluorescence ou dosage immunoenzymatique et à la PCR pour identifier le pathogèneNote de bas de page 2.

Remarque : Toutes les méthodes diagnostiques ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Il n’existe aucun agent antiviral efficace officiellement approuvé pour le traitement des infections à adénovirusNote de bas de page 7. L’atteinte étant en général spontanément résolutive, sa prise en charge repose principalement sur les soins de soutienNote de bas de page 5. Dans le cas des patients immunodéprimés, un traitement antiviral par le cidofovir ou d’autres agents pourrait cependant être nécessaireNote de bas de page 7.

IMMUNISATION : Un vaccin dirigé contre les souches 4 et 7 a été mis au point, mais il n’est plus produit (pour des raisons économiques)Note de bas de page 2Note de bas de page 8.

PROPHYLAXIE : Aucune.

SECTION VI – DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES EN LABORATOIRE : Au moins dix cas d’infection à adénovirus avaient été signalés en date de 2006; cependant, on ne connaît pas les sérotypes en causeNote de bas de page 13.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Les échantillons de selles ou de sécrétions respiratoires provenant des sujets infectés contiennent habituellement des particules virales infectieuses. Le virus peut aussi être observé dans certains tissus, selon les symptômesNote de bas de page 2.

DANGERS PRIMAIRES : Contact direct du virus avec les muqueuses (bouche, yeux), ingestion, inhalation de particules viralesNote de bas de page 2Note de bas de page 13Note de bas de page 14.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII – CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 Note de bas de page 15. Le groupe de risque correspond à l’espèce dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à chaque sérotype de l’espèce.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux. Ces exigences de confinement s’appliquent à l’espèce dans son ensemble et peuvent ne pas s’appliquer à tous les sérotypes de l’espèce.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussureNote de bas de page 16.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 16.

SECTION VIII – MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 16.

ÉLIMINATION : Décontaminer toutes les matières à éliminer contenant l’agent infectieux ou ayant été en contact avec celui‑ci par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinération Note de bas de page 16.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 16.

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Novembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, Agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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