Rapport de l’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada, 2013 – Message de l'administrateur en chef de la santé publique
Message de l'administrateur en chef de la santé publique
Oh! Que nul ne doute / De ce dont personne n’est certain! [Traduction]
— Hilaire Belloc, The Microbe
Lorsque j’étais jeune, à la fin des années 1950, les hôpitaux canadiens étaient remplis d’enfants souffrant de complications liées à des infections évitables par la vaccination, comme la poliomyélite. Les parents craignaient profondément cette maladie invalidante qui touchait des milliers de Canadiens. Puis, au grand soulagement de tous, Jonas Salk a conçu un vaccin qui a permis d’éradiquer la poliomyélite au Canada et dans la plupart des pays du monde.
Pendant mon enfance, l’idée d’éliminer une maladie était presque inconcevable. Puis, grâce aux percées de la médecine, une petite injection dans le bras ou, mieux encore, quelques gouttes déposées dans la bouche ou sur un morceau de sucre ont suffi à nous immuniser contre diverses maladies. C’était un miracle, mais c’est aussi l’une des plus grandes réussites en santé publique. Ces avancées sont toutefois susceptibles de nous rendre complaisants. Je crains en effet que nos succès dans la lutte contre les maladies infectieuses n’aient été vains si nous ne redoublons pas d’efforts et ne demeurons pas centrés sur les maladies infectieuses et la santé de la population canadienne.
Nous cherchons constamment à nous protéger contre le monde invisible, complexe et parfois néfaste des microbes. Cependant, ceux-ci ne sont pas tous dangereux. Nous sommes entourés de milliards de microbes, et nos interactions avec eux sont importantes : ils vivent sur notre peau, dans notre tube digestif, dans notre bouche et notre nez et sur toutes les surfaces imaginables. Les microbes sont souvent associés à la maladie, mais la plupart sont tout à fait inoffensifs, voire bénéfiques pour notre santé. Néanmoins, certains d’entre eux représentent une réelle menace.
Au Canada, nous avons réalisé des progrès dans la lutte contre les micro-organismes les plus dangereux. Nous avons offert à la population de meilleures conditions pour qu’elle puisse se défendre contre les maladies infectieuses (p. ex. un revenu et un logement convenables, la sécurité alimentaire, l’accès à l’éducation, les soins à la petite enfance). De plus, l’introduction de vaccins visant à prévenir les maladies, la découverte et l’utilisation d’antibiotiques pour traiter les maladies mortelles et les avancées dans les domaines de la surveillance et de l’épidémiologie ont contribué à améliorer notre qualité de vie et notre longévité. Cependant, malgré tous ces progrès, notre capacité de combattre les maladies infectieuses demeure, au mieux, limitée.
En mars 2003, le Canada a été frappé par l’épidémie mondiale de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui a coûté la vie à 44 Canadiens. Depuis, le gouvernement fédéral a pris des mesures énergiques, notamment la création de l’Agence de la santé publique du Canada en 2004, pour mieux protéger les Canadiens contre les épidémies et les autres situations d’urgence menaçant la santé publique. Au cours des neuf dernières années, l’Agence a joué un rôle de leader en travaillant avec ses partenaires du domaine de la santé publique à renforcer l’état de préparation et la capacité d’intervention du Canada dans ce type de situations. Nous avons en effet mis en place de nouvelles structures pour améliorer la façon dont les gouvernements collaborent, élaboré des plans détaillés en prévision de situations menaçant la santé publique et renforcé nos systèmes d’alerte et nos capacités de prévention et de prise en charge des maladies. L’Agence a choisi de se préparer à tous les types de menaces en se servant d’outils dont elle peut faire bénéficier ses partenaires et qui peuvent être adaptés selon la nature et l’ampleur de la situation. Dans notre combat contre les maladies infectieuses, il nous faudra peut-être remettre en question ou réévaluer nos idées préconçues.
Nous devons aussi nous préparer à faire face à de nouvelles menaces, qu’elles soient d’origine naturelle ou le résultat d’actes délibérés posés par des personnes cherchant à nous faire du tort. Même si nous faisons de notre mieux pour prévenir et empêcher la propagation des infections, des éclosions continuent de survenir. Dans ce contexte, l’Agence a élaboré des protocoles et mis sur pied des réseaux pour repérer les éclosions et nous permettre d’intervenir efficacement. L’Agence dispose à la fois d’experts scientifiques capables d’orienter nos interventions et de fournitures médicales qui peuvent être distribuées pour aider la population canadienne en cas d’épidémie.
Dans mon rapport, je décris la façon dont les maladies infectieuses influent sur la santé publique et sur l’état de santé de la population canadienne. Je parle aussi de ce que peut faire chaque Canadien pour prévenir et contrôler les maladies infectieuses chez soi et dans la collectivité. Comme il est impossible de traiter de toutes les maladies infectieuses dans un seul rapport, j’ai choisi quelques sujets qu’il m’apparaissait utile d’aborder et de mieux faire connaître.
Lorsque vous lirez le rapport, j’espère que vous vous poserez les mêmes questions que celles avec lesquelles je jongle quotidiennement en tant qu’administrateur en chef de la santé publique du Canada :
- Prenons-nous les mesures nécessaires pour nous protéger et protéger nos collectivités?
- Existe-t-il d’autres moyens de réduire les cas de maladies infectieuses?
- Que pouvons-nous faire de plus?
- Avec qui d’autre pourrions-nous travailler pour mieux relever les défis qui subsistent?
Malgré les immenses progrès accomplis, il reste beaucoup d’obstacles à surmonter, et nous nous y employons. Il est clair pour moi que l’amélioration continue de la santé publique exigera la participation de l’ensemble de la population tout au long du XXIe siècle si nous voulons maintenir notre bilan impressionnant dans la lutte contre les maladies infectieuses.
Dr David Butler-Jones
Le Dr David Butler-Jones est le premier et l’actuel administrateur en chef de la santé publique du gouvernement du Canada. Il dirige l’Agence de la santé publique du Canada, qui canalise les efforts du gouvernement pour promouvoir et favoriser la santé et la sécurité des Canadiens. Il a auparavant œuvré dans les domaines de la santé publique et de la médecine clinique dans de nombreuses régions du Canada et a travaillé comme consultant dans d’autres pays. Le Dr Butler-Jones a également fait de l’enseignement universitaire au premier cycle et aux cycles supérieurs et a participé à des travaux de recherche sur un vaste éventail de questions de santé publique. Il est professeur à la Faculté de médecine de l’Université du Manitoba et professeur clinicien au Département de santé communautaire et d’épidémiologie du Collège de médecine de l’Université de la Saskatchewan. De 1995 à 2002, le Dr Butler-Jones a occupé les fonctions de médecin-hygiéniste en chef de la Saskatchewan ainsi que de directeur administratif de la Direction générale de la santé de la population et de la Direction générale des services de soins de santé primaires de cette province. Il a aussi travaillé au sein de nombreuses associations. Il a notamment été président de l’Association canadienne de santé publique, vice-président de l’American Public Health Association, président de la Table ronde sur la santé et le changement climatique du Canada, régent international de l’American College of Preventive Medicine, membre du conseil d’administration de l’Initiative sur la santé de la population canadienne, président de la Coalition canadienne pour l’amélioration des pratiques préventives chez les professionnels de la santé et coprésident de la Coalition canadienne pour la santé publique au 21e siècle. Afin de souligner le travail du Dr Butler-Jones dans le secteur de la santé publique, la Faculté des sciences de la santé de l’Université York lui a remis en 2007 un doctorat honorifique en droit. En 2010, il s’est vu décerner le Prix Robert-Davies-Defries, la plus haute distinction remise par l’Association canadienne de santé publique, pour sa contribution exceptionnelle au domaine de la santé publique.
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