Conclusion : Rapport de l’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada, 2013 – Poursuivre nos efforts

Conclusion : Poursuivre nos efforts

Le présent rapport n’avait pas pour but de traiter de tous les aspects de chacune des maladies infectieuses qui existent au Canada. Nous nous sommes plutôt concentrés sur des questions qui méritent une attention particulière et illustrent des aspects importants de la prévention et du contrôle des infections. Des thèmes ont fait surface, et des fils conducteurs reliant les différentes sections du rapport ont pu être dégagés. Par exemple, la question de la résistance aux antimicrobiens ressort aussi bien des discussions sur les infections associées aux soins de santé que de celles sur la tuberculose. La section sur les infections transmissibles sexuellement renferme également un volet sur l’immunisation. La section des infections transmises par les aliments ou l’eau et celle portant sur la résistance aux antimicrobiens se recoupent à plusieurs égards, car elles insistent toutes les deux sur le rôle de l’industrie et du secteur des soins de santé dans la réalisation de progrès. Finalement, le concept de responsabilité partagée — par l’industrie, les gouvernements, le secteur des soins de santé et les individus — est présent tout au long du rapport.

Il y a 100 ans, il n’était pas rare de mourir d’une maladie infectieuse. De nos jours, grâce aux progrès réalisés dans la prévention et le contrôle des maladies infectieuses, les Canadiens peuvent s’attendre à vivre longtemps, en forme et en santé dans l’un des pays les plus sains de la planète. La prévention est, comme toujours, le premier moyen de défense. Le Canada a fait d’énormes progrès dans le domaine de la santé publique pour maintenir et améliorer la santé de sa population. Les exemples de réussite sont multiples et variés, que ce soit les changements apportés aux soins de santé (p. ex. les programmes d’immunisation de masse) et à l’infrastructure (p. ex. les réseaux de traitement de l’eau) ou les campagnes d’éducation à la sexualité sans risque, au lavage des mains, à la protection de l’entourage lorsqu’on tousse ou éternue et à la préparation sécuritaire des aliments. Nous disposons également de systèmes de surveillance améliorés, qui nous fournissent une meilleure connaissance des taux d’immunisation et de la distribution des maladies.

Il n’en demeure pas moins qu’un bon nombre d’entre nous sont atteints de maladies infectieuses. Les dernières décennies ont vu l’apparition de nouvelles maladies et la persistance d’autres problèmes qui existaient par le passé et qui continuent aujourd’hui de menacer la santé de la population. Pour réaliser de réels progrès dans la santé et le bien‑être, nous devons prendre en charge la maladie à l’échelle de l’individu et de la population, et chercher à en atténuer les répercussions à long terme. Par ailleurs, nous découvrons que de plus en plus de maladies autrefois considérées comme non contagieuses (chroniques) ont en réalité une origine infectieuse ou présentent des facteurs de risque d’infection. Notre compréhension grandissante des infections et de l’immunité sera indispensable à la prévention et au traitement des maladies.

Les efforts que nous déploierons relèvent, là encore, d’une responsabilité partagée et englobent la recherche et la mise au point de nouveaux médicaments et traitements, l’utilisation rationnelle des antibiotiques et l’amélioration des activités de surveillance et de suivi. Nous devons également maintenir les pratiques visant à prévenir la propagation des infections et à améliorer l’accès au dépistage et à un diagnostic rapide, en particulier dans les populations vulnérables.

Toute stratégie à long terme de lutte contre les maladies infectieuses doit aussi s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé. En effet, le soutien économique et social offert aux Canadiens joue un rôle dans l’apparition et la progression des maladies. Les maladies infectieuses touchent différemment les populations marginalisées, et nous commençons à peine à saisir ce phénomène grâce aux activités de surveillance et de suivi.

Les maladies infectieuses ne datent pas d’hier. L’histoire regorge d’exemples de luttes que nous avons été appelés à mener; on n’a qu’à penser à la peste d’Athènes en 430 avant notre ère, à la peste noire au XIVe siècle, aux pandémies de choléra au XIXe siècle, à la grippe espagnole de 1918 ou à la pandémie de grippe H1N1 de 2009. Nous devons rester vigilants et poursuivre nos efforts afin de prévenir les problèmes de santé causés par les multiples agents nuisibles que nous connaissons et qui sévissent dans nos milieux. Nous devons aussi établir des plans en prévision de menaces éventuelles, inattendues et encore inconnues. Pour ce faire, nous devons maintenir une surveillance active des maladies au pays et ailleurs dans le monde et savoir nous adapter pour mieux intervenir. En travaillant ensemble et en échangeant des connaissances, nous pouvons contribuer à protéger la santé à l’échelle de la planète. Si nous voulons garder une longueur d’avance sur les menaces nouvelles ou récurrentes, nos activités de prévention et de contrôle doivent évoluer au même rythme que les infections. Bien sûr, nous ne serons jamais complètement à l’abri des maladies infectieuses, mais il est possible de réaliser des gains supplémentaires en concentrant nos efforts sur les mesures proposées dans le présent rapport.

Travaillons ensemble

Comme le souligne l’Organisation mondiale de la Santé, jouir d’une bonne santé ne signifie pas nécessairement vivre plus longtemps, mais plutôt vivre sans incapacité et sans maladie. Au final, tout repose sur nous. De fait, la santé d’une société se mesure à celle des personnes qui en sont le plus dépourvues. Lorsque nous considérons la santé des Canadiens du point de vue de la santé publique, il est clair que tout est lié. Si nous nous contentons de prévenir et de prendre en charge les maladies humaines sans tenir compte du contexte dans lequel elles apparaissent, nous ne pourrons agir efficacement. En comprenant mieux les raisons qui font que certaines personnes tombent malades tandis que d’autres demeurent en santé, nous pourrons à tout le moins éviter d’être la source du problème.

Les siècles que nous avons passés à combattre les maladies infectieuses nous ont appris que nos efforts doivent avoir une portée aussi large que possible. Chaque collectivité aura une expérience différente de la maladie, d’où la nécessité, pour chaque Canadien, d’être apte à intervenir. Au cours de la pandémie de grippe H1N1, par exemple, les gens ont appris à tousser dans le creux de leur coude, à rester à la maison lorsqu’ils étaient malades et à se laver les mains ou à utiliser des désinfectants, ce qui a permis de freiner la propagation de la maladie. Nos actions individuelles peuvent changer les choses, et nous en voyons la preuve au quotidien.

Il est vrai que la menace d’une infection dans un pays développé ne semble pas aussi grave que dans un pays moins développé. Toutefois, la santé des Canadiens continue d’être compromise par les maladies infectieuses. Certaines de ces maladies deviennent chroniques et résistent aux traitements, ce qui accroît notre vulnérabilité. Au cours des 40 dernières années, nous avons assisté à l’apparition de plus de 35 nouvelles maladies; d’autres agents infectieux ont muté en réponse à l’intervention humaine et d’autres maladies sont apparues à la suite de nos interactions avec les animaux et l’environnement. Devant ces menaces, nous ne pouvons relâcher notre vigilance.

Nous pouvons réduire les cas de maladies infectieuses et mieux nous préparer à l’inattendu. Bon nombre de maladies infectieuses peuvent être traitées et prises en charge, surtout si nous unissons nos efforts. Chacun d’entre nous doit contribuer à promouvoir la santé de la population. Les individus, tout comme les employeurs et les décideurs, ont un rôle à jouer dans l’amélioration de la santé publique. Les cinq éléments essentiels à notre combat sont les suivants : le partenariat, la sensibilisation, l’encouragement, l’habilitation et l’atténuation des risques. Le partenariat signifie que nous adoptons une perspective commune pour intervenir contre les maladies infectieuses. La sensibilisation consiste à proposer des solutions pratiques pour les individus et l’industrie, les gouvernements et le secteur des soins de santé, de sorte qu’ils puissent agir de façon concrète. L’encouragement signifie que nous nous effaçons pour aider les autres à se concentrer sur leurs réussites dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses. L’habilitation vise à fournir les données dont les différents secteurs ont besoin pour prendre les mesures appropriées. Finalement, l’atténuation des risques renvoie aux mesures prises afin de réduire les risques pour la santé en amont plutôt qu’en aval. En nous appropriant cet enjeu, au meilleur de nos capacités, nous contribuons à offrir à tous les Canadiens l’occasion de jouir de la meilleure santé possible.

Dr David Butler-Jones

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