Information sur les aliments nouveaux - Soja SYHT0H2 tolérant les herbicides
Santé Canada a avisé Syngenta Seeds Canada inc. et Bayer CropScience inc. qu'il ne s'oppose pas à la vente d'aliments dérivés du soja SYHT0H2 tolérant les herbicides. Le ministère a réalisé une évaluation approfondie de cette lignée de soja conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur les principes admis internationalement de l'établissement de l'innocuité d'aliments comportant des caractères nouveaux.
Contexte :
Le texte qui suit résume l'avis remis par Syngenta Seeds Canada et Bayer CropScience ainsi que l'évaluation qu'en a faite Santé Canada. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.
1. Introduction
Syngenta Seeds Canada et Bayer CropScience ont mis au point le soja SYHT0H2 tolérant les herbicides en recourant aux techniques de l'ADN recombinant pour introduire la séquence codante pour l'hydroxy-phényl pyruvate dioxygénase (HPPD) (avhppd-03) dérivée d'Avena sativa (avoine). Les herbicides inhibiteurs de l'enzyme HPPD ont une affinité de liaison plus faible à la protéine AvHPPD-03 exprimée, laquelle agit à la place de l'enzyme endogène HPPD du soja dans la voie catabolique de la tyrosine afin de conférer la tolérance désirée des herbicides. Cette lignée a aussi été modifiée en introduisant deux copies de la séquence codant la phosphinotricine acétyl transférase (pat) issue de la souche Tü494 de Streptomyces viridochromogenes. La protéine PAT exprimée acétyle la L-phosphinothricine, le composé actif de l'herbicide glufosinate, en la rendant inerte.
L'évaluation de l'innocuité menée par les évaluateurs de la Direction des aliments a été réalisée conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces dernières sont fondées sur les démarches visant l'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (p. ex., du Codex Alimentarius). L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la façon dont la lignée de soja SYHT0H2 tolérant les herbicides a été mise au point, la comparaison de sa composition et de sa qualité nutritionnelle par rapport à celles des variétés non modifiées et sa toxicité ou son allergénicité potentielles. Syngenta et Bayer CropScience ont déposé des données démontrant que le soja SYHT0H2 est tout aussi sûr que les variétés traditionnelles de soja utilisées dans les aliments au Canada et que leur qualité nutritionnelle est la même.
La responsabilité des évaluations préalables à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux imposée par la loi incombe à la Direction des aliments comme établi au titre 28 de la partie B du Règlement sur les aliments et drogues (Aliments nouveaux). Les aliments dérivés du soja SYHT0H2 tolérant les herbicides sont considérés comme des aliments nouveaux selon la partie suivante de la définition de l'expression aliments nouveaux : « c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :
- présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant, [...] »
2. Mise au point de la plante modifiée
Les requérants ont communiqué l'information décrivant les méthodes utilisées pour la mise au point du soja SYHT0H2 tolérant les herbicides (appelé ci-dessous SYHT0H2) et les données en matière de biologie moléculaire qui caractérisent la modification génétique conférant la tolérance des herbicides. Le SYHT0H2 a été produit en recourant à une transformation de la variété de soja Jack par l'intermédiaire d'Agrobacterium tumefaciens (A. tumefaciens) avec le vecteur de transformation pSYN15954. Ce vecteur de transformation a été élaboré de manière à ne contenir qu'une seule région d'ADN-T contenant trois cassettes d'expression.
La première cassette d'expression contient la région codante qui confère la tolérance aux herbicides inhibiteurs de l'HPPD. Cette région codante produit une protéine HPPD dérivée d'Avena sativa (avoine). Le gène avhppd-03 est une copie synthétique de la séquence codante à codon optimisé du gène hppd de l'avoine en vue de l'expression dans le soja. Cette séquence codante produit une protéine HPPD identique à 99,7 % à la protéine d'avoine de type sauvage.
La deuxième et la troisième cassette d'expression contenaient toutes deux la région codante qui confère la tolérance de l'herbicide glufosinate-ammonium. Pour la mise au point de SYHT0H2, deux versions de la région codante du gène pat, soit pat -03-01 et pat -03-02, ont été utilisées. Ces régions codantes produisent la protéine PAT de la souche Tü494 de Streptomyces viridochromogenes. Les codons de la séquence codante native ont été optimisés pour le soja, et dans le cas de la version pat-03-02, elle a été modifiée de façon à éliminer des sites de restriction. Les deux versions de la séquence codante produisent une protéine PAT parfaitement identique au type sauvage. Les requérants ont indiqué que deux copies des séquences codantes du gène pat ont été incluses dans le but de s'assurer d'un degré acceptable de tolérance des herbicides.
Des cosses de soja en maturation ont été récoltées de plantes cultivées en serre. Elles ont ensuite été stérilisées avec une solution d'eau de Javel diluée, puis rincées. Les graines immatures ont été extraites des cosses, puis également stérilisées et rincées. À partir de celles-ci, des explants ont été préparés, puis infectés par A. tumefaciens contenant le plasmide pSYN15954 et enfin, incubés pendant 30 à 210 minutes. Par la suite, l'excédent d'A. tumefaciens a été retiré des explants par aspiration, puis ceux-ci ont été transférés sur des plaques de milieu de co-culture non sélectif. Les explants et tout A. tumefaciens restant contenus sur ces plaques ont été co-cultivés dans l'obscurité pendant 4 jours. Par la suite, ils ont été retirés des plaques et placés sur un milieu de régénération additionné d'antibiotiques (ticarcilline, céfotaxime et vancomycine) afin d'éliminer toutes cellules restantes d'A. tumefaciens. Ces plaques ont été incubées dans l'obscurité pendant 7 jours additionnels. Par la suite, les explants ont été transférés dans un milieu de culture cellulaire contenant le même mélange d'antibiotiques et une concentration de glufosinate-ammonium suffisamment faible pour permettre la croissance optimale des pousses contenant le gène pat. Les plantules survivantes à cette sélection ont été soumises à une réaction en chaîne par polymérase en temps réel pour y détecter la présence des gènes avhppd-03 et pat et déterminer l'absence du gène conférant la résistance aux antibiotiques des séquences du squelette plasmidique. Toutes les plantules satisfaisant ces conditions ont été transférées à la serre pour la grenaison. Ces plantules ont été considérées à titre de plantes T0.
Les plantes T0 ont fait l'objet d'un essai au champ pour en vérifier la tolérance des herbicides mésotrione (herbicide inhibiteur de l'enzyme HPPD) et glufosinate-ammonium, de même que le comportement agronomique. À partir de cet essai, la lignée SYHT0H2 a été sélectionnée parmi les lignées phares à mettre au point et à utiliser dans le cadre des études réglementaires. Les requérants ont fourni un arbre complet de sélection concernant la lignée SYHT0H2. En date de la demande, les requérants étaient parvenus à la génération T8 au moyen de l'autofécondation. En ce qui concerne les études réglementaires, les requérants ont indiqué que la génération T4 est celle qui a été utilisée dans le cadre de la caractérisation moléculaire de la lignée SYHT0H2, sauf pour l'analyse de stabilité pour laquelle ils ont eu recours aux générations T4, T5 et T6. Les requérants ont aussi mentionné que la lignée parentale Jack est celle qui a été utilisée pour toutes les études en tant que témoin non isogénique.
3. Caractérisation de la plante modifiée
Au moyen de 9 paires d'amorces chevauchantes, les requérants ont obtenu par PCR des fragments couvrant la pleine longueur de l'insert. Ces fragments ont été clonés, puis séquencés. Par la suite, les 9 fragments ont été alignés pour produire la séquence consensus définitive pour l'insert entier, laquelle a été comparée à la séquence d'ADN-T de pSYN15954. L'analyse de la séquence a permis de déterminer que SYHT0H2 ne contient qu'un seul insert constitué de deux copies tronquées et inversées de l'ADN-T. Les copies inversées sont centrées dans la région de la bordure droite, laquelle est tronquée dans les deux copies. En plus des troncations, deux séquences additionnelles d'ADN ont été identifiées dans l'insert d'ADN. La première séquence, de 44 pb, est située entre les 2 copies en tandem inversées et présente des similitudes avec la séquence codante du gène avhppd-03. Le second insert, de 17 pb, est situé dans le promoteur 35S de la cassette comportant la région 3' codante du gène pat -03-01.
Selon l'analyse de séquençage, le soja SYHT0H2 contient un seul insert constitué de deux copies complètes de la cassette comportant la région codante pat-03-02, d'une seule copie complète de la cassette comprenant la région codante pat-03-01, d'une seconde copie tronquée de la cassette comprenant la région codante pat-03-01 et d'une seule copie tronquée de la cassette comprenant la région codante avhppd-03.
Les requérants ont poussé l'analyse de séquençage dans le but d'évaluer les régions flanquantes du génome du soja. Cette analyse a démontré que 15 pb de l'ADN génomique présent dans le soja Jack ont été supprimés du soja SYHT0H2. Qui plus est, cette analyse a révélé une insertion de 7 pb dans l'ADN génomique flanquant. Il a été démontré que ces délétions et ces insertions découlent des transformations fondées sur A. tumefaciens, vraisemblablement à cause de la réparation d'une cassure double brin. La documentation fait état de situations semblables causées par les transformations en recourant aux Agrobacterium.
En plus du séquençage, les requérants ont fait appel aux analyses par transfert de Southern afin de confirmer le nombre de copies de chaque élément fonctionnel se trouvant dans l'insert. Pour ce faire, les requérants ont eu recours à une variété d'enzymes de restriction et à 6 sondes différentes, chacune spécifique d'un ou de plusieurs éléments fonctionnels de l'ADN-T. Les données issues de l'analyse par transfert de Southern présentées par les requérants ont permis de confirmer le nombre de copies attendues de chaque élément fonctionnel, comme prévu au moyen de l'analyse de la séquence, confirmant encore davantage la présence d'une seule insertion d'une copie partielle de l'ADN-T de la lignée SYHT0H2.
La stabilité d'une génération à l'autre de l'insert unique a été déterminée à l'échelle de trois générations de la lignée SYHT0H2 (T4, T5 et T6). L'analyse par transfert de Southern a confirmé la présence de la cassette d'ADN-T pour chaque génération, et sa stabilité d'une génération à l'autre. De manière semblable, les requérants ont appliqué la même méthode pour démontrer l'absence de toute séquence dérivée du plasmide, et cela, toutes générations confondues. Les observations présentées ont démontré l'absence de telles séquences.
Les requérants ont entrepris des analyses bio-informatiques du site d'insertion dans le but de déterminer si la transformation a interrompu un gène connu du soja. Pour y parvenir, les séquences génomiques flanquantes ont été examinées afin de repérer d'éventuelles séquences connues dans les bases de données publiques. Les 1 000 paires de base des bordures génomiques adjacentes des régions 5' et 3' de l'insert ont été examinées. Selon cette analyse, la plupart des appariements étaient le fruit du hasard. Dans le cas d'appariements moins susceptibles de découler du hasard, il s'agissait pour la plupart d'alignements avec des régions non annotées. En ce qui a trait aux quelques alignements avec des séquences annotées, la région de similarité se trouvait éloignée de la jonction avec l'ADN inséré et en aucun cas, la similitude ne correspondait à l'insert. Selon cette analyse, l'insert n'a interrompu aucun gène connu de soja.
Les requérants ont aussi effectué une analyse de tout cadre ouvert de lecture potentiel créé par l'insertion dans l'ADN génomique. La similarité entre tout cadre de lecture potentiel et des bases de données de toxines et d'allergènes connus a été évaluée au moyen d'une analyse bio-informatique. Des cadres de lecture ouverts couvrant la région 5' de la séquence flanquante de l'ADN et la jonction avec l'ADN inséré ainsi que la région 3' de la séquence flanquante de l'ADN et la jonction avec l'ADN inséré ont été traduits à partir de leurs codons de départ présumés (AUG) jusqu'à leurs codons d'arrêt présumés (UAA, UAG et UGA). Cette approche a permis d'identifier 47 cadres de lecture ouverts potentiels (excluant les 5 attendus) dans l'insert et un cadre de lecture ouvert en région 5' de la jonction avec l'ADN inséré. Les 48 protéines théoriquement produites par les cadres de lectures ouverts putatifs ont été comparées avec une base de données de toutes les toxines énumérées dans la base de données Entrez du NCBI. Aucune similarité d'importance avec toute protéine figurant dans la base de données des toxines n'a été repérée. Par conséquent, le fait que les protéines produites par les cadres de lecture ouverts putatifs constituent des toxines n'est pas considéré comme probable.
De plus, pour évaluer le potentiel d'allergénicité des cadres de lecture ouverts putatifs, les requérants ont utilisé l'approche recommandée en matière de bio-informatique. En recourant à la base de données du FARRP, les requérants ont recherché 35 % ou plus d'identité des séquences dans une fenêtre glissante de 80 acides aminés. Par la suite, ils ont effectué une recherche d'identité de 8 acides aminés entre les régions. Aucune de ces recherches n'a permis de repérer des similarités avec les protéines figurant dans la base de données. Ainsi, le fait que les protéines théoriques produites par les cadres de lectures ouverts putatifs soient des allergènes n'est pas considéré comme probable. Au-delà de ces travaux, les requérants ont aussi mené une analyse de la proximité des cadres de lecture ouverts théoriques avec les promoteurs connus et le contexte génétique du codon de départ. L'analyse bio-informatique a entièrement écarté l'expression potentielle parmi les cadres de lecture ouverts déterminés, à l'exception de celle d'un seul cadre de lecture ouvert théorique. Le cadre de lecture ouvert restant a déjà été analysé sans qu'une quelconque similarité de la séquence avec une toxine ou un allergène connus ait été déterminée.
Les requérants ont réalisé une évaluation toxicologique en utilisant les protéines AvHPPD-03 et PAT exprimées dans Escherichia coli et purifiées. Afin de veiller à ce que les résultats des études toxicologiques soient applicables aux protéines exprimées dans le soja SYHT0H2, des études d'équivalence (c.-à-d., l'électrophorèse sur gel-SDS, l'analyse par transfert de Western, la coloration des glycoprotéines, la spectrométrie de masse MALDI-TOF, l'analyse de la séquence N-terminale d'acides aminés et la mesure de l'activité spécifique enzymatique) ont été réalisées afin de confirmer que les protéines produites dans E. coli utilisées aux fins des études de toxicologie sont bien représentatives des protéines produites dans le soja modifié. Selon les résultats de ces études, ces protéines sont équivalentes en matière de propriétés physiques, de coloration immunologique et de séquençage.
4. Information sur le produit
Le soja SYHT0H2 tolérant les herbicides se distingue du soja traditionnel par l'insertion de deux gènes nouveaux, soit avhppd-03 et pat, et de leurs éléments régulateurs afférents. L'insertion de ces gènes a entraîné l'expression de deux protéines nouvelles dans cette variété de soja : AvHPPD-03 et PAT. L'expression de la protéine AvHPPD-03 confère la tolérance aux herbicides inhibiteurs de l'HPPD. L'expression de la protéine PAT dans le soja SYHT0H2 lui confère la tolérance de l'herbicide glufosinate-ammonium.
La protéine AvHPPD-03 remplace l'enzyme endogène HPPD du soja dans la voie catabolique de la tyrosine. Les enzymes HPPD sont présentes dans presque toutes les formes de vie aérobies et catalysent la conversion de la 4-hydroxyphénylpyruvate (HPP) en acide homogentisique (HGA), le précurseur de la biosynthèse de la plastoquinone et des tocophérols (vitamine E). Cette voie de synthèse biologique, y compris l'HPPD, est présente dans presque tous les organismes aérobies, notamment dans les plantes, les animaux et les bactéries. Elle est importante tant pour la photosynthèse que pour le métabolisme cellulaire qui a cours par l'intermédiaire du cycle de l'acide citrique. La présence répandue de l'HPPD dans les plantes et les animaux et dans l'approvisionnement alimentaire soutient l'innocuité globale de cette séquence codante.
La PAT est une enzyme d'une spécificité élevée qui acétyle le glufosinate-ammonium, mais non la glutamine, son analogue structural le plus semblable, ni d'autres acides L-aminés. Non seulement la PAT fait partie d'une catégorie d'acétyltransférase fréquemment présente chez les plantes et les animaux, mais elle partage avec d'autres acétyltransférases couramment observées dans l'alimentation humaine des propriétés structurales et fonctionnelles. La PAT a été utilisée dans de nombreuses cultures génétiquement modifiées examinées auparavant comme source de la tolérance du glufosinate et jusqu'à présent, rien n'a démontré qu'elle comporte un quelconque danger pour les humains.
5. Exposition alimentaire
Les utilisations qui seront faites du soja SYHT0H2 devraient être les mêmes que celles des autres variétés de soja. À travers le monde, le soja est la source la plus importante d'huile végétale. Le soja raffiné, blanchi et désodorisé peut être transformé davantage afin de produire des huiles à cuisson, du shortening, de la margarine, de la mayonnaise, des sauces à salade et une grande variété de produits soit entièrement à base de matières grasses et d'huiles, soit qui en contiennent comme principaux ingrédients. L'isolat de protéines de soja est utilisé dans des soupes, des bases de sauce, des barres énergisantes, des boissons nutritives, des préparations pour nourrissons et des substituts de produits laitiers. Puisque le soja SYHT0H2 est destiné à être utilisé de la même façon, aucune augmentation de l'exposition alimentaire au soja n'est prévue.
Les requérants ont fourni les données montrant le degré d'expression des protéines AvHPPD-03 et PAT dans le soja SYHT0H2. Cette étude a été fondée sur des échantillons de la plante mis en terre pendant la saison de croissance dans quatre champs des principales régions productrices de soja de l'Argentine. Les essais ont été réalisés à raison de deux répétitions du soja expérimental et d'une du soja témoin. L'une des parcelles a été vaporisée une fois au cours de la croissance des plants avec le mésotrione et le glufosinate. Toutes les parcelles ont été cultivées conformément aux pratiques agronomiques locales, notamment en recourant à une variété d'autres herbicides, fongicides et insecticides offerts sur le marché. Un test ELISA a été utilisé pour la quantification des protéines dans les feuilles (à quatre étapes de croissance), les racines (à deux étapes de croissance), le fourrage et les graines. Pour chaque partie échantillonnée de la plante, 5 échantillons expérimentaux et 2 échantillons témoins ont été prélevés à chaque étape de croissance, et cela, dans chacune des parcelles. L'analyse de la lignée quasi isogénique a permis de confirmer la spécificité du test ELISA pour la détection de la protéine AvHPPD-03, mais non pour l'HPPD endogène du soja.
La concentration en protéines des tissus a été calculée en microgrammes (µg) par gramme (g) de poids sec (ps). Pour les constituants alimentaires, la concentration moyenne des graines en protéine AvHPPD-03 à l'échelle des champs a été établie à 8,18 (0,62 - 28,30) µg/g ps. Pour chacune des parties de la plante à chaque étape de croissance, la concentration en AvHPPD-03 a été établie à 242,00 (20,23 - 585,46), à 212,98 (53,77 - 386,15), à 165,14 (55,96 - 302,90), à 105,32 (16,94 - 255,30), à 79,49 (15,43 - 201,47), à 22,50 (1,50 - 69,95) et à 79,66 (16,76 -164,01) µg/g ps, respectivement.
La concentration en protéines des tissus a été calculée en microgrammes (µg) par gramme (g) de poids sec (ps). Pour les constituants alimentaires, la concentration moyenne des graines en protéine PAT à l'échelle des champs a été établie à 2,70 (0,07 - 14,85) µg/g ps. De plus, les requérants ont fourni les valeurs (fourchettes) moyennes relatives aux feuilles (aux étapes de croissance V4, V8, V10 et R6), aux racines (aux étapes de croissance V8 et R6) et au fourrage. Pour chacune des parties de la plante à chaque étape de croissance, la concentration en PAT a été établie à 52,21 (0,89 - 167,97), à 23,00 (2,04 - 83,43), à 38,23 (4,77 - 115,86), à 29,41 (0,77 - 101,58), à 21,16 (0,33 - 46,07), à 9,12 (0,32 - 29,35) et à 19,17 (1,12 -60,91) µg/g ps, respectivement.
6. Nutrition
Dans le cadre de cette demande, les données relatives aux nutriments ont été obtenues de la lignée expérimentale (SYHT0H2) avec et sans traitement aux herbicides et du soja témoin cultivé en 2010 en 8 endroits des États-Unis selon un plan en blocs aléatoires complets comportant 4 parcelles destinées aux variétés expérimentale, témoin et de référence. Toutes les expériences d'essai en champ du soja SYHT0H2 se sont révélées acceptables. Toutes les analyses auxquelles ont été soumises les variétés expérimentale, témoin et de référence ont été effectuées en recourant à des méthodes scientifiques approuvées et à des méthodes statistiques appropriées.
La graine des variétés expérimentale, témoin et de référence a fait l'objet d'une analyse visant les nutriments et les facteurs antinutritionnels suivants : macromolécules : humidité, protéines brutes, lipides bruts, cendre, glucides (calculés), fibres au détergent acide et fibre au détergent neutre; minéraux : calcium, fer, magnésium, phosphore et potassium; acides gras : C8 à C22; acides aminés : acide aspartique, thréonine, sérine, acide glutamique, proline, glycine, alanine, cystéine, valine, méthionine, isoleucine, leucine, tyrosine, phénylalanine, histidine, lysine, arginine et tryptophane; vitamines : acide folique, vitamine A (bêta-carotène), vitamine B1, vitamine B2, vitamine E (α-tocophérol, β-tocophérol, γ-tocophérol, δ-tocophérol, α-tocotriénol, β-tocotriénol, γ-tocotriénol et δ-tocotriénol) et vitamine K; facteurs antinutritionnels : lectine, acide phytique, raffinose, stachyose et inhibiteur de la trypsine; autres substances : daïdzéine, glycitéine et génistéine.
Tous lieux confondus, des différences statistiques (SYHT0H2 par rapport au témoin) ont été signalées comme suit dans 25 analytes : fibre au détergent acide, fer, potassium, acide palmitique, acide stéarique, acide oléique, acide linoléique, acide linolénique, acide arachidique, acide béhénique, acide aspartique, thréonine, sérine, acide glutamique, proline, alanine, leucine, tyrosine, phénylalanine, lysine, histidine, arginine, α-tocophérol, γ-tocophérol et δ-tocophérol. En ce qui concerne les nutriments par rapport auxquels une différence statistique a été déterminée, toutes les valeurs moyennes se trouvaient dans les fourchettes de référence ou consignées dans la documentation.
7. Toxicologie
Santé Canada a déjà approuvé l'expression de la protéine PAT dérivée de S. viridochromogenes dans des lignées de soja, de coton, de betterave sucrière, de canola et de maïs destinées à la consommation humaine. L'innocuité de la protéine PAT est bien établie et par conséquent, la consommation de la protéine PAT issue du soja SYHT0H2 ne devrait pas susciter de préoccupations toxicologiques ni allergéniques sur le plan de la santé humaine.
La lignée SYHT0H2 produit une enzyme transgénique AvHPPD-03 présentant une homologie d'acides aminés de 99,7 % avec l'enzyme HPPD endogène de l'avoine. L'avoine est un grain céréalier consommé de longue date en toute innocuité au Canada. Il y est offert sur le marché comme denrée transformée dans le gruau, les céréales pour le déjeuner, les biscuits et les collations en barre. L'exposition indirecte à la protéine HPPD de l'avoine dans l'alimentation n'a jamais été mise en cause à l'égard d'une toxicité, d'une allergénicité ou d'effets antinutritionnels connus. Par conséquent, il est improbable que la protéine AvHPPD-03 exprimée dans la lignée SYHT0H2 exerce des effets toxiques, allergènes ou antinutritionnels.
Administrée en dose orale aiguë à des souris, la protéine AvHPPD de source microbienne n'a produit aucun effet indésirable. Ces résultats montrent que l'ingestion de la protéine ne provoquerait pas d'effets délétères sur la santé à la dose maximale de 2 g d'AvHPPD-03/kg pc (la dose la plus élevée mise à l'épreuve).
Les requérants ont fourni les résultats d'une recherche in silico comparant les séquences d'acides aminés de l'AvHPPD-03 à celles de toxines connues. Les résultats de la recherche ont permis de déterminer que sur le plan des séquences, la protéine AvHPPD-03 est semblable dans une importante mesure aux protéines hémolytiques de source bactérienne qui jouent un rôle s'apparentant à celui de l'HPPD. Les requérants ont démontré que les plants de soja SYHT0H2 ne présentent aucun changement phénotypique ni modification de la composition qui donneraient à penser que l'AvHPPD-03 exerce des propriétés fortuites (p. ex., des perturbations de la voie enzymatique de l'HPPD). Qui plus est, l'étude dans le cadre de laquelle des doses aiguës ont été administrées à des souris n'a produit aucune indication d'hémolyse chez celles-ci. Enfin, chez les humains, l'hémolyse survient en raison de l'accumulation et de la polymérisation d'un métabolite de la voie HPPD et d'acide homogentisique (HGA) dans le sang. Cependant, une telle situation n'a été observée que dans des conditions très particulières, par exemple en présence d'une infection bactérienne véhiculée par le sang ou de troubles héréditaires. Ces conditions ne peuvent être réunies par la consommation d'AvHPPD-03 dans le soja SYHT0H2. L'exposition à l'AvHPPD-03 dans la lignée SYHT0H2 ne devrait pas comporter un plus grand risque d'hémolyse chez les humains que l'exposition occasionnelle à l'HPPD endogène de l'avoine qui se produit de longue date sans danger. Puisque l'avoine, l'organisme source de la séquence de l'AvHPPD-03, a été désignée comme source potentielle de protéines devant être évitées par les personnes atteintes de la maladie cœliaque, la recherche in silico a aussi comparé la séquence d'acides aminés de l'AvHPPD-03 avec celles des allergènes présumés ou connus, notamment les allergènes figurant dans la base de données AllergenOnline (maladie cœliaque) du FARRP (2013). Selon les résultats de la recherche, la séquence de la protéine AvHPPD-03 est passablement différente de celle des allergènes présumés ou connus, y compris de celle des protéines mises en cause à l'égard de la maladie cœliaque. Bien que l'innocuité de l'avoine dans le régime alimentaire sans gluten des personnes atteintes de la maladie cœliaque ait toujours fait l'objet de débats, Santé Canada (2007)Note de bas de page 1 a conclu, selon un examen approfondi de la documentation scientifique, que la plupart de ces personnes tolèrent l'avoine pure, c'est-à-dire, l'avoine non contaminée par d'autres grains céréaliers provoquant la maladie cœliaque.
Les demandeurs ont fourni les résultats d'essais in vitro dans des liquides gastriques et intestinaux simulés, lesquels ont démontré la digestion rapide (en 5 minutes) de la protéine AvHPPD-03 de source microbienne. Par conséquent, il est peu probable que la protéine AvHPPD-03 ingérée se retrouve dans la circulation sanguine générale et qu'elle produise un effet toxique ou allergénique systémique. Les résultats d'une épreuve de stabilité thermique ont démontré que la protéine AvHPPD-03 de source microbienne se trouve dénaturée et inactivée lorsqu'elle est soumise aux températures généralement atteintes au cours de la transformation du soja (> 65 °C). Cette conclusion donne à penser que les consommateurs ne seraient aucunement exposés à la protéine intacte ou active.
Le degré d'expression de la protéine AvHPPD-03 dans la graine du soja SYHT0H2 est considéré comme très faible (0,002 % de la teneur totale en protéines des graines de soja SYHT0H2 [ps]). Il n'est pas prévu que la petite quantité de protéine AvHPPD-03 exprimée dans le soja SYHT0H2 survive à la digestion ou à la transformation alimentaire et en conséquence, l'exposition à la protéine AvHPPD-03 active serait considérée comme négligeable. L'apport estimé chez la sous-population consommant la plus grande quantité de protéine de soja (à poids égal), soit les nourrissons âgés de 0 à 2 mois (95e centile, consommateurs seulement), devrait être très faible (110,36 µg de protéines AvHPPD-03 et 36,42 µg de protéines PAT par kg pc/jour). Pour la protéine AvHPPD-03, la marge d'exposition entre les degrés d'exposition prévus et la dose sans effet observé (DSEO) dans le cadre d'études de toxicité orale aiguë chez des souris a été établie à environ 5,5 x 105. La marge d'exposition est considérée comme suffisante pour tenir compte de toute incertitude dans les bases de données toxicologiques et les estimations de l'exposition.
Un test quantitatif de spectrométrie de masse a été effectué dans le but de déterminer la concentration en 12 allergènes endogènes connus du soja dans des extraits de protéines issues de la lignée SYHT0H2. Les teneurs ainsi obtenues ont été comparées à celles du témoin parent et des 17 variétés de soja de référence. Les résultats de cette expérience donnent à penser que les teneurs en ces 12 allergènes, de même que la teneur totale en allergènes de la lignée SYHT0H2 se situent dans la fourchette naturelle normalement observée chez le soja non transgénique. Il est peu probable que le soja SYHT0H2 soit plus allergène que les autres variétés non transgéniques actuellement offertes aux consommateurs.
Selon la faiblesse de l'exposition prévue, sa dégradation rapide une fois exposée au liquide gastrique simulé, sa dénaturation à température élevée et l'absence de similitude avec toute toxine ou allergène connus, aucune préoccupation en matière de toxicité ou d'allergénicité n'a été soulevée par la lignée de soja SYHT0H2.
Conclusion :
L'examen qu'a réalisé Santé Canada de l'information présentée à l'appui de l'utilisation à des fins alimentaires du soja SYHT0H2 tolérant les herbicides a permis de conclure que les produits alimentaires qui en sont dérivés ne suscitent pas de préoccupations sur le plan de l'innocuité. Santé Canada est d'avis que le soja SYHT0H2 tolérant les herbicides est semblable au soja traditionnel ordinaire quant à son caractère acceptable à titre de source alimentaire.
L'opinion exprimée par Santé Canada ne porte que sur l'utilisation du soja SYHT0H2 tolérant les herbicides aux fins d'une utilisation alimentaire chez les humains. Les questions relatives à la sécurité environnementale et à l'utilisation du soja SYHT0H2 tolérant les herbicides comme aliment du bétail ont été examinées distinctement au moyen des processus réglementaires en vigueur au sein de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Le présent document sur les aliments nouveaux résume l'avis sur le produit visé par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.
Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :
Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, IA 2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
novelfoods-alimentsnouveaux@hc-sc.gc.ca
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