Information sur les aliments nouveaux : Maïs résistant aux insectes et tolérant aux herbicides DP-023211-2

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Contexte :

Santé Canada a avisé Pioneer Hi-Bred Canada Company qu'il n'avait aucune objection à l'utilisation alimentaire de la variété de maïs DP-023211-2 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides  (ci-après appelée DP23211). Le Ministère a effectué une évaluation exhaustive de l'innocuité de cette variété de maïs conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur des principes reconnus à l'échelle internationale pour établir l'innocuité des aliments à caractères nouveaux.

Voici un résumé de l'avis de Pioneer Hi-Bred Canada Company et de l'évaluation de Santé Canada. Ce document ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Présentation

Pioneer Hi-Bred Canada Company a mis au point une variété de maïs génétiquement modifié (GM) (Zea mays L.), DP23211, qui présente une résistance à la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera virgifera) (CRM) et une tolérance au glufosinate-ammonium. La caractéristique de résistance aux insectes a été obtenue au moyen de l'expression de l'ARN à deux brins (ARNdb) DvSSJ1 et de la protéine IPD072Aa. La caractéristique de tolérance aux herbicides a été obtenue au moyen de l'expression de la protéine mo-PAT (phosphinothricine acétyltransférase) optimisée pour le maïs. De plus, la protéine PMI (mannose phosphate isomérase) a été utilisée comme marqueur de sélection.

L'expression de la protéine insecticide IPD072Aa, encodée par le gène ipd072Aa, perturbe l'épithélium intestinal de la CRM et entraîne la mort des larves. L'expression de l'ARNdb DvSSJ1 interfère avec la production de la protéine DvSSJ1 dans la muqueuse intestinale de la CRM et entraîne la mort des larves. L'expression de la protéine phosphinothricine acétyltransférase (mo-PAT) optimisée pour le maïs permet une tolérance à l'herbicide glufosinate. L'expression de la protéine mannose phosphate isomérase (PMI) a été utilisée comme marqueur de sélection. Le gène pmi a déjà été évalué par Santé Canada dans le cadre de l'évaluation du maïs résistant aux insectes MIR 162 (2010).

L'évaluation de l'innocuité effectuée par les évaluateurs de la Direction des aliments a été réalisée conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces dernières sont fondées sur les démarches visant l'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (p. ex., le Codex Alimentarius). L'évaluation a tenu compte de la façon dont le maïs DP23211 résistant à la CRM et tolérant aux herbicides a été mis au point, de la façon dont la composition et l'innocuité nutritionnelle de cette variété ont été comparées à son comparateur non modifié ainsi que du potentiel de toxicité ou d'allergénicité de cette variété. Pioneer Hi-Bred Canada Company a fourni des données à l'appui du fait que cette variété peut être utilisée sans danger comme aliment au Canada.

La Direction des aliments est chargée par la loi de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des nouveaux ingrédients alimentaires, comme le précise le Titre 28 de la Partie B du Règlement sur les aliments et drogues (aliments nouveaux). Le maïs DP23211 résistant à la CRM et tolérant au glufosinate est considéré comme un aliment nouveau dans la partie suivante de la définition des aliments nouveaux :

« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, 

i.      présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant. »

2. Mise au point de la plante modifiée

Le développement du maïs DP23211 s'est fait au moyen de deux étapes de transformation séquentielle menant à l'intégration de quatre cassettes d'expression (c.-à-d. gènes pmi, mo-pat, ipd072Aa et fragments d'ARNdb DvSSj1) dans le génome hôte (c.-à-d. la variété de maïs autofécondée élite PHR03). La première étape consistait en l'insertion d'une séquence de site d'intégration (présente dans le plasmide PHP56614 et appelée plateforme d'atterrissage) entre les deux séquences natives zm-SEQ8 et zm-SEQ9, qui apparaissent en tandem dans le génome de la variété de maïs PHR03 hôte. Cela a été réalisé par bombardement au moyen de microprojectiles et par l'utilisation de l'endonucléase I-CREI. La deuxième étape de transformation était l'intégration des cassettes d'expression au moyen d'une transformation médiée par Agrobacterium de la variété de maïs sélectionnée exprimant la plateforme d'atterrissage avec le plasmide PHP74643. Ce dernier plasmide contient les quatre cassettes d'expression d'intérêts mentionnées précédament.

Au cours de la transformation, les gènes de virulence d'Agrobacterium tumefaciens contenus dans le squelette du plasmide PHP74643 ont permis la migration du plasmide dans le noyau de la cellule végétale tandis que l'intégration des cassettes d'expression déclarées au sein de la plateforme d'atterrissage a été réalisée par recombinaison Flp-FRT (codé par une cassette d'expression mo-flp située sur le plasmide PHP74643). Le plasmide PHP74643 contenait également la cassette d'expression DsRed2 codant pour une protéine tissu-spécifique, et les protéines WUS et ODP2 (codées par les gènes zm-wus2 et zm-odp2) permettant une meilleure régénération de la plante de maïs transformée.

La stratégie de clonage et la conception de la construction ont permis d'éviter l'intégration des gènes de virulence et des cassettes d'expression I-CREI, zm-wus2, zm-odp2, mo-flp et DsRed2 dans le génome du maïs tout en permettant l'expression transitoire de leurs produits. Les semences transformées ont été triées en fonction de l'expression de la protéine DsRed2 dans la couche d'aleurone qui produit une coloration fluorescente rouge transitoire. Après les deux étapes de transformation, les tissus végétaux T0 ont été cultivés en culture tissulaire en utilisant le mannose comme source de carbone pour sélectionner l'expression du gène pmi.

Les séquences codant pour les protéines IPD072Aa, PAT et PMI ont été obtenues à partir de l'ADN génomique de la souche SS143D5 de Pseudomonas chlororaphis, de la souche Tü494 de Streptomyces viridochromogenes et de la souche K-12 d'Escherichia coli, respectivement.

L'ARNdb DvSSJ1 a été conçu pour être complémentaire à l'ARNm dvssj1, codant un fragment spécifique de la protéine DvSSJ1 de la CRM. Deux fragments d'ARN de DvSSj1 complémentaires inversés sont contenus dans la cassette d'expression de l'ARNdb DvSSj1 et chaque fragment est flanqué de séquences de codon d'arrêt pour terminer la traduction. Un intron a été inséré entre les deux fragments d'ARN de DvSSJ1 afin de permettre la formation d'une structure en épingle à cheveux de l'ARNdb obtenue par la complémentarité des fragments. L'ARNdb DvSSJ1 en question a été isolé du génome des nouveau-nés de la CRM et cloné dans un vecteur. La cible moléculaire de l'ARNdb DvSSJ1 est spécifique aux arthropodes, n'a pas été décrite chez les vertébrés, et il a été démontré qu'elle était propre à l'espèce Diabrotica. Le pétitionnaire a fourni une révue de littérature supportant l'historique d'utilisation sécuritaire de l'ARNdb présent dans les plantes couramment consommées ayant des séquences complémentaires aux gènes humains.

Le pétitionnaire a fourni des renseignements supportant l'innocuité et de l'utilisation historique de chaque organisme donneur et de l'organisme receveur (c.-à-d. la variété autofécondée élite PHR03). Aucun de ces organismes ne pose de risque pour la santé.

3. Caractérisation de la plante modifiée

L'ADN génomique des tissus foliaires du maïs DP23211 a été analysé par Southern-by-Sequencing (SbS) pour estimer le nombre de sites d'insertion, vérifier l'intégrité de l'insert, identifier les séquences de jonction plasmide-plasmide ou plasmide-génome qui se sont formées en raison de l'ADN inséré, et confirmer l'absence de séquences du squelette plasmidique et d'intégration non intentionelle dérivée du plasmide.

Les résultats de l'analyse par SbS ont démontré la présence d'une seule copie intacte de l'insert à l'emplacement prévu dans le génome du maïs DP23211. L'analyse des deux séquences de jonction a démontré qu'il n'y avait pas de suppression partielle ou totale d'un ou de plusieurs gènes endogènes, y compris les séquences natives zm-SEQ8 et zm-SEQ9 ciblées. Les résultats de l'analyse SbS ont également démontré l'absence d'insertions hors cible dérivées du plasmide et l'absence de toute séquence de squelette plasmidique.

Le squelette de tous les plasmides employés dans le développement du maïs DP23211 contenait des gènes de résistance aux antibiotiques. Le pétitionnaire a établi l'absence de séquence de squelette plasmidique par analyse SbS, ce qui indique qu'aucun gène de résistance aux antibiotiques n'est présent dans le génome du maïs DP23211.

Une évaluation bioinformatique des cadres de lecture ouverts (OFR) traduits a été réalisée sur le site d'insertion et les sites de jonction de l'insert du maïs DP23211 pour vérifier l'homologie aux allergènes et toxines connus et putatifs, selon des critères internationaux établisNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Les ORF de longueurs égales ou supérieures à 30 acides aminés ont été considérés. Les ORF traduits potentiels ont fait l'objet de recherches dans la base de données Comprehensive Protein Allergen Resource (COMPARE) 2019Note de bas de page 3 et la base de données Pioneer sur les toxines. Une recherche dans les deux bases de données n'a révélé aucun alignement des ORF traduits potentiels présents au site d'insertion et aux sites de jonction de l'insert.

La stabilité des cassettes d'expression dans le génome du maïs DP23211 a été démontrée par une évaluation des plants de DP23211 individuels de cinq générations (T1, T2, T3, T4 et T5) au moyen d'analyses par transfert de Southern. L'hybridation de toutes les sondes a produit une seule bande de la taille prévue dans les cinq générations d'échantillons de maïs DP23211 analysés. Les profils d'hybridation présentaient des bandes spécifiques associées à l'insertion réalisée dans le maïs DP23211 et ont donc démontré la stabilité génétique de cet événement sur toutes les générations testées.

L'ADN génomique de plants individuels de cinq générations de maïs DP23211 a été testé pour la présence ou l'absence de l'insertion de DP23211 et des gènes/fragments suivants à l'aide de qPCR : ipd072Aa, mo-pat, pmi et DvSSJ1. Les sondes utilisées étaient spécifiques aux éléments et le nombre de copie pour chaque plant a été calculé en fonction de l'utilisation d'un calibreur de nombre de copies connu (c.-à-d. référence taxonomique hmg-A) et de l'application de la méthode 2-ΔΔCT pour différencier les échantillons contenant 1 et 2 copiesNote de bas de page 4. De plus, une analyse phénotypique a évalué la tolérance au glufosinate-ammonium de chaque plant et les résultats phénotypiques ont été comparés aux résultats de qPCR pour vérifier la coségrégation du génotype et du phénotype.

Les rapports de ségrégation calculés pour les 5 générations de maïs DP23211 ont démontré que les gènes ipd072Aa, mo-pat, pmi, les fragments de DvSSJ1et le maïs DP23211 dans son ensemble ont ségrégués ensemble et conformément aux principes mendéliens de l'hérédité pour un locus génétique unique. En outre, ces résultats soutiennent que l'insertion de l'ADN a été co-ségréguée avec le trait phénotypique et était stable grâce à la sélection traditionnelle.

4. Information sur le produit

La variété DP23211 diffère de ses homologues traditionnels par l'expression des protéines PAT, PMI, IPD072Aa et de l'ARNdb DvSSJ1. L'essai ELISA indirect et l'essai QuantiGene Plex ont été utilisés pour mesurer les niveaux d'expression des protéines introduites et de l'ARNdb, respectivement, dans les tissus végétaux (feuilles, racines, pollen, fourrage, plantes entières et grains) au moyen d'un essai sur le terrain. L'essai sur le terrain était un schéma de bloc aléatoire complet, mené en 2018 à sept emplacements aux États-Unis (deux emplacements en Illinois, un emplacement en Iowa, en Indiana, au Minnesota, en Pennsylvanie et au Texas) et un emplacement au Canada (Ontario) avec quatre blocs à chaque site. Tous les échantillons ont été prélevés sur des plantes saines, représentatives et choisies de façon impartiale afin de réduire au minimum les risques de biais.

En plus de l'analyse de différents tissus végétaux, l'entreprise a évalué l'expression des protéines et de l'ARNdb d'intérêts à différents stades de croissance du maïs, lesquels sont décrits par Abendroth et coll. (2011)Note de bas de page 5. Aucune des protéines ou ARNdb d'intérêts ne devaient être exprimés de façon tissu-spécifique, puisqu'aucun des promoteurs qui déterminent la régulation transcriptionnelle des protéines ou de l'ARNdb d'intérêts ne sont tissu-spécifique. La cassette d'expression DsRed2 n'était pas intégrée au génome et son expression était transitoire.

Le niveau moyen d'ARNdb DvSSJ1 dans les tissus végétaux variait de 9,87×10-4 à 6,46×10-2 μg/g de poids sec des tissus. Au stade de la maturité (R6), les feuilles (1,32×10-2 μg/g de poids sec des tissus), les racines (1,15×10-2 μg/g de poids sec des tissus) et les échantillons de plantes entières (1,08×10-2 μg/g de poids sec des tissus) contenaient des concentrations semblables d'ARNdb DvSSJ1. Les tissus des grains matures contenaient en moyenne 4,13×10-3 μg/g de tissu sec.

La concentration moyenne de protéine IPD072Aa dans les tissus végétaux variait de 0,65 à 31 ηg/g de tissus sec. À maturité, les racines contenaient la plus grande quantité de cette protéine (31 ηg/g de tissu sec). Cette observation est logique puisque la protéine IPD072Aa vise à conférer une résistance à la CRM, qui attaque principalement le système racinaire des plantes. À l'étape de la maturité, les grains contenaient en moyenne 2,1 ηg/g de tissu sec. Le niveau d'expression de la protéine IPD072Aa est demeuré constant à toutes les phases de croissance testées dans tous les tissus végétaux, à l'exception du tissu foliaire à l'étape de la maturité, où il a diminué considérablement. Les niveaux d'expression de la protéine IPD072Aa dans les tissus végétaux étaient tels que prévus.

La concentration moyenne de protéine PAT dans les tissus végétaux variait de <0,11 à 58 ηg/g de tissu sec. À l'étape de la maturité, les grains contenaient en moyenne 5,1 ηg/g de tissu sec. Dans tous les tissus végétaux testés à différents stades de croissance, les niveaux d'expression de PAT ont diminué à mesure que les stades de croissance avançaient. Tous les échantillons de feuilles (24) analysés à l'étape de la maturité affichaient des valeurs inférieures à la limite inférieure de quantification. Comme les niveaux d'expression diminuaient avec la progression des stades de croissance, de tels résultats suggèrent que les feuilles ne contiennent pratiquement aucune protéine PAT. Les niveaux d'expression de la protéine PAT dans les tissus végétaux ne posent pas de risque pour la santé.

La concentration moyenne de protéine PMI dans les tissus végétaux variait de <0,3 à 9,4 ηg/g de tissu sec. À l'étape de la maturité, les grains contenaient en moyenne 4,3 ηg/g de tissu sec. Dans les racines, le niveau d'expression de la protéine PMI a diminué avec la progression des stades de croissance. Les niveaux d'expression de la protéine PMI dans les tissus végétaux ne posent pas de risque pour la sécurité.

Les protéines PMI, PAT et IPD072Aa d'intérêts ont une longueur de 391, 183 et 86 acides aminés, respectivement, ainsi qu'un poids moléculaire d'environ 43, 21 et 10 kDa. Le pétitionnaire a fourni une analyse par immunobuvardage de type Western qui a montré une bande prédominante au poids moléculaire attendu et a démontré une immunoréactivité à l'aide d'anticorps monoclonaux contre PMI et PAT. En ce qui concerne la protéine IPD072Aa, une analyse par immunobuvardage de type Western utilisant les anticorps polyclonaux IDP072Aa a montré une seule bande avec le poids moléculaire attendu. De plus, la protéine IPD072Aa a migré vers le poids moléculaire attendu dans une analyse SDS-PAGE.

D'après les renseignements fournis, l'utilisation du maïs DP-23211 dans les aliments ne cause pas de préoccupations du point de vue moléculaire.

5. Exposition alimentaire

Il est prévu que le maïs DP23211 soit utilisé dans des applications semblables à celles des variétés de maïs traditionnelles. Le pétitionnaire ne prévoit pas de changement important dans l'utilisation alimentaire du maïs par suite de l'introduction du maïs DP23211.

6. Nutrition

Les composants nutritionnels et anti-nutritionnels du maïs DP23211 ont été analysés et comparés à un témoin traditionnel ayant des antécédents génétiques similaires. Ceci a été réalisé dans le cadre de l'essai sur le terrain décrit ci-dessus, où chaque bloc contenait du maïs DP23211, du maïs témoin et des variété de maïs commercial non GM de référence. Le pétitionnaire fait également remarquer que les échantillons de maïs de référence et de maïs témoin ont été prélevés avant le prélèvement d'échantillons de maïs DP23211 afin de réduire au minimum le risque de contamination croisée.

Les analytes de composition mesurés dans le maïs DP23211 et le maïs témoin non génétiquement modifié étaient les suivants : les protéines, les acides gras, les acides aminés, les minéraux, les vitamines, les métabolites secondaires et les antinutriments. Il s'agissait notamment de tous les analytes recommandés par le Consensus document on compositional considerations for new varieties of maize (document de Consensus sur les considérations relatives à la composition des nouvelles variétés de maïs) publié en 2002 par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Parmi les analytes mesurés, des différences statistiquement significatives dans les analytes suivants ont été observées entre le DP23211 et le groupe témoin: acide oléique (plus faible dans le DP23211 que le groupe témoin), acide arachidique (plus élevé), acide eicosenoïque (plus élevé), vitamine B6 (plus faible), alphatocophérol (plus faible) et acide p-coumarique (plus faible). La différence entre le DP23211 et le témoin était faible et peu susceptible d'avoir une incidence sur les apports alimentaires au Canada. De plus, les valeurs se situaient dans les intervalles de l'OCDE, les intervalles de tolérance, les intervalles de référence et/ou les intervalles publiées.

Le pétitionnaire a démontré que le maïs DP23211 a une composition nutritionnelle similaire à celle du témoin. D'après les renseignements fournis, l'utilisation du DP23211 comme ingrédient alimentaire au Canada ne pose aucun problème de salubrité du point de vue nutritionnel.

7. Chimie

Le pétitionnaire n'a pas fourni de données sur les éléments traces toxiques. Toutefois, le pétitionnaire a fourni les résultats d'une analyse de la composition du maïs DP23211 par rapport au maïs non génétiquement modifié (GM) et aux variétés de référence. Le calcium, le cuivre, le fer, le magnésium, le manganèse, le phosphore, le potassium, le sodium et le zinc ont été évalués dans les échantillons de maïs. Le pétitionnaire a conclu qu'il n'y avait pas de différences statistiquement significatives entre les niveaux en minéraux du maïs DP23211 et ceux du témoin. Cette conclusion a été appuyée par le Bureau des sciences de la nutrition et suggère que rien n'indique que les modifications génétiques dans le maïs DP23211 entraîneraient des différences significatives dans l'absorption d'éléments traces toxiques par rapport au maïs traditionnel.

Le pétitionnaire n'a pas non plus fourni de données sur les mycotoxines. Cependant, une évaluation qualitative a été menée pour comparer les réponses aux insectes, maladies et stresseurs naturels du maïs DP23211, du maïs non génétiquement modifié et des variétés de référence. Les renseignements contenus dans la présentation indiquent que le maïs DP23211 ne présente aucune différence majeure dans les réponses aux insectes ou maladies d'origine naturelle et aux agents stressants abiotiques. Étant donné que l'infection par les ravageurs, les maladies et les stresseurs abiotiques peut accroître la susceptibilité d'une plante aux champignons produisant des mycotoxines, on peut déduire que les modifications apportées au maïs DP23211 sont peu susceptibles d'accroître sa susceptibilité aux mycotoxines par rapport aux variétés traditionnelles de maïs.

Le pétitionnaire a fourni des données sur les caractéristiques agronomiques du maïs DP23211, ses homologues non génétiquement modifiés et les variétés de référence. Le pétitionnaire a indiqué dans la présentation qu'il n'y avait aucune différence statistiquement significative pour la majorité des caractéristiques mesurées dans les divers types de maïs dans le cadre de l'évaluation agronomique. Quant aux quelques caractéristiques pour lesquelles une différence a été observée entre le maïs DP23211 et le témoin, le pétitionnaire a indiqué qu'elles n'étaient pas biologiquement significatives, car elles se situaient dans la plage des variations naturelles observées dans d'autres variétés de référence. L'absorption accrue de contaminants chimiques et une plus grande susceptibilité aux mycotoxines pourraient avoir une incidence sur la croissance et le rendement des plants. Les renseignements ci-dessus suggèrent que la modification génétique du maïs DP23211 ne devrait pas avoir d'impact négatif sur le rendement des cultures par rapport aux autres variétés de maïs traditionnelles.

Le maïs DP23211 est tout à fait comparable au maïs traditionnel, ce qui suggère également qu'il est peu probable que le maïs DP23211 ait une capacité accrue à absorber des contaminants chimiques ou une plus grande susceptibilité aux champignons producteurs de mycotoxines par rapport au maïs non GM.

Selon les renseignements fournis, on ne s'attendrait pas à ce que le maïs DP23211 pose un problème du point de vue des contaminants chimiques.

8. Toxicologie

Aucune mortalité n'a été observée (DL50 > 2 000 mg/kg p.c.) dans une étude de toxicité aiguë par voie orale portant sur la protéine IPD072Aa produite dans un système d'expression microbienne. L'étude a suivi les lignes directrices de l'OCDE et était conforme aux bonnes pratiques de laboratoire (BPL). Le pétitionnaire a fourni des données scientifiques qui ont confirmé l'équivalence de la protéine IPD072Aa produite par les microbes et de la protéine produite dans le maïs au moyen d'une analyse SDS-PAGE, et transfert de Western, d'une analyse de la glucosylation des protéines, de la cartographie des peptides par spectrométrie de masse (SM) et du séquençage des acides aminés N-terminal.

La comparaison de l'exposition humaine estimée au IPD072Aa attribuable à la consommation de maïs (6,2 µg/kg p.c. par jour) à la DL50 (> 2 000 mg/kg p.c.) a donné une marge d'exposition (ME) > 300 000. L'estimation de l'exposition alimentaire était fondée sur les valeurs mesurées dans le grain et est probablement une surestimation, car elle supposait que tous les produits du maïs consommés seraient dérivés de cette variété et que les niveaux de IPD072Aa ne diminueraient pas pendant la transformation des aliments. La ME est considérée comme suffisante du point de vue de l'innocuité.

Dans l'ensemble, aucune préoccupation d'ordre toxicologique n'a été relevée pour la protéine IPD072Aa.

L'ARNdb DvSSJ1 est spécifique aux arthropodes et n'a pas été identifié chez les vertébrés. Aucune homologie n'a été observée entre les petits ARN interférants (siARN) impliquées dans l'interférence à l'ARN (ARNi) ciblant l'expression de la DvSSJ1 et l'ARN des mammifères, y compris l'ARN humain, ce qui porte à croire qu'aucun ARN présent dans les cellules humaines ne pourrait être ciblé par l'ARNi ciblant l'expression de la DvSSJ1.

En outre, le nombre d'ARNdb pouvant atteindre les cellules humaines après l'ingestion du maïs serait trop faible pour entraîner l'ARNi (<1 copie/cellule) dans les cellules humaines. L'estimation de l'exposition alimentaire était fondée sur les valeurs mesurées dans le grain et est probablement une surestimation, car elle supposait que tous les produits du maïs consommés seraient dérivés de cette variété et que les niveaux d'ARNdb ne diminueraient pas pendant la transformation des aliments.

On s'attend à ce que l'épithélium intestinal humain, l'endothélium vasculaire et les membranes cellulaires présentent une barrière physique importante à l'absorption de l'ARNdb et les nucléases présentes dans la salive, le tractus gastro-intestinal et le sang dégraderaient l'ARNdb avant qu'il n'atteigne les cellules.

Dans l'ensemble, aucune préoccupation d'ordre toxicologique n'a été relevée pour l'ARNdb DvSSJ1.

Aucune mortalité n'a été observée (DL50 > 5000 mg/kg p.c.) dans une étude de toxicité aiguë par voie orale portant sur la protéine PAT produite dans un système d'expression microbienne. L'étude a suivi les lignes directrices de l'OCDE et était conforme aux BPL. Bien que le requérant ait déclaré que la séquence de la PAT d'origine microbienne était la même que celle insérée dans ce maïs, les preuves soumises n'étaient pas insuffisantes pour conclure à l'équivalence entre la protéine PAT microbienne et celle du maïs. Toutefois, au lieu de cela, Santé Canada a confirmé que la protéine PAT dans cette présentation était équivalente à la protéine PAT dont il a été question dans Hérouet et coll. (2005)Note de bas de page 6. Selon cette publication, aucune mortalité n'a été observée (DL50 > 10 mg/kg p.c.) dans une étude de toxicité aiguë par voie intraveineuse (i. v.) portant sur la protéine PAT.

La comparaison de l'exposition humaine estimée (15,1 ug/kg p.c. par jour) à la DL50 par voie i. v.  (>10 mg/kg p.c.) donne une marge d'exposition > 662, tandis que la DL50 par voie orale (> 5 000 mg/kg p.c.) donne une marge d'exposition > 300 000. L'estimation de l'exposition était fondée sur les valeurs mesurées dans le grain et est probablement une surestimation, car elle suppose que tous les produits du maïs consommés seraient dérivés de cette variété et que les niveaux de PAT ne diminueraient pas pendant la transformation des aliments. Ces ME sont considérées comme suffisantes du point de vue de la sécurité.

Dans l'ensemble, aucune préoccupation d'ordre toxicologique n'a été relevée pour la protéine PAT.

Santé Canada (2010) a déjà approuvé une variété de maïs à des fins alimentaires qui comprenait l'utilisation de la protéine PMI comme marqueur de sélection (Syngenta Seeds Canada, MIR162). Il a été constaté que la protéine PMI avait une faible toxicité aiguë par voie orale (DL50 > 3 800 mg/kg p.c.). Pioneer a soumis une lettre d'autorisation de Syngenta indiquant que les informations sur la protéine PMI peuvent être utilisées pour ce maïs. Le pétitionnaire a fourni des données confirmant l'équivalence entre la protéine PMI précédemment approuvée et la protéine produite dans le maïs DP23211 grâce à l'alignement de séquence et à l'analyse par immunobuvardage de type Western.

Dans l'ensemble, aucune préoccupation d'ordre toxicologique n'a été relevée pour la protéine PMI.

D'après les informations fournies, le maïs DP23211 serait aussi sécuritaire que le maïs traditionnel en termes de toxicité potentielle.

9. Allergénicité

La séquence d'acides aminés des protéines IPD072Aa et PAT a été comparée aux séquences des allergènes connus ou présumés (Comprehensive Protein Allergen Resource (COMPARE), janvier 2019 : 2081 séquences). Aucune correspondance n'a été trouvée, ce qui porte à croire que les protéines IPD072A et PAT ne réagiront probablement pas de façon croisée avec des allergènes connus ou soupçonnés.

La protéine IPD072Aa a été entièrement digérée en 0,5 minute dans un essai de liquide gastrique simulé (LGS) et complètement digérée en 20 minutes dans un essai de liquide intestinal simulé (LIS). Ces données suggèrent que la protéine serait probablement digérée rapidement et complètement dans le tube digestif humain, contrairement à certains allergènes alimentaires qui résistent à la digestion.

Hérouet et coll. (2005) montrent que la protéine PAT est rapidement et complètement dégradée (moins de 0,5 minute) dans un essai LGS et dans un essai LIS. Ces données suggèrent que la protéine serait probablement digérée rapidement et complètement dans le tube digestif humain, contrairement à certains allergènes alimentaires qui résistent à la digestion.

Dans l'ensemble, aucune préoccupation en matière d'allergénicité n'a été relevée pour les protéines IPD072A et PAT.

La plupart des allergènes alimentaires sont des protéines. Puisque l'ARNdb agit par la voir de l'interférence à l'ARN et ne produit pas de protéine, on ne s'attend pas à ce qu'il soit un allergène alimentaire.

La séquence des acides aminés de la protéine PMI a été comparée aux séquences des allergènes connus ou présumés (COMPARE, janvier 2019 : 2081 séquences). Aucune similarité de séquence supérieure à 35 % d'au moins 80 acides aminés n'a été identifiée. Aucun appariement de segments de huit acides aminés n'a été observé, à l'exception de l'appariement de huit acides aminés avec Rana (grenouille). Les résultats négatifs subséquents pour la liaison aux IgE à l'aide du sérum de la seule personne connue pour avoir cette allergie ont été pris en compte dans l'évaluation précédente (Santé Canada, 2010). Dans l'ensemble, il est peu probable que la protéine PMI réagisse de façon croisée avec des allergènes connus ou présumés en raison d'un manque d'homologie de la séquence des acides aminés et d'un manque de liaison aux IgE dans le sérum. Dans une évaluation antérieure de Santé Canada, il a été constaté que la protéine PMI était facilement dégradée dans un essai de LGS et inactivée par la chaleur. Ces données suggèrent que la protéine serait probablement digérée rapidement et complètement dans le tube digestif humain, contrairement à certains allergènes alimentaires qui résistent à la digestion.

Dans l'ensemble, aucune préoccupation en matière d'allergénicité n'a été relevée pour la protéine PMI.

D'après les informations fournies, le maïs DP23211 serait aussi sécuritaire que le maïs traditionnel en termes d'allergénicité alimentaire.

Conclusion :

L'examen par Santé Canada des renseignements présentés à l'appui de l'utilisation alimentaire du maïs DP-023211-2 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides ne soulève pas de préoccupations liées à l'innocuité des aliments.

L'opinion de Santé Canada porte uniquement sur l'utilisation alimentaire du maïs DP-023211-2. Les questions liées à son utilisation comme aliment pour animaux ont été traitées séparément dans le cadre des processus réglementaires existants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis concernant le produit en question fourni par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada. Cette opinion est fondée sur l'examen exhaustif des renseignements soumis par le pétitionnaire conformément aux Lignes directrices pour l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

(Also available in English)

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :

Santé Canada
Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
251, promenade Sir Frederick Banting
PL2204E
Ottawa (Ontario)  K1A 0K9
bmh-bdm@hc-sc.gc.ca

Note de bas de page 1

Commission du Codex Alimentarius (2003) Alinorm 03/34 : Annexe III : Draft guideline for the conduct of food safety assessment of foods derived from recombinant-DNA plants, et Annexe IV : Proposed Draft Annexe of the Assessment of Possible Allergenicity. Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture – Organisation mondiale de la Santé, Rome, pp 47-60

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Note de bas de page 2

FAO/OMS (2001) Évaluation de l'allergénicité des aliments génétiquement modifiés : Rapport de la Consultation mixte FAO/OMS d'experts sur les aliments dérivés des biotechnologies - Allergénicité des aliments dérivés des biotechnologies, Rome, 22-25 janvier 2001. Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Rome.

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Note de bas de page 3

http://comparedatabase.org

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Note de bas de page 4

Livak KJ, Schmittgen TD (2001) Analysis of Relative Gene Expression Data Using Real-Time Quantitative PCR and the 2-ΔΔCT Method. Methods 25: 402-408

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Note de bas de page 5

Abendroth LJ, Elmore RW, Boyer MJ, Marlay SK (2011) Corn Growth and Development. Iowa State University Extension, PMR 1009

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Note de bas de page 6

Hérouet, C., Esdaile, D.J., Mallyon, B.A., Debruyne, E., Schulz, A., Currier, T., Hendricks, K., Jan van der Klis, R. et Rouan, D. 2005. Safety evaluation of the phosphinothricin acetyltransferase proteins encoded by the pat and bar sequences that confer tolerance to glufosinate-ammonium herbicide in transgenic plants. Regulatory toxicology and pharmacology, 41: 134-149

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