Information sur les aliments nouveaux - Graine d'alpiste des Canaries glabre (Phalaris canariensis L.)
Santé Canada a avisé la Canary Seed Development Commission of Saskatchewan (CDCS) qu'il ne s'oppose pas à la vente des variétés glabres (dépourvues de poils) de graines d'alpiste des Canaries (Phalaris canariensis L.) de couleur brune ou jaune en tant que céréales destinées à la consommation humaine. Les graines d'alpiste des Canaries de couleur brune ou jaune déglumées (aussi désignées par le terme gruaux) sont destinées à être consommées sous forme de gruaux complets, de farine complète, de farine de grains entiers ou de produits moulus qui seront utilisés en tant qu'ingrédients de produits de boulangerie et de pâtisserie, de céréales, de pâtes alimentaires, de collations et de barres nutritionnelles. Il est aussi possible d'utiliser ces graines à titre de substitut à faible teneur en lipides des graines de sésame (l'un des allergènes prioritaires) dans les pains, les grignotines ou en mélange avec d'autres graines comme garnitures ou ingrédients. Comme la graine d'alpiste des Canaries ne contient pas de protéines qui s'apparentent au gluten, elle pourrait aussi être utilisée comme céréale sans gluten, tout comme le tef, le sorgho, l'amarante et le sarrasin. Par contre, la question de savoir si la graine d'alpiste des Canaries comporte des risques pour les personnes allergiques au blé n'est pas tranchée. Par conséquent, une mise en garde telle que « Ce produit pourrait ne pas convenir aux personnes allergiques au blé » devra figurer sur l'étiquette des graines d'alpiste des Canaries et des produits qui en contiennent. Puisqu'en soi, la graine d'alpiste des Canaries ne compte pas parmi les allergènes prioritaires, elle n'est pas soumise à la réglementation plus rigoureuse sur l'étiquetage des aliments qui s'applique aux produits qui en contiennent et, par conséquent, elle ne doit pas faire l'objet d'une déclaration « contient » sur l'étiquette du produit. Cependant, conformément à la réglementation générale sur l'étiquetage des aliments, la graine d'alpiste des Canaries doit figurer dans la liste des ingrédients d'aliments préemballés contenant plusieurs ingrédients, dont la graine en question.
Le Ministère a examiné l'information présentée par la CDCS au nom des producteurs de graines d'alpiste des Canaries et a réalisé une évaluation approfondie de l'innocuité de l'utilisation de ces variétés glabres de graine d'alpiste des Canaries et de leur caractère acceptable en tant que grain céréalier dans l'approvisionnement alimentaire canadien.
Contexte
Le texte qui suit résume l'avis que la CDCS a fourni à Santé Canada ainsi que l'évaluation que le Ministère en a faite. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.
1. Introduction
Les graines d'alpiste des Canaries propres à la consommation humaine correspondent aux graines déglumées/gruaux d'alpiste des Canaries de couleur brune ou jaune, lesquelles sont constituées de glucides, de protéines, de lipides bruts et de matériel inorganique (cendres). La graine d'alpiste des Canaries fait partie de la famille des Poaceae (ou Gramineae) et de la sous-famille des Pooideae, tout comme les variétés de céréales courantes, par exemple le blé, l'orge, le seigle et l'avoine. La pousse et le développement de la graine d'alpiste des Canaries annuel s'apparentent étroitement à ceux du blé (Triticum aestivum L.) et de l'avoine (Avena sativa L.). L'American Association of Cereal Chemistry International (auparavant l'American Association of Cereal Chemists) classifie la graine d'alpiste des Canaries à titre de véritable céréale puisqu'elle provient des panicules d'une plante de la famille des Poaceae (Jones et Engleson, 2010).
2. Description de l'aliment nouveau
La graine d'alpiste des Canaries est surtout utilisée comme constituant principal des mélanges de nourritures pour les oiseaux et d'autres animaux de compagnie. Les cultivars commerciaux de la graine pubescente d'alpiste des Canaries annuel sont de couleur brune et de petits poils silicifiés (des trichomes) ou spicules couvrent la surface de leur enveloppe. Les variétés glabres de graines d'alpiste des Canaries de couleur jaune et brune ont été mises au point à partir du cultivar pubescent de graines d'alpiste des Canaries de couleur brune en recourant à la mutagenèse et à la sélection traditionnelle pour l'obtention de deux caractères (l'enveloppe glabre et de couleur jaune). Qu'il s'agisse de sa variété glabre ou pubescente, la graine d'alpiste des Canaries est dépourvue d'antécédents d'innocuité à titre d'aliment. Par conséquent, elle est considérée comme un aliment nouveau selon la partie suivante de sa définition : « a. une substance, y compris un micro-organisme, qui ne présente pas d'antécédents d'innocuité comme aliment ». La responsabilité des évaluations préalables à la mise en marché des aliments et des ingrédients alimentaires nouveaux imposée par la loi incombe à la Direction des aliments comme établi au titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues (Aliments nouveaux).
L'évaluation de l'innocuité menée par les évaluateurs de la Direction des aliments a été réalisée conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la mise au point de la graine d'alpiste des Canaries, les méthodes éventuelles de fabrication et de transformation, les utilisations auxquelles elle est destinée et le mode d'emploi, l'histoire de son utilisation, l'apport indirect en métaux lourds et en mycotoxines qu'elle entraîne, sa composition nutritionnelle et ses facteurs antinutritionnels; les renseignements en matière de microbiologie et de toxicologie, la présence éventuelle d'allergènes et l'estimation de la mesure dans laquelle la population canadienne en consommera.
3. Développement du produit
Les variétés glabres de graines d'alpiste des Canaries utilisées dans le cadre de la présente demande de mise en marché ont été mises au point au moyen de la mutagenèse du cultivar pubescent nommé Keet. Les générations mutantes qui en ont découlé (M1, M2 et M3) ont été cultivées successivement au champ, récoltées, puis mises en mélange. Une seule panicule aux glumes et aux enveloppes glabres a été observée dans la génération M3.
Le cultivar glabre de couleur brune de la graine d'alpiste des Canaries a été mis au point en cultivant en serre les plantes glabres de la génération M4 et leur progéniture de la génération M5. Le cultivar CDC Maria glabre de couleur brune a été sélectionné en se fondant sur une évaluation agronomique sur le terrain ayant été entreprise à la génération M6. Le cultivar CDC Maria est adapté à la région de la Saskatchewan où la graine traditionnelle d'alpiste des Canaries est cultivée, soit dans les zones de sols bruns, brun foncé et noirs.
Pour la mise au point des cultivars glabres de couleur jaune, les populations mutantes (M4) ont aussi été criblées et sélectionnées en ciblant le phénotype pubescent de couleur jaune (CY184). Le croisement des deux lignées (CDC Maria et CY184) a donné des graines glabres de couleur brune (CC9007) et également glabres, mais de couleur jaune (CC9005). La variété glabre de couleur jaune visée par cette demande de mise en marché d'un aliment nouveau est issue de la sélection de caractères des cultivars CC9005 et CDC Maria et d'un autre cultivar à graines pubescentes, Cantate. La sélection des caractères désirés au fil de générations successives (F) a produit les graines glabres de couleur jaune (C05041 et C05091).
Les graines d'alpiste des Canaries seront transformées en recourant aux méthodes habituellement appliquées aux céréales afin de produire de la farine complète, des produits moulus ou des aliments sous d'autres formes (p. ex., en flocons).
4. Exposition alimentaire
Selon la formulation prototype de la CDSC, de façon générale, remplacer de 20 à 25 % des grains/graines dans les recettes par des graines d'alpiste des Canaries a donné des produits acceptables. La plus grande teneur en farine de graines d'alpiste des Canaries mise à l'épreuve dans une recette s'est élevée à 50 %. Il s'agissait d'une recette de biscuits sucrés ordinaires sans gluten dont les seuls ingrédients étaient le sucre, la farine en question et de l'huile.
La CDCS a utilisé les quantités de graines et de grains entiers consommées par la population canadienne (les données sont issues de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2 [ESCC 2.2] réalisée en 2004) et des projections du remplacement de graines utilisées par des ingrédients à base de graines d'alpiste des Canaries (de 20 à 25 %) dans divers produits alimentaires dans le but de quantifier de manière estimative la consommation de ces graines. À partir des données de l'ESCC 2.2, la CDCS a calculé les apports moyens et les apports les plus faibles et les plus élevés dans le 95e centile chez tous les consommateurs du produit et le pourcentage de consommateurs des catégories constituées de tous les grains et de toutes les graines, des graines et des grains entiers et des graines et des grains raffinés dans le but d'établir le profil de la consommation totale de grains au Canada chez diverses sous-population. L'exposition alimentaire quotidienne en recourant au poids corporel moyen de chaque groupe d'âge et en se fondant sur des valeurs pondérées et établies au moyen de la méthode bootstrap a été estimée à partir des données issues de l'ESCC 2.2.
Selon la CDSC, la graine d'alpiste des Canaries entière (farine entière, farine de grains entiers/produits moulus) pourrait remplacer 25 % de tous les produits de grains entiers et ses gruaux pourraient remplacer 25 % des graines de sésame consommées actuellement (parce que la graine de sésame fait partie des allergènes prioritaires, on s'attend à ce qu'il s'agisse de la graine la plus fréquemment remplacée). En se fondant sur les calculs de la CDCS, l'apport chez la population entière au 95e centile était de 0,3 g/kg pc/jour à la fois des grains entiers et des gruaux, ce qui donne un apport total de graines d'alpiste de Canaries de 0,6 g/kg pc/jour. La population chez laquelle la consommation s'est révélée la plus élevée correspondait aux enfants de 8 ans et moins, dont la consommation au 95e centile atteignait 0,8 et 0,6 g/kg pc/jour de grains entiers et de gruaux, respectivement, et conséquemment 1,4 g/kg pc/jour au total.
5. Évaluation chimique
Les données empiriques au sujet des éléments traces (c.-à-d., l'arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure) et les mycotoxines (c.-à-d., l'aflatoxine, la fumonisine totale, l'ochratoxine A, le désoxynivalénol et le zéaralenone) dans la graine d'alpiste des Canaries ont été utilisées afin d'estimer les teneurs éventuelles en ces substances des aliments dans lesquels la graine en question pourrait être utilisée à titre d'ingrédient. Les concentrations estimées ont été comparées à celles habituellement observées dans ces aliments vendus sur le marché canadien. Les teneurs en éléments traces et en mycotoxines de la graine d'alpiste des Canaries en soi ont aussi été comparées aux données canadiennes consultables au sujet d'une variété de farines, notamment de blé et de riz, de même qu'aux données canadiennes accessibles à propos des grains céréaliers non transformés. Il n'existait pas de données documentaires additionnelles sur la présence d'éléments traces et de mycotoxines au sujet de la graine d'alpiste des Canaries en particulier ou d'autres types de graines pouvant être comparées. Par conséquent, l'exposition éventuelle à ces substances découlant d'une consommation continue et à long terme de graines d'alpiste des Canaries a aussi été évaluée et comparée à l'exposition alimentaire naturelle globale ainsi qu'aux valeurs toxicologiques de référence (VTR).
Dans l'ensemble, en tenant compte du degré d'utilisation de celle-ci déterminé par le requérant, on ne s'attend pas à ce que l'adjonction de la graine d'alpiste des Canaries glabre dans les aliments augmente l'exposition alimentaire naturelle ou contribue de manière considérable aux VTR établies pour les éléments traces et les mycotoxines au sujet desquels des données ont été présentées.
Par conséquent, du point de vue de l'innocuité chimique, on ne s'attend pas à ce que la graine d'alpiste des Canaries glabre suscite des préoccupations en matière d'innocuité pour la santé humaine.
6. Évaluation microbiologique
Le requérant a présenté des renseignements au sujet de la contamination microbiologique (numération sur plaque totale et numération des coliformes, des levures et des moisissures) à différentes étapes du processus de fabrication d'un lot de graines d'alpiste des Canaries de couleur jaune et d'un autre lot de couleur brune. Les résultats ainsi obtenus correspondent aux quantités qui se trouvent généralement dans les céréales (Institut international du Canada pour le grain [IICG], 2006 et Commission internationale sur les spécifications microbiologiques pour les aliments [CISMA], 2005). En matière de microbiologie, les risques que comporte la graine d'alpiste des Canaries glabre sont semblables à ceux que comportent les autres céréales selon les observations à leur sujet.
Sur le plan de l'innocuité microbiologique, Santé Canada n'a pas d'autres questions et ne s'oppose pas à la commercialisation des graines d'alpiste des Canaries glabres de couleur jaune ou brune.
7. Évaluation nutritionnelle
Des graines d'alpiste des Canaries ont été plantées selon un plan en blocs aléatoires complets de trois parcelles, et ce, en deux étapes et à deux moments distincts en Saskatchewan, à 3 endroits (étape 1 en 1996-1998); et à 5 endroits différents (étape 2 en 2007 et en 2008), respectivement. À l'étape 1, les graines d'alpiste des Canaries glabres ont été cultivées à proximité de la graine pubescente apparentée, du blé roux de printemps de l'Est canadien (CERS) et du blé de force « Katepwa ». Des comparaisons ont aussi été faites à partir de valeurs concernant des grains céréaliers communément consommés afin de démontrer que la composition nutritionnelle des graines d'alpiste des Canaries glabres est semblable à celle d'autres céréales consommées de longue date au Canada.
En ce qui a trait à l'analyse de la composition, la CDCS a fourni les données concernant la teneur en macromolécules (en protéines, en glucides, en lipides bruts et en cendres), en acides gras, en acides aminés; en fractions glucidiques; en vitamines, en minéraux nutritifs et en facteurs antinutritionnels (en phytate, la teneur phénolique totale, en tanins condensés, en d'autres substances phytochimiques et en inhibiteurs de la trypsine et de l'amylase). Les analytes mesurés dans le cadre de l'étude de la CDCS étaient semblables à ceux énumérés dans divers documents consensuels de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) sur les facteurs à prendre en compte à l'égard de la composition des nouvelles variétés.
La composition en macromolécules des graines d'alpiste des Canaries glabres et pubescentes s'est révélée semblable, mis à part une teneur légèrement plus faible en lipides bruts et légèrement plus élevée en protéines des graines glabres. À l'exception d'une teneur supérieure en lysine du cultivar glabre, les aminogrammes des deux graines se sont révélés semblables. En matière d'acides gras, leur profil s'est aussi révélé similaire.
Comme les céréales consommées habituellement, la graine d'alpiste des Canaries contient des protéines, des glucides (amidon et fibres alimentaires), des lipides bruts, des vitamines et des cendres (matières minérales), de même que d'autres facteurs antinutritionnels. Tout comme en ce qui a trait aux autres grains céréaliers, l'amidon compte pour une part importante des glucides. La teneur en lipides bruts de la graine d'alpiste des Canaries est plus élevée que celle de la plupart des grains céréaliers, mais plus faible que celle que l'on observe dans les oléagineux tels que le soja, le lin et le sésame. Les principaux acides gras qui se trouvent dans la graine d'alpiste des Canaries sont aussi ceux qu'on retrouve le plus dans le blé et d'autres produits de grains. Sa teneur en protéines, bien que plus élevée que celle de la plupart des céréales, s'apparente à celle observée dans la partie supérieure de la fourchette des valeurs établies pour l'avoine, et sa teneur en acides aminés essentiels totaux s'est révélée semblable à celle de l'avoine et du maïs. Lorsque les acides aminés ont été considérés individuellement, la teneur en tryptophane, en phénylalanine et en cystéine s'est révélée plus élevée que celle des autres grains céréaliers dont la documentation fait état. Comme celle des autres grains céréaliers, sa teneur en lysine s'est révélée faible.
Les teneurs en minéraux nutritifs et en vitamines de la graine d'alpiste des Canaries étaient comparables à celles dont la documentation fait état à l'égard de plusieurs variétés de blé et d'autres céréales habituellement consommées.
En ce qui concerne les facteurs antinutritionnels, la teneur de la graine en phénols totaux et en inhibiteurs de l'amylase et de la trypsine s'est révélée semblable à celle des autres céréales. Aucun tanin condensé n'a été détecté dans aucune variété. La teneur en phytate (de 14,1 à 23,2 mg/g) des graines d'alpiste des Canaries était supérieure (10,7 mg/g) à celle du blé commun CERS et du blé « Katepwa » utilisés dans l'étude menée par la CDCS). Cependant, la teneur en phytate de la graine d'alpiste des Canaries est du même ordre que celle des autres légumineuses, graines, noix et céréales communément consommées.
D'autres données fournies au sujet de la composition en nutriments des gruaux et des graines d'alpiste des Canaries transformées, d'autres prototypes de produits alimentaires, y compris des recettes (prototypes) contenant du blé, lequel a été remplacé par la graine en question, n'ont soulevé aucune préoccupation sur le plan nutritionnel.
Comme mesure de sécurité supplémentaire, le requérant a présenté des études à l'appui de la biodisponibilité de la graine d'alpiste des Canaries. Une étude in vitro sur la digestibilité de la protéine, des études chez des rongeurs (phases 1 et 2) et deux études chez des porcs en faisaient partie. Même si les études chez des rongeurs avaient été principalement conçues en tant qu'études de toxicologie, la croissance s'est révélée acceptable. Les résultats de l'étude in vitro sur la digestibilité des protéines donnent à penser que les protéines contenues dans la graine d'alpiste des Canaries sont digestibles.
Les résultats des études chez les porcs ont démontré que la graine d'alpiste des Canaries peut être utilisée comme nourriture pour ces animaux et que la digestibilité de la matière sèche et des protéines brutes ainsi que l'énergie digestible que comportent les cultivars de ces graines se situent dans la fourchette de celles que l'on attribue aux grains céréaliers traditionnels et secondaires utilisés pour les nourrir. De plus, les quantités de graines d'alpiste des Canaries consommées dans le cadre de l'étude n'ont eu aucun effet indésirable sur la croissance des porcs. Le système digestif des porcs est semblable à celui des humaines et il est proposé comme modèle dans les études sur la digestibilité des protéines chez les humains (FAO, 2011). Les résultats présentés soutiennent la proposition selon laquelle la graine d'alpiste des Canaries est inoffensive sur le plan nutritionnel.
8. Évaluation toxicologique
Les antécédents de consommation de la graine d'alpiste des Canaries traditionnelle pubescente comme aliment destiné aux humains sont limités. L'évaluation toxicologique de la graine d'alpiste des Canaries glabre a tenu compte de deux études de 90 jours fondées sur l'administration d'aliments à des rats, de deux études nutritionnelles chez les porcs et de la composition de la graine en matière de macronutriments et de facteurs antinutritionnels. Les renseignements ainsi consultés ont été considérés comme suffisants pour l'évaluation de cet aliment nouveau.
Dans une étude de 90 jours, des groupes de rats ont reçu une alimentation témoin (0 % de graines d'alpiste des Canaries) ou une alimentation contenant 2,5, 5,0 ou 10,0 % de gruaux de graines d'alpiste des Canaries glabres et déglumées de couleur jaune. Aucune différence indésirable découlant du traitement n'a été observée au sein des groupes. La dose sans effet nocif observé (DSENO) de graines d'alpiste des Canaries glabres déglumées de couleur brune et de couleur jaune a été établie à environ 5,2 g/kg pc/jour (la plus élevée des doses mises à l'épreuve).
Dans une autre étude de 90 jours, quatre groupes de rats ont consommé une alimentation contenant 50 % en poids de : blé roux de printemps de l'Est canadien (CERS) (témoins), de gruaux de graines d'alpiste des Canaries pubescentes de couleur brune avec les glumes ou de de gruaux de graines d'alpiste des Canaries glabres de couleur brune déglumées. Aucun effet indésirable découlant du traitement n'a été observé. La DSENO globale des graines d'alpiste des Canaries glabres de couleur brune (chez les deux sexes, graines avec ou sans les glumes) a été établie à environ 38 g/kg pc/jour. Cette valeur équivaut à environ 27 fois la valeur de l'apport à la limite supérieure de l'IC au 95e centile chez les enfants de moins de 8 ans (1,4 g/kg pc/jour).
Aucune information n'a été communiquée sur la génotoxicité et la cancérogénicité éventuelles de la graine. Cependant, les évaluations pathologiques dans le cadre d'études subchroniques acceptables (il n'existe aucune étude chronique) n'ont donné aucune indication de changements néoplasiques. La composition de la graine d'alpiste des Canaries est comparable à celle des autres céréales et elle appartient à la même sous-famille (sous-famille Pooidiae de la famille Poaceae, autre nom Gramineae) que le blé, le seigle, l'orge et l'avoine. Par conséquent, rien ne donne à penser qu'elle pourrait se révéler génotoxique ou cancérogène.
Aucune étude portant sur la toxicité éventuelle de la graine d'alpiste des Canaries pour la reproduction ou le développement n'a été réalisée. Néanmoins, des études complètes de la chimie et de la composition ont porté sur cette graine. Aucun pic d'élution majeur non identifiée n'a été observé dans les analyses par chromatographie liquide à très haute performance (U-HLPC) réalisées pour déceler d'éventuels alcaloïdes et amines toxiques. Si un alcaloïde, une amine ou d'autres substances s'y trouvaient, ce serait vraisemblablement en très faibles quantités, puisque les analyses au moyen de l'U-HLPC n'ont pas révélé la présence en quantités détectables d'une quelconque substance inconnue. Aucun autre grain ni graminée communément consommé n'est connu pour nuire à la performance reproductive ou à titre d'agent tératogène. De plus, selon le poids de l'organe, des observations macroscopiques ou l'histopathologie, aucune des deux études de 90 jours n'a révélé que la graine d'alpiste des Canaries a exercé un quelconque effet délétère sur l'appareil génital.
En matière d'éléments nutritifs et de facteurs antinutritionnels, la composition de la graine d'alpiste des Canaries (pubescente ou glabre) est comparable à celle des autres grains habituellement consommés. Les teneurs en facteurs antinutritionnels de cette graine ne sont pas considérées comme préoccupantes sur le plan toxicologique. L'alcaloïde principal qui s'y trouve est la tyramine. Selon une estimation prudente de l'apport en graines d'alpiste des Canaries, l'exposition à cet alcaloïde serait insuffisante pour susciter des inquiétudes en matière toxicologique.
Les données présentées par le requérant soutiennent, selon l'estimation de la consommation, l'innocuité de la graine d'alpiste des Canaries dans l'alimentation humaine. Par conséquent, du point de vue de la toxicologie, Santé canada ne s'oppose pas à l'utilisation de la graine d'alpiste des Canaries aux fins proposées par le requérant.
9. Facteurs à considérer en matière d'allergénicité
Les graines d'alpiste des Canaries appartiennent à la même sous-famille que le blé, le seigle, l'orge et l'avoine (Pooideae). Le gluten mis en cause à l'égard de la maladie cœliaque se trouve principalement dans les céréales de la tribu des Triticeae (comme le blé, le seigle et l'orge). Les analyses au moyen de la spectrométrie de masse (SM) et les analyses bio-informatiques des protéines de cette graine donnent à penser qu'il existe une importante homologie entre cette dernière et les céréales de la tribu des Aveneae, laquelle comprend l'avoine de même que la graine d'alpiste des Canaries. Cette analyse a aussi permis de déterminer que les protéines de la graine d'alpiste des Canaries s'apparente dans une certaine mesure aux protéines présentes dans le riz, le maïs, la carotte, la tomate, le radis, la betterave et le pois chiche.
L'analyse par transfert de Western des trois cultivars de graine d'alpiste des Canaries au moyen d'anticorps IgG polyclonaux de lapin contre le gluten n'a révélé aucune liaison avec des protéines semblables au gluten. Des réactions négatives ont aussi été obtenues des immunotransferts de la graine d'alpiste des Canaries exposées à deux témoins négatifs, à des anticorps IgG anti-β-lactoglobuline de lapin et à des anticorps IgG de lapin anti-sésame.
Les trois cultivars de graine d'alpiste des Canaries ont été analysés au moyen de trousses commerciales ELISA (essai d'immunoabsorption enzymatique) pour le gluten, le soja, les arachides, les noix (amande, noisette et noix de Grenoble), le sésame et la moutarde. Aucune des trousses ELISA n'a réagi aux graines d'alpiste des Canaries. Ce résultat indique que la graine d'alpiste des Canaries ne comporte pas d'épitopes qui réagissent avec les anticorps de ces trousses. Cependant, à l'exception des trousses de détection du gluten, les trousses recourent à des anticorps polyclonaux réagissant à toutes les protéines présentes dans les aliments et non aux allergènes seulement. Par conséquent, les résultats ont donné à penser, mais sans permettre de le conclure, que les gens atteints de ces allergies ne réagiraient pas aux graines d'alpiste des Canaries.
Selon les résultats négatifs obtenus de la trousse ELISA pour le gluten et ceux de l'analyse par spectrométrie de masse révélant une homologie avec la protéine de l'avoine, on est parvenu à la conclusion que la graine d'alpiste des Canaries ne contient aucune protéine de type gluten issue de blé, de seigle ou d'orge. Sans contamination par des sources de gluten (< 20 ppm) du blé, du seigle ou de l'orge, la graine d'alpiste des Canaries n'est pas considérée comme comportant un risque pour les personnes atteintes de la maladie cœliaque.
Rares sont les articles (2) qui ont fait état d'allergie au pollen du phalaris des Canaries. Aucun signalement d'une allergie causée par l'ingestion de la graine d'alpiste des Canaries n'a été trouvé dans la documentation. Cette absence de signalement était attendue en raison des antécédents limités d'utilisation alimentaire de la graine d'alpiste des Canaries.
Les extraits de protéines des trois cultivars de graine d'alpiste des Canaries ont été analysés par buvardage avec un pool de sérum de 10 personnes allergiques au blé. Il a été tenu pour acquis que le sérum aurait une capacité de liaison de l'IgE à l'allergène du blé. Les résultats ont démontré la liaison de l'IgE à l'extrait de graine d'alpiste des Canaries de même que des réactions semblables avec le millet, le quinoa, le tef, le sorgho et le sarrasin. La présence d'une bande à environ 15 kDa observée pour la graine d'alpiste des Canaries et le blé, mais sans avoir été observée pour les autres grains s'est révélée l'exception.
Des détails supplémentaires ont été demandés au requérant au sujet des données issues de la spectrométrie de masse et de la séquence des peptides concernant la protéine de 15 kDA. Les autres données fournies ont été analysées par la Direction des aliments et il a été déterminé avec assurance que les peptides pouvaient être assimilés à des peptides présents dans le blé. Cela donne à penser que les personnes allergiques au blé pourraient réagir aux protéines présentes dans la graine d'alpiste des Canaries.
Les données présentées par le requérant soutiennent la conclusion selon laquelle la graine d'alpiste des Canaries ne contient pas de protéines semblables au gluten, mais la question de savoir si cette graine comporte un risque pour les personnes allergiques au blé n'est pas tranchée.
Santé Canada est d'avis que la graine d'alpiste des Canaries ne comporte pas de risques pour les personnes atteintes de la maladie cœliaque. Cependant, les données présentées ne permettent pas d'exclure la possibilité que la graine en question puisse ne pas convenir aux personnes allergiques au blé. La CDCS est invité à fournir un rationnel à la Direction des Aliments si elle voudrait éliminer la déclaration d'allergénicité dans le futur, si / quand il y aura suffisamment d'évidences accumulées pour supporter cette requête.
10. Étiquetage
Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) se partagent les responsabilités à l'égard des exigences d'étiquetage des aliments. Santé Canada est responsable de l'élaboration de politiques et de l'établissement de normes fondées sur la santé en vertu de la Loi sur les aliments et drogues et de son Règlement d'application, alors que l'ACIA veille à l'exécution de ces mesures. De plus, l'ACIA administre et applique les aspects de la Loi sur les aliments et drogues et de la Loi sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation qui font en sorte que l'étiquette soit compréhensible, véridique et non trompeuse.
Les données présentées sur l'allergénicité indiquent que les graines d'alpiste des Canaries glabres (brunes ou jaunes) sont sans gluten, mais la question de savoir si la graine d'alpiste des Canaries comporte un risque pour les personnes sensibles au blé n'est pas tranchée. Par conséquent, les renseignements visant à communiquer le risque potentiel pour ces personnes, par exemple la mise en garde « Ce produit pourrait ne pas convenir aux personnes allergiques au blé. » doit figurer sur l'emballage des graines d'alpiste des Canaries et des aliments qui en contiennent. Puisqu'en soi, la graine d'alpiste des Canaries ne compte pas parmi les allergènes prioritaires, elle n'est pas soumise à la réglementation plus rigoureuse sur l'étiquetage des aliments dont ils font l'objet et, par conséquent, une déclaration « contient » sur l'étiquette du produit n'est pas requise à son endroit. La graine d'alpiste des Canaries doit figurer dans la liste des ingrédients sur l'étiquette de tous les aliments préemballés qui en contiennent, comme l'exige la réglementation générale sur l'étiquetage.
Conclusion
L'examen réalisé par Santé Canada des renseignements présentés au soutien du recours aux cultivars glabres des graines d'alpiste des Canaries de couleur brune ou jaune en tant que grains céréaliers destinés à la consommation humaine a permis de conclure qu'ils ne suscitent pas de préoccupations en matière d'innocuité des aliments pour la population générale. Afin de prévenir le risque éventuel pour les personnes sensibles au blé que comportent les graines d'alpiste des Canaries, une déclaration au sujet du risque en question doit figurer sur l'étiquette des produits qui en contiennent. Toutefois, il relève de la responsabilité du fabricant de veiller à ce que ses produits commercialisés soient en tout temps conformes à toutes les exigences légales et réglementaires.
Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis sur les produits visés de la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.
Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :
Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
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