Information sur les aliments nouveaux : Huile d’algue à haute teneur en acide oléique issue de la souche S8695B de Prototheca moriformis
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- Contexte
- 1. Introduction
- 2. Mise au point du microorganisme modifié
- 3. Caractérisation du microorganisme modifié
- 4. Renseignements sur le produit
- 5. Exposition alimentaire
- 6. Nutrition
- 7. Microbiologie
- 8. Chimie et toxicologie
- Conclusion
Contexte
Santé Canada a avisé Corbion Biotech, Inc. qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation alimentaire d'huile d'algue à haute teneur en acide oléique (HAHTAO) issue de la souche S8695B de Prototheca moriformis génétiquement modifiée. Le Ministère a effectué une évaluation exhaustive de l'HAHTAO conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur des principes reconnus à l'échelle internationale pour établir l'innocuité des aliments à caractères nouveaux.
Le texte qui suit résume l'avis remis par Corbion Biotech Inc. ainsi que l'évaluation réalisée par Santé Canada. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.
1. Introduction
Corbion Biotech Inc. a mis au point une HAHTAO dérivée d'une souche génétiquement modifiée de Prototheca moriformis, S8695B à l'aide de techniques de recombinaison de l'ADN. Cette huile HAHTAO contient 80 % d'acide oléique et devrait remplacer une partie des graisses et huiles alimentaires disponibles sur le marché canadien pour divers aliments classiques qui n'ont pas de norme d'identité. Des modifications génétiques ont été apportées à la souche S8695B de P. moriformis pour obtenir une composition d'huile désirée riche en acide oléique [C18:1(n-9)] et faible en gras saturés. Santé Canada a déjà approuvé deux HAHTAO de Corbion Biotech Inc. qui ont été produites par les souches S2532 et S6697 de P. moriformis génétiquement modifiées (avril 2017). Le Ministère a aussi déjà approuvé d'autres produits issus d'algues comme la farine et les protéines d'algues entières.
L'évaluation de l'innocuité effectuée par les évaluateurs scientifiques de la Direction des aliments a été réalisée conformément aux Lignes directrices pour l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces lignes directrices sont fondées sur les efforts d'harmonisation avec d'autres organismes de réglementation et reflètent l'orientation internationale dans ce domaine (p. ex. Codex Alimentarius). L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la façon dont l'HAHTAO a été mise au point, la comparaison de sa composition et de sa qualité nutritionnelle avec celles des huiles classiques et la possibilité que cette HAHTAO soit toxique ou cause des réactions allergiques. Corbion Biotech Inc. a fourni des données qui démontrent que l'innocuité et la qualité nutritionnelle de l'HAHTAO sont semblables à celles des autres huiles utilisées comme aliments au Canada.
En vertu du titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues, la Direction des aliments est responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux. Les aliments contenant de l'HAHTAO sont considérés comme des aliments nouveaux selon la partie suivante de la définition des aliments nouveaux :
« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :
(iii) présente un ou plusieurs caractères qui ne se trouvent plus dans les limites prévues pour ce végétal, cet animal ou ce micro-organisme ».
2. Mise au point du microorganisme modifié
La souche de production S8695B de P. moriformis est dérivée de la souche parentale de type sauvage S376 qui a été purifiée par clonage de la souche originale de P. moriformis de type sauvage. Les HAHTAO issues des souches S2532 et S6697 précédemment évaluées ont également été produites à partir de la même souche mère S376. La mutagénèse classique et des modifications génétiques ont été effectuées pour obtenir la composition d'huile souhaitée. Des renseignements ont été fournis au sujet des méthodes utilisées pour mettre au point l'HAHTAO. L'évaluation de l'HAHTAO issue de la souche S8695B de P. moriformis n'a soulevé aucune préoccupation en matière de sécurité concernant la méthode de mise au point.
3. Caractérisation du microorganisme modifié
La caractérisation moléculaire de la souche S8695B a indiqué que la cassette d'expression n° 1 s'intégrait de façon stable dans l'allèle 1 du site ciblé. Deux copies de chaque transgène étaient présentes dans la cassette d'expression intégrée en raison de la duplication de gènes. L'organisation du transgène a été analysée à l'aide du transfert de Southern, qui n'a révélé aucun réarrangement. Le transfert de Southern a également confirmé la présence d'une copie du gène marqueur, comme prévu.
La caractérisation moléculaire a indiqué que la cassette d'expression n° 2 s'intégrait de façon stable dans l'allèle 1 du site ciblé de la souche S8695B. Le transfert de Southern a confirmé l'intégration hors cible supplémentaire de la cassette d'expression n° 2. Le transfert de Southern a également montré qu'il y avait au moins 12 copies de la structure en épingle à cheveux de l'ARN dans la souche S8695B, dont certaines se trouvaient dans des sites d'intégration hors cible.
La caractérisation moléculaire a indiqué que la cassette d'expression n° 3 était intégrée hors cible. Le transfert de Southern a confirmé la présence des transgènes introduits par la cassette d'expression n° 3 dans la souche S8695B. Il a été démontré que la souche S8695B était phénotypiquement stable sur 68 générations dans des milieux non sélectifs. Le transfert de Southern a aussi démonté la stabilité génotypique des transgènes S8695B sur les mêmes 68 générations.
Étant donné que le produit final est une huile hautement raffinée qui sera dépourvue de toute protéine, il n'y avait aucune raison de s'attendre à ce qu'une nouvelle protéine hypothétique soit présente dans le produit final d'HAHTAO.
4. Renseignements sur le produit
L'HAHTAO est produite au moyen d'une fermentation axénique par lots dans des conditions stériles dans une installation conforme aux bonnes pratiques de fabrication (BPF) actuelles. Tout au long du processus de fermentation, le pH, la température, les taux d'agitation et d'aération sont contrôlés. Les banques de cellules sont préparées pour vérifier et déterminer la nature axénique des cultures utilisées dans la fermentation. Après la fermentation, le bouillon d'algue est inactivé, puis transformé et purifié, après quoi la biomasse séchée est traitée pour libérer l'huile brute. L'huile brute est ensuite hautement raffinée à l'aide des étapes de raffinage utilisées pour produire l'huile comestible standard, notamment le dégazage, le blanchiment et la désodorisation. Les résultats de la PCR quantitative en temps réel de l'HAHTAO issue de la souche S8695B ont indiqué l'absence d'ADN endogène ou transgénique de P. moriformis dans les huiles finales.
5. Exposition alimentaire
L'huile d'algue devrait remplacer une partie des graisses et huiles alimentaires disponibles sur le marché canadien pour divers aliments classiques qui n'ont pas de norme d'identité. On a fourni des estimations de la consommation en supposant que l'huile d'algue déclarée serait utilisée dans tous les aliments auxquels on a proposé d'ajouter l'HAHTAO (c.-à-d. la substitution complète de l'huile d'olive, de canola, de maïs et d'autres huiles végétales). Ces estimations ont été jugées suffisamment prudentes aux fins de la présente évaluation. On ne s'attend pas à ce que cette utilisation modifie la consommation globale de ces aliments dans la population générale.
Les données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2004 ont été utilisées afin d'indiquer les apports quotidiens estimés (AQE) d'HAHTAO pour les personnes qui consomment des aliments des groupes sélectionnés pour l'ajout d'HAHTAO. Lorsque les données de l'ESCC ont été utilisées, la moyenne et le 90e percentile de la consommation d'HAHTAO ont été estimés à 5,96 et à 10,57 g/jour respectivementpour toutes les populations (selon l'âge et le sexe). Parmi tous les groupes de référence, on a estimé que les jeunes hommes de 14 à 18 ans présentaient les apports les plus élevés avec une moyenne et un 90e percentile de 9,41 et de 17,37 g/jour respectivement. En fonction du poids corporel, les enfants de 4 à 8 ans ont la dose moyenne la plus élevée avec 260,2 mg/kg p.c. par jour et les enfants de 1 à 2 ans ont la dose la plus élevée au 90e percentile de 449,2 mg/kg p.c. par jour.
De plus, une deuxième exposition par voie alimentaire a été fournie à l'aide des données de la National Health and Nutrition Examination Survey (2011-2012) selon des profils d'absorption modifiés (quantité et fréquence) et des niveaux d'utilisation plus élevés d'HAHTAO dans les produits alimentaires ciblés. Pour cette exposition par voie alimentaire, la moyenne estimée et le 90e percentile de la consommation d'HAHTAO étaient de 12 et de 27,5 g/jour environ, respectivement. Dans tous les cas, on a considéré comme plus réaliste que le niveau maximal soit atteint dans seulement 10 % des produits. Par conséquent, si l'on utilise l'exposition par voie alimentaire à des niveaux d'ajout plus élevés, une moyenne plus réaliste et le 90e percentile des AQE seraient de 1,2 g/jour et de 2,8 g/jour environ, respectivement. Bien que toutes les catégories d'aliments aient été utilisées pour le calcul, l'HAHTAO déclarée serait ajoutée uniquement aux aliments pour lesquels il n'existe pas de norme d'identité.
6. Nutrition
La composition nutritionnelle de l'HAHTAO issue de la souche S8695B a été examinée. Les propriétés physiques et chimiques ainsi que la composition en acides gras de trois lots d'HAHTAO ont été fournies. La composition en acides gras des HAHTAO a été analysée par chromatographie en phase gazeuse de l'ester éthylique d'acide gras au moyen d'un détecteur à ionisation de flamme. La méthodologie a été examinée et jugée acceptable.
L'analyse de la composition a montré que tous les acides gras détectés dans l'HAHTAO issue de la souche S8695B ont également été trouvés dans l'HAHTAO issue des souches S2532 et S6697 précédemment examinées et acceptées. L'acide gras prédominant, cis-monoinsaturé n-9 est l'acide oléique dont la concentration moyenne est d'environ 93 %. Les acides gras cis-monoinsaturés n-9 peuvent être synthétisés par l'organisme et ne confèrent aucun avantage connu indépendant pour la santé. Aucune valeur d'apports nutritionnels de référence n'a été établie pour les acides gras cis-monoinsaturés.
Les deuxième et troisième acides gras les plus abondants sont l'acide stéarique et l'acide palmitique. Ces acides gras saturés (AGS) ont été décelés à des concentrations de 1,32 % et de 1,30 %, respectivement. Aucun besoin moyen estimatif (BME) ni apport suffisant (AS) n'a été établi pour les AGS, comme elles ne sont pas essentielles et ne joueraient pas de rôle dans la prévention des maladies chroniques. Les apports d'AGS devraient être réduits au minimum en raison d'une tendance linéaire positive entre l'absorption d'AGS et les taux de cholestérol à lipoprotéines de faible densité (LDL) ainsi que d'un risque accru de maladie coronarienne. Les niveaux d'acide palmitique et d'acide stéarique dans l'HAHTAO sont semblables ou inférieurs à ceux de l'huile d'olive, de canola ou de soja. Par conséquent, le niveau d'AGS décelé dans l'HAHTAO ne pose pas de problème nutritionnel.
Dans l'ensemble, les acides gras oléiques, palmitiques et stéariques représentent environ 95 % des acides gras présents dans les HAHTAO. D'autres acides gras analysés, dont les acides gras essentiels linoléiques (LA) et les acides alpha-linoléniques (AAL), ont été détectés à des concentrations inférieures à 1 %. L'acide érucique, une substance toxique potentielle, n'a pas été détectée dans les échantillons analysés. Les présentations précédentes sur l'HAHTAO issue de P. moriformis ont montré que tous les acides gras trouvés dans l'HAHTAO sont courants dans de nombreuses huiles et graisses et devraient donc être digérés par les mêmes processus physiologiques normaux que ceux par lesquels les autres huiles végétales courantes dans l'alimentation humaine sont digérées et utilisées.
Les concentrations de tocophérols de l'HAHTAO issue de la souche S8695B n'ont pas été fournies. D'après les résultats publiés de Szabo et coll. (2014), l'HAHTAO issue de la souche S2532 de P. moriformis ne contient pas d'α-tocophérol et ne contribue donc pas à l'apport en vitamine E. Des résultats semblables sont attendus dans la présentation actuelle de sorte que l'HAHTAO issue de la souche S8695B ne contribuera pas à l'apport en vitamine E.
L'information sur les niveaux d'antinutriments n'a pas été fournie. Dans les présentations précédentes sur l'HAHTAO issue de P. moriformis, une recherche dans la littérature scientifique a montré qu'aucune étude n'indique que P. moriformis est en mesure de produire des quantités non négligeables des antinutriments les plus courants que l'on trouve dans les aliments, c'est-à-dire les phytates, les tanins, les inhibiteurs de la protéase, l'oxalate de calcium et les lectines. De plus, les antinutriments ne sont généralement pas un sujet de préoccupation pour l'huile purifiée ou raffinée car certaines étapes de traitement (p. ex. traitement thermique et dégazage) sont efficaces contre les antinutriments. Par conséquent, on s'attend à ce que l'HAHTAO issue de la souche S8695B ne contienne pas non plus d'antinutriments.
L'HAHTAO est presque exclusivement sous forme de triglycérides (≥ 95 %) et contient de petites quantités de diglycérides (< 5 %) et des traces de monoglycérides (< 0,5 %). On a déclaré les valeurs des acides gras libres, des insaponifiables, du peroxyde et de la p-anisidine présents dans l'HAHTAO. Comme il n'y a pas de norme dans le Codex pour l'huile de microalgues, ces valeurs ont été comparées à celles ddes autres types d'huiles d'algues. Les valeurs de l'anisidine, des acides gras libres, du peroxyde et des insaponifiables présents dans l'HAHTAO sont conformes aux spécifications de l'ADH (acide docosahexanoïque) de l'huile d'algue issue de Schizochytrium sp. et du DHA de l'huile d'algue issue de Crypthecodinium sp., telles que publiées par le Food Chemical Codex 10, ainsi qu'aux spécifications de l'anisidine, du peroxyde et des insaponifiables pour l'huile issue de Crypthecodinium cohnii et l'huile issue de Schizochytrium sp., telles que publiées dans The United States Pharmacopeia (2016). Par conséquent, l'HAHTAO est semblable aux autres huiles d'algue en ce qui concerne ces spécifications.
Comme il a été mentionné précédemment, l'acide linoléique (AL) et l'acide alpha-linolénique (AAL) sont présents à de faibles concentrations dans l'HAHTAO. Le remplacement alimentaire d'huiles végétales contenant des concentrations plus élevées d'AL et d'ALA par des HAHTAO pourrait entraîner une diminution de l'absorption de ces acides gras essentiels dans la population canadienne. Cependant, il est peu probable qu'il y ait un changement important de l'apport d'AL et d'AAL étant donné l'AQE très prudente de 1,2 et de 2,8 g d'HAHTAO par jour, respectivement, pour la moyenne et le 90e percentile dans toutes les populations.
Dans l'ensemble, la composition de l'HAHTAO ne présente aucun danger nutritionnel et sa qualité alimentaire est comparable aux autres huiles végétales. Sur la base de l'information fournie, l'utilisation de l'HAHTAO comme aliment ne pose aucun problème d'innocuité nutritionnelle
7. Microbiologie
En avril 2017, Santé Canada a approuvé deux HAHTAO issues des souches S2532 et S6697 de P. moriformis génétiquement modifiées.La souche hôte P. moriformis (nom actuellement accepté : Prototheca zopfii W. Krüger) est une microalgue eucaryote de la même famille que le genre Chlorella. Les espèces de Prototheca sont omniprésente dans l'environnement et ont été isolées du sol, des matières végétales en décomposition, des eaux usées, de l'eau ainsi que dans des liquides muqueux humains et animaux. Des microalgues comme Chlorella vulgaris et Chlorella pyrenoidosa sont utilisées comme sources d'aliments et d'ingrédients alimentaires.
L'HAHTAO est produite selon un processus très rigoureux et conforme aux bonnes pratiques de fabrication (BPF) actuelles afin d'éviter et de prévenir la contamination microbienne. Cela comprend des traitements à très haute température pendant sa transformation (blanchiment, désodorisation, etc.). Les huiles raffinées ne contiennent pas l'eau et l'humidité nécessaires à la croissance microbienne. L'HAHTAO contient moins de 0,1 % d'humidité, ce qui est semblable à d'autres huiles alimentaires raffinées. Au cours du processus de raffinage, des échantillons d'huile sont incubés pendant cinq jours afin de vérifier l'absence de cellules viables.
Le P. moriformis sauvage n'est pas connu pour produire des composés antimicrobiens d'importance clinique. Le séquençage du génome entier n'a pas indiqué la présence de gènes entièrement fonctionnels codant des composés antimicrobiens ou des gènes de résistance aux antimicrobiens.
Il n'y a aucune préoccupation microbiologique concernant l'utilisation alimentaire de l'HAHTAO issue de la souche S8695B de P. moriformis.
8. Chimie et toxicologie
Une évaluation de l'innocuité de l'HAHTAO issue de la souche S8695B de P. moriformis a été effectuée pour s'assurer que l'huile ne présente aucun danger chimique ou toxicologique.
Les spécifications de l'huile finale et les résultats d'analyse ont été fournis pour le plomb, l'arsenic, le mercure, le cadmium, le phosphore et le soufre, qui étaient fondés sur l'analyse de trois lots d'HAHTAO. L'ajout de l'HAHTAO comme ingrédient dans les aliments indiqués et aux niveaux d'utilisation proposés ne devrait pas augmenter de façon significative l'exposition alimentaire totale des Canadiens à ces oligo-éléments.
L'HAHTAO a été analysée pour un large éventail de phycotoxines potentiellement préoccupantes pour la santé humaine, notamment celles pour lesquelles le Canada a fixé des concentrations maximales (CM), ainsi qu'un certain nombre de composés pour lesquels il n'existait pas suffisamment de données sur la toxicité pour une évaluation quantitative au moment de la présente évaluation. Aucune analyse n'a détecté des toxines au-delà de leurs limites de détection (LD) respectives, qui ont été jugées raisonnablement sensibles. De plus, P. moriformis ne fait pas partie des types d'algues connues pour produire l'une des neuf classes de biotoxines marines qui ont été analysées. D'après les estimations de l'exposition fondées sur l'hypothèse prudente selon laquelle ces phycotoxines étaient présentes à des concentrations égales à leurs LD respectives, elles ne poseraient pas de problème de sécurité pour les consommateurs. De plus, les études toxicologiques fournies ne font état d'aucun effet nocif laissant croire à la présence de phycotoxines dans l'HAHTAO à des concentrations qui pourraient poser un risque pour la sécurité. Par conséquent, il est peu probable que la consommation d'HAHTAO provenant d'aliments aux niveaux d'utilisation indiqués pose un problème d'innocuité chimique (presence de phycotoxine) pour les consommateurs.
Des certificats d'analyse ont été fournis pour un certain nombre de mycotoxines et de biphényles polychlorés (BPC) dans les matières auxiliaires utilisées pour extraire l'huile de la biomasse algaire. Étant donné qu'aucun de ces contaminants n'a été décelé dans ces matières auxiliaires au-dessus de leurs LD respectives, les LD ont été jugées suffisamment basses et comme les matières auxiliaires sont entièrement retirées après leur utilisation dans le processus de fabrication et qu'elles ne sont pas présentes dans l'huile finale, on ne s'attend pas à ce l'utilisation de matières auxiliaires pour la séparation de l'huile dans la production d'HAHTAO entraîne une exposition aux contaminants préoccupante pour la santé humaine.
De nombreuses substances sont utilisées pendant la fabrication de l'HAHTAO. L'acceptabilité de l'utilisation particulière de substances à des fins technologiques dans la fabrication de l'HAHTAO est distincte de l'acceptabilité de l'huile en soi. En vertu des dispositions applicables sur les additifs alimentaires, le fabricant est responsable de l'utilisation de tout additif (comme les antioxydants) dans l'HAHTAO. De façon plus générale, il incombe au fabricant de s'assurer que l'utilisation de toute substance dans la fabrication de l'HAHTAO ne constitue pas une infraction à l'article 4 de la Loi sur les aliments et drogues.
L'innocuité de l'HAHTAO issue de la souche S8695B a été évaluée afin de déterminer la toxicité potentielle du produit final. Tous les essais de toxicité ont été effectués conformément aux bonnes pratiques cliniques et aux lignes directrices de l'OCDE.
Tel que décrit précédemment, l'huile d'algue issue de la souche S8695B a été évaluée pour la présence de plusieurs toxines algaires connues (p. ex. toxines amnésiques des mollusques, les toxines paralysantes des mollusques, les toxines diarrhéiques des mollusques, les toxines neurotoxiques des mollusques, les toxines cyanobactériennes et le phéophorbide A). Aucune toxine algaire n'a été détectée dans l'huile d'algue selon la chromatographie liquide à haut rendement avec détection par spectrométrie de masse en tandem ou les épreuves d'immuno-absorption enzymatique (plage de LD : 0,005-0,15 μg/g d'huile).
La souche S8695B de P. moriformis diffère des souches S2532 et S6697 précédemment évaluées par Santé Canada. Les mutations classiques induites et les différences génétiques artificiellement crées dans la souche S8695B n'ont pas été jugées préoccupantes sur le plan toxicologique. Cette conclusion a été tirée parce que l'huile finale issue de la souche S8695B est dépourvue de protéines et qu'on ne s'attend pas à ce qu'elle contienne de petits ARN interférents en quantités pertinentes sur le plan biologique. Sur cette base, on pourrait établir des liens entre les données toxicologiques des huiles d'algue.
En l'absence d'antécédents d'exposition sécuritaire à des aliments contenant de l'HAHTAO, une étude de toxicité subchronique (90 jours) par voie orale a été réalisée chez des rats. Des groupes d'animaux (10 animaux/sexe/groupe) ont reçu de l'huile d'algue issue de la souche S2532 à une concentration alimentaire constante de 25 000, de 50 000 ou de 100 000 ppm dans l'alimentation (équivalant à 1366, à 2658 et à 5200 mg/kg p.c. par jour chez les mâles et à 1624, à 3183 et à 6419 mg/kg p.c. par jour chez les femelles, respectivement). Les groupes témoins ont reçu un régime de base contenant des niveaux semblables de gras alimentaire provenant de l'huile de soja. Compte tenu de l'absence de toxicité liée au traitement, la dose sans effet nocif observé (DSENO) était de 5 200 mg/kg p.c. par jour, la dose la plus élevée mise à l'essai testée chez les mâles.
Il a été démontré que l'huile d'algue issue de la souche S2532 n'était pas mutagène dans une épreuve de mutation inverse bactérienne (Ames) ou clastogène dans un test in vivo d'aberration chromosomique de la moelle osseuse de mammifères lorsqu'administrée par injection à une souris pour une image par résonance magnétique. Dans les conditions d'essai, les données probantes indiquent que les huiles d'algue issues de P. moriformis ne sont pas génotoxiques.
Sur le plan du poids corporel, les jeunes enfants (1 à 3 ans) sont les plus grands consommateurs d'aliments qui pourraient contenir des HAHTAO. Le 90e percentile des consommateurs de cette sous-population pourrait être exposé à 449,2 mg/kg p.c. par jour, soit environ 11 fois moins que la DSENO signalée dans l'étude de toxicité subchronique (90 jours) par voie orale.
Étant donné que l'huile d'algue est composée de lipides dont la composition est semblable à celle des autres huiles comestibles assimilés par l'organisme, la marge d'exposition est jugée suffisante du point de vue de l'innocuité. De plus, l'allergénicité potentielle du produit final d'HAHTAO issue de la souche S8695B a été évaluée. On ne s'attend pas à ce que l'HAHTAO issue de la souche S8695B contienne des allergènes connus car elle est très raffinée et ne contient pas de quantités mesurables de protéines (méthode de combustion de l'azote; LD : < 0,1 %). D'après les données probantes fournies, on ne s'attend pas à ce que l'HAHTAO issue de la souche S8695B pose un problème d'allergénicité.
D'après les données probantes fournies, on ne s'attend pas à ce que l'HAHTAO issue de la souche S8695B pose un problème d'innocuité toxicologique.
Conclusion
L'examen par Santé Canada des renseignements présentés à l'appui de l'utilisation alimentaire de l'huile d'algue à haute teneur en acide oléique issue de la souche S869B ne soulève pas de préoccupations liées à l'innocuité des aliments. De l'avis de Santé Canada, les aliments contenant de l'HAHTAO issue de la souche S8695B de P. moriformis ne comportent pas davantage de danger et sont tout aussi nutritifs que les aliments contenant d'autres huiles utilisées au Canada.
L'avis de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation alimentaire de l'HAHTAO issue de la souche S8695B de P. moriformis.
Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis concernant le produit en question fourni par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'examen exhaustif des renseignements soumis par le demandeur conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.
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Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, PL2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
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