Antisémitisme au Canada
Contexte
Le Canada compte la quatrième communauté juive en importance au monde, soit plus de 390 000 personnes. Plus de huit Juifs canadiens sur dix se disent de descendance ashkénaze (Europe occidentale et Europe de l’Est), et un sur dix, de descendance sépharade ou mizrachi (Europe du Sud et Moyen-Orient).
L’antisémitisme subsiste au Canada et se manifeste des manières suivantes :
- vandalisme et graffitis;
- diffusion de propagande haineuse;
- langage intolérant et raciste dans des endroits comme Twitter, dans les sections de commentaires, les forums sur le Web et les blogues;
- alertes à la bombe dans des écoles et des centres communautaires juifs;
- intimidation d’étudiants universitaires juifs;
- recours au mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) pour délégitimer l’État d’Israël.
Le Canada est membre de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH) depuis 2009. L’AIMH est une organisation intergouvernementale qui se consacre à la lutte contre l’antisémitisme et à la promotion de l’éducation, de la mémoire et de la recherche relatives à l’Holocauste. En mai 2012, un conseil consultatif national a été créé, coprésidé par Mario Silva, Ph. D., et la sénatrice Linda Frum, afin de fournir un soutien et des conseils sur les initiatives nationales pour la durée de l’année de la présidence. Du 5 mars 2013 au 25 février 2014, M. Silva a en effet présidé l’AIMH au nom du Canada.
En mars 2018, la Loi sur le Mois du patrimoine juif canadien a été adoptée afin de reconnaître les contributions importantes de la communauté juive canadienne et de déclarer le mois de mai « Mois du patrimoine juif canadien ».
Le 7 novembre 2018, le premier ministre a présenté des excuses officielles à la Chambre des communes pour le sort des passagers du MS Saint Louis. Il a présenté ses excuses pour la politique d’immigration antisémite « Aucun, c’est déjà trop » qui a mené à l’incident. Il a aussi offert ses excuses aux Juifs qui ont été emprisonnés à tort pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction, Ahmed Shaheed, a publié un rapport sur l’antisémitisme [document PDF] en 2019. En ce qui a trait au Canada, il a remarqué avec inquiétude l’hostilité accrue sur les campus à l’encontre des étudiants juifs, et des organisations étudiantes juives (paragraphe 23), les incidents de crimes de haine (paragraphe 28), les propos antisémites sur les plateformes de médias sociaux (paragraphe 36), et l’adoption du projet de loi no 21 par le gouvernement du Québec (paragraphe 45).
La pandémie COVID-19 est devenue un vecteur de propagande antisémite et antisioniste. On accuse les Juifs et Israël d’être à l’origine du virus ou d’en tirer profit. En avril 2020, le rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction a lancé un appel à l’action pour lutter contre l’antisémitisme lié à la COVID-19.
La récente escalade de la violence au Moyen-Orient a donné lieu à une vague correspondante d’antisémitisme au Canada et dans le monde entier.
Données et preuves
Les données sur les crimes haineux déclarés par la police indiquent qu’il y a eu 608 crimes haineux ciblant la religion en mai 2021. De ce nombre, 296 étaient des incidents ciblant la population juive, ce qui représente une diminution de 20 % par rapport aux 372 incidents signalés en 2018. Ces chiffres ont légèrement augmenté en 2020, passant de 306 à 321. Les crimes contre les Canadiens noirs et juifs restent les plus fréquents avec des taux de 26 % et 13 %, respectivement. Les Canadiens juifs et musulmans sont « les cibles les plus fréquentes » de crimes contre des communautés religieuses, avec des taux respectifs de 62 % et 16 %.
En 2021, l’audit annuel des incidents antisémites de B'nai Brith [en anglais seulement] a révélé, pour une sixième année consécutive, une augmentation des crimes de haine antisémites. Les incidents ont augmenté de 7,2 %, pour un total de 2 799 crimes de haine et incidents antisémites combinés. L’audit montre la généralisation, la normalisation et la légitimation croissantes de l’antisémitisme.
Initiatives gouvernementales actuelles
Le Canada a adopté la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH) en 2019 dans le cadre de Construire une fondation pour le changement : Stratégie canadienne de lutte contre le racisme 2019-2022.
Depuis 2019, le gouvernement du Canada a investi près de 100 millions de dollars dans le cadre de la Stratégie canadienne de lutte contre le racisme, dont 70 millions pour soutenir les organisations communautaires de tout le Canada qui s’occupent des questions de lutte contre le racisme et de multiculturalisme.
Le Secrétariat fédéral de lutte contre le racisme (SLCR) utilise la définition de l’antisémitisme comme base de ses consultations auprès des communautés juives et de son travail de lutte contre l’antisémitisme. Par exemple, le SLCR mentionne la définition dans ses déclarations publiques et l’utilise dans ses communications publiques. À ce jour, le SLRC a organisé huit assemblées publiques axées sur la communauté, dont une avec des communautés juives.
En novembre 2020, le premier ministre a nommé l’honorable Irwin Cotler comme envoyé spécial du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme. Le renforcement de la mise en œuvre par le Canada de la définition de l’antisémitisme de l’AIMH est un élément central de son mandat.
Le 8 avril 2021, l’envoyé spécial Cotler était le conférencier principal d’une activité organisée conjointement par le SLCR et le Conseil de recherches en sciences humaines intitulé Lutter contre l’antisémitisme : les racines, les impacts et la nécessité de passer à l’action.
Le 12 mai 2021, l’envoyé spécial Cotler a pris la parole lors d’une réunion du Réseau fédéral-provincial-territorial des fonctionnaires responsables du multiculturalisme, de l’inclusion et de la lutte contre le racisme (RFPTFRMILR) pour faire connaître la définition de l’antisémitisme de l’AIMH et discuter de l’enseignement sur l’Holocauste.
Le 21 juillet 2021, la ministre Chagger et l’envoyé spécial Irwin Cotler ont convoqué le Sommet national sur l’antisémitisme afin de trouver les moyens par lesquels les organisations, les communautés, les particuliers et le gouvernement fédéral peuvent travailler ensemble pour accroître la sensibilisation du public, améliorer la sécurité des communautés, combattre la désinformation et la haine en ligne, et établir les nouvelles mesures nécessaires pour combattre l’antisémitisme.
En octobre 2021, le premier ministre, l’envoyé spécial Cotler et une délégation hybride en ligne et en personne ont participé au Forum international de Malmö sur la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme – Remember-ReAct. Le Canada s’est joint à d’autres pays pour dévoiler une série de « promesses nationales » qui seront mises en œuvre sous la présidence suédoise de l’AIMH.
En novembre 2021, le premier ministre a renouvelé le mandat de l’envoyé spécial Cotler comme envoyé spécial du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, et l’a nommé conseiller spécial du premier ministre sur l’antisémitisme.
Le 26 mai 2022, l’envoyé spécial Cotler a assisté et participé à l’activité intitulée Reconnaître et contrer la distorsion et le déni de l’Holocauste, qui a été organisée par le Secrétariat fédéral de lutte contre le racisme à l’occasion du tout premier Mois du patrimoine juif canadien.
En juin 2022, le Canada a envoyé une délégation à Stockholm, en Suède, pour participer à la première réunion plénière en personne depuis le début de la pandémie de COVID-19. Dans ce cadre, le Canada a annoncé qu’il allait doubler sa contribution annuelle à l’AIMH.
Dans le Budget de 2022, le gouvernement s’est engagé à verser 5,6 millions de dollars sur cinq ans, dont 1,2 million de façon continue pour soutenir l’envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme.
De plus, dans le Budget de 2022, on propose de fournir 20 millions de dollars en 2022-2023 au ministère du Patrimoine canadien pour soutenir la construction du nouveau Musée de l’Holocauste à Montréal; et d’investir 2,5 millions de dollars dans le Sarah and Chaim Neuberger Holocaust Education Centre, comme cela a été approuvé dans le cadre du Fonds du Canada pour les espaces culturels et le Programme d’aide aux musées. Un soutien supplémentaire sera accordé au Jewish Community Centre of Greater Vancouver.
Stratégie de lutte contre le racisme – Financement sous forme de subventions et de contributions
Dans le cadre de la Stratégie de lutte contre le racisme, 30 millions de dollars en financement communautaire sont versés par Patrimoine canadien dans le cadre de deux programmes de subventions et de contributions : Soutien aux communautés, au multiculturalisme et à la lutte contre le racisme (SCMLCR) et un nouveau Programme d’action contre le racisme (PALR).
Le PALR a pour but d’aider à lever les obstacles à l’emploi, à la justice et à la participation sociale des peuples autochtones, des communautés racisées et des minorités religieuses. La priorité est accordée au financement de projets qui ciblent la haine en ligne ou favorisent la littératie numérique.
Le volet « Sensibiliser et changer les attitudes » de la Stratégie de lutte contre le racisme prévoit l’attribution de 0,9 million de dollars pour aider Sécurité publique Canada à lutter contre les crimes haineux et la propagande haineuse. Les fonds iront à des aspects comme le signalement, la formation et l’éducation, la sensibilisation du public, les reportages dans les médias, la recherche sur les politiques en ligne, l’établissement et la synthèse d’une base de données probantes, et le soutien de nouveaux programmes.
Désinformation et autres préjudices en ligne
Dans le Budget de 2019, on accordait 19,4 millions de dollars sur 4 ans à l’Initiative pour le citoyen numérique (ICN) afin de contrer la désinformation en ligne, de comprendre l’origine et la propagation de la désinformation en ligne, et de renforcer la capacité des citoyens à y résister. Par l’entremise de divers appels de propositions, les fonds ont été accordés à des projets visant à comprendre l’origine et la propagation de la désinformation en ligne ciblant des communautés précises, y compris les communautés racisées.
Dans le cadre du Fonds d’urgence relatif à la COVID-19 pour soutenir les organismes chargés de la culture, du patrimoine et du sport, un fonds temporaire de 500 millions de dollars du gouvernement du Canada, le gouvernement a investi 4,5 millions de dollars, par le biais du Programme de contributions en matière de citoyenneté numérique (PCCN), dans des activités telles que la formation, les activités de sensibilisation et les outils pour aider les Canadiens à évaluer de façon critique le contenu en ligne. Ces activités comprenaient des campagnes de sensibilisation à la désinformation en ligne liée à la COVID-19 visant les communautés chinoises du Canada.
Points d’allocution
Bien que le Canada reconnaisse l’impact révolutionnaire et souvent positif d’Internet et des technologies de connexion sur de multiples aspects de l’existence humaine, nous rejetons catégoriquement l’impact négatif de la haine et de la violence en ligne sur les particuliers et les communautés au pays et ailleurs dans le monde.
Si les libertés d’expression et de manifestation sont des piliers essentiels de toutes les démocraties, rien ne peut justifier de tels discours haineux.
Le Canada n’est pas à l’abri de la haine – et nous n’hésiterons pas à aborder les questions difficiles. Nous ne pouvons pas nous le permettre. Nous devons continuer à apprendre si nous voulons progresser.
Malheureusement, l’antisémitisme persiste au Canada sous diverses formes. Bien qu’ils comptent pour moins de 1 % de la population canadienne, les Juifs sont le groupe religieux le plus susceptible d’être la cible de crimes haineux au Canada.
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