Vidéo — Discours d’ouverture du ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, lors du Sommet national sur la culture : L'avenir des arts, de la culture et du patrimoine au Canada – CNA, 3 mai 2022

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Transcription du discours d’ouverture du ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, lors du Sommet national sur la culture : L'avenir des arts, de la culture et du patrimoine au Canada – CNA, 3 mai 2022

Durée de la video : 00:18:17

[♪ Musique – L’image de marque du Sommet national de la culture apparaît à l’écran. Texte à l'écran : Sommet national sur la culture : L'avenir des arts, de la culture et du patrimoine au Canada]

[Traduit de l’anglais] Et maintenant, nous avons le plaisir d'accueillir l'honorable ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez.

Salut tout le monde.

On a réussi à se réunir. Je l’ai dit hier soir, désolé. Et j’ai dit aussi que la pandémie, elle a été « rough ». Elle a été « rough » surtout pour vous, pour le secteur de la culture, et je vous dis un énorme merci d’être là aujourd’hui.

Merci également, Christopher. Merci à toute l’équipe du Centre national des Arts de nous accueillir pour un sommet qui est tellement attendu.

Vous savez, souvent, quand je veux parler de l’importance des arts, de la culture, je dis : « Imaginez une journée sans art, sans culture, une seule journée. » Là, je le sais que je prêche à des convertis, mais pensez-y, faites le jeu. Juste une journée sans art, sans culture. Pas de livre, pas de journaux, pas de magazines. Pas de films, ni à la télévision ni sur nos tablettes. Pas de sorties au musée, pas de théâtre, pas de bibliothèque, pas de musique, rien.

Ça serait plate, oui? Ça serait vraiment plate. Mais ça ne serait pas juste plate. Ça serait triste. Triste et froid.

Et ça ne serait pas nous. Ça ne serait pas humain, ça ne serait pas nous. Parce que notre culture, c’est justement nous. C’est nos histoires. C’est nos chansons. C’est notre passé, notre présent, notre avenir et la façon dont on se parle entre nous. Et c’est comme ça aussi qu’on comprend le monde qui nous entoure.

Et si la culture me tient autant à cœur, entre autres, c’est à cause un peu de mon histoire personnelle. Vous savez quand je suis arrivé au Canada avec ma famille ‒ on est des réfugiés politiques qui viennent de l’Argentine ‒ je ne parlais ni anglais ni français. Il y en a qui me disent encore que j’ai encore du travail à faire. Je parlais juste l’espagnol. Mais c’est à travers la culture, à travers la musique, à travers les films, les livres, la télévision que j’ai appris la langue, que je me suis intégré à notre société, que je suis tombé en amour avec notre pays.

[Traduit de l’anglais] Alors, mes amis, laissez-moi vous confier un petit secret. Mais ne le dites pas à personne, OK, c’est juste entre nous. Après les dernières élections, j’ai dit au premier ministre que je voulais revenir au patrimoine. Il a dit : « Ah oui? » Oui, j’ai dit oui! Il a dit : « Vraiment? » Oui! OK. Et il a demandé « Pourquoi? » OK, ça ne s’est pas passé exactement comme ça, mais il m’a vraiment demandé pourquoi. J’ai dit parce que c’est le meilleur travail au Canada. Je veux y retourner parce que j’ai à cœur la culture. Parce que je me soucie des engagements qu’on a pris dans notre programme électoral. Notre engagement à moderniser et à augmenter le financement du Fonds des médias et de Téléfilm. Nos engagements à soutenir nos artistes, nos créateurs. Et nous respecterons ces engagements.

[Traduit de l’anglais] Je me soucie des arts. Je me soucie de notre culture. Je me soucie du patrimoine. Et je me soucie des histoires canadiennes, comme vous tous. Mais la façon dont on trouve et on partage nos histoires est en train de changer. Notre monde change. Il change et il continue de changer. Vous allez me dire « c’est un cliché ». Oui. Mais c’est vrai. La révolution numérique change nos vies. Et ça change certainement notre façon de créer et de consommer la culture. Vous êtes les mieux placés pour en parler. Mieux que quiconque. Et c’est de ça que je veux vraiment parler avec vous aujourd’hui. Ce matin.

[Traduit de l’anglais] Alors, comment toutes les formes de culture peuvent-elles s’épanouir dans cette révolution numérique? On va aborder beaucoup de sujets tout au long du sommet, mais je veux prendre un petit moment ici pour en parler, parce que la technologie est en train de transformer la façon dont vous faites ce que vous faites. Et pendant que vous êtes au beau milieu du changement et que vous essayez de suivre le rythme et de vous adapter, vous êtes aussi au cœur de possibilités absolument incroyables. Pensez-y un instant. Au début de la pandémie, vous avez été les premiers à apprendre à faire les choses autrement. Vous avez été les premiers. Et en ayant comme règle de nous rassembler et de raconter nos histoires, c’est exactement ce que vous avez fait pendant la pandémie. Chaque jour, vous avez trouvé des façons d’utiliser les plateformes et la technologie numérique pour présenter votre travail et raconter nos histoires. Vous avez aussi trouvé des façons de donner accès à vos collections, à vos expositions et à vos spectacles à des publics de partout au pays, de partout dans le monde!

[Traduit de l’anglais] Je sais qu’il y a de véritables défis à relever et que la transition au mode virtuel n’a pas forcément été facile. Elle a été coûteuse et difficile, mais vous l’avez fait et vous avez réussi à nous rassembler à un moment où on devait garder nos distances. C’est presque un miracle. C’est vraiment incroyable, ce que vous avez été capables de faire. Maintenant, la question est de savoir comment on peut continuer à profiter de cette révolution numérique tout en protégeant notre culture. N’oublions pas que la force de la culture canadienne, ce n’est pas le fruit du hasard. On l’a voulu. On a décidé d’être différents. On a choisi d’être différents de nos voisins du sud. On a choisi une souveraineté culturelle. On a pris cette décision. On a fait ce choix-là avec la Commission Massey il y a 70 ans, et encore il y a 50 ans avec la Loi sur la radiodiffusion. On est à un tournant de cette révolution numérique et on doit agir. Parce que ce qui se passe en ligne influence ce qui se passe partout ailleurs : sur nos scènes, à nos festivals, dans nos musées, dans nos bibliothèques publiques, dans les rues, dans les communautés ici au Canada et dans le monde entier.

Alors, si on nous demande si on veut défendre notre culture pour qu’elle s’épanouisse ou si on va juste laisser faire, bien la réponse est évidente. On ne laissera jamais faire. On va toujours protéger notre culture.

[Traduit de l’anglais] Alors, revenons juste un petit peu en arrière. Revenons en arrière, comme on le faisait avec nos cassettes, à l’époque.

Avec la croissance d’Internet et les innovations des années 1990, 2000, c’est toute notre vie, c’est notre société qui s’est ouverte, qui a changé. Ça a été un changement profond et le potentiel de connectivité et de productivité, de croissance, bien, il est devenu exponentiel. Alors, rappelons-nous comment à l’époque, quand tout ça arrivait et continuait d’arriver, on s’est dit, Internet, ça va générer des opportunités incroyables pour notre économie, pour notre démocratie, pour notre créativité, pour nous connecter. Et tout ça est vrai. Tout ça est arrivé. Alors on avait raison, Internet donne toutes ces opportunités-là. Mais la révolution numérique amène aussi un paquet de défis. Et la pandémie a accéléré cette transition numérique.

Alors, plus que jamais, on voit des campagnes de désinformation. On voit tous les jours de l’injustice, de la haine en ligne, une société parfois trop polarisée, la chute de la confiance du public envers nos institutions.

Donc, encore là, encore une fois, on a un choix. On a le choix de ne rien faire ou agir. Agir en mettant nos valeurs, nos valeurs qui sont si importantes pour nous, au cœur de nos décisions.

Alors, la solidarité, l’équité, la justice sociale, la responsabilité, la compassion, là, c’est des valeurs fondamentales pour nous et pour chacun d’entre nous. Et c’est ces valeurs-là qui guident nos trois projets de loi qui viennent appuyer notre culture à l’ère numérique, tout en protégeant les Canadiens. Et vous connaissez ces projets de loi.

Le premier, très connu, C-11, le projet de Loi sur la diffusion continue en ligne, pour que les plateformes contribuent à la création et à la diffusion d’œuvres canadiennes. Vous avez C-18, particulièrement important en cette Journée de la liberté de la presse, la Loi sur les nouvelles en ligne pour que les plateformes qui utilisent les nouvelles de nos médias partagent leurs revenus avec eux. C’est simplement une question de justice et d’équité. Et il y a notre futur projet de loi sur lequel on travaille actuellement, sur la sécurité en ligne, pour avoir des espaces sécuritaires et respectueux, tout en respectant, et ça c’est très important, tout en respectant évidemment la liberté d’expression. Et on veut aussi modifier la Loi sur le droit d’auteur pour mieux épauler nos éditeurs de livres éducatifs. Ça, c’est quelque chose d’extrêmement important pour nous, également.

[Traduit de l’anglais] Au bout du compte, on veut que la législation fonctionne ensemble pour rendre Internet plus juste, plus inclusif, plus concurrentiel et plus sûr pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Est-ce qu’on a toutes les réponses? Non, absolument pas. C’est pour ça qu’on doit avoir un débat réfléchi et constructif. Un débat qu’on va avoir, parmi toutes nos discussions des prochains jours. Et la liberté d’expression, c’est crucial. C’est au cœur de tout ce qu’on fait. On va accueillir toutes les idées qui nous rapprochent d’un monde numérique juste et inclusif. Alors, on doit réunir tous ces éléments-là.

[Traduit de l’anglais] Un peu plus tôt, je disais que la solidarité, l’équité, la responsabilité, la compassion sont au cœur de nos décisions : les décisions qui vont influer sur notre avenir. Encore une fois, on a le choix. On peut s’en remettre aux plateformes, et je dis (inaudible) cela très respectueusement et aux plateformes numériques mondiales, ou on peut les mettre au défi d’être meilleurs, plus responsables envers l’intérêt public, envers nous en tant que citoyens et en tant que société. Le pouvoir des plateformes est énorme. Et ce pouvoir énorme s’accompagne d’une responsabilité énorme. Maintenant, si nos expériences en ligne sont largement régies par ces géants de la technologie, ne devraient-ils pas être tenus à un certain niveau de surveillance et de responsabilité publique? Je pense que la question est légitime.

[Traduit de l’anglais] Facebook, Twitter, Instagram nous ont aidés à soutenir des causes importantes comme « Idle No More », « Me too » ou « Black Lives Matter ». Dans la foulée des attaques de la Russie en Ukraine, des plateformes, dont YouTube, ont bloqué les chaînes comme RT. On s’entend pour dire qu’il s’agit de mesures progressives. Mais que se passe-t-il si une plateforme prend une décision ou une série de décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt public sous l’influence des personnes qui la contrôlent, que ce soit intentionnel ou non? Que se passe-t-il? C’est une question que l’ancien président Barack Obama a récemment abordée au Cyber Policy Centre de l’Université de Stanford. Obama dit, et je cite : « Comme toute autre industrie qui a une incidence importante sur notre société, ces grandes plateformes doivent être soumises à un certain niveau de surveillance et de réglementation publique. » Obama est convaincu qu’on peut préserver ce pouvoir de transformation et cette promesse d’un Internet ouvert si on atténue, au moins, ses pires inconvénients. Et enfin, il a déclaré que les plateformes doivent trouver la bonne combinaison de réglementation et de normes industrielles qui rendront la démocratie plus forte.

[Traduit de l’anglais] Eh bien, je pense qu’on est tous d’accord avec le président Obama sur ce point, beaucoup d’autres choses aussi (inaudible), mais absolument sur celui-ci. À l’heure actuelle, les plateformes fonctionnent selon leurs programmes règles. Or, on peut décider de les tenir plus responsables en mettant en place un cadre qui sert l’intérêt public. On n’invente rien ici, c’est basé sur nos valeurs et sur un choix qu’on a fait il y a plus de 50 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, le CRTC fait un gros travail en matière de politique culturelle en s’assurant que les Canadiens ont accès à du contenu diversifié sur différentes plateformes. Et en réglementant plus de 2 000 radiodiffuseurs, y compris pour la télévision et la radio. Il le fait. Mais en 2022, notre système devrait tenir compte de la diffusion en continu en ligne. Il le doit.

Et les entreprises comme Netflix, Amazon Prime, Disney investissent déjà dans l’économie, ils investissent beaucoup, puis on adore ça.

[Traduit de l’anglais] Les gars, continuez à investir, on adore ça.

Mais on aimerait ça qu’on en fasse un petit peu plus ensemble. Tu sais, on aime ça qu’ils choisissent de réaliser leurs projets ici au Canada, puis ils le font. Ils le font pour plusieurs raisons. Mais une des raisons, c’est parce qu’on a des talents incroyables ici, chez nous, parce que, dans bien des cas, on est parmi les meilleurs au monde.

Alors, je l’ai dit tantôt, je pense qu’en travaillant ensemble on peut en faire un peu plus ensemble pour notre secteur culturel canadien. Mais pour ça, bien ça prend des règles équitables pour tout le monde. Et c’est une des premières choses que j’ai dites lorsque j’ai été nommé ministre la première fois en 2018. Et je le dis encore aujourd’hui. Il y a une règle de base : si vous profitez du système, vous devez contribuer au système. Point.

[Traduit de l’anglais] J’ai entendu des préoccupations au sujet de la modernisation du cadre de radiodiffusion. Sur le CRTC, entre autres, mais ça pourrait s’appliquer à d’autres institutions. Certains soutiennent que le CRTC n’est pas à l’écoute des consommateurs et des créateurs, qu’il n’a ni l’expertise ni les ressources nécessaires pour composer avec les nouvelles lois. En gros, ils avancent que le CRTC ne saisit pas bien comment Internet fonctionne, et je comprends parfaitement ces préoccupations-là. J’en suis conscient et, en toute honnêteté, le gouvernement et la technologie n’ont pas toujours fait bon ménage. Vraiment pas. Mais n’oublions pas que le CRTC soutient la culture canadienne depuis longtemps et qu’il compte plusieurs belles réalisations à son actif. Maintenant, on entre en territoire inconnu. C’est un territoire nouveau pour nous, ici au Canada, mais aussi dans le monde entier. Un territoire nouveau pour nous. Mais le CRTC a plus d’expertise que quiconque dans ce domaine et on va travailler avec lui pour qu’il ait tout ce qu’il faut pour agir. Qu’il obtienne toutes les ressources dont il peut avoir besoin. On veut avoir un organisme de réglementation moderne. C’est au sommet de nos priorités.

[Traduit de l’anglais] Le moment est venu, je dirais, de moderniser notre institution culturelle, de moderniser le secteur afin qu’il soit ouvert aux nouvelles idées et aux nouvelles façons de faire. Et je veux être clair, ça comprend la modernisation du contenu canadien. Beaucoup de travail nous attend, nous tous, ensemble.

J’ai beaucoup parlé aujourd’hui du rôle de la technologie, mais évidemment ce n’est pas la seule chose qu’on va discuter au cours des prochains jours. Il y a tant d’autres choses fondamentales à discuter. On va parler de l’expérience culturelle canadienne, celle qu’offrent nos orchestres, nos théâtres, nos opéras, nos musées, nos bibliothèques, nos festivals. C’est cette expérience-là qui donne de la valeur à nos vies. C’est cette expérience-là qui nous donne cette joie de vivre, cette beauté de la vie.

[Traduit de l’anglais] J’ai très hâte d’entendre le point de vue de chacun d’entre vous durant le sommet. On va devoir répondre à des questions fondamentales. Par exemple, comment est-ce qu’on peut prendre de l’expansion et rester compétitifs à long terme? Comment ramener les spectateurs et en attirer de nouveaux? Comment positionner les secteurs pour qu’ils reflètent les changements sociaux?

Comment est-ce qu’on peut faire rayonner notre culture à l’international et aussi comment est-ce que nos institutions (inaudible), comme les musées, les galeries d’art, peuvent continuer à nourrir notre curiosité et être à l’avant-garde du progrès.

Alors, moi je veux entendre tout le monde. Je veux entendre votre vision pour nos arts, pour notre culture, notre patrimoine.

[Traduit de l’anglais] Et je reste ici, mes amis, je ne vais nulle part. J’ai dit à mon patron que je n’irai pas au Parlement, donc il va devoir trouver quelqu’un d’autre pour la période de questions. Moi, je reste ici. Si vous me croisez dans le couloir, venez me voir, c’est toujours un plaisir de vous parler. Je veux parler à chacun et chacune d’entre vous.

[Traduit de l’anglais] Je sais très bien qu’on ne va pas tout résoudre durant le sommet, mais je suis vraiment très content de plonger dans ces conversations-là. Merci beaucoup de votre présence.

Merci beaucoup et bon sommet!

[♪ Musique – L’image de marque du Sommet national de la culture apparaît à l’écran. Texte à l'écran : Sommet national sur la culture : L'avenir des arts, de la culture et du patrimoine au Canada]

[Le mot-symbole Canada apparaît.]

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