La Dre Irma LeVasseur(1877-1964)
Document d'information
À une époque où les portes des universités francophones étaient encore fermées aux femmes, Irma LeVasseur compte parmi ces pionnières qui ont réussi à obtenir un diplôme en médecine et à accéder à l’exercice d’une profession occupée presque exclusivement par des hommes. Elle est considérée comme faisant partie des pionniers de la pédiatrie au Canada et elle compte parmi les rares femmes à avoir embrassé cette toute nouvelle spécialité au tournant du XXe siècle, forte des connaissances à la pointe du progrès qu’elle a pu acquérir dans cette discipline grâce à ses relations avec d’éminents spécialistes internationaux, en particulier aux États-Unis. Elle a été l’instigatrice et la cofondatrice de deux hôpitaux pour enfants, aujourd’hui de renommée mondiale, et elle est à l’origine d’un centre de réadaptation pour enfants handicapés à Québec.
Irma LeVasseur naît à Québec dans une famille d’artistes où la mère est une cantatrice reconnue de par le monde et le père, un journaliste aux multiples talents. Elle n’est pas pour autant à l’abri des épreuves, cependant, puisque son jeune frère décède en 1881, que sa mère quitte la famille en 1887 et que son frère aîné accuse une déficience légère qui l’empêche de fréquenter une école régulière. Blessée par tous ces malheurs, dès son jeune âge elle décide de devenir médecin, afin de soigner les enfants malades ou handicapés. Après de brillantes études à Québec, elle s’exile aux États-Unis à 17 ans, pour faire ses études en médecine. À l’époque, les femmes n’étaient pas admises dans les facultés de médecine des universités francophones canadiennes. De retour au Canada après l’obtention de son diplôme et deux ans de résidence auprès d’un couple de pédiatres américains de grande réputation, elle n’est pas au bout de ses peines puisqu’elle doit faire une requête à l’Assemblée législative pour avoir le droit de pratiquer la médecine au Québec. Elle s’installe alors à Montréal, où elle œuvre à la Crèche de la Miséricorde. Consternée par les hauts taux de mortalité des enfants en milieu urbain et par leurs multiples problèmes de santé, elle se rend en Europe de 1905 à 1907, afin de parfaire sa formation de pédiatre, une discipline toute nouvelle en ce début du XXe siècle.
À son retour au pays, en 1907, la Dre LeVasseur a trente ans et une formation de pédiatre à la fine pointe des connaissances dans le domaine, tant en Amérique qu’en Europe. Dès son retour à Montréal, elle projette de fonder un hôpital francophone pour enfants malades. Elle en fait part à un groupe de femmes engagées socialement, dont Justine Lacoste-Beaubien qui prend en charge le projet. En novembre 1907, le Refuge des petits malades ouvre ses portes; il deviendra l’hôpital Sainte-Justine, une institution de renommée mondiale aujourd’hui. L’année suivante, Irma LeVasseur quitte de nouveau le pays, d’abord pour la ville de New York, puis elle se rend en Serbie, en 1915, où elle travaille comme volontaire pendant la guerre. Elle revient au Québec en 1919 et s’installe dans sa ville natale, toujours préoccupée de la santé des enfants. En 1923, elle ouvre un dispensaire pour enfants dans sa maison, qui sera à l’origine de l’hôpital de l’Enfant-Jésus, une autre institution de grande réputation internationale. Elle caresse aussi l’idée de fonder à Québec une institution pour la réadaptation des enfants handicapés, mais ce n’est qu’en 1935 que ce rêve deviendra réalité.
Irma LeVasseur a exercé sa profession pendant quelque cinquante ans, mais elle est morte un peu oubliée de tous, même si elle avait oeuvré toute sa vie pour le bien-être des enfants malades et handicapés, et lutté ardemment pour le droit des femmes à exercer la médecine.
Commission des lieux et monuments historiques du Canada
Créée en 1919, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, en étroite collaboration avec Parcs Canada, conseille la ministre de l’Environnement et du Changement climatique quant à l'importance historique nationale des lieux, des personnages et des événements qui ont marqué l’histoire du Canada. L’installation d’une plaque commémorative symbolise la reconnaissance officielle de la valeur patrimoniale de l’entité visée. Elle permet de faire connaître au public toute la richesse de notre patrimoine culturel, que nous avons le devoir de préserver pour les générations présentes et futures.
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