Le théâtre Outremont

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Le théâtre Outremont s’avère un remarquable exemple d’un cinéma de luxe de la fin des années 1920, grâce à son architecture extérieure de style Art déco et à la richesse de son décor intérieur où se mêlent les influences du courant atmosphérique et du style Art déco. 

 

À l’époque de la construction du théâtre Outremont, en 1928-1929, Montréal est en période de grande croissance et de nouvelles municipalités se créent dans sa périphérie, dont Outremont qui s’affirme bientôt comme le symbole de la bourgeoisie canadienne-française. À cette époque, le cinéma est devenu un véritable divertissement qui touche toutes les couches de la  société. Le long métrage a fait son apparition et les salles deviennent de plus en plus grandes, confortables et luxueuses. C’est l’ère des grands palaces, qui peuvent contenir jusqu’à 3000 places, et des cinémas de luxe qui en comptent de 1000 à 2000. Entre 1915 et 1930, une vingtaine de ces derniers sont construits dans les nouveaux quartiers de Montréal et dans les banlieues en voie d’urbanisation. Au début, les bâtiments demeurent très près de la tradition théâtrale mais, à partir de 1925, ils évoluent beaucoup plus en fonction de la représentation cinématographique, même si on y présente aussi des spectacles de variétés.

 

Situé rue Bernard, au cœur d’Outremont, là où le secteur résidentiel s’allie au secteur commercial, le théâtre Outremont est inauguré le 4 octobre 1929, pour le réseau « Confederation Amusements ». Les plans sont de l’architecte René Charbonneau et le décor intérieur est l’œuvre du peintre décorateur Emmanuel Briffa. De forme rectangulaire (39,62 mètres de longueur sur 26,82 de profondeur et 16,15 de hauteur), le théâtre est constitué de deux volumes distincts qui correspondent à des fonctions différentes et qui témoignent des nouvelles théories issues de l’architecture de l’époque. La partie avant de l’édifice, qui est de pierre artificielle de teinte presque blanche, comporte nombre d’éléments stylisés qui rappellent l’influence de l’Art déco : bandeaux ciselés, frises décoratives, pilastres cannelés et médaillons. Elle abrite le hall d’entrée, la billetterie, des boutiques et, à l’étage, les loges et les bureaux. La seconde partie de l’édifice, beaucoup plus grande et de brique jaune, est ornée de grands rectangles verticaux, également d’inspiration Art déco, où paraissent de minuscules ouvertures. Elle regroupe les foyers principal et secondaire, la salle de spectacle avec son parterre et son balcon, la salle de projection et la scène.

 

Le riche décor intérieur reflète tant l’influence de l’Art déco que celle de la tradition atmosphérique, fort prisée à la fin des années 1920. L’arche rectangulaire de la scène est ornée de motifs végétaux dorés et argentés, surmontés d’une frise où des fleurs et des personnages stylisés se succèdent en alternance. La portion inférieure des murs est très sobre, mais la portion supérieure comporte une ornementation beaucoup plus raffinée avec, toujours en alternance, des pilastres cannelés, des fenêtres aveugles et des panneaux rectangulaires ornés de motifs stylisés où dominent le doré et l’argenté, le tout traduisant fort bien le style Art déco. Au-dessus de ces motifs, on trouve des fresques champêtres, dans des tons pastel, qui rendent compte du courant atmosphérique, un courant visant à donner aux spectateurs l’impression d’être à l’extérieur dans un cadre champêtre. Le plafond, composé de solives ornées de motifs stylisés et de caissons en voûte de couleur argent, dénote également l’influence Art déco.      

 

De 1929 à 1987, l’année de sa fermeture, le théâtre Outremont a conservé sa vocation cinématographique et il a d’ailleurs connu une très grande notoriété en tant que cinéma de répertoire de 1971 à 1987. Rénové puis rouvert en 2001, il offre à la population tout un éventail de spectacles dans le domaine des arts de la scène ainsi qu’une programmation cinématographique de grande qualité. Au fil des ans, son architecture soignée et sa décoration intérieure raffinée ont toujours témoigné de ce qu’étaient les cinémas de luxe à la fin des années 1920.


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