Lucille Clifton ('Wii Nii Puun) (1876-1962)
Document d'information
Comme chef des Laxsgiik (clan de l’Aigle), Lucille Clifton illustre de façon remarquable le rôle séculaire joué par les femmes de haut rang de la Première Nation Gitga’at (Tsimshian). La bande Gitga’at de Hartley Bay appartient à l’une des 14 Premières Nations du peuple tsimshian, plus vaste, occupant la pointe nord‑ouest de la Colombie‑Britannique, près de la frontière de l’Alaska. Les Gitga’at possèdent un territoire d’environ 7 500 kilomètres carrés de terres et d’eau. Leur société matrilinéaire compte trois clans à Hartley Bay : ceux de l’Épaulard, de l’Aigle et du Corbeau. Leur descendance se fonde sur le clan de la mère, de même que le nom, la richesse et le statut social de leurs membres.
À titre de matriarche des Laxsgiik de Hartley Bay, Clifton détenait le plus haut rang dans le clan. Ses principales responsabilités consistaient à gérer le territoire de la maison (un groupe familial matrilinéaire constituant l’unité politique et foncière fondamentale), à assurer la subsistance de ses membres et à s’acquitter des responsabilités sociales et rituelles de la maison au sein du clan, mais également vis-à-vis des autres maisons des Gitga’at.
Pendant près d’un demi-siècle à partir de 1890 environ, Clifton a été chef des Gitga’at et a aidé son peuple à traverser une période de changement considérable et traumatique. Dans les années 1880, la culture avait disparu sur presque tout le territoire tsimshian. L’adoption du christianisme et les lois du gouvernement avaient bouleversé les liens anciens des peuples avec les sociétés secrètes et le chamanisme, grandement affecté la connaissance de la langue et rendu illégales des cérémonies et fêtes comme le potlatch, qui nourrissaient le tissu social et encadraient les relations au sein de la collectivité. Beaucoup de terres avaient été empiétées par la colonisation européenne et le phénomène s’était accentué avec la création de réserves. D’importants secteurs de ressources traditionnelles étaient devenus inaccessibles aux Gitga’at, ce qui avait modifié leur relation avec la terre.
À l’époque où les Gitga’at de Hartley Bay subissaient d’importants bouleversements culturels, Clifton, également connue sous le nom de ‘Wii Nii Puun, était l’une des rares à détenir encore le savoir traditionnel. Elle a su reconnaître la valeur intrinsèque que revêtait la diffusion de ce savoir pour l’avenir de son peuple. Clifton a consacré sa vie à transmettre des pratiques culturelles comme les protocoles sociaux et les rituels cérémoniels, ainsi que ses compétences modernes et traditionnelles en matière de santé, notamment la sage‑femmerie. Elle était particulièrement réputée pour sa connaissance des plantes terrestres et marines, qu’elle savait récolter et transformer pour nourrir et soigner ou encore fabriquer des objets d’usage courant. Ses enseignements ont contribué à endiguer le déclin culturel des Gitga’at et son peuple reconnaît aujourd’hui le rôle de premier plan qu’elle a joué dans la préservation de son autonomie et de son identité.
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