Varsovie, Pologne, le jeudi 23 octobre 2014
Sous réserve de modifications
Merci de votre accueil chaleureux. C’est un honneur pour moi d’avoir été invité à prendre la parole dans l’enceinte de ce remarquable établissement d’enseignement supérieur.
Permettez-moi de commencer en vous transmettant les salutations et les bons souhaits de tous les Canadiens.
À titre de gouverneur général, je suis appelé à représenter le Canada à l’étranger dans le cadre de visites d’État comme celle-ci en Pologne. Ma femme Sharon et moi-même avons le grand privilège d’être accompagnés par une délégation de Canadiens talentueux et de différents horizons.
Bien que nous soyons à peine arrivés à Varsovie, nous pouvons déjà constater le grand sens de l’hospitalité et le caractère accueillant du peuple polonais.
J’attendais cette visite avec impatience. J’avais hâte de rencontrer des Polonais de tous les horizons, de découvrir l’histoire et la culture pleines de richesse de votre pays et d’en apprendre davantage sur le dynamisme et le potentiel de la Pologne contemporaine.
J’espérais avant tout pouvoir consolider l’amitié qui existe entre le Canada et la Pologne et explorer de nouvelles possibilités de partenariat.
Je vois dans cette salle un merveilleux potentiel. Beaucoup d’entre vous sont des étudiants et de jeunes gens, de sorte que vous exercerez un rôle de premier plan dans les décisions et l’avenir de votre pays.
En vérité, vous êtes déjà nombreux à jouer un rôle d’initiative, sous une forme ou une autre. Si les étudiants et les chercheurs sont à l’origine d’un si grand nombre de changements dans notre monde, c’est parce qu’ils ont l’énergie, les aspirations et les idées pour les provoquer.
Aujourd’hui, j’aimerais parler de trois grands thèmes en général.
Premièrement, je glisserai un mot des relations étroites qui unissent déjà le Canada et la Pologne.
Deuxièmement, je vous parlerai de l’un des points forts particuliers du Canada – en l’occurrence sa diversité et son multiculturalisme – et de la raison pour laquelle il s’agit de l’une des contributions les plus importantes de notre pays au reste du monde.
Troisièmement, j’expliquerai pourquoi la capacité des Canadiens et des Polonais à travailler et à apprendre ensemble peut favoriser notre réussite commune au cours des prochaines années.
Permettez-moi de commencer en vous citant un fait intéressant sur les liens existants entre le Canada et la Pologne.
Saviez-vous que près d’un million de Canadiens sont d’ascendance polonaise?
Il s’agit d’un nombre non négligeable, notamment du fait que le Canada compte un peu plus de 35 millions d’habitants seulement.
L’importante communauté polonaise au Canada représente un atout pour nos deux pays. Elle élargit nos perspectives et nous rallie autour d’une cause commune et de notre amitié.
Les résultats de ces liens étroits sont manifestes tout au long de notre histoire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, nos soldats ont lutté côte à côte en Normandie et en Italie, et des aviateurs canadiens ont perdu la vie en ravitaillant les résistants pendant l’Insurrection de Varsovie.
Dans les années 1980, les Canadiens ont été inspirés par les efforts du mouvement Solidarité. La chanson The Partisan du poète et musicien canadien Leonard Cohen a d’ailleurs servi d’hymne officieux au mouvement durant la sombre période de la loi martiale.
Les Canadiens ont apporté un soutien politique, humanitaire et économique à la Pologne pendant sa transition vers la démocratie, et ils ont célébré avec vous le 25e anniversaire du retour de la liberté.
Aujourd’hui, nos deux pays collaborent au sein de forums multilatéraux, comme les Nations Unies, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l’OTAN, et ils travaillent ensemble pour renforcer la démocratie, la prospérité et la primauté du droit. De plus, nos rapports politiques, commerciaux et en éducation continuent de s’intensifier.
Les relations entre nos deux pays offrent une multitude d’autres possibilités, mais c’est à nous d’en tirer parti. Je suis persuadé que nos pays ont beaucoup à s’apporter et que chacun a énormément à apprendre de l’autre.
Cela m’amène à mon deuxième thème : ce qui, selon moi, constitue la contribution la plus importante du Canada au reste du monde.
Il s’agit de notre attachement à la diversité et au multiculturalisme.
J’aimerais vous parler d’un autre fait intéressant.
Saviez-vous qu’il y a un peu plus de 40 ans, le Canada est devenu le premier pays à adopter une politique officielle sur le multiculturalisme?
Quelle est l’incidence pratique de cette politique?
Elle encourage les gens aux origines et ethnicités diversifiées à préserver leur héritage culturel, tout en s’intégrant et en participant activement à la société canadienne.
Cela signifie qu’il est possible d’être un Canadien polonais et de puiser dans les riches traditions des deux nationalités, sans avoir à choisir entre elles.
Le multiculturalisme est possible au Canada, car la diversité est un des piliers de notre identité nationale et une source d’immense fierté pour notre pays. Environ 80 p. 100 des immigrants au Canada en deviennent citoyens et de nombreuses langues du monde entier, voire la plupart, se parlent dans les villes canadiennes.
Il s’agit d’un avantage de taille pour le Canada sur la scène mondiale, qui fait de notre pays un partenaire privilégié pour les autres pays du monde. Chaque langue nous offre un autre moyen de se connaître et chaque culture, un autre moyen de se sentir chez soi, aussi bien au Canada qu’ailleurs dans le monde.
Dans un monde globalisé, où les gens, les marchandises et l’information circulent constamment, le succès du Canada en tant que pays multiculturel donne au monde une lueur d’espoir.
Permettez-moi de reprendre les mots de la Commission royale sur les peuples autochtones du Canada, qui expriment bien mon espoir de voir s’instaurer un monde sous le signe de la tolérance et de la diversité :
« Le Canada est le terrain d’essai d’une noble idée – l’idée selon laquelle des peuples différents peuvent partager des terres, des ressources, des pouvoirs et des rêves tout en respectant leurs différences. L’histoire du Canada est celle de beaucoup de ces peuples qui, après bien des tentatives et des échecs, s’efforcent encore de vivre côte à côte dans la paix et l’harmonie. »
Je vous pose la question : y a-t-il un meilleur moyen de vivre ensemble, dans la paix et la prospérité sur cette planète?
Cela m’amène à mon troisième et dernier thème aujourd’hui, qui vise à faire ressortir la possibilité, pour nos deux pays, de renforcer leur amitié et leur collaboration, et cela de manière mutuellement bénéfique.
Comme nous nous trouvons à l’École des sciences économiques de Varsovie, permettez-moi de vous parler surtout des possibilités dans les domaines de l’éducation et de l’innovation.
Renforcé par de solides établissements d’enseignement, une infrastructure de pointe et une main-d’œuvre très qualifiée, le Canada est un chef de file en science, technologie et innovation.
Vous en voulez des exemples? La découverte de l’insuline, l’invention du stimulateur cardiaque et la création du langage informatique Java sont autant de découvertes et d’innovations canadiennes.
Des Canadiens ont aussi mis au point le bras robotique de la navette spatiale ainsi que le téléphone intelligent BlackBerry. Les Polonais se déplacent dans des jets Q400 et, à Cracovie, dans des tramways construits par Bombardier, une entreprise canadienne située à Montréal. Six pays exploitent actuellement des réacteurs CANDU.
Les Canadiens travaillent aussi d’arrache-pied à la mise au point de technologies vertes pour atténuer les effets des changements climatiques et pour améliorer la qualité de l’air et de l’eau. Ce sont là des secteurs où le Canada possède une solide expérience. Nous avons, par exemple, adopté le système de certification LEED pour les bâtiments écologiques, et nous avons des installations de pointe pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone. Notre industrie de la prévention et du contrôle de la pollution atmosphérique est également réputée pour sa qualité et ses innovations.
Et j’en passe!
L’essentiel de mon propos est que le Canada offre un milieu propice à la recherche et à l’innovation, surtout en raison de l’excellence de ses établissements d’enseignement.
Avant d’avoir été nommé au poste de gouverneur général, j’ai passé de nombreuses années dans le milieu universitaire à titre de professeur et d’administrateur. J’ai eu le grand privilège de côtoyer certains des meilleurs chercheurs et universitaires au monde, et je peux vous garantir personnellement la qualité des travaux réalisés dans les établissements postsecondaires canadiens.
D’importants établissements de recherche, comme le Conseil national de recherches, apportent un soutien à la recherche appliquée, notamment lorsqu’elle met à contribution les entreprises et les universités.
D’autres organismes, comme le Conseil des recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines et les Instituts de recherche en santé du Canada, aident à la poursuite de travaux remarquables. De la recherche particulièrement innovante se poursuit dans les domaines de la santé, de la nanotechnologie, de la biotechnologie, de l’informatique, des technologies environnementales, de l’énergie et des carburants renouvelables, pour ne nommer que ceux-là.
Je constate avec plaisir que des centaines d’étudiants polonais viennent au Canada tous les ans pour y étudier. Et, bien sûr, nous aimerions que vous soyez encore plus nombreux à le faire!
Le Canada incite les étudiants, chercheurs, professeurs et universitaires polonais à envisager le Canada comme destination éventuelle pour étudier et poursuivre des recherches.
De la même manière, nous espérons renforcer la coopération en recherche et développement entre des établissements polonais et canadiens des secteurs public et privé, notamment dans des domaines tels que l’énergie, l’aérospatiale ainsi que les technologies de l’information et des communications.
En tant que gouverneur général, j’encourage souvent les étudiants et chercheurs canadiens à étudier et à travailler à l’étranger. À l’heure actuelle, en Pologne, l’enseignement et l’innovation donnent lieu à des progrès importants, et j’espère que des Canadiens pourront y contribuer et y participer.
En fait, cette école fournit un exemple remarquable de la collaboration en matière d’enseignement entre le Canada et la Pologne. Le programme canadien de maîtrise en administration des affaires pour cadres est une coentreprise entre la Warsaw School of Economics et l’Université du Québec à Montréal. Il s’agit d’un excellent exemple du genre de partenariat novateur dont nous sommes capables.
Un tel échange donne un aperçu du genre de pays avertis et bienveillants que le Canada et la Pologne aspirent à devenir au XXIe siècle. Je suis persuadé que Canadiens et Polonais ont à cœur de bâtir des sociétés exportatrices d’idées, de savoir, de valeurs démocratiques, d’innovations et de talent, qui restent réceptives aux contributions et aux idées venant d’ailleurs.
C’est « la diplomatie du savoir », comme je me plais à l’appeler, qui consiste simplement à mettre en commun l’enseignement et l’innovation, en transcendant les frontières et les disciplines.
D’après mon expérience, un tel échange est crucial pour le progrès dans notre monde contemporain. La collaboration s’avère essentielle, car les découvertes se font rarement en vase clos, comme c’était peut-être le cas il y a une génération à peine. En fait, elles sont plus souvent l’aboutissement d’une collaboration entre des écoles et des établissements de recherche, des entreprises du secteur privé ainsi que des gouvernements, et, de plus en plus, entre pays.
J’ai souvent recours à l’image de la bougie allumée, une image qu’utilisait Thomas Jefferson, lorsque j’évoque l’importance de la collaboration.
La bougie est non seulement un symbole de lumière, mais aussi de transmission du savoir d’une personne, d’une institution ou d’un pays à l’autre. Lorsque vous allumez votre bougie au moyen de ma bougie, celle-ci n’en continue pas moins d’éclairer, et il fait encore plus clair.
Je terminerai sur cette image. Après tout, dans l’univers interconnecté et mondialisé du XXIe siècle, notre bien-être collectif ne sera pas tributaire de simples mesures comme le PIB ou le nombre de milliardaires dont un pays peut se targuer, mais plutôt de notre capacité à permettre au plus grand nombre de citoyens possible de s’épanouir pleinement et de participer activement aux sociétés au sein desquelles ils vivent.
Ce n’est qu’en permettant à ce potentiel de se concrétiser, et en le mobilisant, que nous connaîtrons une véritable prospérité et que nous bâtirons des pays plus avertis et bienveillants, de même que le monde plus juste et équitable dont nous rêvons tous.
Sur ce, je tiens à vous adresser tous mes vœux de succès et je compte sur vous pour nouer des partenariats entre le Canada et la Pologne, et assurer leur prospérité commune.
Merci.