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2007-10
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OTTAWA (27 février 2007) - Une étude financée par les IRSC a permis d'examiner la relation entre la prise d'antidépresseurs et le niveau de consommation d'alcool, afin de déterminer si l'usage d'antidépresseurs avait une incidence sur le lien entre la dépression et la consommation d'alcool. Réalisée par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM), la recherche a démontré que les femmes souffrant de dépression, qu'elles soient traitées ou non par antidépresseurs, consommaient plus d'alcool que les autres femmes. Ces résultats diffèrent considérablement de ceux des hommes. En effet, les hommes déprimés consomment généralement plus d'alcool que les autres hommes, mais ceux qui prennent des antidépresseurs affichent une consommation à peu près égale aux hommes non déprimés.
La Dre Kathryn Graham, chercheuse principale au CTSM, et Agnes Massak, étudiante au doctorat au Département de psychologie de l'Université Western Ontario, ont publié les résultats de leur étude dans le numéro du 27 février 2007 du Journal de l'Association médicale canadienne (JAMC).
« Nos conclusions concordent avec des études cliniques antérieures qui associaient l'usage d'antidépresseurs à une consommation d'alcool modérée chez les hommes souffrant de dépression », a confirmé la Dre Graham. « Mais cette corrélation ne semble pas exister chez les femmes. »
Dans l'ensemble, les personnes déprimées recrutées pour l'enquête (hommes et femmes) consommaient plus d'alcool que les personnes non déprimées. Cependant, les hommes traités par antidépresseurs consommaient considérablement moins d'alcool que les hommes déprimés non traités par antidépresseurs. En effet, les hommes non déprimés avaient pris 436 consommations durant l'année, comparativement à 579 pour les hommes déprimés non traités par antidépresseurs et à 414 pour ceux traités par antidépresseurs.
Malheureusement pour les femmes déprimées, le taux de consommation d'alcool est demeuré élevé, peu importe si elles prenaient ou non des antidépresseurs. Les chiffres sont éloquents : 179 consommations durant l'année pour les femmes non déprimées, contre 235 consommations pour les femmes déprimées non traitées par antidépresseurs et 264 pour les femmes déprimées traitées par antidépresseurs.
« Le fait que le lien entre la prise d'antidépresseurs et le niveau de consommation d'alcool varie entre les hommes et les femmes témoigne de l'importance de tenir compte des différences entre les sexes et de l'influence de la sexospécificité dans le traitement et la prévention de nombreux problèmes de santé », a déclaré la Dre Miriam Stewart, directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC. « Ce genre de recherche, qui fait ressortir des différences marquées entre les sexes, nous fournit d'importantes pistes pour adapter les interventions. »
Les auteures de l'étude disent qu'il faudra approfondir les recherches pour déterminer si cette différence est attribuable aux effets des médicaments ou à d'autres facteurs.
« Nous ignorons si cet écart découle de l'action pharmacologique différente des antidépresseurs sur les femmes et les hommes, de l'existence de variantes de la dépression entre les sexes ou encore de la façon différente de traiter la dépression », a souligné la Dre Graham. « Par exemple, il se peut que les médecins qui prescrivent des antidépresseurs aient tendance à insister davantage auprès des hommes que des femmes sur les dangers de l'alcool. »
L'étude, réalisée auprès de 14 063 résidents canadiens de 18 à 76 ans, a comporté la mesure de la quantité d'alcool consommée, de la fréquence de la consommation, de la dépression et de l'usage des antidépresseurs sur une période d'un an.
Les chercheuses se sont servies des données de l'enquête GENACIS Canada, qui s'inscrit dans un partenariat international sur l'étude de l'influence des facteurs culturels sur les différences entre les sexes en matière d'abus d'alcool et d'autres problèmes connexes. La contribution des IRSC à GENACIS Canada (GENder Alcohol and Culture: an International Study) est de plus de 1,3 million de dollars. L'étude internationale regroupe plus d'une centaine de chercheurs éminents sur le lien entre le sexe et l'abus d'alcool, de plus de 35 pays.
Chaque année, 12 % des Canadiens de 15 à 64 ans sont atteints d'une forme ou l'autre de trouble mental ou d'une dépendance à l'alcool ou à une autre drogue.
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Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) sont l'organisme de recherche en santé du gouvernement du Canada. Leur objectif est de créer de nouvelles connaissances scientifiques et de favoriser leur application en vue d'améliorer la santé, d'offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada. Composés de 13 instituts, les IRSC offrent leadership et soutien à plus de 10 000 chercheurs et stagiaires en santé dans tout le Canada. http://www.irsc-cihr.gc.ca/
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM) est une des principales organisations consacrées à la maladie mentale et à la toxicomanie en Amérique du Nord, ainsi que le plus important hôpital universitaire canadien spécialisé en santé mentale et en toxicomanie. Le CTSM est un centre de collaboration de l'Organisation panaméricaine de la santé et de l'Organisation mondiale de la santé, entièrement rattaché à l'Université de Toronto. Le CTSM répartit son action entre les soins cliniques, la recherche, les politiques, l'éducation et la promotion de la santé pour améliorer la vie des personnes touchées par des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. http://www.camh.net/fr/index.html
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