Le 1er Dépôt « Y » célèbre Noël en 1943

Article de nouvelles / Le 19 décembre 2018

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Article publié par Joanna Calder

En 1943, il y a 75 ans, Noël était très différent pour la plupart des Canadiens et leur famille. La Seconde Guerre mondiale faisait rage depuis plus de quatre ans et entraînait la séparation et la perte d’êtres chers.

Le 1er Dépôt « Y » à Halifax, en Nouvelle-Écosse, servait de lieu d’embarquement aux militaires de la Force aérienne qui se rendaient en Europe, pour participer à la guerre. Le personnel chargé du bulletin du dépôt, « Y’s Cracks », faisait de son mieux pour garder le moral à l’aide de potins, de blagues et de nouvelles concernant la station (dont certaines sembleraient plutôt déplacées dans les Forces armées canadiennes d’aujourd’hui!) L’édition de Noël de 1943 ne faisait pas exception, mais quelques-unes de ses pages rappelaient aussi la réalité sombre de 1943.

Trois aumôniers, le capitaine d’aviation K.G. Sullivan, le commandant d’aviation M.J. McNeil et le capitaine d’aviation D.T.A. Haviland, ont rédigé des textes afin de remonter le moral du personnel du dépôt et de souligner la véritable signification de Noël dans un contexte de tragédie mondiale. Toutefois, la dure réalité n’était jamais bien loin sous la surface, comme l’a écrit le commandant d’aviation McNeil :

Après tant d’années, nous célébrons toujours son anniversaire. Aujourd’hui, nous sommes en guerre. Toutefois, dans nos cœurs, puisse ce Noël être comme le premier, une journée de paix.

Nous vivons des jours difficiles et douloureux. Nos proches à la maison s’ennuient de nous et ressentent le poids de notre époque. Nous sommes tristes. Nous voulons être à la maison, auprès de notre femme, de notre mère et de notre copine : toutes ces choses pour lesquelles nous combattons et dont, pour l’instant, nous sommes privés… Puisse l’année 1944 s’accompagner de réjouissance et vous permettre de retrouver tout ce qui vous est cher.

L’éditorial du bulletin invitait à réfléchir aux Noëls passés et encourageait tout le personnel du dépôt à garder le moral et à penser à la joie et aux Noëls à venir. Voici l’éditorial en question :

C’est Noël, en 1943. C’est le temps de célébrer, de renouveler d’anciennes connaissances et d’en faire de nouvelles.

Mais, l’est-ce vraiment?

Dans le passé, les gens partout dans le monde auraient affiché de grands sourires. Ils auraient tapé le dos de leurs amis, échangé des poignées de mains et exprimé leurs vœux traditionnels. Les enfants se seraient levés à Noël, cherchant leur bas rempli de friandises, de noix et de jouets au pied de leur lit ou accrochés au manteau du foyer. Les gens auraient partagé un déjeuner et maman se serait affairée à terminer les tâches liées au premier repas de la journée. Papa, vêtu du nouveau veston offert par maman, se serait régalé d’un des cigares offerts par les gars au bureau à l’occasion de Noël. Sœur, elle, aurait quitté la table toutes les cinq minutes pour téléphoner aux gens habituels afin de leur exprimer ses vœux, vieux et nouveaux. Petit frère, quant à lui, se serait ennuyé pendant le repas, une activité nécessaire avant que la famille ne se regroupe devant l’arbre de Noël dans le salon.

C’est comme ça que se déroulaient les choses dans le passé.

À quoi ressembleront les Noëls à venir? Seront-ils de tristes rappels des joies que nous avons connues? Espérons que non.

Tout semble indiquer que l’espoir de voir les familles se réunir de nouveau lors du déjeuner de Noël, peut-être pas ce Noël-ci, mais probablement le prochain, se concrétisera. Il se peut que nous fassions preuve d’optimisme ou, si le destin le veut, d’un peu de pessimisme. Mais, sans aucun doute, dans les années à venir, l’esprit de Noël reprendra sa place dans le monde. Il y aura des rires, des vœux, de la dinde et du pouding de Noël. Nous ressentirons la joie et l'emballement grandir jusqu’au 25 décembre, et nous célébrerons l’arrivée du jour de Noël.

Mais, cette année, à Noël, poursuivons tout simplement notre travail.

Ici, au Dépôt « Y », comme dans les stations et les camps des Alliés partout dans le monde, il y aura des gens comme nous qui ne seront pas à la maison cette année pour célébrer Noël. Mais ne nous laissons pas abattre par la situation. Saisissons les plaisirs qui s’offrent à nous ici et prions tous avec ferveur que, à la maison, les gens fêtent Noël comme nous le fêterons ici. Voilà, après tout, une des raisons pour lesquelles nous portons l’uniforme : voir à la survie de ce que nous aimons et de ce qui occupe une aussi grande place dans notre vie.

Profitons de ce Noël en uniforme, mais rappelons-nous que, une fois la guerre terminée, nous célébrerons Noël à la maison. –A.E.N.

Au moment de la publication de l’édition de Noël de « Y’s Cracks », en 1943, l'équipe de rédaction se composait du capitaine d’aviation Carl Keyfetz, du caporal Bob Musk, de l’aviateur-chef Bert Nightingale et de la sergent de section Doris Breen. Le bulletin paraissait tous les mois grâce à l’« aimable permission du commandant, le lieutenant-colonel d’aviation F. Belway, DFC ».

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