Un opérateur radar sauve des centaines de vies en repérant un sous-marin allemand (U-boot)

M 2 Thomas Simpson

DND

Le matelot de 2e classe Thomas Simpson, à droite, reçoit la Médaille du service distingué des mains du feld maréchal britannique Harold Alexander en 1946.

Le sous-marin allemand U-boot 1302, transportant 14 torpilles, est tapi dans le détroit de St. George entre l’Irlande et le Royaume-Uni.

On est en mars 1945 et le sous-marin a déjà coulé trois navires de guerre en trois jours.

Et ce n’est pas fini.

Le matelot de 2e classe (mat 2) Thomas Simpson, 23 ans, est à bord du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) La Hulloise, affecté au Groupe d’escorte 25 avec les NCSM Strathadam et Thetford Mines, dont la tâche consiste à protéger un convoi de 31 navires se rendant d’Halifax en Angleterre.

Même si la bataille de l’Atlantique est presque terminée, les U-boot meurtriers demeurent une menace constante.

En tant que l’un des premiers opérateurs radar de la Marine royale canadienne (MRC), Simpson a joué un rôle essentiel dans la chasse aux U-boot en maintenant les voies de navigation ouvertes et en assurant la sécurité des eaux du Royaume-Uni et du Canada. Dans l’exercice de ses fonctions, il ne devait jamais baisser la garde, car une torpille allemande pouvait à tout moment surgir sans bruit du fond des eaux.

Il est 3 heures du matin le 7 mars quand Simpson capte un contact radar dans le détroit de St. George. Il fait beau et la mer est calme.

Il alerte immédiatement l’officier de quart de La Hulloise, qui reconnaît le contact, mais en fait peu de cas, le prenant pour une bouée de navigation.

Simpson retourne à son poste. Il repère à nouveau le même contact, qui, selon lui, est « à deux plots sur le travers bâbord ». Il présente un second rapport à l’officier de quart, qui le rejette à nouveau, insistant sur le fait qu’il n’est pas possible pour un U-boot d’être aussi près de la côte. Les cartes indiquent clairement qu’une bouée se trouve à cet endroit. L’officier de quart dit alors à Simpson qu’il voit « des farfadets » et qu’il doit poursuivre le ratissage.

Ayant entendu l’altercation verbale depuis sa cabine sous le pont, le capitaine de La Hulloise, le capitaine de corvette John Brock, monte voir quel est le problème. Simpson, craignant que le convoi et les navires d’escorte ne soient en danger imminent, met le capitaine au courant de ses deux rapports sur le contact et du fait que l’officier de quart ne les a pas pris en compte.

Entre-temps, l’opérateur de sonar du navire a lui aussi capté le contact sur le même relèvement.

Brock donne l’ordre de faire demi-tour et se diriger vers la bouée. À une centaine de mètres de celle-ci, le capitaine demande d’allumer le projecteur de 20 pouces pour la repérer dans l’obscurité.

Un périscope et un tuba sont apparus.

« Le sous-marin se cachait à présent le long de la bouée pour ne pas être détecté, et du dioxyde de carbone se dégageait de sa batterie », a expliqué Simpson lors d’un entretien pour le Projet Mémoire.

« À ce moment-là, La Hulloise a tiré des obus éclairants servant à illuminer le ciel nocturne avant de tomber sur la zone où se trouvait le tuba. Le sous-marin a alors compris qu’il était attaqué et a entamé son immersion. Il y a eu une collision entre le navire et le sous-marin, ce qui a précipité une fois pour toutes le sous-marin vers le fond. »

Les deux autres navires d’escorte, les NCSM Strathadam et Thetford Mines, lancent des grenades sous-marines. L’attaque se poursuit pendant un certain temps jusqu’à ce qu’une nappe de pétrole et de débris se forme. Des objets du U-1302 remontent à la surface et des bateaux sont déployés pour récupérer une partie des débris, dont des lettres personnelles et des journaux de bord de la salle des machines.

Les 48 sous-mariniers ont tous péri.

Selon son petit-fils Ronald Simpson, le Mat 2 Simpson a été hanté par ses actions pendant des années.

« Quarante-huit hommes, s’est-il exclamé. Je pense aux souffrances que chacun d’eux a dû endurer à mesure qu’ils manquaient d’air. »

En revanche, il a joué un rôle déterminant dans le sauvetage de centaines de vies cette nuit-là grâce à son sens du devoir qui a mis fin au règne de la terreur du U-boot 1302.

De retour à Liverpool, en Angleterre, Simpson a été convoqué devant le conseil de l’Amirauté et interrogé sur les événements et, plus précisément, sur les mesures qu’il avait prises pendant son quart cette nuit-là.

La MRC a recommandé que M. Simpson reçoive une citation à l’ordre du jour, mais la Royal Navy est allée plus loin. George Simpson, commodore du Commandement des approches occidentales et sous-marinier décoré, a qualifié le rôle de Simpson de « remarquable ».

« La détection du périscope et du tuba a été déterminante pour la réussite de cette attaque. »

Le mat 2 Simpson a reçu la Médaille du service distingué (MSD) pour « son courage, son savoir-faire et son sens du devoir ».

Il fait partie des 114 Canadiens qui ont reçu la MSD pendant la Seconde Guerre mondiale.

Au cours de ses trois années de service en temps de guerre qui ont précédé cette nuit fatidique, Simpson a notamment participé à la bataille du Saint-Laurent et à des convois en Méditerranée et dans l’océan Arctique.

En dépit de son savoir-faire, de sa ténacité et de sa bravoure, Simpson a toujours été très modeste.

« Je n’étais pas le seul, a-t-il précisé. Nous avons fait ce que nous avions à faire en espérant que c’était la bonne chose à faire. »

Il avait également quelques conseils pour les officiers.

« Si vous êtes dans un poste de responsabilité, ne sous-estimez pas le point de vue d’un subordonné. Il peut vous surprendre. »

Après la guerre, Simpson a travaillé comme agent des douanes et de l’immigration à Windsor, en Ontario.

À sa mort, le 28 janvier 2017, à l’âge de 95 ans, « le Canada a perdu l’un des grands hommes d’une génération qui faisait passer le service avant soi », a écrit son petit-fils Ronald dans l’avis de décès de Simpson.

« Brave et courageux, avec un cœur de chêne, Thomas Simpson incarne le citoyen canadien que nous aimerions tous être. »

Sources

http://www.readyayeready.com/biographies/Thomas-Simpson.php

http://www.thememoryproject.com/stories/2066:thomas-j.-simpson/

https://legionmagazine.com/en/2015/09/pips-off-the-port-beam/

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