Le maître-tacticien John Stubbs éperonne un sous-marin allemand avec le NCSM Assiniboine

Par un matin brumeux en août 1942, alors qu’il escortait un convoi, le Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Assiniboine a intercepté le sous-marin allemand U-210 à la surface de l’Atlantique Nord.

D’après un rapport rédigé par le capitaine du navire John Stubbs de l’Assiniboine :

À 11 h 25, un objet s’est pointé à l’horizon [...] L’objet a été rapidement identifié comme étant bel et bien une tourelle de sous-marin, qui a changé de cap en s’éloignant.

Assiniboine et le Navire de Sa Majesté (NSM) Dianthus ont suivi le sous-marin pendant une heure, se rapprochant finalement pour être à portée de tir, lorsqu’une violente fusillade s’est ensuivie.

Le pont du contre-torpilleur était « inondé de balles », mais John Stubbs « n’a jamais quitté le sous-marin des yeux et a donné ses ordres comme s’il parlait à un ami lors d’une fête champêtre... » a déclaré G. N. Tucker, qui a été témoin de l’action.

« C’était un chef-d’œuvre d’habileté tactique. »

Alors que l’incendie faisait rage sur l’Assiniboine, dont la coque était criblée d’obus, le navire a éperonné deux fois le sous-marin allemand U-210, puis l’a coulé au moyen de grenades sous-marines.

Je me suis approché du sous-marin pour l’éperonner à pleine vitesse [...] Il a ouvert le feu de tous ses canons et pendant quelque 35 minutes, l’engagement s’est poursuivi à bout portant, à une distance de 100 à 300 verges. Pendant l’essentiel de l’engagement, nous étions si près que je pouvais distinguer le commandant de bord dans la tourelle du sous-marin qui se penchait pour donner des ordres à la timonerie.

Le Dianthus est sorti du brouillard juste à temps pour voir le sous-marin disparaître sous la surface.

Les cris qu’ont poussés les hommes de nos deux bateaux ont dû faire peur aux sous-marins allemands dans un rayon de dix milles…

Dix prisonniers ont été recueillis par l’Assiniboine, 28 par le Dianthus.

Pour ses actions, John Stubbs a reçu l’Ordre du service distingué.

John Stubbs n’avait pas encore 30 ans, mais déjà sa grâce sous pression était l’une de ses qualités les plus respectées. Il était maître de navire et tacticien de renom, ainsi qu’un leader confiant, qui a rehaussé le moral sur les navires qu’il a commandés.

John Stubbs quitte l’Assiniboine en octobre 1942 et, après un an de service à terre, prend le commandement du NCSM Athabaskan.

Ses connaissances s’avèrent bien adaptées à la rapidité des attaques de nuit en surface : il sera décoré encore une fois de la Croix du service distingué pour sa participation à une bataille où l’Athabaskan et son navire-jumeau, NCSM Haida, jouent un rôle crucial dans le naufrage du contre-torpilleur allemand au large des côtes françaises, le 26 avril 1944.

Trois nuits plus tard, l’Athabaskan et le Haida, sous le commandement de Harry DeWolf, effectuent une patrouille de la Manche lorsqu’ils reçoivent l’ordre d’intercepter deux contre-torpilleurs allemands (survivants de la bataille précédente).

L’Athabaskan est touché par une torpille au cours de la bataille qui s’ensuit.

La torpille fait tellement de dommages que John Stubbs ordonne à son équipage de se préparer à abandonner le navire.

Au petit matin, alors que les ponts de l’Athabaskan sont bondés d’hommes, son magasin est pulvérisé par une énorme explosion.

La plupart des hommes qui se trouvaient à bâbord sont tués. De nombreux autres sont brûlés par la pluie de pétrole qui s’abat sur le pont supérieur. Les survivants plongent dans les eaux glaciales pendant que, derrière eux, leur navire s’enfonce dans la Manche.

Les survivants sont demeurés dans l’eau glacée pendant 30 minutes avant d’être secourus par le Haida, qui avait coulé l’un des contre-torpilleurs allemands.

John Stubbs a refusé d’être secouru parce qu’il voulait aider à retrouver plus de marins.

Même si l’aurore pointait et que les côtes ennemies ne se trouvaient qu’à une distance de cinq milles (8 km), le Haida est resté sur place pendant 18 minutes.

Selon les témoins, John Stubbs aurait crié une mise en garde à Harry DeWolf : « Sauve-toi, Haida, va-t-en! »

Même si Harry DeWolf n’a pas entendu John Stubbs, il savait qu’il s’était attardé suffisamment longtemps : après avoir laissé derrière lui tous ses bateaux et flotteurs, le Haida est retourné à Plymouth avec 42 survivants à son bord. Six autres marins de l’Athabaskan ont réussi à se rendre en Angleterre dans le canot de service du Haida, tandis que 85 autres ont été ramassés par des navires de guerre allemands.

John Stubbs, qui était gravement brûlé, compte au nombre des 128 personnes qui ont péri. Il a été vu pour la dernière fois agrippé à un radeau de sauvetage pneumatique.

Alors que nous soulignons la Semaine des anciens combattants et le jour du Souvenir ce mois-ci, nous rendons hommage à l’héroïsme tranquille et au dévouement désintéressé des marins comme John Stubbs, qui ont fait le sacrifice ultime en tentant de sauver des vies.

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