Le réglage de tension des tableaux – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 10/9
Introduction
La présente Note porte sur les effets potentiels du réglage de la tension sur des tableaux fixés ou agrafés à un châssis. L’expression « réglage de la tension » fait référence à l’action d’agrandir un châssis en enfonçant des clés en bois insérées dans les joints ou en vissant les mécanismes à boulons à extension placés dans les joints. On a souvent recours, à tort, au réglage de tension pour corriger le relâchement ou la déformation d’une toile tendue.
Après l’application de l’apprêt à la colle, de la préparation et des couches picturales sur une toile, il est fortement déconseillé d’utiliser la méthode du réglage de la tension pour traiter le relâchement ou d’autres déformations structurelles du tableau. Si un tableau semble relâché ou tendu (trop serré), cela est dû à l’action, principalement indépendante, de toutes les couches en réponse à des conditions ambiantes médiocres ou fluctuantes. Toutefois, le relâchement peut également être lié à des problèmes structurels précis, comme la rupture des bords de la toile fragiles. Les déformations telles que le gondolage (ondulations) le long du périmètre de la toile, les bosses dans la toile ou les plis d’angle dans les coins constituent des réponses aux mauvaises conditions ambiantes susceptibles de provoquer des mouvements irréguliers dans le tableau. Certaines de ces déformations peuvent également se produire si les agrafes fixant le tableau au châssis sont en nombre insuffisant, s’il y a un rétrécissement des barres du châssis ou si le tableau est trop serré dans son cadre. Le réglage de tension ne corrigera aucun de ces défauts structuraux.
Les effets de l’humidité relative et de la température sur les propriétés mécaniques des peintures sur toile tendue
Propriétés mécaniques
Les peintures sur toile tendue sont composées de divers éléments : le bois (barres du châssis), la toile, l’apprêt à la colle, la préparation (préparation grasse [faite d’huile] ou préparation de craie et de colle), les couches picturales et le vernis. Ces composants ont des propriétés mécaniques bien différentes, qui ne sont pas toutes complémentaires. Les propriétés mécaniques sont liées à la résistance (également appelée « rigidité ») ou à la flexibilité du matériau et à sa réponse élastique ou plastique aux contraintes (Mecklenburg et Tumosa, 1991a). Les propriétés mécaniques dépendent de l’humidité relative (HR) et de la température : plus l’HR et la température sont élevées, plus le matériau est souple; à l’inverse, plus l’HR et la température sont basses, plus le matériau est rigide. Les composants du tableau qui sont flexibles à une HR et à une température élevées, comme l’apprêt à la colle, la préparation et les couches picturales, deviendront fragiles à mesure que l’HR diminue et seront moins aptes à se déformer ou à s’allonger sans se casser.
Propriétés mécaniques de la toile
Les peintures sur toiles tissées en fibres végétales naturelles, comme le lin, le jute et le coton, ont tendance à se relâcher sur leurs supports auxiliaires (châssis à clés ou châssis simples) après avoir été tendues. Cela arrive aux toiles nouvellement tendues et se poursuit tout au long de leur vie, au fur et à mesure qu’elles vieillissent. Lorsqu’elle est placée pour la première fois sous tension sur un support auxiliaire, la toile subit une « détente de frisure » ou un aplatissement des ondulations qui existent en grande partie dans les fils de chaîne tissés au-dessus et au-dessous de la trame. D’ailleurs, à moins d’être exposé à une humidité extrêmement élevée (85 % et plus) entraînant le gonflement des fibres et l’augmentation de la frisure, un tissu tend vers une faible tension et une faible rigidité.
En vieillissant, la toile perdra de sa rigidité et sa résistance en raison des changements dimensionnels dus aux fluctuations de l’humidité, de l’allongement des fibres dû à une tension prolongée et de l’affaiblissement de la toile due à la dégradation chimique. Par conséquent, on peut présumer que les vieilles peintures sur toile se relâcheront (HR de moins de 85 %) et que les autres couches (apprêt à la colle, préparation et couches picturales) dicteront la tension ou les contraintes (Michalski, 1991). Si un tableau sur toile semble relâché pendant les mois d’été (ou lorsque l’HR se situe entre 85 % et 65 %), c’est généralement dû au relâchement de l’apprêt à la colle, de la préparation et des couches picturales. Au fur et à mesure que l’HR descend de 65 % à 45 % et que les couches fragiles commencent à se contracter, la toile se resserre. Si le tableau continue à se relâcher à un taux d’HR compris entre 60 % et 40 %, il se peut que la peinture et la préparation se soient fissurées, entraînant une perte de tension.
Propriétés mécaniques de l’apprêt à la colle, de la préparation et des couches picturales
Avec l’âge, et surtout lorsque les tableaux sont exposés à des épisodes de basse humidité ou de basse température (moins de 50 % d’HR et moins de 5 °C), les matériaux fragiles ou vitreux, comme l’apprêt à la colle, la préparation (en particulier les préparations de craie et de colle) et les couches picturales, deviennent plus fragiles et moins aptes à être étirés (allongement maximal avant rupture). À un taux d’HR faible, à cause de la contraction, l’apprêt à la colle, la préparation et les couches picturales deviennent les composants les plus rigides de la structure du tableau. Leur rigidité dépasse celle de la toile et ils deviennent autoportants. C’est pourquoi, dans des situations de faible humidité, une peinture sur toile apparaît tendue à court terme : les couches fragiles dictent le comportement de la structure globale.
La rigidité globale est normalement déterminée par celle de l’apprêt à la colle, car c’est le matériau le plus résistant et celui qui a les forces de contraction les plus importantes. L’effet de l’apprêt à la colle est lié à l’épaisseur appliquée, qui peut être importante puisque cette couche a pour fonction de sceller l’armure de la toile et de créer une barrière pour empêcher la peinture à l’huile de pénétrer dans les fibres.
Propriétés mécaniques du support auxiliaire
À un faible taux d’HR, des déformations de la toile peuvent se former en quelques jours ou semaines et se présenter sous forme de gondolage dans les coins du tableau (plis d’angle). Ces déformations sont dues au rétrécissement du châssis en bois qui réagit à la perte d’humidité et au développement d’une compression inégale sur la toile, le centre du tableau étant plus comprimé que les bords. Le gondolage le long des bords de la toile, entre les points de fixation, peut également se produire à un faible taux d’HR si les points de fixation sont trop espacés ou si certains sont manquants.
Réponse des couches fragiles aux événements dynamiques
Si des conditions de faible humidité prévalent pendant plusieurs mois, la relaxation des contraintes et l’allongement progressif des diverses couches fragiles réduiront la tension globale, et le tableau sera relâché sur le support auxiliaire. Un tableau peut résister à une longue période de faible humidité et s’ajuster graduellement aux tensions internes sans que cela ne cause trop de dommages aux couches picturales. Cependant, si le tableau subit une situation soudaine ou dynamique dans des conditions de faible humidité ou de basse température, les composants vulnérables qui ne peuvent pas y répondre rapidement s’endommageront (Mecklenburg et Tumosa, 1991b). Le réglage de la tension du tableau représente une intervention soudaine ou dynamique qui entraînera une défaillance de toutes les couches fragiles. Le réglage de tension n’est pas recommandé pour corriger un relâchement, un gondolage localisé ou des bosses sur une toile peinte. Dans la section suivante, nous étudions la structure et les mécanismes de fonctionnement de différents châssis à coins extensibles et nous expliquons à quel moment il est approprié de régler la tension.
Fonctionnement des châssis à clés et des châssis à boulons à expansion
Les artistes sont encouragés à corriger la tension d’une toile nouvellement tendue avant d’appliquer l’apprêt à la colle afin de corriger le relâchement dû à la relaxation des contraintes, qui se produira lors de l’aplatissement de la frisure. Il existe plusieurs mécanismes permettant d’ouvrir les coins du châssis pour augmenter la tension de la toile.
Châssis à clés
La plupart du temps, les châssis en bois de fabrication traditionnelle ont des coins à recouvrement complet carrés ou de type tenon et mortaise avec joint abouté ou encore de type tenon et mortaise à assemblage à onglet. L’extrémité d’un membre du châssis est équipée d’un tenon qui s’insère dans la mortaise de la barre adjacente. Des clés de bois en forme de coin sont insérées dans de petits espaces le long des bords intérieurs du tenon. Les clés devraient être ajustées serrées sans pour autant ouvrir les joints au niveau du tenon et de la mortaise. Un bon ajustement fait que le joint reste bien fixé. Chaque coin comporte habituellement deux clés (figures 1 et 2), bien que certains châssis anciens aient été conçus avec une seule clé dans chaque coin.
Des châssis de plus grande dimension peuvent avoir des croisillons. Ceux-ci sont fixés sur le châssis extérieur à l’aide d’un montage à tenon et mortaise à recouvrement complet. Dans ce cas, les clés sont normalement placées de chaque côté de la barre du châssis, là où le tenon s’insère dans la mortaise. Lorsqu’on enfonce les clés dans leurs fentes à l’aide d’un marteau de tapissier, les barres du châssis s’écartent. Les figures 3a à 3d montrent la procédure du réglage de la tension d’une toile après l’étirement initial par l’artiste ou le fabricant. Il n’est pas possible d’utiliser les clés pour refermer les coins une fois qu’ils ont été ouverts. De même, il ne faut pas tenter de relâcher les contraintes ni de réajuster les tenons et mortaises en manipulant les coins du châssis.
Généralement, en particulier pour les toiles plus petites, le réglage de la tension se fait en position verticale (figures 3a à 3d). On enfonce les clés en position verticale, le plus proche possible du point de contact avec la surface d’appui (le point le plus bas du châssis). On enfonce une seule clé dans deux coins adjacents à l’aide d’un petit marteau léger à panne carrée (aussi appelé « marteau de rembourreur »), selon l’ordre indiqué par la numérotation des clés sur les figures 3a à 3d. Ensuite, on tourne le châssis, ce qui permet d’enfoncer toutes les clés tour à tour dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans le sens inverse. Il est plus facile de tendre les tableaux plus grands si la toile est à plat. Dans ce cas, on enfonce les deux clés dans chaque coin avant de passer au coin suivant.
Clés manquantes ou lâches
Une clé manquante constitue une menace pour la résistance structurale et la stabilité des coins. Il sera alors nécessaire de fabriquer une nouvelle clé et de la mettre en position, doucement mais fermement (consulter la Note de l’ICC 10/8 L’encadrement des peintures). On devrait également fixer les clés au châssis en suivant la méthode décrite dans la Note de l’ICC 10/8. Les clés non fixées peuvent se desserrer et se perdre, ou bien elles peuvent tomber derrière la barre du châssis du bas, causant ainsi le gonflement de la toile et des fissures dans la préparation et les couches picturales le long du bord inférieur du tableau.
Châssis à boulons à expansion
Les tendeurs, le plus souvent présents dans les châssis Lebron, sont conçus pour permettre à la fois l’expansion et la contraction des coins du châssis (figure 4). Il est possible de faire tourner le tendeur en place sur un boulon en utilisant une tige de métal, comme il est illustré ci-dessous. La rotation permet d’ouvrir ou de fermer le joint. La stabilité structurale est assurée par deux tiges non filetées, placées de chaque côté des boulons à extension (consulter la Note de l’ICC 10/7 Constat d’état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d’examen et liste de contrôle).
Contrairement aux châssis à clés, où il faut enfoncer deux clés pour ouvrir un coin dans les directions horizontale et verticale, sur les châssis à boulons à expansion, un tendeur ouvre le coin dans les deux directions à la fois. Cette action permet de maintenir un angle de 90 °aux coins du châssis et permet également un gain de tension important au coin où elle est effectuée. L’utilisation de tendeurs pour élargir un châssis est moins agressive que l’enfoncement de clés. De plus, les tendeurs permettent de refermer les coins. Comme c’est le cas avec le châssis à clés, l’ouverture des coins ne devrait se faire qu’après un étirement préalable de la toile et avant l’application de l’apprêt à la colle, de la préparation et des couches picturales.
Figure 4. Un mécanisme à boulons à expansion.
Dommages potentiels causés par le réglage de la tension d’un tableau
Les tableaux et leur environnement
Il est important de réitérer que le réglage de la tension n’est pas une pratique recommandée pour une toile peinte. Le réglage de la tension causera probablement des fissures dans l’apprêt à la colle, la préparation et les couches picturales ou, au minimum, l’aggravation des fissures existantes, surtout s’il est effectué à basse humidité ou à basse température.
Une étude expérimentale a montré qu’un élargissement minime des coins du châssis, aussi petit que 0,1 cm sur un tableau de 76 cm x 102 cm, entraînera des craquelures dans les coins si le taux d’HR chute de 70 % à 10 %. Ces dommages sont très différents d’autres fissures liées au dessèchement et se présentent sous forme de lignes diagonales rayonnant depuis les coins vers le centre du tableau (Mecklenburg et Tumosa, 1991b). Une fois les couches picturales et la préparation fissurées, les dommages ne peuvent plus être réparés. Une seule action malheureuse au début de la vie d’un tableau, due à un réglage de tension malavisé, peut provoquer ces dommages irréversibles.
La vulnérabilité d’une peinture à l’huile à la fissuration augmentera au fil du temps, car la réticulation du polymère rend la peinture plus rigide et réduit sa capacité à s’allonger. En plus de la réticulation, les dommages que l’exposition aux rayons ultraviolets ou à la pollution cause à la peinture et les piqûres de corrosion dues aux nettoyages à l’eau et aux solvants réduiront la capacité de la couche de peinture à résister aux contraintes (Michalski, 1991). Une fois que la peinture s’est fissurée, les tentatives subséquentes pour régler la tension entraîneront d’autres dommages. Il y aura délamination et écaillage de la peinture le long des bords des fissures à mesure que la tension augmente en raison de des réglages répétés.
Contrairement aux peintures à l’huile, les peintures acryliques ne sont généralement pas préparées à l’aide d’un apprêt à la colle. De plus, la peinture acrylique ne se réticule pas. Cependant, l’effet du vieillissement à long terme sur les capacités à s’allonger pendant les périodes de stress n’est pas clair en ce qui a trait aux peintures acryliques. Il est certain que les peintures acryliques se fissurent et qu’une action dynamique soudaine, tel le réglage de la tension, pourrait avoir de graves conséquences sur l’intégrité des couches picturales. Comme c’est le cas avec les peintures à l’huile, il n’est pas recommandé de régler la tension des peintures acryliques.
Tension adéquate et interventions acceptables
Il est très improbable que les toiles à base de fibres naturelles conservent une tension idéale, compte tenu de la relaxation des contraintes et de la réponse mécanique continue aux fluctuations de l’humidité. Un bon tissu devrait avoir « de la rigidité lorsqu’il subit un allongement minimal, une haute tension, de la résistance à la relaxation des contraintes et au fluage, de même qu’un comportement isotrope Note de bas de page 1 » [traduction libre] (Hedley, 1981, p. 2) (consulter aussi Daly Hartin et Michalski, 1987). Il s’agit d’ailleurs de la description d’un tissu de doublage idéal que l’on peut utiliser pour renforcer une toile défectueuse.
On peut favoriser la conservation d’une peinture tendue effectuée sur un tissu naturel en s’assurant que l’HR ambiante reste modérée (40 % à 60 % d’HR) et qu’aucune fluctuation soudaine de l’HR n’a lieu. Une baisse progressive de l’HR causera moins de dommages qu’une baisse rapide, car la baisse progressive permet la relaxation graduelle des contraintes. La présence d’un panneau de protection installé à l’arrière du châssis et scellant le dos du tableau peut permettre de mieux protéger ce dernier contre les fluctuations rapides de l’humidité. L’installation d’une vitre dans le cadre, en plus d’un panneau de protection, peut augmenter le niveau de protection. Consulter la Note de l’ICC 10/8 L’encadrement des peintures et la Note de l’ICC 10/10 Dos protecteurs pour les peintures sur toile.
Un tableau qui, à la suite d’une exposition à une faible humidité, présente une toile distendue, des plis d’angle ou un gondolage devrait être équilibré au moyen d’un cycle d’HR élevée (printemps/été). Si, pendant les mois d’HR élevée, les distorsions ne se corrigent pas d’elles-mêmes, des interventions de conservation peuvent s’avérer nécessaires pour supprimer, par exemple, les plis d’angle et le gondolage, qui peuvent persister après leur formation.
On devrait examiner toute peinture sur toile tendue qui présente un relâchement persistant dans des conditions d’HR basse ou élevée afin de déterminer la nécessité d’intervenir pour en corriger la tension. Il faudrait d’abord s’assurer que la structure du châssis est solide (coins bien fixés et clés toutes présentes pour maintenir la tension du châssis). Ensuite, s’assurer qu’il y a suffisamment de points de fixation (punaises ou agrafes) pour maintenir une tension régulière le long des bords de la toile. Souvent, les problèmes de tension sont dus à un nombre insuffisant de points de fixation, à un espacement trop grand entre ces points et même à des déchirures sur les bords qui compromettent l’étirement. Si l’on rencontre ces problèmes, il faut consulter un professionnel de la conservation qui peut évaluer la sécurité des coins du châssis, régler les problèmes de fixation et remédier à la détérioration structurelle le long des bords de la toile.
Un encadrement serré ou le gauchissement du châssis ou du panneau de protection peut entraîner une déformation hors plan de la toile. On peut réduire cette distorsion en améliorant simplement l’encadrement.
Résumé
Un artiste peut utiliser des clés de châssis et des mécanismes à boulons à expansion avant d’avoir terminé son travail sur le tableau. Cependant, les utiliser longtemps après la création de l’œuvre d’art peut causer des problèmes plus graves que ceux qu’il faut résoudre. L’apparence structurelle d’une peinture sur toile tendue est dictée par les propriétés mécaniques des composants du tableau (tissu, bois du châssis, apprêt à la colle, préparation et couches picturales), qui sont tous sensibles aux effets de l’HR et de la température ambiante. La ou les couches les plus rigides dicteront généralement le comportement général du tableau. La toile n’est presque jamais l’une des couches les plus rigides, surtout quand la peinture vieillit. Il s’agit presque toujours de l’apprêt à la colle.
La raideur d’une peinture exposée à de faibles taux d’HR diminuera graduellement avec le temps à mesure que le châssis rétrécit légèrement et que les contraintes subies par les couches fragiles se relâchent. Au fur et à mesure que l’humidité augmente, le châssis gonfle et s’étend et la toile se retrouve alors légèrement plus tendue. Les différences de compression entre le centre de la toile et ses bords extérieurs devraient diminuer, au même titre que les plis d’angle. Cependant, à mesure que le tableau vieillit, la toile s’affaiblit et la préparation et les couches picturales perdent de leur élasticité, ce qui les rend vulnérables à la fissuration. Le relâchement ne se résorbe pas toujours de lui-même. Le réglage de la tension d’un tableau peut sembler être la solution pour corriger le relâchement ou des déformations locales. Cependant, il entraînera l’apparition ou l’aggravation de fissures, la perte de peinture et des déchirures au niveau des fixations des bords.
Si le tableau ne peut pas retrouver son intégrité structurale grâce à l’exposition à des taux d’HR moyens (40 % à 60 %), il est alors recommandé de recourir aux conseils et à l’intervention d’un restaurateur professionnel. Idéalement, il faut exposer ou entreposer les tableaux dans des endroits où le taux d’humidité ambiant est de 40 % à 60 % et où la température se situe entre 18 °C et 24 °C. Pour fournir une protection supplémentaire, ou en l’absence de conditions optimales, un dos protecteur et une vitre de protection placés dans le cadre peuvent protéger le tableau contre des fluctuations à court terme de l’environnement ambiant.
Bien que le réglage de la tension des tableaux ne soit pas recommandé, on doit remettre en place les clés lâches afin de stabiliser les coins du châssis et d’éviter que les clés ne tombent entre les barres du châssis et la toile. On ne devrait utiliser que la pression du doigt pour remettre les clés en place et les sécuriser en suivant les méthodes mentionnées dans la Note de l’ICC 10/8 L’encadrement des peintures.
Bibliographie
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Rédigé par Debra Daly Hartin
Révisé par Debra Daly Hartin en 2016 et par Wendy Baker en 2019
Première date de publication : 1993
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation, 2019
No de catalogue : NM95-57/10-9-2019F-PDF
ISSN 1928-1455
ISBN 978-0-660-31543-0
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