Discours de la ministre Joly devant l’Economic Club of Canada à Toronto
Discours
Notes d’allocution
L’honorable Mélanie Joly, C.P., députée
Ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie
Toronto (Ontario)
Le 10 décembre 2018
La version prononcée fait foi
Bonjour à toutes et à tous. C’est un plaisir d’être ici avec vous aujourd’hui.
Merci, Meaghan [Meaghan Daly, présidente et fondatrice, Forward Vision Games], de cette aimable présentation.
J’aimerais sincèrement remercier l’Economic Club of Canada d’avoir organisé l’événement d’aujourd’hui. Et je tiens à remercier tous ceux qui ont pu se joindre à nous de si bon matin.
Je vois dans la salle de nombreux amis et visages familiers. Je vous souhaite la bienvenue.
- Frank McKenna et certains membres du Comité-conseil sur l’emploi et l’économie du tourisme — je suis ravie de vous voir.
- Ben Cowan-Dewar, président de Destination Canada.
- Des représentants de l’industrie du tourisme — merci d’être ici aujourd’hui.
- John Knubley, sous-ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique — merci de votre appui, John.
- Guylaine Roy, sous-ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie.
Et, bien entendu, Dominic Barton m’accompagne. Il est associé directeur général mondial émérite chez McKinsey & Company. M. Barton a gentiment accepté de nous parler du potentiel du tourisme au Canada.
Mais tout d’abord, je souhaiterais faire valoir l’importance de l’industrie touristique aux yeux de notre gouvernement. Notre gouvernement croit au potentiel économique du secteur touristique et c’est la raison pour laquelle je suis avec vous aujourd’hui.
Bon nombre d’entre vous savent mieux que quiconque les répercussions positives qu’a le tourisme sur nos villes et nos collectivités. Laissez-moi vous donner un exemple : Inverness, au cap Breton. Pour ce village, la fermeture de la mine de charbon a été une catastrophe. Des gens ont perdu leur emploi.
Ben Cowan-Dewar était dans la vingtaine quand il est arrivé à Inverness. Pour bon nombre de personnes, il n'y avait plus rien à faire, mais Ben y a vu des possibilités. Il a ouvert deux domaines de golf de classe mondiale qui emploient aujourd’hui des centaines de personnes.
Ça s’est produit dans un village de moins de 1 500 résidents. Imaginez ce que représentent ces emplois pour les gens de la communauté.
Nous savons que le tourisme a le pouvoir de transformer des collectivités et des quartiers pour le mieux. Nous savons que le tourisme transforme également l’économie mondiale.
On estime que la contribution de l’industrie à l’économie mondiale pourrait atteindre 8 billions de dollars. Et ce montant continue de croître de plus de 4 % par année.
Nous voulions comprendre pourquoi.
Quelles sont les répercussions que pourrait avoir le tourisme sur notre économie si nous libérions son plein potentiel? Et que devons-nous faire pour récolter notre juste part de cet énorme marché mondial?
Ces questions ont mené Destination Canada à commander une recherche sur l’économie canadienne du tourisme. Elle s’est tournée vers Dominic Barton et McKinsey & Company pour obtenir cette analyse.
Pourquoi? Parce que M. Barton avait cerné le tourisme au nombre des huit secteurs clés au fort potentiel de croissance au pays. Il en est venu à cette conclusion après avoir occupé le poste de président du Conseil consultatif en matière de croissance économique du ministère des Finances Canada.
Destination Canada a donc demandé à M. Barton et à McKinsey d’approfondir le sujet du potentiel du tourisme et de fournir des données concrètes révélant l’ampleur des possibilités. Cette recherche nous guidera alors que nous tentons de nous démarquer dans le secteur.
Aujourd’hui, nous passerons en revue leurs conclusions. M. Barton nous présentera un résumé de ces résultats dans quelques minutes.
Mais permettez-moi tout d’abord de vous faire part de certaines de mes constatations.
Le tourisme est à l’origine de 2 % de notre PIB.
Un emploi sur dix au Canada est lié à l’industrie touristique. Cela représente environ 1,8 million d’emplois dans les régions rurales et urbaines de l’ensemble du pays. Imaginez : 10 % de notre main-d’œuvre!
Et il y a d’autres bonnes nouvelles.
L’an dernier, le Canada a accueilli un nombre record de visiteurs internationaux, soit plus de 20,8 millions de personnes. Et nous sommes sur la bonne voie pour battre ce record cette année.
Au cours du premier semestre de 2018, les activités touristiques étaient directement à l’origine de plus de 18 milliards de dollars du PIB canadien. C’est là une hausse considérable comparativement à la même période l’an dernier.
Cette industrie correspond au service le plus exporté du Canada. En 2017, elle valait plus de 21 milliards de dollars. Et elle compte pour 19 % des recettes totales d’exportations de services.
Ça ne pourrait aller mieux, n’est-ce pas? Mais la vérité, c’est que nous tirons de l’arrière.
Bien que nos statistiques soient à la hausse, notre part du marché mondial se rétrécit. Le Canada se classait auparavant parmi les 10 destinations les plus populaires au monde. Au cours de la dernière décennie, nous avons chuté au 18e rang.
Ma mission est de renverser la vapeur. Je veux donner aux gens l’occasion de réussir une fois de plus dans cette industrie. Il est important de miser sur ce secteur mondial et d’en exploiter tout le potentiel pour nos gens.
Depuis l’an 2000, le secteur du tourisme croît à un taux 1,5 fois plus rapide que le produit mondial brut. On s’attend à ce que cette tendance persiste jusqu’à la mi-2020. Et bien honnêtement, nous voulons notre juste part de ce marché. Voilà pourquoi nous avons besoin de votre aide.
L’analyse de McKinsey démontre que le Canada peut faire croître son secteur touristique beaucoup plus rapidement que le reste du monde, jusqu’à 6,4 % plus rapidement par année jusqu’en 2030.
Si nous prenons les bonnes décisions, nous pourrions observer une croissance maximale de 25 milliards de dollars par année en matière d’exportation du tourisme. Cela pourrait se traduire par la création de 110 000 à 180 000 emplois d’un océan à l’autre.
Voilà le coût de l’inaction, mes amis : 180 000 emplois. Ensemble, réunissons les conditions qui assureront notre succès.
Si nous voulons exploiter notre potentiel touristique et faire en sorte de créer ces centaines de milliers d’emplois, nous avons besoin de trois choses :
- des conditions propices;
- de bonnes décisions au sein de tous les ordres de gouvernement;
- des actions appropriées de la part de la communauté d’affaires.
Mais je veux d’abord nous mettre au défi de faire un choix. Choisissons de prendre l’industrie des voyages et du tourisme au sérieux. Ce secteur a été tenu pour acquis depuis trop longtemps. On l’a même snobé.
Malheureusement, c’est parce que nous dépendons des emplois de service au quotidien — emplois qui sont souvent invisibles. Pensons au personnel des hôtels qui font en sorte que nous ayons un chez-nous loin de chez nous. Songeons aux gens qui nous entourent ce matin.
Combien parmi nous ont pris le temps d’apprendre le nom de ceux qui nous servent le café?
Je pense à Robin qui m’a apporté un thé à la menthe l’autre jour, un petit geste qui a fait ma journée. Bref, les gens qui occupent ces emplois passent souvent inaperçus.
Une des plus grandes leçons que j’ai apprises, c’est que nous avons tout à gagner en appuyant les gens qui travaillent fort chaque jour pour accueillir le monde au Canada.
Applaudissons-les! Ils font partie intégrante de l’expérience des visiteurs. Ils stimulent notre économie.
Donc, si nous voulons tirer profit des incroyables possibilités qu’offre la croissance mondiale du tourisme, nous devons nous assurer que nos gens ont tout ce dont ils ont besoin pour réaliser leur plein potentiel.
Cette croyance est la force directrice de toutes les interventions de notre gouvernement :
- la réduction des impôts de la classe moyenne;
- l’Allocation canadienne pour enfants;
- les améliorations au Régime de pensions du Canada;
- les investissements sans précédent dans les étudiants et les aînés.
Ces décisions ont toutes été prises parce que notre gouvernement croit que nos gens ont le pouvoir et le potentiel de changer les choses.
Nous croyons aussi à la prise de décision fondée sur des données probantes.
Lorsque le premier ministre m’a demandé d’élaborer une nouvelle stratégie fédérale en matière de tourisme, je savais donc que je devais me fonder sur des données probantes — et des experts.
Voilà pourquoi, le mois dernier, j’ai annoncé la mise sur pied du Comité-conseil sur l’emploi et l’économie du tourisme. Monsieur Barton, je suis ravie que vous soyez membre honoraire de ce comité.
Cet incroyable regroupement de personnes accomplies fournira de précieux conseils dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle stratégie en matière de tourisme, un plan qui décrira les étapes à suivre pour réclamer notre juste part du potentiel du tourisme. J’ai bien hâte de vous présenter la stratégie au cours des mois à venir.
Mais n’oubliez pas, le Comité-conseil n’est qu’une voix parmi les milliers de Canadiens qui contribueront à cette stratégie. Je consulterai aussi :
- des associations de l’industrie, y compris nos amis de l’Association de l’industrie touristique du Canada et de l’Association touristique autochtone du Canada;
- les groupes LGBTQ2;
- les organisateurs d’événements et de festivals d’envergure;
- les collectivités d’un océan à l’autre.
Et nous avons également besoin que vous — la communauté d’affaires du Canada — fassiez connaître votre perspective.
Si nous ne travaillons pas ensemble à libérer le potentiel de ce secteur, nous allons rater une occasion de taille. Nous passerions à côté de 180 000 emplois. Nous ne pouvons nous le permettre.
Des pays comme l’Australie, l’Islande, le Japon et la Nouvelle-Zélande tirent profit de cette croissance — et les résultats sont formidables. Je sais que nous pouvons faire de même.
Le tourisme, ce n’est pas que de la détente. C’est un robuste secteur d’affaires assorti de grandes occasions de croissance pour la classe moyenne des collectivités de toutes tailles.
Retroussons nos manches et mettons-nous au travail — tous ensemble.
Merci.
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