Symposium de recherche sur l’immigration d’expression anglaise au Québec organisé par Recherche et évaluation/Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada

Les copies du rapport circonstancié sont disponibles sur demande à Research-Recherche@cic.gc.ca.

Sommaire

Donnant le coup d’envoi au symposium de recherche, Yvan Déry, de Patrimoine canadien, a prononcé un mot d’ouverture qui insistait sur l’importance d’élaborer des projets de recherche pour mieux comprendre en quoi l’immigration peut contribuer à la vitalité des collectivités d’expression anglaise du Québec, compte tenu de leurs défis et des obstacles particuliers auxquels elles font face.

Le premier thème des exposés traitait du profil socio-économique des immigrants d’expression anglaise au Québec. Jean-Pierre Corbeil, de Statistique Canada, a parlé de la surqualification des immigrants d’expression anglaise, à la lumière des résultats de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 et du sondage du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2011. Son exposé a démontré de façon empirique le taux de chômage élevé, les faibles revenus et la surreprésentation observés des immigrants récents dans les professions qui exigent un diplôme d’études secondaires ou de niveau inférieur. Monsieur Corbeil a aussi parlé des disparités entre les sexes et de l’effet des aptitudes linguistiques. Alors que les immigrants masculins de langue française sont plus susceptibles d’être surqualifiés que leurs homologues de langue anglaise, c’est chez les femmes immigrantes de langue anglaise qu’on observe les taux de surqualification les plus élevés au Québec, en particulier chez celles ayant obtenu leur diplôme universitaire le plus élevé à l’extérieur du Canada ou des États-Unis. Les questions et les débats qui ont suivi l’exposé ont porté sur la définition des immigrants récents et des immigrants de longue date, les caractéristiques particulières du PEICA, la déqualification et la surqualification, l’importance des minorités visibles et du statut religieux, et les différents défis entourant l’immigration au Québec.

William Floch, de Patrimoine canadien, a présenté des résultats fondés sur des indicateurs composites créés de façon à déterminer la diversité, les caractéristiques socio-économiques et le degré de rétention des immigrants dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) au Canada. Le Québec, a-t-il constaté, compte des régions municipales allant de l’extrémité supérieure (Montréal, ville de Québec, Laval, Montérégie, Outaouais) à l’extrémité inférieure (Gaspésie, Côte-Nord et Nord du Québec) du continuum de la diversité. Il a aussi découvert que les immigrants du Québec se classent au deuxième rang au chapitre de la vulnérabilité socio-économique, précédés uniquement par ceux du Nouveau-Brunswick. Les immigrants d’expression française et d’expression anglaise du Québec sont moins enclins à rester dans la province, bien que par rapport à la situation qui prévalait il y a 15 ans, le taux de rétention de certains immigrants d’expression anglaise se soit amélioré. Les questions de l’auditoire, ainsi que la discussion qui a suivi, ont porté sur les problèmes rattachés à l’analyse des cohortes selon l’âge, l’intention de rester dans la province ou de la quitter, l’importance de la langue, et le sentiment d’appartenance.

Le deuxième thème du symposium de recherche se rapportait aux résultats obtenus par les immigrants d’expression anglaise du Québec. À la lumière des données du recensement de 2006 et de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007-2008, Vicki Esses et Zenaida Ravanera, de l’Université Western, ont parlé de l’intégration socio-économique et sociale des immigrants du Québec. Du point de vue de l’intégration économique, il ne semble pas y avoir une grande différence entre les immigrants d’expression anglaise et d’expression française du Québec, comme l’indique la participation au marché du travail et le revenu personnel. En revanche, on observe certains écarts entre les immigrants d’expression anglaise et d’expression française du Québec en ce qui a trait à l’intégration sociale. Les immigrants d’expression anglaise récents ne sont pas aussi bien intégrés que leurs vis-à-vis d’expression française, comme l’illustrent les données relatives au stress dans la vie quotidienne et le sentiment d’appartenance à la collectivité locale. Les questions de l’auditoire et la discussion qui ont suivi ont porté sur le revenu, la contribution que peut apporter la recherche qualitative, le statut des immigrants qui ne parlent ni le français ni l’anglais, les facteurs éthiques de la recherche, l’importance d’examiner les cohortes selon l’âge et la présence ou l’absence de programmes visant à réduire la pauvreté.

Le troisième thème était celui de la rétention des immigrants d’expression anglaise au Québec. Michael Haan, de l’Université Western, s’est penché sur les caractéristiques personnelles et collectives susceptibles d’indiquer si, oui ou non, les communautés de langue officielle en situation minoritaire ont une incidence sur les taux de rétention des immigrants dans les provinces. Grâce aux renseignements de la Base de données longitudinale sur les immigrants (BDIM) concernant quatre cohortes, à savoir celles de 1990, 1995, 2000 et 2005, il a découvert que par rapport aux réfugiés, les immigrants plus âgés, les immigrants mariés qui ont des enfants, les immigrants moins instruits et les immigrants de la catégorie de la réunification familiale présentent un faible taux de migration au sein du Canada. Il a aussi constaté que les collectivités où le taux d’accession à la propriété est élevé, les collectivités à capital humain élevé et les CLOSM (définies, pour le présent projet de recherche, comme des collectivités où 10 % de la population, ou 1 000 personnes, est en mesure de s’exprimer dans la langue officielle de la minorité) sont plus susceptibles d’attirer et de retenir des immigrants. Les questions et le débat en lien avec cet exposé ont porté sur les définitions des CLOSM, une collaboration possible avec la division de la recherche de Patrimoine canadien dans le cadre de projets de recherche futurs, aux fins de la mise en commun de l’expertise, la complétude institutionnelle et la présence possible d’autres variables.

Le quatrième thème portait sur les stratégies et les pratiques exemplaires en matière d’établissement et d’intégration. Michèle Vatz-Laaroussi, de l’Université de Sherbrooke, a présenté les résultats d’un projet de recherche établissant une comparaison entre les organismes non gouvernementaux (ONG) de la ville de Québec et de Sherbrooke. Bien que les deux collectivités comptent de vieilles institutions et un réseau d’organismes, on a constaté que contrairement à la ville de Québec, Sherbrooke ne bénéficie pas de la reconnaissance de sa communauté d’expression anglaise, d’une diversité de sources de financement pour ses institutions, ou du soutien manifeste de la municipalité à l’égard de l’intégration des immigrants. Ces écarts influent sur la solidité et l’efficacité des partenariats et des réseaux, qui aident alors à attirer, retenir et intégrer les immigrants. Brigitte Wellens, de Voice of English-speaking Québec, a présenté la mission de son organisme, ses programmes, son réseau et les défis qu’il a à relever. Les questions et la discussion qui ont suivi ont porté sur le rôle que jouent les organismes d’expression anglaise dans l’établissement et l’intégration des immigrants, l’importance des évaluations et de la création de modèles de pratiques exemplaires, les répercussions de l’industrie touristique de la ville de Québec sur les collectivités d’expression anglaise, l’importance du capital historique, culturel et interculturel, et les difficultés juridiques et administratives auxquelles font face les collectivités d’expression anglaise lorsqu’elles tentent de s’organiser en vue de l’intégration des immigrants.

Sarwat Viqar, du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques, et Josée Makropoulos, de Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ont présenté des exposés en lien avec le même thème. Ainsi, Sarwat Viqar a rendu compte de la mission, de la structure, des sources de financement, des programmes et des défis du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques, qui fait partie de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). Josée Makropoulos a présenté des travaux de recherche effectués par la TCRI et axés sur deux volets : le sondage mené auprès des membres de la TCRI et les entrevues faites avec des femmes immigrantes d’expression anglaise récemment arrivées au Québec. En ce qui concerne les pratiques prometteuses, cette étude conclut que plus de 70 % des organismes de la TCRI ayant répondu au sondage offrent leurs services en anglais. Environ 73 % des femmes immigrantes d’expression anglaise qui ont participé à l’étude ont également dit avoir accès à une formation en français à temps plein ou à temps partiel. L’intégration des femmes immigrantes d’expression anglaise à la société du Québec a bénéficié du soutien apporté par les autres membres et les autres organismes de la collectivité, ainsi que des pratiques individuelles et institutionnelles offertes par la collectivité d’accueil. En ce qui concerne les défis, l’étude conclut que plus de 25 % des organismes de la TCRI ayant répondu au sondage n’offraient aucun service en anglais ou que des services partiels en anglais, et que près de la moitié de ces organismes ne dirigeaient pas les gens vers des ressources d’expression anglaise. Certaines des femmes interrogées ont corroboré ce fait, disant qu’elles ont éprouvé de la difficulté à accéder à des services d’employabilité en anglais. De plus, bon nombre d’entre elles ont souligné qu’il était difficile de trouver un emploi si on ne parle pas français ou si on ne maîtrise cette langue que partiellement. Les personnes interrogées ont également souligné que le fait de ne pas connaître le français était rattaché à d’autres problèmes d’intégration tels que l’isolement et la discrimination. Les questions et le débat qui ont suivi ont porté sur les besoins en matière de financement, les stratégies créatives pour atteindre les collectivités isolées et les points d’accès à la collectivité.

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