Les espaces de rencontres : Expériences d’intégration sociale et culturelle des nouveaux arrivants francophones dans les communautés
Luisa Veronis, University of Ottawa
Suzanne Huot, University of Western Ontario
Policy Research Division
Janvier 2017
Les opinions exprimées dans le présent document sont celles de l'auteur(e) ou des auteur(e)s et ne reflètent pas nécessairement celles d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada ou du Gouvernement du Canada.
Ci4-178/2018F-PDF
978-0-660-26441-7
Numéro référence : R12-2015
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Sommaire
Notre étude a examiné le rôle que jouent les espaces communautaires dans les expériences d'intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones qui habitent dans deux communautés francophones en situation minoritaire (CFSM) en Ontario, à savoir Ottawa et London. Par espaces communautaires, nous entendons autant des espaces physiques tels que les institutions et les organismes, que des espaces virtuels, dont les médias sociaux et les médias ethniques et communautaires. Nos trois objectifs principaux était d’examiner de façon critique : (1) l’accès et l’utilisation de ces espaces par les immigrants francophones pour leur participation et leur intégration sociale et culturelle dans les CFSM; (2) leurs expériences d’inclusion et de participation dans ces espaces en tenant compte des marques identitaires et de leurs intersectionalités (par ex. la langue, la race et l’ethnicité, le genre, le statut d’immigration); et (3) comment les expériences quotidiennes des immigrants francophones diffèrent selon le contexte sociohistorique et géographique unique des CFMS.
Nous avons adopté une méthodologie qualitative d’étude de cas instrumentale (Stake, 1995) qui combine deux méthodes de collecte de données dialogiques et qui inclut quatre étapes avec des populations cibles différentes. Nous avons entrepris une étude comparative d’Ottawa – une CFSM plus grande et avec une meilleure complétude institutionnelle –, et London – qui comporte une CFSM plus petite et géographiquement plus isolée. Lors de l’étape 1, nous avons complété seize entrevues avec des informateurs clés, dont huit dans chaque ville. Pour l’étape 2, nous avons mené huit entrevues de groupe (quatre dans chaque ville) avec des immigrants et réfugiés francophones. À l’étape 3, sur la base des résultats des entrevues de groupe, nous avons complété six entrevues semi-dirigées, dont trois dans chaque ville, avec des représentants d’espaces communautaires. Enfin, lors de l’étape 4, nous avons organisé une rencontre communautaire dans chaque ville à laquelle étaient invités les participants des étapes précédentes pour présenter les résultats préliminaires de l’étude. Après la transcription mot à mot de toutes les entrevues, l’analyse des données correspondant à chaque ville a été complétée en deux étapes. Nous avons d’abord analysé le texte de chaque entrevue dans son intégralité et ensuite nous avons procédé à un codage inductif ligne par ligne (Carspecken, 1996). Enfin, les codes ont été organisés en catégories contribuant à l’élaboration des résultats thématiques.
Nous avons identifié trois thèmes clés caractérisant les données des entrevues avec des représentants d’organismes francophones de l’étape 1. Ils nous ont parlé des défis qu’ils confrontent pour maintenir les espaces communautaires, de questions d’(in)visibilité des communautés francophones en situation minoritaire ainsi que du rôle que jouent ces espaces pour l’intégration et la participation des immigrants francophones.
Au cours des entrevues de groupes à l’étape 2, les participants ont identifié une gamme d’espaces communautaires qui ont joué un rôle lors de leur intégration sociale et culturelle dans les villes de London et d’Ottawa. Dans ce rapport nous présentons ces espaces ainsi que les points de vue divers des participants au sujet du rôle que jouent les espaces communautaires francophones et comment ceux-ci ont facilité leur intégration sociale et culturelle. Nous discutons également les données touchant aux défis que les participants ont vécus et leurs idées quant à ce qui pourrait être fait pour faciliter et améliorer davantage leur intégration.
Les résultats de l’étape 3 ont servi à confirmer et à nuancer les thèmes identifiés aux deux étapes précédentes. Les trois thèmes principaux abordés lors des entrevues traitaient de : (1) les enjeux et défis auxquels font face les organismes desservant les immigrants francophones, (2) le rôle des espaces communautaires pour l’intégration des immigrants francophones et (3) les défis que confrontent ces derniers à London et Ottawa.
Lors de la rencontre communautaire de l’étape 4, nous avons présenté et discuté les résultats préliminaires de l’étude avec les participants dans le but de vérifier nos conclusions et d’élaborer des recommandations. Nous avons regroupés nos recommandations autour de quatre thèmes : celles touchant les organismes et institutions communautaires francophones ; les stratégies de communication et de diffusion de l’information ; les recommandations pour améliorer la nature et l’accès des espaces communautaires francophones ; et celles pour améliorer l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones et leur rapports avec les communautés francophones établies.
Enfin, nous concluons que les espaces communautaires francophones jouent un rôle important dans l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones et démontrent le potentiel de faciliter leur participation dans les CFSM. Cependant, les barrières et défis auxquels font face les immigrants francophones, les organismes les desservant et les communautés les accueillant doivent être pris en considération pour soutenir davantage leur intégration sociale. Des ressources additionnelles sont nécessaires pour le soutien et le maintien de l’infrastructure communautaire ainsi que pour renforcer le rôle des espaces communautaires francophones dans les CFSM.
Introduction
Notre étude a examiné le rôle que jouent les espaces communautaires dans les expériences d'intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones qui habitent dans deux communautés francophones en situation minoritaire (CFSM) en Ontario, à savoir Ottawa et London. Par espaces communautaires, nous entendons des espaces physiques tels que les institutions et les organismes (par ex. les agences d’établissement, les centres communautaires, les écoles, les clubs de devoirs, les associations culturelles, les centres de la petite enfance, les clubs de sport) ainsi que les espaces virtuels et les médias sociaux (par ex. Facebook, Twitter, autres réseaux basés sur le web) et les médias ethniques et communautaires (par ex. les journaux, les chaînes de radio et de télévision). Nos trois objectifs principaux étaient d’examiner de façon critique (1) l’accès et l’utilisation de ces espaces par les immigrantsNote de bas de page 1 francophones pour leur participation et leur intégration sociale et culturelle dans les CFSM; (2) leurs expériences d’inclusion et de participation dans ces espaces en tenant compte des marques identitaires et de leurs intersections (par ex. la langue, la race et l’ethnicité, le genre, le statut d’immigration – permanent/temporaire, réfugié, etc.); et (3) comment les expériences quotidiennes des immigrants francophones diffèrent selon le contexte sociohistorique et géographique unique des CFMS – dans ce cas, Ottawa étant une CFSM plus grande et avec une meilleure complétude institutionnelle comparé à la CFSM de London qui est plus petite et géographiquement plus isolée.
Jusqu’à présent, les recherches sur l’immigration francophone dans les CFSM relèvent principalement des politiques publiques et gouvernementales. Par contre, nous en savons moins sur les expériences vécues au quotidien des immigrants francophones dans ces communautés, ainsi que le rôle et les impacts de ces expériences sur leur intégration et leur participation. Notre objectif était d’améliorer nos connaissances sur les expériences d’intégration et d’inclusion des immigrants francophones dans deux CFSM distinctes en examinant leur accès, leur utilisation et leur participation au sein des espaces communautaires et comment ceux-ci influencent leur intégration et leur engagement dans les CFSM.
Dans les CFSM, les espaces communautaires offrent à leurs membres des possibilités pour accéder à des services francophones et pour vivre et socialiser en français. Dans ce sens, ces espaces communautaires représentent donc des lieux importants de rencontre dans la vie quotidienne des immigrants francophones, ainsi qu’entre les immigrants francophones et la communauté francophone établie. Nous avons examiné le vécu de ces espaces par les immigrants francophones en soulevant les questions suivantes :
- Pourquoi et comment les immigrants francophones utilisent-ils les espaces communautaires francophones?
- Comment est-ce que les CFSM peuvent-elles bâtir des communautés accueillantes à travers l’offre d’espaces qui permettent la participation et l’engagement communautaire actifs?
- Quel est le rôle des espaces de rencontre dans la création de réseaux et de capital social avec des membres de la communauté d’accueil?
- Quel potentiel ces espaces communautaires minoritaires offrent-ils pour le développement d’intérêts communs et d’une identité francophone qui est inclusive et ouverte à la diversité?
Ces questions visent à mieux comprendre comment les identités sont négociées dans les espaces communautaires francophones et à contribuer au développement de pratiques prometteuses pour soutenir l’intégration et la participation sociale et culturelle des immigrants francophones dans les CFSM. En particulier, les résultats de cette recherche nous permettent d’identifier les facteurs qui rendent les espaces communautaires harmonieux et accueillants. D’autre part, notre approche comparative examinant les expériences quotidiennes et la participation des immigrants francophones dans deux CFSM distinctes nous aide à comprendre le rôle intégrateur de ces espaces communautaires dans leur contexte régional. Ainsi, les résultats pourront servir au développement de recommandations pour améliorer les politiques publiques et les pratiques qui seront d’intérêt pour plusieurs partenaires communautaires et les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral travaillant avec des immigrants francophones et dans les CFSM. Par exemple, à partir des résultats, des thèmes ont été identifiés pour créer et maintenir des espaces communautaires plus accueillants et inclusifs et ainsi favoriser le rapprochement entre immigrants et communautés établies, multiplier et diversifier les stratégies de communications et mieux répondre aux besoins d’informations pertinentes des immigrants francophones, et développer ou consolider les réseaux et partenariats communautaires francophones et entre organismes francophones et anglophones.
Depuis le début des années 2000, l’immigration francophone est devenue une priorité du gouvernement fédéral du Canada visant à soutenir la vitalité des CFSM. Plusieurs initiatives politiques ont été avancées pour promouvoir l’attraction et la rétention des immigrants francophones en contexte minoritaire (voir, CIC-FMC, 2003, 2006; Jedwab, 2002; MCCF, 2006; Quell, 2002; OCOL & OFLSC, 2015; SCOL, 2003; SSCOL, 2010, 2014). Alors que la fonction centrale de l’immigration économique est reconnue, ces documents soulignent aussi l’importance de l’intégration sociale et culturelle au sein des CFSM alors qu’elles deviennent plus diverses.
Cependant, des chercheurs (Farmer, 2008; Gallant, 2010) ont identifié une tension entre la fonction démographique des politiques promouvant l’immigration francophone, et les implications de ces politiques pour la formation identitaire dans un contexte minoritaire. Autrement dit, il existe une inadéquation entre les discours politiques et institutionnels qui reflètent une volonté d’attirer des immigrants et d’être ouverts à la diversité dans les CFMS d’une part, et les pratiques pour activement inclure les nouveaux arrivants de diverses origines dans ces communautés de l’autre. En effet, Burstein et ses collègues (2014) ont eu de la difficulté à trouver et à évaluer des pratiques d’intégration prometteuses dans les CFSM. Étant donné ce contexte, notre recherche répond à un besoin urgent d’étudier les expériences vécues des immigrants francophones au sein des CFSM, dont leur vie quotidienne et les rencontres avec les membres des communautés établies, afin de mieux comprendre les opportunités et les défis auxquels ils font face au cours de leur établissement et intégration dans le contexte particulier des communautés en situation minoritaire où les ressources et les services disponibles en français peuvent être limités et/ou diffus.
En particulier, notre étude apporte de nouvelles connaissances au sujet des expériences quotidiennes d’intégration et d’inclusion des immigrants francophones, et ce, en examinant leur accès à, leur utilisation de et leur engagement dans divers espaces physiques et virtuels qui peuvent offrir des possibilités de rencontre dans les CFSM. Ces espaces jouent un rôle important dans la vie quotidienne des francophones dans les CFSM, dont les expériences vécues au quotidien diffèrent du point de vue linguistique de celles des membres de la communauté anglophone dominante (Korazemo & Stebbins, 2001), en leur offrant la possibilité de parler français et de participer socialement ensemble alors qu’ils vivent dans un environnement plus large dominé par l’anglais. Cependant, l’apport de ces espaces au développement de la vitalité communautaire peut varier entre les CFSM selon leur contexte. Les travaux de la géographe Anne Gilbert (1999, 2010) soulignent la diversité des espaces minoritaires francophones en Ontario, et plus particulièrement l’hétérogénéité des communautés elles-mêmes, la diversité de leurs institutions et la diversité des réalités et des expériences vécues au quotidien des francophones étant donné les contextes géographiques et historiques uniques des communautés. La géographie diverse des CFSM suggère que les expériences des immigrants francophones vont elles aussi varier – tel qu’illustré dans les recherches récentes sur le sujet qui suggèrent que les contextes régionaux (par ex. le lieu, la taille de la communauté, la proportion et la concentration de la population francophone, la disponibilité et l’accessibilité des institutions, des services et des ressources) peuvent jouer un rôle dans les expériences de la vie communautaire des immigrants francophones au quotidien.
Par exemple, l’étude de cas d’une organisation communautaire à but non lucratif à Sudbury (Contact interculturel francophone de Sudbury, CIFS) complétée par Lacassagne (2010) démontre la pratique prometteuse potentielle d’un organisme communautaire local qui a réussi à répondre aux besoins des immigrants francophones en collaborant avec les institutions de la CFSM locale pour le développement d’une culture et d’une identité franco-ontarienne inclusive de la francophonie dans toute sa diversité. Par contre, Veronis et ses collègues (Gilbert et al., 2014; Veronis, 2015; Veronis & Couton, 2017) ont trouvé qu’il y a une tendance au manque de communication entre les immigrants francophones et les membres de la CFSM dans les espaces de vie communautaire à Ottawa. De plus, ils ont identifié que malgré des relations relativement positives entre les deux groupes, plusieurs font face à une ‘intégration parallèle’. Essentiellement, bien que les relations interpersonnelles entre nouveaux arrivants et membres de la communauté francophone établie soient positives, elles se limitent au niveau individuel, plutôt que communautaire. D’autre part, Huot et ses collègues (Huot et al. 2014; Huot, 2013; Huot et al., 2013) ont trouvé que les expériences quotidiennes des immigrants francophones à London sont difficiles notamment à cause de ‘l’invisibilité’ de la CFSM locale. Il est donc difficile pour les immigrants francophones d’accéder à et de participer dans les institutions francophones minoritaires, d’autant plus étant donné leur propre ‘visibilité’ comme membres d’un groupe de minorités visibles.
Les recherches de Dalley et de ses collègues (Bélanger et al. 2015; Dalley, 2014a; Dalley, 2014b) sur l’éducation en langue française inclusive dans les espaces communautaires comme les écoles et les clubs de devoir en contexte minoritaire, suggèrent l’importance de considérer comment les interactions au niveau individuel contribuent à la construction d’espaces discursifs où la diversité est négociée. Étant donné l'idéologie fortement normative attachée à la langue française, ces interactions soulèvent des questions par rapport aux relations de pouvoir quand les membres des CFSM n’adhèrent pas aux normes dominantes. L’étude des minorités francophones est donc importante puisque la question « Qui décide qui est ‘vraiment’ francophone? » est encore un sujet de débat et ces tensions obscurcissent les négociations d’identité et les différences qui font partie des parcours migratoires.
Autrement dit, une approche communautaire cohérente pour encourager l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones semble encore manquer dans les CFSM. Puisque ces communautés vivent une transformation sociale et démographique majeure qui n’est pas encore bien comprise et dont les conséquences potentielles sont encore incertaines, les comparaisons régionales sont essentielles pour pouvoir mieux répondre aux réalités locales et aux dynamiques communautaires. Notre étude offre une perspective contemporaine sur la tension entre l’élargissement et la fragmentation des CFSM en lien avec l’immigration à travers l’examen des espaces communautaires dans deux régions spécifiques distinctes. Les espaces communautaires dans toute leur diversité jouent un rôle important pour répondre tant aux besoins sociaux que culturels des CFSM – à travers l’offre de services en français (par ex. santé, éducation) ainsi que pour le maintien et la promotion de l’identité et de la culture francophone (Farmer 1996). C’est en partie dans ces espaces que la diversité communautaire est vécue, et où il est possible de négocier et de développer des identités et des intérêts communs. Effectivement les débats face à l’immigration francophone continuent : contribue-t-elle à la vitalité et à l’enrichissement culturel des CFSM, ou plutôt à leur dissolution? La question à savoir si les nouveaux arrivants se sentent accueillis et inclus dans les espaces communautaires francophones est complexe et digne d’un examen critique. Est-ce que ces espaces offrent des possibilités de rencontre, de nouer des liens, de développer des intérêts et des initiatives communs avec les francophones établis? De quelle manière est-ce que ces espaces facilitent l’intégration sociale et culturelle, ainsi que la participation et l’engagement au sein de la communauté? Comment des pratiques et des politiques inclusives pourraient être améliorées dans ces espaces?
Néanmoins dans les recherches mentionnées ci-haut – toutes examinant des contextes régionaux distincts –, l’étude des espaces de rencontre eux-mêmes au sein de ces communautés et de leur rôle est peu développée. D’autre part, plusieurs études se penchent sur divers enjeux présents dans des espaces communautaires spécifiques, tels que les expériences des élèves issus de l’immigration dans les écoles francophones (ex. Benimmas, 2010; Bisson et Ahouansou, 2011, 2013; Carlson Berg 2010, 2011), les expériences des immigrants employés par des organismes communautaires (par ex. Mianda, à paraître), ou encore la possibilité pour les immigrants de côtoyer les membres des communautés établies dans des centres de ressources communautaires multiservices francophones (Veronis & Couton, 2017). Mais dans ces cas la question de l’intégration et de la participation sociales et culturelles des immigrants d’expression française (IEF) dans ces espaces est peu approfondie. Autrement dit, une lacune existe à ce sujet dans la littérature sur l’immigration d’expression française dans les CFSM.
Ce constat se voit confirmé par les résultats d’une synthèse et analyse récemment complétée sur les travaux de recherche sur les immigrants au sein des communautés de langues officielles en situation minoritaire au Canada (Esses et al., 2016). Bien que l’intégration sociale et culturelle apparaisse comme un thème central parmi les 104 documents inclus dans cette analyse, les connaissances par rapport aux rôles potentiels et spécifiques des espaces communautaires sont encore limitées.
Dans cette synthèse (Esses et al., 2016), la littérature portant sur l’intégration sociale et culturelle des IEF dans les CFSM peut être regroupée selon trois centres d’intérêts principaux : les études examinant le rôle des communautés d’accueil, les études comparatives sur différentes régions géographiques et les études sur les expériences des immigrants portant sur des questions d’identité et d’appartenance.
Fourot (2013), par exemple, se penche sur les différentes approches que les municipalités peuvent adopter pour soutenir l’intégration des immigrants, telles qu’à travers des activités sportives et des loisirs et en améliorant l’accès aux services sociaux et culturels. Bien que n’étant pas le sujet central de son étude, ces divers types d’activités se donnent par l’entremise d’espaces communautaires, et donc représentent une pratique potentielle prometteuse qui devrait mieux être examinée. De plus, le titre d’un article plus récent de Fourot (2016) suggère même le besoin de « redessiner les espaces francophones au présent » (p. 25) étant donné la diversité croissante des CFSM à travers l’immigration. La conclusion de cette dernière étude fait appel au besoin d’étudier « […] des espaces au sein desquels les frontières sont en redéfinition » (p. 44; notre emphase).
Ce type de redéfinition se retrouve dans les résultats d’autres études complétées de part et d’autre au Canada. Une étude menée à Moncton par Weerashinghe et ses collègues (2016) révèle que les participants s’identifiaient comme ayant des valeurs, une culture et une langue partagées. Les chercheurs décrivent une forme de citoyenneté fluide ou globale et suggèrent que la formation de relations sociales était basée sur des valeurs universelles partagées et non pas sur des valeurs culturelles. Ils notent cependant aussi des différences géographiques entre les villes de leur étude comparative. Dans le contexte de la Colombie-Britannique, Laghzaoui (2011) indique que les CFSM s’épanouissent malgré leur distance du centre francophone du Canada et décrit comment l’émergence d’une société civile française aide au développement des institutions sociales et politiques dans la province. Bien que l’enjeu de l’intégration sociale et culturelle est abordé dans la littérature sur l’immigration d’expression française dans les CFSM, il reste tout de même des questions reliées aux facteurs qui facilitent ou entravent ces formes de redéfinition et de fluidité.
De manière semblable, les recherches examinant les expériences d’intégration sociale et culturelle des immigrants font souvent allusion aux rôles des espaces communautaires, sans pour autant les examiner de manière explicite. Les recherches de Madibbo (2010, 2014, 2016) s’intéressent aux formes d’exclusion subies pas les immigrants francophones dans les communautés d’accueil, qui ont un impact sur leur sens d’appartenance. Selon elle, les concepts d’appartenance et d’identité dans la littérature ont tendance à être utilisés par rapport à trois dimensions communautaires distinctes : à la communauté ethnique, à la francophonie et à la société canadienne. Or Madibbo (2016) démontre l’existence d’un sens d’appartenance multiple et des identités intersectionnelles (à la croisée du statut migratoire, de l’ethnicité et de la race et de la langue) parmi les immigrants francophones – l’appartenance dans une communauté n’excluant pas l’appartenance dans une autre. Toutefois, ces formes d’appartenance multiple et intersectionnelle peuvent présenter diverses barrières et exclusions, sur la base de la discrimination raciale et linguistique par exemple (Madibbo, 2016). En conséquent, ce processus de redéfinition ne se joue pas seulement à l’échelle communautaire, mais aussi individuelle en affectant les identités intersectionnelles des immigrants eux-mêmes. Pourtant, ici encore, le rôle des espaces communautaires n’est pas abordé comme un enjeu central servant à mieux comprendre où et comment ces expériences sont vécues au quotidien.
En somme, bien que certaines études tiennent compte de l’importance de divers espaces (par ex. les écoles, les centres communautaires) dans l’intégration des immigrants francophones en général et que d’autres explorent la question de l’intégration sociale et culturelle à travers plusieurs approches, il reste que des lacunes existent en ce qui concerne les connaissances sur le rôle des espaces communautaires francophones dans l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones dans les CFSM. Des recherches sur les possibilités offertes par les espaces communautaires pour faciliter cette intégration pourraient être encouragées afin de combler cette lacune. Ceci est l’un des buts principaux de notre étude comparative d’Ottawa et de London qui nous espérons contribuera de nouvelles connaissances à ce sujet.
Méthodologie
Nous avons adopté une méthodologie qualitative d’étude de cas instrumentale (Stake, 1995) qui combine deux méthodes de collecte de données dialogiques et qui inclut quatre étapes avec des populations cibles différentes. Nous avons entrepris une étude comparative d’Ottawa et de London, deux villes désignées sous la Loi sur les services en français de l’Ontario. Les deux villes font partie du Réseau en immigration francophone (RIF Est et RIF Centre-Sud-Ouest). Dans cette recherche, l’emphase est mise sur l’approche communautaire à l’intégration et à la participation des immigrants francophones pour examiner les différences entre les régions dans ces processus. Ottawa évolue dans un contexte unique, étant située à la frontière interprovinciale entre l’Ontario et le Québec, et offre une gamme de ressources et services en français à laquelle les francophones vivant dans d’autres CFSM n’ont pas accès (Gilbert et al., 2014). La ville accueille une des plus grandes populations d’immigrants francophones hors Québec. Pour sa part, London est une ville plus petite ville avec une CFSM d’autant plus petite. Selon le recensement de 2011, la CFSM d’Ottawa comptait 143 040 individus (16,4 % de la population totale), tandis que celle de London représentait seulement 1,4 % de la population totale (avec 6 625 personnes) (Statistique Canada, 2012a, 2012b). Alors qu’Ottawa est une ville bilingue à proximité de la plus grande population francophone du Canada, London est beaucoup plus isolée du point de vue de sa géographie linguistique, étant donné qu’aucun des comptés l’entourant n’est désigné.
Étape 1 : Contexte et profil démographique et entrevues avec informateurs clés
Lors de l’étape 1, nous avons utilisé des données du recensement pour préparer des profils démographiques descriptifs des communautés francophones à London et à Ottawa qui sont aussi récents que possible étant donné la mobilité continuelle de ces populations par des processus comme la migration secondaire.
Suite à cela, nous avons complété seize entrevues avec des informateurs clés, dont huit dans chaque ville (voir Annexe 1 pour le guide d’entrevue). Le but des entrevues était de connaître la perspective de ceux qui sont dans des positions de leadership au sein des communautés – tels que des directeurs généraux, des gestionnaires de programmes, et des membres de conseils d’administration des institutions et des organismes francophones desservant les immigrants – afin de capter une diversité de points de vue (voir liste, étape 1).
À London, les entrevues ont été complétées avec des représentants des organismes suivants : Centre communautaire régional de London (CCRL); Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO - London-Sarnia); Collège Boréal; Carrefour des Femmes du Sud-Ouest de l’Ontario (CFSOO); Réseau de soutien à l’immigration francophone région de la région Centre-Sud-Ouest de l’Ontario; La ribambelle; Conseil scolaire Viamonde; et Conseil scolaire Providence.
À Ottawa, les entrevues ont été complétées avec des représentants des organismes suivants : Conseil Économique et Social d’Ottawa-Carleton (CESOC); Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario (RSIFEO); Travailleurs d’établissement dans les écoles (TEE) du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario et du Conseil des écoles catholiques du centre est; Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO d’Ottawa); La Cité collégiale; Centre de services communautaires Vanier; et le Regroupement ethnoculturel des parents francophones de l’Ontario (REPFO).
Liste des organismes inclus dans l’étape 1
RIF
- Réseau de soutien à l’immigration francophone région de la région Centre-Sud-Ouest de l’Ontario
- Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario (RSIFEO)
Institution post-secondaire
- Le Collège Boréal
- La Cité Collégiale
Association francophone
- Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO - London-Sarnia)
- Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO d’Ottawa)
Centre communautaire
- Centre communautaire régional de London (CCRL)
- Centre de services communautaires Vanier
Conseils scolaires
- Le Conseil scolaire Viamonde et le Conseil scolaire Providence
- Travailleurs d’établissement dans les écoles (TÉÉ) du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario et du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est
Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS)
- Carrefour des Femmes du Sud-Ouest de l’Ontario (CFSOO)
Centres de la petite enfance
- La ribambelle
Agence d’établissement
- Conseil Économique et Social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC)
Association immigrante
- Regroupement ethnoculturel des parents francophones de l’Ontario (REPFO)
Ces entrevues ont fourni des connaissances contextuelles et la perspective des organismes sur le rôle des espaces communautaires dans l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones. Les questions lors de ces entrevues concernaient des sujets tels que le mandat et les activités principales des organismes; les circonstances ou les domaines d’intervention qui les mènent généralement à traiter avec les nouveaux arrivants francophones; les relations des organismes avec les immigrants francophones; les principaux obstacles auxquels font face les immigrants francophones ainsi que la communauté d’accueil et les organismes, et le rôle des espaces communautaires.
Étape 2 : Entrevues de groupe avec immigrants et réfugiés francophones
Pour l’étape 2, nous avons mené huit entrevues de groupe (quatre dans chaque ville) avec des immigrants et réfugiés francophones. Le recrutement ciblait la participation de personnes diverses, incluant des hommes et des femmes de différents pays d’origine, avec un statut d’immigration différent (immigration économique, parrainage familial, réfugié), installés au Canada pour des périodes variées (très récemment, récemment, plus établis), différents groupes d’âges, etc. Le but n’était pas d’être représentatif, mais plutôt d’obtenir une diversité d’opinions pour mieux comprendre l’hétérogénéité des immigrants francophones, de leurs expériences, de leurs besoins et de leurs pratiques. Les questions (voir Annexe 2 pour le guide d’entrevue) visait leur accès aux et utilisation des espaces communautaires francophones, leurs expériences d’inclusion et quels facteurs ont facilité leur engagement et participation au sein de la communauté locale.
L’entrevue de groupe (« focus group » en anglais) constitue une méthode exploratoire qui est idéale pour stimuler le débat et la discussion parmi les participants, ce qui permet d’identifier les enjeux clés en lien avec une problématique et de donner un aperçu des diverses perspectives à ce sujet en une seule rencontre (Bennet 2002; Cameron 2010; Longhurst 2010). Cette approche permet aux participants d’interagir entre eux et avec les chercheures, de sorte à échanger sur leurs expériences ainsi que sur leurs interprétations de celles-ci (Cameron, 2000). Cette méthode nous a donc permis d’observer la co-construction des données au sein de chaque groupe de discussion pour examiner comment les participants comprennent et interprètent leurs expériences vécues (Cloke et al. 2004) au quotidien au sein des espaces communautaires.
Pour complémenter les données obtenues lors des entrevues de groupe et pour nous aider dans l’analyse, nous avons aussi demandé aux participants de compléter un questionnaire démographique (voir Annexe 3). Nous présentons ici un profile démographique général des participants aux entrevues de groupe à London et à Ottawa (voir Annexe 4 pour les données détaillées).
À London, 13 personnes ont participé au total aux quatre entrevues de groupe (4, 5, 1 et 3 participants respectivement), dont neuf femmes et quatre hommes. La majorité des participants (8) était âgée de 35 ans à 54 ans, avec quatre autres participants âgés entre 18 et 34 ans. Dix des participants étaient mariés et chacun des trois autres étaient célibataire, séparé/e et veuf/veuve respectivement. Des 13 participants, neuf sont nés en Afrique, dont trois à la République centrafricaine, trois au Rwanda, deux au Burundi et un au Bénin. Un participant est né en Bulgarie (Europe) et trois sont nés en Colombie (Amérique du sud). Les participants sont venus au Canada sous plusieurs catégories d’immigration : quatre comme travailleurs qualifiés, deux sous la catégorie de parrainage familial, un comme immigrant investisseur, un avec permis de travail, et cinq comme demandeurs d’asile ou en tant que réfugiés. Une grande partie des participants (8) venait de passer moins de cinq ans au Canada; seulement deux avaient passé 11 ans et plus. En ce qui concerne le niveau d’éducation, sept participants avaient un diplôme d’études supérieures, trois avaient un baccalauréat, un avait un diplôme d’études secondaires, et deux n’avaient pas de diplômes d’études secondaires. En termes d’occupation, quatre avaient un emploi à temps plein, quatre un emploi à temps partiel, trois étaient aux études, un gérait un projet personnel et un était sans emploi. Plus de la moitié (sept participants) avaient habité dans d’autres villes en Ontario ou au Québec avant de s’installer à London.
À Ottawa, 43 individus au total ont participé aux quatre entrevues de groupe (13, 12, 11 et 7 participants respectivement). Parmi eux, il y avait 25 hommes et 18 femmes. Pour les groupes d’âge la répartition était comme suit : 15 participants avaient entre 18-34 ans, 18 entre 35-54 et six avaient 55 ans et plus (quatre participants n’ont pas identifié de groupe d’âge). En ce qui concerne le statut patrimonial, 25 étaient mariés, huit étaient jamais mariés, quatre étaient célibataires, quatre étaient séparés ou divorcés et quatre ont indiqué ‘autre’. La majorité des participants (38 d’entre eux) provenait de l’Afrique, alors que trois étaient nés en Haïti (Caraïbe) et un en Belgique (Europe); ceux originaires de l’Afrique étaient nés dans les pays suivants : 23 au Burundi, cinq au Rwanda, quatre en République démocratique du Congo, deux en Côte d’Ivoire, et un chacun au Congo-Brazzaville, Maroc, Sénégal et Togo (avec un participant n’ayant pas identifié son pays d’origine). Plusieurs catégories d’immigration étaient représentées : cinq participants étaient arrivés comme travailleurs qualifiés, 11 à travers la catégorie de parrainage familial, un comme candidat des provinces, et 26 comme demandeurs d’asile ou en tant que réfugiés. La grande majorité des participants (36) était arrivés récemment au Canada (entre 0-5 ans), tandis que cinq y avaient passé entre 6-10 ans et un était arrivé depuis 11 ans et plus (un participant n’a pas répondu à cette question). Pour ce qui est de l’emploi, deux ont dit travailler à temps plein et quatre à temps partiel, alors que 35 se sont dit sans emploi (certains étaient aux études ou suivait une formation) (deux ont identifié ‘autre’ mais sans préciser). Les participants étaient généralement éduqués : 10 avaient un diplôme d’études supérieures, 13 avaient un baccalauréat universitaire, quatre avaient un diplôme technique, 13 avaient un diplôme d’études secondaires et trois n’avaient pas de diplôme d’études secondaires. Plusieurs avaient habité dans d’autre villes ou provinces avant de s’installer à Ottawa, dont Vancouver (CB), Winnipeg (MB), London (ON) et Halifax(NÉ).
Étape 3 : Entrevues avec des représentants d’espaces communautaires
Pour l’étape 3, sur la base des résultats obtenus lors des entrevues de groupe, nous avons complété trois entrevues semi-dirigées dans chaque ville (pour un total de six entrevues) avec des représentants d’espaces communautaires. Les entrevues personnelles de type semi-dirigé sont une méthode idéale pour obtenir une compréhension plus approfondie des expériences quotidiennes de la perspective des individus, tout en gagnant un aperçu du rôle des structures sociales plus larges dans la formation de ces expériences (Bennet 2002; Longhurst 2010).
Les participants à cette étape ont été choisis comme représentants d’espaces que les participants de l’étape 2 avaient identifiés comme ayant facilité leur processus d’intégration sociale et culturelle et/ou comme étant un espace communautaire d’importance pour eux. Le but de ces entrevues était d’obtenir plus de détails par rapport à la nature et la fonction de ces espaces communautaires et leur rôle de soutien dans l’intégration et l’engagement des immigrants et réfugiés francophones dans les CFSM. Le guide d’entrevue comprenait des questions en lien avec le rôle d’espaces communautaires particuliers, le profil des usagers et/ou des participants et l’efficacité de ces espaces pour faciliter l’intégration sociale et culturelle, ainsi que la participation et l’inclusion des immigrants et réfugiés francophones dans les CFSM (voir Annexe 5 pour le guide d’entrevue).
Représentants d’espaces communautaires inclus dans l’étape 3
London
Conseillère en établissement d’un organisme à but non lucratif francophone
Directeur général d’un organisme anglophone
Agente de liaison communautaire d’un organisme communautaire à but non lucratif francophone
Ottawa
Chef de projet, programme de formation aux nouveaux arrivants francophones, institution post-secondaire francophone
Pasteur, église chrétienne multiculturelle
Conseillère en établissement, organisme d’établissement offrant des services en anglais et en français
À London, les entrevues ont été complétées avec une conseillère en établissement et une agente de liaison communautaire de deux organismes francophones différents, ainsi qu’un directeur général d’un organisme anglophone qui a été cité comme organisme important lors des entrevues de groupe. À Ottawa, une entrevue a été menée avec un chef de projet responsable d’un programme de formation pour nouveaux arrivants francophones dans une institution post-secondaire francophone, un pasteur d’une église chrétienne multiculturelle et une agente d’établissement d’un organisme d’établissement offrant des services en anglais et en français.
Étape 4 : Rencontre communautaire
Une rencontre communautaire a été organisée dans chaque ville dans le but de faire part des résultats préliminaires selon les analyses en cours et d’obtenir de la rétroaction. Le deuxième but était de solliciter des commentaires et des suggestions de la part des participants à ces rencontres afin de nourrir et raffiner les recommandations présentées à la fin de ce rapport qui pourraient servir à améliorer l’inclusion des immigrants dans les institutions et la communauté francophones. Ces rencontres ont donc servi à vérifier et à complémenter la collecte des données des autres étapes méthodologiques de l’étude. Les participants des étapes précédentes ont tous été invités, toutefois l’annonce pour la rencontre a aussi été distribuée de façon plus large afin d’inviter d’autres membres de la communauté intéressés. Les rencontres se sont tenues de manière stratégique juste avant la semaine nationale de l’immigration francophone de 2016, les 25 et 27 octobre à London et à Ottawa respectivement.
Pour chacune des rencontres, une présentation avait été préparée comprenant le contenu suivant : introduction, contexte, objectifs et questions de recherche, méthodologie et méthodes, description des participants et résultats des étapes un, deux et trois (correspondant à chaque ville respectivement), ainsi que des questions de discussions reliées aux thèmes principaux présentés (par ex. Quel est l’enjeu le plus prioritaire? Quelles stratégies pourrait-on utiliser pour mitiger les défis auxquels font face les organismes communautaires?) et des questions précises pour obtenir de la rétroaction (par ex. Quelles sont vos recommandations pour promouvoir la participation, l’inclusion et l’engagement des immigrants au sein de la communauté? Quel message aimeriez-vous passez au gouvernement à ce sujet?).
À la rencontre de London, neuf participants se sont présentés. Les deux chercheures, professeures Huot et Veronis ont animé la rencontre. La majorité de ceux qui ont assisté à la rencontre communautaire était des participants lors de l’étape un de l’étude. D’autres membres de la communauté francophone ont aussi assisté, notamment des employés d’organismes francophones qui n’avaient pas participé à l’étude, mais qui s’intéressaient aux résultats. Par contre, aucun participant de l’étape 2 (groupes de discussion) n’a assisté à la rencontre. Au lieu d’une présentation formelle suivie de questions structurées, la rencontre s’est déroulée de manière plutôt informelle avec des sections de la présentation intercalée avec de la discussion fructueuse. Les participants ayant participé de façon individuelle à une étape du projet semblaient généralement intéressés de connaitre la synthèse des données et des résultats obtenus à travers l’ensemble des étapes méthodologiques. Ayant eu du temps de réflexion et la chance de réagir aux résultats, les participants à la rencontre ont confirmé nos analyses préliminaires et ont élaboré davantage sur les thèmes et les enjeux centraux. Avec l’aide de l’assistante de recherche du projet à London, des notes détaillées ont été prises durant les discussions pour documenter les points important soulevés.
À Ottawa, 20 personnes ont participé à la rencontre. Professeure Veronis a animé la rencontre avec l’aide des assistantes de recherche du projet à Ottawa. Parmi les participants figuraient des personnes qui avaient participé aux étapes 1, 2 et 3, ainsi que quelques membres intéressés de la communauté plus large. Étant donné le nombre plus important de participants, la rencontre s’est déroulée de manière un peu plus formelle (la présentation étant suivie par les discussions) qu’à London. Néanmoins l’atmosphère était décontractée et les participants pouvaient poser des questions et intervenir à tout moment. Comme à London, les participants de la rencontre ont apprécié l’opportunité de connaitre les résultats préliminaires de l’étude et de pouvoir partager leurs commentaires. À nouveau, nous avons pris des notes détaillées des idées discutées afin de pouvoir s’y référer ultérieurement.
Analyse des données
L’analyse des données correspondant à chaque site (Ottawa et London) a été complétée suivant un processus en deux étapes. D’abord, nous avons analysé le texte intégral de toutes les entrevues, qui ont été transcrites mot à mot, obtenues lors des trois étapes (Sandelowski, 1995; Ryan et Bernard, 2003) en procédant à une première lecture au complet pour capter le sens du texte. Ensuite nous avons procédé à un codage inductif de chaque entrevue ligne par ligne (Carspecken, 1996). Enfin, les codes ont été organisés en catégories contribuant à l’élaboration des thèmes présentés ci-dessous.
Résultats
Dans cette section nous présentons les résultats pour chacune des trois étapes de notre étude. Pour l’étape 1 (entrevues avec informateurs clés), nous discutons de trois enjeux principaux découlant de nos résultats : les défis que confrontent les communautés francophone pour maintenir leurs espaces communautaires, la question de l’(in)visibilité des communautés francophones en contexte minoritaire et le rôle des espaces communautaires pour l’intégration et la participation des immigrants et réfugiés francophones. À l’étape 2 (groupes de discussion) nous décrivons les types d’espaces communautaires discutés par les participants, ainsi que le rôle de ces espaces jouent pour faciliter leurs expériences d’intégration sociale et culturelle. Nous présentons ensuite les défis qu’ont vécus les participants à cet égard, ainsi que leurs suggestions pour des pratiques qui pourraient aider à faciliter leur intégration. Lors de l’étape 3, (entrevues avec des représentants d’espaces communautaires) nous élaborons trois thèmes principaux : les enjeux et défis auxquels font face les organismes desservant les immigrants francophones, le rôle des espaces communautaires pour l’intégration des immigrants francophones et les défis que confrontent ces derniers à London et Ottawa. Mais d’abord, nous présentons un profil démographique des communautés francophones à London et Ottawa pour mieux situer notre analyse comparative des deux villes dans leur contexte socio-géographique.
Contexte et profil démographique : London et Ottawa
Pour mieux situer et interpréter les résultats qualitatifs de notre étude, nous avons examiné les données du recensement par rapport aux langues officielles et à l’immigration dans les deux villes. Cette information nous permet de mieux connaitre le contexte démographique des sites et donc de nourrir notre analyse des entrevues menées à chaque étape. Des tableaux avec des données démographiques descriptives sont inclus dans l’Annexe 6.
À premier abord, il est important de signaler que la taille des deux villes ainsi que la taille et la proportion de la population francophone diffèrent significativement. En 2011, la population qui avait le français comme langue maternelle représentait 15 % de la division de recensement d’Ottawa (avec 131 299 membres) comparé à 1,4 % pour la région métropolitaine de London (avec 6 740) (voir Tableaux 1 et 2, Annexe 6). Nous constatons également que la population francophone a grandi en taille absolue durant la période 1981 à 2011 dans chacune des villes. Néanmoins, sa proportion était en déclin à Ottawa (passant de 19,2 % à 15 %) et s’est maintenue relativement stable à London, avec une légère croissance (de 1,1 % à 1,4 %). Simultanément, nous remarquons que la proportion de la population anglophone est aussi en déclin, alors que celle des autres langues est en croissance, et ce dans les deux villes. Nous interprétons ces données comme indiquant un apport migratoire à la population des deux villes, bien que cette influence semble plus marquée à Ottawa qu’à London.
Le Tableau 3 (Annexe 6) montre la proportion d’immigrants dans la population francophone à London et Ottawa pour 2006 et 2011. Dans le cas de London, nous notons une légère croissance de 11,4 % à 11,8 %. À Ottawa, la croissance est plus marquée passant de 8,9 % en 2006 à 12,4 % en 2011. Alors que l’immigration a probablement contribué à la croissance de la communauté francophone, nous soulignons que de par sa localisation à la frontière du Québec et son statut de capitale du pays, il se peut qu’Ottawa ait aussi bénéficié de l’arrivée de francophones canadiens. Les Tableaux 4 et 5 nous aident à comprendre la dynamique migratoire en lien avec les langues. Selon ces données du recensement de 2011, il apparait qu’à London le français est une langue minoritaire par rapport non seulement à l’anglais, mais aussi par rapport aux ‘autres langues’ parlées plus souvent à la maison, autant par immigrants que les non immigrants. Tandis que la plus grande proportion des immigrants cite l’anglais comme la langue plus souvent parlée à la maison (10,7 %), plus d’immigrants parlent une autre langue (6,5 %) que le français (0,07 %). La situation est un peu différente à Ottawa, où les immigrants sont plus susceptibles à parler une autre langue (16,4 %) que ce soit l’anglais (10,7 %) ou le français (2,3 %), suggérant une population immigrante plus diversifiée à Ottawa qu’à London. Dans les deux villes, le français demeure une langue minoritaire parmi les populations immigrantes et non-immigrantes. Cependant, ces données sont prises de l’Enquête nationale auprès des ménages, ce qui peut avoir un biais de réponse difficile à estimer.
D’autre part, il est aussi important de prendre en considération la dynamique migratoire plus large dans les deux villes. Les Tableaux 6 et 7 (Annexe 6) nous renseignent sur la présence de la population immigrante ainsi que les nouveaux arrivants pour les périodes allant de 1991 à 2011. Il est intéressant de noter que bien que la proportion d’immigrants était plus grande à London qu’à Ottawa en 1991 (17,3 % comparé à 14,6 %), la croissance de cette proportion a été plus élevée dans la capitale que dans la ville du sud-ouest ontarien, atteignant 25,6 % dans la première et 18,7 % dans la seconde en 2011. La proportion de nouveaux arrivants est aussi généralement plus élevée à Ottawa qu’à London. Ces données sont utiles pour nous aider à comprendre le contexte migratoire dans les deux villes. Plus spécifiquement, Ottawa démontre une présence de population immigrante plus marquée que London, ce qui peut se traduire en des ressources et infrastructures plus vastes pour répondre aux besoins de ces groupes.
Résultats de l’étape 1 : Entrevues avec informateurs clés
Trois thèmes clés ont émergé de notre analyse des entrevues menées avec des représentants d’organismes francophones à London et à Ottawa. Ils s’agit des défis que les organismes et institutions francophones confrontent pour maintenir les espaces communautaires en situation minoritaire, de questions d’(in)visibilité des communautés francophones et du rôle que jouent ces espaces pour l’intégration et la participation des immigrants francophones.
En lien avec le premier thème, dans les deux sites de recherche, London et Ottawa, les participants ont identifié trois défis principaux qui affectent le rôle et la capacité des organismes et des espaces communautaires francophones à faciliter l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones. Il s’agit d’enjeux de financement, de compétition entre organismes et de la capacité à diffuser l’information et à rejoindre les populations immigrantes francophones. Dans une certaine mesure, ces défis découlent de la restructuration des politiques publiques. Les participants dans les deux villes ont souvent parlé de ces trois défis comme étant inter-reliés entre eux.
Le deuxième thème soulevé lors des entrevues à London et à Ottawa concerne la visibilité ou plutôt l’invisibilité de la communauté francophone ainsi que de ses services et de ses espaces communautaires. Cette (in)visibilité a été décrite comme existant à plusieurs niveaux, avec certaines différences entre les deux villes, qui seront illustrées plus bas.
Concernant le troisième thème sur les espaces communautaires, les participants ont aussi évoqué le rôle de ces espaces et les opportunités qu’ils offrent pour faciliter et soutenir l’intégration et la participation sociale et culturelle des immigrants francophones dans les CFSM, et ce de plusieurs manières. Au-delà de l’emphase que certains ont mis sur l’importance de l’accessibilité des espaces communautaires en termes de transport, de coûts, etc., et lorsque les immigrants ont accès aux organismes francophones, la majorité des représentants tant à London qu’à Ottawa a expliqué que leur espace offre un environnement généralement accueillant. Les résultats de l’étape un sont discutés plus en détail dans une publication récemment soumise pour évaluation (Veronis et Huot, soumis). Dans ce rapport nous présentons des exemples de ces trois thèmes pour chaque ville avant d’entreprendre une discussion comparative.
London
En lien avec le premier thème, la majorité des participants a mentionné des problèmes de financement, dont des coupures de budget et un manque de subventions à long terme, ce qui crée de l’insécurité dans le fonctionnement des organismes. Un participant disait qu’ils font face à plusieurs obstacles à surmonter :
Beaucoup d’obstacles, les obstacles sont presque généraux, c’est un problème de financement généralement il y a parfois des coupures qui sont intempestives c’est, vous avez commencé l’année fiscale en plein année fiscale on fait des coupures alors là il faut mettre les gens à la porte, il faut revoir la programmation, et ça perturbe. Alors moi, comme directeur général le plus gros obstacle en terme de fonctionnement c’est celui-là c’est essentiellement celui-là. (London 1-2)
Deuxièmement, les participants ont parlé de compétition qui se joue entre organismes francophones et anglophones, ainsi qu’entre les organismes francophones eux-mêmes, ce qui peut avoir des impacts néfastes pour la communauté francophone dans son ensemble. Par exemple, une participante expliquait que la compétition entre organismes peut nuire au développement de collaborations et de partenariats :
[…] les fonds disponibles viennent, en fait comme on est très peu nombreux et que les fonds sont très souvent limités, les organismes se font régulièrement compétition dans leur propre domaine d’intervention, et particulièrement à London la dynamique a été amplifiée lorsque un bailleur décide d’accorder un service à un organisme ou en retirer à un organisme et le donner à un autre organisme pour des périodes prolongées, ça crée des ruptures et de manque de confiance à l’intérieur de la communauté. (London 1-5)
Le troisième défi concerne la capacité à atteindre les immigrants francophones pour les informer de l’existence de services leur étant destinés, et plus généralement à diffuser cette information dans la communauté. D’une part, il a été expliqué que les budgets de publicité et de promotion sont les premiers à souffrir des coupures et du manque de financement. De l’autre, le contexte dynamique de l’immigration et du monde associatif a été mentionné, et donc le besoin constant de diffuser l’information. Il y a toujours des nouveaux arrivants – dont les besoins sont à la fois complexes et diversifiés – qui ne sont pas nécessairement au courant des efforts de sensibilisation précédant leur arrivée :
Le premier [obstacle] pour nous c’est de les trouver, les identifier et d’aller les chercher. Le deuxième ça sera, même quand on est allé les chercher et qu’on les a identifiés, ça va vraiment être cibler leurs besoins. Et c’est pas qu’on a accueilli 15 à 20 nouveaux arrivants l’année d’avant, les 20 autres qui vont arriver, ça je dis souvent, l’obstacle c’est, (…) il faut recommencer, aller identifier les besoins, aller identifier ce qui n’est pas compris, aller donner vraiment l’information dont les gens ont besoin et les prendre par la main et les guider vers cette intégration. (London 1-6)
D’autres ont identifié un manque d’approche coordonnée des services au sein de la communauté qui faciliterait aussi l’intégration des immigrants.
En lien avec le deuxième thème, la situation à London est complexe à cause du manque de visibilité de la communauté francophone en général auprès de la population majoritaire anglophone. Cette méconnaissance de la présence d’une population francophone dans une ville désignée nuit à la visibilité des organismes francophones ainsi qu’à la population immigrante francophone. Cette (in)visibilité crée une série de difficultés pour ces immigrants et les organismes qui les desservent, contribuant ainsi à un cycle vicieux comme l’a décrit une participante :
Il faut nous-mêmes réinventer et nous-même essayer de refaire des choses parce qu’il reste encore trop de gens qui ne connaissent pas tous les services offerts, et je parle avec le conseil scolaire [nom] mais je suis convaincue que c’est comme ça partout sur tous les services en français sur le territoire et encore trop de gens qui s’imagine que l’Ontario c’est juste anglophone, et que ça soit des services au niveau provincial ou fédéral , que c’est possible de les avoir en Ontario c’est surprenant, ils sont comme « hhmmm ». (London 1-6)
Dû à cette (in)visibilité, plusieurs ont parlé de la participation limitée de la communauté francophone aux événements et activités organisés par les organismes. Souvent seul un petit pourcentage de la communauté y assiste. Mais un problème plus important a été identifié en lien avec ce défi, celui de l’assimilation des francophones, dont les immigrants, dans la communauté majoritaire anglophone. En effet, les participants ont parlé de la perte de clientèle potentielle aux organismes anglophones. D’une part, il est difficile d’identifier les immigrants francophones parce qu’ils ne s’affichent pas nécessairement de façon explicite à la francophonie ou alors ne sont pas toujours reconnus comme étant francophones. De l’autre, vu que les services d’établissement sont offerts dans les deux langues officielles par des organismes anglophones et francophones, les nouveaux arrivants se dirigent souvent vers les premiers. Ces facteurs contribuent à la dynamique d’assimilation comme il nous a été expliqué :
La deuxième barrière que je vois c’est un problème de socialisation, socialisation c’est où retrouver cette communauté francophone là, parfois les gens arrivent c’est des francophones qui ne savent pas par où commencer, si ces francophones sont accueillis par un organisme anglophone parce que les anglophones offrent les services à tout le monde, francophones, anglophones, hispaniques, arabes, chinois, c’est immigrants alors si ces francophones font partie de ce groupe là, généralement les organismes les gardent pour eux parce qu’ils vont les aider et puis on ne les connecte pas immédiatement aux organismes francophones qui existent, ça c’est le deuxième obstacle majeur parce que ces gens qui arrivent nouvellement ne connaissent pas leurs droits, eux ils savent que bon, on est on leur dit pas tout nécessairement, que tu as droit à demander le service en français. (London 1-4)
Vu ces circonstances, on nous a parlé du besoin de sensibiliser la communauté plus large de London au sujet de l’existence de la CFSM et à l’importante offre de services en français. Certains participants espéraient que cette sensibilisation aiderait à combattre le manque d’aiguillage vers les organismes francophones.
Ceci dit, les organismes francophones ne sont pas passifs face à cette situation et plusieurs participants ont décrit les efforts continus qu’ils entreprennent pour augmenter la visibilité de la communauté francophone et faire connaitre les organismes et les services existants. Un participant a affirmé :
On fait vraiment tout ce qu’on peut pour réussir à aller chercher cette clientèle-là, en établissant des partenariats avec les groupes communautaires qui sont ethnoculturels, avec les différentes organisations à but non lucratif qui existent sur le territoire. On essaie d’être présents à toutes les activités (…). Alors en multipliant les démarches pour aller les chercher là où ils sont, on espère pouvoir aller les atteindre et puis leur démontrer que la francophonie existe et qu’on est là pour leur donner des services. (London 1-6)
Le troisième enjeu soulevé lors des entrevues concerne le rôle des espaces. En premier lieu, ces espaces peuvent offrir un environnement généralement accueillant. De par la disponibilité de ressources et l’offre de services et d’activités, les organismes communautaires francophones et leurs locaux représentent eux-mêmes des espaces importants pour les immigrants. Par exemple, plusieurs participants ont parlé des opportunités de bénévolat offertes par leur organisme qui peuvent aider les nouveaux arrivants à obtenir de l’expérience dans un milieu de travail Canadien, ainsi que des possibilités de créer des réseaux en interagissant avec d’autres personnes. Les réunions, les foires et les événements ponctuels organisés par les organismes créent aussi des espaces où une diversité de membres de la communauté francophone peut se rencontrer.
La majorité des participants a mis l’accent sur les possibilités de réseautage et de dialogue dans ces espaces communautaires. Une participante a expliqué que des liens à la fois professionnels et personnels peuvent s’y développer :
Je pense (…) que l’espace devient en fait un point de rencontre, un point de ralliement, il y a des gens, quand il y a un évènement que tout le monde se retrouve là, il y a des gens qui habitent à London mais qui ne se sont pas vus pendant un an ou deux, mais qui se rencontrent là donc cet espace sert à ça. (…) Il y a des partenaires qui se créent pendant ces rencontres-là, quand ces gens se retrouvent dans cet espace là et puis se changent de numéro de téléphones, de cartes d’affaires et continuent leur partenariat plus tard en dehors une fois que l’activité est terminée. Donc (…) il y a beaucoup de choses qui se développent après ça parce qu’il y beaucoup de liens d’amitiés qui se sont créés à la suite de ces rencontres-là puis les gens en dehors du bureau ils continuent à se voir. (London 1-4)
Les participants ont aussi souligné le rôle des espaces communautaires comme point de chute vers la communauté de London. Une participante a décrit comment les gens découvrent leur communauté par l’entremise de ces espaces :
Pour ceux qui ne savent pas supposons que [organisation] existe ou le centre communautaire, puis qui sont nouvellement arrivés souvent le point de chute ou les points centraux où les gens vont aller c’est à la bibliothèque, je pense c’est assez international pour tout le monde. On va aller à bibliothèque, on va aller à la piscine, on va aux endroits où tout le monde se réunit. Pour nous, ça nous permet d’entrer en relation avec les personnes, puis les informer de qu’est-ce qui se passe (…), ils apprennent s’ils sont intéressés les activités en français, puis ça fait une chaine et puis là tout le monde s’entraide. (London 1-7)
En d’autres termes, ces espaces communautaires servent à créer des ponts entre les immigrants francophones et la CFSM mais aussi la communauté majoritaire.
Cependant, on a signalé que l’absence d’un espace de rencontre communautaire central de type ‘guichet unique’ (englobant tous les services en français, et non pas seulement les services d’établissement) représente un défi important dans une ville où les services et la population sont dispersés, et donc un obstacle additionnel à l’accueil des immigrants francophones :
À ma connaissance à London en ce moment, la communauté francophone d’accueil n’a pas de structure pour accueillir les francophones, ça c’est mon observation. Il n’a pas la communauté francophone de London ou environ est très dispersée et très individualiste ce n’est pas une communauté soudée où tout le monde parle d’une même voie et met en place certaines structures d’accueil. On se dit par exemple on a tous des organisations on a tous des mandats différents si une personne, nouvellement arrivée arrive, quel est l’organisme qui va prendre la tâche en premier et on connait tous les besoins. (London 1-4)
Bien que l’absence d’un espace commun soit un défi pour le ralliement de la CFSM à London, plusieurs participants ont parlé des partenariats formés entre organismes et institutions francophones mais également anglophones qui permettent de créer des espaces pour des réunions, la coordination des programmes et l’organisation d’événements conjoints.
Ottawa
Les trois thèmes principaux caractérisaient les données d’Ottawa, souvent de façon semblable, mais aussi avec quelques différences notables qui sont discutés davantage dans la discussion comparative qui suit ci-dessous. En lien avec les défis au maintien des espaces communautaires francophones, les participants ont signalé que les coupures de financement ou les financements ponctuels qui ne sont pas nécessairement renouvelés créent de la difficulté au maintien des programmes à plus long terme. Exprimant sa frustration à cet effet, une participante a affirmé :
[…] où est-ce qu'on s'en va avec la communauté francophone si on n’a pas, si les immigrants qui viennent d'arriver, les francophones n'ont pas de services de base pour leur orientation, pour leur intégration. Comment est-ce qu'on va les installer? Est-ce qu'on va aller les plonger directement en anglais donc « va prendre le cours d'anglais pendant une année ou deux ans ou trois ans, après tu vas t'installer ». Ça c'est faire des choses à l'envers. (Ottawa 1-6)
Dans cet extrait, la participante fait clairement allusion à l’impact des coupures non seulement sur les nouveaux arrivants, mais aussi sur la communauté francophone plus large. Autrement dit, ces coupures affectent la création, le maintien et la qualité des espaces communautaires francophones avec des répercussions pour l’intégration des immigrants francophones dans les CFSM. Suite à cela, elle a parlé de l’impact des coupures sur le personnel et ses tâches quotidiennes puisque les travailleurs qui restent se retrouvent à charge des clients des postes qui sont éliminés.
D’autre part, les participants ont noté que les problèmes de financement sont à leur tour un facteur clé à la source de la compétition entre organismes pour obtenir du financement et pour attirer et garder des clients :
Puis le défi qu'on a, puis ça on le rencontre pas juste à Ottawa, on le rencontre partout ailleurs; parce que [le Ministère] exige des nombres, ça fait ce genre de compétition avec les organisations, [un organisme anglophone] va desservir l’immigrant francophone jusqu'au maximum (…). Au lieu de dire : « Ah, t'es francophone », il va travailler [avec le] CÉSOC; il peut pas faire ça parce que le nombre [ne comptera] pas pour lui, et lui il a un service en français à défendre. Alors, ces ententes-là entre le Ministère et les organisations devraient exister, pour que ça soit facile pour eux, puis pas perdant pour eux de dire on va préférer un service francophone, parce que moi je fais une grande différence entre un « service offert en français » et « un service francophone ». (Ottawa 1-2)
En ce qui concerne le monde associatif, il est sujet à des changements fréquents dont des roulements de personnel et d’offre de services. Il s’agit alors de maintenir les autres organismes et partenaires à jour, comme il a été expliqué :
Il y a vraiment un certain mouvement de personnel, donc notre travail à nous c’est de revenir constamment parler de nos programmes, de nos services. (…) C’est pour ça que ce guide là [dépliant] devient important lorsqu’on fait justement de la représentation, parce que nos conseillers en formation vont sur le terrain rencontrer les agents d’établissement, et vont faire la tournée (…) de nos partenaires pour leur parler de notre offre de service. (…) Nos services changent, alors s’il y a un financement qui a changé, s’il y a un nouveau projet qui s’est rajouté (…) alors, on va changer (…) notre dépliant. (Ottawa 1-5)
Pour le deuxième thème, bien que la CFMS d’Ottawa soit comparativement plus visible que celle de London, cet enjeu a aussi été discuté, quoique de façon différente. Il s’agissait surtout d’un manque de visibilité des services et des institutions francophones auprès des agences d’établissement anglophones, qui souvent n’orientent pas les nouveaux arrivants francophones vers eux. D’autre part, il a aussi été question d’un manque de connaissance parmi les immigrants francophones de l’existence de services et d’institutions francophones, ce qui limite leur utilisation et participation. Une manifestation et conséquence fréquentes de ces formes d’(in)visibilité est que les enfants des familles immigrantes francophones sont parfois inscrits dans les écoles anglophones, ce qui complexifie l’intégration et donc la participation des parents dans la communauté :
[…] je me suis rendue compte qu'il y a beaucoup de parents qui ont inscrit leurs enfants (…) dans les écoles anglophones alors que eux, n'est pas même pas anglais, ce qui fait que ça crée des barrières (…) pour parler avec les professeurs, (…) pour aider l'enfant, ça crée comme une grande barrière. Les parents ne vont pas à l'école, ils sont pas impliqués dans la vie des enfants, dans l'éducation des enfants. (Ottawa 1-6)
Dans le cas de cette participante, elle avait elle-même fait l’expérience d’avoir eu ses enfants inscrits à l’école anglophone, avec des impacts sur son intégration : « l'organisme nous a accueilli, les enfants étaient inscrits directement dans une école… (…) c'était plus anglais… ce qui fait que… ça a pris du temps pour que je puisse aller m'impliquer » (Ottawa 1-6)
Enfin, les participants d’Ottawa ont aussi parlé du troisième thème concernant le rôle des espaces communautaires francophones pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants. Notamment l’emphase a été mise sur la qualité des services d’établissement visant à les familiariser avec la communauté et les institutions francophones allant d’ateliers d’information à des visites guidées, des activités sociales et des foires avec des employeurs francophones. En particulier, ils ont identifié les centres communautaires et les écoles comme des lieux propices pour l’implication des immigrants francophones. Toutefois, plusieurs participants ont suggéré que les rapports entre immigrants francophones et membres de la communauté de souche étaient plus complexes et ont même reconnu que les deux groupes interagissent peu. Selon les dires d’une participante :
J'ai l'impression qu'on a toujours tendance à … offrir des services aux immigrants. C’est des immigrants entre les immigrants. On n'a pas beaucoup de services qui… (…), c'est parce que les besoins ne sont pas les mêmes. (…) Je pense que si on crée quelque chose où on partage d’expérience, qu'il y ait un espace où les Canadiens de souche partagent une expérience avec leur façon de vivre, dans le temps, parce qu'il y a beaucoup (…) de choses qui sont similaires à la culture immigrante, mais on ne partage pas ça. (Ottawa 1-6)
Les propos n’étaient pas toujours explicites, mais certains ont fait allusion à des questions de discrimination, ou du moins « d’ignorance » (Ottawa 1-3) et « de manque de connaissance » (Ottawa 1-2), qui ne facilitent pas la participation des immigrants francophones dans la communauté de souche.
Cependant, la majorité des participants a insisté sur l’existence d’un réseau solide de partenariats et de collaborations entre divers organismes et institutions francophones, et dans une certaine mesure avec les agences d’établissement anglophones. Ce réseau permet de mieux subvenir aux divers besoins des immigrants francophones tout en évitant la duplication des services et en maximisant l’efficacité de l’aiguillage. Le meilleur exemple est le programme des Travailleurs en établissement dans les écoles (TÉÉ) qui a été mis sur pied en collaboration entre les deux conseils scolaires francophones (public et catholique). Ce programme fonctionne principalement sur la base de l’aiguillage et la majorité des services sont offerts en partenariat avec les agences en établissement. Une participante décrit l’attitude des organismes face à ces questions :
Ils sont en partenariat et de plus en plus ils sont vraiment bons, même les deux conseils scolaires d'Ottawa de plus en plus travaillent ensemble sous [l’égide] du réseau [RIF] (…) parce que nous on veut que ça soit au-delà de la compétition entre les conseils scolaires. (…) Vraiment là, l'idée de concertation autour d'un thème qui pense à un deuxième niveau. C'est plus le nombre d'élèves dans mon école, c'est le nombre d'enfants dans ma francophonie. (Ottawa 1-2; emphase ajoutée)
Nous procédons maintenant à une analyse et discussion comparative des résultats des deux villes. Alors que nous notons d’importantes similarités dans les propos des participants de London et d’Ottawa, plusieurs différences ressortent des données mettant en lumière l’influence du contexte géographique unique des CFSM dans ces processus.
Discussion comparative
Le fait que les trois mêmes thèmes principaux ressortent des données des deux villes est un point important signalant que les défis auxquels font face les espaces communautaires au sein des CFSM, ainsi que les rôles qu’ils peuvent jouer dans l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones, ne sont pas uniques à une ville en particulier. Autrement dit, les espaces sont sujets à des dynamiques structurelles plus larges ayant une influence. Cependant, les impacts de ce type d’influence systémique, structurelle ou même institutionnelle (par ex. dû aux politiques de financement) peuvent se manifester de façons différentes selon les contextes géographiques spécifiques des CFSM – dont des facteurs tels que le niveau de complétude institutionnelle, degré de solidité de cette complétude, (in)visibilité de la communauté ainsi que l’existence de réseaux, partenariats et collaborations parmi les organismes, institutions et acteurs clés des CFSM. Donc bien qu’il y ait de fortes similarités générales entre les résultats de London et d’Ottawa, il est important de souligner plusieurs différences dans la façon dont ces thèmes prennent forme ‘sur le terrain’ dans chaque ville.
L’enjeu de la compétition – relié au premier thème sur des défis – était différent entre les deux villes. Nous avons remarqué que la nature de cette compétition varie entre le cas d’Ottawa et celui de London. Alors que dans la première, il semble que la compétition se joue principalement entre organismes francophones et anglophones, dans la deuxième elle se tient aussi entre les organismes francophones eux-mêmes ce qui peut avoir des impacts néfastes pour la communauté francophone dans son ensemble.
Également, les défis semblaient être plus nombreux et plus importants à London comparé à Ottawa. Certains ont parlé d’un manque de service en français en général et donc de l’obligation d’accompagner les immigrants auprès d’organismes offrant des services uniquement en anglais. À Ottawa, la gamme de services francophones est beaucoup plus vaste, notamment grâce au fait que plusieurs services et programmes municipaux sont aussi disponibles en français. La question de l’échelle géographique est également ressortie dans les entrevues. Étant donné que la population francophone dans le centre-sud-ouest de la province est géographiquement dispersée et relativement plus petite, plusieurs organismes ont un mandat régional plutôt que local, desservant une grande région avec peu de ressources, ce qui présente des obstacles uniques. À Ottawa, divers organismes francophones desservent des populations à une ou à plusieurs échelles allant du niveau très local (le quartier), à l’urbain (ville d’Ottawa) et au régional (l’est de l’Ontario).
En effet, il semble que la compétition entre organismes est beaucoup plus forte à London qu’elle ne l’est à Ottawa. Cette compétition additionnée au manque de financement contribue à la difficulté de rejoindre la clientèle cible et de diffuser l’information. De plus, certains ont indiqué que la compétition engendre une duplication des services qui à son tour peut causer de la confusion pour les nouveaux arrivants qui n’ont pas une vue d’ensemble des programmes disponibles. Enfin, le travail d’aiguillage devient plus complexe lorsque plusieurs organismes offrent les mêmes services. Au contraire, les représentants interviewés à Ottawa ont souvent parlé de l’existence d’un réseau très solide de collaborations et de partenariats entre eux ce qui facilite le travail d’aiguillage tout en évitant des problèmes comme la duplication des services.
Les enjeux sur l’(in)visibilité de la communauté francophone mettent en lumière plusieurs obstacles qui peuvent entraver l’accès et l’utilisation des institutions, des services et des espaces francophones pour les nouveaux arrivants ce qui en retour peut avoir un impact important sur leurs expériences d’intégration et de participation dans les deux CFSM.
Relié à ce deuxième thème de l’(in)visibilité, les participants de London ont mis l’emphase sur leur effort pour augmenter la visibilité de la CFSM. Cet effort était semblable pour les organismes à Ottawa, tel qu’indiqué plus haut, incluant de multiples efforts pour diffuser l’information sur leurs programmes. Néanmoins, pour ce 2e thème, on nous a dit qu’il s’agissait surtout d’augmenter la visibilité des services auprès de la communauté francophone elle-même et des organismes anglophones, mais non pas la communauté anglophone en général comme cela a été mentionné à London.
En examinant le rôle des espaces communautaires francophones, le troisième thème, les participants dans les deux villes ont discuté de la forme et de la structure de ces espaces, soulignant l’importance d’assurer une représentation de la diversité des francophones au cours des activités pour promouvoir un sens d’appartenance à la communauté auprès des immigrants.
L’emphase sur la collaboration entre organismes noté sous ce thème met en lumière le potentiel des réseaux et des partenariats comme une formule gagnante pour intégrer les nouveaux arrivants francophones d’une manière qui a un impact positif autant sur les immigrants eux-mêmes que sur la communauté francophone plus large. Néanmoins, nous avons remarqué que malgré l’existence d’un bon réseau, surtout à Ottawa, les liens entre divers organismes et associations francophones et immigrants sont encore en train de se développer.
En somme, les trois défis principaux ont été discutés par les représentants tant à Ottawa qu’à London, et par tous les types d’organismes participant dans notre recherche. Ces résultats mettent donc en lumière les difficultés auxquelles fait face le monde associatif – que les organismes soient francophones, immigrants ou immigrants francophones – et leur impact pour la vitalité des espaces francophones communautaires. Ils confrontent une situation de précarité qui rend le travail d’accueil, d’intégration et d’inclusion des immigrants francophones encore plus difficile avec des répercussions pour les CFSM dans leur ensemble.
Résultats de l’étape 2 : Entrevues de groupe avec immigrants et réfugiés francophones
Au cours des entrevues de groupes, les participants ont identifié une gamme d’espaces communautaires auxquels ils ont accès et qu’ils ont utilisés pour leur intégration sociale et culturelle à London et à Ottawa. Pour chaque ville respectivement, nous présentons les espaces communautaires d’importance cités par les participants, avant de discuter du rôle qu’ils ont joué et des façons dont ils ont contribué à leur intégration. Par la suite nous élaborons sur les défis vécus par les participants et leurs opinions sur ce qui pourrait être fait pour aider davantage à leur intégration. Nous concluons cette section avec une discussion comparative des résultats de cette étape dans chaque ville.
London
Une diversité d’espaces communautaires a été nommée par les participants à London, notamment les fournisseurs de services, institutions scolaires, les bibliothèques, les églises, le bénévolat, les médias et l’Internet, les milieux de travail (surtout pour ceux qui travaillent dans des espaces francophones), les parcs, et les associations multiculturelles et associations/communautés ethnoculturelles (voir liste, étape 2). Par exemple, une participante a énuméré différents espaces qui ont été importants dans son expérience d’établissement et d’intégration :
[…] je vous ai parlé de mes démarches durant le processus d’intégration, j’ai participé au séminaire au sessions d’information d’emploi à l’ACFO, au Collège Boréal également et aussi Cross Cultural [Learner] Centre, l’espace communautaire où on aide à trouver du travail à un immigrant c’est très important, mais aussi il y a un autre espace communautaire très important. Je dirai pour moi durant les premiers mois de mon arrivée je me suis dit je viens dans une culture purement anglophone je dois m’intégrer dans une communauté quelconque pour que je puisse réussir mes démarches d’intégration, du coup je me suis dit je dois chercher une église j’ai trouvé une église où les membres m’ont aussi aider à m’intégrer dans la communauté, mes enfants et ma famille ici à London donc je dirai non seulement les centres communautaires comme les centres d’emploi mais aussi l’église ça était très important pour moi. (London, 2-1)
Plusieurs ont aussi mentionné la location des salles par des communautés ethnoculturelles, par exemple dans les églises ou les bibliothèques, pour se créer des espaces pour fêter divers événements, ainsi que les parcs où des activités communautaires ont souvent lieu. Les médias sociaux et autres médias (par ex. la radio et l’Internet) ont aussi été mentionnés comme étant importants pour l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones.
Espaces discutés par les participants de l’étape 2
London
- Fournisseurs de services (services d’établissement, organismes communautaires multi-services, etc.) :
- Services d’établissement
- Association canadienne-française de l’Ontario – (ACFO London-Sarnia)
- Cross Cultural Learner Centre
- Organismes communautaires
- Centre communautaire régionale de London
- Carrefour des femmes du sud-ouest de l’Ontario
- Réseau-femmes du sud-ouest de l’Ontario
- Centre d’alphabétisation et de commutation de London
- WIL Employment Connections
- London Employment Help Centre
- Services d’établissement
- Institutions scolaires :
- Écoles pour adultes
- Écoles élémentaire et secondaires
- Conseil scolaire Viamonde
- Conseil scolaire Providence
- Institutions postsecondaires
- Collège Boréal
- Fanshawe College
- University of Western Ontario
- Bibliothèques
- Églises
- Bénévolat
- Médias et Internet
- Milieux de travail
- N/D
- Parcs (événements communautaires)
- Associations multiculturelles et association/communautés ethnoculturelles
- African Canadian Federation of London and Area (ACFOLA)
- London and Middlesex Local Immigration Partnership
- Union Provinciale des Minorités Raciales Francophones (UPEMRF)
Ottawa
- Fournisseurs de services (services d’établissement, centres communautaires multi-services, etc.) :
- Organismes d’établissement
- CÉSOC,
- Centre Catholique pour immigrants,
- World Skills/Compétences mondiales,
- YMCA
- Centres de ressources et de santé communautaires
- Centre de services communautaires Vanier
- Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway
- Centre de santé communautaire du sud-est d’Ottawa
- Organismes d’établissement
- Institutions scolaires :
- Écoles pour adultes
- Écoles élémentaires et secondaires
- Institutions postsecondaires
- La Cité Collégiale
- L’Université d’Ottawa
- Bibliothèques
- Églises
- Bénévolat
- Médias et Internet
- N/D
- Hôpitaux
- N/D
- Associations et communautés ethnoculturelles
Outre les espaces eux-mêmes, les participants ont aussi discuté des services, des occasions, des événements et des activités qui sont offerts ou qui prennent place dans ces espaces, et qui permettent de faciliter leur intégration. À London, les participants ont énuméré les services et les ateliers d’établissement, d’intégration et d’emploi offerts par divers organismes communautaires et d’établissement, ainsi que les activités et événements communautaires multiculturels. L’importance des rencontres communautaires au sein des communautés ethnoculturelles lors d’occasions spéciales a été particulièrement soulignée :
Tout ce qui a rapport avec la communauté [d’origine d’un pays d’Afrique] moi je participe. Il y a des évènements de « Bonne Année », quand on était plus jeune il y a comme les graduations, on le faisait tous en communauté parce que il se trouvait que plus d’une personne ou 2 personnes qui graduaient, donc les parents s’organisaient pour qu’on fasse toute une fête collective, pour la communion la même chose, on avait des fêtes de bonne année et des fêtes d’indépendance pour notre pays aussi ça nous rassemble avec les gens de notre communauté qui sont ici à London. Comme ça on ne perd pas nos repères. (London, 2-2)
Les sports joués avec des amis (par ex. le ballon panier) et les groupes sociaux (par ex. des groupes de cuisine et de couture) organisés par les organismes communautaires jouent aussi un rôle dans les expériences d’intégration des participants.
Dans le cas de London, les participants étaient impliqués dans ces espaces et donc dans la communauté francophone de plusieurs façons. Par exemple, quelques participants travaillaient pour des organismes francophones, plusieurs avaient fait (et faisaient encore) du bénévolat dans des espaces communautaires (par ex., à l’église, dans des organismes à but non-lucratif), la majorité étaient clients de services francophones et participants aux événements communautaires, et quelques-uns siégeaient sur des conseils d’administration d’organismes francophones. Mais tandis que ces espaces facilitent l’intégration sociale et culturelle des participants, il est important de souligner les efforts entrepris par ceux-ci pour arriver à une intégration réussie. Les participants ont discuté du temps qu’ils avaient consacré à la recherche d’information et d’emploi, au bénévolat, ainsi qu’à l’utilisation de services et leur participation aux ateliers et aux activités communautaires et/ou culturelles dans le but de se créer des réseaux et leur aider dans leur intégration. Plusieurs avaient ou étaient en train d’apprendre et d’améliorer leur anglais.
De plus, les participants ont décrit le rôle de ces espaces dans leur intégration sociale et culturelle (voir Annexe 7). À London, leur participation au sein de ces espaces communautaires leur a aidé à se familiariser avec la culture canadienne. Ils ont discuté des possibilités d’offrir et d’obtenir de l’information, du soutien et de l’appui, soit de façon formelle ou informelle. Ces espaces ont contribué à créer des réseaux et des contacts, qui ont ensuite servi à soutenir leur intégration de plusieurs façons variées (recherche d’emploi, etc.). En fêtant, socialisant, échangeant et partageant leurs expériences, ils ont pu rencontrer des gens et tisser des liens d’amitié à long terme. Une participante nous a expliqué son aperçu face au rôle des espaces communautaires francophones :
Il y a pleins d’opportunités pour s’épanouir en français, des occasions pour se rencontrer il y a des occasions de célébrer la francophonie, on s’épanouit on rencontre les autres francophones, on se rencontre à plusieurs reprises pour échanger, partager nos expériences, je dirai se sentir être francophone à London; c’est vraiment stimulant parce que on ne sent pas seul, on est dans une communauté bien sûr dans une situation minoritaire avec toute une pression majoritairement anglophone qui agit autour de nous mais on a des occasions de nous épanouir, d’échanger, de discuter et de s’amuser (London, 2-1)
La présence de la communauté minoritaire aide à créer un sentiment d’appartenance au sein d’une plus grande communauté majoritaire.
Ce n’était pas seulement les espaces communautaires francophones formels (par ex. un organisme communautaire) qui ont facilité l’intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones à London. La création de réseaux sociaux a aussi joué un rôle important pour plusieurs. Les participants ont parlé de l’importance de l’entraide qui se fait parmi ces réseaux sociaux d’amis et de membres de la famille dans la ville. Par exemple, une participante a mis l’emphase sur la présence des communautés immigrantes :
[…] la communauté [ethnoculturelle] est tellement importante, parce que tu sais quand tu es au Canada tu habitais dans un autre pays, tu as laissé toute ta famille là-bas des fois il y a des gens qui quittent des pays de guerre comme les notre tu n’as pas la chance de dire au revoir à tout le monde, se retrouver dans un endroit où tu peux avoir des nouveaux cousins, des tantines, des gens que tu peux appeler les tiens, ça change tes idées et ça enlève le stress que tu as jour par jour, je dirai que aussi que l’église c’est très important parce que les gens où ils n’ont pas le temps de pas faire d’autres activités que, aller à l’église le dimanche ou le samedi ou le lundi n’importe quand qu’ils vont à l’église, mais oui, c’est très important de se sentir comme si même si tu n’es pas chez toi tu peux toujours porter tes valeurs, tu peux toujours porter tes croyances avec toi, puis les inculquer dans tes enfants. (London 2-2)
Étant donné qu’il peut être difficile de se faire de nouveaux amis en arrivant dans une nouvelle ville, plusieurs ont partagé leurs expériences positives de jumelage avec des membres de la communauté d’accueil par l’entremise des services d’établissement offerts par les organismes communautaires, ce qui leur a aidé à rencontrer des amis dans la communauté locale. Les communautés religieuses et les écoles pour les plus jeunes, en particulier, ont aussi été identifiées comme des espaces qui ont facilité l’intégration des participants. D’autre part, quelques participants ont mentionné l’importance de garder une ouverture d’esprit au cours de leur expérience de transition et d’intégration.
Les participants ont soulevé plusieurs défis auxquels ils font face de façon régulière dans la communauté d’accueil. Plusieurs d’entre eux sont reliés aux difficultés de vivre en situation minoritaire. Par exemple, la plupart on mit l’accent sur la nécessité de l’anglais pour une intégration réussie à London. L’apprentissage de la langue anglaise est important non seulement pour accéder au marché du travail, mais également pour participer à plusieurs activités quotidiennes dans un environnement majoritairement anglophone. Pour les francophiles en particulier, la pression de l’assimilation est très forte puisqu’il y a un manque de cours gratuits pour étudier le français et c’est difficile de maintenir ses connaissances en français sans avoir des opportunités de le pratiquer. La situation minoritaire des francophones à London a donc été liée à un manque de services bilingues dans les « structures étatiques publiques » (London, 2-1), ainsi qu’aux limitations des organismes francophones (par ex. le manque de moyens) :
Moi je crois le problème de la francophonie en milieux minoritaire, à cause du manque de fonds on est très limité par les activités rassembleuses alors que beaucoup de francophones voudraient se rencontrer plus souvent alors si on a moins d’activités et plus d’espaces aussi moins d’espaces c’est comme ça qu’on perd la possibilité de pratiquer ta culture surtout pour les familles exogames comme moi, donc je crois que comme par les églises, des organismes communautaires, il y en a 2 ou 3 où on peut aller faire des activités en français, et même se sont des activités une fois par mois, donc je crois que l’une des choses de multiplier les activités communautaires en français, multiplier les espaces en français, sinon il y a risque de perdre la culture et la langue pour les générations à venir aussi. (London 2-2)
Quelques participants ont mentionné que les services et les organismes étaient parfois moins utiles qu’ils l’auraient espéré et qu’il y a parfois un manque de diligence de la part des organismes envers leurs clients. Le nombre peu élevé de francophones dans la région est vu comme créant aussi des défis particuliers. Par exemple, le manque d’églises de différentes dénominations en français contribuait à la décision de certains de fréquenter des églises anglaises ou espagnoles.
En plus des défis reliés plus directement à un contexte minoritaire, d’autres défis ont été discutés par les participants. Quelques-uns ont parlé d’un manque d’ouverture de la part de la communauté d’accueil. Les participants ont aussi cité des expériences de discrimination qui se produisait par rapport aux différences entre les membres de la communauté (par ex. différences d’accent, de façon de parler et de culture). La communauté francophone a été décrite comme ayant un coté orgueilleux, où les gens se sentaient rejetés s’ils parlaient le français de façon ‘différente’. Les séparations qui existaient au sein de la communauté francophone de London contribuaient à certaines dynamiques négatives pour les participants. La majorité avait plus d’interaction avec d’autres immigrants francophones qu’avec la communauté ‘de souche’. Plusieurs avaient vécu l’isolement, surtout ceux qui venaient de certains pays et/ou communautés ethniques qui sont peu représentés à London.
Les participants ont noté plusieurs aspects qu’ils pensent pourraient être améliorés pour mieux faciliter l’intégration des immigrants et réfugiés francophones. Un participant a expliqué que malgré le rôle important des organismes communautaires, ils pourraient mieux travailler ensemble pour desservir la communauté :
Participant : Mais je crois que les organismes communautaires, il faut penser d’une façon plus ouverte vers les francophones, quand il y a des activités n’importe quel organisme communautaire il va trouver 3, 4 à 5 personnes pourquoi, c’est très difficile de rejoindre des francophones, pourquoi? C’est ma perception, je trouve qu’il y a des organismes parlent d’intégration, tous les organismes parlent d’intégration, mais dans le terrain chaque organisme travaille dans son coté.
Chercheure : Donc leur action est différente de leurs discours?
Participant : Tous les organismes disent « nous sommes ici pour vous, pour l’intégration, nous sommes pour vous » bon discours! Mais dans la réalité chaque organismes va protéger son budget […] (London, 2-3)
Les participants ont donc mis une emphase particulière sur l’importance d’un meilleur partage d’information utilisant des méthodes de distribution variées (par ex. des blogs) et un meilleur encadrement des nouveaux arrivants (par ex. donner plus d’information, de façon plus directe, dans un délai plus raisonnable). Les participants étaient d’accord pour affirmer que davantage d’effort devrait être fait pour rejoindre et réunir la communauté francophone locale. Ils désiraient aussi plus d’événements et d’activités communautaires, plus de partage interculturel pour que les différents groupes francophones puissent apprendre les uns des autres. Les participants ont reconnu que ceci nécessiterait plus d’ouverture envers les francophiles et les anglophones pour élargir la communauté, ainsi que des efforts pour mieux attirer des immigrants francophones et francophiles à London, par exemple, pour augmenter le nombre de participants aux activités, le nombre d’étudiants dans les écoles, etc. :
[…] il faut que la communauté francophone s’élargit, on est comme dans une petite boite puis on est enfermé puis on ouvre seulement comme ça à ceux qu’on veut et on ferme, si tu n’as pas un petit minimum de français ou un grand-parent qui parle français, tu n’es pas la bienvenue dans la communauté francophone et tu te sens comme si tu es rejeté. Et je comprends c’est une manière de préserver et de protéger la langue, l’anglais domine le français présentement dans le monde, c’est une langue qui peut facilement se perdre mais si on ouvre pas les portes pour que plus de gens puisse parler français ça va dégénérer de plus en plus, les empois deviennent de moins à moins […] c’est comme vous ne grandissez pas on veut toujours rester au même niveau mais on doit grandir et ouvrir la porte aux autres personnes les francophones, on a la capacité de grandir et de faire des exploits mais si on veut seulement des francophones.(London, 2-2)
Au-delà de la communauté francophone elle-même, les participants aimeraient aussi voir une meilleure offre de service en français dans la ‘situation publique’ et plus de soutien pour l’intégration économique étant donné le manque d’emploi disponible en français.
Face à ces défis complexes et leurs discussions de ce qui pourrait être amélioré, les participants ont partagés des suggestions selon ce qui pourrait faciliter leur intégration sociale et culturelle. L’importance de l’emploi pour assurer une meilleure intégration économique et soutenir une intégration plus complète a encore été soulignée, ainsi que le besoin d’avoir plus d’évènements communautaires et du financement pour des activités organisées par les communautés (ethno)culturelles. Comme l’a mentionné un participant :
Plus de spectacles c’est normal, ceux qui viennent directement de l’Afrique, en Afrique les gens aiment trop bouger, c’est des cérémonies. Bon imagine que quelqu’un qui vit dans un milieu pareil, et qu’il vient ici au Canada, c’est comme s’il est en prison, […] donc tu es bloqué, tu es là, tu ne sors pas dehors tu ne fais rien, tu es là comme ça. Ceux qui sont ici depuis, ils sont habitués déjà c’est bon, ici mais celui qui vient arrivé comme ça moi je trouve ça pénible peut être organiser pour accueillir les gens qui viennent pour le motiver une fête par mois, une fois rien que pour les nouveaux arrivants, ils viennent et se retrouvent, ils échangent des idées (London, 2-4)
En plus des activités et événements ponctuels, des participants ont aussi partagé qu’il serait important d’avoir des services mieux centré sur les intérêts particuliers des clients, au-delà des services et programme générale qui sont présentement disponible.
Ottawa
À Ottawa, les participants ont également cité une diversité d’espaces communautaires. Étant donné que la majorité des participants étaient arrivés au Canada très récemment (moins de cinq ans), ils ont principalement parlé des agences d’établissement qu’ils ont fréquentées (souvent plus d’une) pour accéder aux programmes d’accueil et d’établissement en français, ainsi que divers services offerts par le gouvernement provincial, notamment à travers Service Ontario et Emploi Ontario. D’autre part, ils ont mentionné les Centres de services et de ressources communautaires, les églises, les collèges et des centres de formation comme étant des espaces utilisés régulièrement. Dans une moindre mesure, certains ont dit accéder aux bibliothèques et, pour ceux qui avaient des enfants, aux écoles; les associations ethnoculturelles furent peu mentionnées.
Par exemple, un participant a affirmé :
Moi, le peu de temps que je viens de passer ici, (…) j'ai consulté avec [le Centre du nouvel arrivant au] YMCA, (…) c'est vraiment l'endroit où on donne beaucoup d'informations, accès à l'Internet, on peut imprimer. (…) Ils m'ont aidé aussi à remplir les formulaires de demande de permis de travail, (…) le lien de pouvoir trouver du travail [de] bénévolat. (…) [Il y] a un centre de santé communautaire, (…) on peut se faire soigner. (…) Je fréquente la bibliothèque du centre[-ville], (…) là j'ai une carte et puis j'ai accès aux livres, aux CD, à l'ordinateur aussi je peux imprimer, donc c'est bon, un bon endroit. (…) J'ai été aussi à l'église. (Ottawa 2-2)
Les participants à Ottawa ont aussi indiqué qu’ils font usage de plusieurs services d’établissement (séances d’information, ateliers, formations, cours de langues, groupes de conversations, rencontres avec des conseillers) dans plusieurs organismes et institutions différents – des agences d’établissement aux centres communautaires, bibliothèques, écoles des enfants, écoles pour adultes et collèges. Ils ont discuté du fait qu’ils se sentent généralement bien accueillis dans ces espaces et ont mis de l’emphase sur le dévouement du personnel qu’ils appréciaient énormément. En effet, nombreux étaient les participants qui ont reconnu avoir bénéficié de l’aide des travailleurs sociaux pour remplir des formulaires, passer à travers des procédures complexes et résoudre des difficultés familiales comme la séparation.
Il y a le YMCA (…) où on peut trouver aussi beaucoup d'informations et où il y a un représentant ou une représentante du CÉSOC et qui fournit beaucoup de services aux immigrants francophones (…) et cette personne m'a aidé beaucoup surtout pour remplir les formulaires les différents formulaires parce que ici on dirait c'est une… un pays de formulaires et pas facile à remplir si vous le faites seul, vous mettrez une semaine mais si vous avez de l'aide ça vous prendra une journée, et donc YMCA c'est le deuxième centre, à mon avis ce sont les deux centres qui m'ont aidé beaucoup au début parce que on se sent un peu perdu et les gens qu'on connaît les amis qui sont ici ils ne peuvent pas toujours aider de manière appropriée donc il faut trouver quelqu'un vraiment un centre qui a l'habitude de faire ça. (Ottawa 2-2)
Si on n'avait pas les centres communautaires surtout francophones on est perdu parce que moi j'ai beaucoup été aidée par le Centre communautaire Vanier. (…) Le Centre, il m'a beaucoup, beaucoup marquée. (…) Si le Centre n'était pas là, moi je ne serais pas avec mes enfants par exemple, parce que s'il s'agit par exemple d'écrire, rédiger des lettres là, si on arrive ici on est complètement étranger, complètement perdu. (…) Les nouveaux arrivants, les immigrants c'est difficile en ce qui concerne l'immigration, tout ce qui est immigration c'est très difficile, moi j'ai vécu 12 ans sans mes enfants, ça fait mal tu sais pas où aller, tu sais pas à qui demander. Si le Centre n'était pas là, moi je serais pas avec mes enfants aujourd'hui. (Ottawa 2-2)
Ces exemples démontrent le fait que les immigrants francophones, surtout les nouveaux arrivants, ont accès à et fréquentent plusieurs organismes et services francophones. Ces témoignages illustrent aussi le rôle important que ces espaces jouent comme porte d’entrée dans la société canadienne et surtout comme source d’information essentielle pour pouvoir s’orienter dans une nouvelle communauté. Par contre, plusieurs se sont plaints de la qualité des services qu’ils ont reçus dans divers bureaux du gouvernement provincial (notamment Service Ontario et Emploi Ontario), comme pour l’obtention du permis de conduire et surtout par rapport à l’aide sociale et l’accès aux formations. Ceci était principalement le cas pour des personnes qui étaient des réfugiés ; selon eux, les procédures prenaient trop de temps (obtention de divers papiers administratifs, accès aux formations, etc.) et les travailleurs sociaux ne semblaient pas toujours bien informés au sujet des services destinés aux personnes à statut de réfugié reconnu.
Les participants ont dit fréquenter différents types d’églises, dont des églises francophones, anglophones et ethnoculturelles (par ex. église congolaise, haïtienne, etc.). Certains ont aussi mentionné avoir du contact avec leur communauté ethnoculturelle et des amis ou réseaux de leur pays d’origine. Par contre, seul un petit nombre de participants se disait investi dans des espaces communautaires francophones, notamment à travers le bénévolat (par ex. au Centre communautaire Vanier, au carrefour francophone de l’Université d’Ottawa, au CÉSOC, dans une institution pour personnes âgées, à des évènements), et il s’agissait dans la majorité d’immigrants plus établis. En effet, de nombreux participants ont dit ne pas avoir obtenu d’information sur la communauté francophone et ses espaces communautaires.
Les participants à Ottawa nous ont aussi expliqué le rôle que divers espaces communautaires ont joué dans leur intégration sociale et culturelle. Les organismes et services d’établissement leur ont offert un support essentiel à travers le processus, du moment de leur arrivée jusqu’à plusieurs années après s’être installés. Entre autres, ils nous ont parlé d’avoir obtenu des informations utiles sur la culture canadienne qui leur ont aidé à s’adapter. Ils ont également fait référence au soutien qu’ils ont reçu pour leur intégration en général – de trouver du logement à la préparation pour la recherche d’emploi (formations, présentation du CV, pratiques pour des entrevues) et l’apprentissage de l’anglais. En lien avec leur adaptation, d’autres ont mentionné avoir assisté à des ateliers sur comment cuisiner et se maintenir en bonne santé au Canada offerts dans des centres communautaires. Ceux qui avaient des enfants avaient participé à des formations organisées dans les écoles qui leur avaient aidé à s’intégrer et à aider leurs enfants à s’intégrer.
Plusieurs participants étaient des jeunes adultes qui étaient arrivés au Canada lorsqu’ils étaient adolescents. Ils ont parlé de leur expérience avec le Programme d’appui pour nouveaux arrivants (PANA) du Ministère de l’éducation de l’OntarioNote de bas de page 2 déployé dans les écoles francophones. Dans un cas, les commentaires étaient somme toute positifs, les participants ayant trouvé que cela leur avait été utile à faire la transition lors de leur arrivée. Dans l’autre cas, l’expérience avait été plutôt négative, du moins à cause du fait que les participants avaient été obligés de fréquenter le local du PANA dans leur école pendant quatre ans (même s’ils ne se considéraient plus des nouveaux arrivants), bien au-delà de ce qu’ils pensaient nécessaire, et avait trouvé que la pratique était discriminatoire et avait un effet stigmatisant.
Pour ce qui est d’autres types d’espaces communautaires, une participante a dit qu’elle participait à une chorale anglophone pour pouvoir apprendre l’anglais, tandis qu’une autre était membre d’une chorale multiculturelle où ils pratiquaient et échangeaient de la musique de plusieurs cultures. Parmi ceux qui faisaient du bénévolat, ils ont expliqué que c’était une bonne façon d’acquérir de l’expérience et de rencontrer des gens, surtout des Canadiens.
Enfin, plusieurs participants ont expliqué que les églises étaient un espace spécialement important dans leur intégration sociale et culturelle, et qu’ils s’y sentaient à l’aise, bien accueillis et peuvent y développer un sentiment d’appartenance à une communauté :
Pour moi, le meilleur coin d’intégration jusqu'à présent c'est l'église, l'église comme parce que je suis Haïtien, je dis pas que je me détache de ma communauté haïtienne mais il y a des pratiques que peut-être j'aime pas trop donc pour cela je suis pas du genre à chercher (…) de manière délibérée la compagnie des Haïtiens. C'est pas que je les évite, mais comme je suis « ok t'es un Haïtien, content de te rencontrer », mais comme …ça va pas plus loin. Francophonie, est-ce que je me dirige vers les francophones? Ben là encore, il y a la problématique de blanc-noir qui existe, alors là, merci. Donc justement l'endroit où je me sens le plus accueilli c'est à l'église parce que je vais à l'église, on parle la même langue, (…) on a la même foi, donc ça marche vraiment, et j'entends plusieurs personnes parler du fait que l'église est un centre où ils s'intègrent également. Donc jusqu'à présent, je pense que le point (…) qui m'aide à m'intégrer le plus c'est l'église. (Ottawa 2-1)
Ce témoignage illustre aussi la perspective de plusieurs participants selon qui bien que les communautés ethnoculturelles soient utiles préfèreraient élargir et diversifier leur réseaux. Mais comme l’indique le participant ci-haut, se diriger vers la « francophonie » et les « francophones » (de souche) n’est pas tâche aisée à cause de la « problématique blanc-noir », selon ses dires. Ces propos reflètent les discours partagés en général parmi les participants des quatre groupes focus tenus à Ottawa.
Enfin, les participants ont reconnu que l’accès à des services en français leur a grandement facilité l’expérience d’établissement et d’intégration, d’autant plus qu’une majorité d’entre eux ne parlait pas ou peu l’anglais à l’arrivée. Ils ont aussi témoigné du fait que l’existence de collaborations entre organismes est fort utile et que l’aiguillage d’un fournisseur de service à l’autre et le partage de l’information est solidement ancré :
J'ai eu de très bonnes expériences surtout avec le Centre communautaire de Vanier. (…) Et ça a aidé je pense que ils ont également un service d'aiguillage très important parce que ils vous aiguillent quand même [vers] d'autres services que eux ils n'ont pas et puis cela dépend avec quelles personnes que vous vous entourez quand-même parce que je pense soit à l’aéroport, ou si vous êtes venus de, par terre, ils ont également une communauté d’accueil qui vous dirige [vers] des services, pas seulement de bouche à oreille mais y’ a des pamphlets [qui] vous dirigent si vous avez besoin de services, là où vous pouvez contacter. (Ottawa 2-1)
Néanmoins, les participants à Ottawa ont parlé de plusieurs défis auxquels ils font face. Au premier abord, et presque paradoxalement, ils ont été nombreux à dire que l’accès à l’information leur était un grand problème. Il ressort du paradoxe ici dans la mesure où les participants utilisent beaucoup de services et d’organismes francophones, toutefois ils ont de la difficulté à accéder à l’information. Plus spécifiquement, ils ont expliqué que la majorité des informations est disponible principalement « online » (c.à.d. sur Internet), ce qui leur pose souvent problème. En effet, ils ne trouvent pas évident de naviguer le Web pour trouver les informations qu’ils recherchent. Nous étions d’ailleurs surprises d’apprendre que les participants à Ottawa utilisaient peu les médias communautaires francophones ou les médias sociaux pour leur intégration. Donc, pour résumer, cette question relève de l’enjeu de l’(in)visibilité, mais bien que les organismes et services francophones soient visibles, il s’agit ici de l’invisibilité de l’information. Nous notons que plusieurs participants venaient de pays où l’Internet est peu utilisé pour partager ce type d’information alors qu’au Canada la tendance est de fournir de plus en plus d’informations online.
L’accès au marché du travail était le majeur défi que confrontait un grand nombre de participants, et plusieurs ont longuement parlé de diverses barrières (réelles ou perçues) qui les empêchent de décrocher un emploi. Pour beaucoup il s’agit d’un enjeu linguistique (la nécessité de bien maitriser l’anglais), alors que certains percevaient des barrières systémiques et de la discrimination (tant envers les immigrants en général que vers les minorités raciales en particulier). À ce sujet, plusieurs ont mis l’emphase sur le fait que l’intégration économique est la clé pour l’intégration sociale, et que les deux sont étroitement reliées. Donc selon eux, la clé pour la participation sociale est l’obtention d’un emploi : « en fait, l'emploi c'est là où tu côtoies des canadiens, tu as l'occasion de parler à quelqu'un, (…) si tu n'as pas l'emploi… » (Ottawa 2-2).
D’autre part, certains ont expliqué que bien que des services en français existent, l’anglais domine dans la vie quotidienne – que ce soit dans son quartier et pour communiquer avec les voisins (ou même avec le concierge de l’immeuble), dans les magasins, ou pour certains services. En particulier, dans un des groupes, il a été question de l’accès à des services et des soins de santé en français. Certains participants ont exprimé de la frustration face à la difficulté de trouver des médecins francophones et de devoir communiquer son état de santé dans une langue seconde.
Un autre thème qui fut longuement discuté dans les groupes était l’enjeu linguistique : le défi d’être francophone dans un contexte minoritaire et le besoin d’apprendre l’anglais (surtout pour trouver de l’emploi comme déjà mentionné). Cette question était fort complexe, notamment parce que certains s’attendaient, à leur arrivée, à ce que le Canada soit entièrement bilingue, alors que d’autres ne savaient pas qu’une communauté francophone existe à Ottawa. Néanmoins, tous exprimaient le désir de devenir bilingue et partageaient le point de vue que l’anglais était essentiel pour s’intégrer dans la communauté canadienne au sens large.
C’est de ce point de vue que certains se voyaient mitigés sur la question de vouloir s’intégrer dans la communauté francophone – une communauté « minoritaire » qui doit constamment lutter pour affirmer son existence, ses droits et ses institutions. Étant donné ce contexte, certains disaient préférer s’intégrer directement dans la société canadienne anglophone, qui pour plusieurs signifiaient réussir son intégration. Un participant résumait ces idées comme suit :
Je suis d'abord francophone mais je veux pas me mettre dans une restriction communautaire parce que je suis dans un pays que, pratiquement 90 % est anglophone donc je me dis, je cherche à ressembler à tout autre Canadien, voilà, qui a l'anglais et qui a le français ou bien qui est anglophone et francophone. Voilà l'objectif! Je veux pas me limiter à être francophone, donc je ne suis pas dans cette voie parce que je ne pense pas que c'est la Francophonie qui va faciliter mon intégration. (…) Aujourd’hui si au Canada, quand je cherche un emploi on me rappelle que je dois parler l'anglais, OK? Ou être bilingue, on ne me dit pas, il faut parler français ; vous prenez 90 % des emplois ou bien 99 % des emplois, tu parles anglais ou tu es bilingue, donc je ne vois pas la nécessité d'avoir cette restriction d'être dans une communauté anglophone ou bien dans une communauté francophone. Je ne vois pas cette utilité. Voilà! (Ottawa 2-3)
La majorité des participants s’identifiait comme francophone, alors que certains s’identifiaient d’abord avec leur pays d’origine ou leur groupe ethnique et ensuite comme francophone. Toutefois, nombreux étaient ceux qui, comme le participant ci-haut, disaient ne pas vouloir se limiter à appartenir à la communauté francophone seulement et préféraient participer dans plusieurs communautés. Dans ces conversations, il a plusieurs fois été traité de la question du colonialisme et d’enjeux de pouvoir colonial – tant par rapport à l’histoire des pays d’origine en Afrique que celle du Canada – pour expliquer leurs perspectives à ce sujet. Ils reconnaissaient l’oppression vécue par les peuples colonisés, mais montraient aussi preuve de sensibilité et conscience face à l’existence de relations de pouvoir coloniales dans la société canadienne dans le présent. Entre autres, plusieurs ne se sentaient pas forcément bien accueillis par les membres de la communauté francophone établie. Alors que certains ont suggéré une certaine distance entre les communautés – le fait qu’elles existent en vases clos séparés –, d’autres ont plus explicitement parlé de discrimination envers les immigrants francophones, surtout lorsqu’ils font partie de minorités visibles. Dans ce dernier cas, des facteurs qui ont été cités incluaient des différences d’accent et du racisme.
Ceci dit, la grande majorité des participants disaient qu’ils souhaitaient mieux connaitre la communauté francophone et y participer plus activement. Or, beaucoup d’entre eux ne savaient pas où et comment rencontrer des francophones de souche – ce qui ressort de l’(in)visibilité de la communauté. Plus généralement, ils ont expliqué qu’ils en savent très peu sur la communauté francophone à Ottawa, son histoire et ses institutions – et sur l’existence de communautés francophones minoritaires en dehors du Québec en général. Quelques participants ont commenté sur le fait que la communauté francophone à Ottawa semble se rallier principalement autour d’un petit nombre d’évènement ponctuels tel que la fête du drapeau franco-ontarien et le festival franco-ontarien, mais qu’il y a peu d’autres espaces ou activités communautaires le restant de l’année.
Enfin, les participants avaient aussi des suggestions pour aider à faciliter l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones. Selon certains, il faudrait améliorer l’accès à de l’emploi en français, au moins de façon temporaire avant qu’ils puissent participer au marché du travail en anglais. D’autres ont parlé d’un besoin de plus d’espaces de réseautage entre immigrants ainsi qu’entre immigrants et francophones de souche et canadiens en général. Plusieurs ont indiqué qu’il serait nécessaire de renforcer le français à travers des activités communautaires de sorte que tant les enfants comme les adultes ne perdent pas leurs connaissances de la langue ; en effet, plusieurs pensaient que le français était à risque de disparition et qu’il faudrait y contrer. Puis plus généralement, les participants aimeraient voir plus d’ouverture de la part de la communauté francophone envers les immigrants et que plus d’efforts devraient être fait pour les immigrants puissent développer un sens d’appartenance :
Vous parlez de s'identifier à une communauté, c'est vrai on parle français mais on habite dans une communauté anglophone qui parle l'anglais. Alors, pour s'identifier dans une communauté, on partage certaines valeurs, certaines cultures… alors la communauté francophone, pour que nous nous sentions réellement appartenir à cette communauté il faut qu'elle fasse quelque chose pour intégrer les gens francophones. Or, la communauté francophone on l'entend par le nom. Si ce n'est que pour les accompagner, accompagner les immigrants francophones, la communauté française, francophone on la voit pas. Alors, on est obligé malgré qu'on est francophone d'épouser les valeurs des anglophones parce que c'est eux qu'on côtoie. Alors, il faut que la communauté francophone fasse quelque chose dans le sens de faciliter l'intégration aux nouveaux arrivants francophones et là on se sentirait beaucoup plus attachés à cette communauté. (Ottawa 2-3)
Certains ont même avancé l’idée de sensibiliser les francophones de souche aux avantages de l’immigration et à la réalité des immigrants, et d’offrir du « cross-cultural training » (Ottawa 2-4) au lieu que ce soit les immigrants qui fassent tout le travail d’adaptation. Néanmoins, il est important de souligner que les participants trouvaient aussi difficile de développer des amitiés avec les canadiens en général (non seulement les francophones), ce qui pourrait indiquer que ce défi est caractéristique de la société canadienne plus large – et non pas des communautés francophones minoritaires seulement.
Discussion comparative
Plusieurs thèmes et enjeux semblables émergent des données à London et à Ottawa par rapport aux espaces communautaires que les immigrants francophones utilisent, le rôle que ces espaces jouent dans leur intégration et participation sociale et culturelle ainsi que les défis auxquels ils font face. En particulier, nous notons que les immigrants francophones dans les deux villes utilisent une diversité d’espaces communautaires (souvent pour répondre à de multiples besoins différents) et que ces espaces soutiennent et/ou facilitent leur intégration sociale et culturelle de plusieurs façons (par ex. pour combler des besoins spécifiques, pour transmettre de l’information, pour les former, pour développer un réseau social, pour développer un sens d’appartenance). Dans ce sens, il apparaît assez clairement que les espaces communautaires jouent un rôle important et souvent représentent une source de soutien essentiel pour les immigrants francophones dans leur intégration sociale et culturelle dans la communauté canadienne en générale et dans la communauté francophone locale dans une certaine mesure – avec des variations entre London et Ottawa sur ce plan.
Les résultats indiquent aussi des défis comparables pour les immigrants francophones, tant en lien avec le contexte minoritaire de la communauté francophone, que par rapport à la communauté francophone elle-même. D’une part les défis se manifestent à cause des enjeux d’(in)visibilité de la communauté francophone et de ses services, de l’accès à l’emploi et du bilinguisme dans un contexte minoritaire. D’autre part, certains ont fait part d’un manque d’ouverture de la communauté francophone établie envers les immigrants francophones et francophiles, voire même la perception d’une certaine discrimination ou de racisme. Bien que ces thèmes soient communs aux deux sites de l’étude, certaines différences apparaissent. Nous aimerions les examiner dans le but de nuancer et d’approfondir notre compréhension du rôle des espaces communautaires, et de celui du contexte plus large des CFSM, lequel peut aussi influencer les expériences des immigrants francophones et le rôle de ces espaces pour leur intégration sociale et culturelle.
Une première différence importante entre les deux villes concerne l’accès à des services et des organismes francophones : ils sont nettement plus nombreux à Ottawa qu’à London, ce qui permet aux immigrants francophones de subvenir à une majorité de leur besoins en français alors que ceux de London doivent parfois avoir recours à des services en anglais. Bien que cette situation soit avantageuse pour les immigrants francophones à Ottawa, il en découle des répercussions pour leur intégration sociale dans la communauté francophone. Sur la base de nos résultats, nous constatons que les immigrants francophones à Ottawa sont principalement des ‘clients’ de services et d’organismes communautaires, mais bien moins des ‘participants’ dans des espaces et des activités communautaires. Au contraire, selon les expériences vécues des immigrants francophones à London documentées dans cette recherche, ils sont autant clients que participants. En effet, ils semblaient plus impliqués dans la communauté francophone de London que ceux d’Ottawa. Ceci dit, il est important de souligner qu’une plus grande majorité de participants à Ottawa était très récemment arrivée (cinq ans et moins) et confrontait encore les défis immédiats de l’établissement, alors que certains participants à London été plus établis et donc peut-être dans une situation plus stable et plus familiarisés avec la communauté de souche. Bien que participant dans les communautés ethnoculturelles et les églises, les participants d’Ottawa semblaient moins familiers avec la communauté francophone établie et ses institutions, ce qui pourrait changer avec le temps.
Plusieurs facteurs peuvent être cités pour nous aider à comprendre cette dynamique. Premièrement, il faut tenir compte du petit nombre de participants à London et que ceux qui ont participé à notre recherche sont peut-être ceux qui ont tendance à s’impliquer. Du côté d’Ottawa, une majorité de participants était très récemment arrivée au Canada et était encore à passer par les premières étapes du processus d’établissement, et donc peut-être pas encore assez établie pour participer. De plus, de nombreux participants à Ottawa se trouvaient dans une situation précaire, avec beaucoup de réfugiés et d’individus à la recherche d’un emploi. Par contre, plus de participants à London avaient un emploi.
Le contexte géographique de la CFSM peut aussi jouer un rôle. London est une communauté francophone plus petite, plus isolée et avec moins de services. Néanmoins, il semble que les réseaux communautaires soient plus serrés, avec l’organisation de plusieurs fêtes et évènements communautaires qui sont d’autant d’occasion de se rencontrer et développer des liens. En effet, selon nos résultats, les espaces et activités communautaires semblent faciliter le réseautage et des contacts sociaux. Donc bien que la communauté francophone soit plus invisible qu’à Ottawa, les liens communautaires entre les membres en sont d’autant plus solides.
Ottawa pour sa part est une ville plus grande avec une communauté francophone plus grande et plus visible, et avec un accès à plus de services en français. À cela s’ajoute qu’elle est située à la frontière avec le Québec et la ville de Gatineau, qui est très facilement accessible et qui offre tout en français. Bien que cette communauté francophone d’Ottawa soit plus visible, elle apparaît aussi plus diffuse et donc moins facilement accessible ou repérable et donc plus invisible pour des nouveaux arrivants ou pour ceux qui n’ont pas des liens préétablis avec des membres de souche. Dans une certaine mesure, ces facteurs pourraient expliquer certaines différences entre les deux villes en ce qui a trait aux expériences vécues des immigrants francophones et leur intégration et participation sociale et culturelle à London et Ottawa.
Résultats de l’étape 3 : Entrevues avec représentants d’espaces communautaires
Lors des entrevues de l’étape trois, des représentants d’espaces communautaires ont confirmé plusieurs des résultats obtenus lors des deux étapes précédentes, tout en apportant de nouvelles connaissances de par les aperçus différents des parties prenantes à cette étape. Les organismes sélectionnés pour les entrevues à cette étape avaient tous été mentionnés lors des entrevues de groupe complétées à London et à Ottawa respectivement. Les trois thèmes principaux abordés lors des entrevues traitaient de : (1) les enjeux et défis auxquels font face les organismes desservant les immigrants francophones, (2) le rôle des espaces communautaires pour l’intégration des immigrants francophones et (3) les défis que confrontent ces derniers à London et Ottawa. Nous allons présenter les résultats pour chaque site avant de passer à une discussion comparative.
London
À London, les entrevues ont été menées avec des individus occupant des postes de conseillère en établissement, de directeur général et d’agente de liaison communautaire d’organismes communautaires à but non lucratif francophones et anglophones.
À nouveau, l’enjeu de l’invisibilité de la CFSM de London a été discuté par tous les participants à cette étape. En particulier, ils ont signalé la difficulté de rejoindre et de réunir les membres de la communauté francophone. Ceci était décrit comme un défi à plusieurs étapes. Premièrement, une participante a expliqué que ce n’est pas évident d’avoir les coordonnées des membres de la CFSM. À moins que les gens passent par les portes d’un organisme pour devenir un client ou un bénévole, leur présence au sein de la communauté n’est pas connue par l’organisme. Donc en partageant de l’information au sujet des services disponibles, des activités organisées, etc., ce sont ceux sur les listes de distribution qui sont contactés.
S’ajoutant à ce défi, une participante de London a expliqué que même parmi ceux qui sont connus des organismes, il n’est pas toujours facile de les convaincre de participer aux évènements et autres activités organisés. Lorsqu’il lui a été demandé pourquoi c’est difficile de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, elle a décrit la dynamique comme suit : « C’est que lorsqu’on fait des événements, on a des difficultés à les rejoindre et puis aussi avoir la confirmation qu’ils vont participer aux événements. Et puis souvent lorsqu’on a une activité, je trouve que les gens ne se mélangent pas. » (London 3-1). Comme suivi nous lui avons demandé qu’est-ce qui contribue à cette dynamique et elle a précisé que : « La communauté de souche n’est pas aussi accueillante qu’elle pourrait l’être, et puis, on est toujours plus à l’aise avec les nôtres. On a tendance à être avec les nôtres. » (London 3-1). Autrement dit, même si les gens sont rejoints et choisissent de participer, cela ne garantit pas un mélange entre les nouveaux arrivants et les membres de la communauté d’accueil. La CFSM de London est caractérisé par de la diversité ethnique, culturelle, religieuse et linguistique entre autres, et donc la « tendance à être avec les nôtres » peut se faire entre gens qui partagent soit une même langue maternelle, soit un même pays d’origine par exemple.
Des obstacles persistent donc en raison des séparations communautaires, aux formes de discrimination présentes au sein de la communauté. Les trois participants ont noté un besoin de rapprochement entre les immigrants et la communauté d’accueil. Une participante a parlée de cette dynamique de la façon suivante :
[…] en tout cas je trouve que ce qui empêche la francophone de s’intégrer ici, c’est qu’elle est bombardée de divisions. Bombardée de divisions en [termes] de religions, même la canadienne qui est immigrante ici si qu’elle est québécoise, si qu’elle est une maritime, ou du nord de l’Ontario, ça fait une différence aux gens pour une raison que je ne comprends pas. Cette différence c’est quoi qui fait vraiment de la peine parce que on a la vertu de partager une langue et on ne le fait pas parce qu’il n’y a personne qui veut participer au centre culturel à cause de la division entre nous parce que on ne se voit pas en tant qu’égales. (London 3-3)
Elle a ajouté qu’il y a aussi des attitudes discriminatoires envers différents accents. De plus, le manque d’accueil a été discuté bien que pas nécessairement intentionnel, mais plutôt de manière systématique, structurelle ou institutionnelle, dû à la façon dont les services sont organisés et qui ne peuvent pas toujours accommoder les défis particuliers auxquels font face les nouveaux arrivants. Une participante a reconnu que « Peut-être aussi qu’on n’est pas aussi accueillant qu’on pourrait l’être quand ils viennent. » Elle a élaboré comme suit ce qu’elle voulait dire par manque d’accueil et comment faire pour être plus accueillant :
Avec plus d’activités c’est sûr. Lorsqu’ils viennent à une activité ou un atelier, on n’a pas de service de garde. Alors, pour eux ça peut être gênant. On n’a pas de service de garde. Et je voudrais revenir sur les barrières. Ces gens ont des très grandes familles, souvent des petits enfants. Alors, pour les petits enfants c’est difficile de se déplacer en autobus. Et pour les autres s’ils vont à l’école pendant la journée, alors on ferme à 5 h. Alors pour le temps qu’il faut pour accueillir les enfants de l’autobus, par le temps qu’ils arrivent ici on est fermé. (London 3-1)
Dans les entrevues, plusieurs défis auxquels font face les immigrants francophones ont été soulevés en lien avec un nombre de facteurs différents, dont le statut légal, la présence d’autres membres de la famille élargie dans la communauté ainsi que la taille de la famille. Ce dernier élément comporte des implications pour le transport, le service de garde et l’accès aux services entre autres. Tel qu’à l’étape 1, les participants ont énuméré des défis particuliers pour les organismes desservant la CFSM. En particulier, ils ont mis l’emphase sur la difficulté d’atteindre leur cibles; un manque d’une ‘masse critique’ pour offrir une plus grande gamme de services; ainsi que le besoin de souvent travailler des heures supplémentaires pour bien desservir la clientèle.
Répondant à une question concernant l’existence d’obstacles à la participation ou l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones vivant en situation minoritaire, un participant a expliqué :
C’est la disparition. Donc, c’est moins facile d’avoir un groupe assez grand pour que l’activité soit faite en français. Ça est associé à des cibles de financement, cibles par rapport aux résultats parfois au niveau de l’efficacité. C’est plus facile de le faire en anglais, que d’essayer de faire des groupes séparés en français. On fait de temps en temps des groupes de conversation en français mais c’est à la demande, un groupe veut faire ça. On va donc faire un groupe de conversation avec la bibliothèque ou d’autres partenaires mais c’est toujours le défi d’avoir la masse critique pour que les services soit rentables et raisonnables du point de vue financier. (London 3-2)
Il a également mentionné des obstacles auxquels font face la communauté francophone et/ou les organismes francophones en essayant de faciliter cette intégration des immigrants. Le ‘manque d’échelle’, ou de masse critique, en particulier a été mentionné de manière semblable :
Un organisme qui, disons, a dix employés. Tu ne peux pas assurer tous les services. Tu ne peux pas avoir toutes les compétences nécessaires. Tu ne peux pas avoir ce qui est pour l’administration, payer un salaire pour quelqu’un très qualifié. C’est la petite taille de certains organismes que font qu’il y a un certain manque de capacité. (London 3-2)
Étant donné les obstacles énumérés pour les immigrants la CFSM accueillante, une participante a cité un manque de collaboration dans certains cas entre organismes qui peut nuire au rôle potentiel des espaces communautaires de faciliter l’intégration sociale et culturelle des immigrants. Cependant, l’importance de l’offre de services en français a été soulignée. Selon une participante, ces espaces pourraient davantage servir à réunir les communautés francophones au sein de la plus grande CFSM. Nonobstant les similarités avec les résultats de l’étape 1, l’engagement et le dévouement des travailleurs de première ligne sont ressortis plus clairement à cette étape, alors qu’ils essayent de desservir la clientèle malgré les obstacles existants. Dans cet ordre d’idée, une participante a décrit l’importance de créer un espace accessible pour promouvoir l’inclusion des clientes :
Ces choses-là, on les fait à part lorsqu’on croit qu’ils sont vraiment important pour les femmes. Comme pour [l’activité], on avait des femmes qui n’étaient pas impliquées du tout d’un groupe ; mais qui venaient seulement parce qu’elles voulaient partager son expérience [à l’évènement]. Ça on le faisait les heures supplémentaires. On les a faits le soir, dans l’après-midi, lorsqu’on pouvait, lorsqu’on avait le temps. Et avec tel groupe c’est difficile avoir le temps pour qu’elles participent toutes. Lorsqu’il y a des choses de spécial, on s’assure que tout le monde peut participer et on le fait quand on peut. Des fois on travaille les samedis, on travaille beaucoup les samedis, à la fin de la semaine pour avoir autant de participation que possible. (London 3-3)
Ces informations nous permettent de nuancer notre interprétation des résultats obtenus à travers les trois étapes. Lors de l’étape 2, quelques participants ont exprimé une certaine déception par rapport à leur expérience d’accès aux services francophones, indiquant que les organismes ne faisaient peut-être pas assez d’efforts. Toutefois, les entrevues des étapes 1 et 3 nous informent sur le contexte dans lequel doivent opérer les organismes communautaires, notamment les contraintes auxquelles ils font face. Il est important de reconnaitre que malgré certains problèmes par rapport à la qualité des services offerts, les fournisseurs font souvent d’énormes efforts et donnent tout ce qu’ils peuvent et plus pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs clients et de la communauté.
Ottawa
À Ottawa, les entrevues ont été complétées avec des individus travaillant avec des immigrants et réfugiés francophones dans différentes capacités, dont un chef de projet coordonnant des programmes pour nouveaux arrivants francophones dans une institution postsecondaire, un pasteur d’une église chrétienne multiculturelle et une conseillère en établissement d’un organisme d’établissement anglophone et francophone.
La compétition entre organismes et le manque de financement figuraient parmi les enjeux significatifs discutés. Selon un participant, bien que des partenariats soient mis en place et que les divers organismes se réunissent souvent pour échanger de l’information et coordonner leurs programmes, cela ne se traduit pas nécessairement en actions concrètes et il reste que de la compétition entre organismes demeure lorsqu’il s’agit de desservir les clients à cause des exigences liées au financement.
Les gens sont là mais ils ne sont pas vraiment authentiques… on observe, on se regarde en chien de faïence, on vient écouter les autres, mais on passe par actions. Les vraies questions sont posées mais il n'y a pas de réponses et quand on aborde ces questions des fois nous avons l'impression qu'on dérange (…) : où sont les immigrants francophones? (…) Pourquoi on n’a pas des statistiques pour planifier comment les aider? (…) Il y a une série de problèmes de collaboration. (…) Il faut qu'il y ait des instructions, il y a pas une politique d'accueil des immigrants francophones. J'espère qu'elle existe dans le monde anglophone ; elle n'existe pas d'ailleurs dans le francophone, c'est à qui mieux-mieux. Vous l'avez [le client], c'est très bon c'est comme vous l'avez repêché, vous le recrutez, vous le gardez pour vous. Il faut vraiment qu'il y ait un service et une collaboration des services. Je pense il y a une sensibilisation qui commence à venir mais je l'attends. (…) On devrait collaborer, il y a une volonté réelle au niveau de ceux qui sont sur le terrain, mais je ne sais pas au niveau de la gestion de chaque service si réellement ce sentiment, si cette préoccupation est réelle, mais une chose dessus. On parle, il y a une volonté réelle, mais on ne passe jamais à l'action. (Ottawa 3-1)
Cette compétition serait présente autant entre organismes anglophones et francophones que parmi les organismes francophones. Par conséquent, cela cause des problèmes pour le recrutement et l’aiguillage des immigrants francophones vers les services adéquats. L’emphase a été mise sur le besoin de vraiment collaborer et travailler ensemble en partenariat pour l’intérêt des immigrants francophones, plutôt que de se préoccuper des intérêts des organismes. Toutefois, ces propos furent réfutés par une autre participante lorsqu’elle a expliqué que le rôle de son organisme est d’offrir un point d’ancrage pour les nouveaux arrivants en donnant toutes les informations nécessaires et en faisant l’aiguillage vers les services dont ils ont besoin. Qui plus est, des agents d’établissement des autres organismes sont présents dans son centre pour un ou plusieurs jours par semaine dans le but justement de faire ce travail de connexion vers les autres fournisseurs de services – surtout les services en français. Ces points de vue différents apportent des nuances à nos résultats des étapes précédentes. Ces différences pourraient s’expliquer par le fait que les participants occupaient des postes variés et ce dans une diversité d’organismes.
En effet, il a été expliqué que bien que la politique d’immigration en soi est bonne, les moyens mis en place pour soutenir les immigrants francophones après leur arrivée ne sont pas suffisants. Selon les participants, il faudrait investir plus dans les services d’accueil pour mieux les guider et les orienter, notamment vers les services en français et la communauté francophone, surtout durant les premières années d’établissement afin d’éviter qu’ils finissent par devoir se tourner vers l’aide sociale. Autrement dit, il faudrait investir plus en amont pour obtenir de meilleurs résultats d’intégration (notamment au plan économique) et donc éviter des coûts (économiques et sociaux) à long terme.
Les participants ont également parlé de problèmes associés avec la diffusion de l’information et les stratégies de communication plus généralement – touchant en partie à la question de l’(in)visibilité de services et de la communauté francophones, mais soulevant aussi de nouveaux enjeux. Un participant a suggéré un besoin d’investir plus dans divers moyens pour diffuser l’information, notamment à travers des brochures qui regrouperaient toute l’information dont les nouveaux arrivants et immigrants francophones auraient besoin. En effet, tel qu’indiqué à l’étape 1, les budgets de diffusion sont généralement les premiers à être coupés. D’autre part, cette solution proposée résoudrait les problèmes exprimés par les participants de l’étape 2 par rapport à la difficulté de trouver l’information disponible seulement online. Mais allant au-delà de la question de diffusion de l’information, les participants ont indiqué qu’il s’agit aussi d’améliorer la communication avec les immigrants francophones. Par exemple, une participante a dit que certains nouveaux arrivants n’ont pas l’habitude de chercher l’information et qu’il serait plus utile d’aller vers eux, plutôt que d’attendre qu’eux viennent vers les fournisseurs de services. Elle a illustré avec le cas des ateliers en bibliothèque qui sont peu fréquentés par les immigrants francophones. Par contre, elle pensait qu’il serait utile d’aller dans les communautés ethnoculturelles et surtout dans les églises pour leur apporter les informations dans les lieux qu’eux fréquentent.
Au sujet du rôle que les espaces communautaires peuvent jouer dans l’intégration et la participation des immigrants francophones dans la CFSM, les participants ont soulevé divers points de vue. Selon l’un deux, les fournisseurs de services et les organismes communautaires jouent un rôle important, et ont même une certaine responsabilité à jouer ce rôle. Ils sont particulièrement bien positionnés pour soutenir les immigrants francophones dans leur adaptation et dans leur intégration sociale et culturelle dans la communauté francophone et dans la société canadienne en générale. Dans ce sens, ils représentent un espace communautaire privilégié pour contribuer à ces processus. Plus spécifiquement, une participante a mis l’emphase sur le rôle des agents d’établissement – c.à.d. les individus eux-mêmes – comme étant un point d’attache très important pour les nouveaux arrivants qui développent un lien solide avec eux sur plusieurs années et qui se tournent vers eux pour tous leurs besoins.
D’autres espaces et activités communautaires qui selon les participants peuvent faciliter l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones sont les écoles pour adultes et les formations, le réseautage ainsi que le bénévolat. Enfin, il nous a été confirmé que les églises offrent une espace communautaire favorisant l’intégration et la participation sociale et culturelle des immigrants francophones et qu’ils sont nombreux à fréquenter des églises ou des groupes religieux. Le pasteur de l’église chrétienne multiculturelle a expliqué :
La deuxième chose c'est l'église : « où est l'église? », « Je veux aller prier » en tout cas, « chercher les autres ». Alors, c'est vraiment ce côté connexion, oui spirituelle c'est vrai, mais la connexion sociale parce que les gens ont des besoins de s'intégrer mais aussi de rester en communauté et nous sommes une église qui offre des services en français parce que on croit que la langue française c'est une très bonne langue et la culture aussi on essaye de garder ce lien. (…) C'est ça notre vision, on porte à cœur les francophones. (…) Donc dans tout ce qu'on fait, on parle plus de la francophonie. Alors les gens viennent chercher, oui le besoin spirituel, mais aussi le côté communautaire de garder le lien. (Ottawa 3-2)
Les églises jouent donc plusieurs rôles, non seulement spirituel, mais aussi comme fournisseur d’informations, de divers services (conseillers, ateliers, etc.) et différentes formes de soutien (groupes, rencontres), ainsi qu’un espace social et culturel. Dans une certaine mesure, les organismes communautaires et fournisseurs de services travaillent conjointement avec certaines églises, mais pas de manière systématique. Dans le cas d’Ottawa, il semblait que le lien se fait lorsque des travailleurs de première ligne connaissaient quelqu’un dans les églises et vice versa. Dans ce sens, les églises apparaissent comme un espace communautaire qui complémente celui des organismes communautaires et il serait propice d’entreprendre plus de collaborations entre les deux parties prenantes, tel que suggéré ci-haut.
Les participants de l’étape 3 nous ont confirmé les défis exprimés lors des groupes de discussion de l’étape 2. En particulier, ils ont parlé des difficultés que confrontent les immigrants francophones sur le marché du travail et le défi du bilinguisme en contexte minoritaire. Pour ce qui est du premier, les participants concordaient avec l’idée que l’intégration économique et sociale va main dans la main. Pour ce qui est du second, bien que les fournisseurs de services adhèrent à la perspective qu’une intégration réussie peut se faire en français en contexte minoritaire, ils se rendent compte que la majorité des immigrants francophones sont convaincus que la meilleure stratégie est d’apprendre l’anglais avant tout, et donc passent un temps précieux à prendre des cours de langues au lieu de suivre des formations qui leur aideraient à s’intégrer en français. Or cette stratégie semble pauvre en résultats, car il faut du temps pour acquérir des compétences linguistiques de niveau avancé et donc souvent ces personnes ont recourt à des petits boulots de survie pour subvenir à leurs besoins immédiats et ceux de leur famille, et peuvent tomber dans un cercle vicieux où ils n’arrivent pas à maîtriser l’anglais suffisamment bien pour obtenir le type de travail auquel ils aspirent tout en restant dans une situation économique précaire. Autrement dit, l’apprentissage de l’anglais à lui seul n’est pas suffisant pour une intégration réussie des immigrants francophones s’il n’est pas combiné avec d’autres formes de soutien (qui elles peuvent être en français). En somme, les enjeux de l’emploi et de la langue sont reliés de manière complexe, et selon une participante ce défi est beaucoup plus important pour les immigrants francophones en situation minoritaire que pour d’autres immigrants :
La situation des immigrants francophones c'est que souvent ils ont besoin d'emploi de survie. C'est difficile de (…) les orienter vers les programmes, par exemple La Cité, les problèmes de préapprentissage, pré-emploi parce que souvent ils veulent « oui mais bon j'ai besoin de travailler maintenant » (…). Ils voient pas toujours la valeur de ces formations pré-emploi, (…) plus tard ils reviennent, mais c'est souvent ce qu'ils ont : un besoin immédiat (…) de trouver un travail. (…) Ils rentrent dans ce cercle de petits boulots et pour en sortir après c'est difficile parce que le problème qu'ils ont souvent c'est qu'ils n'ont pas la langue (…) donc ils peuvent pas vraiment se consacrer à une vraie recherche de travail tant qu'ils n'ont pas la langue donc ils vont à l'école pour apprendre l'anglais et puis en même temps ils font ces petits boulots de survie (…) et donc qui est un autre défi pour eux pour le plein établissement dans le long terme. C'est pas pareil qu'une personne qui vient ici au Canada qui est bilingue donc qui est bien à l'aise dans les deux langues ou qui a un très bon anglais pour eux le chemin vers l'intégration est beaucoup plus court que pour les immigrants francophones (…) mais avec (…) leur situation économique ils peuvent pas se permettre d'aller à plein-temps à l'école pour apprendre l'anglais donc même pour certains aller à l'école à temps partiel donc passer toute la matinée à l'école, (…) ça leur prend beaucoup de temps parce que ils vont travailler après (…) c'est quand-même un parcours assez difficile pour eux. (…) Ça peut avoir des conséquences à long terme donc encore une fois (…) ça limite leurs choix, leurs possibilités après pour l'insertion économique parce que, oui, Ottawa est bilingue, mais Ottawa est quand-même premièrement anglophone. (Ottawa 3-3)
Pour remédier à ces enjeux, deux participants ont souligné l’utilité des formations de type pré-emploi pour les immigrants francophones comme offrant une voie pour une intégration économique et sociale réussie. Selon l’un, il faudrait plus de ces formations ainsi que plus de ressources pour soutenir les immigrants qui les prennent. Par exemple, il faudrait pouvoir offrir plus de places dans le service de garde; au moment de l’entrevue il n’y avait que 10 places pour tous les programmes de formation, et ce pour les enfants âgés de 18 mois et plus, ce qui signifiait que beaucoup d’immigrants (notamment des femmes) avec des enfants plus jeunes ne pouvaient pas y participer. D’autre part, il faudrait mieux informer les immigrants francophones sur les avantages des formations pré-emploi (qui sont de courte durée) pour leur aider à décrocher un premier emploi, ce qui leur permettrait de stabiliser leur situation et ensuite se dédier à améliorer leurs connaissances de l’anglais et ce en prenant des cours de langue spécialisés dans leur domaine professionnel.
En ce qui concerne la question de discrimination, les participants étaient quelques peu partagés dans leurs points de vue. Pour certains, la discrimination et le racisme n’existent pas vraiment dans la société canadienne, du moins ne sont pas comparables aux expériences qu’eux-mêmes avaient vécues dans d’autres pays. Il s’agirait d’un problème d’ignorance auquel on pourrait assez facilement remédier, avec de l’humour par exemple. Néanmoins, une participante a reconnu que ce problème d’ignorance ou du manque d’ouverture des communautés de souche envers les immigrants francophones serait dû à un décalage entre les politiques d’immigration ou politiques publiques élaborées par les gouvernements d’une part et les attentes ou la réalité vécues dans les communautés de l’autre, suggérant qu’il faudrait plus de sensibilisation auprès des membres établis :
Je pense que il y a un disconnect entre le plan, au niveau gouvernemental et fédéral et puis au niveau de la population. (…) À mon sens ça doit commencer par-là, qu'il y ait une acceptation culturelle pour que l'intégration puisse se faire au niveau social/économique parce que ils peuvent amener tous les gens qu'ils voudront mais s'il n'y a pas de reconnaissance au niveau social ça va être difficile de les insérer au niveau économique. (Ottawa 3-3)
Enfin, les participants ont mis en lumière que le processus d’adaptation à la société et à la culture canadienne est plus onéreux que ce qui pourrait être assumé. Par exemple, la compréhension du système financier (basé sur le crédit) prend du temps et de l’éducation, car il est complètement étranger aux personnes provenant de certains pays d’Afrique. Il en est de même en ce qui a trait à la recherche de l’information (tel qu’indiqué préalablement), l’alimentation, l’éducation des enfants et le système scolaire ainsi que les horaires et l’organisation sociale de la vie quotidienne. Le pasteur de l’église chrétienne multiculturelle surtout a discuté de ces aspects en détail et a expliqué que l’église est un espace important joue en fournissant un soutien constant pour aider.
Discussion comparative
Les entrevues de l’étape 3 ont servi à confirmer, complémenter et nuancer les résultats des étapes précédentes. En particulier, les défis auxquels font face les organismes communautaires ont été réitérés ainsi que les enjeux de l’(in)visibilité de la communauté et des services francophones. Nous avons aussi obtenu des informations qui nous permettent de mieux comprendre les défis que confrontent les immigrants francophones en contexte minoritaire avec des impacts sur leur intégration et participation sociales et culturelles dans les CFSM locales.
Nous basant sur les résultats obtenus à l’étape 2 concernant les espaces communautaires utilisés par les immigrants francophones, nous avons sélectionné des participants occupant des postes différents et/ou travaillant dans différents types d’espaces communautaires à London et à Ottawa. Les différences qui émergent entre les deux sites à l’étape 3 découlent du fait que nous avons parlé avec des représentants de divers types d’espaces communautaires. En particulier, à London nous avons parlé avec un participant représentant un organisme anglophone étant donné que dû au manque de services en français, les immigrants francophones se tournent vers eux. En effet, il apparait que les fournisseurs sont en mesure d’offrir les services essentiels en français (par ex. séances d’information, ateliers d’établissement), mais non pas des services plus spécialisés, tels que des groupes de couture, à cause d’un manque de capacité ou de masse critique. Ces résultats nous permettent donc de mieux comprendre la nature des services offerts en français et les manques dans le contexte d’une CFSM plus petite et plus isolée, et où il est parfois nécessaire d’aiguiller les immigrants francophones vers des services en anglais.
Aussi, nous avons appris que les églises jouent un rôle important dans l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones dans les deux villes, mais dû à un manque d’églises à London nous n’avons pas réussi à obtenir une entrevue avec un participant qui puisse les représenter. Ceci fut moins difficile à Ottawa ou les églises sont plus nombreuses. Les résultats obtenus à Ottawa à ce sujet nous aident donc à compléter notre compréhension du rôle des divers espaces communautaires dans les expériences et l’intégration sociale des immigrants francophones en contexte minoritaire.
En somme, les résultats de cette étape 3 réitèrent les thèmes généraux et enjeux mis en lumière par les résultats des étapes précédentes et qui étaient relativement similaires dans les deux villes. Toutefois, la diversité des participants et de leurs points de vue, tenant compte des différences entre les deux sites, nous ont permis d’approfondir notre compréhension du rôle du contexte spécifique de chaque CFSM dans ces dynamiques. Dans la prochaine et dernière section de ce rapport, nous présentons des recommandations qui pourraient améliorer le rôle des espaces communautaires francophones pour l’intégration et la participation sociales et culturelles des immigrants francophones dans les CFSM.
Recommandations
Recommandations pour améliorer le rôle des espaces communautaires
Les participants des diverses étapes de l’étude ont avancé de nombreuses recommandations pour améliorer le rôle positif des espaces communautaires afin de mieux soutenir l’intégration et la participation sociale et culturelle des immigrants francophones dans les deux CFSM. Nous présentons ici un résumé des idées qui ont été discutées lors des deux rencontres communautaires qui se sont tenues en octobre 2017 à London et Ottawa, lesquelles nous avons bonifiées avec les recommandations obtenues lors des autres étapes. Nous avons organisé les recommandations autour de quatre thèmes principaux : (1) celles touchant les organismes et institutions communautaires francophones en lien avec le contexte socio-économique et politique dans lequel ils opèrent ; (2) des stratégies de communication et de diffusion de l’information pour mieux atteindre les immigrants francophones ; (3) les recommandations concernant la nature et l’accès des espaces communautaires francophones; et (4) celles visant à améliorer l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones et leurs rapports avec les communautés francophones établies. Étant donné les résultats similaires dans les deux villes, nous ne faisons la distinction que lorsqu’une recommandation ne s’applique qu’à l’un des deux sites. D’autre part, nous n’avons pas essayé de prioriser ces recommandations selon un ordre d’importance donné. Suite à cela, nous ajoutons nos propres recommandations basées sur notre analyse des données du projet.
Recommandations pour organismes et institutions communautaires francophones
En lien avec les résultats de l’étape 1 (entrevues avec informateurs clés) et plus généralement avec les défis auxquels font face les organismes et institutions communautaires – tels que les problèmes de financement, la compétition, le manque de collaboration, etc. – les idées suivantes ont été discutées :
- Établir la solidarité entre organismes francophones dans les CFSM et consolider des partenariats pour améliorer la collaboration entre différents organismes communautaires (francophones et anglophones) ainsi qu’avec les groupes communautaires ethnoculturels (peut varier selon les régions, mais est important surtout dans les communautés plus petites comme London où il y a moins de services).
- Assurer des ressources de fonctionnement pérennes et suffisantes pour les organismes et ainsi pouvoir retenir des ressources humaines qualifiées. Dans l’ensemble, accéder à plus de financement pour pouvoir offrir une plus grande gamme de services en français de sorte à répondre aux divers besoins des immigrants francophones (surtout dans des petites communautés comme London où il y a un manque de services en français). Des stratégies possibles seraient la diversification des sources de financement et/ou la spécialisation du financement.
- S’assurer de prioriser et répondre de manière adéquate aux besoins des clients plutôt que de les « utiliser » à des fins administratives et financières (par ex. atteindre des quotas de programme). Bien que le financement des organismes soit important, les clients ne peuvent pas être réduits à un numéro servant à des objectifs organisationnels.
- Le mode de financement par le gouvernement pourrait être modifié pour mieux refléter la condition particulière des organismes en situation minoritaire (par ex. le fait que les fonds ne dépendent pas seulement du nombre de clients que les organismes desservent de sorte à réduire la compétition pour le recrutement et encourager l’aiguillage).
- Diminuer la compétition entre organismes et éviter la duplication des mêmes services, ainsi qu’optimiser les missions des organismes.
- Offre d’incitatifs réciproques (par ex. escompte sur billets ristourne pour billets des autres, échange de services).
- Créer un type de guichet unique qui faciliterait l’accueil et l'accès à l'information au même endroit pour les nouveaux arrivants francophones.
- Sensibiliser les travailleurs des organismes anglophones à la question de l’immigration francophone dans les CFSM et les informer de l’existence d’organismes francophones et de services en français pour améliorer l’aiguillage.
- Offrir des ateliers de formation en promotion communautaire parmi les travailleurs et les agents d’organismes.
- Rapprochement entre formation et emploi direct.
- Les organismes francophones devraient faire pression pour que le conseil municipal d’Ottawa adopte une loi reconnaissant le bilinguisme (Ottawa).
- Le gouvernement doit définir une politique claire qui favorise l’immigration francophone
- Mise en place de mesures favorables pour assurer l’établissement en français dans les CFSM.
- Développer des mesures qui permettent de soutenir les immigrants francophones dans leurs démarches d’intégration.
Stratégies de communication et de diffusion d’information pour atteindre les immigrants francophones
Étant donné les enjeux importants en lien avec les problèmes de communication et de diffusion de l’information soulevés par les participants à divers étapes de la recherche, les recommandations suivantes ont été proposées :
- Augmenter les stratégies pour identifier et recruter les immigrants francophones dès leur arrivée.
- Multiplier les outils de communication et utiliser de multiples stratégies pour donner plus d’information aux nouveaux arrivants (immigrants et réfugiés) selon leurs besoins et les moyens à leur disposition (par ex. médias sociaux pour les jeunes, radio communautaire en français, des pamphlets imprimés sur papier, etc.), ainsi que mieux promouvoir divers activités communautaires.
- Création d’une radio communautaire francophone (par ex. en collaboration avec l’Université de Western à London).
- S’allier à des partenaires anglophones (organismes, conseils scolaires) afin de diffuser l’information largement tant dans la communauté francophone qu’anglophone. Plus généralement, mieux promouvoir la CFSM auprès des organismes anglophones (London).
- Mise en place d’un guichet unique pour améliorer la visibilité au sein de la communauté plus large.
- Réseautage continuel entre organismes; être présents partout, car on a l’impression que les organismes communautaires francophones sont rares. Il faut étendre leur réseau.
Recommandations pour améliorer la nature et l’accès des espaces communautaires
Les participants de toutes les étapes avaient des suggestions pour améliorer le rôle des espaces communautaires en les rendant plus attrayants, inclusifs et accessibles :
- Multiplier les occasions de rencontre pour les francophones tout en planifiant des évènements mieux ciblés à dates fixes (par ex. activités annuelles autour du Mois de l’histoire des noirs, fêtes multiculturelles, etc.).
- Organiser des évènements communautaires diversifiés qui sont accueillants pour tout le monde (par ex. familles avec enfants d’âges divers), ainsi que des activités pratiques qui attireraient tous les francophones (par ex. échanges d’habits d’enfants et partage d’une collation, etc.).
- Organiser des fêtes pour accueillir les immigrants nouvellement arrivés pour les motiver à participer dans les activités communautaires francophones.
- Rendre plus visibles les espaces communautaires francophones et améliorer leur accès (par ex. initiative de co-voiturage).
- Créer une maison d’accueil temporaire francophone qui pourrait servir comme point d’entrée et de départ régional.
- Favoriser le développement d’espaces culturels et sportifs pour les populations immigrantes.
- Offrir des espaces de réseautage pour les immigrants francophones, notamment avec des employeurs francophones (par ex. des déjeuners avec des employeurs, des foires d’emploi, etc.).
- Offrir certains services 24/h.
- Offrir des activités bilingues qui permettent aux immigrants d’aussi rencontrer la communauté majoritaire anglophone, de connaitre des gens anglophones et d’élargir leurs réseaux (London).
- Redéfinir et élargir le rôle et le fonctionnement des espaces communautaires francophones traditionnels de sorte à mieux répondre aux besoins de divers groupes dans la communauté : des services ou programmes récréatifs francophones (sport, culture, arts) pourraient aussi cibler des individus issus de l’immigration; des institutions et clubs dans les CFSM (par ex. Club Richelieu, ACFO, etc.) pourraient élargir leurs activités pour attirer et inclure des immigrants francophones, etc.
- Adapter le coût des activités communautaires (par ex. programmes récréatifs) en fonction du pouvoir d’achat de la communauté francophone immigrante.
- Régler les problèmes de transport (London).
Recommandations pour améliorer l‘intégration sociale et culturelle des immigrants francophones et leurs rapports avec les communautés francophones établies
Suite aux résultats des diverses étapes de notre étude, les participants ont suggéré plusieurs stratégies pour améliorer l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones dans les CFSM, ainsi que pour améliorer le rapport entre les immigrants et les membres établis de la communauté. Voici un résumé des suggestions :
- Offrir des possibilités de rapprochement et développer des stratégies pour élargir la communauté francophone en travaillant ensemble et éviter des perceptions négatives de la part de divers membres, par exemple en organisant des rencontres entre plusieurs groupes francophones (membres établis, communautés ethnoculturelles, francophiles) de sorte à promouvoir une culture de tolérance. Il pourrait aussi être avantageux pour les CFSM de montrer plus d’ouverture envers les francophiles et les familles fréquentant les écoles d’immersion (London). En général, il serait utile d’augmenter l’ouverture des milieux francophones à la diversité pour améliorer l’intégration de divers membres.
- Gouvernements, communautés et organismes devrait penser innovation et utiliser un nouveau vocabulaire de dénomination des gens de sorte à développer un nouveau regard plus inclusif et intégrateur de la diversité des membres francophones dans les divers espaces/sphères de la vie quotidienne.
- Mettre l’emphase sur la création d’emploi pour les immigrants francophones puisque leur intégration sociale est reliée à l’intégration économique. Plus d’efforts devraient être faits pour accroître les possibilités d’emploi pour les immigrants francophones nouvellement arrivés.
- Collaborer avec les autorités administratives en charge des immigrants (comme la mairie).
- Accroitre la présence et représentation politique des immigrants dans des organismes et institutions francophones (par ex. aux conseils d’administration).
- Entreprendre une étude comparative semblable au sujet de l’intégration et la participation des immigrants francophones dans les CFSM qui inclurait des personnes issues de l’immigration et des membres établis des communautés francophones.
Pour résumer, selon les participants des rencontres communautaires à London et Ottawa, les CFSM devraient devenir plus ouvertes et accueillantes et ce en offrant une diversité de services en français et en s’assurant que ces services soient accessibles. D’autre part, les communautés pourraient organiser plus d’évènements et d’activités communautaires qui soient attrayants pour tous les membres – tant ceux qui sont nouvellement arrivés que ceux qui sont plus établis, immigrants et non-immigrants – de sorte à encourager les interactions entre eux. Afin de faciliter tout cela, et en ligne avec les objectifs principaux de cette étude, il apparait qu’il y a un besoin important pour des espaces communautaires accessibles à tous les francophones et francophiles de sorte qu’ils puissent entrer en contact et échanger entre eux de manière régulière, et que plus de ressources sont nécessaires pour soutenir et maintenir ces espaces.
Pour notre part, nous avançons plusieurs recommandations basées sur notre analyse des données de ce projet. Un enjeu émergeant des deux sites est la difficulté de rapprocher les immigrants et les membres de la communauté de souche. En partie, cette situation découle des silos existants dans l’offre de services où les besoins des immigrants diffèrent de ceux des autres membres de la communauté (par ex. services d’établissement). De ce fait, en ayant principalement « des immigrants entre les immigrants » (Ottawa 1-6) leur intégration sociale et culturelle au sein de la CFSM peut en être freinée. Cependant, d’autres facteurs ont aussi été mentionnés qui entravent ce rapprochement, dont un certain manque d’accueil et d’ouverture de la part des membres de la communauté établie ressenti par plusieurs participants, et le fait que certains parmi ces derniers disent ne pas vouloir limiter leur intégration à la CFSM seulement. La question se pose alors de comment réunir les membres d’une CFSM hétérogène pour promouvoir l’intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones. Selon notre hypothèse, nous avons anticipé que les espaces francophones joueraient un rôle important. Tandis que cette question complexe n’a pas de réponse simple, nous offrons quelques recommandations reliées aux rôles actuels et potentiels de ces espaces qui pourraient aider à adresser cette problématique.
Dans un premier temps, la création d’un centre ou d’un carrefour francophone multi-services pour immigrants et non-immigrants pourrait être envisagé, surtout dans des CFSM plus petites et isolées comme London, dont la complétude institutionnelle est moins développée que celle d’Ottawa. Dans une certaine mesure, de tels centres existent déjà, comme le Centre Desloges à London. Ce dernier regroupe divers organismes (le Centre communautaire régional de London, le Cercle des copains, la Paroisse catholique Sainte Marguerite d’Youville, etc.), mais il est principalement occupé par les bureaux des locataires ce qui limite l’espace accessible au public. À Ottawa, l’Infocentre du nouvel arrivant (INA) est situé dans le YMCA-YWCA du centre-ville (qui, outre des services récréatifs, offre plusieurs programmes de soutien aux jeunes et aux familles, de l’hébergement temporaire et une garderie), mais il s’agit d’un organisme anglophone qui offre des services en français sans pour autant construire des liens avec la communauté francophone. Le CÉSOC par contre joue plus le rôle de porte d’entrée vers la communauté francophone, mais demeure néanmoins un organisme desservant les immigrants. Seul le Centre de services communautaires Vanier représente véritablement un centre fournissant une large gamme de services tant aux immigrants que résidents établis (surtout francophones, mais aussi en anglais) sous un même toit, et ce avec un certain succès (Veronis et Couton 2017). De tels centres pourraient donc être développés, notamment dans les CFSM plus petites, qui en plus d’une diversité de services en français pourraient également inclure une maison d’hébergement francophone pour les nouveaux arrivants et un service de garde flexible, tout en étant situé dans un endroit central et accessible (sur une route d’autobus)Note de bas de page 3. Il serait utile que ce type de centre réunisse surtout les services nécessaires pour l’établissement immédiat des nouveaux arrivants (par ex. orientation, ateliers d’information et de recherche d’emploi, formation linguistique, etc.) et servirait notamment comme guichet unique pour obtenir de l’information essentielle et pertinente, tant sur les services d’établissement que sur la communauté et les services francophones en général. Selon nos résultats, il apparait qu’un guichet unique est nécessaire dans les CFSM petites ou grandes pour faciliter et augmenter l’accès à l’information sur les services en français à tous les immigrants francophones, et ce à divers étapes de leur établissement et intégration. Par contre, des services plus spécialisés resteraient physiquement séparés (par ex. CALACS pour des raisons de confidentialité des clientes), tout en travaillant en partenariat pour assurer l’aiguillage. Un tel centre multi-services aiderait aussi à augmenter la visibilité de la communauté et des services francophones ainsi qu’à promouvoir le rapprochement des membres divers de la communauté francophone (par ex. en organisant des évènements réguliers tels que des journées d’appréciation des clients/bénévoles).
Un autre enjeu est la question de l’accès aux espaces communautaires francophones. En réfléchissant à l’importance des églises dans les expériences des participants, qui a souvent été évoquée lors des entrevues de groupes, il semblerait qu’elles offrent plusieurs caractéristiques positives qui pourraient être adoptées dans des espaces laïques. Premièrement, les églises représentent un espace inclusif où le dénominateur commun est la foi, et non pas un lieu ou une culture d’origine. Ensuite, à part les besoins spirituels, les églises répondent au besoin d’interaction sociale en offrant un point de contact régulier à travers une participation gratuite pour tous les groupes d’âges avec d’autres partageant des intérêts communs. Ceci contraste avec les activités communautaires typiquement organisées par des organismes à intervalles moins fréquents et pas toujours bien adaptées aux besoins de groupes diversifiés (comme les familles). Autrement dit il n’est pas suffisant pour les organismes et les communautés francophones de créer des opportunités de participation, encore faut-il mettre en place l’infrastructure et le soutien nécessaires pour créer un espace inclusif et rendre cette participation possible (par ex. frais de transport, service de garde). De plus, si les espaces francophones étaient plus accessibles aux membres de la communauté, il serait alors possible de voir émerger plus d’occasions organisées de manière spontanée et à la base par les membres des communautés eux-mêmes plutôt que de devoir dépendre des organismes pour ce faire. En effet, plusieurs participants de London ont mentionné devoir louer une salle pour des activités ethnoculturelles, généralement à travers des organismes ou institutions anglophones. Nous en déduisons que le manque d’espaces francophones accessibles et ouverts à tous les membres de la communauté représente une barrière qui ne facilite pas l’intégration et la participation des immigrants francophones dans la CFSM. Donc des espaces francophones accessibles, tels que des centres multi-services mentionnés ci-haut, pourraient remédier à ces difficultés tout en rendant la communauté francophone plus visible.
En effet, l’(in)visibilité des CFSM, des services francophones et de l’information destinée aux membres des communautés est un des enjeux importants mis en lumière par ce projet. D’une part, nous recommandons la création d’un poste de liaison communautaire dans les organismes de sorte à développer des stratégies de communication active tant avec la communauté francophone qu’anglophone (il est important d’inclure les deux communautés linguistiques notamment dans des CFSM plus petites tel que vu dans le cas de London). Ces agents de liaison communautaire pourraient également participer aux tables de concertation pour assurer une collaboration continue entre organismes à la fois francophones et anglophones. De fait, étant donné l’existence de ressources financières limitées, nous pourrions imaginer la création d’un poste d’agent communautaire dont la charge serait d’augmenter la visibilité de la communauté et des services francophones et d’améliorer l’accès à cette information. Ce poste pourrait exister indépendamment des organismes communautaires – par exemple avec un financement séparé provenant d’IRCC – ou alors pourrait s’insérer dans le cadre des RIF, vu que ces derniers existent déjà dans plusieurs régions et ont pour mission de consolider les actions locales en lien avec l’immigration francophone. D’autre part, les organismes devraient envisager un poste de courtier en information (soit un poste en soi, soit comme tâche explicite additionnelle pour les travailleurs de première ligne desservant les immigrants et réfugiés francophones). À cela pourrait s’ajouter la publication à la fois physique et numérique d’une brochure ou d’un guide francophone contenant toute l’information sur les services en français et la communauté francophone, afin que les nouveaux arrivants puissent y avoir facilement accès. De tels guides seraient fort utiles et répondraient plus adéquatement aux besoins de personnes n’ayant pas l’habitude de rechercher de l’information sur internet – un thème central lors de nos entrevues de groupe. En effet, nos résultats indiquent que bien que l’information soit disponible et même communiquée aux nouveaux arrivants, elle n’est pas toujours transmise au bon moment (par ex. surinformation lors de l’arrivée) ou de manière pertinente et finit par se perdre. Il s’agit alors de rendre cette information accessible pour que les immigrants puissent l’obtenir quand ils en ont besoin et ce de façon adéquate. Il nous apparait qu’un poste de courtier en information dans les organismes combiné avec une brochure sur la communauté et les services francophones pourraient répondre à ces besoins de manière plus efficace. Enfin, il pourrait aussi être utile d’identifier des champions communautaires parmi divers groupes au sein de la CFSM (par ex. dans les communautés ethnoculturelles et religieuses, dans des groupes d’aînées et de jeunes, etc.) qui pourraient être contactés pour aider à diffuser l’information (par ex. bouche à oreille, distribution de pamphlets, etc.).
En ce qui concerne l’invisibilité des organismes francophones, les collaborations entre organismes francophones et anglophones pourraient être améliorées à travers plusieurs stratégies (ceci s’avère nécessaire dans des CFSM plus petites où les services en français sont limités). Premièrement, des représentants d’organismes communautaires francophones devraient pouvoir avoir accès durant les évaluations des besoins de nouveaux clients francophones qui arrivent aux agences anglophones. Ensuite, un mécanisme de suivi des clients référés devrait être mis en place pour s’assurer du bon déroulement de leur parcours d’intégration et pour offrir un soutien continu à divers étapes. Enfin, une évaluation annuelle de collaboration et de partenariat devrait être complétée par les organismes afin d’assurer la continuité des partenariats et d’ajuster l’offre de services et de programmes selon les besoins indiqués par les nouvelles données démographiques des groupes récemment arrivés.Note de bas de page 4
Un autre défi important pour les CFSM est le problème de compétition entre organismes et la duplication de services sur un même territoire. Plusieurs informateurs clés ont indiqué que les bailleurs de fonds devraient prendre des mesures de sorte à éviter de telles situations. Certains participants ont parlé de compétition entre organismes, notamment entre francophones et anglophones, mais aussi parfois entre francophones (par ex. à London). Bien que des partenariats existent et que les organismes collaborent souvent entre eux, des conflits d’intérêts et de la compétition peuvent se développer entre réseaux de partenaires. Il faut reconnaitre aussi que la compétition varie dû au paysage institutionnel changeant tant à l’échelle locale que provinciale et fédérale. Néanmoins, il reste que les organismes sont en compétition pour du financement, car souvent leur propre survie en dépend, ce qui peut donner lieu à la duplication de services. Dans son ensemble, cette dynamique nuit autant aux organismes qu’à leurs clients et même à la communauté entière. Il s’agirait donc de mieux planifier et distribuer les fonds pour ne pas contribuer à de telles dynamiques néfastes en assurant que les contrats sont offerts à des organismes dont les mandats cadrent clairement avec les services à offrir. Ce type d’initiative est probablement mieux adapté aux villes plus petites où il y a moins de clients à desservir, moins de distance à couvrir et où les options sont plus limitées.
Dans un autre ordre d’idées, nous tenons à souligner que bien que cette étude était axée sur l’intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones au sein des CFSM, cet aspect de l’intégration n’est pas vécu de manière isolé par les immigrants dans leur quotidien. Au contraire, lors des entrevues de groupe de nombreux participants ont parlé longuement des défis auxquels ils font face dans leur intégration économique, ainsi que de leur intégration dans la communauté plus large anglophone. De fait, selon eux, il n’est pas possible de séparer leur intégration dans la CFSM de l’obtention d’emploi et de l’apprentissage de l’anglais. Autrement dit, nos résultats indiqueraient que l’intégration économique, l’intégration dans la communauté francophone et l’intégration dans la communauté majoritaire anglophone vont main dans la main, et donc qu’il faudrait développer et soutenir davantage des programmes qui favorisent plusieurs formes d’intégration de façon simultanée (à la fois sociale et économique, en français et en anglais). Par exemple, la Passerelle-I.D.É. (un organisme situé à Toronto) offre des déjeuners mensuels avec comme thématique ‘l’engagement des employeurs’ pour raccourcir la distance qui sépare le chercheur d’emploi de l’employeur. Même si le but vise une intégration économique réussie, le format de l’activité encourage aussi une approche plus sociale avec un contact direct et de l’interaction.Note de bas de page 5 De même, la Cité Collégiale à Ottawa organise des foires d’emploi où sont invités des employeurs francophones de toute la région de l’est de l’Ontario pour rencontrer des immigrants et réfugiés qui sont sur le marché de l’emploi. Ici aussi, l’évènement a un but tant d’intégration sociale qu’économique, et permet aussi de sensibiliser les employeurs à la question des travailleurs issus de l’immigration. Enfin, il serait également utile de développer des programmes d’établissement qui assurent un certain équilibre entre la formation linguistique en anglais et les autres aspects de l’intégration, notamment économique. Il s’agit de jumeler l’intégration en français et en anglais simultanément, par exemple en offrant à la fois des formations professionnelles et/ou des ateliers d’emploi en français et des cours de langue en anglais (possiblement à temps partiel). Le but serait d’assurer l’entrée sur le marché de l’emploi en français à court terme, tout en offrant la possibilité de parfaire les connaissances linguistiques en anglais à plus long terme.
Nous aimerions conclure avec une recommandation pour des recherches futures. Clairement, nos résultats indiquent que l’intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones dans les CFSM représente une question complexe qui nécessite d’être examinée plus en profondeur. Alors que notre étude s’est penchée sur les expériences des immigrants et réfugiés francophones, des recherches futures pourraient aussi inclure les membres des communautés établis. Si le but est d’améliorer la participation et l’intégration des immigrants francophones dans les CFSM il semblerait important de mieux comprendre les expériences, attentes, perceptions et ouverture des communautés d’accueil. De plus, des projets de type recherche-action pourraient être envisagés dont les objectifs seraient de développer des projets communautaires sur des intérêts communs de sorte à favoriser un rapprochement des divers groupes francophones.
Conclusion
Notre étude a examiné le rôle que jouent les espaces communautaires dans les expériences d'intégration sociale et culturelle des immigrants et réfugiés francophones qui habitent dans deux communautés francophones en situation minoritaire (CFSM) en Ontario, à savoir Ottawa et London. Nos objectifs principaux étaient de mieux comprendre en adoptant une perspective critique l’accès et l’utilisation de ces espaces par les immigrants francophones pour leur intégration sociale ainsi que leurs expériences d’inclusion et de participation dans ces espaces tout en tenant compte du contexte sociohistorique et géographique unique des CFMS. Pour ce faire, nous avons adopté une méthodologie d’étude de cas instrumentale (Stake, 1995) qui combine différentes méthodes de collecte de données dialogiques et qui inclut quatre étapes avec des populations cibles différentes. Nous avons entrepris une analyse comparative des résultats de chaque étape afin de mettre en lumière l’influence du contexte de chaque CFSM étant donné les différences entre London et Ottawa – la première étant une communauté plus petite et plus isolée que la seconde.
Nous avons identifié trois thèmes clés caractérisant les données des entrevues de l’étape 1 avec des représentants d’organismes francophones dans les deux villes. Tant à London qu’à Ottawa, ils nous ont parlé des défis qu’ils confrontent pour maintenir les espaces communautaires, de questions d’(in)visibilité des communautés francophones en situation minoritaire ainsi que du rôle que jouent ces espaces pour l’intégration et la participation des immigrants francophones. Bien que les enjeux soient semblables dans les deux villes, ils sont vécus de manière différente étant donné leur contexte distinct : la compétition entre organismes semble plus prononcée à London qu’à Ottawa et l’invisibilité de la CFSM est un défi plus significatif dans la première que la deuxième.
Au cours des entrevues de groupe à l’étape 2, les participants ont identifié une gamme d’espaces communautaires qui ont joué un rôle lors de leur intégration sociale et culturelle à London et à Ottawa. Dans ce rapport nous présentons ces espaces ainsi que les divers points de vue des participants au sujet du rôle que jouent les espaces communautaires francophones et comment ceux-ci ont facilité leur intégration sociale et culturelle. À London comme à Ottawa, les participants ont surtout souligné l’importance des organismes d’établissement et fournisseurs de services dans leur intégration et participation sociales (surtout dans les premiers temps suivant leur arrivée), ainsi que les institutions scolaires, les associations ethnoculturelles et les églises, et dans une moindre mesure les espaces virtuels (Internet, médias sociaux). Nous avons également examiné les données touchant aux défis que les participants ont vécus – notamment par rapport à leur insertion au marché de l’emploi et les liens entre intégration économique et sociale, les défis linguistiques dû à la nécessité (perçue et/ou réelle) d’être bilingue ainsi que des questions de discrimination –, et leurs idées quant à ce qui pourrait être fait pour faciliter et améliorer davantage leur intégration. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les expériences des immigrants et réfugiés francophones ne sont pas si différentes à London comparé à Ottawa – sauf pour ce qui est de l’accès aux services en français.
Les résultats de l’étape 3 ont servi à confirmer les thèmes identifiés aux deux étapes précédentes – notamment par rapport aux défis que confrontent les organismes francophones dans chaque ville et le rôle de divers espaces communautaires pour l’intégration et participation sociale et culturelle des immigrants francophones. Les trois thèmes principaux abordés lors des entrevues traitaient de : (1) les enjeux et défis auxquels font face les organismes desservant les immigrants francophones, (2) le rôle des espaces communautaires pour l’intégration des immigrants francophones et (3) les défis que confrontent ces derniers à London et Ottawa. Cette étape a également permis de nuancer notre interprétation et compréhension des résultats des entrevues de groupe et avec les informateurs clés, dont la nature des relations entre immigrants francophones et les communautés d’accueil.
Lors de la rencontre communautaire de l’étape 4, nous avons présenté et discuté les résultats préliminaires de l’étude avec les participants dans le but de vérifier nos conclusions et d’élaborer des recommandations. Nous avons regroupé nos recommandations autour de quatre thèmes : celles touchant les organismes et institutions communautaires francophones ; les stratégies de communication et de diffusion de l’information ; les recommandations pour améliorer la nature et l’accès des espaces communautaires francophones ; et celles pour améliorer l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones et leur rapports avec les communautés francophones établies.
Enfin, nous concluons que les espaces communautaires francophones jouent un rôle important dans l’intégration sociale et culturelle des immigrants francophones et démontrent le potentiel de faciliter leur participation dans les CFSM. Cependant, les barrières et défis auxquels font face les immigrants francophones, les organismes les desservant et les communautés les accueillant doivent être pris en considération pour soutenir davantage leur intégration sociale. Des ressources additionnelles sont nécessaires pour le soutien et le maintien de l’infrastructure communautaire ainsi que pour renforcer le rôle des espaces communautaires francophones dans les CFSM.
Les résultats résumés ci-haut nous ont donc aidé à répondre aux objectifs de notre étude, qui à titre de rappel étaient d’examiner de façon critique : (1) l’accès et l’utilisation des espaces communautaires par les immigrants francophones pour leur intégration sociale et culturelle dans les CFSM; (2) leurs expériences d’inclusion et de participation dans ces espaces en tenant compte des marques identitaires et de leurs intersectionalités; et (3) comment les expériences quotidiennes des immigrants francophones diffèrent selon le contexte unique des CFSM. Nous élaborons ici-bas plus en profondeur sur certains enjeux clés soulevés dans ce rapport, tout en reconnaissant que les trois objectifs étaient inter-reliés.
En ce qui concerne l’accès et l’utilisation des espaces communautaires francophones, nos résultats indiquent que les expériences des immigrants et réfugiés francophones diffèrent selon le contexte des CFSM. Les communautés plus petites comme London offrent moins de services en français et la gamme est souvent moins diversifiée que dans les communautés plus grandes telles qu’Ottawa. Le cas de cette dernière est unique notamment du fait de son statut de capitale nationale et siège du gouvernement fédéral où le bilinguisme est promu de manière plus active. Étant donné le contexte de London, l’accès à des espaces francophones est plus limité et il est parfois nécessaire de recourir à des services en anglais pour répondre aux besoins divers des immigrants francophones. Néanmoins, un fait important qui a surgit dans les deux communautés indépendamment de leur contexte est la question du manque de visibilité de la CFSM et des services en français ainsi qu’un problème important d’accès à l’information à leur sujet. Ce problème d’(in)visibilité représente une barrière à leur intégration et participation dans la communauté, mais pourrait être résolu à travers une variété de stratégies de communication (voir recommandations). Une idée avancée par plusieurs informateurs clés dans les deux sites était de centraliser l’information et les services principaux dans un seul centre de type multi-services qui servirait de guichet unique. Une telle approche semblerait particulièrement utile dans des communautés plus petites telles que London où les services sont éparpillés sur un grand territoire dans une diversité d’organismes différents, souvent anglophones. Ceci étant dit, il reste avantageux d’offrir certains services d’établissement en français de manière décentralisée (par ex. dans les écoles, à travers des agents francophones dans des organismes anglophones, etc.) pour pouvoir atteindre le plus de nouveaux arrivants possible, tandis que certains services plus spécialisés doivent demeurer séparés (par ex. CALACS pour des raisons de confidentialité). Dans une communauté plus grande comme Ottawa, il existe plusieurs organismes francophones où les services sont déjà centralisés (par ex. le Centre de services communautaires Vanier, le CÉSOC), et les participants de ce projet en semblaient tous très satisfaits. Certains problèmes d’accès se posaient pour des personnes arrivées plus récemment et pour des réfugiés et requérants d’asile qui passaient d’abord par d’autres organismes et qui n’avaient peut-être pas encore obtenu l’information. La présence d’agents d’établissement à temps partiel d’un organisme dans les autres (une pratique bien instaurée à Ottawa) semble aider à remédier à ce problème et pourrait être adoptée dans d’autres communautés. Enfin, la centralisation des services et de l’information pourrait servir à réduire les problèmes de compétition entre organismes et de duplication des services, notamment s’il y a des opportunités de consolider des collaborations et partenariats, tout en augmentant leur visibilité et accès.
Au plan de l’utilisation des espaces francophones, nous avons noté une différence intéressante entre les deux sites : selon nos résultats, les immigrants francophones de London semblaient être plus des « participants » dans la communauté, alors que ceux d’Ottawa étaient plutôt des « clients » de fournisseurs de services. Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer cette différence. Premièrement, il faut rappeler que les groupes de discussion à Ottawa étaient composés d’une grande majorité de nouveaux arrivants (moins de cinq ans au Canada), alors que certains parmi ceux de London étaient établis de plus longue date ; il pourrait donc s’agir d’une question de temps. Ensuite, les participants au projet à Ottawa étaient impliqués dans divers groupes, dont leur communauté ethnoculturelle et des églises (ethnoculturelles, anglophones et dans une moindre mesure francophones), mais disaient avoir de la difficulté à accéder à la communauté francophone de souche. Outre la question de l’(in)visibilité, nous avançons l’hypothèse que la communauté de London étant plus petite pourrait présenter des liens plus étroits que celle d’Ottawa qui est plus grande et plus diffuse. Enfin, il pourrait s’agir d’un « heureux problème » dans la mesure où les immigrants francophones ayant accès aux services dont ils ont besoin en français à Ottawa, ne recherchent pas nécessairement à développer des liens avec la communauté francophone – considérant aussi le fait qu’il y existe de nombreuses possibilités d’intégration et de participation sociales et culturelles dans cette ville de taille plus grande. Cette différence entre « clients » et « participants » parmi les immigrants francophones mériterait d’être étudiée plus en profondeur dans le futur pour mieux en comprendre ses dimensions.
Nos résultats apportent aussi des éléments importants en ce qui a trait aux expériences d’inclusion et de participation des immigrants et réfugiés francophones dans les espaces communautaires en lien avec les marques identitaires et leurs intersections. Tel que suggéré ci-haut, l’intégration des immigrants francophones dans la CFSM et/ou dans ses espaces ne se fait pas de manière ‘automatique’, et elle n’est pas non plus nécessairement désirée par tous les participants. Généralement, les participants se sentaient bien reçus dans les agences d’établissement et divers organismes de services communautaires. Ils ont aussi parlé d’expériences positives à travers le bénévolat, dans les écoles et surtout dans les églises qu’ils fréquentaient (ethnoculturelles, anglophones et parfois francophones). Par contre, ils ont fait allusion au fait qu’ils se sentaient moins bien traités par les conseillers d’Emploi Ontario – et ce à plusieurs reprises dans les groupes de discussion menés à Ottawa. Le sujet de la discrimination et du racisme dans la société canadienne fut également soulevé à plusieurs reprises, généralement en lien avec les problèmes que confrontent les immigrants sur le marché de l’emploi et dans une moindre mesure dans la difficulté qu’ont les communautés immigrantes à se rapprocher des communautés établies.
Entre autres, ce projet a mis en lumière le rôle des églises dans l’expérience quotidienne des immigrants francophones dans les deux villes. Il semblerait que les églises soient un espace important non seulement au plan spirituel, mais aussi social dans la mesure où c’est un espace accessible et inclusif qui souvent offre un soutien similaire à celui de certains organismes fournisseurs de services. Dans ce sens, les églises représentent un espace communautaire ‘multidimensionnel’, qui dessert plusieurs besoins. Dans des communautés plus petites comme London, les églises remplacent parfois les communautés ethnoculturelles lorsque celles-ci n’existent pas. D’un autre côté, les églises permettent de trouver une communauté autre que celle de son pays ou de sa culture. Que ce soit pour retrouver des personnes d’origine ethnoculturelle semblable ou tout simplement pour rencontrer d’autres gens avec qui il est possible de partager des intérêts communs, les églises offrent un espace communautaire accueillant que les immigrants peuvent choisir selon leurs préférences personnelles (dénomination, langue, affiliation culturelle, familles exogames, francophiles, etc.). Les caractéristiques sociales des églises pourraient être adoptées pour rendre plus accueillants et inclusifs d’autres espaces communautaires dans les CFSM.
Dans une certaine mesure, les participants des groupes de discussion ont exprimé un intérêt pour mieux connaitre la communauté francophone de souche, mais outre le fait qu’ils ne savaient pas où la trouver, ils ont évoqué des impressions de manque d’ouverture et d’accueil envers les immigrants. Ils ont notamment parlé de différences dans l’utilisation de la langue française (accent) et d’histoire, ainsi que du fait que la communauté établie se rassemble principalement lors de fêtes ponctuelles reliées à l’identité franco-ontarienne (par ex. festival franco-ontarien, anniversaire du drapeau franco-ontarien, etc.). Ils ont également soulevé des enjeux complexes en lien avec les sentiments d’appartenance. En effet, de nombreux participants disaient avoir des appartenances multiples – ethnoculturelle, francophone, etc. – et étaient venus au Canada avec certaines attentes par rapport à leur intégration dans la société canadienne en général. Alors que plusieurs n’étaient pas intéressés à fréquenter leur communauté ethnoculturelle, ils étaient nombreux à ne pas vouloir limiter leur participation à une communauté francophone qui est minoritaire. En effet, ils semblaient bien comprendre les défis associés avec le fait minoritaire francophone, et ils espéraient plutôt devenir des citoyens canadiens à part entière de sorte à pouvoir participer tout autant dans la majorité anglophone que dans d’autres communautés. Autrement dit, nos participants ont souligné des appartenances multiples qui variaient selon les circonstances. En général, ils démontraient une volonté d’élargir leur intégration à plusieurs communautés simultanément, souvent de manière stratégique de sorte à ne pas limiter leurs opportunités, et parfois en réaction au manque d’ouverture de la communauté francophone de souche. Pour un grand nombre, il était important d’apprendre l’anglais pour cette raison, alors que dans des cas plus rares certaines familles décidaient d’envoyer leurs enfants au conseil scolaire anglophone afin de leur éviter les barrières auxquelles ils faisaient face. En quelque sorte, ces questions d’appartenances multiples mettent en lumière un certain décalage entre les attentes des immigrants et réfugiés francophones et celles des CFSM vis-à-vis des immigrants, tel que discuté lors de la Rencontre de recherche sur l’immigration d’expression française dans les CFSM tenue à Ottawa le 30 novembre 2017 (Veronis et al., soumis).
Enfin, il est aussi important de mentionner que les participants aux groupes de discussion insistaient sur le fait que l’intégration sociale ne peut pas se faire sans l’intégration économique, et vice-versa. Alors que cette étude se penchait sur la question de l’intégration et la participation sociales et culturelles des immigrants et réfugiés francophones dans les CFSM, les participants nous ont longuement parlé des défis qu’ils confrontent sur le marché de l’emploi. Selon eux, l’intégration économique et sociale est inter-reliée et il faudrait les soutenir dans les deux aspects simultanément. Bien que conceptuellement nous puissions distinguer l’intégration et la participation sociales et culturelles de l’économique, dans le vécu au quotidien des immigrants les deux vont ensemble et sont même mutuellement nécessaires – l’un dépend de l’autre : il faut un réseau social pour obtenir un emploi, et c’est en atteignant une situation économique stable que les immigrants peuvent s’impliquer et participer socialement à une diversité de groupes et d’activités sociales et culturelles. Donc pour faire le lien avec les objectifs de ce projet, des espaces communautaires francophones plus accessibles et plus inclusifs pourraient contribuer non seulement à faciliter la participation sociale des immigrants francophones, mais peut-être aussi leur intégration économique.
Pour finir, cette étude comparative a permis de mieux comprendre le rôle du contexte dans les expériences des immigrants et réfugiés francophones par rapport à leur intégration et participation sociales et culturelles dans les CFSM. Bien que notre étude se limite à deux villes en Ontario – Ottawa et London – nous pouvons tirer un nombre de conclusions. En premier lieu, les villes et communautés plus petites et plus isolées offrent probablement moins de services en français et/ou une gamme moins variée, et il faut alors recourir à des organismes anglophones et des services en anglais – ce qui peut amener à une assimilation (plus rapide) dans la communauté anglophone dominante. Au contraire, les communautés plus grandes offrent l’avantage d’avoir à disposition plus d’organismes francophones et de services en français. Ceci étant dit, indépendamment du contexte géographique et socio-historique des CFSM, ce projet met en lumière deux enjeux importants qui devraient être pris en considération pour faciliter l’intégration et la participation sociales des immigrants francophones. D’une part, il y a un défi d’(in)visibilité des communautés francophones en contexte minoritaire qui en réduit l’accès, et de l’autre il semble y avoir un manque d’ouverture et d’accueil de la part de ces communautés envers les immigrants et réfugiés francophones. Bien que chacun de ces deux enjeux présente sa complexité propre, nous avons discuté plusieurs recommandations et stratégies pour y remédier dans la section précédente. En guise de conclusion, nous souhaitons revenir ici sur le rôle que peuvent jouer les espaces communautaires francophones pour aider à répondre à ces défis. En effet, la création et le maintien d’espaces communautaires francophones qui sont accessibles, accueillants et inclusifs pourraient aider à rendre la communauté francophone plus visible tout en offrant des opportunités de rencontre et d’échange entre divers membres francophones de sorte à faciliter leur rapprochement. Mais pour ce faire, il serait nécessaire de repenser le maintien et le développement de ces espaces communautaires francophones, notamment à travers des ressources humaines, matérielles et financières adéquates qui correspondent aux besoins spécifiques et contexte unique des CFSM et de leurs populations.
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Annexes
Annexe 1 : Étape 1 – Guide d’entrevue
- S’il vous plaît, décrivez-moi l’organisation pour laquelle vous travaillez (ou êtes un membre).
- Quel est votre mandat?
- Quelles sont vos activités principales?
- Quels sont les circonstances ou les domaines d’intervention (ex. services offerts) qui vous amènent généralement à traiter avec les nouveaux arrivants francophones?
- Pour quelles raisons est-ce que les nouveaux arrivants francophones accèdent-ils votre organisation?
- Comment est-ce que cet espace est utilisé par les membres de la communauté francophone?
- Quels membres de la communauté utilisent d’habitude cet espace? (ex. ainés, jeunes, familles)
- Est-ce que les divers membres de la communauté francophone interagissent entre eux dans cet espace (ex. ainés, jeunes, immigrants)?
- Si oui, de quelle façon?
- Si non, que pensez-vous contribue à des interactions limitées?
- Comment décririez-vous les relations de votre organisme/club avec les nouveaux arrivants Francophones?
- Pensez-vous que votre organisation/club a été en mesure de les atteindre?
- Pensez-vous qu’ils/qu’elles sont au courant des services que votre organisation est en mesure de leur fournir?
- Est-ce qu’ils/elles s’impliquent et/ou participent dans votre organisme et/ou y sont-ils/elles représenté/es (par ex. comme volontaires, membre du CA, employés, etc.)
- Selon votre opinion, que sont les obstacles principaux auxquels font face les nouveaux arrivants francophones quant à leur intégration et participation sociale et culturelle dans les communautés francophones en situation minoritaire?
- Comment caractériseriez-vous les rapports/relations entre divers groupes dans la communauté Francophone, notamment entre nouveaux-arrivants et ceux qui sont plus établis?
- Quels sont les obstacles principaux auxquels fait face la communauté francophone en essayant de faciliter l’intégration sociale et culturelle des nouveaux arrivants francophones?
- Qu’est-ce qui facilite votre programmation et vos services?
- Quels obstacles nuisent à votre programmation et vos services?
- Quel rôle pensez-vous que les espaces communautaires peuvent/devraient jouer pour faciliter l’intégration sociale et culturelle des nouveaux arrivants francophones?
- A votre avis, quels espaces communautaires pourraient jouer un tel rôle? (par ex., les écoles et institutions de l’éducation, agences d’établissement, centre communautaires, clubs sportifs, associations culturelles, bibliothèques, etc.)
- Comment/de quelle façon? S.v.p. décrire/expliquer.
- Comment pensez-vous que les organismes/clubs peuvent mieux atteindre ces objectifs?
- Quelles possibilités votre organisme offre-t-il pour l’implication et la participation des nouveaux arrivants et/ou pour leur représentation?
- A votre avis, comment pourrait-on améliorer les rapports entre nouveaux arrivants/immigrants francophones et les membres établis dans les communautés francophones? Et pour améliorer leur intégration et participation sociale et culturelle en général?
- Quelles autres informations aimeriez-vous partager par rapport à ce sujet?
Annexe 2 : Étape 2 – Guide d’entrevue
- Nous vous invitons à vous présenter brièvement à tour de rôle et de nous partager un peu de votre expérience – vous venez de quel pays et vous avez arrivé à London quand?
- Quelles espaces communautaires utilisez-vous?
- Pourquoi? Que faites-vous dans ces endroits/lieux?
- Vous y allez comment souvent?
- Vous sentez-vous bienvenus dans les espaces communautaires?
- Si oui, dans lesquels?
- Qu’est-ce qui contribue à ce sentiment?
- Si non, ou est-ce que vous ne vous sentez pas à l’aise?
- Qu’est-ce qui contribue à ce sentiment?
- Si oui, dans lesquels?
- Est-ce que vous vous impliquez dans des espaces communautaires?
- De quelle façon?
- Êtes-vous impliqué dans/avec des organismes francophones?
- Si oui, lesquels? Comment cela est-il arrivé?
- Sinon, pourquoi?
- Avez-vous du contact avec des membres de la communauté francophone ‘de souche’ (où? De quelle façon?)
- Vous sentez-vous appartenir à un groupe ou une communauté en particulier?
- Vous sentez-vous comme un(e) membre de la communauté francophone de London, Ontario?
- Pourquoi? Pourquoi pas?
- Voulez-vous être un(e) membre de la communauté francophone de London, Ontario?
- Pourquoi? Pourquoi pas?
- À votre avis, qu’est-ce qui rendrait la communauté plus attrayante ou moins attrayante pour les nouveaux arrivants francophones?
- À votre avis, qu’est-ce qui pourrait être fait pour améliorer ou faciliter l’intégration sociale et culturelle des nouveaux arrivants francophones à London?
- Lorsque le moment est venu de choisir la ville où vous alliez vous établir, quels facteurs ont informés votre décision?
- Quelle importance a eu le rôle de la langue dans cette décision?
- Autre chose que vous aimeriez ajouter?
Annexe 3 : Étape 2 – Questionnaire démographique
Merci de prendre le temps de remplir ce questionnaire. Si vous ne vous sentez pas à l’aise de répondre à certaines questions, laissez les vides. Pour chaque question, s’il vous plait encercler la réponse qui s’applique le mieux, ou remplir l’espace donné.
- Quel est votre fourchette d’âge?
- 18-24
- 25-34
- 35-44
- 45-54
- 55 +
- Où êtes-vous née?
- Quel est votre genre?
- Homme
- Femme
- Autre
- Quel est votre état civil?
- Marié
- Jamais marié
- Séparé
- Divorcé
- Veuf/veuve
- Autre (précisé) :
- Avez-vous des enfants?
- Oui
- Non
- Si oui, combien?
- Est-ce que vos enfants demeurent avez-vous?
- Oui
- Non
- Quel est votre niveau d’étude le plus élevé?
- Moins d’un diplôme secondaire
- Diplôme secondaire
- Collège communautaire
- Diplôme technique
- Baccalauréat universitaire
- Diplôme d’études supérieures
- Autre (précisé) :
- Quel est votre situation d’emploi?
- Temps plein
- Temps partiel
- Sans emploi
- Autre (précisé) :
- Sous quelle catégorie êtes-vous venus au Canada?
- Travailleur qualifié
- Entrée express
- Parrainage familial
- Immigrants investisseurs
- Permis de travail
- Candidat de provinces
- Réfugié
- Demandeur d’asile
- Autre (précisé) :
- Vous êtes à London, Ontario, Canada depuis comment longtemps?
- Avez-vous immigré avec quelqu’un?
- Oui
- Non
- Aviez-vous dû attendre la réunification familiale?
- Oui
- Non
- Est-ce que vous attendez encore la réunification familiale?
- Oui
- Non
- Avez-vous vécu dans autres villes canadiennes avant London? Si oui, lesquelles :
- Dans quels pays avez-vous vécu avant de déménager au Canada?
- Quel est votre mode de transport principal?
Annexe 4 : Profile des participants de l’étape 2 (données détaillées)
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
Hommes | 4 | 30,77 % | 25 | 58,14 % |
Femmes | 9 | 69,23 % | 18 | 41,86 % |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
De 18 à 24 ans | 2 | 15,38 % | 9 | 23,08 % |
De 25 à 34 ans | 2 | 15,38 % | 6 | 15,38 % |
De 35 à 44 ans | 4 | 30,77 % | 10 | 25,64 % |
De 45 à 54 ans | 4 | 30,77 % | 8 | 20,51 % |
55 ans et plus | 1 | 7,70 % | 6 | 15,38 % |
Non disponibles | 0 | --- | 4 | --- |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
Marié(e) | 10 | 76,92 % | 25 | 58,14 % |
Jamais marié(e) | 0 | 0,00 % | 8 | 18,60 % |
Séparé(e) | 1 | 7,70 % | 3 | 6,98 % |
Divorcé(e) | 0 | 0,00 % | 1 | 2,33 % |
Veuf/veuve | 1 | 7,70 % | 0 | 0,00 % |
Célibataire | 1 | 7,70 % | 4 | 9,30 % |
Autre : En couple | 0 | 0,00 % | 2 | 4,65 % |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
0 | 2 | 15,38 % | 14 | 32,65 % |
1 | 2 | 15,38 % | 2 | 4,65 % |
2 | 6 | 46,15 % | 8 | 18,60 % |
3 | 2 | 15,38 % | 7 | 16,28 % |
4 | 0 | 0,00 % | 6 | 13,95 % |
5 | 0 | 0,00 % | 3 | 6,98 % |
6 | 0 | 0,00 % | 1 | 2,33 % |
7 | 0 | 0,00 % | 2 | 4,65 % |
8 | 1 | 7,70 % | 0 | 0,00 % |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
Moins d’un diplôme secondaire | 2 | 15,38 % | 3Note de bas de page * | 6,98 % |
Diplôme secondaire | 1 | 7,70 % | 13 | 30,23 % |
Collège communautaire | 0 | 0,00 % | 0 | 0,00 % |
Diplôme technique | 0 | 0,00 % | 4 | 9,30 % |
Baccalauréat universitaire | 3 | 23,08 % | 13 | 30,23 % |
Diplôme d’études supérieures | 7 | 53,85 % | 10 | 23,26 % |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
Temps plein | 4 | 30,77 % | 2 | 4,88 % |
Temps partiel | 4 | 30,77 % | 4 | 9,76 % |
Sans emploi | 2 | 15,38 % | 35 | 85,37 % |
Étudiant | 3 | 23,08 % | 0 | 0,00 % |
Non disponibles | 0 | 0,00 % | 2 | --- |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
Travailleur qualifié | 4 | 30,77 % | 5 | 11,62 % |
Entrée express | 0 | 0,00 % | 0 | 0,00 % |
Parrainage familial | 2 | 15,38 % | 11 | 25,58 % |
Immigrant investisseur | 1 | 7,70 % | 0 | 0,00 % |
Permis de travail | 1 | 7,70 % | 0 | 0,00 % |
Candidat de provinces | 0 | 0,00 % | 1 | 2,33 % |
Réfugié | 3 | 23,08 % | 11 | 25,58 % |
Demandeur d’asile | 2 | 15,38 % | 15 | 34,88 % |
London (N=13) | Ottawa (N=43) | |||
---|---|---|---|---|
Très récent (0-5 ans) | 8 | 61,54 % | 36 | 83,72 % |
Récent (6-10 ans) | 2 | 15,38 % | 5 | 11,63 % |
Établi (11 ans et plus) | 3 | 23,08 % | 1 | 2,33 % |
Non disponible | 0 | 0,00 % | 1 | 2,33 % |
Version texte : Pays d'origine des participants à London
Pays d'origine | Pourcentage (%) |
---|---|
Centrafrique | 23,08 % |
Colombie | 23,08 % |
Rwanda | 23,08 % |
Burundi | 15,38 % |
Bénin | 7,70 % |
Bulgarie | 7,70 % |
Version texte : Pays d'origine des participants à Ottawa
Pays d'origine | Pourcentage (%) |
---|---|
Burundi | 54,76 % |
Rwanda | 11,90 % |
RDC | 9,52 % |
Haïti | 7,14 % |
Côte d'Ivoire | 4,76 % |
Belgique | 2,38 % |
Congo Brazzaville | 2,38 % |
Maroc | 2,38 % |
Togo | 2,38 % |
Sénégal | 2,38 % |
Annexe 5 : Étape 3 – Guide d’entrevue
- S’il vous plaît, décrivez-moi votre rôle dans ce club/cette organisation.
- Quelles sont vos activités principales?
- Quels sont les circonstances ou les domaines d’intervention (ex. services offerts) qui vous amènent généralement à traiter avec les nouveaux arrivants francophones?
- Pour quelles raisons est-ce que les nouveaux arrivants francophones accèdent-ils votre club/organisation?
- Comment est-ce que cet espace est utilisé par les membres de la communauté francophone?
- Quels membres de la communauté utilisent d’habitude cet espace? (ex. ainés, jeunes, familles)
- Est-ce que les divers membres de la communauté francophone interagissent entre eux dans cet espace (ex. ainés, jeunes, immigrants)?
- Si oui, de quelle façon?
- Si non, que pensez-vous contribue à des interactions limitées?
- Comment décririez-vous les relations de votre organisme/club avec les nouveaux arrivants
- Francophones?
- Pensez-vous que votre organisation/club a été en mesure de les atteindre?
- Pensez-vous qu’ils/qu’elles sont au courant des services que votre organisation est en mesure de leur fournir?
- Est-ce qu’ils/elles s’impliquent et/ou participent dans votre organisme et/ou y sont-ils/elles représenté/es (par ex. comme volontaires, membre du CA, employés, etc.)
- Selon votre opinion, que sont les obstacles principaux auxquels font face les nouveaux arrivants francophones quant à leur intégration et participation sociale et culturelle dans les communautés francophones en situation minoritaire?
- Comment caractériseriez-vous les rapports/relations entre divers groupes dans la communauté Francophone, notamment entre nouveaux-arrivants et ceux qui sont plus établis?
- Quels sont les obstacles principaux auxquels fait face la communauté francophone en essayant de faciliter l’intégration sociale et culturelle des nouveaux arrivants francophones?
- Qu’est-ce qui facilite votre sensibilisation?
- Quels obstacles nuisent à votre sensibilisation?
- Quel rôle pensez-vous que les espaces communautaires peuvent/devraient jouer pour faciliter l’intégration sociale et culturelle des nouveaux arrivants francophones?
- A votre avis, quels espaces communautaires pourraient jouer un tel rôle? (par ex., les écoles et institutions de l’éducation, agences d’établissement, centre communautaires, clubs sportifs, associations culturelles, bibliothèques, etc.)
- Comment/de quelle façon? S.v.p. décrire/expliquer.
- Comment pensez-vous que les organismes/clubs peuvent mieux atteindre ces objectifs?
- Quelles possibilités votre organisme offre-t-il pour l’implication et la participation des nouveaux arrivants et/ou pour leur représentation?
- A votre avis, comment pourrait-on améliorer les rapports entre nouveaux arrivants/immigrants francophones et les membres établis dans les communautés francophones? Et pour améliorer leur intégration et participation sociale et culturelle en général?
- Quelles autres informations aimeriez-vous partager par rapport à ce sujet?
Annexe 6 : Tableaux
Année | Total | Anglais (#) | Anglais (%) | Français (#) | Français (%) | Autres langues (#) | Autres langues (%) |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1981 | 5 668 | 4 926 | 86,9 % | 65 | 1,1 % | 677 | 11,9 % |
1991 | 381 520 | 330 120 | 86,5 % | 5 975 | 1,6 % | 45 430 | 11,9 % |
2001 | 435 600 | 371 560 | 85,3 % | 4 935 | 1,1 % | 54 205 | 12,4 % |
2006 | 457 720 | 385 705 | 84,3 % | 5 120 | 1,1 % | 65 415 | 14,3 % |
2011 | 469 010 | 378 440 | 81,0 % | 6 740 | 1,4 % | 82 070 | 17,6 % |
Sources : Recensement de Population 2011,Note de bas de page 7 2006,Note de bas de page 8 2001,Note de bas de page 9 1991,Note de bas de page 11 1981.Note de bas de page 13
Année | Total | Anglais (#) | Anglais (%) | Français (#) | Français (%) | Autres langues (#) | Autres langues (%) |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1981 | 542 095 | 380 860 | 70,3 % | 104 120 | 19,2 % | 57 115 | 10,5 % |
1991 | 671 335 | 455 613 | 67,9 % | 116 748 | 17,4 % | 98 985 | 14,7 % |
2001 | 763 790 | 492 680 | 64,5 % | 119 910 | 15,7 % | 151 205 | 19,8 % |
2006 | 801 275 | 508 706 | 63,5 % | 124 018 | 15,5 % | 168 551 | 21,0 % |
2011 | 872 450 | 555 489 | 63,7 % | 131 299 | 15,0 % | 185 662 | 21,3 % |
Source : Commissariat aux langues officielles. 2015. Portrait des groupes de langues officielles de la région d’Ottawa. Ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux Canada 2015. No de cat. : SF31-120/2-2015F-PDFISBN : 978-0-660-23501-1
Année | London | Ottawa |
---|---|---|
2011 | 11,8 % | 12,4 % |
2006 | 11,4 % | 8,9 % |
Sources : Enquête nationale auprès des ménages de,Note de bas de page 6 recensement 2006.Note de bas de page 8
Année | Total (#) | Total (%) | Anglais (#) | Anglais (%) | Français (#) | Français (%) | Autres langues (#) | Autres langues (%) |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total | 467 260 | 100,0 % | 417 860 | 89,4 % | 1 890 | 0,4 % | 37 580 | 8,0 % |
Non-immigrants | 374 875 | 80,2 % | 365 905 | 78,3 % | 1 540 | 0,3 % | 4 665 | 1,0 % |
Immigrants | 87 655 | 18,8 % | 50 160 | 10,7 % | 325 | 0,1 % | 30 375 | 6,5 % |
Avant 1971 | 25 675 | 5,5 % | 21 390 | 4,6 % | 0 | 0,0 % | 3 520 | 0,8 % |
1971 à 1980 | 10 825 | 2,3 % | 7 835 | 1,7 % | 0 | 0,0 % | 2 390 | 0,5 % |
1981 à 1990 | 14 050 | 3,0 % | 7 210 | 1,5 % | 55 | 0,0 % | 5 450 | 1,2 % |
1991 à 2000 | 14 675 | 3,1 % | 6 130 | 1,3 % | 110 | 0,0 % | 6 795 | 1,5 % |
2001 à 2011 | 22 425 | 4,8 % | 7 605 | 1,6 % | 135 | 0,0 % | 12 220 | 2,6 % |
2001 à 2005 | 10 520 | 2,3 % | 3 940 | 0,8 % | 75 | 0,0 % | 5 255 | 1,1 % |
2006 à 2011 | 11 905 | 2,5 % | 3 660 | 0,8 % | 65 | 0,0 % | 6 960 | 1,5 % |
Résidents non permanents | 4 730 | 1,0 % | 1 790 | 0,4 % | 25 | 0,0 % | 2 540 | 0,5 % |
Source : Enquête nationale auprès des ménages de 2011, tableaux thématiques.Note de bas de page 6
Total (#) | Total (%) | Anglais (#) | Anglais (%) | Français (#) | Français (%) | Langues non officielles (#) | Langues non officielles (%) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total | 904 910 | 100,0 % | 667 750 | 73,8 % | 104 300 | 11,5 % | 97 575 | 20,9 % |
Non-immigrants | 689 070 | 76,1 % | 566 575 | 62,6 % | 92 580 | 19,8 % | 15 805 | 3,4 % |
Immigrants | 204 445 | 22,6 % | 96 685 | 10,7 % | 10 765 | 2,3 % | 76 770 | 16,4 % |
Avant 1971 | 35 535 | 3,9 % | 27 615 | 3,1 % | 1 005 | 0,2 % | 5 555 | 1,2 % |
1971 à 1980 | 23 630 | 2,6 % | 15 355 | 1,7 % | 1 090 | 0,2 % | 5 560 | 1,2 % |
1981 à 1990 | 32 210 | 3,6 % | 15 800 | 1,7 % | 1 220 | 0,3 % | 12 025 | 2,6 % |
1991 à 2000 | 53 360 | 5,9 % | 19 860 | 2,2 % | 2 680 | 0,6 % | 24 545 | 5,3 % |
2001 à 2011 | 59 710 | 6,6 % | 18 060 | 2,0 % | 4 770 | 1,0 % | 29 090 | 6,2 % |
2001 à 2005 | 27 050 | 3,0 % | 8 715 | 1,0 % | 1 910 | 0,4 % | 12 840 | 2,7 % |
2006 à 2011 | 32 655 | 3,6 % | 9 345 | 1,0 % | 2 865 | 0,6 % | 16 250 | 3,5 % |
Résidents non permanents | 11 390 | 1,3 % | 4 490 | 0,5 % | 960 | 0,2 % | 5 005 | 1,1 % |
Source : Enquête nationale auprès des ménages de 2011, tableaux thématiques.Note de bas de page 6
Année | Personnes | Immigrants (#) | Immigrants (%) | Nouveaux arrivants (#) | Nouveaux arrivants (%) |
---|---|---|---|---|---|
1991 | 381 520 | 65 840 | 17,3 % | 9 900 | 2,6 % |
2001 | 432 450 | 80 410 | 18,6 % | 6 430 | 1,7 % |
2006 | 457 720 | 87 420 | 19,1 % | 13 025 | 3,4 % |
2011 | 469 010 | 87 655 | 18,7 % | 11 905 | 3,1 % |
Sources : Enquête nationale auprès des ménages de 2011,Note de bas de page 6 recensement 2011,Note de bas de page 7 2006,Note de bas de page 8 2001,Note de bas de page 10 1991,Note de bas de page 12 1981.Note de bas de page 13
Année | Personnes | Immigrants (#) | Immigrants (%) | Nouveaux arrivants (#) | Nouveaux arrivants (%) |
---|---|---|---|---|---|
1991 | 920 857 | 134 750 | 14,6 % | 23 405 | 2,5 % |
2001 | 774 072 | 185 005 | 20,1 % | 25 240 | 2,7 % |
2006 | 1 133 633 | 202 735 | 22,0 % | 35 085 | 3,8 % |
2011 | 1 236 324 | 235 335 | 25,6 % | 40 420 | 4,4 % |
Sources : Enquête nationale auprès des ménages de 2011,Note de bas de page 6 recensement 2011,Note de bas de page 7 2006,Note de bas de page 8 2001,Note de bas de page 10 1991,Note de bas de page 12 1981.Note de bas de page 13
Annexe 7 : Le rôle des espaces communautaires discuté par les participants de l’étape 2.
Fournisseurs de services
London
[…] j’ai participé à plusieurs occasions comme des ateliers d’établissement, d’intégration offerts par différents organismes communautaires, comme l’ACFO, le Collège Boréal, le Cross Culture Centre, qui m’ont aidé comprendre la culture Canadienne mais aussi certains organismes qui offrent des informations comment trouver du travail au Canada, comment écrire un CV résumé en anglais, donc ça a pris beaucoup de temps ça a été un processus. (London 2-1)
Avant de venir ici à London nous sommes parlé pour téléphone avec quelqu’un ici à London pour savoir où les francophones comme nous, dans quel endroit on peut trouver de l’aide alors quelqu’un nous a parlé de l’ACFO, l’ACFO nous a aidé beaucoup à nous c’est comme le début, l’ACFO nous a aidé avec la maison et avec l’école de nos garçons parce que nous avons besoin d’une école française pour nos garçons nous avons utilisé plus l’ACFO que Cross Cultural. (London 2-2)
Ottawa
Oui, moi, je fréquente aussi le CÉSOC et le YMCA, et ces associations nous aident à compléter les documents qui sont nécessaires pour s’installer comme la demande de résidence comme la demande de citoyenneté, mais aussi je fréquente la Cité collégiale pour les cours d’intégration. Dans le YMCA aussi on y va pour les ateliers d'intégration et d'orientation et la recherche d'emploi…. (Ottawa 2-1)
En tant que dépendant de de l'aide sociale ils m'ont donné un cadeau formidable, disons qu'ils avaient des informations importantes et j'ai vu et j'ai contacté World Skills (…) c'est un bon endroit pour se préparer à trouver du travail parce qu'ils (…) m'ont fait faire l'atelier (…) et c'était bien parce que ils nous ont appris comment rédiger un CV acceptable. (Ottawa 2-1)
J'ai consulté avec YMCA, (…) c'est vraiment l'endroit où on donne beaucoup d'informations, accès à l'Internet, on peut imprimer, bon (…) ils m'ont aidé aussi à remplir les formulaires de demande de permis de travail alors l'Ontario travail m'a donné aussi des… le lien de pouvoir trouver du travail bénévolat. (Ottawa 2-1)
…à l'intégration professionnelle ressourcière. On m'a appris à rédiger un CV, modèle canadien avec toute une crédibilité et on m'a appris aussi à rédiger une lettre d'emploi modèle canadien. On m'a appris à faire l'entrevue… voilà et également on m'a appris à… l'environnement culturel, canadien à travers cette formation… c'est un peu, cette formation qui m'a permis déjà de labourer un plan pour l’intégration ici au Canada. (Ottawa 2-1)
Organismes et centres communautaires
London
On utilise, dans la communauté, on a l’habitude, au cas si on a des soucis et on a un truc qu’on ne connait pas, CCLC on vient souvent là-bas et puis l’ACFO, et puis le carrefour des femmes aussi. […] et le réseau de femmes. (London 2-4)
Au départ j’ai utilisé l’espace francophone à cause de la langue parce que mon intégration a passée à travers des ressources francophones j’ai reçu beaucoup de soutien et d’appui de participer dans plusieurs…, ça m’a permis de connaitre la vie à London et aussi faire des contacts, je connais la réalité des immigrants à London. (London 2-3)
Ottawa
Oui moi je de ma part j'ai eu de très bonnes expériences surtout avec le Centre communautaire de Vanier, leur service d'aide juridique je pense c'est vraiment fantastique parce que y’a un moment où j'ai besoin visa pour l’un des membres de ma famille ici. (Ottawa 2-1)
Le centre communautaire Vanier m'a beaucoup aidée pour pouvoir m'intégrer, trouver les informations, si par exemple vous êtes ici, vous avez la famille qui reste, le centre va vous aider, parce qu’ils nous aident même à rédiger des lettres et ils envoient ça à l'immigration. (Ottawa 2-2)
Il y avait un truc après l'école qui s'appelait Franc Succès, (…) c'est pour encadrer les gens qui viennent juste d'arriver ici. (Ottawa 2-2)
Centre de ressources et de santé communautaire
London
(N/D)
Ottawa
Ils nous apprenaient comment nourrir nos enfants et (…) la cuisine canadienne et (…) comment avoir une bonne santé au Canada, surtout parce que la nourriture de chez nous, c'est pas …tout à fait comme la nourriture canadienne. (…) J'ai participé à des séminaires comme ça. (Ottawa 2-1)
Milieux de travail
London
Je travaille dans milieu purement francophone qui fait la promotion du français, mais c’est vrai qu’on a des usagers anglais ça me permet quand même de pratiquer, d’améliorer mon anglais, mais je suis tellement épanouie parce que mon travail c’est strictement en français et j’écris en français je me plais a écrire du bon français et puis c’est ça mon épanouissent au quotidien. (London 2-1)
Ottawa
(N/D)
Bibliothèques
London
Pour moi l’endroit plus idéal était la bibliothèque. […] Parce que j’ai trouvé beaucoup de soutien pour l’apprentissage dans l’anglais et j’ai trouvé beaucoup de programmes pour améliorer l’anglais, ça m’a permis améliorer l’anglais, pour faire de la lecture, pour faire de vidéo, il y a beaucoup de matériel et ça m’a permis pour faciliter pour améliorer l’anglais. (London 2-3)
Ottawa
Et puis des fois il y a des ateliers qui sont organisés (…) j’ai participé à un atelier sur la façon de monter des entreprises avec la bibliothèque. (Ottawa 2-1)
Il y a des (…) tables de conversation surtout en anglais si vous voulez améliorer notre conversation. (Ottawa 2-1)
Les bibliothèques aussi ils ont des excellents programmes d'aide, ça me donne beaucoup d'informations et tu comprends qui est l'acteur de quoi, à quel endroit… (Ottawa 2-4)
Écoles pour adultes
London
Comme moi aussi je commençais ma part ici à Collège Boréal; moi aussi je ne connais pas lire et je prends le cours ici à Collège Boréal et pour partir au marché et pour demander tout en anglais et l’anglais c’est difficile avec moi, il faut que je prends un cours d’anglais à [école pour adulte], c’est là-bas où je prends le cours c’est difficile toujours avec moi, c’est ça. (London 2-4)
Ottawa
J’ai encore visité l’école St-Patrick pour adultes, pour l’amélioration de l’anglais et le renforcement dans la…computer skills, l'ordinateur… (Ottawa 2-1)
Écoles primaires et secondaires
London
Je crois que pour nos garçons l’école a été le plus important espace, pour s’intégrer à [autre ville] puis ici à London, à [autre ville] on rencontrait la communauté qui vient de la Colombie, alors je pense que a été très important pour notre garçon. Ils se sont perdus au début, mais ici à London la petite communauté en français c’est les amis de nos garçons, nos garçons, il habite avec une personne francophone qu’il a connu ici à London dans l’école francophone, c’est, qui a connu, c’est le seule ami qu’il a, ils sont partis à [autre ville] pour étudier là-bas ensemble alors ils continuent ensemble. (London 2-2)
Ottawa
Les écoles des enfants nous aident souvent à trouver des informations parce que… il y a des formations par exemple, qui sont données en coopération avec les écoles par exemple, [le CEPEO]. Il y a des informations qui sont dispensées par ces écoles-là, en collaboration avec ces écoles et parfois ils nous informent en tant que parents pour participer à ces formations. (Ottawa 2-3)
Pour les écoles, (…) quand il y a des formations pour les parents, ils t'informent. Donc, ça c'est très important ça nous aide en fait à pouvoir s'intégrer aussi et à intégrer mieux les enfants. (Ottawa 2-3)
Institutions post-secondaires
London
On a pensé tout le temps pour nos enfants, ici il y a la possibilité d’aller à l’université de Western, il y a le Collège Boréal, les autres collèges, alors c’est pour ça qu’on a décidé de venir ici, c’est une ville plus grande de [autre ville] surtout pour l’université. (London 2-2)
Un autre endroit que j’ai trouvé très pertinent c’était Fanshawe Collège. […] Parce que j’ai pris un cours, j’ai fait des contacts pour continuer à faire les petits cours juste pour améliorer mon anglais. (London 2-3)
Ottawa
Je devais me rendre à la Cité Collégiale, (…) je suis allée c'est vraiment bien et là-bas il y a un service, programme d’intégration, (…) ça concerne employabilité. (Ottawa 2-1)
Églises
London
[…] mais aussi il y a un autre espace communautaire très important. Je dirai pour moi durant les premiers mois de mon arrivée je me suis dit je viens dans une culture purement anglophone je dois m’intégrer dans une communauté quelconque pour que je puisse réussir mes démarches d’intégration, du coup je me suis dit je dois chercher une église j’ai trouvé une église où les membres m’ont aussi aider à m’intégrer dans la communauté, mes enfants et ma famille ici à London donc je dirai non seulement les centres communautaires comme les centres d’emploi mais aussi l’église ça était très important pour moi. (London, 2-1)
[…] je dirai que aussi que l’église c’est très important parce que les gens où ils n’ont pas le temps de pas faire d’autres activités que, aller à l’église le dimanche ou le samedi ou le lundi n’importe quand qu’ils vont à l’église, mais oui, c’est très important de se sentir comme si même si tu n’es pas chez toi tu peux toujours porter tes valeurs, tu peux toujours porter tes croyances avec toi, puis les inculquer dans tes enfants. (London 2-2)
Ottawa
Tu es à l'église et pis quand on s'est parlé il a fait en sorte que je vois le prêtre et le prêtre avait aussi …m’avait aussi aidé à me connecter avec les gens qui font le bénévolat. (Ottawa 2-2)
On se sentirait beaucoup plus attachés à cette communauté parce que je vois par exemple à l'église, je vais dans une église (…) francophone, à l'église là tu as l'impression de participer parce qu’ils t'incitent à participer mais à part l'église, la communauté francophone ne la voit pas. (Ottawa 2-3)
Donc, l'église catholique c'est un moyen… c'est un moyen de communication qui pourrait faire en sorte que la langue française et la communauté francophone s'agrandit de jour en jour. (Ottawa 2-4)
Association multiculturelle, et association et communautés ethnoculturelles
London
Je peux ajouter un autre espace comme les communautés culturelles comme la communauté des ruandais à London les ressortissants c’est une autre espace je sais les ressortissants d’autres pays ont aussi des regroupements culturels, c’est très important, de se retrouver comme personne d’un même pays, d’une même culture ça aide à partager les expériences et à stimuler l’intégration des nouveaux parce que les autres parlent de leurs expériences ça vous éclaire à faire vos propres choix en termes d’orientation d’immigration en établissement. (London 2-1)
Tout ce qui a rapport avec la communauté [d’origine d’un pays d’Afrique] moi je participe. Il y a des évènements de « Bonne Année », quand on était plus jeune il y a comme les graduations, on le faisait tous en communauté parce que il se trouvait que plus d’une personne ou deux personnes qui graduaient, donc les parents s’organisaient pour qu’on fasse toute une fête collective, pour la communion la même chose, on avait des fêtes de bonne année et des fêtes d’indépendance pour notre pays aussi ça nous rassemble avec les gens de notre communauté qui sont ici à London. Comme ça on ne perd pas nos repères. (London 2-2)
[…] la communauté [ethnoculturelle] est tellement importante, parce que tu sais quand tu es au Canada tu habitais dans un autre pays, tu as laissé toute ta famille là-bas des fois il y a des gens qui quittent des pays de guerre comme les notre tu n’as pas la chance de dire au revoir à tout le monde, se retrouver dans un endroit où tu peux avoir des nouveaux cousins, des tantines, des gens que tu peux appeler les tiens, ça change tes idées et ça enlève le stress que tu as jour par jour. (London 2-2)
Ottawa
(N/D)
Bénévolat
London
Aussi même quand je suis impliqué dans le sous-comité d’éducation de London …d’immigration… c’est un autre espace que j’ai trouvé vraiment pertinent, parce que mon secteur était l’éducation dans mon pays mais ça me permet d’apporter quelque chose par rapport à des initiatives. (London 2-3)
Par exemple je fais le bénévolat comme pour le CCLC pour les femmes les nouveaux arrivants là-bas on fait les activités chaque jeudi et comme la cuisine une fois par mois les mercredis, pour les autres je ne sais pas… mais c’est les seuls les endroits où je passe souvent faire les activités. (London 2-4)
Ottawa
Moi j’ai fait du bénévolat dans un centre francophone pour les personnes âgées et j'animais des groupes d'entraide et c'était très intéressant et les bénéficiaires étaient très contentes. C'était une bonne expérience mais je n'ai pas continué parce que je voulais me chercher du travail. C’est bon peut-être de faire du bénévolat, de s’impliquer. (Ottawa 2-1)
J'ai fait du bénévolat dans des évènements. Je trouve que c'est une opportunité de rencontrer des Canadiens et c'était vraiment bien. (Ottawa 2-1)
Vous voyez ça j'ai fréquenté beaucoup de milieux francophones, j'ai fait du bénévolat dans des organismes francophones. (Ottawa 2-4)
Parcs
London
Je me rappelle l’année passée a été une événement qui s’appelle le fête d’été pendant l’été au centre communautaire sur Huron on était là-bas avec plusieurs personnes, plusieurs centres et tous les francophones ici comme ACFO comme tous les organismes communautaires c’est le nom, alors on la chance de participer et d’avoir toutes les informations de tous ces organismes parce que quelquefois on avait soit quelques services pour les enfants pour les personnes âgées, toutes sortes de choses comme ça. (London 2-2)
Ottawa
(N/D)
Médias et Internet
London
Quand vous parlez des organisations culturelles j’aimerais bien citer la radio surtout la radio elle est disponible avec des blogs vous pouvez écouter des émissions qui ont déjà passées moi je suis dans cet domaine-là des ordinateurs, je peux dire que l’internet et l’information web de la Service Canada par exemple en français en anglais surtout maintenait il y a 2 années ils ont changé l’interface l’information est disponible si on sait qu’est-ce qu’on cherche on le trouve il y a des blogs je sais quand on est ici on n’a pas de temps pour faire des recherches sur l’internet, les blogs sont d’une efficacité énorme. (London 2-1)
Facebook, la plupart de mes amis de mes connaissances sont un peu éparpillés dans le monde même ceux qui sont à London, on n’a pas toujours le temps de se voir donc c’est par le biais du Facebook qu’on communique beaucoup et WhatsApp. (London 2-2)
Ottawa
L'Internet où je passe beaucoup de temps devant l'ordinateur rechercher des informations pour le travail mais aussi sur la vie canadienne, ce qu'il y a aussi les services possibles… (Ottawa 2-2)
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