Recherche qualitative sur l’antiracisme auprès des employés d’IRCC 2022-2023

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Résumé

Contexte et objectifs

La Stratégie de lutte contre le racisme 2.0 (2021-2024) d’IRCC énonce plusieurs engagements concrets visant à continuer de définir les répercussions injustes et néfastes du racisme systémique au sein du Ministère et à éliminer les obstacles à l’équité et à l’inclusion des personnes racisées au Canada. L’engagement continu auprès des employés pour recueillir des commentaires et des perspectives représente la pierre angulaire de ces efforts.

À ce titre, IRCC a réalisé une deuxième enquête sur l’antiracisme auprès des employés à l’automne 2022 et a chargé Pollara Strategic Insights de mener une étude qualitative de suivi, dont les résultats font l’objet du présent rapport.

La Recherche qualitative sur l’antiracisme auprès des employés d’IRCC 2022-2023 a été conçue pour permettre au Ministère d’approfondir les expériences vécues par les employés en matière de racisme, ce qui n’est pas possible avec les enquêtes ministérielles sur l’antiracisme. Elle procure également un canal indépendant et confidentiel par lequel les employés d’IRCC peuvent, en toute sécurité, faire part de leurs commentaires au Ministère et au sujet de ce dernier.

Les objectifs de cette étude comprenaient notamment l’exploration de ce qui suit :

Les résultats de cette recherche ont pour but d’aider IRCC à déterminer les domaines à améliorer au sein du Ministère et de permettre aux employés de donner leur avis sur la manière dont ces améliorations devraient être apportées.

Méthode

Nous avons recommandé une méthode hybride pour cette étude afin de maximiser notre capacité à atteindre simultanément trois objectifs clés, à savoir :

Cette année, les participants ont été choisis parmi ceux qui ont répondu à un appel lancé dans tout le Ministère les invitant à participer à l’étude. Les personnes ayant manifesté leur intérêt ont reçu un questionnaire à remplir, dans lequel il leur était notamment demandé de se classer en fonction de leur âge, de leur identité sexuelle, de leur race, de leur appartenance religieuse, de leur direction générale et de leur niveau d’emploi, ainsi que de leurs connaissances et de leur expérience dans les domaines susmentionnés. Le nombre de groupes de discussion et d’entrevues approfondies ainsi que leur composition, qui est résumée ci-dessous, ont été déterminés en fonction de la taille et des caractéristiques de ce groupe de volontaires.

Tableau 1 : Nombre et composition des consultations de recherche

Caractéristiques communes des participants Nombre de groupes de discussion Nombre d’entrevues approfondies
Employés faisant partie des cadres intermédiaires/ayant une expérience décisionnelle en matière d’embauche et de promotion 1 2
Employés ayant une connaissance de l’impact du racisme sur la prestation de programmes et de services – Opérations (OPS) 1  
Employés ayant une connaissance des répercussions du racisme sur la prestation de programmes et de services – Politique stratégique et de programme (PSP) et Secteur de la stratégie numérique, des services et de l’innovation (SSNSI) 1  
Employés racisés ayant une expérience actuelle ou passée en matière d’affectations à l’étranger 1 2
Cadres (dont certains ont une expérience actuelle ou passée dans des affectations à l’étranger) 1 2
Employés noirs 3 (dont 1 en français)  
Employés non noirs racisés 3 (dont 1 en français)  
Employés autochtones 1  
Employés blancs 2  
Employés issus de minorités religieuses 1  
Nombre total de séances 15 6

Au total, 15 groupes de discussion en ligne d’une durée de deux heures et six autres entrevues individuelles approfondies en ligne d’une durée de 20 à 40 minutes ont été menés auprès d’un échantillon représentatif d’employés d’IRCC à différents niveaux de l’organisation et dans plusieurs directions générales, y compris des employés des opérations, des services à la clientèle, des politiques et de l’élaboration des programmes, ainsi que des services internes tels que les ressources humaines et les finances. Au total, 62 employés ont participé à cette étude. Les séances ont eu lieu du 6 au 21 février 2023.

Les tableaux ci-dessous fournissent des renseignements supplémentaires sur les caractéristiques démographiques des participants.

Tableau 2 : Nombre de participants par race

Autochtone 2
Personne noire 21
Personne non noire racisée 26
Personne blanche 11
Non indiqué 2

Tableau 3 : Nombre de participants par sexe

Femme 45
Homme 15
Autre sexe 2

Tableau 4 : Nombre de participants par religion

Christianisme 25
Bouddhisme 2
Hindouisme 3
Islam 3
Judaïsme 1
Sikhisme 4
Spiritualité traditionnelle (autochtone d’Amérique du Nord) 1
Autre religion ou tradition spirituelle 6
Pas de religion et perspectives laïques 15
Préfère ne pas répondre 2

Compte tenu de la nature confidentielle de la discussion, comme c’est souvent le cas dans les groupes de discussion des employés, ces séances n’ont pas été enregistrées. Les conclusions présentées dans ce document sont le produit des notes détaillées prises par l’équipe de Pollara. Il convient également de noter que, conformément aux conventions de recherche, certains renseignements qui nous ont été communiqués pourraient devoir être masqués ou dissimulés afin de protéger la confidentialité et l’anonymat des répondants.

En raison de la nature qualitative de cette étude, les résultats ne peuvent être extrapolés à un public plus large et devraient donc être considérés comme indicatifs plutôt que définitifs. En outre, même si les participants ont été choisis au hasard à partir d’une liste de participants potentiels, cette liste a été générée au moyen d’un processus d’adhésion plutôt que par une sélection aléatoire. Par conséquent, l’échantillon d’employés qui ont participé ne peut être considéré comme représentatif de tous les employés d’IRCC.

Nom du fournisseur : Pollara Strategic Insights
Numéro du contrat : CW2250771
Valeur du contrat : 99 779 $ (y compris la TVH)
Date d’attribution : 02-12-2022
Date de livraison : 31-03-2023

Attestation de neutralité politique

J’atteste, par les présentes, à titre d’agent principal de Pollara Strategic Insights, que les produits livrables sont en tous points conformes aux exigences de neutralité politique du gouvernement du Canada énoncées dans la Politique sur les communications et l’image de marque et dans la Directive sur la gestion des communications.

Plus précisément, les produits livrables ne comprennent pas de renseignements sur les intentions de vote électoral, les préférences quant aux partis politiques, les positions des partis ou l’évaluation du rendement d’un parti politique ou de ses dirigeants.

Signé :

Craig Worden
Président
Pollara Strategic Insights

Résumé des constatations

Les participants de cette recherche estiment qu’IRCC devrait être le Ministère qui donne l’exemple, et un nombre d’entre eux sont fiers de travailler pour un ministère qui le fait.

Les participants signalent de nombreux signes de progrès depuis 2021, le plus important étant la reconnaissance apparente, par les actions et les communications du Groupe de travail anti-racisme (GTAR) et de certains cadres supérieurs du Ministère, que le racisme est un problème réel à IRCC et qu’il faut s’y attaquer. Cela a permis de passer de l’agitation du drapeau rouge à la réflexion sur des solutions.

Les participants indiquent que bien qu'il y ait eu des progrès visibles dans certains domaines, tels que l’augmentation des occasions de parler du racisme et l’augmentation naissante de la représentation raciale dans les postes à responsabilité, ils sentent qu'il y a encore beaucoup à faire, en particulier dans les domaines considérés comme essentiels à la transformation de l’organisation.

En résumé, deux ans plus tard, les participants sentent que la confiance à l’égard du Groupe de travail anti-racisme reste forte et les communications du Ministère ont créé un changement positif dans le climat interne. Toutefois, les participants souhaitent désormais que des mesures plus fermes soient prises pour relever certains des défis les plus difficiles que pose la transformation organisationnelle.

Résultats en détail

Forces perçues d’IRCC en tant que ministère au sein duquel travailler

Comme nous l’avions fait lors de l’itération précédente de ce travail, étant donné que le reste de la discussion se concentrerait nécessairement sur les domaines nécessitant des améliorations, nous avons commencé chaque séance en demandant aux participants de faire-part brièvement de ce qu’ils aiment le plus dans leur travail à IRCC. Les réponses que nous avons entendues montrent clairement qu’il existe un fort consensus parmi les participants sur les atouts d’IRCC en tant que ministère où il fait bon de travailler et que le Ministère attire des employés qui sont profondément engagés dans le travail consistant à continuer de bâtir l’héritage du Canada en tant que nation forgée par la diversité et l’immigration.

Progrès depuis 2021

Le ton des discussions de cette année montre clairement que, à l’exception de l’environnement des affectations à l’étranger (que nous aborderons plus en détail dans la suite de ce rapport), en ce qui concerne le racisme interne au sein d’IRCC, les participants estiment que le Ministère n’est pas dans la même situation qu’il y a deux ans.

En 2021, les participants ont exprimé un désir urgent d’être entendus et de voir quelqu’un se lever et prendre conscience de la réalité et de l’ampleur des expériences vécues de racisme au sein d’IRCC. Le besoin des participants de se défouler en décrivant les expériences de discrimination raciale qu’ils avaient vécues, les situations qu’ils avaient observées et les conversations qu’ils avaient entendues était alors très fort, ce qui rendait difficile l’orientation de la conversation vers des solutions. Si cette tension était encore présente chez certaines personnes cette année, le besoin de raconter, de divulguer et de ressasser était nettement moins intense.

En effet, ce que nous avons observé, et ce que certains participants ont explicitement déclaré, c’est que la reconnaissance générale du fait que le racisme est un problème au sein du Ministère, associée à l’engagement officiel d’IRCC à faire quelque chose à ce sujet, ont été des premières étapes d’une importance cruciale. À l’exception de ceux qui sont affectés à l’étranger, les participants estiment qu’il est désormais généralement reconnu que le racisme est un problème réel et important pour le Ministère et sont donc prêts à se pencher sur les solutions à apporter.

« Il y a eu une évolution dans la reconnaissance de l’existence d’un problème. Et maintenant, nous avons des données qui indiquent qu’il y a un problème. »

En outre, de nombreux participants se disent convaincus que le Groupe de travail anti-racisme et ses dirigeants prennent au sérieux leur engagement de faire avancer les choses. Cette situation, combinée à la pression politique extérieure et à la surveillance publique exercée sur le Ministère, leur permet d’espérer que les progrès se poursuivront, du moins pour l’instant.

Enfin, les participants s’accordent à dire que l’engagement d’IRCC en faveur de la lutte contre le racisme fait actuellement l’objet d’une importante communication et que les employés ont déjà commencé à remarquer les effets de certaines des initiatives conçues pour résoudre le problème.

Il convient de noter que quelques participants ont souligné l’importance de reconnaître que, bien que le racisme au sein d’IRCC soit réel et présent et qu’il ait fait l’objet d’une grande attention de la part du public, cela ne signifie pas que le Ministère se trouve dans une position plus défavorable que les autres à cet égard.

« J’ai vu beaucoup plus de cas [de racisme] dans mon ancien ministère. »

« Compte tenu de ce que nous représentons en tant qu’organisation, nous devrions être un ministère chef de file dans ce domaine. »

Parmi les autres aspects sur lesquels les participants disent avoir constaté des progrès, on peut citer :

Évaluation actuelle du racisme à IRCC

Lorsqu’on leur demande d’évaluer dans quelle mesure le racisme est un problème au sein d’IRCC aujourd’hui, en utilisant une échelle où 1 = « pas du tout un problème » et 10 = « un problème important », la note moyenne donnée est de 7/10.

(Il est important de noter que la méthodologie de l’étude ne nous permet PAS d’établir si ces différences ont ou non une signification statistique.)

La plupart des participants qui attribuent de faibles notes expliquent qu’ils se basent sur leurs expériences personnelles et leur environnement de travail immédiat ou leur équipe, tout en reconnaissant que d’autres employés peuvent avoir des expériences très différentes.

Ceux qui obtiennent des pointages élevés le font pour plusieurs raisons que nous examinerons plus en détail dans la suite de ce rapport.

Raisons pour lesquelles le racisme est considéré comme un problème important à IRCC

  1. Certains participants sont déçus de la manière dont les premières initiatives antiracistes du Ministère ont été accueillies lors de certains trimestres.

    D’une part, malgré les premiers signes de progrès mentionnés dans les pages précédentes, certains disent avoir observé une certaine opposition chez certaines personnes ou certains groupes de personnes particuliers. Les participants indiquent avoir vu ou vécu :

    • Une attitude défensive accrue de la part de certains collègues et supérieurs hiérarchiques blancs lorsque des commentaires ou des comportements racistes sont dénoncés.
    • L’épuisement du message chez certains collègues et supérieurs hiérarchiques qui estiment que la communication et les activités de lutte contre le racisme font déjà l’objet de trop d’attention.

      « Parmi les personnes à qui je parle, certaines disent que nous avons un problème permanent à régler. Et d’autres disent qu’il arrive rapidement et furieusement sous un trop grand nombre d’angles. »

      « Il y a une certaine lassitude au sein de l’organisation… c’est un peu comme si nous devions faire attention à ne pas donner l’impression de tout simplement nous plaindre. »

    • Réticence (au cours de certains trimestres) à permettre aux employés de prendre plus de temps sur leurs tâches principales pour participer à des initiatives de lutte contre le racisme (ainsi qu’une hésitation à le demander).

      « J’ai dû envoyer trois ou quatre courriels pour obtenir l’autorisation de participer à ce groupe de discussion de deux heures »

      Quelques-uns affirment que ces réactions négatives les incitent à réfléchir à deux fois avant d’être perçus comme trop impliqués dans des initiatives de lutte contre le racisme, afin de ne pas être montrés du doigt ou étiquetés de manière négative.

      En outre, la résistance à des efforts antiracistes du Ministère est considérée par beaucoup des participants comme une preuve supplémentaire de l’enracinement du racisme au sein de l’organisation. Nombreux sont ceux qui pensent que, si certains hauts responsables sont sincères et sérieux dans leur engagement à éliminer le racisme au sein du Ministère, d’autres ne le sont pas. Ils affirment que tant qu’il y aura des personnes, en particulier des personnes ayant un pouvoir de décision, qui résisteront ou réagiront à la lutte contre le racisme, il y aura une limite à l’évolution de la situation.

      « Je ne suis toujours pas convaincu. Certaines personnes sont de véritables racistes purs et durs. C’est la façon dont ils réagissent, en protestant subtilement. »

      « Lorsqu’il s’agit de directeurs qui parlent d’équité en matière d’emploi, même… les commentaires qui sortent de leur bouche.... il n’y a pas de formation visant à les convaincre du pourquoi de la chose. »

  2. Plusieurs participants sont sceptiques quant à la capacité d’IRCC à maintenir la dynamique actuelle.

    Plusieurs pensent que la volonté actuelle de lutter contre le racisme au sein du Ministère est principalement alimentée par des forces externes (pression politique et examen public) et que lorsque cet élan s’estompera, l’engagement interne en fera de même. En outre, on craint que la pression exercée sur le Ministère pour qu’il augmente sa productivité afin de répondre aux objectifs croissants en matière d’immigration ne finisse par prendre le pas sur la lutte contre le racisme.

  3. Les participants expriment également leur frustration face à ce qu’ils perçoivent comme un manque d’actions concrètes et à la timidité de certaines des mesures prises jusqu’à présent.

    Cela peut s’expliquer en partie par le manque de renseignements sur les mesures prises. Certains disent qu’il y a tellement de communication qu’il est difficile de toutes les suivre. En effet, plusieurs d’entre eux ont appris l’existence de ces initiatives parce qu’elles avaient été mentionnées par d’autres personnes au cours des groupes de discussion. Cela peut également provenir du fait que le travail de certains employés les expose à des initiatives que d’autres n’ont tout simplement pas l’occasion de voir à l’œuvre.

    « Je n’ai pas vu beaucoup de mesures concrètes qui inspirent la confiance.  »

    Quelle que soit la raison de la méconnaissance des mesures concrètes entreprises pour lutter contre le racisme au sein du Ministère, le sentiment général parmi les participants veut qu’il y a eu plus de paroles que d’actions. À terme, cela alimente la méfiance qui persiste chez de nombreuses personnes, qui pensent que tous les dirigeants du Ministère ne soutiennent pas véritablement l’engagement d’éliminer le racisme.

    Au-delà de ce qui est communiqué, les participants signalent également des mesures précises qu’ils considèrent comme mal conçues ou mal mises en œuvre, ce qui leur donne l’impression qu’il y a un manque d’engagement ou de financement suffisant pour réaliser le changement. Quelques exemples sont énumérés ci-dessous.

Exemples d’actions considérées comme mal conçues ou mal mises en œuvre

  1. Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, les participants affirment qu’il n’y a eu que peu ou pas de mesures concrètes dans les domaines considérés comme essentiels à l’élimination du racisme systémique.

Si les participants signalent un manque d’action dans plusieurs domaines, les participants estiment que les points suivants semblent essentiels pour renforcer la conviction des employés qu’un changement durable est possible :

L’absence de progrès perçu par les participants dans ces domaines fait craindre que les mesures de lutte contre le racisme se limitent à celles qui sont performatives et acceptables pour les personnes au pouvoir. Elle renforce également la conviction parmi plusieurs participants qu’il existe un « club des dinosaures » à IRCC qui protège le statu quo, et elle érode la confiance des employés dans la capacité du Ministère à réussir.

«  La confiance est le point de départ de tout. »

Dans ce qui suit, nous fournissons plus de détails sur les commentaires des participants et les suggestions d’amélioration dans chacun des domaines particuliers abordés.

Sensibilisation accrue aux préjugés et création d’une culture de tolérance zéro à l’égard du racisme sur le lieu de travail

Les participants affirment que, pour IRCC, l’objectif ne devrait pas s’arrêter à l’élimination des impacts du racisme, mais s’étendre à la création d’une organisation où tous les employés font preuve d’un niveau de conscience des préjugés et de compétence interculturelle adapté à une organisation dont le mandat est centré sur la diversité.

Dans ce contexte, la compétence interculturelle signifie une capacité accrue à appliquer une optique de lutte contre le racisme, d’équité, de diversité et d’inclusion dans toutes les situations où l’on a affaire à des personnes ayant des antécédents et des expériences différents.

«  En tant que Ministère axé sur les nouveaux arrivants, vous devez disposer d’une base de compétences culturelles. Il est inconcevable que même la demande la plus simple se heurte à une résistance ou que je doive justifier ce qu’elle signifie exactement. Les personnes qui donnent le ton dans ce Ministère sont tout simplement complètement déconnectées de ces compétences. Nous ne prévoyons pas de temps pour la compétence culturelle, mais nous devons le faire.  »

Selon les participants, un changement aussi profond de la culture de l’organisation nécessitera un mélange d’expériences transformationnelles et de contrainte.


Conditions et mesures requises pour un tel changement de culture profond

Réactions à l’ordre de retour au bureau

Compte tenu du moment où ont eu lieu les consultations, nous avons inclus quelques questions pour évaluer la façon dont les participants considéraient le récent ordre de retour au bureau et son impact du point de vue de la lutte contre le racisme.

Création d’une voie sûre pour signaler les cas de racisme

Les participants croient que rien n’a encore été fait pour offrir un mécanisme sûr et efficace permettant aux employés de signaler les incidents de racisme et d’en faire part aux échelons supérieurs. L’absence d’action dans ce domaine contribue aux perceptions selon lesquelles il y a peut-être du protectionnisme institutionnel en jeu. Cela renforce aussi la croyance selon laquelle le fait de signaler les incidents de racisme entraînera des représailles.

La crainte de subir des représailles pour avoir signalé des incidents de racisme a souvent été mentionnée, comme elle l’a été en 2021. Cependant, comme le mentionnent quelques participants, l’augmentation des discussions publiques au cours des 2 dernières années au sujet des expériences de racisme a exposé des « histoires d’horreur de représailles » et pourrait amplifier l’hésitation à signaler les cas.

« Il est difficile de trouver le courage de parler. À l’époque, j’occupais un poste intérimaire. Alors veux-tu risquer ce poste intérimaire et peut-être te faire dire après de retourner à ton poste d’attache, qui est parfois deux échelons de rémunération plus bas?  »

Les participants pensent aussi que les formes actuelles de recours offertes par IRCC ne sont pas sûres ou efficaces.

Par conséquent, aujourd’hui, presque tous les participants estiment que la seule solution viable est que les cas signalés soient gérés à l’externe, par une entité que certains appellent un bureau de l’ombudsman, qu’ils s’attendent à voir avoir un pouvoir et des responsabilités allant au-delà de ceux conventionnellement attribués à un ombudsman.

Pour que le mécanisme de signalement des incidents de racisme à IRCC soit fiable et efficace, les participants disent qu’il devrait inclure ce qui suit.

Attentes à l’égard d’un mécanisme de signalement fiable et efficace

Les participants affirment également qu’IRCC devrait prendre des mesures pour faciliter de façon proactive l’obtention d’information au sujet du racisme qui demeure probablement dissimulée. Cela servirait en partie à prévenir des situations mineures d’empirer, mais pourrait également aider à cerner les secteurs (par exemple, des équipes précises) où le racisme est un problème sous-déclaré parce qu’il n’existe pas de mécanisme de signalement ou par crainte de représailles. Ils proposent quelques façons de procéder.

Autres mesures proposées pour aider à cerner le racisme

Éliminer les préjugés et accroître la transparence dans l’embauche et l’accès aux promotions

Les participants suggèrent des améliorations aux initiatives de lutte contre le racisme déjà entreprises ainsi qu’à de nombreuses autres initiatives.

Améliorations proposées aux initiatives existantes

  1. Adapter la façon dont les objectifs d’embauche sont communiqués
    Les participants reconnaissent qu’il y a eu une forte pression pour augmenter la représentation des personnes racisées à des niveaux supérieurs de l’organisation au cours des 2 dernières années. Toutefois, les participants estiment que malgré quelques premières réussites, la façon dont les objectifs actuels sont communiqués à d’importants effets néfastes et doit être adaptée.
    • Tout d’abord, les participants disent que l’objectif est souvent communiqué comme étant d’encourager l’embauche et la promotion des employés racisés « sans faire de compromis pour ce qui est de la compétence ». Les participants estiment que cela est trompeur et contre-productif, car cela impose à l’employé racisé le fardeau de prouver qu’il a des compétences égales. Selon eux, ce qui devrait être communiqué comme objectif est d’encourager l’embauche et la promotion d’employés racisés pour corriger les préjugés systémiques qui nuisent à une reconnaissance adéquate de leurs compétences. Les participants estiment que cela serait plus précis et placerait la responsabilité là où ils pensent qu'elle devrait incomber, à l’organisation et à son défaut d’éliminer les répercussions du racisme systémique, et non à l’employé racisé.

      « J’ai entendu cette gestionnaire dévier du sujet en disant qu’elle doit choisir des personnes de groupes visés par l’équité en matière d’emploi et qu’elle ne comprend pas pourquoi on lui demande de passer outre des personnes plus qualifiées. C’était il y a 1 an. Ils ne sont juste pas rendus là encore. Comment pouvait-elle s’imaginer que c’était correct de dire cela? »

    • Deuxièmement, les participants estiment que lorsque les gestionnaires d’embauche sont félicités publiquement pour avoir réalisé les objectifs quantitatifs d’embauche axés sur la diversité (p. ex. ils ont embauché ou promu un certain nombre d’employés racisés), le gestionnaire et l’employé sentent tous deux que quelque chose est faux ou injustifié dans la décision. Encore une fois, les participants croient que le problème réside dans la façon dont les choses sont communiquées : l’accent doit être mis sur le fait d’avoir fait l’effort de rechercher et de reconnaître la compétence là où ça ne se faisait peut-être pas auparavant, et non simplement sur les chiffres.
  2. Accroître les ressources affectées aux programmes de mentorat et de parrainage d’employés racisés.

Une autre initiative bienvenue est le programme de mentorat et de parrainage conçu pour repérer et préparer les employés racisés en vue d’une promotion à des rôles de leadership. Les participants croient que les employés et les gestionnaires le ressentent, et que ce programme, en particulier le parrainage, peut grandement contribuer à augmenter le bassin d’employés racisés prêts à être embauchés à des postes supérieurs. Les participants estiment que le problème ici est un manque de ressources : il y a beaucoup trop peu de mentorés et de parrains mobilisés jusqu’à maintenant.

Bien qu’il s’agisse d’un bon départ, les participants mentionnent un certain nombre d’autres façons par lesquelles l’embauche et l’accès aux promotions pourraient être abordés.

Autres initiatives suggérées

Expériences de racisme en affectation à l’étranger

Comme il a été indiqué au début du présent rapport, des discussions avec des employés ayant une expérience récente des affectations à l’étranger (y compris des personnes dans des postes au niveau d’entrée et des postes de direction, ainsi que des expatriés et des employés recrutés sur place [ERP]) ont indiqué clairement qu’ils estiment que les progrès observés à IRCC au Canada au cours des deux dernières années n’ont pas été reproduits dans les bureaux du Ministère à l’étranger.

Ces employés semblent encore demander avec véhémence que leurs expériences de racisme soient entendues, qu’elles soient prises au sérieux et qu’on y mettent fin. De plus, comme nous l’avons souligné dans notre rapport de 2021, les manifestations de racisme vécues par les participants dans le contexte des affectations à l’étranger d’IRCC ont des répercussions particulièrement graves.

Plusieurs participants ont dit avoir souvent et à plusieurs reprises été témoins ou victimes de microagressions racistes, de harcèlement et de marginalisation professionnelle. Les tentatives de signalement ou de déclaration aux échelons supérieurs de ces situations étaient souvent balayées du revers de la main ou faisaient l’objet de représailles et, dans certains cas, même de menaces de la part de la direction. De plus, les participants disent que les contrevenants connus continuent souvent d’être nommés à d’autres postes (y compris dans des pays à majorité racisée) sans subir de conséquences et ils croient également que beaucoup sont même promus.

« Le fait d’être une personne noire est un sport extrême. Ce n’est pas une blague. Nous ne sommes pas protégés. »

Comme les participants l’ont souligné, ils croient que c’est important de régler la situation parce que :

Types d’expériences mentionnées

Les participants ayant de l’expérience dans des affectations à l’étranger ont fait part de nombreux cas récents de commentaires ouvertement racistes et de harcèlement en milieu de travail à l’étranger, et également de la façon dont leurs plaintes ont été traitées. Voici quelques exemples vécus par les participants :

Facteurs environnementaux qui contribuent au problème

Les participants mettent en lumière un certain nombre de facteurs qui créent un environnement où de tels comportements peuvent persister sans conséquence.

Solutions proposées

Les participants proposent les solutions suivantes :

Sur les répercussions du racisme sur la prestation des programmes et des services

Répercussions du racisme sur la prestation des programmes et des services

Les participants mentionnent plusieurs exemples observés ou soupçonnés de répercussions du racisme sur la prestation des programmes et des services d’IRCC, notamment :

Hypothèses concernant les répercussions des préjugés raciaux sur le traitement des cas

Les participants estiment que les résultats liés au traitement des cas suggèrent clairement que des préjugés axés sur la race ont des répercussions sur la prestation des programmes et des services. Ce qui est moins clair, c’est d’où viennent ces préjugés et ce qu’il faut faire à leur sujet. Bien que les participants aient communiqué leurs pensées sur la façon dont les politiques et les processus internes peuvent engendrer ces répercussions, ils ont plus de questions que de réponses à cette étape-ci.

Hypothèses concernant les répercussions des préjugés raciaux sur la conception des programmes et des politiques

Bien qu’il ne soit peut-être pas faisable d’éliminer toutes les répercussions du racisme sur la conception des programmes et des politiques, de nombreux participants estiment que, dans le cadre de l’engagement d’IRCC à lutter contre le racisme, celui-ci devrait bien examiner les répercussions des hypothèses qui sous-tendent ses politiques et ses programmes, et au moins examiner si elles sont justifiées et harmonisées avec les objectifs actuels du Ministère.

Suggestions des participants

Conclusion

Reconnaissant que l’élimination du racisme dans une organisation aussi vaste et aussi complexe qu’IRCC est une tâche monumentale, à l’exception de la situation liée aux affectations à l’étranger, selon les progrès réalisés jusqu’à maintenant, les participants ont généralement bon espoir et sont fiers de faire partie d’une organisation qui met la barre haute en matière de lutte contre le racisme au sein du gouvernement fédéral.

Toutefois, les participants estiment que les gains réalisés jusqu’à présent sont considérés comme étant dans des domaines relativement faciles à régler. Ils croient que le Ministère doit maintenant démontrer la force de son engagement à l’égard de la lutte contre le racisme en allant au-delà du fait de compenser pour le racisme systémique et en commençant à le démanteler. Les participants estiment que cela nécessitera ce qui suit :

Les participants suggèrent également un grand nombre d’améliorations aux initiatives déjà amorcées ainsi que d’autres mesures à prioriser. Les plus importantes d’entre elles comprennent :

Annexe A : Instruments qualitatifs

L'annexe comprend le guide du modérateur et le questionnaire de présélection pour ce rapport.

Consultez l'annexe sur une autre page web.

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