Histoire de la 16e Escadre
La 16e Escadre (Ere) est d’abord formée à titre d’escadre opérationnelle de la Réserve de l’Aviation royale canadienne (ARC) à Hamilton, en Ontario, le 1er octobre 1950. Elle est alors chargée d’administrer et d’appuyer le 424e Escadron. L’année suivante, le 1er août 1951, elle est rebaptisée la 16e Escadre (Réserve), et un mois plus tard exactement, elle est de nouveau rebaptisée, cette fois-ci, la 16e Escadre (auxiliaire), nom qu’elle conserve jusqu’à sa dissolution le 1er avril 1964. Puis, le 1er avril 1993, la 16e Escadre est remise sur pied à la base des Forces canadiennes (BFC) Saint-Jean, au Québec; elle est bientôt affectée au Commandement aérien. La 16e Escadre Saint-Jean, formation sans vol, doit devenir l’un des deux centres d’excellence du Commandement aérien pour l’instruction. Toutefois, l’examen de l’établissement de défense de 1994 affecte la BFC Saint-Jean au Commandement de la Force terrestre; le commandant du Commandement aérien choisit alors la BFC Borden comme deuxième centre de formation et nouveau quartier général de la 16e Escadre.
La BFC Borden est un choix logique pour accueillir le nouveau centre d’instruction du Commandement aérien. Non seulement est-elle le siège de la plus grande unité d’instruction du Commandement aérien, soit l’École de technologie et du génie aérospatial des Forces canadiennes (ETGAFC), mais elle est aussi considérée comme le berceau de l’ARC. Ouverte en 1917 en tant qu’école de formation au pilotage, sept ans avant la formation de l’ARC, la base de Borden préserve son rôle d’établissement de formation de la Force aérienne pendant la guerre, la Dépression et en temps de paix. Bien que le rôle initial de la nouvelle station aérienne soit l’instruction du personnel navigant, la formation technique au sol des spécialistes d’un métier commence au début des années 1920. Cette activité se poursuit jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, moment où l’instruction du personnel navigant redevient la priorité dans le cadre du Plan d’entraînement aérien du Commonwealth britannique. À la fin de la guerre, l’instruction du personnel navigant est de nouveau retirée de Borden, et des installations modernes ainsi que de l’équipement sont fournis aux fins d’instruction technique et d’instruction de génie et de soutien. L’entraînement au pilotage principal revient à Borden pour une courte durée pendant les années 1960, et le cours de formation en contrôle de la circulation aérienne y est offert de 1957 à 1979, date du déménagement à Cornwall de l’Unité d’entraînement – Contrôle de la circulation aérienne.
En vue de préparer la mise sur pied de la 16e Escadre à la BFC Borden, l’École de formation des chefs subalternes de la Force aérienne déménage de Penhold, en Alberta, à Borden, en juin 1994, et est rebaptisée Centre d’instruction et de perfectionnement professionnel du Commandement aérien (CIPPCA). Le 12 octobre 1994, l’ETGAFC et le CIPPCA accueillent l’École du contrôle de la circulation aérienne des Forces canadiennes (ECCAFC), rebaptisée École des opérations de contrôle aérospatial des Forces canadiennes (EOCAFC) plus tard pour former la 16e Escadre. En 2004, le CIPPCA est rebaptisé École du commandement aérien (École COM AIR), avant d’être renommé École de l’Aviation royale canadienne (École ARC) en 2014. L’École de survie et de médecine de l’air des Forces canadiennes (ESMAFC), l’École de recherche et de sauvetage des Forces canadiennes (ERSFC) et l’École d’études aérospatiales des Forces canadiennes (EEAFC) se joignent à la formation en 2015, qui réunit ainsi six unités d’instruction diverses, de la 19e Escadre Comox, en Colombie-Britannique, jusqu’à Cornwall, en Ontario.
Le quartier général de la 16e Escadre, l’ETGAFC et l’École de l’ARC sont situés à Borden, et l’EOCAFC est établie à Cornwall, en Ontario. L’ESMAFC et l’EEAFC sont quant à elles situées à Winnipeg, au Manitoba, et l’ERSFC, à Comox, en Colombie-Britannique. La 16e Escadre est une formation hébergée à la BFC Borden et relève du commandant de la 2e Division aérienne du Canada.
Étant donné l'importance de Borden dans l'histoire de l'aviation militaire au Canada, il est tout à fait naturel que la sauvegarde du patrimoine de la Force aérienne occupe une place de choix au sein des activités de la 16e Escadre.
En tant que lieu de naissance de l'Aviation royale du Canada et berceau de l'aviation militaire au pays, Borden a, au fil des ans, été témoin d'une procession de personnages célèbres qui ont laissé leur marque dans l'histoire de la Force aérienne.
Pour cette même raison, plusieurs des bâtiments qui ont été construits à Borden revêtent aujourd'hui un caractère historique. En 1987, le gouvernement du Canada a officiellement reconnu l'importance historique de la ligne de vol de Borden alors que le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine a désigné les hangars de Borden comme édifices fédéraux à valeur patrimoniale. Peu après, en 1989, le ministre de l'environnement a désigné la ligne de vol de Borden comme lieu historique national.
On retrouve aussi à Borden une importante collection d'aéronefs et de pièces de musée représentant toutes les phases de l'histoire de l'aviation militaire canadienne. Nous vous invitons à visiter les pages qui suivent pour en apprendre plus au sujet de la BFC Borden et du rôle important qu'elle a jouée dans l'histoire de l'aviation militaire au Canada.
L'histoire de la naissance de l'Aviation royale du Canada (ARC) dépasse largement les limites de Borden ou de quelque base, station, camp ou aérodrome que ce soit, au Canada comme à l'étranger. La partie indubitablement la plus importante et à juste titre la mieux connue de l'histoire de l'ARC est celle qui est écrite dans le sang des milliers de membres du personnel navigant et non navigant qui ont servi dans les théâtres de guerre du monde entier et dont le sacrifice ne doit jamais être oublié.
Si l'on veut toutefois situer le lieu de naissance de l'ARC au Canada, c'est manifestement au Camp Borden que cet honneur revient. Même si aucun "certificat de naissance" ne fait de Borden (ou d'ailleurs d'aucun autre endroit) le lieu de naissance de l'ARC, le Camp Borden est vraiment le seul qui peut prétendre l'être.
Borden est en fait plus que simplement le lieu de naissance de l'ARC : l'endroit a dans les années 1920 été le berceau de l'aviation militaire au Canada. Depuis la Première Guerre mondiale, quatre générations d'aviateurs de Borden ont joué un rôle dans la conception, la naissance et la croissance et dans toutes les phases de l'évolution d'une force aérienne nationale au Canada.
Vous allez dans les pages qui suivent, voir les grandes étapes de l'histoire de l'aviation militaire canadienne au Camp Borden, en commençant en 1917 avec la construction et l'exploitation d'un aérodrome du Royal Flying Corps (RFC).
Vous allez voir une force aérienne nationale évoluer entre les deux guerres mondiales, ainsi que la naissance de l'ARC. Vous allez apprendre le rôle majeur que le camp a joué dans la mise en œuvre du Programme d'entraînement aérien du Commonwealth (PEACB), le retour graduel de la majeure partie de la formation du personnel aviateur, et l'impact de l'unification sur la formation du personnel aviateur à Borden. Finalement, vous verrez comment la 16e Escadre continue aujourd'hui la tradition qui remonte à la Première Guerre Mondiale.
Mais tout d'abord, vous devez retourner au temps du Royal Flying Corps Canada.
L'histoire de l'aviation militaire à Borden débute le 26 janvier 1917, avec l'arrivée du lieutenant-colonel C.G. Hoare et de son personnel dans un Camp Borden enneigé. Le Royal Flying Corps (RFC) avait un besoin urgent de recrues pour remplir ses rangs outre-mer, et le Canada avait beaucoup à offrir.
Le Camp Borden n'est pas le seul endroit que le RFC Canada a retenu, mais c'était certes le principal. Des terrains d'aviation de plus petites dimensions ont été aménagés ailleurs dans le sud de l'Ontario, par exemple à Mohawk et à Rathbun, près de Deseronto, et à Long Branch, à Leaside et à Armour Heights, dans la région de Toronto. Plusieurs bâtiments "temporaires" ont été construits au Camp Borden au printemps de 1917, notamment quinze hangars, un quartier général, des ateliers de réparation, des magasins, un hôpital, des garages, des mess et des logements.
La formation a commencé en avril et a duré tout l'été; des milliers d'heures de vol ont été inscrites à bord du J.N.4 "Jenny" de Curtiss, fabriqué aux États-Unis, et peu après à bord du J.N.4 (Can), sa version canadienne, surnommé " Canuck " par les Américains.
Évidemment, les leçons de pilotage ne se sont pas toutes bien déroulées et, à la fin de septembre, trente-deux avions avaient été détruits seulement au Camp Borden et un total de soixante et onze au sein du RFC Canada. Près d'un mois avant l'inauguration de l'aérodrome, le 8 avril 1917, le Camp Borden avait déjà été la scène du premier accident de vol mortel de l'histoire de l'aviation militaire au Canada, titre sans prestige qui revient à l'élève-officier J.H. Talbot.
La formation de pilotage n'est pas le seul genre de formation qui se donnait au Camp Borden, car il s'y donnait aussi des cours de radiotélégraphie, de tir aérien et de photographie.
Avant la fin de la première saison de pilotage au Camp Borden, des plans visant à entraîner les stagiaires du RFC au Texas durant l'hiver, aux côtés du Corps des transmissions de l'armée américaine, avaient été dressés. Le printemps suivant, les stagiaires sont revenus à Borden et le cycle a continué jusqu'à la fin de la guerre, avec toutefois une légère différence : en Grande-Bretagne, le 1er avril 1918, le Royal Naval Air Service (RNAS) et le RFC se sont fondus en un organisme appelé Royal Air Force (RAF) et le Camp Borden a en conséquence à compter de ce moment fait partie de la RAF Canada.
Quand les canons se sont tus en Europe, le Camp Borden avait à lui seul formé 1884 pilotes, dont 72 pour le compte des Etats-Unis. La guerre étant finie, les derniers membres de la RAF Canada sont partis en janvier 1919 en laissant derrière un Camp Borden vide.
La fin de la Première Guerre mondiale a donné lieu à plusieurs tentatives visant à donner au Canada une force aérienne nationale. Ni l'éphémère Service aéronaval de la Marine royale du Canada (RCNAS), en 1918, ni la 1re Escadre canadienne de l'Aviation canadienne, l'année suivante, en Angleterre, n'ont réussi à s'implanter.
À Borden, la partie du camp qu'était l'aérodrome était vide depuis janvier 1919 et la Commission impériale des munitions avait revendu les terrains d'aviation au gouvernement du Canada. Après la formation de la Commission de l'air, en 1919, l'attention est vite revenue au Camp Borden et à ses installations de formation. Le Camp Borden a peu après été la destination d'un " cadeau impérial " de plus de cent aéronefs terrestres, hydravions, ballons cerfs-volants et dirigeables excédentaires.
Le 5 juillet 1920, le Camp Borden a été intégré à l'Aviation canadienne (CAF), une nouvelle force non permanente et non professionnelle relevant de la Commission de l'air, et le camp est officiellement devenu la première station de l'Aviation, son École d'aviation. Peu après, la 1re Escadre de l'Aviation canadienne était formée au Camp Borden. Elle était constituée d'une École de vol spécial, d'un escadron constitué de deux escadrilles et d'une section d'instruction au sol.
Le recyclage a commencé à l'automne. Modeste à bien des égards, le programme d'instruction avait au début pour but de renouveler les brevets des personnes qui avaient pendant la guerre eu une formation de membre du personnel navigant et non navigant. Lorsque le dernier cours de recyclage a pris fin en mars 1922, 550 membres d'équipage de la Première Guerre mondiale et 1271 aviateurs s'étaient requalifiés au Camp Borden.
La naissance de l'Aviation Royale du Canada (ARC) ne s'est pas faite du jour au lendemain. Elle est venue après une période de transition qui, commencée à la formation de la Commission de l'air en 1919, a vu celle de l'Aviation canadienne en 1920 et une réorganisation majeure qui a en 1924 atteint son point culminant avec la proclamation d'une nouvelle Aviation "Royale" du Canada. Peu de temps après avoir reçu la sanction du roi George V, la nouvelle ARC allait adopter l'uniforme bleu ciel et des insignes inspirés de ceux de la RAF.
Le jour de la naissance officielle de l'ARC, le 1er avril 1924, le Camp Borden était de loin la station la plus importante en termes de matériel, de personnel et d'activités aériennes. Avec ses 24 officiers et 125 militaires du rang, le Camp Borden hébergeait plus de la moitié du personnel de l'ARC. Le Camp Borden était aussi la seule station où des activités militaires d'instruction se déroulaient tout au long de l'année.
Pendant l'entre-deux-guerres, le Camp Borden a été témoin de plusieurs premières dans l'histoire de l'aviation militaire au Canada. Le 30 novembre 1921, le drapeau de la Royal Air Force (RAF) était hissé pour la première fois au Canada alors que des officiers et sous-officiers de l'Aviation canadienne (CAF) recevaient l'ordre de saluer "leur drapeau". La cérémonie visait à renforcer les liens entre la CAF et la RAF, et représentait un effort envers l'établissement d'une identité propre pour la CAF, une identité différente de celles de l'Armé de terre et de la Marine.
Depuis l'été de 1923, un nouveau programme d'instruction, le cours des officiers pilotes à titre provisoire (PPO), était réalisé au Camp Borden. Le programme s'adressait aux étudiants des universités et avait pour but d'injecter "du sang neuf" dans l'Aviation canadienne, car elle n'avait pas entraîné un seul nouveau pilote après novembre 1918. Le cours des officiers pilotes se donnait en trois sessions d'été pendant lesquelles les stagiaires recevaient une instruction avancée à bord de l'Avro 504K et par la suite du Sopwith Camel.
Le 20 décembre 1924, la première remise d'insignes de pilote de l'Aviation Royale du Canada (ARC) à six stagiaires a eu lieu au Camp Borden : ils étaient non seulement les premiers diplômés de l'ARC mais aussi les premiers nouveaux pilotes formés au Canada depuis l'Armistice de 1918.
Le Camp Borden allait durant l'entre-deux-guerres être le théâtre de plusieurs autres premières, notamment, malheureusement, le premier accident de vol mortel de l'Aviation canadienne en 1921 et le premier accident mortel de l'ARC permanente en 1925. En 1927, l'hélice à pas variable de Wallace Turnbull a été mise pour la première fois à l'essai en vol au Camp Borden, et en 1929, la formation de la première escadrille de vol acrobatique du Canada, les Siskins, a aussi été un point saillant de l'histoire de Borden.
Pendant cette période, le Camp Borden est resté le cœur de l'aviation canadienne, donnant au début des années 1930 une formation spécialisée, comme le "cours de vol sans visibilité". Au milieu des années 1930, les 27 officiers et 179 aviateurs du Camp Borden représentaient près du tiers de tout le personnel de l'ARC. Le camp incluait une École d'instruction en aviation, une École de coopération avec l'armée, une École des armes de l'air et de bombardement et une École d'instruction technique.
À ce moment-là, toutefois, le camp avait vieilli et était jugé trop grand, trop isolé et trop coûteux à entretenir. L'ARC avait trouvé un nouvel emplacement sur la baie de Quinte et bientôt, la nouvelle Station Trenton de l'ARC a commencé à remplacer Borden en tant que lieu d'instruction central de l'ARC.
De 1939 à 1945, toutes les activités de l'Aviation Royale du Canada (ARC) en cours à la station Camp Borden de l'ARC allaient être centrées sur un programme d'instruction qui est devenu une des grandes réalisations canadiennes de tous les temps : le Programme d'entraînement aérien du Commonwealth (PEACB).
L'année qui a précédé la déclaration de la guerre, le Camp Borden hébergeait le quartier général de l'Escadre d'instruction intermédiaire, l'Escadron d'instruction intermédiaire, l'École d'instruction intermédiaire au sol et l'École d'instruction technique n° 2. Comme le Camp Borden était aussi l'un des très rares aérodromes qui existaient au pays, il pouvait jouer un rôle majeur dans toute expansion à grande échelle de la formation du personnel navigant.
En janvier 1940, l'École supérieure de pilotage a déménagé de Trenton à Borden, où elle s'est unie à l'École intermédiaire de pilotage pour former le noyau de la toute première École de pilotage militaire (1 EPM) du PEACB. Il a également à ce moment, à Borden, fallu fermer l'École d'instruction technique n° 2 (2 EIT), ce qui a eu pour conséquence le déménagement de l'instruction technique à St-Thomas (Ontario). Ce déménagement était nécessaire pour libérer à Borden les installations servant à donner les cours de pilotage du PEACB.
Au moment où le PEACB commençait à prendre forme, les événements prenaient en Europe pour les forces alliées une tournure très défavorable. Au Canada, la conséquence a été que même si "le Plan" formait de nouveaux instructeurs de pilotage à un rythme suffisant, la livraison des avions Anson d'Avro promis par la Grande-Bretagne prenait subitement fin. À court terme, la 1 EPM, au Camp Borden, devrait se contenter des avions fabriqués aux États-Unis qu'elle pourrait obtenir. Certains des avions en question servant de solution provisoire incluaient les premières versions du Harvard de North American et sa version réduite, le Yale, qui ont tous les deux fini par faire partie intégrante de l'histoire du Camp Borden.
Le premier groupe de pilotes du PEACB à avoir mérité ses "ailes" est sorti du Camp Borden le 30 septembre 1940, des mois en avance sur l'échéancier le plus optimiste. Tandis que le PEACB prenait de la vitesse, de plus en plus de stagiaires sortaient des diverses écoles du PEACB qui se répandaient rapidement d'un océan à l'autre. À la fin de la guerre, 131 553 membres d'équipage avaient été formés à travers le pays, dont plus de 2728 pilotes à Borden.
Une fois de plus, la "vieille station" du Camp Borden s'était montrée à la hauteur et avait pris la tête de ce que les générations futures considéreraient comme la plus importante contribution du Canada à l'effort de guerre allié durant la Seconde Guerre mondiale.
Le 31 mars 1946 est un jalon de l'histoire du Camp Borden. Ce jour-là, moins d'un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les cours de pilotage donnés à Borden ont pris fin quand la 1e École de pilotage militaire (1 EPM) a fermé. Le même jour, l'École d'instruction technique n° 2 (2 EIT) rouvrait ses portes.
La fermeture de la 1 EPM et le retour de la formation technique au Camp Borden ont entraîné une réorganisation de toute la station. Au début des années 1950, la station Camp Borden de l'Aviation Royale du Canada (ARC) se composait de deux éléments principaux : l'École d'instruction technique n° 2, qui était responsable de la formation des stagiaires, et l'escadre de la base, qui était la source des services et des installations utilisés par le personnel et les stagiaires.
Elle incluait en outre l'Unité d'examen n° 10, qui s'occupait des examens que les membres des groupes techniques passaient, et une École de défense au sol. Toutes ces unités relevaient du commandant de la station, qui relevait lui-même du Commandement de l'instruction. Avec un effectif de plus de trois cents personnes et plus de mille stagiaires, la 2 EIT était au début des années 1950 le cœur et l'âme de la station.
Les cours d'aérotechnique ont progressivement été ramenés des autres stations de l'ARC et en 1958, la 2 EIT donnait des cours sur les moteurs d'avion et les cellules, des cours d'électrotechnique, des cours sur les instruments, des cours sur les systèmes d'armes, des cours sur l'armement, les munitions et les armes et des cours de photographie. En 1953, un nouveau bâtiment qui porterait le nom de Croil Hall est devenu le "cœur de la 2 EIT" et en 1954, deux nouveaux hangars d'aéronefs ont été ajoutés. En 1958 a commencé la construction du bâtiment Stedman, qui faisait partie d'un projet qui toucherait le cœur de bien des Canadiens : le Avro Arrow.
A cette époque, une autre réorganisation majeure de la station Camp Borden de l'ARC a entraîné la dissolution de la 2 EIT. Trois nouvelles écoles sont nées de ses cendres : l'École d'aérotechnique, l'École des métiers de l'armement et l'École d'initiation. Ces trois écoles seraient sur le même pied que l'École de lutte contre les incendies, l'École de conduite du vol et l'École des surveillants militaires n° 1 qui existaient déjà.
En 1964, le Camp Borden étant installé confortablement dans son rôle de centre par excellence de formation technique en aéronautique, une modification à la Loi sur la défense nationale a mené à la réunion sous un seul chef d'état-major de la Défense des trois quartiers généraux de la Marine, de l'Armée de terre et de l'Armée de l'air. Les jours de l'ARC étaient comptés.
Le 1er février 1968 a eu lieu une des actions les plus controversées de l'histoire des forces militaires au Canada : l'unification des trois armes, soit la Marine, l'Armée de terre et l'Armée de l'air, au sein d'un organisme unique appelé les Forces armées canadiennes.
À Borden, la transition a eu lieu en 1966, soit l'année du cinquantième anniversaire du camp. En avril, ce dernier a commencé à intégrer les éléments de l'Armée de terre et de l'Armée de l'air de même que les services administratifs et les services de soutien sous un commandement. Chemin faisant, le Camp Borden a été renommé Base des Forces canadiennes Borden. La population "unifiée" de la BFC Borden s'élevait à l'époque à quelque 8000 militaires et personnes à charge. L'effet le plus direct sur la communauté de l'Armée de l'air a été la réorganisation des centres d'instruction qui visait à regrouper les métiers de l'Armée de l'air et de l'Armée de terre touchant des champs d'intérêt communs tels que technicien en armement, pompier et mécanicien.
Du coté de l'aviation, l'unification des trois éléments des forces armées avait déjà été lancé par la loi sur l'intégration de 1964 qui, à Borden, avait entraîné la formation de l'École d'aérotechnique des Forces canadiennes, qui comptait cinq escadres : l'Escadre des techniciens en électronique de bord, l'Escadre des techniciens mécaniciens du Régiment aéroporté, l'Escadre de contrôle de la circulation aérienne, l'Escadre de lutte contre les incendies et l'Escadre des surveillants militaires. En un mot, toutes les anciennes écoles de la station Camp Borden de l'ARC ont été regroupées sous un commandant.
Tandis que l'École d'aérotechnique était réorganisée, l'entraînement au vol était retourné à Borden après deux décennies d'absence. Après la fermeture de Centralia, l'École élémentaire de pilotage avait trouvé refuge dans les vieux hangars de la BFC Borden datant de la Première Guerre mondiale. Pendant quelques années, l'École a donné aux pilotes des Forces armées canadiennes et du Commonwealth un entraînement au vol de débutant. Malheureusement, cette mesure serait éphémère. Le 13 avril 1970, un défilé aérien historique de cinq avions Chipmunk marquait la mise à la retraite du petit avion-école et la fin de l'entraînement au vol à Borden... du moins pour les quelque vingt-cinq années suivantes.
En juin 1970, l'École d'ordonnance et du génie aérospatial des Forces canadiennes (EOGAFC) était formée et devenait la plus grande école de la base. L'école était l'endroit où se donnait la formation touchant tous les métiers de l'aviation, le contrôle de la circulation aérienne, le génie du matériel terrestre et la lutte contre les incendies.
Cette organisation est restée en place jusqu'au milieu des années 1980, lorsqu'une mesure signalant un retour aux coutumes et aux valeurs propres à l'Armée de terre, à la Marine et à l'Armée de l'air a signalé la fin d'une autre époque.
Le 1er septembre 1985, l'École d'ordonnance et du génie aérospatial des Forces canadiennes (EOGAFC) était dissoute et ses responsabilités ainsi que ses éléments étaient répartis entre trois nouvelles écoles : l'École du génie électrique et mécanique des Forces canadiennes (EGEMFC), l'École des pompiers des Forces canadiennes (E Pomp FC) et l'École de technologie et du génie aérospatial des Forces canadiennes (ETGAFC). Depuis cette date, l'ETGAFC assure l'initiation à tous les métiers qui concernent les avions.
Un changement important à cette époque fut le retour à des uniformes distincts pour l'armée de terre, la marine et l'aviation. Après avoir passé plus de 20 ans en uniforme vert, les aviateurs du Canada troquaient leur uniforme des Forces canadiennes contre le bleu de l'Armée de l'air.
En octobre 1994, l'ETGAFC et deux autres écoles, c'est à dire le Centre d'instruction et de perfectionnement professionnel du Commandement aérien (CIPPCA) et l'École d'opérations de contrôle aérospatial des Forces canadiennes (EOCAFC), s'unissaient pour former une nouvelle organisation qui prit le nom de 16e Escadre. Depuis ce jour, la longue tradition d'excellence de Borden dans le domaine de la formation technique et du perfectionnement professionnel du personnel de l'aviation est maintenue par la 16e Escadre et ses unités.
Un autre événement intéressant durant les années 1990 fut l'arrivée des hélicoptères Griffon du 400e Escadron tactique d'hélicoptères pendant l'été de 1996. Bien que le 400e Escadron ne fasse pas partie de la 16e Escadre, son arrivée avait une grande importance pour Borden, car, pour la première fois depuis le départ de l'École élémentaire de pilotage en 1970, une unité navigante était présente sur la base.
Bien entendu, l'histoire de l'aviation militaire à Borden ne s'arrête pas ici. Jusqu'ici, cette histoire a été subdivisée en grandes périodes historiques marquant la création ou la dissolution d'organismes majeurs. Il est donc intéressant de noter que la formation de la 16e Escadre à l'automne de 1994 peut très bien signifier que l'histoire de l'aviation à Borden est entrée dans une nouvelle ère. Une chose est certaine : les hommes et les femmes en bleu de la 16e Escadre sont prêts à se tenir fièrement debout et à porter le flambeau qui se transmet depuis l'époque du Royal Flying Corps Canada.
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