Résumé de recherche
Attitudes à l’égard de la violence fondée sur le sexe et la campagne #MoiAussi au Canada
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Cet aperçu s’appuie sur le rapport intitulé : Attitudes à l’égard de la violence fondée sur le sexe et la campagne #MoiAussi au Canada (PDF), rédigé par Earnscliffe Strategy Group et présenté à Femmes et Égalité des genres CanadaNote de bas de 1.
Contexte
Vers la fin 2017, le mouvement #MoiAussi s’est répandu sur les réseaux sociaux, contribuant à sensibiliser les personnes au harcèlement sexuel en milieu de travail et à réclamer justice. Ce qui a commencé comme une campagne avec un mot-clic mettant en évidence des hommes puissants à Hollywood pour le harcèlement sexuel s’est rapidement transformé en un phénomène viral mondial exposant la violence et les inégalités systémiques fondées sur le sexe à tous les niveaux de la société.
Pour parvenir à comprendre l’impact de #MoiAussi au Canada, le rapport de recherche sur l’opinion publique, produit par Earnscliffe Strategy Group en 2019, présente les résultats d’une étude quantitative sur les perceptions des Canadiennes et des Canadiens à l’égard de la violence fondée sur le sexe (VFS), de l’égalité des genres, de la violence et du harcèlement en milieu de travail et des mouvements sociaux comme #MoiAussi. Il fait état des constatations importantes liées à la sensibilisation et aux attitudes des répondantes et répondants à l’égard du mouvement #MoiAussi et d’autres interventions sociales face à l’inégalité des genres.
Méthodologie
Earnscliffe Strategy Group a adopté une approche quantitative pour atteindre ces objectifs, en faisant de la collecte de données à la fois en ligne et par téléphone, auprès d’un nombre total de 2 244 Canadiennes et Canadiens âgés d’au moins 18 ans. Un questionnaire a été élaboré et des quotas ont été fixés pour refléter la démographie régionale du Canada.
La période du sondage en ligne allait du 21 mai au 3 juin 2019 (Canada atlantique, Québec, Ontario, Prairies, Alberta et Colombie-Britannique), et le sondage par téléphone a été mené du 21 mai au 6 juin 2019 (territoires). La participation au sondage était volontaire et les répondantes et répondants pouvaient choisir de ne pas répondre aux questions à tout moment.
Étant donné les contraintes de cette recherche sur l’opinion publique, certaines données démographiques clés au Canada ont été exclues de sa portée. Par exemple, les populations de sans-abri n’ont pas été invitées à répondre au sondage par téléphone ou en ligne. Qui plus est, les populations de jeunes de moins de 18 ans n’ont pas été prises en compte dans la méthodologie.
Il y a lieu de noter que les résultats de ce sondage ne peuvent être considérés comme étant représentatifs de la population canadienne, mais plutôt représentatifs des perceptions et des attitudes des personnes qui ont répondu au sondage.
Principales constatations
Les principales constatations du rapport sont présentées dans les sections suivantes :
- Enjeux prioritaires : Les femmes ont exprimé plus d’inquiétudes que les hommes concernant le harcèlement sexuel (75 % comparativement à 55 %), les agressions sexuelles (79 % comparativement à 63 %) et l’égalité des genres (61 % comparativement à 43 %). Les répondantes et répondants de ménages à faible revenu étaient plus susceptibles d’être extrêmement préoccupés par ces enjeux.
- Attitudes à l’égard des agressions sexuelles et du harcèlement sexuel: 72 % des répondantes et répondants ont convenu que le sexe exige un consentement verbal. 60 % des répondantes et répondants ont déclaré que les attouchements intimes exigeaient un consentement verbal, et 40 % que les baisers exigeaient un consentement. Il y avait une disparité entre les femmes et les hommes interrogés sur cette question : 67 % des femmes estimant que le consentement pour les attouchements intimes doit être verbal, comparativement à 53 % des hommes, et 78 % des femmes estimant que les rapports sexuels nécessitent un consentement verbal, comparativement à 65 % des hommes. Les répondantes et répondants étaient préoccupés par l’agression sexuelle des femmes (83 %) et le harcèlement à leur endroit (82 %). De même, les répondants et les répondantes étaient préoccupés par l’agression ou le harcèlement des femmes transgenres (62 % et 63 % respectivement), l’agression ou le harcèlement des hommes transgenres (58 % et 59 % respectivement) et l’agression ou le harcèlement sexuel des hommes (50 % et 49 % respectivement). Dans l’ensemble, les répondantes et répondants craignaient que les hommes soient accusés à tort d’agression sexuelle (71 %) ou de harcèlement (72 %). Parallèlement, les répondantes et répondants ont déclaré que les femmes pouvaient être accusées à tort d’agression sexuelle (50 %) et de harcèlement (51 %).
- Connaissance du mouvement #MoiAussi et attitudes à son égard: 74 % des répondantes ont dit très ou assez bien connaître le mouvement #MoiAussi, comparativement à 67 % des hommes. Qui plus est, le mouvement #MoiAussi était très connu chez les répondantes et répondants âgés de 18-24 ans (31 %) et de 25-34 ans (29 %) par rapport à ceux âgés de 55-64 ans (20 %) ou de 65 ans ou plus (16 %). De plus, les personnes répondantes qui déclaraient être gaies, lesbiennes (36 %) ou bisexuelles (35 %) connaissaient très bien le mouvement comparativement à celles qui se disaient hétérosexuelles (23 %).
- Mouvement #MoiAussi en milieu de travail : 48 % des répondantes et répondants ont convenu que le mouvement #MoiAussi avait changé leur façon d’interagir avec leurs collègues femmes tandis que 46 % ont déclaré que ce mouvement avait changé leur façon d’interagir avec leurs collègues hommes. 41% des répondantes et répondants ont dit être d’accord, 22 % ont dit être neutre et 16% ont dit être en désaccord avec l’énoncé selon lequel « #MoiAussi avait changé le sérieux avec lequel le harcèlement sexuel était traité en milieu de travail ». De plus, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’être d’accord avec cet énoncé (48 % comparativement à 34 %).
- Agressions sexuelles, harcèlement sexuel et système de justice: Le rapport a révélé qu’il existait une certaine incertitude quant à l’efficacité du traitement des agressions sexuelles par le système judiciaire canadien : 60 % des répondantes et répondants étaient d’avis que la police prenait les cas d’agression sexuelle au sérieux, tandis que 43 % pensaient qu’elle enquêtait sur la plupart des cas.
- Connaissance des initiatives fédérales: Très peu de répondantes et répondants (3 % de femmes et 2 % d’hommes) ont dit connaître les programmes fédéraux visant à contrer la violence fondée sur le sexe, tandis que 70 % ont déclaré n’être au courant d’aucune initiative.
Les répondantes et répondants pensaient que le mouvement #MoiAussi a eu plusieurs autres résultats positifs, notamment :
- Une meilleure compréhension du consentement sexuel (65 %) — plus de femmes (70 %) que d’hommes (60 %) sont d’accord.
- Moins de honte associée au signalement d’agression ou de harcèlement sexuels (65 %).
- Les Canadiennes et Canadiens sont maintenant plus susceptibles de demander le consentement avant d’avoir des rapports sexuels (58 %). Il y a lieu de mentionner que les hommes sont plus susceptibles d’être d’accord avec cet énoncé que les femmes (62 % contre 55 %).
- Les victimes sont plus susceptibles d’être crues (57 %).
Cependant, pour certaines questions, les répondantes et répondants étaient divisés. Les hommes sont souvent plus d’accord que les femmes pour dire que #MoiAussi a eu des effets négatifs :
- 44 % des répondants, comparativement à 31 % des répondantes, pensent que le mouvement #MoiAussi a augmenté le nombre de fausses déclarations d’agression sexuelle à la police.
- Un peu plus de la moitié des répondants (53 %), comparativement à 39 % des répondantes, conviennent que le mouvement #MoiAussi a rendu plus difficile la différence entre le flirt et le harcèlement sexuel.
- Un peu moins de la moitié (42 %) des répondants conviennent que #MoiAussi a eu pour effet de faire des questions de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle des problèmes beaucoup plus importants qu’ils ne le sont en réalité, contre moins d’un tiers des femmes (27 %).
Répercussions sur les politiques et les programmes
Comme il est indiqué dans Il est temps : Stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe, la promotion d’un système juridique et judiciaire réactif est un pilier clé de la politique canadienne sur la violence fondée sur le sexe. Le mouvement #MoiAussi a directement contesté les normes sociétales concernant les agressions et le harcèlement sexuels, amenant finalement de nombreuses personnalités puissantes et influentes devant les systèmes judiciaires. Cela dit, ce rapport indique clairement que certaines Canadiennes et certains Canadiens expriment leur scepticisme quant à la capacité du système judiciaire à gérer les agressions et le harcèlement sexuels systémiques. En outre, des travaux tels que la mobilisation des connaissances et la sensibilisation du public sont nécessaires pour davantage corriger les attitudes à l’égard de la violence fondée sur le sexe.
Les constatations découlant de la recherche sur l’opinion publique d’Earnscliffe Strategy Group complètent les publications récentes de Statistique Canada, comme l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) et l’Enquête sur la sécurité individuelle au sein de la population étudiante postsecondaire (ESIPEP). Ces deux enquêtes aident à contextualiser la portée des agressions et du harcèlement sexuels au Canada et à combler les lacunes dans les données sur différentes populations, y compris, mais sans s’y limiter, les femmes et les filles, les personnes LGBTQ2, les femmes et les filles autochtones, les personnes vivant dans des régions nordiques, rurales ou isolées, les personnes en situation de handicap, les personnes racisées et les personnes immigrantes. Ces publications de Statistique Canada contiennent également des renseignements importants sur les attitudes des Canadiennes et Canadiens à l’égard des agressions sexuelles, de l’égalité des genres, de la violence entre partenaires intimes, de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle.
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