Avoir les affaires à cœur à Shawinigan
Société d’aide au développement des collectivités (SADC) Shawinigan
SADC Shawinigan outille les femmes afin de favoriser le développement économique et de créer des collectivités plus prospères.
Flexipreneure. Si c’est la première fois que vous entendez ce mot, ne vous en faites pas : ce terme a été inventé par la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) Shawinigan, un organisme de développement socioéconomique qui offre du financement, des conseils et d’autres formes de soutien aux entreprises en démarrage ou en croissance dans cette ville.
Quelle était sa source d’inspiration? En 2019, la SADC Shawinigan a mené une étude visant à explorer l’entrepreneuriat à temps partiel au Québec, un phénomène qui demeure sous-estimé et peu reconnu dans la province. L’étude a révélé que de nombreuses femmes ne se reconnaissaient pas dans la définition habituelle du terme « entrepreneure » : une personne qui travaille de longues heures et qui prend de grands risques.
En revanche, un flexipreneur ou une flexipreneure est une personne qui cumule la gestion de son entreprise avec un autre emploi, des études à temps plein ou à temps partiel, les soins à la famille ou de l’aide prodiguée à un proche. Ce nouveau terme a gagné en popularité chez les femmes qui estiment qu’il décrit plus fidèlement leurs activités. Le nombre de flexipreneurs et de flexipreneures est également en pleine croissance au Québec et c'est chez les femmes que l'entrepreneuriat à temps partiel a connu la plus forte croissance ces dernières années.
Histoires inspirantes
De nombreuses femmes ne se voient pas comme des entrepreneures typiques pour d’autres raisons : les systèmes actuels n’ont pas été créés en tenant compte de la réalité de ces femmes, et les modèles en affaires sont souvent des hommes. Ces pratiques d’exclusion empêchent les femmes de se lancer en affaires ou de chercher de l’aide auprès d’organismes.
La SADC Shawinigan s’est fixé comme objectif de remédier à cette situation. Grâce au Programme de promotion de la femme de Femmes et Égalité des genres Canada, elle a lancé « Entreprendre au féminin autrement », un projet conçu pour assurer la sécurité économique des femmes entrepreneures à temps partiel en faisant tomber les obstacles systémiques qui se dressent sur leur parcours.
Depuis, cette initiative exemplaire a suscité un vif intérêt renforcé par une campagne intitulée « Flexipreneures inspirantes », qui raconte l’histoire de femmes polyvalentes et prospères. D’autres membres des SADC du Québec ont emboîté le pas pour mieux aider les flexipreneures dans leur région.
« Le but, c’est vraiment de développer quelque chose sur mesure pour les flexipreneures, les femmes entrepreneures à temps partiel et les petites entreprises détenues par des femmes », explique Sylvie Lavergne, directrice du développement et des communications de la SADC Shawinigan. « Nous avons l’avantage de pouvoir travailler sur plusieurs aspects et d’aider notamment les femmes et les personnes vulnérables à accéder à l’économie numérique. »
Kathryne Gervais, une kinésiologue certifiée en périnatalité de Trois-Rivières en est un exemple. Durant la pandémie, la clinique où elle travaillait a fermé ses portes. Kathryne a donc dû se réorienter. Elle a alors fondé l’entreprise qu’elle avait en tête depuis 2018. Elle a commencé à offrir des services virtuels de kinésiologie pré et postnataux. Récemment, elle a commencé à rencontrer sa clientèle en personne. Kathryne se considère à présent comme une flexipreneure. En 2021, elle a été retenue comme finaliste du Prix spécial Flexipreneur.e. Elle a aidé plus de 200 femmes à devenir des mères actives.
Lysandre et Sandrine Chiasson en sont un autre exemple. En 2020, les sœurs ont acheté une petite entreprise de meubles qui était en activité depuis plus de 60 ans aux îles de la Madeleine. Grâce au soutien de la SADC de leur région, Lysandre et Sandrine ont amélioré les stocks du magasin et l’ont rouvert sous un nom différent, afin qu’il devienne leur. Ayant conservé son emploi comme inhalothérapeute, Lysandre Chiasson a été en mesure de le combiner avec ses activités entrepreneuriales. Autrement dit : elle est devenue une flexipreneure. Elle décrit ce modèle comme « le meilleur des deux mondes ».
Promouvoir l’autonomie
Le « phénomène flexi » n’est qu’un exemple de l’attention que porte la SADC aux gens. L’organisme crée également des services pour combler des lacunes dans les services des organismes de développement économique auxquelles font face les entreprises et les initiatives dirigées par des femmes.
« Nous tenons à aider les entreprises à accéder à l’économie numérique », explique Sylvie. « Les femmes demandent davantage d’assistance technique que les hommes, car, au départ, elles souhaitent être plus compétentes. Elles veulent apprendre. Et elles sont souvent mieux préparées que les hommes pour venir nous rencontrer. »
Certains des services de la SADC ont contribué à pallier ces lacunes grâce à de l’assistance technique et à des conseils en finances, en comptabilité, en présence sur le Web et en tout ce qui touche l’informatique. Selon Sylvie, la SADC Shawinigan ne soutient pas les entreprises, elle soutient les entrepreneurs et entrepreneures. Elle soutient le côté humain des affaires.
« Quand nous fournissons de l’assistance technique, nous ne le faisons pas à la place de la personne, mais avec elle », explique Sylvie. « Notre programme d’accompagnement en matière de présence sur le Web en est un exemple. Nous faisons un portrait de l’entreprise avec l’entrepreneur ou l’entrepreneure. Ensuite, nous lui donnons des devoirs à faire jusqu’à notre prochaine rencontre. Le but est que la personne soit autonome dans la gestion de son entreprise quand elle a terminé son accompagnement. Nous offrons à notre clientèle les moyens d’atteindre cet objectif. »
Au plus fort de la crise de la COVID-19, la SADC Shawinigan a encore une fois montré son côté humain avec brio. Elle a offert de l’aide financière aux entrepreneurs et entrepreneures qui n’étaient pas admissibles à la Prestation canadienne d’urgence ni aux programmes provinciaux. Une bonne proportion des personnes qui ont reçu l’aide de la SADC étaient des femmes dont les entreprises étaient dans des domaines jugés plus vulnérables que celles dirigées par des hommes.
La pandémie a touché les femmes de façon disproportionnée, car elles sont plus nombreuses à travailler aux premières lignes dans les secteurs des soins de santé et des services. Elles consacrent également davantage de temps à des activités non rémunérées que les hommes, ce qui signifie qu’elles doivent jongler avec de nombreuses responsabilités en même temps. Alors que les salons devenaient des bureaux, les femmes ont dû s’adapter rapidement pour prendre soin de leur famille.
« Durant la pandémie, plusieurs entrepreneurs et entrepreneures qui ne nous connaissaient pas venaient nous voir pour du financement et de l’assistance technique », raconte Sylvie. Au cours de cette période difficile, l’organisme a aidé des femmes qui représentaient 58 entreprises. Parmi ces entreprises, 34 étaient entièrement détenues par des femmes.
Une influence directe
Puisque la SADC Shawinigan aide de plus en plus de femmes d’affaires et de flexipreneures à accéder à l’économie d’aujourd’hui, le modèle et l’influence de l’organisme ne peuvent que croître. Sylvie précise d’emblée que la création d’emplois est cinq fois plus importante dans les entreprises détenues par des femmes épaulées par les SADC que dans celles qui ne le sont pas.
Encore aujourd’hui, certains préjugés sexistes persistent et peuvent nuire au moment d’obtenir du financement. Les femmes occupant moins de postes à responsabilité, leur demande peut être associée à un risque plus élevé lorsqu’elles tentent d’obtenir un prêt. La SADC Shawinigan travaille à faire tomber ces préjugés. Elle s’efforce d’offrir aux femmes et aux autres groupes mal desservis les outils nécessaires et adaptés pour être autonomes dans le monde des affaires.
Près de 40 ans après sa fondation, en 1984, la SADC Shawinigan est plus forte que jamais. Son empreinte sur la ville qu’elle dessert, et même sur le reste de la province, est significative. Les entreprises prospèrent et les collectivités en bénéficient.
« Nous menons de multiples initiatives qui touchent diverses clientèles. Notre principal objectif est de créer des débouchés économiques », explique Sylvie. « Les aspects sociaux et économiques sont étroitement liés. Avec notre Réseau, nous espérons pouvoir continuer à avoir une influence directe sur le progrès, la croissance des entreprises détenues par des femmes et des flexipreneures et la création d’emplois dans toute la province. »
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