Investissement en recherche-développement (R-D) pharmaceutique et nombre d’essais cliniques au Canada
Malgré la forte protection des brevets et les prix relativement élevés des médicaments au Canada, le niveau des dépenses en recherche-développement (R-D) par rapport aux recettes tirées des médicaments brevetés a diminué au cours des deux dernières décennies, d’où la nécessité d’examiner de plus près les tendances des l’investissement en R-D pharmaceutique et de l’intensité des essais cliniques.
Contexte : L’innovation est cruciale pour la promotion des soins de santé. La Loi sur les brevets du Canada vise, en partie, à créer un climat d’investissement propice à la R-D dans le domaine pharmaceutique au Canada. Toutefois, le ratio des dépenses effectuées en R-D par rapport aux recettes tirées des ventes chez les titulaires de brevets pharmaceutiques au Canada diminue depuis la fin des années 1990 et se situe sous l’objectif convenu de 10 % depuis 2003. En 2019, il équivalait à 3,9 % pour tous les titulaires de brevets et les membres de Médicaments novateurs Canada. Or, les prix de catalogue canadiens des médicaments brevetés sont les quatrièmes plus élevés des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).1. Les dépenses de R-D des brevetés au Canada ne correspondent pas à celles des pays de comparaison, même si les dépenses plus générales sont prises en compte.
Malgré des prix parmi les plus élevés de l’OCDE, le pourcentage de la R-D par rapport aux ventes des brevetés pharmaceutiques au Canada était de 3,9 % en 2019, son plus bas niveau depuis que le CEPMB a commencé à faire rapport sur les tendances des produits pharmaceutiques dans les années 1980. En 2017, le ratio des dépenses de R-D par rapport aux recettes tirées des ventes du Canada était le plus faible parmi les sept pays de comparaison (CEPMB7), soit 4,1 %. L’Italie affichait un ratio légèrement plus élevé de 5,7 %, tandis que tous les autres pays du CEPMB7 sont demeurés bien au-dessus du Canada. Le ratio obtenu avec l’ensemble des dépenses de R-D et des ventes de tous les pays du CEPMB7 était de 24,0 %, soit près de six fois supérieur à celui du Canada.
Bien que le CEPMB définisse la R-D conformément à la définition du terme recherches scientifiques et développement expérimental (RS&DE) de 1987, les dépenses de R-D des brevetés au Canada continuent d’être inférieures aux normes internationales, même lorsque des mesures plus larges de la R-D sont prises en compte. À partir des estimations récemment publiées par Statistique Canada, la prise en compte de mesures plus larges de la R-D (RS&DE et non liées à la RS&DE) fait passer le ratio R-D par rapport aux ventes du Canada à seulement 5,8 % pour les membres de Médicaments novateurs Canada (MNC). Ce ratio peut être surestimé, car il combine la R-D interne et la R-D exécutée en sous-traitance que Statistique Canada déclare généralement séparément, ce qui peut entraîner un double comptage de la R-D exécutée en sous-traitance au pays.
Description longue
Ce graphique linéaire illustre le ratio des dépenses de recherche-développement (R-D) par rapport aux ventes parmi tous les brevetés et les membres de Médicaments novateurs Canada (MNC), de 1988 à 2019.
Brevetés pharmaceutiques canadiens, de 1988 à 2019
Brevetés de MNC : 1988, 6,5 %; 1989, 8,1 %; 1990, 9,2 %; 1991, 9,8 %; 1992, 9,8 %; 1993, 10,7 %; 1994, 11,6 %; 1995, 12,5 %; 1996, 12,3 %; 1997, 12,9 %; 1998, 12,7 %; 1999, 11,3 %; 2000, 10,6 %; 2001, 10,6 %; 2002, 10,0 %; 2003, 9,1 %; 2004, 8,5 %; 2005, 8,8 %; 2006, 8,5 %; 2007, 8,9 %; 2008, 8,9 %; 2009, 8,2 %; 2010, 8,2 %; 2011, 6,7 %; 2012, 6,3 %; 2013, 5,7 %; 2014, 4,8 %; 2015, 4,9 %; 2016, 4,9 %; 2017, 4,6 %; 2018, 4,3 %; 2019, 3,9 %.
Tous les brevetés : 1988, 6,1 %; 1989, 8,2 %; 1990, 9,3 %; 1991, 9,7 %; 1992, 9,9 %; 1993, 10,6 %; 1994, 11,3 %; 1995, 11,7 %; 1996, 11,4 %; 1997, 11,5 %; 1998, 11,5 %; 1999, 10,8 %; 2000, 10,1 %; 2001, 9,9 %; 2002, 9,9 %; 2003, 8,8 %; 2004, 8,3 %; 2005, 8,7 %; 2006, 8,1 %; 2007, 8,2 %; 2008, 8,1 %; 2009, 7,5 %; 2010, 6,9 %; 2011, 5,6 %; 2012, 5,2 %; 2013, 4,4 %; 2014, 4,3 %; 2015, 4,4 %; 2016, 4,4 %; 2017, 4,1 %; 2018, 4,0 %; 2019, 3,9 %.
Description longue
Ce graphique à barres présente les ratios de dépenses de R-D par rapport aux ventes pour le Canada et chacun des sept pays de comparaison du CEPMB (CEPMB7) en 2017. Les résultats pour le Canada sont présentés à la fois dans leur ensemble et pour les membres de Médicaments novateurs Canada, ce qui inclut également les résultats utilisant une définition élargie de la R-D pour tenir compte des dépenses qui n’étaient pas admissibles à un crédit d’impôt à l’investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental en 2018 (non liées à la RS&DE).
Pays | Ratio R-D par rapport aux ventes, dépenses en RS&DE, 2017 | Ratio R-D par rapport aux ventes, avec dépenses non liées à la RS&DE, 2018* |
---|---|---|
Canada : membres de Médicaments novateurs Canada |
4,3 % |
Jusqu’à 5,8 % |
Canada : tous |
4,1 % |
– |
Médiane du CEPMB7 |
24,0 % |
– |
France |
15,7 % |
– |
Allemagne |
21,3 % |
– |
Italie |
5,7 % |
– |
Suède |
27,7 % |
– |
Suisse |
116,3 % |
– |
Royaume-Uni |
26,1 % |
– |
États-Unis |
24,8 % |
– |
Remarque : Le terme « RS&DE » se rapporte aux dépenses de R-D qui auraient été admissibles au crédit d’impôt à l’investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE) au sens de la Loi de l’impôt sur le revenu qui est entrée en vigueur le 1er décembre 1987.
* Le ratio R-D par rapport aux ventes pour 2018 établi à l’aide d’une définition autre que celle de la RS&DE n’est disponible que pour le Canada et a été calculé à l’aide des estimations de R-D publiées par Statistique Canada, qui indiquent que les membres de MNC ont effectué entre 0,8 milliard et 1,2 milliard de dollars de R-D au total en 2018. La fourchette de Statistique Canada comprend 188 millions de dollars de travaux confiés en sous-traitance par les membres de MNC à des organismes étrangers, qui ont été exclus de la présente analyse.
2. Le Canada compte un nombre considérable d’essais cliniques, et ceux qui sont parrainés par le secteur public jouent un rôle important.
Au Canada, l’intensité des essais cliniques, mesurée par le nombre de nouveaux essais cliniques par million de personnes, se situe juste au-dessus de la médiane de l’OCDE, soit 12 et 11, respectivement. Si l’industrie finance la majorité des essais cliniques à l’échelle internationale, elle le fait dans une moindre mesure au Canada : la part des nouveaux essais cliniques principalement parrainés par l’industrie au Canada (70 %) est inférieure à la médiane de l’OCDE (78 %), et de même, la part des essais cliniques canadiens parrainés par des brevetés (46 %) est inférieure à la norme de l’OCDE (61 %). Cela suggère que le financement public des essais cliniques joue un rôle important dans l’intensité relativement forte des essais cliniques au Canada.
Description longue
Cette figure consiste en un graphique à barres illustrant le nombre de nouveaux essais cliniques par million de personnes dans chacun des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) au cours du second semestre de 2020. La médiane pour les pays de l’OCDE était de 11.
Pays | Nombre de nouveaux essais cliniques par million de personnes |
---|---|
Belgique |
26 |
Estonie |
24 |
Nouvelle-Zélande |
24 |
Australie |
20 |
Pays-Bas |
18 |
Autriche |
18 |
Hongrie |
17 |
République tchèque |
17 |
Suisse |
15 |
Canada |
12 |
Norvège |
12 |
Suède |
12 |
Finlande |
11 |
Irlande |
11 |
Espagne |
11 |
Slovaquie |
11 |
Slovénie |
10 |
Grèce |
10 |
Corée du Sud |
9 |
Portugal |
9 |
États-Unis |
8 |
France |
8 |
Pologne |
8 |
Royaume-Uni |
8 |
Italie |
8 |
Allemagne |
6 |
Japon |
5 |
Chili |
3 |
Luxembourg |
3 |
Turquie |
2 |
Mexique |
1 |
Description longue
Deux graphiques à secteurs complémentaires montrent la répartition des nouveaux essais cliniques par source de financement dans les pays de l’OCDE et au Canada.
OCDE | Canada | |
---|---|---|
Industrie : brevetés |
61 % |
46 % |
Industrie : non-brevetés |
17 % |
24 % |
Total de l’industrie |
78 % |
70 % |
Public |
22 % |
30 % |
Remarque : Le financement public désigne le financement provenant du gouvernement, des institutions et des particuliers. La source de financement est définie en fonction du principal promoteur responsable du financement de la recherche.
3. Après une baisse temporaire du nombre d’essais cliniques à l’échelle mondiale en raison de la pandémie de COVID-19, le nombre de ces essais au Canada est maintenant de nouveau conforme aux tendances précédentes.
La pandémie de COVID-19 a provoqué des perturbations sans précédent dans les essais cliniques partout dans le monde au cours du premier semestre de 2020. Comparativement à la moyenne des quatre années précédentes (2016-2019), le nombre de nouveaux essais cliniques a diminué de 21 % en moyenne parmi les pays de l’OCDE et du CEPMB7, et s’est ensuite redressé au second semestre de 2020. De même, le nombre de nouveaux essais cliniques au Canada a diminué de 29 % au cours du premier semestre de 2020, et s’est ensuite redressé pour atteindre les niveaux moyens au cours du second semestre de 2020.
Description longue
Ce graphique à barres superposées indique le nombre de nouveaux essais cliniques au Canada pour chaque semestre entre le début de 2016 et le premier semestre de 2021. Chaque barre comprend le nombre total d’essais ainsi que la proportion financée par l’industrie ou les promoteurs publics. Entre 2016 et 2019, il y a eu en moyenne 457 nouveaux essais cliniques par semestre.
Période | Nombre total d’essais cliniques | Part des nouveaux essais cliniques financés par des sources de l’industrie | Part des nouveaux essais cliniques financés par des sources publiques |
---|---|---|---|
2016 : premier semestre |
469 |
65 % |
35 % |
2016 : second semestre |
440 |
69 % |
31 % |
2017 : premier semestre |
460 |
69 % |
31 % |
2017 : second semestre |
458 |
69 % |
31 % |
2018 : premier semestre |
458 |
66 % |
34 % |
2018 : second semestre |
470 |
71 % |
29 % |
2019 : premier semestre |
454 |
70 % |
30 % |
2019 : second semestre |
444 |
68 % |
32 % |
2020 : premier semestre |
325 |
67 % |
33 % |
2020 : second semestre |
460 |
70 % |
30 % |
2021 : premier semestre |
458 |
67 % |
33 % |
4. Plus de 1 000 essais cliniques dans le monde ont été perturbés en raison de la pandémie de COVID-19, la proportion des essais cliniques perturbés au Canada étant comparable à celle des autres pays.
Dans certains pays (comme le Royaume-Uni et l’Estonie), près de 7 % des essais cliniques ont été perturbés par la pandémie. Au Canada, 158 essais cliniques ont été perturbés, soit environ 4,5 % des essais cliniques au Canada en 2020, ce qui correspond à la médiane de l’OCDE.
Parmi l’ensembles des essais cliniques mondiaux affectés par la COVID-19, 72 % ont été retardés ou suspendus, et très peu (28 %) ont été abandonnés ou retirés. De nombreux essais ont vu leur lancement retardé ou leur recrutement suspendu ou ralenti de manière générale, ce qui peut être attribué aux mesures de protection des patients, aux exigences strictes de confinement, aux mesures de distanciation et à la forte demande de professionnels de la santé pour traiter les patients atteints de la COVID-19.
Dans les pays de l’OCDE, les études de phase II et de phase III ont représenté la plus grande proportion d’essais perturbés (51 % et 26 %, respectivement), suivies des études de phase I et de phase IV (14 % et 9 %, respectivement). Les essais cliniques multinationaux ont été davantage retardés ou affectés par la pandémie que les essais réalisés au sein d’un pays, et les médicaments oncologiques ont été la catégorie thérapeutique la plus touchée, car ils représentent le plus grand nombre d’essais cliniques de tous les domaines thérapeutiques.
Description longue
Ce graphique à barres indique la part des essais cliniques qui ont été perturbés par la pandémie de COVID-19 dans chacun des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La médiane pour l’ensemble des pays présentés est de 4,5 %.
Pays | Part des essais cliniques perturbés par la pandémie de COVID-19 |
---|---|
Estonie |
6,8 % |
Royaume-Uni |
6,6 % |
Luxembourg |
6,1 % |
Pologne |
5,2 % |
Chili |
5,2 % |
Suède |
4,9 % |
Hongrie |
4,9 % |
Slovaquie |
4,8 % |
Mexique |
4,8 % |
Nouvelle-Zélande |
4,8 % |
Belgique |
4,8 % |
République tchèque |
4,7 % |
Australie |
4,7 % |
Portugal |
4,7 % |
Espagne |
4,6 % |
Canada |
4,5 % |
Allemagne |
4,4 % |
Autriche |
4,3 % |
Finlande |
4,2 % |
Pays-Bas |
4,2 % |
Grèce |
4,1 % |
Turquie |
3,8 % |
Italie |
3,7 % |
États-Unis |
3,7 % |
France |
3,6 % |
Irlande |
3,4 % |
Suisse |
3,2 % |
Norvège |
3,0 % |
Slovénie |
2,7 % |
Corée du Sud |
2,4 % |
Japon |
1,0 % |
5. L’intensité des essais cliniques de médicaments contre la COVID-19 est relativement élevée au Canada et est principalement financée par le public.
L’intensité des essais cliniques de médicaments contre la COVID-19, mesurée par le nombre de nouveaux essais cliniques par million de personnes, est plus élevée au Canada (3,9) que la médiane de l’OCDE (2,5). L’industrie finance une minorité d’essais cliniques de médicaments contre la COVID-19 à l’échelle mondiale et encore moins au Canada : la part des essais de médicaments contre la COVID-19 financés par l’industrie au Canada (44 %) est inférieure à la médiane de l’OCDE (50 %), et de même, la part des essais canadiens financés par des brevetés (24 %) est inférieure aux normes de l’OCDE (30 %). Cela suggère que le financement de sources publiques est un facteur important dans l’intensité relativement forte des essais cliniques de médicaments contre la COVID-19 au Canada.
Description longue
Cette figure consiste en un graphique à barres indiquant le nombre d’essais cliniques portant sur des médicaments contre la COVID-19 par million de personnes dans chacun des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La médiane pour les pays de l’OCDE était de 2,5.
Pays | Nombre d’essais cliniques portant sur des médicaments contre la COVID-19 par million de personnes |
---|---|
Belgique |
7,4 |
Luxembourg |
6,3 |
Espagne |
5,3 |
Suède |
4,6 |
Pays-Bas |
4,3 |
Suisse |
4,2 |
Australie |
3,5 |
Irlande |
3,4 |
Canada |
3,3 |
Estonie |
3,3 |
Hongrie |
3,1 |
Autriche |
3,0 |
Grèce |
3,0 |
République tchèque |
2,7 |
Nouvelle-Zélande |
2,6 |
Italie |
2,5 |
Royaume-Uni |
2,5 |
États-Unis |
2,5 |
France |
2,3 |
Portugal |
2,1 |
Finlande |
2,0 |
Norvège |
2,0 |
Chili |
1,8 |
Slovénie |
1,6 |
Allemagne |
1,5 |
Pologne |
1,1 |
Corée du Sud |
1,1 |
Mexique |
1,0 |
Slovaquie |
0,9 |
Japon |
0,9 |
Turquie |
0,7 |
Description longue
Deux graphiques à secteurs complémentaires montrent la répartition des essais cliniques portant sur des médicaments contre la COVID-19 par source de financement dans les pays de l’OCDE et au Canada.
OCDE |
Canada |
|
Industrie : brevetés |
35 % |
25 % |
Industrie : non-brevetés |
14 % |
20 % |
Total de l’industrie |
49 % |
45 % |
Public |
51 % |
55 % |
Sources des données
1. Statistique Canada, mai 2021, « Le secteur pharmaceutique canadien de la recherche et développement », accessible en ligne : https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/11-621-m/11-621-m2021003-fra.pdf?st=1Q7wI4Jm
2. Rapport annuel du CEPMB, 2019.
3. GlobalData®.
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